samedi 26 février 2011

LE BATEAU DE LA MORT (Death Ship)


de Alvin Rakoff. 1980. Angleterre. 1H31. Avec George Kennedy, Richard Crenna, Nick Mancuso, Sally Ann Howes, Kate Reid, Victoria Burgoyne, Jennifer McKinney, Danny Higham, Saul Rubinek, Murray Cruchley.

FILMOGRAPHIE:  Alvin Rakoff est un réalisateur canadien né le 6 Février 1927 à Toronto.
1958: Passeport pour la Honte, 1959: Larry, agent secret, 1960: Vendredi 13 Heures, 1970: Hoffmann, 1971: Say Hello to Yesterda, 1979: Cité en feu, 1980: Accroche toi j'arrive, 1980: Le Bateau de la mort.


Jack Hill ("Coffy") et son co-scénariste David P. Lewis nous dépêchent une trame tirée d'une légende séculaire (le hollandais volant et ses flibustiers fantômes) mais remise au goût du jour dans notre époque contemporaine au sein du décor photogénique d'un vaisseau fantôme ! A la suite d'une collision mortelle entre deux bateaux (l'un réunissant des touristes pour une croisière festive, l'autre déclinant toute identité), un groupe de rescapés embarquent sur le paquebot mystérieusement dénué de passagers et de gouverneur. Très vite, des évènements inexpliqués et meurtriers ne tardent pas à les terroriser. Modestement réalisé sans prétention, Le Bateau de la mort constitue une petite série B au scénario linéaire et sans surprise, mais interprétée avec conviction et agrémentée d'un charme Bis autour de seconds couteaux (Richard Grenna, Georges Kennedy). Un divertissement mineur qui aurait pu sombrer dans l'indifférence s'il n'eut été rehaussé d'une ambiance ombrageuse sous-jacente, atmosphère rubigineuse infiltrée en interne d'un paquebot. Abordant les thèmes du nazisme et du vampirisme, ces derniers sont traités de manière peu commune, de par l'immoralité morbide d'officiers SS sous emprise surnaturelle puisque à la merci impérieuse d'un navire se nourrissant de sang humain afin de se régénérer.


Le premier meurtre surprend par sa cruauté escarpée et suffocante. Un homme suspendu par les pieds d'un câble se ballote en l'air avant de périr noyé dans l'eau glaciale de la mer. Cette séquence particulièrement éprouvante se joue de sadisme latent afin de savoir si ce dernier accroché aux pieds pourrait éventuellement s'en délier et sortir de sa besogne. La suite des évènements nous invoque la visite impromptue de nos passagers déambulants dans les couloirs lugubres du vaisseau alors que le capitaine, rescapé de l'ancienne croisière, est possédé par l'entité invisible. Dès lors, la panique s'accapare de chacun de nos invités emprisonnés à bord de ce lieu clos opaque et tentant désespérément de réchapper à moult phénomènes inexpliqués. A l'instar de cette sonnerie de téléphone sans qu'un quelconque interlocuteur ne soit au bout du fil ou de cet électrophone émettant sans raison une musique jazzy, ce visage subitement défiguré d'une héroïne tuméfiée de pustules, ces chuchotements et voix d'outre-tombe faisant écho dans les couloirs, ce bain de douche ruisselant de sang et enfin ces accidents meurtriers souvent commis par les mécanismes industrielles du sous-sol. On peut également souligner le soin accordé aux décors lugubres en interne du bateau suintant la rouille, les toiles d'araignées agrippées aux parois ainsi qu'une présence diabolique palpable à travers les murs de l'embarcation. Telles ses fameuses machines permettant d'alimenter le navire, veines motrices de l'engin maritime. Il y a aussi la découverte blafarde d'une chambre froide renfermant une poignée de cadavres congelés, empalés par des crochets de boucher. Ce décorum sensiblement photogénique insuffle donc une réelle efficacité au cheminement  narratif, de par son atmosphère glauque diluée autour d'une énigme macabre.


Nonobstant son manque de densité narrative, ces dialogues sommaires et ces personnages peu développés, Le Bateau de la mort prône le film d'ambiance horrifique avec une aura irrésistiblement malsaine. Quand bien même certaines scènes-chocs (le meurtre liminaire, la femme piégée dans la douche, l'un de rescapés baignant dans un filet de pêche rempli de cadavres liquéfiés) marquent les esprits par leur impact graphique particulièrement réaliste. Une sympathique série B à l'ancienne sauvée par son esthétisme sépulcral d'où émane une angoisse assez persuasive. 

NOTE: Un remake nullissime réalisé par Steve Beck fut entrepris en 2001. L'ambiance qui faisait tout le sel du film d'origine en est totalement bannie au profit d'FX horrifiques pétaradants.

22.01.11.  2.
Bruno Matéï


Angoisse / Anguish / Angustia

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site worldscinema.org

de Bigas Lunas. 1987. Espagne. 1h24. Zelda Rubinstein, Michael Lerner, Talia Paul, Ángel Jovè, Clara Pastor, Isabel García Lorca, Nat Baker, Edward Ledden, Gustavo Gili, Antonio Regueiro...

Date(s) de Sortie(s) :  France: 19 avril 1989  U.S.A: 08 janvier 1988

Récompenses: Prix très spécial, Prix de la critique, Prix du public, Prix du meilleur scénario au Festival du Rex à Paris en 1988.
Prix de la meilleure photo à Avoriaz 1988.

FILMOGRAPHIE: Juan José Bigas Luna est un réalisateur espagnol, né le 19 mars 1946 à Barcelone (Espagne). 1978 : TatuajeBilbao, 1979 : Caniche, 1981 : Reborn, 1985 : Kiu i els seus amics (série TV),1986 : Lola, 1987 : Angoisse (Angustia), 1990 : Las Edades de Lulú, 1992 : Jambon, jambon (Jamón, jamón),1993 : Huevos de oro, 1994 : La Teta y la luna, 1995 : Lumière et Compagnie, 1996 : Bámbola, 1997 : La Femme de chambre du Titanic, 1999 : Volavérunt, 2001 : Son de mar, 2006 : Yo soy la Juani.


Quand la fiction dépasse la réalité
Passionnante réflexion sur le pouvoir influent de l'image, sur la manipulation du cinéma et sa compétence sensorielle à ménager les émotions, Angoisse est aussi une magistrale expérience sur la confusion de la fiction et de la réalité brouillant les repères du spectateur. Un ophtalmologiste vit reclus auprès de sa mère. Bientôt, John va devenir aveugle suite à un problème de diabète. Sa mère qui exerce sur lui une grande influence profite de ses pouvoirs télépathiques pour l'inciter à perpétrer des crimes par vengeance en extirpant les yeux des victimes. Rares sont les films d'horreur à nous insuffler un état anxiogène sensoriel et rares sont ceux réussissant l'exploit de nous faire partager un trip expérimental. En découle ici une réflexion passionnante sur notre rapport affectif à l'image et sur notre faculté intellectuelle à se fondre dans une fiction brouillant la carte du réalisme. Bigas Lunas, plus inspiré que jamais, débute sa trame avec le portrait inquiétant d'un schizophrène myope obsédé par les yeux, co-existant avec sa mère (formidable Zelda Rubinstein, magnétique et patibulaire). Une sexagénaire possessive douée de télépathie et d'hypnotisme. A travers quelques images baroques (l'escargot rampant sur un corbeau noir) et cauchemardesques (les relations équivoques mère/fils sous effet d'hypnose et la série de meurtres qui s'ensuit), nous poursuivons la besogne de John à daigner se venger de ceux qui l'auront humilié pour leur extirper les yeux des orbites avant de les assassiner. A travers cette idée destructrice et obsessionnelle d'annihiler la vue chez les coupables, le double meurtre ayant lieu chez des bourgeois entraînent déjà chez le spectateur un malaise diffus du fait du réalisme cru des situations sauvagement exposées et des scènes gores explicites misant sur l'effroi d'orbites arrachées au scalpel. Après cette morbide exaction impliquant les mobiles de John et de sa mère perfide, Angoisse  lève subitement le voile pour nous dévoiler le subterfige auquel nous venons d'assister !!!


Spoiler !!! Si bien que cette mise en scène n'étant qu'un leurre, une mise en abyme que des spectateurs contemplatifs étaient entrain d'expérimenter en interne d'une salle de cinéma !Dès lors, deux histoires distinctes, la continuité du récit fictif de John ayant lieu devant l'écran et les horribles "nouveaux" évènements que vont subir nos spectateurs(/acteurs) réunis dans la salle, vont s'agencer pour former une analogie. Car par une intrusion inopinée, un second maniaque s'est réellement introduit dans la salle pour reproduire à l'identique le cheminement narratif du film diffusé dans la salle. Obsédé par le récit, les meurtres et surtout l'identité de l'assassin, il s'efforce de s'y influencer pour passer à l'acte criminel ! Fin du Spoiler. Or, pour amplifier l'effet de malaise mêlé d'angoisse tangible, Bigas Lunas va introduire à mi-parcours une séance d'hypnose commanditée par la mère de John. Cette modification temporaire de la conscience va soudainement produire un phénomène de vertige chez certains spectateurs, en priorité cette jeune fille terrorisée accompagnée de son amie inflexible. Ce trip expérimental agissant également sur notre conscience comme si nous étions communément sous l'emprise de la mère de John. Le malaise rigoureux de l'héroïne, au bord du marasme, déteignant sur notre psyché en proie à un semblant de vertige. Mais le pire est à craindre pour le sort des deux spectatrices juvéniles harcelées par le tueur ! Cette seconde partie terriblement déstabilisante et claustrophobe (nous sommes enfermés avec les spectateurs durant quasiment 1h00 au sein d'une salle de cinéma) s'accapare de nos sens émotionnels afin de nous égarer au coeur de deux intrigues parallèles. Un jeu de miroir manipulateur continuant de perpétrer chez nous la confusion de la fiction et de la réalité. D'où cette réflexion sur l'influence que le 7è art peut exercer chez certains esprits fragiles et cette ambivalence de la réalité et du faux semblant que Bigas Lunas manipule avec brio alchimiste.  


Faux Semblant 
Bénéficiant d'un scénario aussi retors que passionnant et baignant dans une atmosphère schizo en chute libre, Angoisse s'édifie en film piège, sommet d'épouvante sensoriel d'un réalisme perturbant. Une pierre angulaire des années 80 à redécouvrir d'urgence, pour peu que certains se soient pâmer devant l'expérience Enter the Void de Gaspard Noe. Luna réussissant ici avec trois fois rien et moins de virtuosité à nous aspirer dans un dédale horrifique vertigineux. Culte, dérangeant et terrifiant.

BM
 
30.07.23. 5èx
24.01.11.





UNSTOPPABLE

Photo empruntée sur Google, appartenant au site rueducine.com

de Tony Scott. 2010. U.S.A. 1H35. Avec Denzel Washington, Chris Pine, Rosario Dawson, Ethan Suplee, Kevin Dunn, Kevin Corrigan, Kevin Chapman, Lew Temple, T.J. Miller, Jessy Schram, David Warshofsky...

Date(s) de Sortie(s) : France: 10 novembre 2010   U.S.A: 12 novembre 2010

FILMOGRAPHIE: Tony Scott (né le 21 juillet 1944 à Stockton-on-Tees, Royaume-Uni - ) est un réalisateur, producteur, producteur délégué, directeur de la photographie, monteur et acteur britannique
1983 : Les Prédateurs, 1986 : Top Gun, 1987 : Le Flic de Beverly Hills 2, 1990 : Vengeance,1990 : Jours de tonnerre, 1991 : Le Dernier Samaritain,1993 : True Romance, 1995 : USS Alabama,1996 : Le Fan,1998 : Ennemi d'État, 2001 : Spy Game, 2004 : Man on Fire,   2005 : Domino, 2006 : Déjà Vu, 2009 : L'Attaque du métro 123, 2010 : Unstoppable.

LES ANCIENS SAMARITAINS.
Après l'impersonnel et raté L'Attaque du métro 123, l'imperturbable et prolifique Tony Scott récidive un an plus tard avec cette série B ludique de samedi soir concoctée sans prétention, entièrement vouée à l'action sobre et au suspense. Et on peut dire que le divertissement honnête fonctionne plutôt bien sans jamais péter plus haut que son cul.

Deux chauffeur de train se lancent dans une course contre la montre quand un train fou sans conducteur transportant des produits toxiques dangereux se dirige à toute allure vers les banlieues urbaines à proximité de sa destination.

Sur le canevas rebattu du duo sympa destiné à sacrifier leur vie au prix de moult dangers, Unstoppable ne compte pas innover ou révolutionner le genre. Le divertissement limpide n'ayant d'autre but que de miser sur l'efficacité d'un rythme vigoureux alimenté avant tout par l'intensité de son suspense plus que par l'action pétaradante présagée.
En effleurant au passage le rôle des médias, de ces journalistes toujours à l'affut de la moindre info la plus croustillante, empressés de la divulguer à la TV et bien avant que les experts travaillant d'arrache-pied sur le terrain n'en soient indubitablement avertis de prime abord, chauffeurs de train y compris !
Il faut dire aussi que les médias suivent en temps réel, via l'entremise d'un hélicoptère et des voitures de fonction allouées, le cheminement infernal d'un train sans chauffeur lancé à toute allure vers les agglomérations environnantes ! De manière à pouvoir filmer le moindre dérapage incontrôlé du train abritant 8 cuves de produits toxiques ou le pire accident redouté auprès d'une population avide de sensation fortes ! Chaque résident des diverses régions s'étant réuni devant les passages à niveau que le train doit obligatoirement emprunter.
Alors que dans les foyers, les quidams tranquillement installés dans leur canapé, obnubilés devant l'écran plat dernière technologie, pourront suivre l'action continue sans rater d'une seconde le spectacle à l'affût d'une potentiel catastrophe de grande envergure !

La mise en scène alerte de Tony Scott, techniquement pertinente possède un véritable savoir faire coutumier et le nombre d'évènements et rebondissements inopinés qui auront lieu sont tout à fait convaincants et n'en font jamais trop ! Ce qui est pour moi la qualité première d'Unstoppable qui ne prend pas son spectateur pour un abruti venu voir un gros joujou filmique rempli à rabord d'explosions et de crashs en tous genres ! Autant avertir les surexcités des testostérones qu'ils risquent d'être fortement déçus !

L'entreprise du spectacle haletant gentiment accordé est également alloué au duo formé par notre valeur sure Denzel Washington et le néophyte à la trogne de jeune beau gosse Chris Pine. Un couple en nuance, via leur génération distincte, mais qui ne nous ressert pas ici les traditionnels clichés de grandes gueules à la mésentente conflictuelle.
Étonnamment, le jeune Chris Pine se tire honorablement d'une sobre prestance, à peine héroïque, fondée avant tout sur l'humanité de son personnage non dénué de défaut caractériel et d'une culpabilité dans sa naïveté jalouse à avoir fustigé un innocent faussement épris de son idylle amoureuse. D'ailleurs, cette futile romance exposée qui intervient à l'intérieur du récit se révèle moins nunuche qu'à l 'accoutumé.
Denzel Washington incarne avec sa traditionnelle spontanéité innée un chauffeur de train chevronné, un baroudeur inflexible prêt à affronter un monstre d'acier difficilement apprivoisable. La aussi nous avons affaire à un personnage noble et dépouillé jamais voué à l'entreprise bondissante de hauts risques pour épater la galerie et la quête du spectaculaire improbable.

RUNAWAY TRAIN.
Ludique, dense et haletant, sans jamais céder à l'artillerie lourde de l'action vrombissante, Unstoppable est une bonne série B du samedi soir, honnête, agréable, fluide et menée sans temps mort. C'est avant tout son savant dosage de suspense bien tempéré et le duo attachant formé par deux acteurs sobrement exploités qui fait le charme de ce spectacle modeste jamais prétentieux (alors qu'il avait les moyens d'en foutre plein la vue avec une trame aussi dantesque !).
Quitte à me répéter, les amateurs de vrai cinéma d'action estomaquant, eux par contre, risqueraient quand même d'être bien déçus.

24.01.11

LIVRE DE SANG (Book of Blood)

de John Harrison. 2008. Angleterre. 1H36. Avec Jonas Armstrong, Sophie Ward, Paul Blair, Romana Abercromby, Simon Bamford, Doug Bradley, Gowan Calder, James McAnerney, Marcus McLeod, James Watson.

 (avis subjectif d'un puriste amateur)


FILMOGRAPHIE: John Harrison est un réalisateur, scénariste et acteur américain composant parfois la musique de films (Le jour des morts-vivants, Creepshow)
1979 : Effects
1984: Tales from The Darkside, Saison 1.
1990 : Darkside, les contes de la nuit noire (également compositeur)
2005: Supernova
2008: Livre de sang, Blank Slate



BOOK OF BARKER.
Cette nouvelle adaptation cinématographique est tirée d'une célèbre anthologie de l'horreur regroupant 6 recueils créés par le romancier britannique Clive Barker, publiés au milieu des années 80, intitulée Livres de sang.
Durant cette décennie, le cinéma n'aura pas tardé à exploiter l'incroyable richesse d'un univers sadomasochiste mêlant fétichisme, sexe, perversion et horreur. Un premier essai cinématographique verra le jour avec Rawhead Rex, nanar folichon qui aura tellement vexé le romancier, dépité du résultat final, qu'il décide d'entreprendre lui même la réalisation de Hellraiser, film culte par excellence et saga incontournable du cinéma d'horreur à l'icône mondialement célébrée.
Ce sera ensuite au tour du génial Candyman  d'être porté à l'écran par Bernard Rose alors que Barker reprend furtivement le poste de metteur en scène avec l'excellent Le Maitre des Illusions. Il y aura également le film à sketchs de Mick Garris, Quicksilver Highway, tiré d'une nouvelle de Stephen King et de Barker.
Plus récemment, le romancier anglais monte le projet Midnight Picture Show pour une nouvelle réadaptation de ses écrits.
Le premier film sera Midnight Meat Train de Ryuhei Kitamura, le second, dread  de Anthony DiBlasi et enfin ce Book of Blood, produit par Barker lui même, traduit en France par Livre de sang dont je vais m'attarder ici à vous dévoiler mes impressions à chaud.

Une professeur spécialiste des phénomènes paranormaux décide de s'installer dans une étrange demeure où de sinistres évènements macabres ont eu lieu récemment. Elle va faire la connaissance d'un de ces jeunes élèves de cours, Simon, qui posséderait le don de prescience. Epaulés d'un assistant, ils vont tenter ensemble de découvrir les secrets que renfermerait la maison maudite.


Livre de sang démarre avec une étonnante scène d'intro déroutante et hermétique ! Après avoir rencontré dans un fast-food un jeune vagabond au visage tuméfié, un homme se réfugie à l'intérieur d'une cabane parmi l'étranger et décide de le dépecer vivant sous les ordres d'un mystérieux leader
Le metteur en scène déploie ensuite tranquillement sa trame éventuelle après nous avoir présenté ses protagonistes austères et attachants pour renouer avec les conventions sommaires du film de maison hantée. On déballe donc l'artillerie balisée d'effets superficiels et grand-guignols n'impressionnant plus personne aujourd'hui comme ces chuchotements entendus dans les couloirs, des tambourinements résonnants via les cloisons ou l'incandescence de flammes s'éjectant des murs. Dès lors, on se demande l'air dubitatif dans quel bourbier nous sommes nous encore réfugiés ?
Que nenni ! Car la suite des évènements vont heureusement élucider ces potentiels phénomènes paranormaux pour entamer la véritable narration d'une intrigue fascinante, richement gambergée par le maitre de cérémonie, Clive Barker.
C'est l'incroyable univers concocté par notre romancier qui permet d'offrir via l'intermédiaire du cinéma inspiré ce pouvoir de fascination contemplatif, visuellement fourni et dépaysant pour ceux qui aiment se noyer dans les mondes occultes aux intersections parallèles à notre réalité. Un carrefour de la mort auquel certains vivants vont tenter d'y accéder au péril d'une découverte incongrue. Un règne des ténèbres où des morts nonchalants cheminant inlassablement leur destinée souhaitent nous faire parvenir leur labeur incriminée, leurs histoires invoquées, leur douleur de ne pouvoir étaler au grand jour la vérité des faits au monde des vivants !
C'est cette seconde partie du métrage laissant libre cours à son foisonnement visuel intense (même si les CGI dénaturent quelque peu la texture vétuste du climat décrit) et à une imagination hors normes que Livre de sang déploie son talent consolidé dans sa richesse narrative et son sens débridé de l'horreur accès à l'abnégation d'un bonimenteur torturé.


C'est Sophie Ward qui incarne de manière langoureuse le rôle équivoque, en demi-teinte de Mary. Une professeur d'université ambitieuse, passionnée par les mondes occultes auquel elle semble éprouver une attraction malsaine sous-entendue. Etrangement, elle ressemble à s'y méprendre au personnage de Julia dans le célèbre Hellraiser, interprétée par Clare Higgins. On y retrouve une certaine similitude dans son regard de braise voluptueux à souhait, dans sa sombre stature à l'érotisme charnel jous-jacent et aux tendances sadiennes insidieusement perverses dans sa quête effrontée du pouvoir.

RESPECT AUX NONS MORTS.
Interprété avec bienséance par des comédiens frugaux au caractère trouble et sournois, Livre de sang est une excellente petite série B qui prend son sujet à coeur, dans une mise en forme adulte à la sincérité probante, et cela même si la mise en scène manque d'une certaine ambition.
Son univers mortuaire et pénétrant nous accorde des images baroques (la plénitude des ténèbres aux nuances ocres) et poétiques (les libellules apprivoisées par le corps de Mary), fantasmant notre esprit sollicité par l'emprise d'un au-dela cafardeux et mélancolique. Alors que l'efficacité de quelques scène gores assez gratinées (le dépeçage à vif d'un visage, les écrits mis en exergue sur la chair humaine) occupent logiquement leur revendication dans ce sombre requiem dédié à la souffrance des morts.

25.01.11

vendredi 25 février 2011

I spit on your grave 2010 (je crache sur vos tombes)

   
                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site myscreens.fr

de Steven R.Monroe. 2010. U.S.A. 1H48. Avec Sarah Butler, Chad Lindberg, Daniel Franzese, Rodney Eastman, Jeff Branson, Andrew Howard, Saxon Sharbino, Tracey Walter.

FILMOGRAPHIE: Steven R. Monroe est un réalisateur américain. 
Le piège (2004), Terreur en milieu hostille, House of 9 (2005), les Mangeurs d'âme (2006), Sasquatch Mountain (2006), Ogre (2008. T.V), Tornade de Glace (T.V. 2009).                


En 1978, à travers une mise en scène rugueuse proche du documentaire, I spit on your Grave éclabousse l'écran de par son sujet brûlant traité avec crudité, et immortalise au passage le portrait de sa victime incarnée par l'inoubliable Camille Keaton. Le réalisateur Meir Zarchi s'inspirait à la base d'un drame véridique lorsqu'il fut témoin en 1974 qu'une femme errait nue dans un parc de New York après avoir été fait violée. Le film controversé choqua tant à l'époque qu'une poignée de féministes lui intentèrent un procès (à tort). 33 ans plus tard, Steven Monroe s'accorde de le remaker. Une tentative plutôt audacieuse afin de tenter de renouer avec l'ambiance malsaine d'un rape and revenge poisseux, à l'instar de sa séquence de viol difficilement supportable. Une séduisante écrivaine s'isole dans un chalet en pleine forêt pour se remettre à l'écriture de son nouveau livre. Mais une bande de marginaux qu'elle aborda furtivement sur sa route décide de l'agresser pour la violer. Laissé pour morte, elle décide d'entamer une chasse à l'homme pour punir ses bourreaux. Dans une photographie désaturée laissant transparaître la clarté solaire des paysages forestiers, ce remake tant redouté est soutenu par la sobriété de sa mise en scène insufflant un climat d'insécurité à travers le refuge rural d'une cabane perdue au milieu de nulle part auquel une jeune femme s'adonne en guise de repos. Steven R. Monroe ne s'attarde pas à épiloguer sur la banalité du quotidien paisible de la jeune écrivaine. Il pénètre donc rapidement dans le vif du sujet et nous entraîne dans son 1er acte à un éprouvant moment d'ultra violence centrée sur l'humiliation et le viol de l'héroïne. Autant dire que l'ambiance malsaine et claustro s'insinue dans l'esprit du spectateur face au calvaire enduré par la victime.


Tant pour les humiliations récursives que la scène de viol brutale et (une fois de plus) difficilement supportable. Ainsi, comme dans le modèle de Meir Zarchi, aucune complaisance n'est requise pour tenter de l'émuler alors que la seconde partie accès sur la revanche de Nemesis ira encore plus loin dans la violence graphique dépassant largement les débordements sanglants de Meir Zarchi. Ces règlements de compte habilement mis en scène sont exploités de manière anti conventionnelle même si l'on sent l'influence en vogue du tortur'porn. Ici, les pièges mortels n'ont heureusement rien de ludiques et ne rivalisent donc pas d'ingéniosité machiavélique pour épater le spectateur voyeuriste. En prime, pour renforcer le caractère crédible de la vendetta, Sarah Butler (A Couple of White Chicks at the Hairdresser, Flu bird Horror) s'impose en digne héritière de Camille Keaton si je peux me permettre. Son regard sournois dénué de compassion et ses exactions tous plus barbares les uns que les autres nous interpelle, déconcerte, voir nous attriste de par son acharnement sur ses tortionnaires réduits à l'état d'objet. Si bien qu'ici, les victimes terrifiées en état de marasme, agonisent, hurlent, supplient, pissent dans leur froc, vomissent et transpirent la sueur. Tout un programme trashouille donc ! Qui plus est, ces antagonistes s'avèrent honorablement crédibles de par leur prestance virile et sanguinaires, principalement le shérif endossé par Andrew Howard. Commanditaire le plus répréhensible du fait de son autorité castratrice envers ses acolytes mais aussi redoutablement insidieux dans son rôle vertueux de bon père de famille. Dans le rôle de l'attardé, Chad Linberg peut de prime abord laisser le spectateur dubitatif par le biais de son apparence stéréotypée mais sa volonté de nous convaincre avec une certaine émotion finit par emporter notre adhésion.


L'ange du mal 
Poisseux, glauque, parfois insupportable, brutal et gore, I Spit on your Grave détonne et convoque la nausée dans son traitement radical, jusqu'au boutiste sur l'instinct bestial qui sommeille en chacun de nous. Sa réflexion sur l'auto-justice auquel une victime avilie se révèle encore plus monstrueuse que ses odieux agresseurs ne manque pas d'intelligence à l'écran pour dénoncer ses exactions criminelles inscrites dans le sadisme. On pardonnera par contre quelques scories (la musique parfois pompeuse souhaitant souligner l'horreur du danger ou la facilité de Jennifer à s'accaparer de ces bourreaux tombant comme des mouches dans les mailles du filet) pour approuver la qualité de ce remake assez couillu, dépassant même son modèle lors de sa seconde partie incisive. C'est d'ailleurs vers l'icone féminine que la caméra s'attardera pour clôturer I spit on your grave, une image glaçante de non-dit. Plutôt excellent donc sans évidemment atteindre l'intensité crapoteuse de son modèle (une toute autre époque documentée !). 

*Bruno
01.02.11

127 HOURS


de Danny Boyle. 2010. Angleterre / U.S.A. 1h32. Avec James Franco, Kate Mara, Lizzy Caplan, Amber Tamblyn, Treat Williams, Kate Burton, Darin Southam, Peter Joshua Hull, Elizabeth Hales, Tye Nelson

Sortie salles France: 23 Février 2011.  U.S.A: 5 Novembre 2010

FILMOGRAPHIE: Danny Boyle est un réalisateur britannique, né le 20 octobre 1956 à Manchester (Royaume-Uni). 1994 : Petits meurtres entre amis (Shallow grave) ,1996 : Trainspotting, 1997 : Une vie moins ordinaire (A Life less ordinary),2000 : La Plage (The Beach),2002 : 28 Jours plus tard (28 Days Later),2004 : Millions, 2007 : Sunshine, 2008 : Slumdog Millionaire, 2010 : 127 Hours, 2013 : 28 mois plus tard.


Il faut d'abord souligner que Danny Boyle eut l'idée de mettre en scène cette incroyable histoire depuis plus de 4 ans. Il s'est également entrepris à l'écriture du scénario avec la collaboration de Simon Beaufoy, d'après l'autobiographie Plus fort qu'un roc (Between a Rock and a Hard Place) d'Aron Ralston Il s'agit de l'histoire véridique d'un alpiniste américain de 27 ans victime en Mai 2003 d'un accident durant une randonnée dans le Blue Canyon de l'Utah. Il resta bloqué dans une crevasse pendant précisément 6 jours et 5 nuits. Un jeune alpiniste parti en randonnée dans les gorges de l'Utah se retrouve emprisonné dans la crevasse d'un canyon, le bras coincé suite à l'éboulement d'un rocher. Pris au piège et livré à lui même, Aron Ralston va tenter par tous les moyens de se sortir de sa prison. 



Filmé à la manière d'un doc parmi la présence d'un seul acteur évoluant autour d'un décor limité, Danny Boyle nous emmène droit en enfer auprès d'une leçon de courage et de survie plutôt singulière. L'épreuve de force d'un alpiniste perdu au milieu de nulle art, un témoignage essentiel  sur l'incroyable capacité humaine à dépasser ses propres limites et ainsi braver, défier la mort en s'y opposant coûte que coûte. Ce long calvaire de 127 heures octroyé à Aron Ralston s'avère sous l'oeil de Danny Boyle une expérience humaine et viscérale d'une intensité sensorielle. En proliférant les  plans serrés sur le visage chétif du héros, cette épreuve surhumaine et cauchemardesque se révèle d'un réalisme vertigineux. Durant 1h30, nous allons vivre et subir les interminables minutes d'un homme seul encastré en interne d'un gouffre. Un athlète handicapé d'un membre mais délibéré à se battre jusqu'au dernier ressort ! Introspection sur la thématique de la survie, la maîtrise de l'esprit et la faculté de pouvoir s'adapter à une situation extrême en s'opposant à la mort, Aron Ralston tentera de se dépêtrer du piège avec une pugnacité surhumaine. Et ce malgré ses contraintes telles que la solitude, la peur de l'échec et donc de la mort, l'anxiété, l'hypothermie, la déshydratation, la faim, les intempéries, son corps en décrépitude et les hallucinations davantage palpables faute de  organisme physique Fort de sa dimension humaine en baroudeur de l'extrême, James Franco nous insuffle ses émotions bigarrées avec une intensité viscérale aussi bien expressive que couillue. A l'instar de sa conclusion cinglante !


Criant d'authenticité, claustrophobe en diable, sensoriel, pragmatique et viscéral, 127 Hours relate avec une vertigineuse intensité et souci de réalisme "naturel" une expérience humaine salutaire.  Porté à bout de bras par James Franco transi d'émoi sous le pilier d'une réalisation à la fois solide et inventive (notamment ses plages de poésie), 127 Hours laisse en exergue un hymne à la vie, au surpassement de soi et à l'amour avec une originalité inattendue ! 

* Bruno
02.02.11

LA REVOLTE DES MORTS-VIVANTS (La Noche del terror ciego)

                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

de Amando De Ossorio. 1971. Espagne / Portugal. 1H30. Avec César Burner, Lone Fleming, Elena Arpon, Joseph Thelman, María Elena Arpón.

FILMOGRAPHIE: Amando de Ossorio (6 avril 1918 – 13 janvier 2001) est un réalisateur espagnol spécialisé dans le film d'horreur et connu plus particulièrement pour sa tétralogie dite « des Templiers ».
1956 : La Bandera negra (The Black Flag) ,1964 : La Tumba del pistolero,1966 : Massacre à Hudson River, 1967 : Pasto de fieras, 1967 : La Niña del patio,1967 : Arquitectura hacia el futuro, 1968 : Escuela de enfermeras, 1969 : Malenka, 1971 : La Révolte des morts-vivants , 1973 : La Noche de los brujos, 1973 : Le Retour des morts-vivants , 1974 : The Loreley's Grasp, 1974 : Le Monde des morts-vivants, 1975 : La Chevauchée des morts-vivants, 1975 : La Endemoniada,1976 : Las Alimañas (The Animals), classé S (= X en Espagne),1980 : Pasión prohibida (Forbidden Passion), classé S (-18 de ans) en Espagne, -18 puis reclassé -16 en France, 1984 : Hydra, le monstre des profondeurs. 
    Les morts sont vivants mais les chevaux, eux, le sont-ils ?
    La Révolte des Morts-vivants est le premier volet d'une célèbre saga constituée de quatre longs-métrages imaginés et réalisés par Amando De Ossorio. En s'appropriant d'un archétype mondialement célébré avec la Nuit des Morts-vivants, le réalisateur espagnol décide d'y apporter sa touche personnelle en créant des personnages moribonds de templiers décharnés, vêtus de soutanes décrépies , et cavalant sur leurs chevaux dans des effets de ralenti alambiqués. Au 13è siècle, une jeune femme est offerte en sacrifice à une secte de templiers confinés dans leur église. Après l'avoir flagellé et potentiellement dévoré, nos adorateurs du malin vont être condamnés par le roi d'Espagne pour meurtre sous couvert de rite macabre. Quelques siècles plus tard, les condamnés décident de se venger en revenant d'entre les morts pour tourmenter les vivants. Dans le rayon série Z impayable, La Révolte des Morts-vivants possède suffisamment d'atouts dans son sac à cadavre pour contenter l'amateur de nanars festifs. Après une scène d'introduction plutôt violente (mais surjouée), assez complaisamment gore pour égayer notre appétit pervers (gros plans juteux sur les plaies entaillées par des coups de sabre assénés sur le corps d'une innocente enchainée), la suite des aventures de nos templiers va cependant s'atténuer en terme de surenchère. La narration linéaire nous convoque ensuite deux couples d'amants aussi abrutis qu'inexpressifs, réunis dans les ruines de nos templiers parce que l'une de leur amie aura disparu après avoir sauté d'un train en arrêt ! Dès lors, c'est la débandade, l'escapade dans les situations les plus saugrenues ! Comme cette jeune fille réfugiée dans une pièce remplie de mannequins (pourvu d'éclairages d'une nuance ocre que n'aurait pas renié Bava) ou une morgue inquiétante auquel un médecin va narrer aux protagonistes la terrible histoire des templiers. Ces derniers ayant été condamnés par l'autorité pour avoir pratiqué de monstrueux sacrifices humains. En guise de punition, on leur avait arraché les yeux de leur orbite par des corbeaux après avoir été pendus à un arbre. On l'aura compris, le scénario n'existe pas, les comédiens jouent comme des vaches à lait et chaque situation hasardeuse se confronte à l'incohérence la plus répréhensible quand on voit l'attitude débile de nos personnages potentiellement épouvantés ! A titre d'exemple croquignolet, je vous recommande sans réserve la séquence risible où un gugusse barbu s'amuse à observer et tripatouiller une grenouille dans un bocal d'eau ! Heureusement, toute cette fanfaronnade involontairement pittoresque est également rehaussée de décors plutôt soignés comme ses ruines gothiques lugubres et fantasques ou ses plaines verdoyantes héritées d'un Jean Rollin. Avec peu de moyens, Amando De Ossorio administre également une ambiance étrange sous-jacente sur fond d'érotisme polisson à de rares exceptions. Mais c'est surtout cette pléiade de templiers maudits sortis d'outre-tombe, chevauchant sur leur cheval à la conquête de leurs victimes, qui interpelle et fascine le spectateur amusé. Le final bordélique se clôturant dans le décor insolite d'un train de voyage vaut également son pesant de cacahuètes et termine sa besogne avec le plan fixe d'un cri infernal d'une cinquantenaire éberluée et décoiffée !

    "Quand il n'y a plus de places en enfer, les morts reviennent à cheval !"
    Vous l'aurez compris, La Révolte des Morts-Vivants est une série Z à réserver aux inconditionnels de nanars auquel l'ambiance vintage accorde pourtant un réel attachement. Du moins pour ceux vouant un culte aux zombies hétéroclites plutôt photogéniques ! Leur présence fantomatique demeurant également soutenue d'une sombre partition gutturale aux accents latins. Enfin, les réparties verbales impayables exprimées par nos comédiens renforcent le caractère sympathique cette petite production croyant dur comme fer à épouvanter le spectateur. Dans tous les cas, l'épouvante aura bien lieu !

    Bruno Matéï
    02.02.11.  2.



    LA COURSE A L'ECHALOTE

    de Claude Zidi. 1975. France / Allemagne. 1H39. Avec Pierre Richard, Jane Birkin, Michel Aumont, Marc Doelnitz, Amadeus August, Henri Déus, Luis Rego, Catherine Allégret, André Bézu, Jean Martin, Claude Dauphin...

    (avis subjectif d'un puriste amateur)


    Sortie en France le 08 Octobre 1975. Box Office: 2 956 550 entrées

    FILMOGRAPHIE: Claude Zidi est un réalisateur et scénariste français né le 25 juillet 1934 à Paris.
    1971 : Les Bidasses en folie, 1972 : Les Fous du stade, 1973 : Le Grand Bazar, 1974 : Les Bidasses s'en vont en guerre,  1974 : La Moutarde me monte au nez, 1975 : La Course à l'échalote,1976 : L'Aile ou la Cuisse, 1977 : L'Animal, 1978 : La Zizanie, 1979 : Bête mais discipliné, 1980 : Les Sous-doués, 1980 : Inspecteur la Bavure, 1982 : Les Sous-doués en vacances, 1983 : Banzaï, 1984 : Les Ripoux, 1985 : Les Rois du gag, 1987 : Association de malfaiteurs, 1988 : Deux, 1989 : Ripoux contre ripoux,1991 : La Totale !, 1993 : Profil bas, 1997 : Arlette,1999 : Astérix et Obélix contre César,  2001 : La Boîte, 2003 : Ripoux 3.

      Un an après le succès mérité de la Moutarde me monte au nez (3 702 322 entrées dans toute la France), Claude Zidi rempile à nouveau pour une nouvelle comédie de boulevard avec son tandem indissociable alloué par l'irrésistible Pierre Richard et la taquine comédienne anglaise Jane Birkin.

      Pierre Vidal travaille en tant qu'employé dans une banque reconnue, la "20th century bank". Pendant ces heures de travail, il s'amuse en guise de jalousie à épier sa jeune concubine, Janet, esthéticienne d'un institut de beauté situé juste en face de l'établissement bancaire. Car depuis quelques temps, son amie se plaint d'une vie de couple morne, routinière et soporifique.
      En l'occurrence, le directeur de banque propose à Pierre de le remplacer le temps de quelques jours de vacances méritées.
      Surpris par cette proposition, l'employé timide et gaffeur accepte malgré tout avec hésitation. Quelques temps après son nouveau poste attribué, un homme du nom de M. de Rovère vient déposer dans son coffre un acte de cession des parts d'un célèbre cabaret parisien.
      Mais un autre homme maquillé et camouflé en femme réussit quelques instants plus tard à dérober la fameuse mallette contenant les documents indispensables.
      Témoin du vol, Pierre va se lancer avec son amie Janet dans une traque périlleuse contre ses ravisseurs qui les mèneront jusqu'en Angleterre pour récupérer la fameuse mallette et avant que le directeur ne soit rentré de vacances.


      On ne change pas une équipe qui gagne, notre finaud Claude Zidi, spécialiste de la comédie franchouillarde et troupière réunit donc son duo payant pour une nouvelle aventure moins compact et ambitieuse que son prédécesseur mais suffisamment bien huilée, vigoureuse dans son scénario bourré de péripéties endiablées et improbables et menée avec une énergie véhémente.
      On ne peut pas dire que les gags souvent lourdingues soient d'une finesse gracile alors que son scénario débridé ne lésine pas sur certaines incohérences saugrenues. Mais l'abattage de l'imparable Pierre Richard, souvent irrésistible dans ses gaffes impromptues et le charme juvénile de l'insolente Jane Birkin entrainent aimablement le spectateur dans une aventure pleine d'entrain, de tempérament, de bonne humeur et de situations farfelues menées sans aucun essoufflement.

      Que ce soit le faux hold-up improvisé dans la banque en guise d'introduction, le carnaval festif où nos malfaiteurs réfugiés dans un train se sont déguisés en travello pour tromper la police et nos deux héros, la demeure incendiée rendue décharnée où Pierre et Janet se retrouvent au dernier étage dans l'abri d'une baignoire remplie d'eau ou le fameux final bordélique situé dans un théâtre en pleine représentation.
      Cette séquence ultime, volontairement déstructurée déploie une armadas de gags bon enfant dans une ambiance festive digne d'un cirque Cruz compensant le peu de moyens par une imagination délurée !
      Les numéros animés qui vont incessamment défilés sont tous plus barrés et débiles les uns que les autres !
      A titre d'exemples, il y a ces flics déguisés en danseur de cygne montant sur la scène pour tenter de réprimander Pierre, le nègre molosse tentant de couper un tronc d'arbre à la hache mais perturbé par le bruit voisin des autres coups assénés par notre gaffeur frisé (situé dans la pièce d'à côté !) frappant lui aussi avec le même instrument sur des décors du théâtre pour retrouver la fameuse mallette obstruée.
      Ou encore ce lanceur de couteau perfide, fermement décidé à poignarder notre perturbateur alors que toute la salle, hilare, croira sans suspicion que toute cette mascarade chorégraphiée par ce trublion frisé et ses complices n'était qu'une prodigieuse mise en scène faisant partie du spectacle pour contenter son public conquis !


      L'inénarrable gaffeur intrépide Pierre Richard réussit donc une fois de plus à créer l'hilarité et les pires catastrophes nanardesques dans ces mésaventures abracadabrantes déployées pour ses pitreries notoires. Des rebondissements fantasques souvent si risibles, parfois même à la limite de la consternation qu'ils réussissent malgré tout à provoquer le rire complice tant l'effet escompté part d'un esprit de bonne intention.
      La charmante et pétillante Jane Birkin ajoute une véritable fraicheur et un naturel attendrissant dans ses taquineries indociles envers son compagnon maladivement jaloux de perdre sa dulcinée.
      Leur tendre et loufoque complicité ajoutent une véritable aura et une bonne humeur chaleureuse empêchant le film de sombrer dans le nanar de gaudriole impersonnel, vite vu vite oublié.

      Moins réussi que La Moutarde me monte au nez  mais néanmoins enthousiasmant, ludique, drôlement niais et tempéré par notre duo romantico-espiègle d'amants échevelés, La Course à l'Echalote est un très bon moment de détente mené sur un rythme alerte et doté d'un charme attendri, non exempt de tendresse dans l'humanité de ses personnages retranscrits. Marque de fabrique des petites comédies légères mais sincères qui auront pullulé durant les années 70 jusqu'aux années 80 avec nos classiques télévisuels que l'on connait par coeur (la série des bidasses, l'aile ou la cuisse, banzai, la chèvre, c'est pas moi c'est lui, les compères, inspecteur la bavure, les sous-doués, etc...).
      Et pour les inconditionnels de l'intrépide Pierre Richard, cette comédie sans aucune prétention réalisé avec dévouement est un petit classique faisant partie des plus représentatifs de son palmarès !

      05.02.11.   2



      CAPTIFS

      de Yann Gozlan. 2009. France. 1H24. Avec Zoé Félix, Eric Savin, Arié Elmaleh, Ivan Franek, Igor Skreblin, Philippe Krhajac.


      (avis subjectif d'un puriste amateur)


      Sorti en France le 6 Octobre 2010.

      FILMOGRAPHIE: Yann Gozlan est un réalisateur et scénariste français. Captifs est son premier long-métrage.
      2006: Echo (court-métrage, réalisateur et scénariste)
      2009: Captifs.



      Dans la mouvance de Hostel  et des tortur'porn florissants des années 2000, Captifs  se veut un démarquage hexagonal d'une oeuvre mineure d'exploitation pour en tirer un maximum d'efficacité dans une réalisation alerte menée avec un indéniable savoir-faire. Pour une première réalisation, et comme pour la Horde du duo Rocher/Dahan, Yann Gozlan prouve que dans notre pays policé, nous sommes indubitablement capables de rivaliser avec les ricains en terme de frissons ludiques et jouissifs.

      Une équipe humanitaire composé de deux hommes et une femme sont sur le point d'achever leur mission au Kosovo quand subitement un groupuscule terroriste décide de les kidnapper. Enfermés dans des cachots au beau milieu d'une nature forestière hostile et reculée, nos trois protagonistes vont tenter de s'en échapper. Mais leur mince espoir de survie s'amenuise d'heure en heure, surtout après qu'ils aient découvert les horribles motivations de leurs ravisseurs.



      On prend les mêmes et on recommence ! Un trio d'individus lambdas est enlevé et emprisonné contre leur gré par des tortionnaires aux méthodes sordides pour le compte d'un odieux trafic. Ne reste plus alors pour les victimes que de tenter d'y survivre et pourquoi pas d'y réchapper !
      La première partie du film assez intense s'attribue à un oppressant huis-clos glauque et étouffant dans le refuge moite de cellules opaques et vétustes, d'où suinte l'odeur du sang exsangue et en attendant les lointains cris d'agonie désespérés, autorisés derrière la grande porte d'entrée du bagne crapuleux.
      Le néophyte Yann Gozlan s'attache à nous accorder dans la fluidité d'une réalisation maitrisée le portrait humanisé de nos trois protagonistes pris au piège d'un impitoyable cauchemar sans rescousse, étant pertinemment conscients que leur avenir est mené droit vers les tortures d'un abattoir éhonté.
      Soutenu par un trio de comédiens persuasifs, le réalisateur sait retransmettre avec empathie et émotion sobre le calvaire psychologique et physique enduré par nos prisonniers désemparés, apeurés de leur destin indubitablement moribond.
      De plus, l'auteur utilise judicieusement une bande son oppressante dans le bruitage élémentaire d'objets anodins comme un téléphone et sa sonnerie stridente annonçant la prochaine victime offerte en sacrifice ou d'autres plus nuisibles comme la décharge d'un explosif auquel l'héroïne située aux abords perdra malencontreusement son ouïe auditif.
      Des séquences particulièrement stressantes et terrifiantes exacerbées par ces vibrations sonores contraignantes, adroitement exploitées dans un montage vigoureux.



      La dernière partie du film nous refait le coup de l'inévitable survival forestier affolant et potentiellement rédempteur dans une traque inlassable parfaitement rythmée et coordonnée. Et cela même si certains clichés archi rebattus (la facilité à laquelle l'héroïne arrive à se dépêtrer des pires situations d'extrême danger) amoindrissent le caractère crédible de l'entreprise salvatrice.

      Dans le seul rôle féminin primordial, Zoé Félix tire admirablement son épingle du jeu parmi la virilité de ses deux coéquipiers tempérés. Une prestance assez viscérale, évoquant avec dimension humaine et fragilité aigüe sa séquestration infligée. Elle accorde également autant de crédit dans la partie survival parmi sa détresse tangible d'échapper à ses ignobles ravisseurs ainsi qu'à une meute de chiens enragés lancés à ses trousses. Il est juste un peu dommageable que les poncifs citées plus haut s'octroient une facilité rudimentaire (sans parler du profil identitaire de nos tueurs stéréotypés).

      Violent et oppressant, Captifs est une série B qui n'invente rien et ne prétend pas surpasser ce qui a été célébré avec succès dans les films d'exploitation que l'on connait. Il s'agit avant tout d'une oeuvre modeste, respectueuse et sincère d'offrir avec un indéniable savoir faire technique et une efficacité certaine un sujet mainte fois traité, établi ici sans aucune surprise.
      Avec ce premier film bien troussé, Yann Gozlan prouve qu'il est un aimable artisan plutôt doué et sans présomption. En attendant de lui souhaiter un prochain projet plus ambitieux, original et dense.

      08.02.11


      RIEN A DECLARER

      de Dany Boon. 2010. France/Belgique. 1H48. Avec  Benoît Poelvoorde, Dany Boon, Chritel Pedrinelli, Joachim Ledeganck, Julie Bernard, Jean-Paul Dermont, Karin Viard, François Damiens, Bouli Lanners...


      (avis subjectif d'un puriste amateur)


      Sortie Salle France : 02 février 2011    Date de pré-sortie cinéma : 26 janvier 2011...

      FILMOGRAPHIE: Dany Boon, de son vrai nom Daniel Hamidou, né le 26 juin 1966 à Armentières (Nord), est un acteur, humoriste et réalisateur français.
      • 2006 : La Maison du bonheur (réalisateur et scénariste)
      • 2008 : Bienvenue chez les Ch'tis (réalisateur et scénariste)
      • 2011 : Rien à déclarer(réalisateur et scénariste)


      Après l'improbable succès mérité de Bienvenu chez les ch'tis  qui aura détrôné en nombre d'entrées La Grande Vadrouille avec 20 479 826 spectateurs (deuxième meilleur score du box-office français, derrière Titanic qui en avait rassemblé 20 758 887), Dany Boon nous revient 3 ans plus tard avec cette nouvelle comédie franchouillarde concoctée sans prétention évoquant avec insistance l'idéologie raciste d'un étranger dénigrant ici la France provinciale.
      Une qualité première auquel notre humoriste nordiste ne s'est pas imposé à nous refourguer bêtement un Bienvenu chez les ch'tis bis, version belge ou une copie conforme grossièrement emballée.
      Mais Rien à déclarer  est-il réussi pour autant et surtout provoque t-il les éclats de rire tant escomptés ?

      En 1993, les douanes fixes belges et françaises sont abolies avec le passage à l'Europe.
      Deux ennemis douaniers, l'un français, l'autre belge vont s'unir et faire équipe pour la première brigade volante de nationalité mixte. Ensemble, ils vont essayer de se tolérer en coexistant alors qu'un sombre trafic de drogue opère de manière régulière dans leur commune frontalière.



      Accorder le second rôle principal d'origine belge à Benoît Poelvoorde, s'associer avec notre humoriste français ovationné est déjà une bonne idée à ne pas négliger pour accorder un bénéfice d'intérêt à l'entreprise.
      Sans perdre de temps, le film démarre sur les chapeaux de roue avec des situations gags sommaires et des réparties verbales bon enfant, dans la lignée de son précédent succès. Sauf qu'ici les éclats de rire irrésistibles ont laissé place à des sourires niais par la cause d'un humour gras souvent furtif.
      Là ou le bas blesse, c'est que rapidement la mécanique de Rien à déclarer va souvent tourner à vide et en rond, faute d'un scénario aussi creux qu'une coquille d'huitre soumis par des acteurs prometteurs essayant avec bonne foi de nous communiquer leur bonne humeur et tenter maladroitement de provoquer l'hilarité souhaitée !
      Le problème majeur répréhensible, en dehors du scénario rudimentaire est que notre grand acteur comique belge cabotine en diable et ne dépasse pas le stade d'une prestance aimable mais jamais immersive dans son rôle bougon de raciste belge castrateur.
      Comme la plupart des scènes comiques s'établissent en fonction des caractères volcaniques de notre duo franco/belge, Rien à déclarer  manque impérativement de conviction, de consistance, de personnages hauts en couleurs dans leur complicité fébrilement chaleureuse. Mais surtout, les quelques idées farfelues ou débridées (la voiture transformée en bolide, les courses poursuites impromptues, les routines bucoliques) ne vont pas jusqu'au bout de leur audace à cause d'un manque d'imagination fertile.
      De ce maigre constat, la plupart des gags exposés, aussi sympathiques soient-ils ne dépassent pas le niveau d'une petite comédie mineure sans un degré d'âme ni de folie décomplexée.



      S'il fallait retenir deux, trois séquences au potentiel comique indiscutable, c'est grâce à l'intervention de Bruno Lochet, proprement jubilatoire dans ces apparitions délirantes de passeur de drogue inculte et hébété. Chacune des séquences saugrenues établies en fonction de ses exactions provoquent un rire fougueux inévitable. Que ce soit ses apparitions dans la peau d'un ambulancier frauduleux (alors qu'il manque la lettre U du mot "ambulance" mis en exergue sur la carrosserie), ses virées champêtres à bord d'une 4L de couleur bordeaux coursée par nos 2 douaniers ou sa tentative de cacher une grosse quantité de poches de cocaïne à l'intérieur de son anus !
      Par contre, on se demande avec stupeur ce qu'est venu faire le génial François Damiens dans celui du patron de café inerte et translucide, arrachant à peine de maigres sourires dans une interprétation si frivole qu'on croirait qu'il incarne un rôle dramatique !
      Heureusement, l'attachant Dany Boon accorde un minimum capital sympathie dans sa présence chaleureuse et son tempérament égayé assez communicatif. Sans toutefois accorder le moindre éclat de rire fructueux !



      La globalité de la narration se résume alors à une idylle amoureuse entre Mathias Ducatel (Danny Boon) et la soeur de notre douanier belge xénophobe et les incessantes confrontations caractérielles entre notre duo franco belge (façon Don Camillo en uniforme) formé par Poelvoorde et Boon. Pour pimenter et rendre un peu plus vigoureux ce scénario indigent, on rajoute en toile de fond une traque sommaire afin d'appréhender les responsables d'un important trafic de drogue auquel un couple, gérant d'un café va se compromettre pour subvenir à leurs besoins financiers.

      RIEN A DECLARER DE SURPRENANT.
      Autant avouer que Rien à déclarer n'est surement pas la comédie tordante que l'on était en droit d'espérer, même si le film sympathique et légèrement divertissant se laisse regarder sans véritable ennui (à 2/3 longueurs près quand même).
      Il laisse quand même une impression de frustation après tant de propagande médiatique tolérée pour rameuter les millions de spectateurs curieux et excités de renouer avec les fous-rires frénétiques de Bienvenu chez les ch'tis.
      Pour ma part, Danny Boon est bien gentil et plein de bonnes intentions platement établies (son message social à caractère anti raciste octroyé au choc des cultures) mais sa comédie futile, beaucoup trop docile survole ce problème d'ethnie dans des situations caricaturales au possible maintes fois ressassées (revoyez les Don Camillo ou la série des Gendarmes et jugez la différence !).
      Ne reste plus qu''à m'avouer que la 3è comédie de Boon est aussi vite vue qu'oubliée.

      09.02.11

      F

      de Johannes Roberts. 2010. Angleterre. 1H19. Avec David Schofield, Eliza Bennett, Ruth Gemmell, Juliet Aubrey, Emma Cleasby, Finlay Robertson.


      (avis subjectif d'un puriste amateur)


      Sorti en Angleterre le 17 Septembre 2010.

      FILMOGRAPHIE: Johannes Roberts est un réalisateur et scénariste anglais né le 24 Mai 1975 à Cambridge, en Angleterre.
      Son dernier film, F, a été acclamé par la critique anglaise.

      • F (2010)
      • When Evil Calls (2007)
      • Forest of the Damned (2005)
      • Darkhunters (2004)
      • Hellbreeder (2003)
      • Sanitarium (2001)


      F est une petite production anglaise qui traite de l'insécurité et la montée de la violence dans le milieu scolaire sous la forme tendue d'un slasher oppressant au dénouement déroutant qui en laissera plus d'un sur les lauriers  !

      Le film serait tiré d'évènements réels.

      Robert Anderson est un professeur cinquantenaire peu autoritaire, ce qui lui vaut d'être la brimade de ses élèves de classe. Un jour, parce qu'il a attribué un F à l'un de ses élèves (la pire note infligée en Angleterre), celui-ci se rebiffe subitement en l'agressant violemment à la tête.
      Pour la directrice du lycée, cette agression d'un élève envers son professeur ne vaut pas un recours en justice alors que les parents d'élève estiment que l'adolescent s'était de prime abord senti dépité et rabaissé à cause de la mauvaise note appliquée pour son médiocre travail scolaire.
      11 mois plus tard, Robert Anderson reprend les cours dans une classe au climat toujours aussi insolent et arrogant.
      Le soir même, alors que quelques personnes sont encore dans les locaux de l'établissement, une bande de jeunes cagoulés font irruption pour décimer sans raison les individus pris en otage contre leur gré.




      A travers une structure horrifique entièrement vouée à une terreur psychologique sous-jacente et un suspense lattent remarquablement entretenu plutôt que l'armada d'effets chocs outranciers, le réalisateur britannique souhaite dresser avant tout un constat d'échec sur les rapports davantage conflictuels et tendancieux entre les adultes et leur progéniture. Et plus particulièrement ici les difficiles relations humaines d'enseignement pour un professeur déférent envers l'élève lambda.
      Le début du film sobre et probant établit avec réalisme lucide une étude psychologique sur le portrait d'un professeur de lycée, (David Schofield, remarquable de présence bilieuse dans une composition flegme et anémique !) éreinté et anxieux de l'attitude hostile ou apathique de ses élèves de classe.
      Suite à un incident majeur porté en sa disgrâce par une violence physique gratuite, la trame introductive se soumet aux responsabilités injustifiées d'un acte aussi brutal compromis dans la banalisation de l'agressivité.
      Alors que la hiérarchie scolaire imbue de son autorité tendra à défendre l'élève légitimé par les parents d'élève plutôt que de compatir vers le professeur brimé, accusé d'avoir offensé cet étudiant par un blâme jugé moralement trop répressif et répréhensible.

      C'est le poids de la culpabilité, les remords implicites, l'échec personnel de l'éducation inculquée, la quête de vérité et de la justice dissoute dans une fumisterie faussement humanitaire qui sont dépeints en premier lieu vers la personnalité déshonorée d'un homme esseulé, démotivé, abandonné par tous. Même par sa propre famille auquel sa fille, élève de ce même lycée, accorde la moindre affection ou une éventuelle empathie pour son paternel davantage introverti. Surtout sachant que ce dernier s'est furtivement exilé dans sa solitude gangrénée par la dépendance alcoolique.

      Mais l'heure des règlements de compte va subitement faire voler en éclat ses conflits de génération ! Que ce soit par l'acte destucteur de sombres individus cagoulés dénués d'identité et de motivation que par le professeur dénigré qui va désespérément tenter de sauver sa fille retenue prisonnière en sa présence à l'intérieur de son établissement.



      Toute la narration nous invite alors à un suspense implacable dont la tension habilement entretenue va s'accroitre au fur et à mesure de l'amoncellement abrupt des évènements meurtriers ultra violents, décris sobrement sans complaisance, même si la résultante de certains crimes restent visuellement impressionnants, horrifiantes dans les expressions défigurées (comme cette victime agonisante, rampant avec difficulté sur le sol ensanglanté et de s'apercevoir au final que sa machoire est déchiquetée !).
      D'ailleurs, ici, les victimes embrigadées dans ce huis-clos obscur et clairsemé pleurent et invoquent de manière désemparée la pitié avant de périr de manière inexorable. Autant dire que l'âpreté de la violence décrite ici avec beaucoup de réalisme et de férocité impressionne d'autant plus que les meurtriers se révèlent sans doute possible de simples délinquants juvéniles décimant leurs protagonistes par rancoeur vindicative, en s'adonnant librement au crime crapuleux sans fondement.
      Avec un sujet aussi brulant, terriblement actuel, on pense inévitablement aux faits-divers improbables commis ces dernières années par de jeunes étudiants comme la tristement célèbre fusillade de Colombine aux Etas-Unis. On songe aussi au film culte prophétique de Stanley Kubrick avec Orange Mécanique , au délirant Class 84 de Mark Lester ou plus récemment au choc traumatique Eden Lake  et ce couple de promeneurs traqués par nos têtes blondes surexcitées à la cause barbare !

      Alors que la mise en scène consciencieusement maitrisée à utiliser habilement la gestion de l'espace des moindres recoins du lycée pourrait également évoquer le film Assaut de Carpenter (pour le climat soigné d'un huis-clos étouffant et ses nombreux oppresseurs assumés dans une violence jusqu'au boutiste). Le commissariat assiégé remplaçant ici cet établissement scolaire devenu une véritable prison labyrinthique auquel chacun des témoins tentera de survivre face à une menace quasi invisible du fait des déplacements mesquins, incessants et très furtifs des meurtriers encapuchonnés !
      C'est une sensation tangible d'une angoisse perceptible qui suinte l'écran dans chacun des plans réalisés avec fluidité technique. Un sentiment d'insécurité omniprésent se répercute dans l'esprit du spectateur entrainé dans un cauchemar urbain terrifiant d'agressivité immorale.




      ATTENTION SPOILER !!! (sans dévoiler de détails explicites)

      L'incroyable final nihiliste engagé dans une prescience pessimiste s'applique dans un dilemme moral compromis au professeur définitivement torturé et injustement fustigé. Un dénouement radical, douloureusement cinglant dans sa tonalité déroutante. FIN DU SPOILER.
      On quitte alors l'écran brutalement opaque dans un sentiment inéquitable d'amertume et dans ce pessimisme moral d'appréhender l'avenir pour cette nouvelle génération d'adolescents déboussolés, sans doute davantage sevrés au phénomène de popularité, la starisation des médias engagés dans une télé-réalité faussant et creusant un peu plus chaque jour la part de vérité mise en exergue dans le simulacre et l'hypocrisie. Triste reflet d'une société de consommation manipulatrice engendrant le malaise grandissant de la masse populaire au profit de la criminalité urbaine.



      LES REVOLTES DE L'AN 2000.
      F. , titre interlope sommairement intitulé est un slasher de haute volée qui sait utiliser ses clichés à bon escient dans une mécanique huilée d'une science du suspense haletant, ne relâchant pas d'une pression le spectateur captivé, impliqué dans un climat oppressant remarquablement entretenu par une réalisation agencée.
      Loin des situations stéréotypées banalement étalées au profit de séquences chocs spectaculaires du slasher balisé (on est loin des conventions récurrentes de la mécanique ludique des Urban Legend, souviens toi..., Meurtres à la St-Valentin et consorts), F. tire sa force dans son climat réaliste brutal, dans son sujet actuel traitant de la banalisation de la violence chez les jeunes davantage repliés dans une moralité douteuse et expéditive. L'excellence de la sobre interprétation soumise à des personnalités sournoises et à leur psychologie détaillée permet aussi d'accentuer, d'exacerber la véracité des faits démontrés avec vigueur et rigidité.
      Un film d'horreur inquiétant qui fait froid dans le dos par son thème traité avec intelligence et refus de rédemption par le biais d'une structure ludique, laissant finalement en point d'orgue acerbe une trace indélébile dans nos méninges tourmentés.


      NOTE: F a une double signification dans le film: c'est le bloc où a lieu tous les crimes, mais aussi la mauvaise note attribuée à un élève.

      11.02.11.

      THE TOWN (The Town, Prince of Thieves) version longue: 2H31


      de Ben Affleck. 2010. U.S.A. 2H31. Avec Ben Affleck, Rebecca Hall, Jon Hamm, Jeremy Renner, Blake Lively, Slaine, Owen Burke, Titus Welliver, Pete Postlethwaite, Chris Cooper, Dennis McLaughlin...

      Date de Sortie :  France: 15 septembre 2010     U.S.A: 17 septembre 2010

      FILMOGRAPHIE: Ben Affleck (de son vrai nom Benjamin Geza Affleck) est un acteur, réalisateur, scénariste et producteur de cinéma américain né le 15 août 1972 à Berkeley, en Californie.
      • 2007 : Gone Baby Gone
      • 2010 : The Town
      CHARLESTON'S GANG.
      Ben Affleck assisté au poste de metteur en scène avait beaucoup surpris les réfractaires de l'acteur charmeur à la trogne un peu trop lisse, avec un premier film réussi à la réalisation soignée pour un thriller dramatique poisseux, d'après le roman de Dennis Lehane (Mystic river).
      Trois ans plus tard, il remet le couvert et enchaine avec un polar stylisé, dense et nerveux, dans la droite lignée de Heat ou Le solitaire, réalisés tous deux par Michael Mann.


      Dans la ville de Charleston, une bande de braqueurs chevronnés menée par Doug MacRay font irruption dans une banque. Après avoir dévaliser les coffres, ils prennent la fuite en compagnie de la directrice de l'établissement afin de couvrir leurs arrières puis décident de la libérer en la laissant saine et sauve près d'une plage.
      Surveillée par la bande de malfrats, la jeune fille va se laisser séduire par Doug MacRay qui va subitement en tomber amoureux après l'avoir rencontré de manière aléatoire dans une laverie.
      Mais cette idylle naissante pourrait sérieusement compromettre au groupe leurs exactions illégales de grande envergure.

      Ben Affleck nous entraine ici dans les rouages perfides d'une organisation consciencieusement structurée. Une équipe de malfaiteurs chevronnés spécialisés dans les braquages de banque et de fourgons blindés.
      Un patrimoine familial hérité depuis des décennies dans la ville de Charleston située à Boston auquel l'un des leaders des plus notoires (le père de Doug) s'est malencontreusement déchu de ses droits illégaux pour écoper de longues années derrière les barreaux.
      C'est à la suite d'un nouveau braquage audacieux que l'un des membres va tomber amoureux d'une jeune femme et ainsi, sans songer aux conséquences préjudiciables, entrainer la chute irrémédiable de sa petite famille octroyée à la corruption et le crime. Une hiérarchie mafieuse, castratrice et sournoise qui s'oppose sans restriction à l'infidélité autonome du désengagement professionnel quand l'un des leurs envisage de démissionner et refuse d'obtempérer au dernier coup faramineux comploté. Car Doug soudainement épris de sentiments souhaite mettre un terme à sa carrière de braqueur inflexible pour définitivement raccrocher sa vie incriminée et partir dans les bras de sa dulcinée vers de lointaines contrées. ATTENTION SPOILER !!! Mais il aura fallu que sa compagne apprenne la véritable identité de celui-ci pour faire voler en éclat ses ambitions salvatrices. L'ultime recours pour Doug serait alors de renouer avec ce troisième braquage singulier pour sauver la vie de celle qui chérie, menacée de mort par le gang de Charleston. FIN DU SPOILER.


      Avec un scénario assez orthodoxe et une légère impression de déjà vu, Ben Affleck réussit malgré tout à captiver et maintenir un intérêt croissant quand à la structure de son récit intense davantage en chute libre dans les méfaits exposés jusqu'au final explosif en apothéose. Un long moment d'anthologie qui laisse le souffle coupé, formant un écho direct à la célèbre séquence de Heat pour son mitraillage orgasmique incessant entre les malfaiteurs contre les forces de l'ordre déployées en plein environnement urbain et devant une foule de citadins lambdas tétanisés de stupeur !
      Même si en l'occurrence l'action débute son terrain de jeu dans l'étroitesse d'un parking souterrain lugubre clôturant sa besogne meurtrière effrénée aux abords d'une avenue assaillie par une armada de flics frénétiques armés jusqu'aux dents.
      C'est avant tout le profil établi envers ses gangsters adroits et présumés qui fait la force de la narration établie en faveur de leur psychologie tourmentée. En particulier, Doug Mac Ray épris d'amour pour une jeune femme mûre et assumée, souhaitant à travers cette idylle naissante une potentielle rédemption face à ces actes incriminés et ainsi racheter sa lâcheté dans une vie de couple harmonieuse et platonique.
      Tandis que les autres témoins alloués au mal ou aux valeurs morales ne sont pas en reste dans leur évolution personnelle, accentuant ainsi la stylisation fascinée d'une saga familiale fatalement déchue de leurs immoralité subversive.


      Ben Affleck est loin de livrer une interprétation inoubliable mais se révèle contre toute attente assez convaincant et empathique dans son personnage de braqueur romantique. Une composition sobre et tempérée dans sa psychologie demi-mesurée vouée à la violence docile de ses actes frauduleux mais aussi à sa repentance contribuée par la délivrance de l'amour.
      Jeremy Renner volerait presque la vedette à son fidèle homologue pour ce duo d'acolytes n'éludant pas les conflits virils quand Doug décide de fuir sa vie de marginal perverti par le vol répréhensible et l'avilissement du mensonge contraignant.
      L'acteur contestataire au charisme authentique dans sa trogne de braqueur téméraire imprègne l'écran de son tempérament froid, agile, violent, voir suicidaire dans son ultime baroud d'honneur.
      La séduisante Blake Lively dans un second rôle moindre de jeune mère facile, paumée et esseulée, secrètement amoureuse de Doug, apporte une jolie prestance dans son effervescence nonchalante.
      Une composition poignante et désabusée pour un beau portrait de femme marginale entachée par son marasme et cette quête exutoire assumée en derniers recours pour racheter ses pêchers mais aussi sauver la vie inconstante de sa petite fille candide.


      SUR LA ROUTE DE LA PERDITION
      The Town se révèle donc un excellent polar, intense et nerveux qui doit beaucoup à la psychologie fouillée de ses personnages, en dehors de séquences d'action virtuoses jamais racoleuses, entièrement élaborées à l'évolution du récit qui culmine son point d'orgue dans une longue séquence apocalyptique furieusement effrénée.
      Ben Affleck apporte également une petite touche insolite d'originalité à propos de l'accoutrement vestimentaire établie pour nos braqueurs de banque, masqués de façon volontairement grand guignolesque et saugrenue. 
      Son final en demi-teinte qui laisse entrevoir une lueur d'espoir pour un homme pénalisé par son passé prohibé, abdiqué à la solitude, achève une oeuvre maitrisée et fascinante sans verser dans la mièvrerie édulcorée que l'on aurait pu futilement craindre à la vue d'un sujet rebattu.

      13.02.11.
      Bruno Matéï