de Kevin Smith. 2011. U.S.A. 1h28. Avec Michael Parks, Melissa Leo, John Goodman, Kyle Gallner, Stephen Root..
FILMOGRAPHIE: Kevin Smith est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain né le 2 Août 1970 à Red Bank, dans le New-Jersey (Etats-Unis).
1994: Clerks, 1995: Les Glandeurs, 1997: Méprise Multiple, 1999: Dogma, 2001: Jay et Bob contre-attaquent. 2004: Père et Fille. 2006: Clercks 2. 2008: Zack et Miri font un porno. 2010: Top Cops. 2011: Red State.
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Kevin Smith, trublion habitué aux comédies noires décalées, nous propose ici un brutal revirement de ton avec Red State. Un drame réaliste et rigoureux, véritable réquisitoire contre le fanatisme religieux englué dans une société américaine sournoise. Pour élaborer le profil de son antagoniste principal, Smith s'est inspiré du véritable révérend Phelps, fondateur de l'église baptiste de Westboro et homophobe réputé pour sa haine réactionnaire. Par le biais d'internet, un trio d'adolescents prend rendez vous avec une quadragénaire résidant dans une caravane aux abords d'un terrain forestier. Sur place, après avoir bu de la bière frelatée, ces derniers sont appréhendés pour être emprisonnés en interne d'une église régie par le père Cooper. Un intégriste réfractaire aux homosexuels et à la luxure, prônant une justice expéditive envers quelques innocents kidnappés par ces disciples. Mais cette fois, rien ne se déroulera comme prévu.
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Vendu comme un film d'horreur néophyte, Red State n'est en rien le divertissement primaire concocté pour nous donner notre lot de sueurs froides dans un scénario canonique. Réalisé avec brio dans son réalisme incisif épaulé d'une caméra mobile agressive dans les moments les plus alarmistes, la narration charpentée stigmatise avec verdeur le fondamentalisme d'une secte religieuse édifiée par le pasteur Cooper. Un sexagénaire intégriste et homophobe inculquant à ses adorateurs que ces pêcheurs doivent être éradiqués de la terre. Le prologue débute comme un classique teen-movie auquel trois jeunes lurons vont décider de passer du bon temps avec une femme mature adepte de l'échangisme. Ce canevas balisé va cependant brusquement virer de ton quand nos héros vont se retrouver piégés par la mégère d'une paroisse catholique. Ce qui interpelle à la vue de ce pamphlet anti-religieux, c'est sa froideur austère, son réalisme rugueux octroyé à la caractérisation de personnages antipathiques et d'une violence expéditive souvent insupportable parce qu'elle fustige l'innocence vouée au sacrifice. D'ailleurs, le premier meurtre perpétré à l'intérieur du huis-clos pastoral se révèle le plus pénible dans son acuité, quand bien même la foule convaincue de leurs méfaits laisse transparaître une satisfaction malsaine dans leur idéologie anti-gay. Spoil ! La suite du récit évite intelligemment la redite des conventions avec cette potentielle cavale de deux des héros et du blocus policier. Red State se transforme alors subitement en film de siège survitaminé auquel des forces de l'ordre enrôlées par un supérieur pugnace vont encercler et prendre d'assaut nos intégristes martyrs. Fin du Spoil.
Les séquences d'action filmées caméra à l'épaule ou en vue subjective offrant de beaux moments de bravoure accentuées par une bande-son clinglante afin d'exacerber l'impact stridant du carnage. Les rivaux en proie à la peur et la panique mais inévitablement stoïques se lancent dès lors dans un ultime baroud-d'honneur. Pas de héros dans ce récit âpre et brutal évalué sans compromis mais un sentiment désabusé de défaite sociale pour les deux camps rivaux se battant au nom de la fierté et d'une idéologie fasciste. Sachant que les flics eux mêmes vont dévoir employer le subterfuge pour se débarrasser d'une bavure impardonnable. Dans celui du prédicateur prêchant la piété avec éthique despotique, Michael Parks s'avère terrifiant de cynisme. John Goodman en impose tout autant pour son personnage de leader policier, convaincu de braver sa déontologie professionnelle afin de sortir vainqueur d'un terrorisme religieux. La séduisante et gracile Melissa Leo insuffle une poignante empathie dans celle d'une mère repentie, osant bafouer sa doctrine conservatrice pour la sauvegarde de sa postérité infantile.
Avec sa mise en scène âpre et studieuse et la sobriété dérangée des interprètes, Red State redouble d'efficacité pour illustrer avec vigueur un pamphlet édifiant sur les pratiques extrémistes d'adorateurs de Dieu. Son point d'orgue explosif ne manque pas non plus de dérision caustique par son revirement divin !
17.10.11
Bruno Matéï
Vu hier enthousiasmé par ta chronique. Quelle déception! Caricatural,mal filmé (pas un beau plan, l'assaut de la ferme...)... Reste une solide interprétation....
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