vendredi 9 décembre 2011

Aux Frontières de l'Aube / Near Dark. Licorne d'Or au Rex de Paris 1988.


de Kathryn Bigelow. 1987. U.S.A. 1h38. Avec Adrian Pasdar, Jenny Wright, Lance Henriksen, Bill Paxton, Jenette Goldstein, Tim Thomerson, Joshua John Miller, Marcie Leeds, Kenny Call, Ed Corbett.

Sortie en salles en France le 9 Novembre 1988. U.S: 2 Octobre 1987

FILMOGRAPHIE: Kathryn Bigelow est une réalisatrice et scénariste américaine, née le 27 Novembre 1951 à San Carlos, Californie (Etats-Unis).1982: The Loveless (co-réalisé avec Monty Montgomery). 1987: Aux Frontières de l'Aube. 1990: Blue Steel. 1991: Point Break. 1995: Strange Days. 2000: Le Poids de l'eau. 2002: K19. 2009: Démineurs. 2012: Kill Bin Laden

En 1987, une jeune réalisatrice novice tente d’apporter un sang neuf à la mythologie vampirique avec Near Dark. Un titre on ne peut plus approprié tant il retransmet à merveille la divinité de la nuit, lorsque des nomades y deviennent tributaires jusqu’à la fin des temps. Aujourd’hui célébrée comme une figure majeure du cinéma d’action, Kathryn Bigelow signe avec ce premier film une œuvre désenchantée au pouvoir d’envoûtement hypnotique.

Récompensé de la Licorne d’or, du Prix d’interprétation féminine (Jenny Wright) au Rex à Paris, et du Corbeau d’Argent au festival de Bruxelles, ce western moderne puise sa force dans sa poésie crépusculaire et son romantisme éperdu.

Car, scandé par la musique capiteuse de Tangerine Dream, ce voyage au bout de la nuit est avant tout une initiation à la lumière de la pénombre. Par sa photographie limpide, transcendante dans l’opacité d’une nature ténébreuse, Near Dark demeure un hymne lascif à sa plénitude.

À travers l’errance nocturne d’une bande de marginaux corrompus par leur condition de vampires (le mot, pourtant, n’est jamais prononcé), la réalisatrice dépeint leurs exactions, perpétrées pour la soif de survie.

 
Les crocs de la nuit.
Caleb, jeune homme sans histoire, rencontre une nuit une fille étrange, Mae, dans la contrée bucolique de l’Arizona. Le couple profite de l’obscurité pour s’enlacer tendrement dans la campagne. Passée l’étreinte, l’inconnue le mord au cou, le contaminant de sa condition d’immortelle. Après de violents malaises corporels, Caleb décide de la rejoindre, elle et sa famille de noctambules.

Ainsi, cette tribu de marginaux au look de cow-boys rustres perpétue ses méfaits meurtriers dans les contrées reculées des États-Unis. En toute insouciance. Sans autre boussole morale que leur faim et leur éternité. Nos créatures de la nuit se débauchent dans une violence outrancière, faute de leur condition d’immortels. Mais l’arrivée de Caleb, réfractaire au crime gratuit, bouleversera leur fragile cohésion.

L’équipée se désunit lentement, minée par les conflits amoureux entre Mae et Caleb, et le dépit d’Homer, épris de Sarah. Et si Near Dark continue d’exacerber son pouvoir d’immersion et de fascination, c’est avant tout grâce aux profils mélancoliques de ces vampires contemporains, écorchés vifs en quête d’une idylle impossible.

De sa poésie suave, sublimant l’épanouissement nocturne, à ses effets spéciaux minimalistes mais redoutables (ralentis langoureux sur les corps embrasés par le soleil), ce portrait transgressif de tueurs nocturnes est magnifié par la prestance iconique de son casting méconnu.
Imprégnée de tendresse dans l’expression candide de son visage diaphane, Jenny Wright illumine l’écran d’une sensualité mélancolique, comme si elle tentait d’apprivoiser son nouvel amour. Secondé par Adrian Pasdar, sobre et crédible en vampire novice, esclave d’une hiérarchie familiale misanthrope, le couple fonctionne à merveille.
En marginal erratique et mégalomane, Bill Paxton excelle dans ses méfaits sanguinaires, tandis que Lance Henriksen, lui, livre sans doute son plus grand rôle : celui d’un patriarche autoritaire, ancien baroudeur de la guerre de Sécession, désormais épanoui dans les bras de sa dulcinée.
Enfin, Joshua John Miller leur volerait presque la vedette, tant il incarne à merveille cette éternité maudite, adolescent infortuné prisonnier d’un corps juvénile, destiné à séduire de jeunes filles nubiles.


La Nuit nous appartient
À travers l’errance de vampires cyniques et désabusés, Near Dark transcende la beauté élégiaque de la nuit, au fil de leur quête vaine d’un amour à apprivoiser.
Dans leur complicité marginale, déjà en dissension, le film transfigure la plus envoûtante épopée vampirique de l’Ouest.
Un crépuscule ensorcelant.
Inoubliable.
Beau à en pleurer.


* Bruno
09.12.11. 
07.09.22. 6èx

Distinctions: Licorne d'Or et Prix d'interprétation féminine pour Jenny Wright au festival du Rex de Paris en 1988.
Corbeau d'Argent au festival du film fantastique de Bruxelles en 1988.


4 commentaires:

  1. Un film culte et ta critique, magnifique hommage, explique parfaitement le pouvoir de fascination lié à ce film qui bousculait les codes du genre à l'époque de sa sortie. Encore aujourd'hui son ambiance reste immuable.

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  2. Fever, c'est pas de la country

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