de Gianfranco Mingozzi. 1974. Italie. 1h40. Avec Florinda Bolkan, Maria Casares, Claudio Cassinelli, Anthony Higgins, Jill Pratt.
FILMOGRAPHIE: Gianfranco Mingozzi est un réalisateur et scénariste italien né le 5 avril 1932 à Molinella, province de Bologne en Emilie-Romagne, mort le 7 Octobre 2009 à Rome.
1959: Festa a Pamplona. 1961: Les Femmes accusent. 1967: Trio. 1974: Flavia la défroquée. 1975: Morire a Roma. 1977: Les 3 Derniers jours. 1983: l'Ecran magique. 1987: Les Exploits d'un jeune Don Juan. 1988: La Femme de mes Amours. Ma mère... mon amour. 2000: Le Café des Palmes
Réalisateur peu connu en France, Gianfranco Mingozzi réalise en 1974 un pamphlet féministe contre le machisme, le rigorisme et le patriarcat exerçant leur dictature durant l'époque moyenâgeuse d'un couvent intégriste.
Le Pitch: En l'an 1400, dans le sud de l'Italie, une jeune femme, Flavia Gaetani se voit contraint de vivre dans un couvent sous l'autorité de son père, témoin d'avoir observé sa fille émue de la mort d'un guerrier sarrasin. L'ambiance dans le monastère devient davantage indécente et frénétique auprès de la folie déraisonnée de jeunes nonnes refoulées. Dès lors, Flavia en quête d'autonomie décide de s'évader en compagnie d'un juif pratiquant dans une contrée plus paisible.
Difficile de décrire ce réquisitoire contre le totalitarisme d'une société à la fois machiste et rigoriste dans ce nunsploitation auteurisant tant il dégage un sentiment persistant de mal être et de fascination d'une expérience vécue comme si nous avions parcouru un bon dans le temps révolu. Autant dire que la manière dont Gianfranco Mingozzi s'y entend pour nous immerger dans une lointaine époque vétuste et rétrograde se révèle aussi rebutante que captivante. Celui-ci réussissant parfaitement à reconstituer une époque moyenâgeuse réactionnaire où notre héroïne réduit à l'état d'esclave, va peu à peu prendre conscience de son existence intolérable et surtout de son emprise sectaire avec une religion extrémiste incapable d'y différencier les valeurs du Bien et du Mal. Ainsi, cette oeuvre austère se vit tel un parcours obsédant d'une femme en éveil à sa sensualité sexuelle et à sa condition de domestique, en proie à sa psyché lourdement éprouvée de par l'agissement de ses comparses délurées et de nonnes hystériques sous emprise de folie extériorisée. A travers un florilège de séquences débridés et hallucinatoires, alternant l'horreur des tortures infligées, l'épanouissement délurée de nonnes endiablées et la prise de conscience humaniste d'une femme jamais dupe, Flavia la Défroquée nous entraîne dans un maelström d'images provocantes et dérangeantes. Une ambiance lourde de névrose dévergondée, décuplée par une mise en image cinglante proche des débordements déraisonnés des Diables de Ken Russel, tourné 3 années au préalable ou encore des visions ésotériques, surréalistes d'Alejandro Jodorowski.
Auprès de son physique ombrageux d'un regard noir renfrogné, Florinda Bolkan (le Venin de la peur, la Longue Nuit de l'Exorcisme) s'avère accomplie dans la peau d'une nonne juvénile réfutant toute forme de domination de la part des mâles incapables d'éprouver la compassion pour la femme assouvie à un objet sexuel quand elle n'est pas une esclave inculquée dans la piété. De par la faveur des insurgés musulmans, sa destinée anarchique semble vouée à une quête de rébellion à grande échelle, telle une Jeanne d'Arc vêtue d'un uniforme belliqueux afin de faire payer à ces tortionnaires un châtiment vindicatif.
Soutenue d'une douce partition dérivative et baignant dans une superbe photo sepia, Flavia la Défroquée est un nunsploitation à prendre en considération historique sur la vérité des faits exposés. Une forme de documentaire provocateur, difficile d'accès pour certains spectateurs exigeants, mais tout à fait convaincant dans sa démarche d'y dénoncer avec force et fracas une religion obscurantiste, tributaire de sa société despotiste contraire à l'égalité des sexes. Une oeuvre subversive difficilement oubliable de par son ambiance démoralisante, ses scènes chocs malsaines (la castration du cheval, la femme nue enfouie dans la carcasse d'un veau suspendu, les quelques sévices corporels inquisiteurs) et son portrait attentionné pour une femme en pleine crise identitaire. A ne pas mettre entre toutes les mains.
31.08.11
Bruno
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