lundi 9 septembre 2019

Babycall. Grand Prix, Prix de la Critique, Gérardmer 2012.


de Pal Sletaune. Norvège. 2011. 1h36. Avec Noomi Rapace, Kristoffer Joner, Henrik Rafaelsen, Vetle Qvenild Werring, Bjorn Moan, Torkil Johannes, Swensen Hoeg.

Sortie salles France: 2 Mai 2012. U.S: non daté

FILMOGRAPHIEPal Sletaune est un réalisateur, scénariste, producteur, né le 4 Mars 1960 en Norvège. 1994: Eating Out. 1997: Junk Mail. 2001: Amatorene. 2005: Next door. 2011: Babycall


Six ans après l'excellent thriller féministe Next Door, le norvégien Pal Sletaune renoue avec les ambiances lourdes et contractées afin d'y décrire Spoil !!! la dégénérescence mentale d'une mère de famille traumatisée par un deuil familial fin du Spoil. A la lisière de Répulsions de PolanskiBabycall a tellement convaincu les membres du jury de Gérardmer qu'il repart avec les honneurs du Grand Prix et celui de la critique ! Anna et son jeune fils de 8 ans quittent leur foyer conjugal depuis la cause de maltraitances infligées par un mari abusif. Après avoir emménagé dans un appartement, cette dernière décide d'acheter un babyphone afin de surveiller le sommeil perturbé de son fils. Une nuit, elle entend à travers l'appareil les cris d'un enfant molesté venant de l'appartement voisin.  Drame psychologique, suspense lattent, thriller parano et fantastique diaphane se télescopent afin de jongler avec une intrigue ombrageuse. Car à travers une ambiance anxiogène renforcée par l'aigreur d'une photo désaturée, Babycall nous illustre la douloureuse introspection d'une mère de famille délibérée à protéger son fils d'un ex-mari tyrannique. Ainsi, en jouant la carte du suspense et du mystère interlope planant sur les frêles épaules de l'héroïne, Babycall nous confronte à son désarroi hanté d'incertitude, faute de son esprit torturé, mais pour autant bien consciente de souffrir d'hallucinations incontrôlées.
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Réfugiée dans la solitude d'un appartement restreint pour mieux préserver la fragilité de son fils, Anna va peu à peu se confronter à une série d'évènements inexpliqués et perdre pied avec la réalité ! C'est d'abord le babyphone préalablement acheté chez un commerçant qui émet en intermittence de violents cris d'enfant et de femme brutalisée ! C'est ensuite la visite impromptue dans l'appartement d'un garçonnet étrange et taciturne, camarade influent de son fils. Il y a aussi le conducteur d'un camion réfugié sous le parking du HLM, car transportant dans son coffre ce qui s'apparente à un cadavre empaqueté. Enfin, un assistant social un peu trop envahissant estime suspecter la jeune mère de manquer à sa responsabilité parentale pour interdire son bambin de rejoindre les classes de cours. Malaise sous-jacent, lourd et diffus, ambiance schizo découlant de facteurs contradictoires sont habilement distillés pour nous entraîner vers un drame funèbre profondément intime. Reposant sur les épaules chétives de Noomi Rapace portant le film à bout de bras, celle-ci déploie une sobre intensité dramatique à illustrer le profil versatile d'une mère désemparée, obstinée à sauvegarder l'existence de son enfant, auparavant victime d'un traumatisme. Son comportement terriblement introverti et refoulé, son regard craintif empli d'angoisse et sa perplexité à ne plus savoir dissocier la réalité du fantasme nous désarme de sa solitude meurtrie.


Baignant dans un climat d'angoisse cérébral émanant de l'esprit tourmenté d'une jeune femme en détresse maternelle, Babycall se décline en drame susceptible, transcendé du talent épuré de Noomi Rapace en mère névrosée aussi attentionnée qu'épeurée. Retranscrit avec sensibilité à travers une narration nébuleuse faisant habilement intervenir en second acte un argument fantastique (dont je tairais le thème), cette oeuvre modeste amorce son impact émotionnel auprès d'un épilogue aussi bouleversant que rédempteur.

*Bruno
09.09.19
21.03.12. 151v

RécompenseGrand Prix et Prix de la critique à Gérardmer, 2012. 

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