jeudi 15 décembre 2011

DRIVE. Prix de la mise en scène, Cannes 2011.

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Nicolas Winding Refn. 2011. 1h42. Avec Ryan Gosling, Carey Mulligan, Albert Brooks, Bryan Cranston, Ron Perlman, Oscar Isaac, Christina Hendricks, Cesar Garcia, Tiara Parker, Christian Cage.

Sortie salles France: 5 Octobre 2011. U.S: 16 Septembre 2011.

FILMOGRAPHIE: Nicolas Winding Refn est un scénariste, réalisateur, producteur et acteur danois, né le 29 septembre 1970 à Coppenhague (Danemark). 1996: Pusher. 1999: Bleeder. 2003: Inside Job. 2004: Pusher 2. 2005: Pusher 3. 2008: Marple - Nemesis (télé-film). 2009: Bronson. 2010: Valhalla Rising. 2011: Drive. 2012: Only God Forgives.


D'après un roman de James Sallis, Drive est une invitation au polar stylisé, hypnotique, laconique à travers une errance sentimentale en apesanteur (élégie musicale en sus dans toutes les mémoires !). Si bien que le public français particulièrement conquis l'eut applaudi avec 1 580 624 entrées. A titre anecdotique, Neil Marshall était désigné pour le réaliser alors que Hugh Jackman devait endosser le rôle du chauffeur de nuit. Un chauffeur de braqueurs, cascadeur pour le cinéma, tombe amoureux de sa voisine de palier, Irène. Son mari, repris de justice à peine sorti de prison, est contraint de perpétrer un nouveau braquage pour le compte de mafieux. L'opération tourne mal et le Driver qui s'était porté assistance décide par amour de secourir Irène et son jeune fils en traquant un à un les responsables du meurtre de son défunt mari. Encensé par la critique et auréolé du Prix de la mise en scène sur la croisette cannoise, Drive a su surprendre et conquérir une majorité du public alors que sa simplicité narrative aurait pu chavirer l'entreprise vers une série B superficielle. Le préambule, saisissant de virtuosité concise, évoque irrémédiablement une réminiscence auprès du magnifique Driver de Walter Hill. De par sa course-poursuite urbaine à travers Los Angeles mais aussi pour le profil mutique imposé à l'anti-héro d'un sang froid impassible ! Cascadeur pour le cinéma le jour, chauffeur illégal la nuit, le Driver dépend de son urbanisation tentaculaire à travers l'ambiance irréelle de sa ville constellée (on songe aussi à Michael Mann et Friedkin pour l'esthétique léchée des éclairages autrement orangers et azurs). Son professionnalisme pour la conduite de véhicules clinquants et sa droiture de solitaire inflexible, illégalement complice d'actions frauduleuses, nous saisit d'autant plus de fascination à travers sa défroque décalée (un blouson argenté estampillé d'un scorpion au dos). C'est en portant assistance à un ancien repris de justice et par amour pour une jeune voisine influençable que sa destinée routinière va subitement adopter un tournant mortuaire.


Tant et si bien que le driver se résigne à venger la mort injustifiée de l'ex taulard derrière son nouveau masque d'ange exterminateur. Ainsi, si Drive fascine et hypnotise de façon aussi bien désincarnée que contemplative, il le doit beaucoup à sa bande-son entêtante héritière de l'ambiance (mélancolique) des années 80, ainsi qu'au panache de sa mise en scène perfectionniste multipliant les cadrages alambiqués ou chiadés avec une inventivité en roue libre. Qui plus est, son pouvoir attractif est décuplé du magnétisme de Ryan Gosling (ancien danseur, compositeur, musicien mais également chanteur et guitariste du groupe Dead Man's Bones) littéralement habité en marginal au grand coeur mais pour autant entraîné dans une spirale meurtrière hallucinée (il faut le voir massacrer ses victimes avec une sauvagerie stylisée !). Lui partageant la vedette dans une posture vertueuse ensorcelante, notamment auprès de son regard tendrement sémillant, Carey Mulligan irradie l'écran de sa silhouette filiforme emplie de sagesse et d'innocence. Nicolas Winding Refn dirigeant le couple avec une attention hyper consciencieuse si bien que leurs moindres faits, gestes et respirations sont magnifiquement radiographiés par une caméra résolument posée. Oscillant les étreintes romantiques et les éclairs de violence funèbres, Drive exerce un pouvoir d'attraction irrépressible à travers un itinéraire sanglant à l'onirisme aussi crépusculaire qu'arc en ciel. L'intrigue simpliste mais pour autant efficace parvenant à maintenir l'intérêt auprès des enjeux humains de par leur impitoyable descente aux enfers. La mise en scène au firmament sublimant la notion de silence lattent et les non-dits avec une grâce mélancolique. Ainsi, à travers cette romance aléatoire d'un chauffeur clandestin et d'une veuve en berne, Drive y transcende leur déconvenue sentimentale, entre lyrisme enchanteur et violence consumée. Si bien que certaines séquences hyper tendues nous crispent à notre siège avec une appréhension souvent perplexe, voire démunie.


Illuminé d'une pop-rock aussi fiévreuse qu'envoûtante, Drive explore avec une ambition personnelle l'odyssée romanesque d'un couple en perdition morale, faute d'une conséquence criminelle irréversible. Une romance fébrile transplantée dans le cadre d'un polar purement baroque afin d'y esquisser les émotions oniriques de leur dérive sentimentale. Capiteux et obsédant, formellement stylisé dans une modernité high-tech, Drive hante durablement les esprits à travers cette vendetta urbaine où ultra violence âpre et plages de tendresse se contredisent avec une rigueur dramatique aussi fragile que finalement bouleversante. Dans la mesure où l'on apprécie en prime son épilogue bicéphale d'une infinie tristesse car soufflant le chaud et le froid avec une sobriété pleine d'humilité. Beau à en pleurer sous l'impulsion du duo iconique Ryan Gosling (LA révélation !) / Carey Mulligan (confondante d'aménité mélancolique). 

RécompensesPrix de la Mise en scène à Cannes 2011.
Utah Film Critics Association 2011
Meilleur film
Meilleur acteur dans un second rôle pour Albert Brooks
Meilleure photographie pour Newton Thomas Sigel
Satellite Awards 2011 :
Meilleur acteur pour Ryan Gosling
Meilleur acteur dans un second rôle pour Albert Brooks
Meilleur réalisateur pour Nicolas Winding Refn
Meilleur son pour Dave Patterson, Lon Bender, Robert Fernandez, Victor Ray Ennis
Black Film Critics Circle 2011 : Meilleur acteur dans un second rôle pour Albert Brooks
Critics' Choice Movie Awards 2012 : Meilleur film d'action


* Bruno
25.08.18.
19.12.11. 341 vues

3 commentaires:

  1. Bon, vivement le blu ray, ta critique touche au cœur, je dois le voir et vite!

    RépondreSupprimer
  2. J'en attendais sans doute trop alors j'ai été un poil déçu même si ca reste dans le haut du panier du cinéma contemporain. Tu oublies de citer Ron Perlman, toujours aussi bon quand il incarne le mauvais

    RépondreSupprimer