mardi 19 mars 2024
Grand Canyon. 1992 : Ours d'or du meilleur film au Berlinale
lundi 18 mars 2024
Les Pleins pouvoirs / Absolute Power
Sortie salles France: 21 Mai 1997
FILMOGRAPHIE: Clint Eastwood est un acteur, réalisateur, compositeur et producteur américain, né le 31 Mai 1930 à San Francisco, dans l'Etat de Californie. 1971: Un Frisson dans la Nuit. 1973: L'Homme des Hautes Plaines. 1973: Breezy. 1975: La Sanction. 1976: Josey Wales, Hors la Loi. 1977: L'Epreuve de Force. 1980: Bronco Billy. 1982: Firefox, l'arme absolue. 1982: Honkytonk Man. 1983: Sudden Impact. 1985: Pale Rider. 1986: Le Maître de Guerre. 1988: Bird. 1990: Chasseur Blanc, Coeur Noir. 1990: Le Relève. 1992: Impitoyable. 1993: Un Monde Parfait. 1995: Sur la route de Madison. 1997: Les Pleins Pouvoirs. 1997: Minuit dans le jardin du bien et du mal. 1999: Jugé Coupable. 2000: Space Cowboys. 2002: Créance de sang. 2003: Mystic River. 2004: Million Dollar Baby. 2006: Mémoires de nos pères. 2006: Lettres d'Iwo Jima. 2008: L'Echange. 2008: Gran Torino. 2009: Invictus. 2010: Au-delà. 2011: J. Edgar. 2014: Jersey Boys. 2015: American Sniper. 2016: Sully. 2017: 2018: Le 15h17 pour Paris. 2018: La Mule. 2021: Cry Macho.
Un excellent thriller un peu occulté de nos jours et c'est bien dommage tant Clint Eastwood, réal et acteur, s'y entend pour nous captiver à travers son suspense (parfois) hitchockien (la séquence du bar filmée de l'extérieur d'une terrasse) au concept de base redoutablement alléchant, prometteur, percutant. Si bien qu'un gentleman cambrioleur est témoin d'un meurtre parmi la complicité du président des Etats-Unis. Or, égoïstement, ce premier ne porte pas assistance à la victime faute de sa posture illégale. Il décide toutefois d'y dérober une preuve éloquente avant de prendre la poudre d'escampette. Mais alors qu'il compte quitter le pays, un discours médiatique le ravise afin de réparer justice. Solidement mis en scène sans céder une seconde à l'ennui, les Pleins pouvoirs fait la part belle aux tourments psychologiques des personnages (tant antagonistes que protagonistes) impliqués dans la scénographie d'un meurtre, quand bien même notre anti-héros Luther (Eastwood donc) profite notamment de sa culpabilité (en demi-teinte) pour tenter de renouer avec sa fille depuis son absence parentale. Ce qui nous vaut d'ailleurs par petites touches émotionnelles des séquences intimistes subtilement poignantes tant le réalisateur attache du crédit humaniste aux rapports conflictuelles entre une fille et un père d'autant plus réunis dans un contexte de deuil familial.
Quant au "méchant" du récit, Gene Hackman demeure une fois de plus parfait de lâcheté, de vilénie, d'hypocrisie dans sa fonction de président pédant usant de ses (pleins) pouvoirs pour masquer la vérité d'une tragédie meurtrière. Les seconds-rôles ne sont pas en reste non plus, principalement Scott Glenn à travers son charisme strié impassible en adjoint des services secrets, Ed Harris en flic loyal ne lâchant nullement d'un iota le fil de son enquête auprès d'un potentiel coupable redoutablement retors, mais aussi Laura Linney en fille esseulée plombée par l'absence d'un père peu recommandable en voleur professionnel au passé pour autant héroïque (ancien décoré de guerre de Corée). Outre son discours sulfureux sur la corruption des hommes de pouvoir victimes de leur condition fortunée, Clint Eastwood aborde en filigrane une réflexion sur la vengeance auprès de 2 points de vue dont leur point commun s'érige sur les valeurs familiales. Un excellent suspense donc qui ne perd jamais le spectateur en cours de route de par l'adresse et la maîtrise d'une réalisation robuste dont le moteur essentiel réside dans les profils bien dessinés de ses personnages s'affrontant entre perspicacité, ruse et maladresse.
*Bruno
samedi 16 mars 2024
Stopmotion. Prix Spécial du Jury, Sitges 2023.
Sortie salles France: 8 Décembre 2023 (Festival du Rex de Paris)
FILMOGRAPHIE: Robert Morgan (né en 1974) est un réalisateur, réalisateur et scénariste britannique. 2014: ABC of Death: « D is for Deloused » 2023: Stopmotion.
Du ciné indé qui ne demande jamais à se faire aimer.
Attention, OFNI british à aborder avec des pincettes tant l'expérience horrifique demeure difficilement digérable sitôt le générique clôt. Si bien qu'à l'instar des chefs-d'oeuvre schizo Répulsions et Eraserhead, Stopmotion est à réserver à un public préparé pour qui sait apprécier les oeuvres d'auteur s'efforçant de rajeunir le genre avec une personnalité marginale eu égard de l'ambiance dissonante qui se dégage de chaque pore du métrage, de son indicible climat malsain et de sa violence sanguine intervenant prioritairement lors du dernier acte révélateur (encore que nombre de questions restent délibérément en suspens). Malaisant, trouble et inquiétant à la fois dans une posture aussi feutrée qu'étouffante, étrange, interlope, équivoque, ombrageux pour mieux nous perdre dans le dédale de la psyché torturée d'une jeune femme victime malgré elle d'une maman bigote, Stopmotion demeure finalement un drame psychologique singulier auprès de sa mise en scène expérimentale conjuguant assez efficacement prises de vue réelles et animation lorsque Ella s'efforce d'orchestrer un récit fantastique en compagnie de ses figures de cire qu'elle a bien du mal à conclure.
Notamment faute de l'intervention de sa voisine de palier, une fillette influente bizarroïde de lui suggérer des idées morbides pour mettre à terme son ambitieux projet de cinéma en stopmotion. Nanti d'un rythme constamment languissant (qui ne plaira assurément pas à tous), composé de personnages de chair physiquement inquiétants (des visages quelque peu décharnés aux yeux plutôt exorbités) et de créatures de cire terriblement malaisantes au sein d'un cinémascope auteurisant, Stopmotion ne cesse de titiller angoisse, inquiétude, curiosité à part égale au sein d'une structure narrative éclatée afin de mieux perdre nos repères. Une leçon de cinéma en herbe pour nous engloutir dans un cauchemar cérébral redoutablement franc-tireur à travers son refus de concession, de fioriture, de quiétude, de main secourable. Une expérience assez extrême donc probablement vouée à devenir culte qu'il vaut mieux revoir plusieurs fois pour en saisir toute son essence psychologique, notamment auprès de sa thématique de la création à donner chair à des personnages inertes au péril de la raison.
A ne pas mettre entre toutes les mains.
*Bruno
Distinctions: Prix du meilleur réalisateur, Fantastic Fest 2023
Prix spécial du jury, Sitges
vendredi 15 mars 2024
The Bone Collector
Sortie salles France: 26 Janvier 2000. U.S: 5 Novembre 1999
FILMOGRAPHIE: Phillip Noyce est un réalisateur australien, né le 29 avril 1950 à Griffith (Australie). 1977 : Backroads. 1978 : Newsfront. 1982 : Heatwave. 1987 : Echoes of Paradise. 1989 : Calme blanc. 1989 : Vengeance aveugle. 1992 : Jeux de guerre. 1993 : Sliver. 1994 : Danger immédiat. 1997 : Le Saint. 1999 : Bone Collector. 2002 : Le Chemin de la liberté. 2002 : Un Américain bien tranquille. 2004 : Welcome to São Paulo - segment Marca Zero. 2006 : Au nom de la liberté. 2010 : Salt. 2014 : The Giver. 2019 : Above Suspicion. 2021 : The Desperate Hour. 2023 : Fast Charlie.
Encore un thriller des années 90 hélas oublié, faute d'avoir été sans doute occulté, voir peut-être aussi mésestimé depuis la bombe Seven sorti quelques années au préalable auquel la trame s'inspire ouvertement (jeu de piste infernal entre une flic en herbe et un tueur à la fois pervers et machiavélique). Sans compter également une influence évidente au Silence des Agneaux pour le soutien didactique "à distance" perpétré entre un expert en criminologie alité et cette même policière investiguant les recoins new-yorkais les plus sombres afin de venir à bout des exactions sordides du tueur jamais à bout de course pour achever son dessein meurtrier. Et si le final peut plausiblement décevoir une frange de spectateurs (ce qui ne fut pas mon cas alors que je redoutais un rebondissement archi prévisible lors d'une fausse alerte), il demeure pour autant bien amené, justifié et assez crédible pour adouber les mobiles du serial-killer d'une ténacité intraitable sans trop en dévoiler.
jeudi 14 mars 2024
Dobermann
FILMOGRAPHIE: Jan Kounen (de son vrai nom Jan Coenen) est un réalisateur, producteur de cinéma et scénariste français d'origine néerlandaise, né le 2 mai 1964 à Utrecht (Pays-Bas). 1997 : Dobermann. 2004 : Blueberry, l'expérience secrète. 2007 : 99 francs. 2009 : Coco Chanel et Igor Stravinsky. 2013 : Le Vol des cigognes. 2020 : Mon cousin.
Affreux, sales, (bêtes) et méchants.
Revoyure d'un actionner bourrin (franchouillard) qui fit grand bruit lors de sa sortie, faute de sa violence ultra gratuite dénuée de moralité (si bien qu'il fut interdit aux moins de 16 ans et reste banni de nos écrans TV), Dobermann est un délire de sale gosse assumant jusqu'au bout des ongles son irresponsabilité, son mauvais goût, sa subversion auprès d'anti-héros aussi détestables que grotesques (certaines séquences ridicules soufflant le chaud et le froid à savoir s'il faut en rire ou sourire ou s'en détourner). Tant auprès de la police en roue libre, faute des exactions autoritaires de leur leader nazillon assoiffé de vengeance bestiale, que des malfrats marginaux issus de la communauté gitane pour qui la vie d'autrui n'accorde aucun crédit. Ainsi donc, avec sa mise en scène à la fois clippesque et épileptique qui, aujourd'hui, accuse un peu des effets de style obsolètes et des maladresses pour autant attachantes (notamment auprès du jeu approximatif de certains seconds-rôles ou figurants), Dobermann dégage un charme bisseux aussi fascinant que jouissif pour qui parvient à tolérer spectacle aussi décérébré dénué de logique, de raison, de points de vue.
Jan Kounen se vautrant à corps perdu dans la trivialité, tel un marmot dégénéré, auprès d'un déchaînement de violence hystérisée aussi libérateur et décomplexé qu'inquiétant, pour ne pas dire irréfléchi. Par conséquent, pour apprécier cette bande dessinée constamment irrévérencieuse, scato et impétueuse il vaut mieux laisser son cerveau au vestiaire pour s'adonner à cette débauche criminelle où flics et voyous s'affrontent sans répit dans un bain de sang aussi démonial que débridé. Certaines fusillades dantesques (le carnage dans la boite de nuit) et courses-poursuites automobiles demeurant extrêmement épiques auprès de sa réalisation primitive n'épargnant aucun antagoniste pour notre plaisir voyeuriste ranimant nos bas instincts de fantasmes inavoués. A revoir donc impérativement au second degré pour s'esbaudir de ce grand (fist) fuck(ing) sur pellicule se tortillant les nerfs dans une idéologie immorale aussi douteuse que sarcastique.
Pour public averti évidemment.
*Bruno3èx
Box Office France: 800 000 entrées
La 9è Configuration / The Ninth Configuration / Twinkle, Twinkle, "Killer" Kane
Inédit en salles en France: U.S: 29 Février 1980.
FILMOGRAPHIE: William Peter Blatty est un écrivain, scénariste et réalisateur américain d'origine libanaise, né à New York le 7 janvier 1928. On lui doit deux uniques réalisations: la Neuvième configuration (1980) et L'Exorciste, la suite (1990).
Mea culpa.
C'est au bout du 3è visionnage que j'ai enfin pu l'apprécier à sa juste valeur.
Et pourtant, je ne sais toujours pas quoi vraiment en penser.
Stacy Keach est exceptionnel en psychiatre prévenant parfois contrebalancé de sautes d'humeur d'une terrifiante intensité à travers son regard demeuré.
Mais derrière son digne discours sur les traumas de la guerre du vietnam et la folie (contagieuse) qu'elle pu générer chez les plus fragiles, je retiens surtout son message spirituel finalement positif si on se réfère à son magnifique épilogue révélateur quand à notre raison existentielle impartie à la nécessité de souffrir et au courage de s'y sacrifier afin de réparer les fêlures morales.
La narration imprévisible est sciemment éclatée, les ambiances hybrides s'entrechoquent, quelques séquences grotesques se succèdent à travers des tirades qui peuvent parfois lasser (essentiellement durant la 1ère heure). Mais la 9è configuration parvient toutefois à séduire, interpeller, inquiéter, troubler auprès de sa fragilité humaine, sa sensibilité névralgique à nous interroger sur notre dualité du Bien et du Mal au sein d'un monde impitoyable où les plus susceptibles peuvent basculer dans une solitude aliénante.
On sort donc de la projo à la fois blessé, perplexe, ému et apaisé pour le profil équivoque de ce personnage martyr prouvant par son instinct meurtrier qu'un agneau sommeillait en lui.
Une oeuvre maudite en somme habitée par une entité mystique nous donnant envie de croire en l'autre.
*Bruno
mercredi 13 mars 2024
La Cité des Enfants perdus
Sortie salles France: 17 Mai 1995. U.S: 15 Décembre 1995 (Int - 17 ans)
FILMOGRAPHIE: Jean Pierre Jeunet est un réalisateur et scénariste français né le 3 Septembre 1953 à Roanne, Loire. 1978: l'Evasion (court), 1980: Le Manège (animation de marionnettes), 1981: Le Bunker de la dernière rafalle (court 26 mns coréalisé avec Marc Caro), 1984: Pas de repos pour Billy Brakko (court), 1989: Foutaises, 1991: Delicatessen (coréalisé avec Marc Caro), 1995: La Cité des Enfants perdues (coréalisé avec Marc Caro), 1997: Alien, la Résurrection, 2001: Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain, 2004: Un Long Dimanche de Fiançailles, 2009: Micmacs à Tire-larigot. 2013: L'Extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spive. 2022 : Big Bug (Netflix)
Spectacle hallucinant de virtuosité formelle comme on n'en compte sur les doigts d'une main dans le paysage (fréquemment trop imberbe) du cinéma français, la Cité des Enfants perdus est un chef-d'oeuvre du fantastique auteurisant doublé d'une expérience sensorielle capiteuse. Le genre d'écrin indémodable à trôner auprès des référentiels La Belle et la Bête, les Yeux sans visage, les Visiteurs du Soir, la Beauté du Diable, les Doigts du Diable ou encore Orphée. L'un des films Fantastiques les plus génialement décorés qui plus est, à l'instar de Blade Runner, The Crow ou encore Brazil de Terry Gilliam. Si bien qu'à la revoyure, outre sa facture esthétique aqueuse à damner un saint (on reste indubitablement hanté passé le générique de fin), on est stupéfiait par la synergie des genres que le duo alchimiste (euphémisme) Jeunet / Carot juxtapose à la perfection avec une audace inconcevable de nos jours. Or, que l'on ne s'y trompe pas, La Cité des Enfants perdus n'est absolument pas un spectacle "tous publics" comme osa se le permettre inexplicablement sa sortie salles française alors qu'Outre Atlantique il fut interdit aux moins de 17 ans et Outre-manche - 13 ans. Tant la cruauté de certaines séquences faisant intervenir des enfants terrorisés aux larmes a de quoi franchement heurter de par son réalisme horrifiant (il faut le revoir pour le croire si bien qu'on en omet l'outil cinématographique).
Nos cinéastes, en pleines possession de leurs moyens démesurés, nous brodant un conte cauchemardesque d'une sidérante fulgurance formelle (j'insiste encore), technique et narrative au point qu'il est impossible d'ingurgiter et digérer cette aventure indicible au bout d'un seul et unique visionnage. L'ambiance irréelle à la fois candide, féérique, malsaine, dérangeante, asphyxiante, déstabilisante nous hypnotisant les sens tant les idées les plus ubuesques et folingues fusionnent sans répit sous l'impulsion de personnages lunaires surgis d'une 4è Dimension en connectivité avec les rêves. Thématique majeure du récit métaphorique (irracontable !), véritable déclaration d'amour à la chimère, à ce besoin irrépressible de pouvoir rêver afin de s'évader et rester en vie, doublé d'un hymne au Fantastique que les auteurs impriment de leur talent inusité avec audace souvent saugrenue. D'où l'étrange sensation, autant que fascinant sentiment d'avoir participé à une expérience émotionnelle assez rigoureuse pour dépasser le cadre illusoire du cinéma avec une intensité transie d'émoi. Si bien qu'à travers ce maelstrom d'images aussi ubuesques que dantesques (où s'entrecroisent par ailleurs Tod Browning, Cocteau, Prévert, Gilliam, Lynch), on reste hanté, martelé, commotionné par cette dépaysante odyssée fantasmagorique dépassant les limites de l'imagination la plus insolente.
Récompenses:
César 1996 : César des meilleurs décors pour Jean Rabasse.
Éditeurs de sons de films 1996 :
Prix de la bobine d'or du meilleur montage sonore dans un film en langue étrangère pour Vincent Arnardi, Pierre Excoffier et Laurent Kossayan.
Prix 20/20 (20/20 Awards) 2016 :
Felix du meilleur film en langue étrangère
Felix de la meilleure photographie pour Darius Khondji,
Felix des meilleurs costumes pour Jean-Paul Gaultier.
mardi 12 mars 2024
La Grande attaque du Train d'or / The First Great Train Robbery. Prix Edgar-Allan-Poe du meilleur scénario
Sortie salles France: 18 Avril 1979. Angleterre: 14 Décembre 1978
FILMOGRAPHIE: Michael Chrichton est un écrivain, scénariste, producteur et réalisateur américain, né le 23 Octobre 1942, décédé le 4 Novembre 2008 à Los Angeles. 1972: Pursuit (télé-film inédit en France). 1973: Mondwest. 1978: Morts Suspectes. 1979: La Grande Attaque du Train d'or. 1981: Looker. 1984: Runaway, l'évadé du futur. 1989: Preuve à l'appui (Physical Evidence).
Bijou de film de casse transplanté dans l'époque victorienne à bord d'un train séculaire, La Grande attaque du train d'or resplendit de 1000 feux sous l'impulsion du trio gagnant: Sean Connery, Donald Sutherland ainsi que la ravissante (et oh combien charnelle !) Lesley-Anne Down. L'inoubliable auteur Michael Crichton (Mondwest, Morts Suspectes, Looker, Runaway l'évadé du Futur, excusez du peu !) structurant essentiellement son récit sur les préparatifs, combines et actions (savamment coordonnées) du cambriolage exécutés avec un art artisanal eu égard des cascades finales que Sean Connery élabore sur les toits des voitures de la locomotive avec un réalisme décoiffant. Si bien qu'il n'est point doublé ! Ainsi, à travers ces profils de gangsters anti-manichéens on s'étonne d'autant plus de certains écarts cruels que le réalisateur se permet audacieusement d'injecter (le sort imparti à un second-rôle) au sein d'un divertissement grand public soigneusement reconstitué. On peut d'ailleurs hélas franchement déplorer (et accuser) la dérive d'une séquence abjecte de snuff animalier lorsqu'un chien (un Jack Russell) se réjouit de dévorer vivants des rats piégés au sein d'une areine face à une foule de parieurs en liesse.
Mais bon, en dépit de cette séquence intolérable flirtant avec le mauvais goût et le sadisme le plus vil et lâche, La Grande attaque du train d'or reste un divertissement de haute volée n'ayant rien à envier à la série Mission Impossible. Alors que le récit improbable mais si bluffant de réalisme s'inspire toutefois d'une histoire vraie. Et c'est ce qui rend passionnante cette aventure rétro que de nous relater avec souci du détail technique et formel les nombreuses missions (à haut risque) de notre trio malfaiteur repoussant incessamment les limites du risque et du courage avec audace incongrue. Les monstres sacrées Sean Connery / Donald Sutherland se taillant une carrure snobée de cambrioleurs infiniment retors afin de duper leur entourage lors de subterfuges insensés qu'épaule en faire-valoir Lesley-Anne Down de son charme girond évanescent. Le tout irrigué en intermittence d'humour, de légèreté, d'érotisme badin et de cocasserie au sein d'un réalisme historique contrasté comme susnommé plus haut. Une référence donc qu'il serait temps de ranimer afin de le faire connaître au plus grand nombre comme le souligne avec tant de dynamisme la partition primesautière de Jerry Goldsmith.
*BrunoSean Connery a réalisé toutes les cascades sur le toit du train : équipé de chaussures à semelle de caoutchouc, marchant sur le toit des voitures recouvert pour l'occasion de surfaces adhérentes, il eut des difficultés à garder les yeux ouverts en raison de la fumée et des cendres émises par la locomotive, d'autant plus que le train roulait plus vite qu'on lui avait annoncé (40 miles à l'heure au lieu de 20). Il faillit tomber du train lors d'un saut entre deux voitures. De même, Wayne Sleep, qui incarne Willy l'anguille, a également réalisé lui-même les escalades notamment celle du mur de la prison (il était un des plus brillants danseurs classiques britanniques, faisant partie de la prestigieuse Royal Ballet Company)
mardi 5 mars 2024
Mais qui a tué Harry ? / The Trouble with Harry
Sortie salles France: 14 Mars 1956. Angleterre: 13 Avril 1955
FILMOGRAPHIE: Alfred Hitchcock est un réalisateur, producteur et scénariste anglo américain, né le 13 Août 1899, décédé le 29 Avril 1980. 1935: Les 39 Marches. 1936: Quatre de l'Espionnage. Agent Secret. 1937: Jeune et Innocent. 1938: Une Femme Disparait. 1939: La Taverne de la Jamaique. 1940: Rebecca. Correspondant 17. 1941: Soupçons. 1942: La 5è Colonne. 1943: l'Ombre d'un Doute. 1944: Lifeboat. 1945: La Maison du Dr Edward. 1946: Les Enchainés. 1947: Le Procès Paradine. 1948: La Corde. 1949: Les Amants du Capricorne. 1950: Le Grand Alibi. 1951: L'Inconnu du Nord-Express. 1953: La Loi du Silence. 1954: Le Crime était presque parfait. Fenêtre sur cour. 1955: La Main au Collet. Mais qui a tué Harry ? 1956: l'Homme qui en savait trop. Le Faux Coupable. 1958: Sueurs Froides. 1959: La Mort aux Trousses. 1960: Psychose. 1963: Les Oiseaux. 1964: Pas de Printemps pour Marnie. 1966: Le Rideau Déchiré. 1969: l'Etau. 1972: Frenzy. 1976: Complot de Famille.
Ci-joint l'analyse pertinente de DVDCLASSIK: Mais qui a tué Harry ? de Alfred Hitchcock (1955) - Analyse et critique du film - DVDClassik
samedi 2 mars 2024
Les Enfants des Autres
Sortie salles France: 21 Septembre 2022
FILMOGRAPHIE; Rebecca Zlotowski est une scénariste, réalisatrice et actrice française, née le 21 avril 1980 à Paris. 2010 : Belle Épine. 2013 : Grand Central. 2019 : Une fille facile. 2022 : Les Enfants des autres.
"Savoir cueillir les silences entre les mots et les remplir de sens, d'humanité."
Mélo dépouillé auprès de sa constante bienveillance inondant le métrage entre lyrisme, tendresse et bonne humeur existentielle, les Enfants des Autres est à nouveau un coup de <3 émotif sous l'impulsion luminescente de Virginie Efira (quelle imparable franchise décomplexée !) accompagnée ici de la force tranquille et de sureté de Roshdy Zem. Pour rappel, un des plus grands acteurs français comme il le prouve à nouveau ici en paternel indécis balloté entre l'amour pour sa fille de 7 ans, Leila, pour son ex Alice (incarnée par Chiara Mastroianni, excusez du peu) et pour sa nouvelle compagne Rachel (Virginie Efira) que le récit illustre lestement auprès d'une quotidienneté sentimentale gratifiante faisant honneur à leur maturité parentale. Or, les tenants et aboutissants de ce duo épanoui finiront par éclore lors de l'ultime demi-heure pour la remise en question maternelle de Rachel du fait de son âge, de son trauma infantile lui causant sa peur de l'engagement et de sa nouvelle conquête amoureuse qu'elle partage tendrement avec Ali lors de séquences intimes inscrites dans une quiétude communicative. Quand bien même la fille de celui-ci, Leila, navigue entre l'amour pour sa mère et cette nouvelle étrangère pour autant accorte, attendrissante, soucieuse de la préserver dans sa posture maternele altruiste.
Une belle-mère courtoise proche des autres (comme elle le prouve par ailleurs dans sa fonction éducatice de prof de Français auprès d'un étudiant), s'efforçant de la chérir afin d'y consolider son nouveau couple en voie d'accomplissement. La réalisation pleine de pudeur, d'onirisme naturaliste et d'attention pour ses personnages à la fois lumineux et dépités demeurant sans fioriture afin de privilégier un réalisme existentiel sans pathos. Notamment en empruntant d'une certaine manière la démarche du conte romantique (on peut même y voir des clins d'oeil au cinéma muet, Chaplin proritairement) à l'épilogue nullement plombant. Les Enfants des autres se déclinant en sensible réflexion sur le besoin inné d'une maternité (salvatrice) qu'une belle-mère peine a exaucer auprès de son parcours personnel compromis par l'absence d'une mère. Vortex d'émotions tendres, amoureuses, exaltantes avant de chavirer doucement vers une dramaturgie rigoureusement discrète et timorée de par le tact de cette réalisation auscultant les sentiments de ses adultes pleins de discernement et de sagesse d'esprit, Les Enfants des Autres nous donne finalement furieusement envie d'aimer et de croire en l'autre au moment propice de notre destinée gagnée par le positivisme, la confiance en soi, l'ambition, la générosité d'embrasser le monde. Ce que suggère ce final anthologique inscrit dans l'équilibre, le non-dit auprès de la déambulation tranquille de Virginie Efira ensorcelant une ultime fois l'écran avec une faveur désarmante de naturel.
*Sam Malone
mercredi 28 février 2024
Rien à Perdre. Prix d'Ornano-Valenti, Deauville 2023.
Sortie salles France: 22 Novembre 2023
A croire que Virginie Efira transforme en or tout ce qu'elle touche (ou presque) si bien que Rien a perdre prouve à nouveau qu'au sein du paysage (trop souvent) formaté du cinéma Français, celui, indépendant, révèle à nouveau que nous sommes capables d'offrir le meilleur lorsqu'il s'agit d'une auteure aussi scrupuleuse que Delphine Deloget, réalisatrice, documentariste et historienne (si j'ose dire en me référant à sa "maîtrise universitaire" et à ses documentaires de guerre) de mettre en exergue un récit dramatique aussi sobre que sans fioriture. Car dénonçant sans ambages la déshumanisation en roue libre (euphémisme !) d'une administration judiciaire après avoir placé un enfant difficile dans un foyer à la suite d'un accident domestique, Rien à Perdre est un uppercut émotionnel littéralement improbable quant à la descente aux enfers d'une mère aimante s'acharnant à hurler son innocence pour y récupérer son enfant. La faute, incongrue, incombant à ce système administratif et à ces pions médisants aveuglés par leur déontologie castratrice car finalement dénuée de discernement à force de daigner péserver à tous prix le sort (potentiellement) précaire d'un mineur féru d'amour pour sa mère mais sombrant peu à peu dans une hyper activité volcanique à force d'injustice, de solitude, d'embrigadement, d'absence paternelle.
Et c'est ce qui fait la force et la fureur de ce récit implacable de témoigner de façon aussi désarmante que cette maman battante un tantinet instable (un penchant un peu trop récurrent pour les beuveries entres amis au grand dam de ses responsabilités maternelles) son inépuisable épreuve de force morale (jusqu'au point de non retour) que l'on subit comme un éprouvant fardeau avant sa conclusion (lestement) en suspens. Et si Rien à perdre demeure aussi captivant que passionnant à travers sa méticuleuse retranscription d'une quotidienneté familiale subitement minée par la morosité, le doute, l'appréhension, l'espoir puis la désillusion (préjudiciable), il le doit beaucoup à la sobriété de sa réalisation "documentée", prise sur le vif, et de ses comédiens expressifs trouvant le ton juste d'un jeu d'intégrité afin d'éviter également de plomber le récit dans une sinistrose trop appuyée. Virginie Efira crevant comme de coutume l'écran auprès de sa force émotionnelle puis sa fatale fragilité dénuée de fard (tant physique que morale) en maman esseulée repoussant incessamment l'emprise de l'injustice avec une dignité (modérément) bouleversante. Ses prises de conscience, ses dérapages, ses accès de fureur, parfois incontrôlées, et ses baisses de tension dépressive donnant lieu à des séquences émotionnelles magnétiques dans sa condition erratique pour autant lucide quant aux reflets de sa tendresse maternele irrécusable.
Cri d'alarme contre les failles d'une administration judiciaire abusant de leur pouvoir pour mettre à terre une maman éplorée ayant fauté à son rôle maternel lors d'un incident de parcours pardonnable, Rien à perdre s'avère réellement terrifiant face aux exactions d'une implacable machine administrative ici inarétable d'y retirer la garde d'un enfant au point d'y dissoudre toute une cellule familiale au bord du précipice. Et pour une première oeuvre sociétale forcément d'utilité publique, Delphine Deloget frappe déjà fort au point de trôner Rien à Perdre comme l'un des meilleurs films de l'année 2023.
*Sam Malone
Récompenses:
Festival du film francophone d'Angoulême 2023 : Valois des étudiants
Festival du cinéma américain de Deauville 2023 : Prix d'Ornano-Valenti
Ce qu'en pense la presse:
vendredi 23 février 2024
L'Effet Papillon / The Butterfly Effect. Prix du Public, Bruxelles 2004.
Sortie salles France: 10 Mars 2004 (Int - 12 ans). U.S: 23 Janvier 2004 (int - 17 ans)
La Théorie du Chaos.