vendredi 1 avril 2016

LA FORET D'EMERAUDE

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

"The Emerald Forest" de John Boorman. 1985. U.S.A. 1h54. Avec Powers Boothe, Charley Boorman, Ruy Polanah, Meg Foster, Dira Paes, Eduardo Conde, William Rodriguez

Sortie salles France: 26 juin 1985. U.S: 3 juillet 1985.

FILMOGRAPHIE: John Boorman est un réalisateur, producteur, scénariste et acteur américain, né le 18 Janvier 1933 à Shepperton (Royaume-Uni).
1965: Sauve qui peut. 1967: Le Point de non-retour. 1968: Duel dans le pacifique. 1970: Leo the last. 1972: Délivrance. 1974: Zardoz. 1977: L'Exorciste 2. 1981: Excalibur. 1985: La Forêt d'Emeraude. 1987: Hope and Glory. 1990: Tout pour réussir. 1995: Rangoon. 1998: Le Général. 2001: Le Tailleur de Panama. 2003: In my Country. 2006: The Tiger's Tail.


"La forêt amazonienne disparaît au rythme de 2500 hectares par jour. 4 millions d'indiens y vivaient. Il n'en reste que 120 000. Quelques tribus n'ont eu aucun contact extérieur. Il savent encore ce que nous avons oublié." Paragraphe du générique de fin.

Gros succès commercial en France ayant réuni plus de 2,6 millions de spectateurs à sa sortie en 1985, La Forêt d'Emeraude pâti aujourd'hui d'une certaine indifférence chez nous programmateurs audiovisuels en dépit de sa notable réputation. Oeuvre écolo dénonçant la déforestation auprès de magnats sans vergogne, aventure humaine aussi exaltante que furieusement sauvage, la Forêt d'Emeraude s'inspire d'une histoire vraie lorsqu'un père de famille, ingénieur de chantier pour la fondation d'un barrage, s'efforça durant plus de 10 ans à retrouver son fils enlevé par une ethnie indienne. Choc des cultures entre la civilisation moderne et celle archaïque d'une tribu indigène, John Boorman nous dépeint scrupuleusement les us et coutumes des "Invisibles" avant que l'homme moderne ne vienne piétiner leur terre pour les chasser dans un motif pécuniaire. Par ces rapports de force déloyaux émane un saisissant contraste entre les chantiers en construction et le bout de terrain forestier que les "Invisibles" désespèrent à préserver malgré leur foi en une mère nature philanthrope.


Observant de prime abord avec souci documentaire leur condition de vie harmonieuse parmi le témoignage du père recueilli au sein leur foyer depuis une rixe contre les Féroces (un peuple amazonien autrement hostile), Boorman déclare sa flamme à la faune, la flore et à l'indien qui y réside dans un florilège d'images dantesques sublimant sa nature paradisiaque. Faisant preuve d'une réflexion mystique quant aux pouvoirs occultes d'une ethnie pacifique, La Forêt d'Emeraude prend la tournure d'un conte existentiel sous l'autorité de dame nature prête à perpétrer sa revanche contre la cupidité de notre civilisation moderne. Par le biais d'une poignante histoire d'amour entre un père et son fils, la narration finit par amorcer une tournure plus dramatique et violente lorsque le paternel, conscient de sa culpabilité vénale, finit par prendre conscience que son rejeton ne pourra jamais s'adapter à sa société de consommation fondée sur le goût du lucre, la perversion du profit et l'exploitation humaine (celle des ouvriers mais aussi la traite des blanches que les "féroces" négocieront au profit d'armes vendus par la pègre).


Périple initiatique d'un duo parental plongé dans une société primitive antimatérialiste où la nature se porte garante à préserver leur civilisation bâtie sur la tolérance, le respect d'autrui et l'amour patriarcal, La Forêt d'Emeraude nous laisse un goût d'amertume lorsque John Boorman nous dévisage de notre corruption vénale et de notre irrespect pour l'environnement. Magnifique.

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