vendredi 24 janvier 2020

Les Rescapés du Futur. Prix de la meilleure actrice, Blythe Danner, 1977

                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site vignette.wikia.nocookie.net

"Futureworld" de Richard T. Heffron. 1976. U.S.A. 1h48. Avec Peter Fonda, Blythe Danner, Arthur Hill, Yul Brynner, John P. Ryan

Sortie salles France: 19 Janvier 1977. U.S: 13 Août 1976

FILMOGRAPHIE PARTIELLERichard T. Heffron est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur américain né le 6 octobre 1930 à Chicago, décédé le 27 août 2007 à Seattle. 1971 : Prenez mon nom, ma femme, mon héritage (TV). 1972 : Fillmore. 1972 : Banacek (série TV). 1973 : Toma (TV). 1976 : Les Rescapés du futur. 1977: Un couple en fuite. 1980 : Mister gaffes. 1981 : A Whale for the Killing (TV). 1982 : J'aurai ta peau. 1984 : V : La Bataille finale (Série TV). 1984 : Anatomy of an Illness (TV). 1984 : The Mystic Warrior (TV). 1985 : Nord et sud. 1989 : La Révolution française (seconde partie : Les Années terribles). 1991 : Tagget (en) (TV). 1995 : Une petite ville bien tranquille (TV). 1996 : Danielle Steel: Un si grand amour (No Greater Love) (TV). 1996 : Le Baron (Série TV).


Faisant suite à Mondwest, classique d'anticipation des Seventies, les Rescapés du Futur fut réalisé 3 ans plus tard sous la houlette d'un spécialiste de téléfilms et séries TV, Richard T. Heffron. Tant et si bien que cela se ressent à travers sa réalisation à la fois académique et maladroite parvenant difficilement à instaurer un suspense ciselé au fil d'une investigation poussive que Peter Fonda et Blythe Danner élaborent en s'égarant (beaucoup trop) dans les sous-sols industriels. Car à la suite de la mort d'un ouvrier, Chuck Browning, journaliste renommé, enquête sur son étrange disparition en embarquant dans le monde du futur créé par la compagnie Delos. Si bien que l'entreprise vient de rouvrir leur parc 2 ans après les tragiques évènements en ayant pour le coup perfectionné leurs humanoïdes. Or, les destinées de Chuck et de son adjointe Tracy finissent par se ternir à la suite d'une improbable découverte aux intentions machiavéliques. Séquelle ludique agréablement menée, de par la complémentarité amiteuse du couple Fonda / Danner plongés dans une sombre énigme aux situations (hélas) parfois ennuyeuses, les Rescapés du Futur ne manquait pas d'argument solide à travers son ingénieux concept d'y substituer les humains par des robots afin d'y régir un monde sans violence.


Tout du moins c'est ce que prétend le docteur Duffy aux 2 reporters si bien qu'en ayant remplacé de hauts dignitaires internationaux par leurs avatars, on peut très bien concevoir que les nouvelles ambitions de Delos étaient autrement délétères à travers leur asservissement planétaire. Mais pour en revenir à l'intrigue aussi inachevée que bâclée, Richard T. Heffron s'égare donc maladroitement à privilégier l'enquête policière que nos 2 journalistes s'efforcent de résoudre avec une motivation routinière. Et ce en dépit de l'amicale intrusion d'un ouvrier épaulé de son fidèle robot (auquel il voue une grande affection !) et d'un d'un final un peu plus dynamique car légèrement palpitant quant à l'enjeu de survie de nos héros poursuivis par leur duplicata. On peut également souligner l'efficacité de certaines idées à la fois finaudes et débridées. A l'instar de jeux futuristes, du combat de boxe télécommandé en passant par le jeu d'échec virtuel. Ou encore lors de la séquence insensée du rêve imprimé sur vidéo que Tracy s'accorde à expérimenter en fantasmant Yul Brynner ! Assurément le moment onirique le plus fascinant, notamment grâce à son efficacité visuelle particulièrement inventive et convaincante.


Frustré à l'idée d'avoir assisté à une séquelle dégingandée beaucoup trop inégale pour nous contenter, les Rescapés du Futur se suit toutefois d'un oeil aussi fureteur que clément eu égard des aimables présences de Peter Fonda (particulièrement convaincant lorsqu'il se confronte à son double !) et de Blythe Danner (toute à fait charmante en reporter spontanée parfois audacieuse) démantelant naïvement un réseau technologique sous l'impulsion d'une partition musicale étonnamment idoine afin d'y accentuer appréhension, fougue et mystère. 

Pour rappel, la chronique de Mondwesthttp://brunomatei.blogspot.fr/2012/…/mondwest-westworld.html

*Bruno
2èx 

Récompense:
Prix de la meilleure actrice pour Blythe Danner et nomination au prix du meilleur film de science-fiction, par l'Académie des films de science-fiction, fantastique et horreur en 1977.

jeudi 23 janvier 2020

Tropique du Cancer

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Al tropico del cancro" de Gian Paolo Lomi et Edoardo Mulargia. 1972. Italie. 1h34. Avec Anthony Steffen, Anita Strindberg, Gabriele Tinti, Umberto Raho, Alfio Nicolosi, Stelio Candelli.

Sortie salles Italie: 30 Septembre 1972

FILMOGRAPHIEEdoardo Mulargia, né le 10 décembre 1925 à Torpè en Sardaigne et mort le 7 septembre 2005 à Rome, est un réalisateur, scénariste et producteur de cinéma italien. Il utilise parfois les pseudonymes Tony Moore ou encore Edward G. Muller.1962 : Le due leggi. 1966 : Vaya con dios gringo. 1967 : Le Courageux, le traître et le sans-pitié. 1967 : Cjamango. 1967 : Non aspettare Django, spara. 1968 : Prie et creuse ta tombe. 1969 : Lesbos, l'amour au soleil. 1969 : El Puro, la rançon est pour toi. 1970 : Un amore oggi. 1970 : Shango, la pistola infallibile. 1971 : Creuse ta fosse, j'aurai ta peau. 1971 : W Django! 1972 : Tropique du Cancer. 1976 : La Figliastra. 1980 : Les Évadées du camp d'amour. 1980 : Hôtel du paradis. 


Giallo singulier exhumé de sa torpeur grâce à l'éditeur Le Chat qui Fume, Tropique du Cancer ne ressemble à nul autre métrage à travers son cocktail de suspense, d'érotisme torride, de meurtres cruels et de rites vaudous. Sur ce dernier point, on peut d'ailleurs souligner l'aspect documenté d'une authentique séance de transe prise sur le vif auprès d'une populace haïtienne extatique. Le Pitch: un couple de touristes passent leur villégiature à Haïti au moment d'y retrouver une connaissance amicale quant au profil du docteur Williams. Ce dernier exerçant un trafic de drogue hallucinogène, son entourage s'efforce de se l'approprier en dépit d'un mystérieux tueur sévissant aux alentours. Peu à peu, l'amie de Fred tombe sous le charme du docteur Williams grâce aux effets hallucinatoires de la drogue libérant nos fantasmes les plus inavouables. Bien que personnellement je préfère l'estampiller "thriller tropical" agréablement marginal, Tropique du Cancer ne passionne guère à travers son intrigue tortueuse desservie d'un montage elliptique et de la présence de quelques seconds-rôles peu convaincants. 


Pour autant, grâce à la caractérisation insidieuse de ces protagonistes peu recommandables et à sa forme flamboyante, ce p'tit métrage interlope séduit et intrigue constamment à travers leurs postures équivoques. Surtout si je me réfère au triangle amoureux en bien mauvaise posture de par leur destinée galvaudée, et à certains seconds-rôles au charisme extravagant. Qui plus est, scandé d'un climat solaire étouffant autour des va et vient d'une population endossant l'improvisation, Tropique du Cancer attise implacablement notre curiosité jusqu'au mot fin à travers sa moisson de séquences impromptues qu'il est impossible d'anticiper. Cependant, on peut également déplorer le caractère dérangeant des sacrifices animaliers. Ttant auprès de la séance vaudou, d'une injection sur une araignée que des labeurs quotidiennes commises dans un abattoir. Ce qui insuffle à l'ensemble un drôle sentiment de malaise et de futile fascination quant à la présence invisible du tueur décimant ses victimes de manière abrupte. Les décors insolites rehaussant l'attrait stylisée de la procession criminelle à défaut de nous délivrer des moments inoubliables (bien qu'une séquence gore s'avère plutôt probante quant à son effet de répulsion viscéral). 


Série B mineure au sein du Giallo hétérodoxe, Tropique du Cancer parvient sensiblement à nous évader dans l'état Haïtien chargé d'occultisme et d'homicides sauvages. Et ce en compagnie de la sublime Anita Strindberg déambulant dans les ruelles ensoleillées au rythme d'une influence concupiscente. A l'instar d'une rutilante fantasmagorie faisant presque écho au Venin de la peur de Fulci. Un sympathique thriller transalpin donc, à défaut de nous laisser une trace indélébile, même si on y préserve un étrange goût âcre dans la bouche. 

*Bruno

mercredi 22 janvier 2020

Resurrection. Prix Spécial du Jury, Avoriaz 81.

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site 

de Daniel Petrie. U.S.A. 1h43. Avec Ellen Burstyn, Sam Shepard, Richard Farnsworth, Roberts Blossom, Clifford David, Pamela Payton-Wright, Jeffrey DeMunn, Eva Le Gallienne, Lois Smith...

Sortie U.S.A: 26 Septembre 1980.

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Daniel Petrie est un producteur, réalisateur et scénariste canadien, né le 26 novembre 1920 à Glace Bay (Canada), et décédé le 22 août 2004 à Los Angeles, en Californie (États-Unis). 1962: The Main Attraction. 1978: The Betsy. 1980: Resurrection. 1981: Le Policeman. 1988: Cocoon, le retour. 1997: The Assistant.


Couronné du Prix Spécial du Jury à Avoriaz un an après sa sortie, Résurrection est le prototype du film maudit oublié de tous alors qu'il s'agit d'une oeuvre lumineuse d'une profondeur humaine exaltante. Eu égard du jeu plein de fragilité d'Ellen Burstyn portant le film à bout de bras avec une intensité dramatique épineuse, et des seconds-rôles et figurants d'une vérité humaine plus vraie que nature. A ce titre, on peut autant vanter les mérites de la réalisation modeste de Daniel Petrie donnant chair à tous ces personnages avec un vérisme naturaliste. A l'instar de sa scénographie bucolique que n'aurait renié le tatillon Terrence Malik auprès de son souffle romanesque (en référence à la Balade Sauvage ou encore aux Moissons du ciel). Le pitch: Menant une existence paisible en compagnie de son époux, Edna voit sa vie ébranlée lorsqu'un accident de voiture les précipitent en bas d'une falaise (séquence choc très impressionnante de par son réalisme aussi abrupt qu'impromptu !). Miraculeusement réchappée de la mort au grand dam de son défunt mari, Edna possède depuis cette trouble expérience le don de guérison par le seul pouvoir de ses mains. Débordante de sagesse, d'amitié et d'amour auprès des souffreteux et des condamnés, elle se lance dans une mission de rémission en dépit de voix discordantes voyant en elle la nouvelle figure du "malin".


Drame intimiste transplanté dans le cadre d'un Fantastique placide, Résurrection honore le genre avec une dignité humaine imprégnée de chétive pudeur. Daniel Pétrie sublimant le portrait d'une guérisseuse aussi optimiste que raisonnée depuis son expérience d'avoir franchi le fameux tunnel incandescent d'où apparaissent nos chers disparus. On peut d'ailleurs prôner ses séquences crépusculaires d'un onirisme sensoriel si bien que Daniel Petrie parvient sans fard à nous communiquer ce côté si exaltant d'un au-delà rassurant, notamment auprès de l'accueil bienfaiteur de ces visages familiers. Mais sans se donner des allures de moralisateur catholique, celui-ci justifie les pouvoirs inexpliqués d'Edna au nom de l'Amour (avec un grand "A" !), non pas au nom d'un quelconque Dieu messianique. Quand bien même il ne se gêne pas d'y dénoncer le fanatisme, l'intolérance, voir même la folie meurtrière auprès de métayers rétrogrades ou intégristes aveuglés par l'incompréhension d'une cause surnaturelle et leur peur du trépas qu'il ne jure que par la volonté de Dieu. Ainsi, en structurant avec une scrupuleuse attention humaine le parcours moral d'Edna s'efforçant de prodiguer l'amour et la renaissance autour d'elle en dépit d'un paternel psycho-rigide et d'un amant davantage épeuré, Daniel Petrie nous conte le plus bouleversant des poèmes existentiels en y suggérant que la vie après la mort est probablement possible de par l'unique puissance d'un amour rédempteur.


Poignant et bouleversant (sa conclusion élégiaque risque de faire couler les larmes auprès des plus sensibles), beau, candide et intense à la fois, à l'instar des séances très impressionnantes de guérison perpétrées autour d'une foule contemplative, Resurrection traite de la vie après la mort parmi l'humilité candide d'Ellen Burstyn transie d'expressivité vertueuse à travers sa fonction plus maternelle que démiurge. Une référence du genre inextinguible, aussi méconnue qu'infortunée, gardant intact son pouvoir émotionnel philanthrope. 

*Bruno
3èx
22.01.20
28.03.11. 261 v

mardi 21 janvier 2020

Doctor Sleep

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Mike Flanagan. 2019. U.S.A. 2h32 (version longue: 3h00). Avec Ewan McGregor, Roger Dale Floyd, Rebecca Ferguson, Kyliegh Curran, Cliff Curtis, Bruce Greenwood.

Sortie salles France: 30 Octobre 2019. U.S: 8 Novembre 2019.

FILMOGRAPHIE: Mike Flanagan est un réalisateur, scénariste, producteur et monteur américain, né le 20 mai 1978 à Salem dans le Massachusetts. 2000 : Makebelieve. 2001 : Still Life. 2003 : Ghosts of Hamilton Street. 2011 : Absentia. 2013 : The Mirror. 2016 : Pas un bruit. 2016 : Ne t'endors pas. 2016 : Ouija : les origines. 2017 : Jessie. 2019 : Doctor Sleep.


"On est tous entrain de mourir. Le monde est un hospice à ciel ouvert."
Il fallait oser entreprendre la séquelle d'un des plus grands films d'horreur des années 80 pour la transposer sur pellicule 39 ans plus tard; et ce après que Stephen King se soit (à priori) planté sur le papier si je me réfère à la grande majorité des fans renfrognés. En ce qui me concerne, je n'établirai aucune comparaison entre l'oeuvre et le roman si bien que je me suis refusé à le lire par simple appréhension (intuitive) de la déception. Qu'en est-il donc de cette séquelle fleuve d'une durée longiligne de 2h32 ? Sans compter sa version longue de 3h00 que nous pourrons juger à point nommé par l'entremise de sa sortie Blu-ray. Après nous avoir étonnamment conquis (pour ne pas dire comblé) avec sa série TV; The Haunting (vibrant et subtil hommage à la Maison du Diable et autres références les plus notables) et agréablement surpris avec le thriller psychologique Jessie, produit par Netflix, Mike Flanagan ne prend pas le spectateur pour un imbécile avec Doctor Sleep. Tant et si bien que durant l'intimité de ma projo j'ai eu l'impression d'assister à un authentique film d'horreur à l'ancienne surgit des années 80 ! Dans la mesure où le cinéaste prend son sujet au sérieux tout en respectant au possible les fans de la première oeuvre de Kubrick à travers des références fructueuses et clins d'oeil ironiques (notamment auprès de l'inversion de rôles) eu égard de son intelligence à ne pas verser dans la gratuité, le racolage ou la fioriture. Et ce même si on est en droit de contester son (grandiose) final perfectible se déroulant dans les corridors de l'hôtel poussiéreux d'Overlook à travers une confrontation diabolique pas si intense et épique qu'escomptée (même si beaucoup de forces occultes s'agitent autour de nos héros). Pour autant, le soin circonspect de la sobriété de sa mise en scène (rien n'est laissé au hasard au fil d'une trajectoire narrative pleine de suspense et de subtile tension), son remarquable travail sur la bande-son (en écho à Shining !) et le talent (aussi mesuré) de son casting irréprochable (notamment les rapports solidaires entre Danny et Abra aux forces de caractères chevronnées, et la beauté azur de l'électrisante Rose) permettent d'y pallier ses menus défauts au gré d'une fluidité émotionnelle souvent payante.


Car si Doctor Sleep séduit et envoûte 2h32 durant sans jamais perdre de son intérêt narratif, c'est en parti grâce à ses rebondissements modérés, à son climat onirique de toute beauté et à la caractérisation de ses personnages (ceux atteints du pouvoir du Shining) en proie à une commune volonté de combattre des démons à visage humain étonnamment charismatiques, à défaut de nous effrayer (mention évidente à la matrone au chapeau noir, Rose, car plus le méchant est réussi, meilleur le film sera !). Car dans Doctor Sleep; l'intérêt n'est pas de nous foutre les pétoches comme à su le parfaire Stanley Kubrick (bien que personnellement je n'ai jamais vraiment été effrayé par les expressions psychotiques d'un Jack Nicholson trop sardonique pour me torturer les méninges lors de mes cauchemars nocturnes). Non, l'intérêt est de nous conter avec application et fulgurance visuelle un conte horrifique où le Bien et le Mal s'y combattent sous l'impulsion à la fois fragile et tourmentée de personnages convaincus d'une vie après la mort. Car comme le suggérait Kubrick pour justifier la présence surnaturelle des fantômes au sein de l'hôtel Overlook, Shining était un film optimiste sur l'existence de la vie après la mort. Ainsi, Flanagan poursuit intelligemment cette thématique spirituelle à travers les thèmes de la peur de souffrir et de mourir (je songe aux malades alités en fin de vie) et de la perte de l'être cher (les victimes des êtres disparus tentant difficilement de tourner la page dans leur questionnement spirituel). Quand bien même Danny Torrance, aujourd'hui alcoolique invétéré, tente de combattre ses démons internes en y repoussant de nouvelles forces maléfiques. Doctor Sleep n'étant au final qu'une passionnante métaphore sur notre dualité intrinsèque du Bien contre le Mal, avec au sein de cette confrontation "fantastique" des "méchants" hyper crédibles dans leur intensité d'expression aussi bien sournoise que subtilement vénéneuse à y absorber les fluides énergétiques des victimes du "Shining" ! Sur ce dernier point, et j'insiste à nouveau, Rebecca Ferguson transperce l'écran en reine maléfique au pouvoir d'envoûtement sépulcral ! Tant auprès de sa beauté indicible à la fois lascive et charnue que de ses exactions couardes à sacrifier l'innocence la plus démunie en guise de longévité. Et ce en compagnie de sa troupe noctambule aussi viciée.


Rose red.
Film d'horreur à suspense remarquablement structuré sur une durée substantielle jamais laborieuse (on prend le temps qu'il faut à développer l'intrigue et ses personnages en initiation sereine !), Doctor Sleep créé l'inespérée surprise dans sa capacité d'y créer (ou tout du moins d'y remodeler) un univers délétère aussi capiteux que fascinant à travers la clairvoyance du Shining. Les acteurs et comédiennes se fondant dans la fiction avec aplomb ou spontanéité dépouillés, de manière à ce que le spectateur parvienne à s'immerger dans leurs épreuves morales avec une fascination lestement vertigineuse. Quand bien même Docteur Sleep relativise, dédramatise, apaise et nous réconforte autour de la peur de l'inconnu: celui du trépas.  

*Bruno

lundi 20 janvier 2020

Cut Throats Nine

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site wipfilms.net

"Condenados a vivir" de Joaquín Luis Romero Marchent. 1972. Espagne. 1h30. Avec Robert Hundar, Emma Cohen, Alberto Dalbés, Antonio Iranzo

Sortie salles U.S: 5 Octobre 1973. Espagne: 10 Juillet 1972

FILMOGRAPHIEJoaquín Luis Romero Marchent est un réalisateur et scénariste espagnol, né le 26 Août 1921 à Madrid, décédé le 16 Août 2012. 1984: Las fantasías de Cuny. 1980 Despido improcedente. 1975: El clan de los Nazarenos. 1973 El juego del adulterio. 1972 Condenados a vivir (as Joaquin Romero Marchent). 1968 Pas de pardon, je tue. 1966 Gringo jette ton fusil. 1966 Cent mille dollars pour Lassiter. 1965 Sept heures de feu. 1964 Sept du Texas. 1964 Les trois implacables. 1963 Trois cavaliers noirs. 1962 L'ombre de Zorro. 1962 Zorro le vengeur. 1958 El hombre del paraguas blanco. 1957 Fulano y Mengano. 1957 El hombre que viajaba despacito. 1956 La justicia del Coyote. 1955 El coyote. 1954 Soeur Angelica. 1953 Juzgado permanente.


Réputé pour être le western le plus extrême du cinéma, Cut Throats Nine demeure une intéressante curiosité pour qui apprécie les bisseries ibériques aussi bien insalubres que mal élevées. Car en conjuguant le western (paella) avec l'horreur crapoteuse (gros plans sur les chairs entaillées façon Fulci), Cut Thorats Nine dégage un charme vénéneux probant auprès de son sentiment de déréliction qu'une poignée de bagnards nous communique à l'aide de leur charisme patibulaire. L'intrigue se focalisant essentiellement sur leur épreuve de survie qu'un sergent s'efforce de diriger en compagnie de sa soeur en pleine nature enneigée. Ses derniers ayant été libérés de leur chaîne à la suite d'un braquage. Ainsi, à travers son climat montagneux réfrigérant, Cut Throats Nine dépayse avec un certain réalisme fétide sous l'impulsion d'une poignée d'antagonistes tous plus couards et cyniques les uns les autres. Car il faut bien avouer qu'ici le spectateur a bien du mal à s'identifier aux personnages mesquins, à moins d'éprouver une certaine empathie pour la jeune fille timorée que le sergent trimbale avec une certaine ambiguïté.


Mais nous n'en saurons pas plus quant à leurs rapports familiaux parfois tendus, quand bien même le réalisateur s'attache en intermittence à nous décrire le passé morbide de chacun d'eux à l'aide de flash-back concis communément filmés au ralentis. Quant à son extrême violence tant décriée lors de sa sortie, elle s'avère surtout bien sanglante, notamment lorsque Joaquín Luis Romero Marchent ne s'embarrasse d'aucun complexe pour la filmer avec complaisance comme seuls les italiens osaient s'y adonner lors des décennies 70/80. Certaines séquences couillues (les tripes à l'air de certaines victimes) provoquant un réel dégoût viscéral quant à leur réalisme cracra. Bien que sans surprise, dénué d'intensité et réalisé sans génie particulier (une plus-value quant à l'attrait de son charme désuet); Cut Throats Nine parvient pour autant modestement à nous immerger dans ce périple macabre semé de rencontres impromptues auprès d'étrangers aussi primitifs. Quand bien même on appréciera également en guise de cerise sur le gâteau nécrosé son final nihiliste dénué de clarté et de rédemption.


Tableau peu reluisant de la nature humaine victime de son ego et de sa cupidité, Cut Throats Nine est à découvrir pour qui apprécie les raretés hybrides aussi marginales qu'hétérodoxes. 

*Bruno

vendredi 17 janvier 2020

Balada Triste. Lion d'Argent, Venise 2010.

Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Alex De La Iglesia. 2010. Espagne/France. 1h47. Avec Antonio de la Torre, Carlos Areces, Carolina Bang, Enrique Villen, Gracia Olayo, Juan Luis Galiardo, Manuel Tallafé, Manuel Téjada, Sancho Gracia, Santiago Segura.

Sortie en salles en France le 22 Juin 2011

FILMOGRAPHIE: Álex de la Iglesia, de son vrai nom Alejandro de la Iglesia Mendoza, est un réalisateur, scénariste et producteur de film espagnol né le 4 Décembre 1965 à Bilbao (Espagne).
1992: Action mutante, 1996: Le Jour de la bête, 1997: Perdita Durango, 1999: Mort de rire, 2000: Mes Chers Voisins, 2002: 800 Balles, 2004: Le Crime Farpait, 2006: La Chambre du Fils (segment), 2008: Crimes à Oxford, 2010: Balada Triste.

                                      

"Habités par la folie, la haine, la colère, la révolte, la démence de ne pouvoir aimer l'être aimé, faute d'une enfance galvaudée."
Deux ans après son thriller convenu Crimes à Oxford, le trublion hispanique Alex De la Iglesia  nous revient plus revigoré que jamais avec son oeuvre la plus dure, la plus âpre et la plus noire de toute sa carrière. Un odieux poème d'amour fou, l'idylle impossible de deux amants épris de passion pour une jeune funambule lors d'un contexte politique fasciste. Le pitch1937, Madrid. En pleine guerre civile espagnole, un clown est enrôlé de force par les soldats républicains, déployés en force en pleine retransmission d'un spectacle pour enfants. Fou de rage et de haine en interne des combats belliqueux, il décime plusieurs ennemis nationalistes. Arrêté et emprisonné, il consigne à son jeune fils Javier de devenir pour sa postérité un clown triste engagé dans la vengeance. Quelques décennies plus tard, Javier est embauché dans un cirque régi par Sergio, un clown alcoolique et violent, fou amoureux de sa dulcinée acrobate, Natalia. A feu et à sang, pourrait-on évoquer à la vue de ce spectacle flamboyant, hystérique, déjanté, barbare, insolent, irritant, frénétique, d'après les ambitions personnelles du diablotin Alex de la Iglesia plus que jamais engagé à hurler sa haine contre la folie belliqueuse engendrant de graves traumas auprès d'une génération destituée de leur innocence. Une fois encore, l'hystérie collective qui lui est si cher, l'esthétisme visuel à la fois funèbre et pictural, sa structure narrative aussi anarchique qu'éclatée et surtout le portrait baroque imparti aux 2 rivaux délurés convergent au règlement de compte cauchemardesque d'une violence cartoonesque. Sorte de Tex Avery nécrosé de déraison jusqu'à la nausée. Si bien qu'en dépeignant leur lente déprise vers la folie meurtrière à se disputer l'enjeu d'une beauté sensuelle, le réalisateur se mue en pourfendeur à travers une période politique despotique.

                                      

Le préambule ouvrant le rideau sur un spectacle de clowns gesticulant des grimaces pour enjailler les bambins va brusquement varier de ton avec l'écho de mortiers résonnant sous la toile du chapiteau. Si bien qu'une guerre civile dépliée dans les rues adjacentes vient d'interrompre le spectacle pour y affoler les enfants et recruter un clown irascible auprès des champs de ruine. La rupture de ton demeure particulièrement brutale et abrupte puisque nous pénétreront au coeur des combats  chaotiques sous un déchaînement de violences incongrues. A l'instar d'un film de guerre dégénéré, les séquences virtuoses spectaculaires impressionnent par leur réalisme cinglant pour y préfigurer le parti-pris stoïque du réalisateur lourdement accablé par la vulgarité guerrière. Ainsi, ce sentiment d'injustice amère d'une guerre intolérable se répercutera quelques décennies plus tard sur les consciences torturées de deux clowns autrefois privés de leur enfance et d'amour parental, faute des horreurs de cette dictature. Ce qui engendrera un lourd préjudice auprès du personnage si fragile et contrarié de Javier, témoin juvénile des massacres perpétrés en 37 durant la guerre civile, auquel son paternel emprisonné lui aura recommandé d'adopter une mine éplorée pour sa carrière de clown afin de ne jamais oublier ses souvenirs d'une guerre avilissante auprès de la condition précaire des enfants. Désespéré à l'idée de conquérir le coeur de Natalia vulgairement molesté, châtiée et violée par son compagnon, Javier finira donc par se tailler une carrure risible d'ange exterminateur lors d'une idéologie vengeresse que son père lui conseilla lors de leurs séparations. Chaotique, dégénéré, sanglant, mais d'une tendresse désespérée, les images apocalyptiques de fureur commune se succèdent sans répit au rythme d'une danse macabre difficilement supportable, émotionnellement parlant.

                               
Les Clowns tueurs venus de Madrid.
De par sa photo désaturée d'une beauté funeste élégiaque et son score échevelé, Balada Triste nous transfigure un conte vitriolé sur la rage d'aimer d'après deux révoltes identitaires finalement similaires entre elles. Leur fuite chaotique vers une insoluble rédemption amoureuse nous entraînant au sein d'un spectacle surréaliste (sons et lumières désincarnés !) où les expressions écorchées vives se combattent l'autorité avec une déchéance primitive dérisoire. Truffé de références aux classiques du Fantastique, de l'ombre de Batman de Burton (le pingouin est un cousin de Javier), de Santa Sangre, en passant par l'Inconnu de Browning, Balada Triste nous laisse KO d'émotion déchue sous couvert d'un (très) sombre pamphlet contre le franquisme. On en sort donc groggy, choqué, blasé, lessivé, pour ne pas dire déprimé d'avoir observé 1h45 durant (et de manière hypnotique quant à l'attrait attachant des comédiens habités par la démence - les yeux écarquillés -) la plus impitoyable des romances d'une beauté lacrymale inconsolable. 

P.S: âmes sensibles, soyez avertis.

*Bruno
17.01.20
17.07.11. 208 v          

Récompenses2010 : Lion d'argent du meilleur réalisateur et Osella d'argent du meilleur scénario à la Mostra de Venise 2010.
2011 : Prix Goya des meilleurs effets spéciaux ;
2011 : Méliès d'or au festival international du film de Catalogne ;
2011 : grand prix long métrage au festival Hallucinations collectives.

HISTOIREFrancisco Franco.
Francisco Paulino Hermenegildo Teódulo Franco y Bahamonde, né le 4 décembre 1892, à El Ferrol (Galice) et mort le 20 Novembre 1975 à Madrid, est un militaire et chef de l'Etat espagnol. De 1939 à 1975 il présida un gouvernement autoritaire et dictatorial avec le titre de Caudillo (guide) : « Generalísimo Francisco Franco, Caudillo de España por la Gracia de Dios ».

jeudi 16 janvier 2020

Midnight Run

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Martin Brest. 1988. U.S.A. 2h06. Avec Robert De Niro, Charles Grodin, Yaphet Kotto, John Ashton, Dennis Farina, Joe Pantoliano.

Sortie salles France: 28 Septembre 1988

FILMOGRAPHIE: Martin Brest est un réalisateur, producteur, acteur, monteur et scénariste américain, né le 8 Août 1951 dans le Bronx de New-York. 1972: Hot Dogs for Gaugin. 1977: Hot Tomorrows. 1979: Going in Style. 1984: Le Flic de Beverly Hills. 1988: Midnight Run. 1992: Le Temps d'un Week-end. 1998: Rencontre avec Joe Black. 2003: Amours Troubles.


On ne va pas y aller par quatre chemins, Midnight Run fait clairement parti des meilleurs Buddy Movies jamais réalisés, tout du moins un parangon d'une inépuisable fringance quant à sa disparité des genres d'une impressionnante fluidité. Car si Martin Brest fut reconnu avec l'énorme succès (mérité) du Flic de Beverly Hills, en prime de nous avoir révélé l'acteur Eddy Murphy, il se surpasse 4 ans plus tard avec cette comédie policière au succès contrairement modeste mais pour autant beaucoup plus fine, inventive et structurée à travers une intrigue charpentée décuplant quiproquos, gags et règlements de compte à rythme effréné. Car chassé croisé entre des membres du FBI, deux chasseurs de prime et une bande de mafieux à retrouver la trace du duc, un comptable ayant grugé 15 millions dollars au gangster Jimmy Serrano, Midnight Run exploite le road movie avec un art consommé de l'efficacité.


Tant auprès du duo impayable Robert De Niro (incroyablement à l'aise dans son rôle à contre-emploi !) / Charles Grondin, communément irrésistible en rivaux au grand coeur, que des rebondissements en pagaille que Martin Brest cultive sans une once de fioriture eu égard du brio du récit soigneusement écrit. Tant et si bien que l'on reste rivé au canapé à savourer les pérégrinations du chasseur de prime Jack Walsh flanqué de son otage loquace, ballotté tous azimuts entre les mains de ses ennemis pour un enjeu communément pécuniaire. Clairement moins tape à l'oeil que le génial Le Flic de Berverly Hills, Martin Brest mise donc ici pour un divertissement autrement posé, plus réaliste et mesuré, en prenant son temps à nous familiariser avec les prises de becs perpétuelles de nos héros aux caractères évidemment contradictoires. Car si Midnight Run parvient tant à nous séduire et à nous enjailler à travers sa conjugaison de comédie, de tendresse (la surprenante retrouvaille entre Walsh et sa fille aînée chez son ex épouse provoque une émotion lestement émouvante !) et de policier, il le doit  avant tout à la complémentarité humaniste de nos 2 têtes à claque en proie à un vibrant sens de l'amitié au fil de leurs rapports discordants. Chacun s'efforçant de dominer l'autre pour des enjeux de  liberté et de cupidité avec un sens de la duperie jubilatoire.


Comédie policière constamment inventive et fortuite, drôle ou cocasse (notamment auprès de la caricature de ses seconds-rôles empotés auquel j'aurai pu argumenter sans modération) à travers sa moisson de rebondissements et bravoures explosives, Midnight Run n'a point usurpé sa réputation de chef-d'oeuvre du Buddy Movie sous l'impulsion d'un duo téméraire apprenant à se connaître avec, au bout de leur initiation identitaire, le gain d'une dignité amicale. 

*Bruno
3èx

mercredi 15 janvier 2020

Nous sommes la Nuit

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Wir sind die Nacht" de Dennis Gansel. 2010. Allemagne. 1h45. Avec Anna Fischer, Karoline Herfurth, Nina Hoss, Max Riemelt, Jennifer Ulrich.

Sortie en salles en France le 29 Décembre 2010.

FILMOGRAPHIEDennis Gansel est un réalisateur allemand né 1973.
2000: Das Phantom (télé-film), 2001: The Dawn, Madchen madchen, 2004: Napola, 2008: La Vague, 2010: Nous sommes la nuit.

                                     

Après le controversé La Vague qui permit d'illustrer la précarité de nos régimes politiques bafoués par une idéologie fasciste, le réalisateur allemand Dennis Gansel change complètement de registre pour y exploiter le vampirisme high-tech, tendance Twilight. Mais dans une facture plus insolente, saphique et brutale ! Le PitchLena, marginale juvénile rebelle, se retrouve par inadvertance dans un club branché entretenu par un trio de goules dont la troublante Louise y endosse la matriarche. Sous le charme de cette invitée impromptue, Louise s'empresse de la mordre pour la vampiriser. Une nouvelle vie pour Lena s'apprivoise donc avec comme prix à payer, la quête du sang humain en guise d'éternelle jeunesse. Mais notre trio chevronné n'eut pu prévoir que leur nouvelle acolyte allait sérieusement remettre en cause leur immuable longévité. A travers une facture simpliste de série B ludique du samedi soir menée à rythme métronome, Nous Sommes la nuit n'a surement pas pour prétention de révolutionner le genre pour y laisser une empreinte pour le genre. Loin de là.

                                    

Si bien que cette équipée de jeunes effrontées vautrées dans la luxure et la défonce au sein de night-club branchés se savoure tel le plaisir coupable à la fois stylisé et vénéneux. Tant auprès de l'attachant quatuor de comédiennes germaniques au visage méconnu (tout du moins pour le spectateur français), de ses décors de luxe efficacement exploités que de sa trajectoire narrative désinhibée auprès de leurs virées nocturnes non exemptes d'exactions gorasses (à l'instar de son superbe prologue situé en haute altitude ou de la festivité gorasse au beau milieu d'une piscine !). Ainsi, cette illustration fantaisiste de l'univers branché de la nuit s'incarne également comme le reflet d'une jeunesse déboussolée s'épanouissant dans l'instant présent à travers leur requête d'excès en tous genres, et ce sans se soucier du lendemain inévitablement dépressif. Car ses vampires modernes tributaires de leur jouissance éphémère se décline en allégorie existentielle sur le malaise d'une génération solitaire réfutant la romance de par le simulacre de la coke, du sexe consommable et des ecstas. Mais grâce à la fragilité de leur nouvelle hôte Lena, subitement éprise d'idylle pour un jeune flic, son influence aboutira à la remise en question de nos libertines vampires quant aux cynisme de leurs états d'âme sans vergogne.

                                         

Traversé de séquences d'action trépidantes plutôt bien menées, la mise en scène clippesque et speedée de Denis Gansel ne nous laisse point de répit en dépit d'un manque flagrant d'originalité narrative. Pour autant, cette série B d'exploitation ne manque ni de charme, ni d'onirisme (les séquences crépusculaires et les suicides intermittents qui s'ensuivent) ni de sympathie auprès de ses marginales ivres d'insouciance et d'indépendance féministe. On peut d'ailleurs songer à quelques occasions au magnifique Near Dark pour ces images lascives d'une nature en clair obscur, ou aux Prédateurs pour le look distingué de nos hipsters se déhanchant au rythme d'une techno entêtante ! Une série B plutôt attachante donc, charnelle et parfois même émotive (notamment grâce à l'intensité du regard fébrile d'Anna Fischer en remise en question morale), aussi dispensable soit-elle. 

*Bruno
15.01.20
02.05.11. 397 v

mardi 14 janvier 2020

Les Aventuriers du Cobra d'Or

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Ecranlarge.com

"I cacciatori del cobra d'oro" de Antonio Margheriti. 1982. Italie. 1h35. Avec David Warbeck, Almanta Suska, Luciano Pigozzi, Protacio Dee, Rene Abadeza, John Steiner

Sortie salles France: 24 Août 1983. Italie: 11 Août 1982

FILMOGRAPHIE: Antonio Margheriti (Anthony M. Dawson) est un réalisateur italien, né le 19 septembre 1930 à Rome, décédé le 4 Novembre 2002 à Monterosi. 1960: Le Vainqueur de l'espace. 1962: Les Derniers jours d'un empire. 1963: La Vierge de Nuremberg. 1964: La Sorcière Sanglante. 1964: Les Géants de Rome. 1964: Danse Macabre. 1968: Avec Django, la mort est là. 1970: Et le vent apporta le Violence. 1971: Les Fantômes de Hurlevent. 1973: Les Diablesses. 1974: La brute, le colt et le karaté. 1975: La Chevauchée terrible. 1976: l'Ombre d'un tueur. 1979: l'Invasion des Piranhas. 1980: Pulsions Cannibales. 1980: Héros d'Apocalypse. 1982: Les Aventuriers du Cobra d'Or. 1983: Yor, le chasseur du futur. 1985: L'Enfer en 4è vitesse.


Quel bonheur perpétuel (qui plus est, lors d'un 3è visionnage !) de savourer ce fleuron du Bis transalpin, ersatz assumé de la trilogie Indy qu'Antonio Margheriti mène avec son traditionnel savoir-faire ! Car l'intrigue linéaire à beau surfer sur le modèle de Spielberg en se reposant uniquement sur une moisson de clichés pour autant bien amenés (notamment grâce au dynamisme du montage et de ces cadrages alambiqués), les Aventuriers du Cobra d'or transpire la carte du divertissement bonnard à travers le houleux projet de Bob Jackson épaulé de son acolyte Captain Franks partis en mission afin de décrocher le fameux cobra d'or en pleine cambrousse. Mais durant leur périple épique semé de rencontres à la fois hostiles et félonnes, ils feront la connaissance d'un vieux baroudeur et de sa nièce partis à la recherche de la soeur (jumelle) de celle-ci, car kidnappée par des indigènes lors d'un voyage familial quelques années plus tôt. Ainsi donc, les Aventuriers du Cobra d'or ne s'embarrasse ni de complexité narrative ni de vraisemblances pour séduire le spectateur embarqué dans une aventure "low-cost" d'un dépaysement fraîchement verdoyant (certains paysages et panoramas étonnent par leur beauté sauvage). Dans la mesure où l'on peut autant compter sur la complémentarité fringante de son cast de seconde-zone jouant les chasseurs de trésor avec un aplomb décomplexé.


Tant auprès du vénérable David Warbeck en aventurier inébranlable (chargé de dérision pour concourir avec l'icone créée par Harrison Ford !), de John Steiner en capitaine badin esquivant les coups et les balles avec une agilité improbable (ah ce coup de théâtre final que l'on a vu v'nir à des kilomètres quant à son éventuelle résurrection !), de Luciano Pigozzi en papy cupide trop en retrait pour être honnête, que de la charmante Almanta Suska dans un double rôle antinomique aussi attachant qu'involontairement cocasse. Notamment lorsque cette dernière joue la prêtresse dominatrice face à ses esclaves indigènes ou lorsqu'elle s'éprend soudainement de sentiments pour Jackson Spoil ! en dépit de la trahison de sa défunte soeur Fin du Spoil. Ainsi, en dépit d'un budget, on le devine minimaliste, Les Aventuriers du Cobra d'or remplit aisément son cahier des charges de par la générosité de son auteur féru d'actions aussi violentes que décomplexées (la surenchère prête parfois à sourire avec fougue !) et de la fringance de ces seconds-couteaux bougrement attachants dans leur caricature héroïque un poil semi-parodique. Enfin, on peut également souligner la qualité de ses effets-spéciaux (aussi bricolés soient-ils !) si je me réfère à son rutilant final confiné dans une grotte envahie par les laves (en mode "Indy et le temple maudit"). Tant et si bien que ces vastes décors caverneux s'avèrent également convaincants lorsque nos aventuriers arpentent ce milieu hostile en s'engouffrant dans les corridors avec un héroïsme suicidaire (quitte à y sacrifier les bonimenteurs d'entre eux selon la moralité de l'auteur !).


Un régal bisseux de cinéma de quartier, à revoir sans modération, tout en y regrettant cette sacro-sainte époque transalpine où les artisans les plus doués nous esquissaient des succédanés aussi bienfaiteurs que réjouissants.

*Bruno
3èx

vendredi 10 janvier 2020

Samson et Dalila

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Pinterest.fr

"Samson and Delilah" de Cecil B. DeMille. 1949. U.S.A. 2h14. Avec Hedy Lamarr, Victor Mature, George Sanders, Angela Lansbury, Henry Wilcoxon, Olive Deering, Fay Holden

Sortie salles France: 5 Octobre 1951. U.S: 21 Décembre 1949

FILMOGRAPHIE PARTIELLECecil Blount DeMille, plus couramment appelé Cecil B. DeMille, est un réalisateur et producteur américain, né le 12 août 1881 à Ashfield (Massachusetts) et mort le 21 janvier 1959 à Los Angeles (Californie). 1929: La Fille sans dieu. 1929: Dynamite. 1930:  Madame Satan. 1931: Le Mari de l'Indienne. 1932: Le Signe de la Croix. 1933: La Loi de Lynch. 1934: Cléopâtre. 1935 Les Croisades. 1936 Une aventure de Buffalo Bill. 1938 Les Flibustiers. 1939: Pacific Express. 1940 Les Tuniques écarlates. 1942 Les Naufrageurs des mers du sud. 1944: L'Odyssée du docteur Wassell. 1947 Les Conquérants d'un nouveau monde. 1949 Samson et Dalila. 1952 Sous le plus grand chapiteau du monde. 1956 Les Dix Commandements.


On ne présente plus Cecil B. Demille, maître du péplum biblique aux moyens pharaoniques, si bien que Samson et Dalila ne déroge pas à la règle du grand spectacle en technicolor à travers une cruelle et impossible histoire d'amour (les couleurs oh combien fastueuses illuminent le regard à chaque seconde !). Car inspiré d'un illustre récit de la Bible, Samson et Dalila relate l'inimitié entre ces 2 amants communément épris d'amour mais pour autant discrédités par la vengeance sournoise de celle-ci habitée par l'égoïsme et l'arrivisme. Hedy Lamarr transperçant l'écran à travers la tiédeur de ses yeux saphir dans un subtil dosage de sentiments contradictoires. De la passion la plus folle et ardente à la haine la plus couarde. Et ce en suscitant lors de ses humeurs les plus colériques ses sentiments d'orgueil, de caprice, de jalousie, de condescendance, de rancune et de possessivité. Pour autant éplorée quant aux conséquences dramatiques de sa trahison, l'actrice finit par déployer une fragile émotion, entre amertume et mélancolie quant à la condition de claustration de son amant estropié. Ainsi donc, Victor Mature lui partage la réplique parmi la sombre intensité de son regard viril et la puissance de sa force herculéenne. Tant et si bien que l'on observe scrupuleusement ces bravoures dantesques au gré d'effets-spéciaux encore aujourd'hui convaincants.


Tant auprès de son combat insensé avec un lion (on applaudit notamment la perfection du montage véloce !), de ses corps à corps avec des ennemis réunis en masse, que de sa gageure à renverser 2 immenses colonnes de pierre lors d'un final catastrophique assez bluffant en terme d'esbroufe réaliste. Au-delà de la densité permanente de son histoire d'amour invoquant le mélo avec dignité, Cecil B. Demille possède (comme chez Spielberg) cet art intelligible de narrer son histoire parmi l'emphase d'un jeu d'acteurs théâtral jamais pompeux. Puisque résolument impliqués, pour ne pas dire habités par leur fonction antique. Et on peut louablement prétendre que le couple Hedy Lamarr / Victor Mature crève l'écran avec une intensité humaine davantage sentencieuse. Infiniment chrétien quant au profil de Samson assumant son expiation afin de se faire pardonner par Dieu, son parcours moral davantage douloureux y contestera l'injustice de la bêtise humaine engluée dans sa prospérité et sa suprématie pour y railler les laissés pour compte. Et ce sans pouvoir tolérer une quelconque lueur de clémence, à l'exception bien entendu de Dalila prête à se sacrifier pour la gravité de ses erreurs. Ainsi, faute de ses faiblesses, à savoir son altruisme, sa confiance en l'autre et sa naïveté d'avoir céder aux avances de 2 rivales de manière contradictoire, Samson y paiera donc un lourd tribu en assumant sa responsabilité d'avoir trahi son étique chrétienne.


Scandé du duo iconique Hedy Lamarr / Victor Mature, du grand péplum biblique, aussi romanesque qu'épique, aujourd'hui disparu depuis l'émergence de nos écrans numériques.

*Bruno
2èx

Récompenses:
Oscar des Meilleurs Décors
Oscar des Meilleurs Costumes

jeudi 9 janvier 2020

Tendres Passions. Oscar du Meilleur Film, 1983.

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"Terms of Endearment" de James L. Brooks. 1983. U.S.A. 2h12. Avec Shirley MacLaine, Debra Winger, Jack Nicholson, Danny DeVito, Jeff Daniels, John Lithgow.

Sortie salles France: 4 Avril 1984. U.S: 23 Novembre 1983

FILMOGRAPHIEJames Lawrence Brooks est un réalisateur, scénariste puis producteur de cinéma et de télévision américain, né le 9 mai 1940 à Brooklyn (New York). 1983 : Tendres Passions. 1987 : Broadcast News. 1994 : La Petite Star. 1997 : Pour le pire et pour le meilleur. 2004 : Spanglish. 2010: Comment savoir.


Ovationné chez le public et la critique Outre-Atlantique mais incendié dans l'hexagone parait-il (cherchez l'erreur !), quand bien même ces mêmes critiques et revues spécialisées ont depuis révisé leur jugement (depuis 2005 selon le site Wikipedia), Tendres Passions conjugue la romcom et le mélo parmi l'intelligence du refus de la complaisance. Pour ce faire, James Brooks (dont il s'agit de sa première réalisation - chapeau l'artiste ! -) compte sur le ressort d'un humour quasi omniprésent qu'un cast 3 étoiles embraye sans modération de par leur complémentarité aussi bien amicale que discordante. Et ce en dépit de leurs fadaises et disputes conjugales où l'adultère finit par animer quelques étincelles. Mais c'est bien connu, quand on aime, on aime toujours trop. Tout du moins chez Emma Greenwa (Debra Winger), jeune épouse apte à pardonner les écarts de conduite de son époux, au même titre que sa mère (fraîchement grand-mère) éprise de sentiments pour un voisin rupin volontiers égrillard. Alors ok, il faut bien avouer qu'au delà du feu d'artifice imposé à sa 1ère heure 45 (puisque bourré d'humour, de tendresse et d'entrain), son ultime demi-heure résolument dramatique nous tire les larmes en ayant l'incapacité de les retenir (pour qui sait faire preuve de sensibilité innée). Mais James Brooks parvient lestement à bannir la sinistrose à l'aide d'une sobre pudeur quant à la dignité de ses personnages en berne ne s'apitoyant jamais sur leur sort. Et ce tant auprès des proches témoins que de la victime alitée. Au niveau de l'intrigue délicieusement éclatante et sémillante de par sa moisson de situations couillues et confrontations humaines friponnes, Tendres Passions relate la houleuse relation entre une mère et sa fille s'efforçant indépendamment d'y cueillir l'amour le plus galvanisant.


De par leurs tempéraments forts en gueule et leur ardent désir de croquer la vie à pleines dents, Tendres Passions est illuminé du duo Shirley MacLaine (multi récompensée aux States ! - trophées répertoriés en bas d'article -) / Debra Winger d'une joie et d'une tendresse (quasi) communes addictives auprès du public. Tant et si bien que celui-ci s'éprend de fougue et de passion pour leurs vicissitudes avec une émotion si épanouissante. Outre le jeu mature et posé de Shirley MacLaine en matrone très attachée aux valeurs morales, je préfère privilégier la présence si magnétique de Debra Winger (repartie bredouille aux oscars, je ne m'en remettrai jamais !) en épouse spontanée, tiraillée entre ses soucis financiers, ses rapports conjugaux en perdition et sa relation bipolaire avec sa mère autoritaire (pour autant si aimante !). D'un naturel extrêmement communicatif, tant auprès de son tempérament primesautier, de sa tendresse pour sa famille Spoil ! et de sa sobre aigreur de faire face à la maladie fin du Spoil, Debra Winger crève si bien l'écran qu'au générique de fin on se surprend d'y éprouver un effet de manque affectif mêlé d'élégie Spoil ! (quant à sa destinée galvaudée). Fin du Spoil. Quant à la présence volontairement emphatique de Jack Nicholson, il parvient admirablement (et comme de coutume) à esquisser un personnage machiste désinhibé au gré d'une ironie goguenarde constamment jubilatoire. Enfin, l'illustre Jeff Daniels endosse en second-rôle le mari infidèle d'Emma avec une sobre expression de culpabilité de par son ambiguïté de faire face à sa tromperie, faute d'un soupçon d'immaturité qu'il parvient toutefois à effacer auprès de l'entourage.


Comédie romantique pétrie d'humanité et de bon sens car traitant des thèmes de la vieillesse, du désir de séduction, de la fraternité, de l'infidélité, de la maladie et du pardon sous le pilier d'une ironie mordante, Tendres Passions est un bonheur permanent à travers son audacieuse conjugaison de drôlerie et de gravité que James L. Brooks traite dans un subtil dosage d'émotions contradictoires. Et contrairement aux apparences bien trompeuses, Tendres Passions s'avère finalement un anti-dépresseur de choix en dépit de sa déchirante conclusion existentielle. 

*Bruno

Récompenses:
Oscar du meilleur film – James L. Brooks, producteur
Oscar du meilleur réalisateur – James L. Brooks
Oscar de la meilleure actrice – Shirley MacLaine
Oscar du meilleur acteur dans un second rôle – Jack Nicholson
Oscar du meilleur scénario adapté – James L. Brooks
Golden Globe Award : Meilleur film dramatique
Golden Globe Award : Meilleure actrice dans un film dramatique – Shirley MacLaine
Golden Globe Award : Meilleur acteur dans un second rôle - Jack Nicholson
Golden Globe Award : Meilleur scénario – James L. Brooks
Directors Guild of America Award de la meilleure réalisation pour un film – James L. Brooks
New York Film Critics Circle Award pour le meilleur film
New York Film Critics Circle Award pour la meilleure actrice - Shirley MacLaine
New York Film Critics Circle Award pour le meilleur second rôle - Jack Nicholson
LAFCA du meilleur film

mardi 7 janvier 2020

Roubaix, une lumière. Bayard d'or du Meilleur Film.

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Arnaud Desplechin. 2019. France. 1h59. Avec Roschdy Zem, Léa Seydoux, Sara Forestier, Antoine Reinartz, Chloé Simoneau, Betty Cartoux.

Sortie salles France: 21 Août 2019

FILMOGRAPHIEArnaud Desplechin est un cinéaste français né le 31 octobre 1960 à Roubaix. 1992 : La Sentinelle. 1996 : Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle). 2000 : Esther Kahn. 2003 : Léo, en jouant « Dans la compagnie des hommes ». 2004 : Rois et Reine. 2007 : L'Aimée (documentaire). 2008 : Un conte de Noël. 2013 : Jimmy P. 2014 : La Forêt (téléfilm). 2015 : Trois souvenirs de ma jeunesse. 2017 : Les Fantômes d'Ismaël. 2019 : Roubaix, une lumière.


Une sordide descente aux enfers d'une insupportable détresse morale.
Retraçant avec un glaçant vérisme l'effroyable fait divers d'une octogénaire strangulée par 2 jeunes paumées toxicos (bien que le récit ne s'attarde jamais sur leur addiction), Arnaud Desplechin ne nous laisse pas le temps de souffler lors de son éprouvante seconde partie (la 2è heure de métrage) au climat dépressif suffocant. Si bien que nous subissons de plein fouet une véritable épreuve de force morale auprès des jeunes coupables gardées à vue lors d'interrogatoires estomaquant de vérité à travers des violences et accalmies verbales. On peut d'ailleurs songer à Police de Pialat ou encore à Série Noire de Corneau, tant auprès de l'hypnose de son réalisme documenté que de l'acrimonie sociale d'une France profonde laminée par le chômage, la drogue, l'immigration la plus marginale, l'isolement et la délinquance. Drame psychologique transplanté dans le cadre du polar rubigineux (photo un chouilla sépia à l'appui), Roubaix, une lumière est avant tout scandé des prestances écorchées vives de Léa Seydoux et de Sara Forestier communément amantes et complices d'un crime sordide d'une lâcheté éhontée. Tant auprès de l'âge avancée de la victime alitée, confinée seule dans sa demeure décatie, que de leurs rapports conflictuels fondés sur le mensonge et la manipulation à reporter la faute l'une sur l'autre. D'une fragilité névralgique, Sara Forestier explose l'écran parmi la juste mesure d'un jeu d'expressions à la fois démunies et désespérées, eu égard de son inculture et de son amour irrépressible pour la commanditaire du crime. Ses instants de doute, de crainte et d'appréhension progressive, sa profonde solitude et son mal-être existentiel d'avoir toujours été une perdante nous agrippent à la gorge sous l'impulsion d'une intensité dramatique tantôt bouleversante, tantôt accablante.


Psychologiquement plus solide, rebelle, autoritaire et surtout dominatrice, mais également d'un humanisme déboussolé (jusqu'aux larmes de la délivrance !), Léa Seydoux lui partage la vedette au gré d'une expression déterminée autrement viscérale de par sa lâcheté d'occulter la vérité au profit de l'éducation de son fils. Ainsi, cette misère sociale implantée dans la région nordiste de Roubaix nous est illustrée sans fioritures par un Arnaud Desplechin extrêmement scrupuleux quant au déroulement de la vénéneuse enquête. Si bien que de prime abord, il prend son temps (comptez 1 heure d'exposition) à dépeindre la quotidienneté routinière du commissaire Daoud et son équipe tentant d'appréhender un violeur de métro, de retrouver une jeune fugueuse à l'orée de sa majorité, et de résoudre le mystérieux incendie du domicile d'un quartier défavorisé. On peut d'ailleurs déplorer à certains moments le jeu un tantinet théâtral de certains figurants et seconds-rôles d'un charisme louablement authentique à défaut de nous convaincre de leur autorité frondeuse ou autrement contenue. En tout état de cause, rien de préjudiciable quant à la tonalité déjà captivante de sa 1ère partie policière sobrement mise en place, notamment grâce à l'autorité lestement ensorcelante de Roschdy Zem d'un aplomb hyper nuancé en commissaire fin psychologue. Probablement le meilleur rôle de sa carrière, notamment lorsqu'il nous retransmet sans soupçon d'orgueil son humanisme dépouillé d'éprouver une certaine empathie auprès de ces jeunes filles destituées des liens parentaux (le thème central du film !). Notamment parce que lui aussi eut probablement connu une forme de démission parentale depuis sa solitude de vivre en France sans aucun appui familial.


Eprouvant et bouleversant, voir parfois même déchirant, Roubaix, une lumière laisse en état de choc moral face à ce tableau dérisoire d'une jeunesse galvaudée livrée à une déchéance miséreuse dans leur condition d'exclusion. Deux profils crapuleux louablement condamnables mais pour autant transcendés d'un humanisme fébrile à fleur de peau.  

Dédicace à Jean-Marc Micciche

*Bruno

Récompense: Festival international du film francophone de Namur 2019 : Bayard d'or du meilleur film

Ci-joint l'opinion concise de Jean-Marc Micciche.
Séance découverte avec Roubaix une lumière....on peut pas dire que je suis le plus grand partisan du cinéma de Arnaud Depleschin mais là j'avoue avoir pris un grand plaisir à voir ce polar rural d'une solennité comme un échos lointain à un certain cinéma de Kurosawa, notamment ses films où les perso portent un regards pleine de compassion et détaché du drame et du monde et c'est vraiment la force de ce beau, notamment du personnage du commissaire Daoud (sublimement interprété par l'acteur Roschdyn Zem)....la grande subtilité de ce polar, c'est au départ de présenté différentes enquêtes de proximité (une voiture brûlée, un violeur de métro, une simple fugue, une intrusion de domicile) pour finalement grâce à la grande sensibilité de l'enquêteur parvenir à un simple crime crapuleux....d'une grande élégance formel (photo et cadre), et hanté par un score musical obsédant mais d'un super casting féminin (Sarah Forestier et Léa Seydoux), le film explose lors d'une dernière heure d'une grande puissance dramatique...bref grande réussite et le film aurait mérité un prix à Cannes....après le magnifique Trois jours et une vie, Roubaix une lumière est l'autre grand polar rural de cette année...