de Steven R.Monroe. 2010. U.S.A. 1h48. Avec Sarah Butler, Chad Lindberg, Daniel Franzese, Rodney Eastman, Jeff Branson, Andrew Howard, Saxon Sharbino, Tracey Walter.
En France, directement commercialisé en Dvd et Vlu-ray le
21 Septembre 2011
FILMOGRAPHIE: Steven R. Monroe est un réalisateur américain.
Le piège (2004), Terreur en milieu hostille, House of 9 (2005), les Mangeurs d'âme (2006), Sasquatch Mountain (2006), Ogre (2008. T.V), Tornade de Glace (T.V. 2009).
"L’ange du mal aux mains nues".
En 1978, fort d’une mise en scène rugueuse, quasi documentaire, I Spit on Your Grave éclaboussait l’écran par la crudité de son sujet brûlant, immortalisant au passage le visage hanté de Camille Keaton. Meir Zarchi s’inspira d’un fait réel : en 1974, il croisa une femme errant nue dans un parc new-yorkais après avoir été violée. Le film, sulfureux, déclencha une onde de choc si violente qu’un collectif féministe tenta de lui intenter un procès.
Trente-trois ans plus tard, Steven R. Monroe ose le remake. Une gageure aussi risquée qu’audacieuse : renouer avec l’ambiance poisseuse d’un rape and revenge déjà culte, et revisiter l’une des séquences de viol les plus marquantes de l’histoire du cinéma.
Le pitch : une jeune écrivaine séduisante s’isole dans un chalet en pleine forêt pour rédiger son nouveau roman. Mais des marginaux croisés sur la route la violent. La laissée pour morte renaît, pour traquer ses bourreaux dans une chasse à l’homme implacable.
Porté par une photographie désaturée laissant filtrer la lumière pâle des paysages forestiers, ce remake redouté s’appuie sur la sobriété de sa mise en scène. Elle instille un climat d’insécurité sourde dans ce refuge rural, cabane perdue au bout du monde où une femme s’abandonne, croyant trouver le repos. Monroe évacue rapidement le quotidien paisible, pour nous plonger sans détour dans un premier acte d’une violence extrême, centré sur l’humiliation méthodique et le viol de l’héroïne. L’ambiance malsaine, claustrophobe, s’insinue frontalement dans l’esprit du spectateur, forcé de subir ce calvaire sans échappatoire.
Ici, pas de voyeurisme - seulement une frontalité brute, presque clinique. Comme chez Zarchi, l’anti-complaisance domine. Mais la seconde partie, vengeresse, pousse la violence graphique bien au-delà des débordements du film original. Autre époque, autres codes. Les représailles sont orchestrées de manière non conventionnelle, provoquant non pas une jouissance sadique, mais un profond malaise. Car si l’influence du tortur' porn affleure, elle n’en adopte jamais les mécanismes ludiques : ici, pas de pièges ingénieux (quoique !), mais une cruauté nue, éprouvante, parfois insoutenable, jusqu’à la nausée.
Pour renforcer cette impression de froide détermination, Sarah Butler s’impose avec sobriété. Elle ne cherche jamais à rivaliser avec le magnétisme instinctif de Camille Keaton. Son jeu mutique, son regard vide de compassion, ses gestes brutaux nous interpellent, nous déconcertent, voire nous attristent, tant son acharnement sur ses tortionnaires - réduits à l’état de bêtes haletantes, hurlantes, suppliantes, pissant de peur et vomissant leur honte - nous renvoie à une humanité en lambeaux.
Les bourreaux, eux, sont étonnamment crédibles dans leur virilité crasse, décervelée. De façon plus autoritaire et plus censée, Andrew Howard s'impose en commanditaire le plus répugnant, dissimulant son sadisme derrière l’image d’un père de famille modèle et d'un shérif véreux. Dans le rôle de l’attardé, Chad Lindberg, malgré son apparence stéréotypée (comme dans le film original), parvient à susciter une certaine émotion, finissant par emporter l’adhésion.
"Monstres inversés".
Étonnamment poisseux, glauque, brutal, parfois insupportable, I Spit on Your Grave version 2010 évite pourtant toute outrance gratuite. Radical, jusqu’au-boutiste, il ausculte avec une froide lucidité l’instinct bestial d’une justicière exterminatrice, dénuée de remords. Le magnifique plan final - glacial, silencieux - hante durablement. Ce regard détaché, inscrit dans le non-dit, au seuil des ténèbres, fige l’horreur dans le silence.
Car au fond, que reste-t-il ? Une réflexion dérangeante sur l’auto-justice, où la victime, par son acharnement, devient presque plus monstrueuse que ses agresseurs. Une vengeance aussi viscérale qu’inconfortable, d’une noirceur totale.
A la revoyure, une excellente surprise qui tient sacrément la route, à redécouvrir d’urgence pour les amateurs de cinéma extrême - mais lucide.
— le cinéphile du cœur noir 🖤
01.02.11
24.07.25. Vost
Le film date de 2011 donc c'est pas 13 ans plus tard mais 33 ans plus tard
RépondreSupprimerContent de voir que je ne suis pas le seul à avoir apprécié ce remake : http://deadstillalive.canalblog.com/archives/2011/03/07/20564164.html
RépondreSupprimerVivement la sortie du blu-ray chez nous !
Bien vu Anonyme mais c'est une erreur de frappe ! Merci de l'avoir souligné.
RépondreSupprimerJ'ai une plétore d'amis qui ont adoré ce remake Leatherface !
Il est intéressant ton site Leatherface !
RépondreSupprimerC'est gentil :D
RépondreSupprimerSinon, j'ai hâte de la sortie du blu-ray !
merci pour cette critique qui m'éclaire dans le choix de voir ou non I SPIT ON YOUR GRAVE pour moi ce sera oui.
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