mardi 31 mai 2016

LA POUPEE DIABOLIQUE

                                                Photo empruntée sur Google, rattachée au site seriebox.com

"Devil Doll" de Lindsay Shonteff. 1964. Angleterre. 1h21. Avec Bryant Haliday, William Sylvester, Yvonne Romain, Sandra Dorne, Nora Nicholson.

Sortie salles U.S: Septembre 1964

FILMOGRAPHIE: Lindsay Shonteff est un réalisateur, scénariste et producteur anglais, né le 5 Novembre 1935 à Toronto, Canada, décédé le 11 Mars 2006 en Angleterre.
2009: Angels, Devils and Men.  2004 Ice Cold in Phoenix (Video).  1992 The Running Gun. 1990 Number One Gun. 1984 Lipstick and Blood. 1984 The Killing Edge. 1982 How Sleep the Brave. 1979 Adieu canaille . 1977 No. 1 of the Secret Service . 1976 Spy Story. 1974 The Swordsman. 1973 Big Zapper. 1972 Jeux d'adultes. 1971 The Yes Girls. 1970 Clegg. 1970 Permissive . 1969 Nuit après nuit. 1967 The Million Eyes of Sumuru. 1966 Run with the Wind. 1965 Licensed to Kill. 1965 Curse of the Voodoo. 1964: Devil Doll. 1961 The Hired Gun.


Inédit en salles chez nous et tout juste exhumé de l'oubli par l'éditeur Artus Films, La Poupée Diabolique aborde le thème du ventriloque de manière plutôt originale si bien que la poupée potentiellement diabolique s'avère être ici le souffre-douleur d'un hypnotiseur doué de télépathie. A la suite d'une de ses représentations, Vorelli, ventriloque émérite, tombe sous le charme de Marianne, la compagne de Mark English. Alors qu'il défraie la chronique lorsque sa poupée parvient à marcher librement devant des spectateurs médusés, Vorelli attise la curiosité de Mark délibéré à enquêter sur son mystérieux passé. Tournée en noir et blanc, incarné par de sobres comédiens et réalisé de manière académique (sans compter une direction d'acteurs défaillante), La Poupée Diabolique parvient pourtant à entretenir une fascination trouble auprès du spectateur impliqué dans un suspense horrifique franchement inquiétant.


De par ses numéros macabres qu'exerce méthodiquement Vorelly sur ses victimes lors des représentations et la présence annexe de sa poupée faire-valoir, un climat malsain aussi lourd qu'étouffant émane des stratégies surnaturelles. Fort d'un regard impassible et d'une posture hiératique, l'acteur Bryant Haliday extériorise une emprise ensorcelante sous l'impulsion cérébrale de sa télépathie. La victime asservie étant contrainte d'obtempérer jusqu'à ce que Hugo ne prenne sa revanche après s'être humanisé dans son corps de pantin. Si le cheminement narratif s'avère linéaire mais efficacement structuré, les rapports de soumission/domination entretenus entre Vorelly et Hugo viennent apporter un sang neuf au thème du ventriloque. Celui-ci étant fréquemment réduit au rôle de victime depuis l'autorité démoniaque de sa poupée. Par le biais d'une investigation entamée par le compagnon de Marianne, l'intrigue cultive ensuite l'expectative des mobiles afin de percer le sombre secret que se disputent Vorelli et Hugo. Emaillé de séquences dérangeantes (Hugo enjambant à deux reprises, et en toute autonomie, quelques pas face à un public en émoi, puis la séquence perturbante d'un homicide perpétré en plein spectacle !), La Poupée Diabolique distille un sentiment d'insécurité permanent au fil des stratagèmes du ventriloque habité par l'orgueil, le désir de possession et la cupidité.


Surprenante série B façonnée durant l'âge d'or de l'épouvante anglaise, La Poupée Diabolique constitue une petite perle de souffre par son angoisse tangible (score dissonant à l'appui !), faute des exactions sournoises du ventriloque et de la posture étrangement humaine d'une poupée hybride hantée par son ancienne existence ! A découvrir absolument ! 

lundi 30 mai 2016

MADHOUSE


"There was a little girl" de Ovidio G. Assonitis. 1982. Italie. 1h35. Avec Trish Everly, Michael MacRae, Dennis Robertson, Morgan Hart, Allison Biggers

Sortie salles Italie: 4 Mars 1981

FILMOGRAPHIE: Ovidio G. Assonitis est un réalisateur, scénariste et producteur italien né le 18 Janvier 1943 à Alexandria, Egypte.
1992: Out of Control. 1981 Desperate Moves. 1981 Piranha 2 (non crédité). 1981: There Was a Little Girl. 1977: Tentacules. 1974: Le démon aux tripes.


Julia et Mary sont deux soeurs jumelles que tout oppose. L'une, belle et aimable, professeur pour enfants handicapés vit une vie idyllique alors que sa soeur, complètement folle et haineuse, croupit dans une chambre d'un asile. Quelques jours après une visite houleuse à l'hôpital durant laquelle Mary menace sa soeur de mort, Julia apprend que sa soeur s'est enfuie.

Précédé d'une mauvaise réputation depuis sa sortie confidentielle si bien que l'éditeur Uncut Movies décida de l'exhumer de l'oubli, Madhouse aurait mieux fait de rester six pieds sous terre tant cette série B poussive peine à éveiller notre intérêt. Faute d'une réalisation stérile (en dehors de 1 ou 2 plans soignés), de personnages dénués de caractère (en dépit du premier rôle féminin plutôt convaincant dans sa fonction de victime psychologiquement molestée) et surtout d'une intrigue incohérente qui ne progresse pas, Madhouse suscite rapidement la torpeur durant son cheminement narratif en berne. Car si son rythme langoureux cultive parfois un bref intérêt lors de ses passages les plus violents (trois scènes chocs sont assez réussies dans leur facture outrancière typiquement latine) et que le score ombrageux de Riz Ortalini insuffle parfois une petite ambiance malsaine, son thème conféré à la famille dysfonctionnelle s'avère rapidement ridicule au fil de péripéties horrifiques dénuées d'intensité dramatique. Le réalisateur a beau s'excuser au final de son illogisme narratif en empruntant une épitaphe de G.B. Shaw ("La vie réelle diffère du théâtre seulement parce qu'il n'y a pas d'intrigue logique, tout est vague, décousu, sans liens apparents, jusqu'à ce que le rideau tombe sans nous avoir donné de réponse sur ce mystère") et en singeant le contexte sardonique de Happy Birthday, le spectateur quitte le spectacle avec une amertume sentencieuse.

jeudi 26 mai 2016

LES GUERRIERS DU BRONX

                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

"1990: I guerrieri del Bronx" de Enzo G. Castellari. 1982. Italie. 1h30. Avec Stefania Girolami, Marco Di Gregorio, Vic Morrow, Christopher Connelly, Fred Williamson, "Betty" Elisabetta Dessy

Sortie salles France: 17 Novembre 1982

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Enzo G. Castellari est un réalisateur, scénariste, acteur, monteur et producteur italien, né le 29 Juillet 1938 à Rome (Italie).
1967: Je vais, je tire et je reviens. 1968: Django porte sa croix. 1968: 7 Winchester pour un massacre. 1968: Tuez les tous... et revenez seul ! 1973: Le Témoin à abattre. 1976: Keoma. 1977: Une Poignée de salopards. 1977: Action Immédiate. 1979: La Diablesse. 1979: Les Chasseurs de Monstres. 1981: La Mort au Large. 1982: Les Nouveaux Barbares. 1982: Les Guerriers du Bronx. 1983: Les Guerriers du Bronx 2. 1987: Striker. 1987: Hammerhead. 1997: Le Désert de Feu.


Sorti en pleine mouvance du Post-Nuke initié par Mad-max 1 et 2, Les Guerriers de la Nuit et New-York 1997, les Guerriers du Bronx constitue l'un des célèbres ersatz transalpins des années 80 que les vidéophiles se sont empressés de louer au video du coin. Série Z bricolée avec les moyens du bord dans ses carrières désaffectées d'un New-York dystopique, les Guerriers du Bronx s'inspire largement du chef-d'oeuvre de John Carpenter. Sauf qu'ici, et pour varier la donne, les rôles et situations sont inversés au profit d'un ennemi sanguinaire implanté dans le territoire interdit, le royaume des Riders ! Dans le sens où un exterminateur sans vergogne est chargé de retrouver en vie Anne, la jeune héritière d'une corporation d'armement réfugiée dans le quartier interdit depuis l'influence de magnats véreux. Seulement, ce dernier n'hésite pas à assassiner de sang froid les quidams marginaux empiétant son chemin. C'est dans cette zone réputée mortelle qu'Anne établit la rencontre de Trash et de son équipe motorisée. Des loubards livrés à eux mêmes bien que subordonnés à l'autorité de l'Ogre, un leader afro à l'enseigne du quartier du Bronx. Afin de sauver la vie de cette fugitive, Trash et ses compagnons décident d'invoquer l'aide de l'Ogre depuis les exactions criminelles de Hammer, l'exterminateur.


Ce scénario aussi inepte qu'improbable sorti d'une bande dessinée fauchée parvient modestement à nous divertir dans son lot de stratégies guerrières, trahison et confrontations physiques que nos anti-héros perpétuent vaillamment pour un enjeu humain. En pompant notamment sur l'autre modèle susdit (les Guerriers de la Nuit), pour la panoplie exubérante des clans barbares (principalement les "Zombies" affublés d'une combinaison de Hockey), les Guerriers du Bronx illustre de manière triviale les pérégrinations belliqueuses de ces anti-héros dont Trash s'avère le porte parole le plus loyal. C'est également au niveau des engins motorisés (le crane encastré au creux du guidon de chaque bécane) et des acteurs cabotins, aussi attachants qu'impayables dans leur posture inexpressive (la présence atone de Trash et de ses mercenaires ressemblent à s'y méprendre au groupe Village People !), que le film parvient à amuser, réparties machistes à l'appui ! Sa narration redondante culminant enfin avec générosité vers un affrontement épique entre forces de l'ordre et mercenaires lors d'une guérilla urbaine étonnamment pessimiste !


Série Z d'action futuriste soutenue par l'excentricité des personnages grotesques et par le surréalisme de situations ineptes, Les Guerriers du Bronx traduit avec une sobre efficacité une fantaisie débridée sous l'impulsion de pugilats infantiles hérités d'un épisode de San Ku Kai ! Grâce à la sincérité de son auteur et le jeu outrancier des acteurs de seconde zone, ce nanar d'exploitation laisse en mémoire un divertissement assez plaisant dans sa facture bisseuse typiquement transalpine.

mercredi 25 mai 2016

LA CHAMBRE DES HORREURS

                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site smorgasm.blogspot.com

"Chamber of Horrors" de Hy Averback. 1966. U.S.A. 1h39. Avec Patrick O'Neal, Cesare Danova, Wilfrid Hyde-White, Laura Devon, Patrice Wymore, Suzy Parker, José René Ruiz.

Sortie salles U.S: 28 Octobre 1966

FILMOGRAPHIE: Hy Averback est un réalisateur, acteur et producteur américain né le 21 octobre 1920 à Minneapolis, Minnesota (États-Unis), mort le 14 octobre 1997 à Los Angeles (Californie). 1965: Barney (TV). 1966 : La Chambre des horreurs. 1968 : Que faisiez-vous quand les lumières se sont éteintes ? 1968 : Le Baiser papillon. 1969 : The Great Bank Robbery. 1970 : Suppose They Gave a War and Nobody Came?. 1971 : Eddie (TV). 1976 : Richie Brockelman: The Missing 24 Hours (TV). 1977 : The Love Boat II (it) (TV). 1977 : The Magnificent Magical Magnet of Santa Mesa (it) (TV). 1977 : The Rubber Gun Squad (TV). 1978 : The New Maverick (en) (TV). 1978 : A Guide for the Married Woman (TV). 1979 : The Night Rider (TV). 1981 : Des filles canon (She's in the Army Now) (TV). 1981 : The Girl, the Gold Watch & Dynamite (en) (TV). 1983 : Venice Medical (TV). 1984 : Where the Boys Are.


Série B oubliée produite par la célèbre firme Warner, la Chambre des Horreurs s'est surtout fait connaître auprès des vidéophiles lors de son exploitation en Vhs durant les années 80. Aujourd'hui exhumé de sa torpeur grâce à sa sortie Dvd, ce thriller horrifique au parfum délicieusement rétro parvient à conjuguer fougueusement suspense, romance et crimes inventifs. Ayant étranglé sa concubine avec ses propres cheveux (hallucinante trouvaille inédite !!!) avant de la prendre pour épouse durant la procession improvisée d'un curé horrifié, Jason Cravette est rapidement recherché par la police. Alors qu'il tente de perpétrer un nouveau crime avec une prostituée, il est appréhendé puis condamné à mort. Parvenant in extremis à s'échapper lors de son transfert, il s'exile vers une nouvelle contrée afin d'accomplir une terrible vengeance.


Avec son décor annexe de musée de cire séculaire auquel l'un des propriétaires s'efforcera d'aiguiller la police, on songe inévitablement à l'Homme au masque de cire si bien que l'antagoniste affublé d'une cape noire, d'un chapeau et d'un crochet amovible sur le moignon adopte un charisme fringant en psychopathe vindicatif. Patrick O'Neal se glissant à merveille dans sa posture iconique parmi l'intensité de son regard azur inscrit dans le cynisme. Pleinement investi, il parvient à nous susciter une fascination malsaine, notamment par le biais de son comportement gouailleur lorsqu'il décide de trucider ses victimes avec des ustensiles variés. D'ailleurs, de manière aussi obsolète que vaine, un clignotement visuel et un avertissement sonore viendront nous avertir de la prochaine agression (éventuellement cinglante) à venir. Le film s'avérant sur ce point extrêmement complexé si bien qu'aucune scène de violence graphique ne pointera le bout du nez à l'horizon ! Cependant, par ce procédé fantaisiste (mais mensonger) et grâce à un suspense ciselé pour l'investigation scrupuleuse des témoins, Hy Averback cultive un irrésistible charme vintage dans sa facture cinégénique. Tant par l'aplomb des acteurs épaulés du charme féminin des seconds-rôles (romance improvisée à l'appui avec la complicité d'une courtisane), sa scénographie gothique héritée de l'ère victorienne que par sa photo flamboyante inspirée de la Hammer.


Petite pépite du genre malencontreusement occultée pour des raisons inexpliquées, la Chambre des Horreurs honore lestement la série B horrifique parmi l'efficacité d'un suspense symétrique. Pour parachever, on peut enfin prôner la présence magnétique de Patrick O'Neal adoptant une posture délétère jamais parodique pour émuler son homologue Vincent Price

Remerciement à Célina Trinci

mardi 24 mai 2016

ZOOTOPIE

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allociné.fr

"Zootopia" de Byron Howard, Rich Moore, Jared Bush. 2015. U.S.A. 1h48.

Sortie salles France: 17 Février 2016. U.S: 4 Mars 2016

FILMOGRAPHIE: Byron Howard est un réalisateur, scénariste, acteur et animateur américain né le 26 décembre 1968 à Misawa. 2008 : Volt, star malgré lui. 2009 : Let It Begin. 2010 : Raiponce. 2012 : Le Mariage de Raiponce. 2016 : Zootopie.
Rich Moore est un directeur d'animation américain et un partenaire de la compagnie Rough Draft Studios, Inc., né le 10 mai 1963 à Oxnard, Californie. 2004 : Hare and Loathing in Las Vegas
2005 : Dancing Pepé. 2005 : Daffy Contractor. 2005 : What's Hip, Doc?. 2005 : Beach Bunny. 2005 : Baseball Taz. 2005 : Badda Bugs. 2005 : Scheme Park. 2005 : Reaper Madness. 2005 : Guess Who's Coming to Meet the Parents. 2005 : Executive Tweet. 2005 : Duck Suped. 2005 : Deep Sea Bugs
2005 : Slacker Quacker. 2012 : Les Mondes de Ralph. 2016 : Zootopie.


"Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde !" Gandhi. 

Nouvelle production Disney supervisée par trois réalisateurs dont le reconnu Byron Howard (Raiponce), Zootopia retrace la coopération et l'investigation de longue haleine d'une lapine, agent de police en herbe, et d'un renard vénal à la recherche d'une loutre récemment disparue. Contraints de parfaire leur mission en seulement 48 heures, ils vont devoir redoubler de perspicacité et bravoures à démasquer une mystérieuse organisation. Manifeste anti raciste pour le le respect des ethnies et le droit à la différence (tel ce bénéfice de porter l'insigne chez une lapine pleine d'ambition), Zootopia allie avec vigueur humour, action et fantastique sous l'impulsion fougueuse de héros en initiation amicale.


Parmi le caractère attachant de ces derniers et des seconds rôles extravagants (la posture hilarante des fameux paresseux !), l'intrigue met en appui l'équilibre de cette faune animalière vivant en harmonie sur Zootopia parmi la communauté de prédateurs autrefois sauvages. Par le biais d'une conspiration totalitaire délibérée à évincer cette communauté primitive, les réalisateurs abordent sans fard les thèmes du préjugé et des apparences lorsque la peur de l'autre est engendrée par le sentiment d'insécurité. Emaillé de rebondissements homériques subordonnés au fil narratif, Zootopia n'en fait jamais trop pour nous plonger dans son aventure flamboyante (design stylisé d'une animation pleine d'inventivité !), quand bien même la caractérisation humaine des héros en contradiction nous émeut sobrement, notamment avec leur point commun d'un passé torturé (leur manque de confiance, la peur de l'autre et l'humiliation cultivés par l'intimidation d'un ennemi fourbe). L'investigation commune de Judy et Nick les amenant ensuite à reconsidérer l'étranger au-delà de sa simple expression et de sa réputation surfaite. Leur confiance commune engendrant au final une réflexion sur la compréhension et l'estime de soi avant de l'inculquer chez son prochain et ce, afin de changer les mentalités.


Aussi drôle que passionnant et ponctué d'instants de tendresse à suivre les pérégrinations solidaires de héros en ascension héroïque, Zootopia constitue une leçon de vie universelle, un hymne à la fédération cosmopolite afin de pouvoir cohabiter dans un monde meilleur.  

lundi 23 mai 2016

THIS IS NOT A LOVE STORY. Grand Prix du Jury, Prix du public, Sundance 2015.

                                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

Me and Earl and the Dying Girl de Alfonso Gomez-Rejon. 2015. U.S.A. 1h46. Avec Thomas Mann, Olivia Cooke, RJ Cyler, Jon Bernthal, Nick Offerman, Connie Britton, Molly Shannon.

Sortie salles France: 18 Novembre 2015. U.S: 3 Juillet 2015

FILMOGRAPHIE: Alfonso Gomez-Rejon est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, né au Texas. 2014: The Town That Dreaded Sundown. 2015: This is not a love story.


Un jeune étudiant, discret et détaché, s'efforce de se lier d'amitié avec l'une de ses élèves atteinte de leucémie.

Un sujet lacrymal facilement complaisant mais traité ici sans pathos (à contre-emploi des "Etoiles contraires"), le réalisateur alliant réalisme et poésie pour contrecarrer les traditionnels clichés du Teen movie et du mélo. De par l'originalité de sa mise en scène inventive (multipliant les références aux classiques du cinéma) et les moments d'intimité pleins de fantaisies que se partagent sobrement le couple, This is not a love story parvient à nous séduire sous l'impulsion de comédiens inscrits dans le naturel.


En dépit du rythme défaillant d'un cheminement narratif peu captivant car dénué de surprises, la dernière demi-heure, terrassante d'émotion, vous mettra KO pour sa réflexion existentielle sur le sens de l'amitié et de la mort. Rien que pour son intensité dramatique improvisée et ses éclairs de féerie rédemptrice, This is not a love story mérite franchement que l'on s'y attarde.

Merci à Mylène et Frederic ^^

Récompenses: Grand Prix du Jury
Prix du Public, Sundance 2015



vendredi 20 mai 2016

GOMORRA. Grand Prix, Cannes 2008

                                                              Photo empruntée sur Google, dépendante du site Cineclap.free

de Matteo Garrone. 2008. Italie. 2h17. Avec Toni Servillo, Salvatore Abruzzese, Salvatore Ruocco,
Gianfelice Imparato, Maria Nazionale, Carmine Paternoster.

Sortie salles France: 13 Août 2008

FILMOGRAPHIE: Matteo Garrone, né le 15 octobre 1968 à Rome, est un réalisateur de cinéma italien. 1997: Terra di mezzo. 1998: Ospiti. 2000: Estate romana. 2002: L'Étrange monsieur Peppino. 2004: Primo amore. 2008: Gomorra. 2012: Reality. 2015: Tale of Tales.


En Europe, la Camorra a tué plus que tout autre organisation criminelle. 4000 morts en 30 ans. 1 tous les 3 jours. 
Scampia est l'endroit au monde où l'on vend le plus de drogue. Le chiffre d'affaires par clan est d'environ 500 000 euros par jour. 
En empilant les déchets toxiques traités par la Camorra, on atteint 14 600 mètres de haut. L'Everest fait 8850 mètres. Il y a 20% de cancers en plus dans les zones contaminées. 
Les bénéfices des activités illégales financent des activités légales partout dans le monde. 
La Camorra a investi dans la reconstruction des Tours jumelles à New-York. 


Pour rappel, la Camorra est une mafia italienne urbaine d'origine napolitaine à contrario de Cosa Nostra, mafia issue d'un milieu rural. Le film entrecroise les tranches de vie de 6 personnages en collaboration avec cette organisation criminelle. Leur destin précaire les plongeant dans une dérive de règlements de compte sanglants depuis les félonies et la concurrence mégalo du camp adverse. Avec souci d'ultra réalisme documenté, Matteo Garrone nous plonge dans l'enfer du crime sous l'impulsion de gueules burinées criantes de vérité. Les acteurs, pour la plupart non professionnels (3 d'entre eux ont d'ailleurs réellement écopés des démêlés avec la police), dégageant une intensité viscérale dans leur faciès impérieux sous le pilier d'une mise en scène hyper travaillée. Véritable reportage pris sur le vif à contre-courant de toute forme de romantisme (on est à l'antipode du Parrain de Coppola), Gomorra dévoile l'envers du décor sordide d'un ghetto miséreux où des familles mafieuses s'y sont implantées. De la nouvelle génération décérébrée (les destins dérisoires de Marco et Piselli et l'insertion du petit Toto) en passant par l'autorité des patriarches et des retraités sclérosés, Gomorra inscrit sur pellicule (et de façon méticuleuse) leur portrait vicié avec une puissance dramatique terrifiante. A l'instar de leurs exactions intimes négociées en groupe pour décider du sort d'une femme ou de deux ados en ascension délinquante. Car en dépit de tractations infructueuses, les plus fourbes et sournois emprunteront la trahison, la vengeance et la riposte le plus brutale afin de remporter la mise.


Crapuleux et terrifiant pour son ultra réalisme fétide et la névralgie d'une dramaturgie impromptue, Gomorra constitue sans doute le témoignage le plus tangible jamais décrit sur la mafia italienne. La mise en scène documentée (et personnelle) de Matteo Garrone optant le climat blafard d'un enfer urbain où corruption et criminalité de grande envergure se chevauchent pour des enjeux de cupidité et d'autorité. 

Info subsidiaire Wikipedia:
Certains acteurs sont des gens de la région napolitaine sans aucune référence professionnelle. Le 11 octobre 2008, Bernardino Terracciano, interprète de Zi Bernardino dans le film, a été arrêté dans le cadre d'une opération policière contre le clan des Casalesi. Le 5 janvier 2009, Giovanni Venosa, autre acteur de Gomorra, est lui aussi arrêté dans le cadre d'une enquête sur la collecte du pizzo. Salvatore Fabbricino, interprétant un des camorristes, est lui aussi arrêté pour avoir fait partie d'un commando qui a fait six morts auprès de ressortissants africains.

Récompenses: Grand Prix du jury au Festival de Cannes 2008
European Film Awards 2008 :
Meilleur film européen
Meilleur réalisateur (Matteo Garrone)
Meilleur acteur (Toni Servillo)
Meilleur scénario (Roberto Saviano et Matteo Garrone)
Meilleure photographie (Marco Onorato)

mercredi 18 mai 2016

GODS OF EGYPT

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Alex Proyas. 2016. U.S.A/Australie. 2h07. Avec Nikolaj Coster-Waldau, Gerard Butler, Courtney Eaton, Geoffrey Rush, Emma Booth.

Sortie salles France: 6 Avril 2016. U.S: 26 Février 2016

FILMOGRAPHIE: Alex Proyas est un réalisateur, producteur et scénariste australien, né le 23 Septembre 1963 en Egypte. 1994: The Crow. 1998: Dark City. 2002: Garage Days. 2004: I, Robot. 2009: Prédictions. 2012: Paradise Lost. 2016: Gods of Egypt.


Incendié par les critiques du monde entier (à 2/3 exceptions) sermonnant sans réserve cette luxueuse production de "navet", Gods of Egypt fait office d'ovni de la démesure dans son melting pot de situations homériques toutes plus improbables les unes que les autres. Piquant à tous les râteliers des idées et situations éculées aux classiques du serial (Indiana Jones en tête), de l'heroic fantasy (le Choc des Titans, Jason et les Argonautes), du Space Opera (Star Wars, Flash Gordon, Dune) et du peplum (principalement les B movies des années 60), Alex Proyas nous élabore un blockbuster au surréalisme enchanteur. Fort d'un casting cabotin déversant avec sérieux et ironie des dialogues régulièrement impayables, ce spectacle flamboyant (décors grandioses et photo rutilante !) parvient à extérioriser un sentiment de sympathie chez le spectateur tant Proyas nous évade avec une générosité opulente. 


L'histoire d'une simplicité enfantine se condense à la confrontation des dieux Egyptiens, Horuth et Seth. Deux frères au pouvoirs surhumains se disputent le trône depuis que l'un d'eux s'est engagé dans une rancune orgueilleuse. Après avoir été banni de son temple et rendu aveugle par Seth, Horuth se morfond dans le silence loin de son peuple. Mais un jeune héros fringant du nom de Bek parvient à retrouver sa trace dans le désert pour le solliciter à combattre le nouveau roi et ainsi récupérer son trône. Dès lors, entre deux romances éperdues et le chaos escompté des ténèbres, une grande aventure semée d'embûches s'engage vers eux avec la complicité d'un défunt Dieu. D'un pitch rebattu, Proyas en extirpe un spectacle épique hallucinant de naïveté cocasse (souvent involontaire) tant les morceaux de bravoures déployés font preuve d'une fantaisie débridée sous l'impulsion de personnages aussi grotesques qu'attachants (notamment la taille robuste des Dieux, leur mutation métallique et leurs déplacements aériens !). Clairement estampillé pour un public familial, Alex Proyas se permet d'échauder des séquences monstrueuses de destruction massive avec l'appui de créatures en effets numérisés. Et de manière désordonnée (trois actions distinctes nous sont même décrites en temps réel !) de nous livrer un récit héroïco-mystique où les forces de l'au-delà (les fameuses portes de la mort) vont également servir de vecteur émotionnel pour le sort d'une princesse. Cette action quasi omniprésente alternant de façon pétulante l'épique, la féerie et l'anticipation parvient miraculeusement à nous distraire par le biais d'un esprit Bis irrésistiblement effronté. L'ère numérique déployée ici sans modération se substituant aux moyens dérisoires de la série Z artisanale.


Con comme la lune mais implacablement fun, hilarant et attachant, et esthétiquement aussi fulgurant que boursouflé, Gods of Egypt constitue le divertissement de tous les excès auquel l'extrême générosité du cinéaste et la dérision affable des comédiens parviennent à dépasser toutes ses scories. A condition de le savourer au second degré, ce nanar clinquant risque fort dans les décennies prochaines de se faire une place singulière dans l'écrin de la Bisserie post-moderne. 

mardi 17 mai 2016

TRIPLE 9

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site traileraddict.com 

de John Hillcoat. 2015. U.S.A. 1h55. Avec Casey Affleck, Chiwetel Ejiofor, Anthony Mackie, Aaron Paul, Clifton Collins Jr., Norman Reedus, Gal Gadot, Woody Harrelson, Kate Winslet, Teresa Palmer

Sortie salles France: 16 mars 2016. États-Unis: 26 février 2016

FILMOGRAPHIE: John Hillcoat est un cinéaste australien né en 1961 au Queensland. 1988: Ghosts… of the Civil Dead. 1996: To Have and to Hold. 2005: The Proposition. 2009: La Route. 2012: Des hommes sans loi. 2016: Triple 9


Révélé par La Route et (à moindre échelle) par des Hommes sans loi alors qu'il nous avait préalablement estomaqué avec son western sauvage, The Proposition, John Hillcoat réinvente aujourd'hui le polar hard-boiled avec Triple 9. 999 signifiant le code d'alerte des services de police lorsque l'un d'eux est grièvement blessé par l'ennemi. Rameuté en masse, ils tentent alors en dernier recours de sauver leur comparse. Entre les hostilités du cartel mexicain et de la mafia russe, un jeune flic dur à cuire se retrouve mêlé à une odieuse conspiration. A savoir, devenir la cible meurtrière de flics ripoux contraints d'exécuter une ultime fois un cambriolage pour le compte d'Irina Vlaslov, l'épouse d'un éminent mafieux mis sous verrou. Mais rien ne se déroulera comme prévu... Fort d'un casting prestigieux opposant d'illustres vétérans (Woody HarrelsonKate Winslet) aux talents de la nouvelle génération (Casey Affleck, Aaron Paul, Clifton Collins Jr., Norman Reedus ), Triple 9 est l'occasion pour ces têtes viriles de nous livrer un superbe numéro d'acteurs.


Leur prestance burnée imposant chez la plupart un jeu vicié de corruption policière autour de l'héroïsme d'une jeune recrue venu s'interposer avec loyauté. Exploitant un scénario éculé de trahison policière en concertation avec la pègre, John Hillcoat parvient à réinventer les codes grâce à la virtuosité de sa mise en scène nous immergeant de plein fouet dans une situation d'urgence. Les séquences de braquages, poursuites sur bitumes et règlements de compte sanglants s'enchaînant avec une redoutable efficacité au fil oppressant d'un cheminement narratif vénéneux. Quant aux scènes de fusillades remarquablement chorégraphiées, elles nous plaquent au siège par leur intensité effrénée avec la sonorité d'un score à résonance horrifique ! Par le biais d'une intrigue structurée dressant les portraits sournois d'individus véreux (même le chef de la police plutôt largué panse sa solitude avec l'emprise de stupéfiants et d'alcool), John Hillcoat met en exergue la déliquescence d'une cité en perdition où la police tente difficilement d'imposer sa mainmise face aux pouvoirs du cartel mexicain et de la mafia russe. L'ultra réalisme imparti à cette urbanisation marginale est rehaussé d'éclairs de violence arides quant à l'agonie latente des victimes. Cette crudité poisseuse imposée par leurs exactions engendrant une intensité dramatique au fil de l'investigation fébrile de Chris Allen et parmi la contrainte des ripoux assignés à opérer le chantage des russes. Ce dernier redoublant les risques à tenter de les appréhender sans se douter que la menace émane également de sa propre hiérarchie.


Passionnant et rondement mené grâce à l'efficacité d'une réalisation vertigineuse et à la tension des enjeux dramatiques, Triple 9 insuffle une ambiance opaque terriblement ensorcelante au coeur d'une cité urbaine au bord du marasme. Outre ses éclairs d'action et de violence puissamment incisifs, Triple 9 est transcendé par les postures martiales de têtes d'affiche infaillibles (Kate Winslet s'avérant par ailleurs quasi méconnaissable en baronne soviétique !). 

    lundi 16 mai 2016

    LANDMINE GOES CLICK

                                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site imdb.com 

    de Levan Bakhia. 2015. Géorgie. 1h50. Avec Sterling Knight , Spencer Locke , Dean Geyer , Kote Tolordava, Giorgi Tsaava

    Sortie salles Géorgie: 1er Juin 2015

    FILMOGRAPHIE: Levan Bakhia est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur georgien.
    2011: 247°F. 2015: Landmine Goes Click


    Rape and Revenge originaire de la Géorgie, Landmine goes click dépeint la descente aux enfers d'un couple de touristes, Chris et Alicia, pris à parti avec les humiliations d'un métayer après le départ précipité de l'amant de celle-ci. Chris ayant avoué à son meilleur ami une liaison avec sa compagne, Daniel avait déjà prémédité une terrible vengeance. Le pied posé sur une mine, Chris est contraint de resté immobile en attendant les éventuels secours du garde-chasse. Impuissante, Alicia tente en dernier ressort de creuser une tranchée au moment même où un chasseur et son chien viennent s'immiscer à l'improviste. Dès lors, un danger bien plus délétère se profile à l'horizon ! Série B d'un réalisme horrifique par son concept de survival brutal si bien que la première partie oscille humiliations et sévices sexuels, Landmine goes click part d'une idée insolite lorsque qu'un jeune touriste est contraint de témoigner impuissant au calvaire de son amie. Le pied posté sur une mine, Chris va entamer une épreuve de force avec une patience surdouée. Contraint d'espérer l'arrivée des secours sur une durée de 4 heures, il doit en prime affronter l'hostilité d'un redneck sadique cumulant les brimades auprès de ses proies.


    Plutôt bien soutenu, et avec l'appui d'un jeu d'acteurs assez convaincant, le suspense distille une tension toujours plus ardue pour le sort fragile des touristes. Par leurs comportements de stress et de malaise et parmi le jeu de provocations putassières imposé par leur tyran, on songe inévitablement à la Dernière maison sur la Gauche jusqu'à sa dérive primitive du viol (une séquence démonstrative s'attardant d'ailleurs un peu trop sur l'expression des visages). La seconde partie dérangeante continuera d'ailleurs d'explorer le schéma narratif de Craven du point de vue d'un justicier déterminé à se venger. Par son climat oppressant émanant du huis-clos domestique où des otages innocents vont à leur tour subir les bizutages, Landmine goes click éprouve un peu plus par sa violence gratuite engendrée par un bourreau sans vergogne. Jusqu'au-boutiste, l'issue de l'intrigue détonne pour nous laisser sur une impression amère de déchéance morale. Sa réflexion sur la vengeance s'avérant ici habilement exposée du point de vue de la remise en question finale du vindicateur. Une image forte qui en dit long sur le caractère vénéneux de la haine et l'incapacité d'y refréner ses pulsions perverses.


    Haletant, efficace et tendu, Landmine goes click repose beaucoup sur la dimension humaine des personnages exprimant une palette d'émotions de révolte et de désespoir par leur situation d'otages en survie. Psychologiquement éprouvant pour le chemin de croix de la victime et davantage malsain chez le cheminement immoral du justicier, sa conclusion glaçante fait mouche pour dénoncer l'avilissement d'une haine rendue ingérable.  

    vendredi 13 mai 2016

    LA FALAISE MYSTERIEUSE

                                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site retro-hd.com

    The Uninvited de Lewis Allen. 1944. U.S.A. 1h39. Avec Ray Milland, Ruth Hussey, Donald Crisp,
    Cornelia Otis Skinner, Dorothy Stickney.

    Sortie salles : 10 février 1944

    FILMOGRAPHIE: Lewis Allen est un réalisateur britannique, né le 25 décembre 1905 à Oakengates, Telford, décédé le 3 mai 2000 à Santa Monica (Californie).
    1943 : Freedom Comes High. 1944 : La Falaise mystérieuse. 1944 : Our Hearts Were Young and Gay
    1945 : Those Endearing Young Charms. 1945 : L'Invisible meurtrier. 1947 : The Perfect Marriage
    1947 : Suprême aveu (en). 1947 : La Furie du désert. 1948 : Une âme perdue. 1948 : Verdict secret.
    1949 : Enquête à Chicago. 1951 : Rudolph Valentino, le grand séducteur. 1951 : Échec au hold-up.
    1952 : Les Fils des mousquetaires. 1954 : Je dois tuer. 1955 : Un pruneau pour Joe. 1955 : Témoin à abattre. 1958 : Je pleure mon amour. 1959 : La Lorelei brune ou La Fugitive du Rhin. 1963 : Decision at Midnight.


    Edité en Blu-ray et Dvd sous l'effigie de Wild Side Video et vendu comme l'un des films les plus effrayants selon Martin Scorcese, La Falaise Mystérieuse peut enfin aujourd'hui s'exhumer de sa torpeur. Série B modeste tournée en noir et blanc et préfigurant les futurs sommets d'effroi que seront La Maison du Diable et Les Innocents, la Falaise Mystérieuse joue la carte de suggestion pour tenter d'impressionner le spectateur. Car il faut bien l'avouer, cette curiosité oubliée suscite plus la sympathie amusée que la terreur escomptée. L'allégation du maître Scorcese s'avère donc à mon sens disproportionnée (ou pire mensongère) et ressemble plus à un alibi commercial, à l'instar de son confrère James Cameron ayant prodigué avec constance ses éloges à Terminator Genesys.



    Séduits par la scénographie côtière d'une bâtisse située à proximité d'une falaise, un frère et une soeur décident de l'acheter pour une modique somme. Mais rapidement, des voix inquiétants perçues dans la nuit vont importuner nos propriétaires. Dès lors, Roderick et Pamela vont enquêter sur l'ancienne résidente, Mary Meredith, mystérieusement décédée des années au préalable. Cette intrigue futile, Lewis Allen l'exploite avec efficacité d'un rythme soutenu par le biais d'une investigation de longue haleine que concertent le couple de héros, la fille de la défunte disparue et un praticien. Emaillé de quelques traits d'humour afin de désamorcer les situations trop anxiogènes, La Falaise Mystérieuse parvient à divertir et instaurer un climat d'inquiétude avec l'intelligence du hors-champ sonore. Les séquences les plus réussies émanant des voix d'outre tombe oscillant pleurs, rires et râles pour distiller un (timide) malaise. Par l'entremise éthérée de spectres en fâcheuse contradiction, le réalisateur prend plaisir à détourner les rôles pour mieux nous égarer tout en nous révélant des indices au compte-goutte autour d'une relation filiale en quête identitaire et de rédemption. Enfin, en parallèle du récit en suspens, il cultive un goût pour la romance que partagent fougueusement Roderick et Stella, la fille persécutée de Mary.


    Reposant sur l'autorité d'une mise en scène inspirée et servi par des comédiens attachants dans leur motivation impromptue de détectives, La Falaise Mystérieuse parvient à divertir sous le principe modeste de la série B. Attention toutefois au slogan dithyrambique révélé par Martin Scorcese, vous risqueriez d'être sévèrement déçus !  

    jeudi 12 mai 2016

    MUSTANG. Meilleur premier film, César 2016.

                                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

    de Deniz Gamze Ergüven. 2015. Germano-franco-turco-qatari. 1h37. Avec Güneş Nezihe Şensoy,
    İlayda Akdoğan, Tuğba Sunguroğlu, Elit İşcan, Doğa Zeynep Doğuşlu.

    Sortie salles France: 17 Juin 2015. Turquie: 23 Octobre 2015.

    FILMOGRAPHIE: Deniz Gamze Ergüven est une réalisatrice, scénariste et actrice franco-turque, née le 4 juin 1978 à Ankara en Turquie.
    2004: Libérables (court). 2006: Mon trajet préféré (court). 2006: Une goutte d'eau (court). 2015: Mustang


    Drame social d'une rigueur toujours plus grave, Mustang traite du patriarcat au sein de la société Turque, alors que paradoxalement, en 1934, le droit de vote pour les femmes fut autorisé chez eux bien avant l'hexagone (1945). A travers le terrible destin de 5 orphelines livrées à la dictature de leur grand-mère et d'un oncle, la réalisatrice franco-turque met en exergue l'idéologie obscurantiste de son pays depuis l'arrivée au pouvoir d'un nouveau parti patriarcal (l'AKP) instauré depuis 2003.


    Cette régression morale, Deniz Gamze Ergüven l'illustre à travers le calvaire de ces soeurs avides de liberté et de désir d'aimer mais toujours plus contraintes de se confiner dans le mutisme depuis les nouvelles normes drastiques exigées par des parents rétrogrades. C'est bien connu, plus on interdit les choses, plus on est tenté de les braver ! Et ces adolescentes recluses dans leur cocon familial (l'oncle à installer des barreaux derrière chaque fenêtre et leur a interdit de retourner à l'école) vont donc user de stratagèmes d'évasion et de rébellion afin de s'accorder un semblant d'épanouissement. Parmi la subtilité d'une mise en scène jamais démonstrative (la réalisatrice use d'ellipses pour aller droit à l'essentiel et ainsi éviter les conventions) et le talent sémillant d'une distribution juvénile débordante de naturel, Mustang provoque une émotion prude réfutant le misérabilisme. Car ces portraits fragiles d'ados en quête d'amour et de désir sexuel nous émeut sobrement par leur situation désoeuvrée à subir le machisme d'un patriarche aussi insidieux qu'immoral (Spoil ! ses abus sexuels perpétrés sur une des filles ! Fin du Spoil).


    Illustrant avec vitalité la crise adolescente de cinq soeurs en quête de fantaisies et d'amour (tant du point de vue des fréquentations que de leurs parents démissionnaires) puis cédant ensuite au désespoir de leur situation de claustration, Mustang dérange, émeut, prend aux tripes le spectateur, témoin impuissant des traditions archaïques d'une société patriarcale imposant les mariages forcés afin de taire leurs effronteries. Hymne à l'émancipation de la cause féminine, cette oeuvre magnifique aborde sans fard la désillusion existentielle avant de ranimer l'espoir d'une révolte féminine au bord du suicide. Bouleversant. 

    Récompenses:
    Festival de Cannes 2015 : Label Europa Cinema21 (sélection Quinzaine des réalisateurs3,22)
    Festival international du film d'Odessa 2015 : Duc d'or du meilleur film
    Festival international du film de Stockholm 2015 : prix du meilleur scénario23
    Prix LUX du Parlement européen 201524
    Festival international du film de femmes de Salé 2015 : Prix du scénario
    21e cérémonie des prix Lumières 2016 :
    Prix Lumières du meilleur film
    Prix Heike Hurst du meilleur premier film
    Prix Lumières du meilleur espoir féminin pour Güneş Nezihe Şensoy, Doğa Zeynep Doğuşlu, Elit Işcan, Tuğba Sunguroğlu et Ilayda Akdoğan
    Prix de la meilleure photographie pour David Chizallet
    Goya du meilleur film européen 2016
    Festival de Valladolid 2015 : Espiga de plata Largometraje, Premio "Pilar Miro" al mejor nuevo director.
    Prix du cinéma européen 2015 : Prix découverte - prix FIPRESCI
    41e cérémonie des César 2016 : Meilleur scénario original. Meilleur montage. Meilleure musique
    Meilleur premier film.

    mercredi 11 mai 2016

    APPEL INCONNU

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site goldposter.com

    El Desconocido de Dani de la Torre. 2015. Espagne. 1h40. Avec Dani De La Torre, Luis Tosar, Javier Gutiérrez, Goya Toledo.

    Sortie salles Espagne: 25 Septembre 2015.

    FILMOGRAPHIE: Dani de la Torre est un réalisateur espagnol né en 1975 à Galicia.
    2013: Gala premios Mestre Mateo 2012 (télé-film). 2015: Appel Inconnu


    Suspense oppressant prenant pour cadre restreint l'habitacle d'une voiture auquel un père et ses deux enfants y sont embrigadés de force depuis l'amorce d'une bombe confinée sous les sièges, Appel Inconnu parvient à nous tenir en haleine dans sa succession de revirements alertes ! Grâce à la maîtrise de sa mise en scène et à la géométrie du montage, Dani de la Torre insuffle une belle vigueur au cheminement narratif sous l'impulsion de protagonistes démunis contraints de céder au racket d'un étranger cupide. Sans céder à la facilité de l'esbroufe pour sa situation hostile sur le qui-vive, le réalisateur préconise un réalisme percutant pour nous convaincre de la véracité du fait singulier. A savoir, une prise d'otage échelonnée à distance par l'entremise de téléphones portables !


    Ce concept insolite va imposer au fil de son huis-clos routier une sévère épreuve de force pour le père de famille. Si bien que son entourage familial et professionnel, ainsi que la police en alerte n'auront de cesse de le suspecter d'être l'instigateur de la prise d'otages. Fustigeant en sous texte social la corruption financière du management, Appel Inconnu insuffle une intensité dramatique du point de vue moral du criminel et de la victime, au moment même de la déconvenue d'une cellule familiale en crise. Au-delà de l'aspect effréné de quelques courses-poursuites sur bitume et de la solide gestion du suspense, Appel Inconnu met en exergue le portrait galvaudé d'un père de famille Spoil ! peu à peu rongé par le remord d'une lâcheté et en quête désespérée de rédemption afin de préserver la vie de ses enfants fin du Spoil. Par l'entremise des rapports intimes entretenus avec sa fille aînée, Dani de la Torre accentue l'empathie d'une vibrante relation paternelle davantage gagnée par la fraternité.


    Thriller à suspense mené avec savoir-faire et impeccablement servi par une distribution sans fard, Appel Inconnu oscille réalisme et vigueur dramatique face à un contexte de survie sur le fil du rasoir. On pardonne donc la facilité d'une bravoure finale futilement improbable et quelques clichés usuels au genre que l'intrigue exploite (efficacement) dans sa dernière partie (son principe éculé de la vengeance criminelle et l'identité du coupable). Un excellent divertissement taillé sur mesure.  

    Dédicace à Seb Lake.