"The Ring" de Gore Verbinski. 2002. U.S.A. 1h55. Avec Naomi Watts, Brian Cox, Martin Henderson, David Dorfman, Rachael Bella, Daveigh Chase
Sortie salles France: 5 Février 2003. U.S: 18 Octobre 2002
FILMOGRAPHIE: Gregor « Gore » Verbinski, né le 16 mars 1964, est un réalisateur et producteur américain. 1997 : La Souris. 2001 : Le Mexicain. 2002 : Le Cercle. 2003 : Pirates des Caraïbes: La Malédiction du Black Pearl . 2005 : The Weather Man. 2006 : Pirates des Caraïbes: Le Secret du Coffre maudit. 2007 : Pirates des Caraïbes: Jusqu'au bout du Monde. 2011 : Rango. 2013 : Lone Ranger, naissance d'un héros.
"Je déteste la télé, ça me file la migraine. Il y a tellement d'ondes dans l'air à cause de ça et des téléphones, qu'on perd dix fois plus de neurones qu'on le devrait. Les molécules du cerveau deviennent instables. Les fabricants le savent, mais ils font rien. C'est un vrai complot.
Tu sais combien d'ondes traversent notre tête chaque seconde ?"
Remake du célèbre Ring, classique japonais de Hideo Nakata réalisé en 1998, le Cercle reprend avec habileté le concept de la Vhs maudite pour renouveler la peur parmi l'appui d'une narration dramatique en crescendo. Sans se laisser influencer par la facilité du copier-coller, Gore Verbinski ré-exploite la malédiction de Samara avec une science du suspense affûté et le joug d'un climat de malaise. Une jeune journaliste, Rachel Keller, décide d'enquêter sur une série de meurtres inexpliqués après que les victimes eurent visionné le contenu d'une cassette video leur augurant leur mort 7 jours après sa diffusion. Un appel téléphonique les avertissant au moment propice.
Dominé par l'interprétation obstinée de Naomi Watts compromise entre ses sentiments d'émoi, de doute et de paranoïa, Le Cercle repose sur une investigation de longue haleine pour immerger le spectateur vers une troublante descente aux enfers. L'intrigue soigneusement structurée délivrant au compte goutte indices et révélations macabres avec un sens du détail dérangeant. Outre l'art de conter un récit malsain terriblement inquiétant, il faut également souligner le soin formel apporté à sa photographie désaturée si bien que certaines images poétiques nous magnétisent l'esprit par sa puissance évocatrice. Particulièrement l'environnement clairsemé d'une nature en clair obscur comme le symbolise à plusieurs reprises l'arbre décharné étroitement lié au secret de Samara. Quant à la présence candide des chevaux, elle fait office de ressort dramatique parfois éprouvant (le comportement erratique de l'étalon embarqué sur le bateau et poursuivant Rachel s'avère l'un des moments les plus rigoureux !) lorsque ces derniers sont soumis à une force diabolique. Parmi les archétypes de la légende urbaine, de l'enfance diabolique, de la superstition et de la malédiction, Gore Verbinski s'efforce de crédibiliser une douloureuse histoire de relation maternelle par l'entremise de la famille dysfonctionnelle et avec l'appui de Rachel éprise de compassion pour la condition équivoque de Samara. Ne cédant jamais à l'esbroufe horrifique car s'efforçant de mettre en valeur une épouvante premier degré, le cinéaste parvient brillamment à exacerber quelques brefs instants d'effroi par l'habileté de la suggestion.
Redoutablement efficace comme le souligne son ossature narrative d'une riche intensité dramatique et l'aura perméable de son angoisse malsaine, Le Cercle honore dignement l'entreprise commerciale du remake si bien que Gore Verbinski y apporte sa marque et son identité avec brio inattendu. La peur, subtile et diffuse, s'avère donc à nouveau au rendez-vous sous l'impulsion d'une satire des médias, et pourrait même prétendre à émuler son modèle !
3èx
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