dimanche 2 octobre 2011

DEAD MAN'S SHOES


de Shane Meadows. 2004. 1H30. Grande Bretagne. Avec Paddy Considine, Gary Strecth, Tony Kebbel, Jo Hartley, Seamus O'Neill.

FILMOGRAPHIE: Shane Meadows est un cinéaste anglais né à Uttoxeter, dans le Staffordshire, le 26 décembre 1972.
1996: Small Time, Where's the Money, Ronnie ?
1997: 24 heures sur 24
1999: A room for Romeo Brass
2002: Once Upon a Time in the Midlands
2004: Dead Man's Shoes. Northern Soul.
2005: The Stairwell
2006: This is England
2008: Somers Town


Sortie en salles en France le 8 Octobre 2004. Royaume Uni: 1er Octobre 2004. Canada: 14 Septembre 2004.

Notes: Pour les besoins du tournage de Dead Man's Shoes, Paddy Considine (scénariste) et Shane Meadows (réalisateur et scénariste) ont fait appel à un membre de leur famille respective : le premier a demandé à Matt Considine, et le second a fait appel à Arthur Meadows, leur conjoint.
Un message marque la fin du générique : « In memory of Martin Joseph Considine », que l'on peut traduire par « En mémoire de Martin Joseph Considine ». C'est le père de Paddy Considine. En effet, juste avant de mourir, ce dernier a déclaré vouloir que son fils collabore une nouvelle fois avec Shane Meadows.

Le sujet: Richard revient à Midlands, son village natal, à la fin de son service militaire. Il n'a plus qu'une chose à l'esprit : prendre une revanche sur un acte impardonnable.


Sixième réalisation du british  Shane Meadows, Dead Man's Shoes est un magnifique drame psychologique affilié au vigilante movie bucolique. L'originalité est privilégiée dans sa mise en scène inspirée et déroutante auquel le metteur en scène souhaite renouveler le thème vindicatif mainte fois adapté au cinéma.
C'est l'histoire implacable d'un châtiment de cécité d'un homme fustigé, annihilé par la douleur de la perte d'un être cher. Son frère Anthony, attardé mental et souffre douleur est à portée de main d'une bande de petites crapules lambda. Des dealers de came réfugiés dans une contrée reculée de l'Angleterre vers le village de Midlands. Dès le prologue, nous faisons connaissance avec le portrait véreux de ces malfrats de bas étage, assez criant de vérité dans leur trogne familière d'authentiques gueules de fripouilles à la petite semaine. D'entrée de jeu, Richard, le frère meurtri revenu de son service militaire, (magnifiquement campé par un ombrageux et dérangé Paddy Considine),  établira ses conditions drastiques à un des membres de la bande en lui témoignant de façon préméditée qu'il les tuera un à un sans une guise d'hésitation. Et il faut voir de quelle manière l'homme impassible s'extériorise en tant qu'être déshumanisé pour démontrer à ces monstres (terme qu'il emploiera vers le dénouement pour les juger) qu'il sera prêt à tout pour les exterminer. En prime, il va s'accoutrer maladroitement d'un masque à gaz plaqué sur son visage et d'une combinaison grise de travail en guise de camouflage. Une panoplie grotesque pour mieux iconiser son acuité interne de colère, cette montée envahissante de la haine décuplée. Une adrénaline alimentée par l'esprit vindicatif et d'une justice expéditive sans concession. Dès lors, son unique ambition est de faire subir aux tortionnaires la sanction punitive et méritoire.


S'ensuit une succession de scènes déconcertantes, entre humour noir rebutant, rire nerveux et violence consumée comme cette scène hallucinée ou la bande décervelée se retrouve malencontreusement droguée grâce au café que Richard, emmitouflé en fantôme masqué, aura réussi à frelater durant un simple moment d'inadvertance des soulards. Une scène psychédélique planante et désincarnée, fragile et dérangeante, d'une incroyable force émotionnelle dans sa folie sensitive. Un véritable cauchemar surréaliste auquel ces marionnettes transies par l'acide vont être en proie à un déchaînement de violence rigoureuse, surtout quand elles s'apercevront dans un état mental comateux qu'elles sont entrain de vivre leur ultime instant. Jusqu'à ce qu'une balle mortelle ne vienne se figer directement dans la tête de l'un des condamnés. Une scène cinglante qui laisse sans voix, mise en exergue sur l'âpreté d'un climat réaliste souscrit sans fioriture !

Durant la première heure, Dead Man's Shoes est rempli de séquences fortuites dans la forme, dans la banalité et le quotidien de ces dealers journaliers. Entre ces nombreux flashs-back remémorant au spectateur les exactions des supplices perpétrés sur Anthony et la mission vengeresse de Richard illustrée sous une forme baroque. Une nuance insolite privilégiée par une réalisation adroite constamment surprenante et originale, qui, mine de rien, finira par nous mener vers une issue irréversible ! Vers une cérémonie funèbre à l'impasse fatale tristement tragique !
Dans cette mise en scène peu commune il y a des situations volontairement grotesques comme si nous nous étions retrouvés à la lisière d'un film de Ken Loach pour son hyper réalisme social et ses personnages plus vrais que nature, et le cinéma de Joel et Ethan Cohen dans sa mise en scène détachée, assez décalée. Entre réalité saugrenue, inconvenance, humour incontrôlée, causticité et cynisme inopiné.
La dernière demi-heure optera un ton plus grave et opaque, véritable chemin de croix et de rédemption. Un lancinant chant mortuaire à tendance religieuse dans sa quête désespérée de la repentance, que ce soit du côté des victimes ou du bourreau. Car les monstres ne feront plus qu'un et la mort élégiaque sera le seul échappatoire à toute cette misérable besogne.


Interprété par des comédiens austères surprenant de naturel, émaillé de superbes morceaux musicaux nonchalants et réalisé sans outrance spectaculaire, Dead Man's Shoes est une oeuvre puissante qui laisse des séquelles irrémédiables. Un bouleversant réquisitoire contre la vengeance et la rancune. ATTENTION SPOILER !!!!!!!!! Un ovni atypique d'autant plus déroutant que le meurtre n'était ici qu'un simulacre pour dénoncer un exutoire suicidaire. FIN DU SPOILER.


Récompenses:
2004 : Golden Hitchcock au Festival du film britannique de Dinard
2005 : Prix de la meilleure réalisation au Directors Guild of Great Britain
2005 : Empire Award du meilleur acteur dans un film britannique
2005 : Evening Standard British Film Awards du meilleur acteur

27.03.10
Bruno Matéï

6 commentaires:

  1. pour ma part, un fiml radical et sans concession, d'une noirceur abyssale. j'ai adoré le style de la mise en scène, les acteurs et la fin dur et magnifique de d'audace.
    sinon, bruno merci pour tes commentaires pour "demain les momes", tu as remercié la horrorteam, mais un ptit merci envers moi aurait ete également sympa, vu que c'est mon post, bref pas grave car on m'a beaucoup sollicité pour mettre ce film. bye bruno et merci pour tes critiques

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  2. pour ma part, un film radical et sans concession, d'une noirceur abyssale. j'ai adoré le style de la mise en scène, les acteurs et la fin dur et magnifique de d'audace.
    sinon, bruno merci pour tes commentaires pour "demain les momes", tu as remercié la horrorteam, mais un ptit merci envers moi aurait ete également sympa, vu que c'est mon post, bref pas grave car on m'a beaucoup sollicité pour mettre ce film. bye bruno et merci pour tes critiques

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  3. Excuse moi Atreyu, je vais réparer cette erreur sur le champs !

    Merci ^^

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  4. Merci a toi bruno. Ce serait cool que tu fasses une critique de "demain les mômes " sur ton blog . Je serai content de la lire, quelquesoit ton opinion dessus. Pour ma part tu connais la mienne, sur HVC. Elle est plutôt positive !
    Atreyu

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  5. Aucun problème Atreyu pour rendre hommage à Demain les mômes, c'était prévu de toute façon !
    Et mon opinion sera positive !

    Dès qu'il est posté sur le site, je le regarde et je ferais une critique juste après visionnage. ^^

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  6. Tiens pendant que je suis là , content que tu es pu faire un petit coucou que je te renvoie Atreyu..mille génuflexions cela va sans dire…

    attend c'est pas fini….j'en profite pour implorer aux noms de tous les français qui n'entrave que le mot hamburger de la langue de Shakspeare..( c'est pas un nom ça).

    Un repack de " the slayer " 1982 de J.s Cardone .

    Si Bruno et d'autres pouvait voir ce film ce serait une bouteille dans la mer des immortels.

    bon , permet moi de rêver tout de même , en même temps on s'habitue aussi , t"es marrant toi…lol..

    allez bon taf et à bientôt sur TF1 bien sûr.

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