jeudi 16 janvier 2014

Alabama Monroe / The Broken Circle Breakdown

                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

de Felix van Groeningen. 2012. Belgique. 1h52. Avec Veerle Baetens, Johan Heldenbergh, Nell Cattrysse, Geert Van Rampelberg, Nils De Caster, Robby Cleiren, Bert Huysentruyt, Jan Armoise, Blanka Heirman.

Sortie salles France: 28 Août 2013. Belgique: 9 Octobre 2012

FILMOGRAPHIE: Felix van Groeningen est un réalisateur belge flamand, né à Gand en 1977.
2000: 50CC. 2004: Steve + Sky. 2007: Dagen zonder lief (des jours sans amour). 2009: La Merditude des Choses. 2012: The Broken Circle Breakdown

Électrochoc d’une intensité émotionnelle traumatisante — à tel point que des larmes s’épanchent sur mon clavier au moment même où j’essaie d’extérioriser mes impressions — Alabama Monroe est un drame sur le deuil infantile, vu à travers le prisme déchiré du couple parental. Le réalisateur se concentre sur la lente et douloureuse tentative de reconstruction après que leur fille, Maybelle, a été emportée par un cancer.

En alternant les éclats du passé et la désolation du présent, Felix van Groeningen dresse un contraste saisissant entre l’épanouissement amoureux et l’infortune tragique. Lui est chanteur, féru de country, athée et fougueux ; elle, tatoueuse, croyante et spontanée. Ensemble, ils forment un couple harmonieux, que le mariage scelle pour le meilleur... et surtout pour le pire. Au rythme lancinant de la country, chantée dans des cabarets usés aux guichets fermés, le film nous emporte dans un tourbillon musical, où la peau encrée et la foi céleste se rejoignent pour cristalliser une réflexion intime sur les croyances. Avec une émotion à fleur de nerf, au plus près de l’affliction, le réalisateur ausculte la fracture entre deux visions du monde : l’idéalisme spirituel d’Élise et le nihilisme rageur de Didier. Jusqu’à ce que les disputes, d’abord anodines, deviennent l’écho amer d’un drame que chacun reproche à l’autre.

 
Dans ce choc des convictions, où la joie originelle se heurte à l’effondrement, Van Groeningen érige un hymne existentiel, planté dans une nature candide, opposant la lumière douce de la réincarnation au gouffre sans fond de l’anéantissement. Didier, enragé, vomit sa colère contre l’obscurantisme religieux — notamment ce fondamentalisme américain qu’il tient pour responsable du retard scientifique. Élise, elle, tente d’embrasser la fatalité. Mais l’épreuve les écartèle. Le point de rupture se rapproche, jusqu’à ce qu’une ultime ouverture vienne bousculer, peut-être, les certitudes du père brisé.


Vivre. Mourir. Mais sans jamais tricher.
Sans pathos ni mièvrerie, grâce à un montage d’une grande justesse, Van Groeningen livre un portrait sensoriel, brut et tendre, de deux êtres incapables de survivre à leur propre peine, asphyxiés par un chagrin insurmontable et des philosophies inconciliables. Mais grâce à la puissance incantatoire de la country, et à la trajectoire mystique d’un oiseau en partance, Alabama Monroe s’élève en élégie incandescente, sculptée dans la croyance. Un film qui bouleverse jusqu’au malaise, traité avec une pudeur inébranlable, déchirant jusqu’à l’os, que les comédiens transforment en offrande viscérale, à vif, au cœur de leur chair meurtrie.

Public averti.

*Bruno

La critique de La Merditude des Choses (la): http://brunomatei.blogspot.fr/…/la-merditude-des-choses-de-…

Récompenses: César du Meilleur Film Etranger, 2014
Label Europa Cinemas du Meilleur Film européen, Prix du Public Panorama, 2013
Prix du Meilleur Scénario au Festival du film de Tribeca, 2013.
Prix du Public au Festival CPH PIX à Copenhague.
Prix Ensor du Meilleur Film, Meilleur Réalisateur, Meilleur Montage, Meilleurs Costumes, Meilleure musique, Meilleure Photographie, Meilleure Actrice, Veerle Baetens, Meilleure Direction Artistique, Prix de l'Industrie pour Van Lauwereys au Festival du film d'Ostende.
Meilleure Actrice, Veerle Baetens au European Films Awards à Berlin.
Nomination aux Oscars pour le film en langue étrangère, 2014

Dédicace à Jenny Winter



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