mardi 19 mars 2024

Grand Canyon. 1992 : Ours d'or du meilleur film au Berlinale

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Lawrence Kasdan. 1991. U.S.A. 2h14. Avec Danny Glover, Kevin Kline, Steve Martin, Mary McDonnell, Mary-Louise Parker, Alfre Woodard, Jack Kehler, Jeremy Sisto.

Sortie salles France: 26 Février 1992. U.S: 25 Décembre 1991

FILMOGRAPHIE: Lawrence Kasdan est un producteur, scénariste, réalisateur et acteur américain né le 14 janvier 1949 à Miami Beach, Floride (États-Unis). 1981 : La Fièvre au corps. 1983 : Les Copains d'abord. 1985 : Silverado. 1988 : Voyageur malgré lui. 1990 : Je t'aime à te tuer. 1991 : Grand Canyon. 1994 : Wyatt Earp .1995 : French Kiss. 1999 : Mumford. 2003 : Dreamcatcher. 2012 : Freeway et nous.


L'Océan de la Colère.
Totalement oublié depuis sa sortie alors qu'il fut un échec commercial, Grand Canyon est un poignant drame choral s'épanchant sur la destinée d'une poignée de résidants issus de quartiers (huppés et malfamés) de Los Angeles. Traitant des thématiques on ne peut plus actuelles du racisme, de la violence, de la haine et de la délinquance au sein d'une ville chaotique surveillée par un hélico durant chaque nuit, Grand Canyon dégage un climat anxiogène de nonchalance, d'amertume mélancolique auprès de la contrariété existentielle de ces américains s'efforçant de trouver une issue de secours par le pilier de l'amour, de l'amitié, de l'unité familiale. Tous les acteurs excellents de sobriété demeurant suffisamment attachants, voirs parfois même émouvants à travers leurs failles, leurs faiblesses, leurs indécisions, leurs hésitations, leur appréhension pour nous harponner à leur malaise existentielle avec épaisseur cérébrale. Ce qui converge à nous questionner sur nos propres motivations personnelles à concevoir notre existence par le truchement de l'espoir, mais surtout de la chance et de la coïncidence auquel nous nous changions les uns les autres d'après un concours de circonstances solaires, pour ne pas dire solidaires. 


Et même si le tableau imparti à cette insécurité grandissante fait froid dans le dos sans que n'y soit exploité une violence graphique cinématographique (en dépit d'un extrait de série Z sciemment caricatural afin de dénoncer la violence à l'écran et l'influence qu'elle pourrait exercer auprès des esprits fragiles ou ignorants), Grand Canyon dégage toutefois un sentiment positif quant à l'élan de fraternité qui se déploie lors de sa conclusion à la fois lyrique et métaphysique. Et même si on peut déplorer lors de sa première heure quelques bons sentiments un tantinet faciles (accentués d'un score parfois peu subtil alors qu'à d'autres moments l'émotion qui s'y dilue demeure autrement sincère par ses sonorités humbles), Grand Canyon séduit par sa franche loyauté auprès d'adultes fragiles d'un humanisme à la fois meurtri et contrarié mais néanmoins d'une résilience payante pour s'extirper d'une sinistrose (davantage) envahissante. Reflet inquiétant d'une société en déliquescence morale auprès de nos pertes de repères gagnés de solitude, de peur de l'autre, d'appréhension du trépas de la façon la plus inéquitable. Une oeuvre perfectible certes, avec un rythme parfois en dent de scie, mais qui émeut et laisse toutefois des traces par son intensité dramatique à la fois contenue, exaltée et sensiblement élégiaque. 


*Bruno
2èx. Vostfr

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