jeudi 18 août 2011

La Nuit des Morts-Vivants de Tom Savini / The Night of the Living-Dead (1990).


de Tom Savini. 1990. U.S.A. 1h29. Avec Tony Todd, Patricia Tallman, Tom Towles, Mc Kee Anderson, William Butler, Katue Finneran, Bill Mosley.

Sortie en salles U.S.A: 19 Octobre 1990.

FILMOGRAPHIE: Tom Savini est un acteur, réalisateur, maquilleur et ateur d'effets-spéciaux américain, né le 3 Novembre 1946 à Pittsburgh (Pennsylvanie).
1990: La Nuit des Morts-Vivants (Remake). Maquilleur: 1974: Deranged. 1977: Martin. 1978: Zombie. 1980: Vendredi 13. Maniac. 1981: Carnage. Rosemary's Killer. 1984: Vendredi 13 IV. 1986: Le Jour des Morts-Vivants. Massacre à la Tronçonneuse 2. 1988: Incidents de Parcours. 1993: Trauma. 2004: Family Portraits.

 
"Les vivants ne sont plus ce qu’ils étaient". 
22 ans après le chef-d'œuvre de George A. Romero, La Nuit des Morts-Vivants fait l’objet d’un remake, à la demande du maître lui-même, dépité — comme toute son équipe technique — de n’avoir pu être rémunéré, suite à une erreur juridique autour des droits d’auteur. À l’origine du film fondateur, le maquilleur Tom Savini devait assurer les effets spéciaux, mais son enrôlement précipité au Viêt Nam comme photographe de guerre le contraignit à abandonner le projet. En 1990, Romero — cette fois producteur et désireux de récupérer les bénéfices qui lui furent jadis dérobés — réunit l’équipe initiale et confie la mise en scène à son fidèle complice : Tom Savini.

Le pitch : un frère et une sœur se rendent sur la tombe de leur mère lorsqu’un inconnu moribond agresse soudainement la jeune femme. Dans la lutte, le frère chute et meurt brutalement. Barbara, terrorisée, s’échappe in extremis et trouve refuge dans une maison isolée, près du cimetière. Là, elle rencontre un Afro-Américain déterminé à survivre face à ces êtres hagards, apathiques… revenus d’entre les morts, sans explication.

On pouvait légitimement être réfractaire à l’idée d’un remake de l’un des films les plus terrifiants jamais tournés. Pourtant, scénarisé et produit par Romero, réalisé par un Tom Savini novice derrière la caméra, La Nuit des Morts-Vivants version 1990 s’avère une résurrection inespérée. Dès le prologue — ponctué de la réplique culte ("Ils vont venir te chercher, Barbara !") — Savini prend ses distances avec l’original en injectant de nouveaux éléments narratifs imprévus. L’ambiance funèbre, renforcée par le réalisme clinique des zombies décharnés, cloue le spectateur, emporté par la brutalité sèche des agressions (la mort accidentelle de Johnny, notamment, percute avec une force viscérale). Et quelle idée brillante que de tourner cette scène-clef en plein jour — contre toute attente — dans la lumière crue d’un cimetière, quand Savini envisageait initialement un orage diluvien.

La fuite paniquée de Barbara à travers les champs ouvre sur une terreur qui ne faiblit pas, ponctuée de rencontres avec d'autres morts-vivants errant autour d’une maison champêtre transformée en piège. Les scènes d’horreur sont d’une précision clinique, sublimées par l’apparence fétide de zombies plus vrais que nature. Il se murmure que Romero, bluffé, aurait même ressenti un soupçon de jalousie devant la qualité graphique des créatures. Un réalisme effroyable, fruit du travail acharné de John Vulich et Everett Burrell, qui passèrent des mois à compulser des ouvrages de médecine légale pour coller au plus près à la réalité : non, les cadavres ne sont pas gris, mais parcheminés.

 
Après l’installation de nos deux protagonistes, le film développe avec finesse la galerie de personnages secondaires réfugiés dans la cave. Avec une intelligence rare, Savini parvient à réinventer un mythe usé. Son alchimie fonctionne grâce à une mise en scène appliquée, des zombies saisissants, des comédiens habités par des tensions antagonistes, et une atmosphère de fin du monde oppressante. Il inverse subtilement les archétypes : Barbara, autrefois frêle et apeurée, devient ici une survivante pugnace. Le huis clos, somptueusement photographié, réactive la complexité humaine — entre lâcheté, égoïsme et peur. Lors de confrontations explosives, Savini ausculte notre orgueil, notre méfiance instinctive envers l’Autre, dans une Amérique rongée par ses propres démons.


"Cadavres exquis : anatomie d’un remake possédé".
Sans jamais sombrer dans le gore festif ou outrancier, La Nuit des Morts-Vivants version Savini frappe fort. Baigné d’un esthétisme limpide, presque bucolique — contraste cruel avec la beauté morbide de son apocalypse rampante — ce joyau rugueux mérite une réhabilitation d’urgence. Immersif jusqu’à l’étouffement, il fouille les entrailles de notre bassesse, juge nos aïeux déchus et dresse un requiem pour les damnés. Quant aux zombies, Savini signe là l’un des plus beaux travestissements cadavériques du cinéma : jamais la putréfaction n’aura eu autant d’âme (avec bien entendu l'inégalé chef-d'oeuvre de Romero).

*Bruno
18.08.11. 4èx

                                        

1 commentaire:

  1. un film de Savini et le seul , faut pas bouder son plaisir , même si celui
    est fabriqué de manière très classique et surprend par le manque d'inventions des effets spéciaux.
    A voir pour les fanas .

    Quant aux maquillages de Savini , il manque le succulent " prowler"
    qui fait parti pour moi de l'un de ces meilleurs SFX.
    De même que "Two evil eyes" , une collaboration Romero/argento ,
    et dont il fait une apparition dans la deuxième partie d'argento " the black cat " avec Harvey Keitel.

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