lundi 7 mars 2011

L'ARNACOEUR

                              

de Pascal Chaumeil. 2010. France. 1H44. Avec Romain Duris, Vanessa Paradis, Julie Ferrier, François Damiens, Helena Noguerra, AndrewLincoln, Jacques Frantz, Amandine Dewasmes, Jean-Yves Lafesse...

BIO: Il s'agit du premier long-métrage de Pascal Chaumeil (également scénariste et dialoguiste) qui aura collaboré auparavant avec Luc Besson sur les films Léon (1er assistant réalisateur), Le 5è élément et Jeanne d'Arc (réalisateur de la seconde équipe).
Il a également travaillé pour la télévision sur une centaines de spots publicitaires.

LE SUJET: Alex est un briseur de couples expert dans l'art et la manière de s'accommoder des femmes malheureuses ou désespérées dans leur union amoureuse car son éthique est de ne jamais s'accaparer de celles épanouies ou comblées.
Jusqu'au jour où le père d'une future mariée lui propose un autre contrat juteux pour empêcher sa jeune fille héritière, Juliette, de se marier avec l'homme qu'elle aime. Il reste 10 jours à Alex pour empêcher coûte que coûte l'accès à la corde du pendu !

                    

ROMANCE PASTEL HILARE SUR UN AIR ENLACE DE DIRTY DANCING !
D'une trame judicieuse plutôt originale, Pascal Chaumeil va exploiter jusqu'au bout son idée de départ qui consiste à tout mettre en oeuvre pour empêcher avec des moyens conséquents et adéquates un mariage d'amants refoulés faussement amoureux, embourgeoisés dans la médiocrité et la facilité.
Avec la complicité de sa soeur et de son ami, Alex déguisé en garde du corps va imaginer toutes les situations les plus folles et rocambolesques pour mettre un terme à cet idylle naïve et convenue. Agression physique fictive en pleine rue pour soutirer le sac à main de Juliette dans sa propre voiture, appartement de celle-ci traficoté, micros cachés sous les tables, auto-radio combiné sur des tubes spécifiques ou encore ce faux plombier venu inonder une chambre pour qu'Alex puisse se retrouver en intimité avec Juliette devant une projection de Dirty Dancing ! Surtout quand celui-ci aura appris par coeur la chorégraphie de la fameuse danse bien connue des amateurs de romance musicale rose bonbon !
Mais toute cette mascarade ne serait rien sans le talent de cet arnacoeur professionnel, véritable acteur dans l'art de se vêtir sous n'importe quel personnage fictif, dans toutes les situations possibles et imaginaires. Et quand il se force à pleurer le temps de dévier la tête en un instant de quelques secondes, la jeune dame conquise ne pourra que s'y laisser attendrir !

                    

Cette comédie endiablée, menée à 100 à l'heure ne laisse pas un instant de répit au spectateur grâce à son inventivité constante, ses dialogues ciselés et son habile dosage de romance, bonne humeur et éclats de rire.
Les rebondissement et autres évènements inattendus s'enchevêtrent mutuellement en passant de l'humour farfelu au burlesque débridé, jusqu'aux hilarants instants comiques souvent menés par un acteur belge inconnu, François Damien, (LA révélation du film !!!) dans le rôle du complice d'Alex !
La scène où il assomme à plusieurs moments d'une journée l'amie fidèle de Juliette (Helena Loguerra, soeur de Lio à la ville) campée par une nymphomane lubrique est à mourir de rire ! Comme cette danse improvisée de Dirty Dancing avec Alex répétant tous deux les fameux pas de danse créés sur mesure par le regretté Patrick Swayze.
Il faut le voir aussi déguisé en plombier, la jambe boitteuse et vêtu d'une grotesque perruque sur la tête, tenter de manière volontairement malhabile de berner Juliette pour inonder sa chambre d'appartement.
Enfin, il ne faudra pas non plus rater en générique de fin une autre séquence irrésistible de drôlerie où notre belge devenu Don Juan malgré lui reprendra le rôle attribué à Alex, mis en retraite pour une raison que je n'évoquerai pas ici de peur de déflorer le dénouement !

                    

Le couple formé par Romain Duris et Vanessa Paradis est parfaitement complémentaire à la réussite de cette trépidante comédie française.
L'acteur campe avec légèreté et beaucoup de tempérament un personnage charmeur, malicieux, impertinent qui va se surprendre à lui même de rencontrer l'amour, exacte antinomie de son entreprise !
Vanessa Paradis dans le rôle d'une chieuse capricieuse, ennuyée de son quotidien esseulé est comme à son habitude divine de beauté épanouie, véritable princesse enchanteresse dans son regard de velours bleu, ensorcelant Alex d'un magnétisme docile et trouble.
Une jeune candidate en demi-teinte pour prendre conscience au final que les vraies valeurs ne se trouvent pas dans le porte monnaie de son amant, aseptisé de toute compassion ou de tendresse requise.

Le final romantique et mélancolique change un peu de registre pour parvenir à une émotion plus humaine, chaleureuse et sentimentale, affirmée dans un suspense éprouvé tant évoqué mais qui fonctionne encore à plein régime grâce au charme irrésistible du duo complice, quelqu'en sera l'issue réservée. La séquence remakée de la danse du célèbre tube idolatré par les filles de la planète entière (The Time of my life composé par Franke Previte / oscar de la meilleure chanson !) est un joli moment d'allégresse, de tendresse et sensualité !

                         

L'arnacoeur est une délicieuse comédie futée, chatoyante et généreuse dans un panel d'émotions habilement dosées pour contenter le spectateur attendri, embarqué dans une invitation au charme.
Le talent de nos célèbres interprètes se trouve bénéfiquement balloté par un nouvel inconnu totalement hilarant dans chacune de ses apparitions impromptues auquel François Damien délivre ici tout son énorme potentiel  !
Un premier film réussi , pétillant, affirmé et un nouvel acteur belge impayable !!!

23.08.10

SLICE (Cheun)

                             

de Khomsiri Kongkiat. 2010. Thailande. 1H38. Avec Plengpanich Chatchai, Amornsupastri Arak, Chitmanee Sontaya, Pasaphan Jessica.

BIO: Après Art of the devil 2 et 3, Chaiya et Boxers, il s'agit du 5è long-métrage du thailandais Khomsiri Kongkiat, également scénariste en intermittence.

LE SUJET: Un ancien tueur à gages purgeant une peine de prison se voit offrir l'opportunité d'effacer son casier judiciaire s'il trouve d'ici 15 jours le coupable, responsable d'une vague de crimes sordides commis dans une ville foisonnante de Thaïlande.

                         

LA MORT DU CHAPERON ROUGE.
Dans la mouvance d'un thriller horrifique estomaquant, taillé à la serpe, Khomsiri Kongkiat va triturer nos habitudes de spectateurs confortés dans la tradition de ces ingrédients habituels maintes fois dupliqués et/ou falsifiés (ref: seven).
Un genre contemporain rendu balisé et orthodoxe alors qu'ici le réalisateur investi dans une structure singulière va avant tout nous évoquer avec une maestria indiscutable une douloureuse évocation infantile. En même temps de nous livrer un bouleversant portrait de tueur en série comme on en n'a rarement vu au cinéma (qui a déjà versé une larme devant un thriller horrifique malsain, pervers et suffocant ?)

                      

L'histoire hybride qu'il nous narre à pour but de décrire un traumatisme indélébile lié à l'enfance battue, torturée, réduite à la déchéance dans l'âme souillée avec tout ce que cela comporte comme séquelles irrémédiables et irréversibles.
Un groupe d'enfants sauvages et rebelles vont porter atteinte à la dignité avec un nouveau venu de la partie. Un adolescent clairsemé, solitaire et réservé, fréquemment battu par son paternel alcoolique et pédophile !
Dans cette bande de petits caïds livrés à eux mêmes, l'un des leurs va se lier d'amitié avec le souffre douleur souvent impuissant par tant de sévices invoqués et d'humiliations quotidiennes répétées en leur faveur. Et le calvaire ne fera que s'amplifier quand le jeune garçon retrouvera son foyer pour affronter son père névrosé rongé par l'alcool. Un déchet putassier de l'inhumanité ayant perdu toute notion de moralité et d'humilité.                                
De cette liaison inopinée entre les deux jeunes enfants va se nouer une douloureuse histoire d'alliance, d'affection et de fraternité dans un monde sans pitié régi par la violence omniprésente des bas quartiers thailandais.
On devine alors très rapidement que le tueur incriminé n'est autre que cet enfant révolté, totalement dénaturé d'émotion ou d'une parcelle de tendresse au vu des corps décharnés pour les victimes retrouvées, décomposées ou taillées en morceaux.
C'est son ancien ami de longue date qui aura la lourde tâche de le retrouver dans une ville fuyante et hostile pour enrayer ces épouvantables crimes perpétrés.
Mais ce voyage au bout des ténèbres n'est pas au bout de nos peines et de nos surprises quand à connaitre la véritable révélation identitaire du fameux tueur encapuchonné d'une chape rouge ! Et cela même si on démasque au bout des 20 dernières minutes le vrai coupable présumé, un autre coup de théâtre beaucoup plus éloquent viendra rebondir, tout remettre en question et bouleverser cette improbable histoire d'amour et d'amitié !

                                

Dans une mise en scène destructurée des conventions habituelles au genre et des tics de poncifs tant rebattus, Khomsiri Kongkiat va nous entrainer dans une éprouvante descente aux enfers stylisée qui sait parfaitement où elle souhaite nous mener. Au règne du chaos !
Cette réalisation dénaturée fourmille d'idées incroyables, d'un adroit sens visuel, d'une grammaire conductrice iconoclaste, de poésie nonchalante avec la nature épanouie, d'hommages et de clins d'oeil à tout un pan du thriller transalpin (voir l'hallucinante scène baroque et psychédélique de la boite à partouze, l'accoutrement flamboyant du tueur ou bien cette balle visée dans la bouche d'un flic).
La forme esthétique est accentuée par une éclatante photographie saturée, véritable raffinement où chaque plan noyé de chaudes couleurs illumine nos yeux.
Cet électro-choc pesant et foudroyant malaxe avec une incroyable maitrise nos émotions partagées par une sèche crudité dans sa violence retransmise de manière frontale, sans anesthésie et notre bouleversement face à un portrait de tueur hétéroclite, consolidé dans la douleur autant physique que morale. Un constat alarmant de deux êtres brimés qui ont tout perdu de leur fatal destin, annihilé par le spectre de la violence sournoise et la torture tendancieuse au service du Mal.
Un réalisme parfois difficilement supportable bien que suggéré dans les séquences les plus poignantes parce que totalement au service de la psychologie meurtrie de ces personnages . Surtout quand on touche à l'innocence et l'insouciance de l'adolescence.

                    

Le final déchirant laisse place à la désuétude, à un appel désespéré pour la délivrance au nom de l'amour. Un témoignage librement avoué d'une magnifique histoire d'amants retrouvés, de coeurs laminés à jamais sur leur fin de tragédie.
Ce qui nous achèvera lourdement dans un tourbillon de révolte, une compassion dérangée d'avoir été le témoin d'un destin innomable.
Le reflet tristement universel de ce que l'être humain pathétique, rendu perverti contre son gré est capable de nous communiquer. Retransmettre par la barbarie sa haine extériorisée dans notre monde vilipendé. Bienvenu en enfer.
Un chef-d'oeuvre ambivalent, les yeux rougis par l'amertume de nos larmes sanguines, le teint blafard dont on sort d'un pas trainant sans évoquer une réaction définie !

DEDICACE A CHRISTOPHE DE LA GORGONE.

24.08.10

LES CHAROGNARDS (The Hunting Party)

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemotion.com

de Don Medford. 1971. U.S.A. 1h51. Avec Oliver Reed, Gene Hackman, Candice Bergen, Simon Oakland, Ronald Howard, L.Q. Jones, Mitch Ryan, William Watson, G.D. Spradlin, Rayford Barnes, Bernard Kay...

BIO: Il s'agit du second film de Don Medford (né en 1917) qui aura livré une courte carrière de 2 longs-métrages avant de s'atteler à la télévision avec une pléthore de séries T.V. issues des années 70 et 80 (les envahisseurs, l'homme qui tombe à pic, des agents très spéciaux, la 4è dimension, l'homme à la carabine, Alfred Hitchcock présente...)


Le pitch: Au Texas, un gangster et sa bande décident d'enlever la femme d'un notable pour pouvoir apprendre à lire et écrire, celle-ci exerçant la profession d'institutrice. Mais son mari, dangereux pervers névrosé décide avec ses fidèles acolytes de mener une chasse à l'homme impitoyable.

Deux années après la sortie du chef-d'oeuvre de Peckinpah qui aura changé à jamais le visage de l'Ouest américain par son réalisme d'une violence incongrue, Don Medford surenchère un nouveau western aride qui va franchir une nouvelle étape dans le sordide et le sadisme. Cette violence âpre nous plongeant dans une traque sanglante d'une sauvagerie rarement vue à l'écran en cette époque glorieuse des années 70 (on pourrait même d'ailleurs y voir une forme de résonance horrifique à Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper réalisé 3 ans plus tard, pour les derniers instants de décadence d'un corps convulsé qu'on mène à l'abattoir !). Car Les Charognards, titre français on ne peut plus explicite que son homologue américain (La Partie de Chasse) s'avère une lente descente aux enfers chez des anti-héros pourchassés par des ordures encore plus lâches et intraitables. D'entrée de jeu, le prologue nous met dans le vif de la crudité par son effet de surprise, cette estocade barbare où l'on assiste à l'égorgement d'un boeuf ainsi que son dépeçage. Une séquence extrême inédite dans un western traditionnel, filmée en alternance avec une relation sexuelle sauvage forcée entre deux amants !


Pas de demi-mesure, on sent que le film ne sera pas l'habituel western ludique où des cow-boys héroïques vont courser des indiens mais qu'il s'inspire plutôt de la brutalité d'un Peckinpah avec sa mythique Horde Sauvage ! Après avoir enlevé la femme de Ruger, Calder, bandit illettré va peu à peu se lier d'affection avec sa prisonnière du désert après l'avoir violé de la manière la moins brutale. Une scène suggérée pour autant pénible à regarder dans ce jeu malsain de regards complices. Ruger, notable sadique, orgueilleux et débauché décide donc de supprimer un à un les membres de la bande de Calder jusqu'à ce que les plaines du Texas ressemblent à une nécropole, hécatombe de chair agonisante sous un soleil écrasant jonché de scorpions. Les balles meurtrières fusant tous azimuts sans laisser une once de répit aux victimes ! Elles perforent la chair, laissant voler en éclat les giclées de sang dans un effet de ralenti pour mieux en saisir sa spectaculaire brutalité. Oliver Reed incarne le rôle de Calder, bandit tolérant le moins litigieux de cette galerie pathétique de salopards. Le plus ambitieux également quand on sait qu'à la base, l'enlèvement de cette jeune femme n'était qu'à but pédagogique pour son apprentissage analphabète. Un homme équivoque dans sa personnalité à double tranchant, s'humanisant au fur et à mesure de son chemin de croix. Ruger, riche notable d'apparence respectable est magnifiquement campé par Gene Hackman, antagoniste apitoyé sur la perversité. Si bien qu'il ne trouve son contentement que dans une complaisante torture, autant pour ces proies ingénues que de ses hors la loi sans vergogne. Melissa est endossée par la ravissante Candice Bergen. Un personnage noble d'une acuité humaine fragile, victime candide partagée entre ses désirs de fuite pour renouer avec un mari psychotique et son affection expansive envers Calder délibéré à défendre sa bande autant que celle qu'il aime.


Un dernier râle avant de mourir
Avant-coureur des Chiens de Paille, de Délivrance et surtout de La Chasse Sanglante (Open season) de Peter Collinson, réalisé 3 ans plus tard, Les Charognards demeure un chef-d'oeuvre du western poisseux imprégné d'amertume. Un chemin de croix implacable qui ne trouve sa raison d'être et d'exister que dans l'agonie du châtiment tant et si bien que les fuyards ne trouveront le repos méritoire qu'au sein d'une délivrance morbide. Le final lapidaire, à bout de souffle, se clôturant notamment lors d'une marche du désert fertile en désespoir. D'ailleurs, le terme "The End" se révèlera d'une certaine manière un soulagement pour le spectateur entaché d'un arrière goût de sang amer dans la bouche.

25.08.10
Bruno Matéï

LA TOUR DE LONDRES (Tower of London)

             

de Roger Corman. 1962. U.S.A. 1H19. Avec Vincent Price, Michael Pate, Joan Freeman, Robert Brown, Bruce Gordon.

BIO: La Tour de Londres a été tourné la même année que le prémice du cycle Poe avec l'Empire de la Terreur, le Corbeau et l'Entérré Vivant.
Il s'agit d'un remake d'une version folichonne de 1939 qui n'est jamais sorti en France au cinéma. Ce n'est qu'en Belgique qu'il aura droit à une exploitation en salles.
Le film est donc resté longtemps invisible auprès des cinéphiles français.

LE SUJET: Après la mort du roi, Richard De Gloucester, Duc d'Angleterre est tellement avide de pouvoir pour accéder à la couronne qu'il décide de supprimer chaque membre de sa famille qui pourrait l'empêcher d'y accéder.

                    

Roger Corman, à peine remis de ses trois adaptations de Poe s'attaque à l'entreprise d'un sujet historique avec l'aide de son frère, occupant la place de producteur.
Tourné en noir et blanc à cause d'un budget réduit, il réalise en compagnie de son acteur fétiche un remake d'un film de 1939 réalisé par Rowland V. Lee avec Basil Rathbone, Boris Karloff et justement Vincent Price dans un petit rôle secondaire.
Autant le film d'origine jouait la carte de la réalité historique avec sobriété, autant celui de Corman va baigner dans une atmosphère fantastique continuelle avec l'apparition des nombreux fantômes qui viendront torturer l'esprit de Richard.
Un être abjecte et orgueilleux, avide de pouvoir qui décide par la ruse, le mensonge, le mépris et la trahison de tuer son propre frère ainsi que son cousin, ses nièces puis sa femme pour enfin régner en maitre absolu dans la Tour de Londres.

                    

Le récit mené sur un rythme alerte se révèle beaucoup plus efficace, violent et percutant que la version de 1939. Mais c'est surtout l'interprétation shakespearienne du grand Vincent Price qui va rendre le film si plaisant à suivre.
Il faut le voir dans sa tenue chevaleresque handicapée par une colonne vertébrale difforme et un bras atrophié. Son lourd regard pénétrant injecté de noirceur, ancré dans le vice, se complaisant avec jubilation dans le crime gratuit le plus lâche et méprisant qui soit. Surtout qu'avec l'aide d'un complice il s'offrira la tâche d'étouffer avec un coussin de pauvres jeunes enfants endormis dans leur sommeil !
Il y a d'ailleurs à ce sujet deux autre scènes de torture assez terrifiantes dont l'une d'elles annoncera La Vierge de Nuremberg de Margheretti avec le fameux piège à rat où un pauvre homme se retouve les bras liés et la tête emprisonnée dans une mini cage parmi un rat affamé à l'intérieur ! effet répugnant garanti.
L'autre séquence encore plus douloureuse dans son effet de réalisme concerne une jeune fille qui ira doucement se faire écarteler les bras et les jambes dans des incessants hurlements de douleur suppliciés jusqu'à ce qu'elle en succombe !

                           

C'est cette narration centrée sur un puissant héritier dénuée de toute moralité que vient s'établir un profil psychologique: celui de la personnalité répugnante du duc Richard De Gloucester.
Un personnage condescendant, hautain et dédaigneux qui ira se perdre à son propre piège dans son subconscient angoissé, épris de remords et de rancune, qui ira jusqu'à s'imaginer l'apparition fantomatique de chaque victime qu'il a envoyé au fourneau !
Cet arriviste pathétique en prise avec sa folie démesurée ira se noyer dans un enchainement d'hallucinations jusqu'à vouloir étrangler par accident sa propre femme, le seul être auquel il éprouve un regain de compassion amoureuse.
Mais le final sardonique reprendra ses droits dans la bataille de Bosworth avec cette fatale pointe d'ironie pour le destin exutoire de Richard III, unique responsable de son propre échec.

Les décors minimalistes mais plutôt soignés s'accomodent bien avec l'ambiance gothique accentuée par l'usage du noir et blanc.
Les apparitions surnaturelles des fantomes offrent aussi un attrait supplémentaire à son climat macabre et lugubre entre deux séances de torture et en dehors des actes ignobles commis par notre bourreau shakespearien.

                         

La tour de Londres est une excellente découverte dont on parle peu dans la carrière de Corman du fait de sa rareté imposée.
D'autant plus regrettable que le film dominé par la superbe interprétation de Vincent Price se révèle très efficace et adroitement réalisé.

26.08.10

BLUE EYES OF THE BROKEN DOLL (Los Ojos azules de la muñeca rota)

                                               

de Carlos Aured, 1973. Espagne. 1H29. Avec Diana Lorys, Jacinto Molina, Eduardo Calvo, Eva León, Inés Morales, Antonio Pica , Luis Ciges, Pilar Bardem, Maria Perschy, Sandra Mozarowsky.

FILMOGRAPHIE: Carlos Aured Los Alcazares, Murcie, 22 Janvier 1937, Dénia, 3 février 2008), est un réalisateur et scénariste espagnol. 1972: El espanto surge de la tumba. 1973: La venganza de la momia. 1973: El retorno de Walpurgis. 1973: Los ojos azules de la muñeca rota. 1974: La noche de la furia. 1974: Los fríos senderos del crimen. 1977: Susana quiere perder... eso. 1981: El fontanero, su mujer y otras cosas de meter. 1981: Apocalipsis sexual . 1981: La frígida y la viciosa . 1982: De niña a mujer . 1982: Leviatán . 1983: El hombre del pito mágico . 1983: El enigma del yate . 1984: Atrapados en el miedo . 1997: Se fue . 1997: Alien predator

Giallo méconnu d'origine espagnole datant de 1973 et réalisé par un spécialiste de l'horreur hispanique, Blue Eyes of the Broken Doll serait le premier thriller de son pays natal inspiré des travaux d'Argento ou de Bava perpétrés durant les décennies 60 à 80. Un jeune gardien, Gilles, ex taulard d'un passé trouble et violenté trouve refuge dans une demeure pour un travail d'entretien d'où résident trois étranges soeurs aguicheuses dirigées par une paralytique. Bientôt des évènements meurtriers ne vont pas tarder à déranger la quiétude de nos témoins car un tueur rodant aux alentours se met à décimer de jeunes filles blondes pour les égorger sauvagement avant d'extirper leurs yeux bleux. Drôle de petit giallo ibérique que ce Blue Eye of the Broken Doll entièrement voué aux codes traditionnels du genre (sexe, meurtres stylisés et mystérieux tueur ganté de noir avant la résolution cathartique de l'énigme à tiroirs) pour une curieuse histoire de conflits adultères entre trois soeurs et un individu charmeur à la musculature saillante (l'imparable Paul Nashy, sosie à peine camouflé de notre Dick Rivers national !). Ce scénario à la trame volontairement tortueuse mais jamais confuse confronte des personnages perfides, équivoques ou versatiles pour mieux nous induire en erreur sur l'identité du présumé tueur emmitouflé de vêtement noir pour perpétrer ses odieux meurtres.

Et ce, même si on devine rapidement que notre Gilles campé par l'aimable Nashy n'a sûrement rien à voir avec cette vague de crimes et qu'il faudrait s'orienter vers le trio des soeurs dévergondées ! Durant les 2/3 du film, la narration sommaire établit à intervalle régulier sexe polisson avec lot de tenues sexy imposées par nos héroïnes aux poitrines opulentes complaisamment exhibées puis des séquences chocs sanguinolentes volontairement racoleuses afin de relever la sauce pimentée pour l'amateur voyeur. On assistera même à contre coeur à une immonde séquence snuff auprès d'un porc poignardé vivant par quatre forcenés (en vous épargnant les détails gores innommables). Une scène abjecte totalement gratuite qui révulse inutilement même si on a déjà vu pire ailleurs chez les shockumentaires ou films de cannibales ritals. Par ailleurs, il est dommageable que la réalisation assez impersonnelle amoindrisse la notion de suspense ou de tension futilement distillée et que l'interprétation des comédiens soit plutôt mal dirigée par un metteur en scène inexpérimenté. On peut également déplorer une musique jazzy envahissante digne d'une comédie polissonne en totale décalage avec le climat mortifère de l'intrigue ! Louablement, la dernière demi-heure un peu plus haletante, techniquement mieux inspirée (la scène de poursuite sauvagement exécutée dans les collines enneigées dégage une atmosphère hivernale palpable) va renforcer d'un échelon le caractère sympathique, voir attachant de l'entreprise. Surtout que la révélation du meurtrier s'avère inopinément surprenante et que l'ultime séquence illustre une poésie macabre alternant le blanc limpide et le noir exsangue auprès d'une saveur malsaine nécrophile.

Hormis tous ces défauts précités, Blue Eyes of the Broken Doll demeure une sympathique curiosité sans toutefois laisser de souvenir impérissable auprès des aficionados de Giallo mais dont l'aspect ludique des excès gores parfois stylisés, la beauté charnelle des actrices névrosées et sa dernière demi-heure vigoureusement troussée emportent finalement l'adhésion. 

Dédicace à Christophe de la Gorgone.
Bruno Matéï.

dimanche 6 mars 2011

DOG POUND

                                          
                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site allocine.fr

de Kim Shapiron. 2010. France. 1h31. Avec Adam Butcher, Shane Kippel, Mateo Morales, Lawrence Bayne, Alexander Conti, Tim Turnell, Dewshane Williams, Shawn Doucette, Slim Twig, Trent McMullen...

BIO: Kim Chapiron est un réalisateur français né en 1980 à Hô-Chi-Minh-Ville.
Dog Pound est son second long-métrage après la bombe Sheitan (on aime ou on déteste !) sorti en 2005 et qui fit sensation un peu partout dans le monde.

Les nerfs à vif
A travers la description ultra réaliste d'un univers carcéral américain pour jeunes délinquants, Kim Shapiron nous embarque dans un voyage au bout de l'enfer dont personne ne sortira indemne !
C'est le parcours carcéral de trois nouveaux détenus qui nous est décrit: Davis, 16 ans, trafiquant de drogue. Angel, 15 ans, voleur de voiture et surtout Butch, 17 ans, transféré pour avoir mutilé l'oeil d'un officier dans son ancienne enceinte de détention. Dans cet établissement pour mineurs où règne la loi du plus fort, nos détenus vont rencontrer la dure réalité d'une épreuve de force, où haine et agressivité seront les maîtres morts face à l'impromptu. Surtout lorsque le leader Banks et ses deux complices s'amusent à brimer chaque nouveau détenu pour accéder à la notoriété.

Dans un âpre souci d'authenticité, le réalisateur nous immerge à travers un climat d'insécurité omniprésent au sein de cet enfer blafard. Un climat poisseux régit par la barbarie auquel nos jeunes héros vont devoir traverser pour tenter d'y survivre. Face à tant d'humiliations et de violence quotidiennes, difficile de garder son sang froid et rester de marbre par ces multiples bravades de haine. Le choix est simple: soit on subit devant l'affront de la provocation, soit on se révolte dans la plus brutale des ripostes ! Et à ce jeu là, Butch, adolescent passionné par les jeux du cirque, est une bombe à retardement prêt à imploser à tout moment dans sa révolte intrinsèque. Un jeune garçon désoeuvré, discret et loyal mais laminé par l'injustice et la dictature. Sa nouvelle condamnation à Enola Vale en est le microcosme carcéral érigé sous le principe de l'autorité punitive et du totalitarisme. A travers une narration particulièrement éprouvante pour l'intensité des règlements de compte et la déliquescence morale de l'anti-héros, Kim Shapiron emploie la radicalité, la violence rugueuse sans espoir de rédemption et ce jusqu'à l'ultime point d'orgue au paroxysme du chaos. Il dénonce avec lucidité et un réalisme documentaire l'impuissance d'une hiérarchie incapable de réhabiliter des adolescents livrés à la loi du plus fort dans un milieu hostile particulièrement insidieux.

Niveau distribution novice, ils portent le film sur leurs épaules avec une affliction humaine glaçante !!! Ils ne jouent pas leur rôle, ils le vivent, à l'instar du jeune héros Alexei Kravtchenko de l'inoubliable Requiem pour un massacre de Elem Klimov (Un rôle si difficile et traumatisant qu'après le tournage, il sombra dans une grave dépression !). Ces ados véhiculant aux spectateurs avec souci de vérité leur détresse, leur désengagement face à une société intolérante où l'amour et l'empathie en sont totalement bannis ! Dans la peau de Butch, Adam Butcher est LA révélation ! Il insuffle un jeu instinctif d'émotion primitive ! Il livre avec une stoïcité viscérale ses pulsions vindicatives de haine face à la riposte de la violence lors d'un élan de survie. Son regard meurtri et impassible, bafoué par l'iniquité, hante la mémoire du spectateur par tant de réprimandes infondées. Sans connaître son lourd passé et les raisons punitives pour lesquelles il fut interné, nous sommes bien conscients que ce jeune rebelle avait sans doute été défavorisé par une démission parentale, voire peut-être également des actes de maltraitance laissées en cicatrice.

Demain les mômes
Dans une ambiance immersive de désuétude et d'hostilité, Dog Pound est un uppercut qui met KO après le générique ! Une descente aux enfers abrupte par l'émotion qu'elle nous distille avec la volonté de nous immerger dans la déchéance humaine de détenus indomptables. La mise en scène avisée, autopsiant ces conflits d'autorité avec lucidité et refus de pathos ou de complaisance. Dès lors, il est impossible de sortir indemne d'un tel fardeau retranscrit avec autant de colère et de rancoeur par des acteurs criants de dignité !

NOTE: 2010 : Meilleur Nouveau Réalisateur (Best New Narrative Filmaker) au Festival de Tribeca (fondé par Robert De Niro) pour Dog Pound.

Dédicace à Philippe Nahon
01.09.10

BLISS (Whip It !)

                            

de Drew Barrymore. 2009. U.S.A. 1H51. Avec Ellen Page, Zoe Bell, Drew Barrymore, Sarah Habel, Alia Shawkat, Marcia Gay Harden, Eulala Scheel, Nina Kircher, Daniel Stern, Mark Boyd, Doug Minckiewicz...

BIO: Drew Blythe Barrymore (filleule de Steven Spielberg) est une actrice, productrice et réalisatrice américaine, née le 22/02/75 à Culver City, en Californie. Il s'agit de sa première réalisation.

L'ARGUMENT: Bliss est une jeune fille introverti de 17 ans qui doit subir les exigeances d'une mère autoritaire obnubilée par les concours de beauté. Mais Bliss va rapidement se découvrir une passion qu'elle ignorait : le roller derby. Un sport violent qui se voit affronter 2 clans opposés de jeunes filles déterminées à remporter la mise.

                  

ROLLERBALL FEMINISTE SANS JEU DE VILAIN.
Pour une première réalisation, notre célèbre actrice Drew Barrymore s'en tire plutôt bien dans cette évocation d'une adolescente taciturne qui va découvrir sa réelle foi intérieure grâce au sport de combat.

Dans un mélange de comédie de moeurs et d'action ludique à travers une épreuve sportive musclée, Bliss est un joli portrait attachant d'une jeune fille déterminée à se forger une personnalité. C'est cette activité extrême uniquement destinée aux femmes qui va la résoudre à se prendre en main dans cette phase d'adolescence difficile à gérer et équilibrer.
En s'opposant à des individus plus âgés qu'elle, notre héroine va pouvoir s'affirmer et se prendre en main au fur et à mesure de l'évolution de ses compétences sportives.
Par l'envie de gagner et montrer aux autres qu'elle n'est pas la petite fille docile , Bliss va bouleverser toute ton équipe pour les mener au bord de la victoire vers un final fatidique déterminant.
C'est en s'opposant aux conflits familiaux de ses parents qu'elle prendra véritablement conscience par quelle voie elle devra s'orienter, quel chemin elle pourra tracer en se livrant au sens de l'existence, ses envies intérieures, son désir d'ambition.

                   

GIRL POWER !
L'interprétation de l'attachante Bliss campée par Ellen Page est épatante de naturel et de sobriété dans sa petite taille d'adolescente, son air discret, sa bouille innocente, sa modestie fébrilement hésitante et son tempérament de battante. Non dénué de charme et de profonde tendresse quand elle s'attachera à son idylle amoureuse envers un jeune garçon ambivalent.
Dans le rôle d'une sportive expérimentée appartenant au clan opposé, Juliette Lewis délivre sans surprise un personnage tout à fait convaincant dans son arrogance, son envie d'annihiler l'ennemi et son complexe de vieillir trop vite, d'avoir perdu tant de temps à trouver sa véritable identité, passé le cap de la trentaine.
Malgré son physique quelque peu bouffi sans doute mis en cause par une dépendance à l'alcool, on retrouve avec plaisir une comédienne atypique dans son physique musclé, sexy et son regard de louve marginale.
La rayonnante et pétillante drew Barrymore n'est pas non plus en reste dans le rôle d'une girl power casse cou, souvent casse gueule sans jamais jeter l'éponge face à l'adversaire intransigeant ! elle monopolise ses apparitions à l'écran avec un tempérament extraverti et explosif dans une bonne humeur communicative !

                               

Le final énergisant et musclé pour nous offrir une ultime partie définitive de Roller Derby est un joli moment d'émotion et de sagesse dans le refus de livrer naïvement un happy end idéal où les cartes étaient jouées d'avance. A ce niveau, Drew Barrymore a sû éviter la forme conventionnelle d'une narration qui est loin d'être exempt de défauts dans ces poncifs établis comme l'amourette traditionnelle semi tragique entre les deux amants à la fleur de l'âge, les parents autoritaires imbus de leur personne, le manager sympa et gentillet ou les disputes entre copines qui finiront toujours pas se retrouver.
Mais les séquences d'action nerveusement dirigées et surtout le talent de la jeune Ellen Page emporte l'adhésion dans cette attachante chronique pleine de charme et de bon sens.

JUSQU'AU BOUT DU REVE.
Malgré une réalisation pas très maitrisée et une futile maladresse dans le jeu de certains acteurs, en particulier vers les conflits parentaux manquant parfois de conviction (du moins pour certaines scènes orageuses), Bliss reste une comédie légère sans prétention, agréablement rythmée par une BO rock endiablée. Empreint de tendresse et plus intelligente que la moyenne des teens movies orthodoxes, on ne sera pas indifférent au message social que Drew Barrymore souhaite nous retranscrire. A savoir une leçon de vie pour nous soumettre qu'il faut savoir écouter son coeur, le laisser nous guider sans s'attarder sur les préjugés ou les idées préconçues.
Que le droit à la différence est un équilibre et une valeur essentielle pour tous citoyens capables de vivre en communauté.

                   

02.09.10.

VENGANZA (Sólo Quiero Caminar / je veux seulement marcher)

                           

de Agustín Díaz Yanes. 2008. Espagne. 1H50. Avec Diego Luna, Elena Anaya, Ariadna Gil, Carlos Bardem, Victoria Abril

BIO: Agustín Díaz Yanes est un réalisateur et scénariste espagnol, né en 1950 à Madrid (Espagne). Il avait fait forte impression en 1995 avec son premier film : Personne ne parlera de nous quand nous serons mortes.
Venganza est son 4è long-métrage.

L'ARGUMENT: A la suite d'un hold-up raté envers des truands, un groupe de quatre jeunes femmes vont retenter un coup faramineux avec une bande de mafiosos méxicains réunis en Espagne. L'une des 4 filles est une jeune prostituée qui a involontairement séduit le leader des gangsters.
Les 3 jeunes femmes habitées par la vengeance vont essayer de les berner en leur soutirant une énorme somme d'argent.

                    

LES ANGES DE LA VENGEANCE.
L'avantage de Agustín Díaz Yanes est de traiter à sa manière personnelle une sombre histoire de vengeance où les héros sont des femmes, bien décidées à faire payer une bande de machistes qui ont envoyés l'une des leurs à l'hopital dans un état comateux.
Mais attention à la structure narrative qui en déconcertera plus d'un à cause d'une trame bien confuse, désorganisée et complexe dans l'enchevetrement des rebondissements. Il vaudra donc mieux être bien concentré pour apprécier pleinement ce polar violent qui ne va jamais là où on l'attend.
C'est la grande qualité du film de traiter de manière singulière et insolite une histoire criminelle déjouée par des femmes fragiles mais habiles et déterminées à remporter la mise.
Les séquences de braquage à haut risque sont adroitement dirigées et ne sombrent pas dans l'académisme facile. Les situations de danger sont souvent imprévisibles et les comportements de chaque protagoniste est inhabituellement retranscrit avec un sens de vérité, accentuant le côté réaliste, crédible de chaque épisode inopiné.
On ne sait jamais de quelle manière telle situation va aboutir et comment les personnages vont réagir. Le danger n'en n'est que plus conséquent et il sera impossible de deviner la suite des évènements davantages consolidés dans une dramaturgie orientée par l'évolution de l'histoire.

                         

DROLES DE DAMES.
Nos drôles de dames charmantes aux teintes naturelles sont interprétées par de jeunes actrices convaincues, rationnelles et divinement belles dans leur physique anti bimbo.
Elles sont dôtées chacune d'une personnalité distincte dans leur blessure écornée par l'une des deux soeurs (Aurora) qui devra purger une peine de quatre années de prison à la suite du premier hold-up.
Tandis qu'une autre jeune prostituée, Anna, se retrouvera à l'hopital entre la vie et la mort après avoir été éjectée en roue libre d'une voiture par son mari, chef du gang des mexicains.
Un joli portrait de quatres femmes bien dessinées, dôté d'un vrai tempérament revanchard empruntant de véritables dangers et d'une belle humanité retransmise comme la superbe interprétation de Victoria April qui doit s'occuper de son fils entre deux braquages à haut risque. Une scène tragique est à cet égard remarquable d'émotion dans ces derniers retranchements. Dans sa manière d'interagir une situation dramatique empreint de maladresse à la limite du superflu.
La relation idyllique entre Aurora et "Baby face" interprété par Diego Luna qui s'achemine dans les derniers actes avant le levé de rideau offre également une innatendue compassion désanchantée, une affectation avouée au dernier instant avant de conclure sur le respect promis d'une réminiscence.

                    

UN FILM D'AUTEUR.
Malgré une narration alambiquée difficile à suivre dans sa première heure de métrage, VENGANZA est un excellent polar espagnol déroutant, pleinement personnalisé par une réalisation inventive, maitrisée et dôté d'une jolie photographie. Avec en sus une habile utilisation des décors urbains ainsi que le design contemporain, l'esthétisme moderne des demeures classieuses dans lequel évoluent nos personnages machistes. Violent, beau, personnel et innatendu.

03.09.10

                      

Repo Men / Repossession Mambo

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Miguel Sapochnik. 2010. U.S.A. 2h00. Avec Jude Law, Forest Whitaker, Alice Braga, Liev Schreiber, Carice van Houten, Chandler Canterbury, Joe Pingue, Liza Lapira, Tiffany Espensen, Yvette Nicole Brown...

BIO: Il s'agit du premier long-métrage de Miguel Sapochnik, adapté du roman d’Eric Garcia  intitulé  The Repossession Mambo.

L'argument: Dans un futur indéterminé, une société appelée "l'union" a réussi à fabriquer des organes artificiels pour prolonger la vie de nos concitoyens. Le problème est que leur coût est très élevé sitôt la transplantation réalisée. C'est à ce moment là qu'interviennent les Repo Men, des hommes chargés de récupérer les organes non débités et ainsi tuer sans conscience morale leur clientèle endettée.

Les Rescapés du Futur.
Attention film OVNI réalisé par le jeune premier Miguel SapochnikRepo Men n'est point le remake du film culte des années 80 avec Emilio Estevez mais un film de science-fiction pessimiste à l'instar des distopies Brazil, Blade Runner, THX 1138, Silent Running ou encore Starship Troopers. De par sa narration aussi hallucinée que débridée on ne pouvait qu'enfanter un métrage bariolé, hybride, déroutant, indicible tant il télescope à rythme intermittent divers ingrédients inhabituellement agencés. Un alliage détonnant donc d'humour noir, d'action, de gore, d'ultra violence, de mauvais goût, de poésie macabre, de science-fiction, de romance et de film noir. Le tout irrigué d'une ambiance singulière ambivalente jouant avec l'opacité d'un univers sombre déshumanisé au rythme irrégulier d'une intrigue déroutante jalonnée de séquences d'action extrêmement violentes ou sanguines, qui plus est magnifiquement chorégraphiées.

Ainsi donc, après une première partie où l'on suit le travail routinier de notre duo dénué d'humanité ou d'un soupçon de compassion envers le citoyen endetté, la seconde partie rappelera à l'ordre l'un de nos deux protagonistes qui, à la suite d'une arrestation ayant mal tourner, perdra connaissance faute d'un arrêt cardiaque. Parmi cette impression déroutante d'assister à un métrage atypique, les interprètes du film ne sont pas en reste afin d'y former un trio anti caricatural. Jude Law demeurant étonnant dans son personnage en demi-teinte soudainement épris d'une conscience émotionnelle envers sa labeur quotidienne consistant à éradiquer les mauvais payeurs d'organes. La seconde partie narrative le rendra d'ailleurs davantage empathique, pour ne pas dire amoureux envers sa charmante partenaire méditerannéenne. L'actrice Alice braga se laissant sobrement charmer et attendrir auprès de la renaissance de Rémy dans sa fonction d'androïde rebelle et solitaire, tourmentée, apeurée de survivre au sein d'une société de consommation condescendante. L'équipier de Rémi est interprété par Forrest Whitaker en protagoniste fourbe, intransigeant, mais aussi ignorant jusqu'à ce qu'il suscite en fin de parcours un revirement fortuit.
  
Et donc, à travers ses têtes d'affiche peu recommandables on est particulièrement étonné par la radicalité de la mise en scène à aligner des scènes de violence rigoureusement brutales, impeccablement maitrisées sous l'impulsion d'une partition multi-factorielle alternant rock indépendant et mélodie lascive. 


Une production cathartique pour l'empire d'Hollywood.
Série B subversive, abstraite, jamais ennuyeuse, assez prenante et agressive entre deux scènes intimistes désenchantées, repo Men ne peut laisser indifférent. Son climat insolite sans concession le rendra d'autant plus intéressant à suivre à travers son regard pessimiste alloué à notre société de consommation perfide. Une étonnante découverte donc sortie dans l'indifférence de par son attrait clinique, austère, brutal n'ayant pas froid aux yeux.

06.09.10

LE DERNIER TRAIN DU KATANGA (The Mercenaries / Dark of the Sun)

             

de Jack Cardiff. 1968. Angleterre; U.S.A. 1H40. Avec Avec Rod Taylor, Yvette Mimieux, Peter Carsten, Jim Brown, Kenneth More.

BIO: Jack Cardiff  (18.09.14 / 22.04.09) est un directeur de la photographie et réalisateur britannique. Il possède à son actif 9 films réalisés entre 1953 et 1974 dont Les Drakkars (1963), Le Liquidateur (1965) et surtout pour les amateurs d'horreur, son dernier film sorti en 1974, The Freakmaker. Plus connu en France sous le titre de The Mutations, il n'eut même pas l'honneur de sortir en salles chez nous. C'est en vhs dans les années 80 que les amateurs auront l'opportunité de le connaitre.

Le Dernier Train du Katanga, basé sur une partie de faits réels (la décolonisation du Congo belge), est l'adaptation d'un best-seller de Wilbur Smith.

L'ARGUMENT: En 1960, en Afrique, dans un Congo en guerre, le Capitaine Curry est chargé avec son équipe de mercenaires de rapatrier en train des colons occidentaux menacés à une mort certaine dans la région du Katanga. De plus, il doivent également récupérer des diamands d'une valeur de 50 millions de dollars dans un coffre blindé d'une compagnie minière.

HEROS OU SALOPARDS.
Passé discrètement sous silence depuis des décennies, Le Dernier Train du Katanga ne bénéficia jamais des honneurs qu'il méritait ! Peut-être à cause d'une affiche explicite incitant à un combat sans merci à la tronçonneuse et du fait de sa violence rêche et brutale peu coutumière dans le genre ludique alors que le film ne vire jamais dans le racolage ou l'outrance gratuite. La violence sera avant tout ici un moteur pour mieux dénoncer toute son abominable horreur, son poison vénéneux qui s'injecte sans avertir chez nos soldats en cas de guerre des combats.

                    

La première partie du film nous entraine de plein pied dans le fameux train de tous les dangers pour sa destination du Katanga après nous avoir présenté les différents personnages (un docteur alcoolo, un ancien nazi et un sergent congolais) qui auront pour mission de sauver une poignée d'innocents avec une cargaison de diamants à la clef !
Dès le début de leur trajet nos mercenaires vont être tiraillés par un avion hostile qui ne leur laissera pas un instant de répit. Séquence d'action spectaculaire, efficace, adroitement dirigée.
Après un affront inopiné à la tronçonneuse entre notre capitaine Curry et cet ex-officier SS, la suite nous amène dans la fameuse région du Katanga et c'est là que le clou de l'action va intervenir à grand renforts de gunfights et d'explosions en tous genres.
Car le hic qui va chambouler toute l'opération c'est que le coffre fort possède une minuterie et qu'il va falloir attendre 3 heures de plus pour pouvoir s'approprier les diamants. En effet, le banquier n'avait pas prévu que nos mercenaires seraient arrivés si précipitamment.
Et la pire des situations de se produire dans un déchainement de violence commise entre les rebelles "Simbas" et nos mercenaires chevronnés.
Un combat sans merci va alors s'engager pour la survie des colons occidentaux pris en otage contre leur gré où rien ne se déroulera comme prévu.

                                           

En dosant habilement suspense, confrontation de nos personnages marginaux et action haletante, intense et brutale, Le Dernier Train du Katanga est une formidable machine de guerre qui ne relâche pas d'un yota l'intérêt du spectateur pris dans une aventure violente et barbare mise en cause par la sauvagerie d'africains impitoyables dans leur manière de combattre avec leur plus primitive bestialité.
La trame passionnante est loin d'être un film de guerre pétaradant dans le seul but ludique de distraire son spectateur à grand coup de scènes explosives anthologiques. Cette narration intelligente reste à hauteur d'homme contrebalancée dans les conflits psychologiques où ces fameux mercenaires ne sont pas aussi dignes d'éloges. Et plus la trame va s'amonceler, plus l'ambiance deviendra davantage poisseuse, aigrie, désenchantée dans la résultante d'une immoralité impertinente.

                    

Le capitaine Curry formidablement taillé sur mesure pour Rod Taylor est le personnage le plus fascinant et intéressant à examiner dans sa ligne de conduite imparable, son expérience indétrônable dans les situations de danger à haut risque et sa froide rigidité à combattre tête baissée dans les lignes ennemies imposées. La force du scénario et de l'évolution de son personnage sera qu'il devra payer un lourd tribut en fin de parcours désespéré. Un être anéanti, dissous, habité par la haine et la guise de revanche.
Son équipier c'est le Sergent Ruffo interprété par l'acteur black Jim Brown, le personnage le plus humble et loyal dans sa conscience équitable, son sens des valeurs et son humanité retranscrite avec tact et tempérence.
Quand au salopard de l'histoire, l'immonde Capitaine Henlein joué par le génial Peter Carsten est totalement abjecte en nazi sadique sans scrupule, uniquement appâté par le gain et capable de commettre les pires crimes envers ses successeurs ou ces 2 enfants du clan des Simbas venus espionner nos mercenaires. C'est lui qui affrontera à la tronçonneuse le capitaine Curry dans un combat singulier jamais vu dans un film de guerre (surtout pour l'époque !), d'autant plus que la séquence se révèle assez réaliste et intense dans les acharnements de survie. On évitera de spoiler les autres exactions dramatiques commises en sa défaveur tout en évitant aussi de dénoncer son potentiel destin.
Pour adoucir les moeurs, il y a aussi la charmante Claire campée par Yvette Mimieux, personnage féminin docile et fragile, retrouvée par notre troupe héroïque en inadvertance dans un état de choc semi conscient, en tout début de métrage. Elle compose avec frivolité une femme modeste, retenue, éprise de douceur dans son regard nonchalent par toutes les horreurs dont elle sera portée en témoignage.

                    

Le final anxiogène, acerbe et profondément tragique impose un lourd regard condamné sur l'homme devenu animal dans sa fatale intériorité, résultat lamenté d'une violence aveugle auquel aucun de nos protagonistes ne sortira vainqueur.

LEGITIME VIOLENCE.
Le Dernier Train du Katanga est un vrai classique du film de guerre totalement oublié, n'ayant jamais eu la prospérité d'être réévaluer pour ce qu'il est véritablement ! Un sombre témoignage lucide et dur, un triste constat sur l'inutilité de la guerre et cette violence instinctive enfouie en chacun de nous, capable de nous gangréner jusqu'à y perdre l'âme. A moins de trouver une rédemption permissive dans un tribunal arbitraire. La superbe partition musicale de Jacques Loussier, aux accents proches d'une mélodie atypique d'Ennio Morricone ajoute une aura supplémentaire à l'ambiance rêche qui s'évapore du film.

06.09.10

IRON MAN 2

                                 

de Jon Favreau. 2010. U.S.A. 2H05. Avec : Don Cheadle, Robert Downey Jr, Scarlett Johansson, Gwyneth Paltrow, Sam Rockwell, Mickey Rourke.

BIO: Jon Favreau (surnommé Favs) est un acteur, producteur, réalisateur et scénariste américain, né le 19/10/66 à New-York.
Après avoir réalisé Zathura : une aventure spatiale en 2005, c'est à lui que l'on doit le premier volet d'Iron Man qui avait surpris son monde avec ce nouveau super-héros flambant neuf retransmis sur pellicule qui devait tant à la géniale interprétation de Robert Downey Junior.
Iron Man 2 est son cinquième long-métrage.

L'ARGUMENT: Après avoir divulgué au monde entier qu'Iron Man et Tony Stark ne font qu'un, son gouvernement américain qui rêve de concevoir une nouvelle armée du futur souhaite un compromis avec notre héros pour lui soumettre de dévoiler les secrets de fabrication de son armure atypique. Mais Tony Stark refuse, craignant que sa nouvelle technologie ne tombe entre de mauvaises mains.
Alors qu'à l'horizon, un nouveau partenaire épris de vengeance est fermement décidé à annihiler Iron Man.

                   

BAUME AU COEUR.
Dire que l'on attendait cette suite alléchante (aidée d'une bande annonce prometteuse) avec une réelle impatience et curiosité est un doux euphémisme tant le premier volet avait su nous surprendre. Avec cette sincère volonté, cette part de rêve de délivrer un excellent spectacle haut en couleurs dégageant un souffle d'évasion et d'émotion plutôt surprenant et trop rare dans le genre Marvelisé ciblé ados, si souvent orthodoxe, balisé et puéril (catwoman, les 4 fantastiques, daredevil, transformers, Elektra, Superman return, Punisher, Ghost Rider, Wolverine, etc...)
Le spectacle intense et énergique était aussi rehaussé par l'interprétation innée de Robert Downey Junior pour incarner ce nouveau super-héros charismatique à la carrosserie de rouge classieux. Un homme surhumain en demi-teinte, mi polissé pour sa droiture envers sa société, inventeur de génie, vendeur d'armes, playboy milliardaire et mi cynique dans son sarcasme après l'enfilement de sa combinaison, eu égard de son gouvernement imbus de pouvoir, prêt à lui accorder n'importe quelle faveur.

                   

Dès le début en fanfare pour une célébration attendue, on entre avec un bonheur retrouvé dans l'univers de Tony Stark et la séquence suivante du circuit automobile qui va intervenir furtivement nous exprimera une patine d'enfer devant le spectacle accordé à grand renfort de lassos électriques fouettés sur des automobiles sectionnées en deux ou explosées en plein vol. Pour exacerber cette séquence d'action impressionnante, il fallait bien un méchant prodigue de la trempe de Mickey Rourke pour la contenir et ainsi créer une probabilité de réalisme dans les séquences chocs délivrées, aidées par des FX en CGI bluffants.

La suite va tranquillement s'atténuer dans l'action survoltée après l'évasion du méchant de service pour nous faire partager les états de conscience de Tony Stark. Un super-héros toujours aussi humanisé, épris d'une belle épaisseur psychologique dans ses états d'âmes torturés à cause d'un souci de santé qui pourrait lui causer sa perte ainsi que l'avenir du monde en tant que sauveur de l'humanité. Penchant pour l'alcool, auto-destruction, sarcasme de son amour propre et fuite éperdue de son personnage héroïque vers une parodie de pacotille enlacé de donzelles fantasmées et éméchées.
C'est cette grosse partie psychologique, cette longue transition qui aurait un peu trop tendance à sombrer dans l'oubli du spectacle explosif auquel on s'était donné en droit d'attendre après la renommée et la grosse bouffée d'air frais du premier volet dans l'univers du super héros infaillible, seul contre tous.

C'est sans compter sur un duo hermétique interprété par Samuel L. Jackson et Scarlett Johansson qui viendront remettre dans le droit chemin notre héros tourmenté, s'apitoyant sur une lâcheté défaitiste . A moins que le souvenir de son père ambitieux lui permettra de se resituer dans une moralité spéculative.

D'autant plus qu'Ivan Vanko, le russe épaulé par un traitre du gouvernement est entrain de planifier, confectionner avec ses partenaires corrompus une imposante armée de robots ultra perfectionnés.
C'est dans cette dernière demi-heure retrouvée que nous aurons droit à notre quota de séquences vertigineuses, impeccablement réalisées dans un festival pyrotechnique sons et lumières à couper le souffle. Même si la confrontation entre Mickey Rourke et Robert Junior aurait gagné à être un peu plus étoffée dans leur ambition personnelle et leur caractère commun.

                   

On retrouve en tous cas avec bonheur égal un Robert Downey Junior toujours aussi attachant, bondissant, fantasque et plein d'humour dans son personnage héroïque rendu aujourd'hui plus fébrile dans son rôle du sauveur solitaire mis en cause par une faille technologique essentielle située au coeur derrière l'armure d'acier.
Le grand méchant loup, Ivan Vanko campé par le génial Mickey Rourke est parfaitement à l'aise dans le rôle d'un russe affirmé par sa gueule cassée et d'une bouille gonflée par l'alcool, envenimé par la vengeance à cause du décès de son père auquel il portera l'entière responsabilité à son partenaire idôlatré Iron Man. Dommage que sa prestance ne soit pas assez régulière et imposante dans ses ambitions dantesques et sa détermination à enrayer le bienfaiteur des humbles.

Samuel L. Jackson dans un court rôle de borgne vêtu de noir n'avait pas vraiment lieu d'être et se révèle plutôt terne et transparent. Tandis que son équipière de charme imposée par la séduisante Scarlett Johansson ajoute un charme certain à l'entreprise de choc dirigée par la nouvelle présidente en revue, la toute aussi charmante et doucereuse Gwyneth Paltrow, discrètement élégante.

Surtout que les talents acrobatiques de combats au corps à corps de la nouvelle veuve noire sexy se révèlent particulièrement agiles dans l'art d'appréhender l'ennemi.

                   



MI-FIGUE MI-RAISIN.

Iron Man 2 n'est pas la suite explosive annoncée et se révèle loin d'égaler le premier volet à cause d'un scénario pas assez fourni, manquant de vigueur, un peu longuet en milieu de métrage et se révélant en fin de compte sans surprise malgré une mise en scène soigneusement structurée et ses fx renversants.
De plus, certains personnages éloquents manquent de consistance comme Samuel L. Jackson ou surtout Mickey Rourke pourtant excellent mais pas assez exploité ni schématisé dans la psychologie de son personnage créé.
Paradoxalement, on ne ressort pas non plus de la projection pleinement déçu grâce à ces quelques séquences d'actions formidablement dirigées, l'interprétation toujours aussi jouissive de Robert Downey Junior et l'efficacité certaine d'un récit bien mené quoiqu'assez académique et même si l'effet de surprise ne joue plus. Un bon spectacle ludique malgré cette ambivalence, cette demi-mesure d'avoir été tout aussi déçu.
En attendant le 3è volet toujours réalisé par Jon Favreau...

08.09.10

DEVIL BLADE (Passa di danza su una lama di rasoio / Chassés croisés sur une lame de rasoir)

                

de Maurizio Pradeaux. 1972. Italie. 1H30. Avec Nieves Navarro, Robert Hoffmann, George Martin, Anuska Borova, Simon Andreu, Sal Borgese, Luciano Rossi, Serafino Profumo...

BIO: Le cinéaste italien Maurizio Pradeaux né le 16 avril 1931 aurait réalisé 8 longs-métrages durant sa carrière méconnue en France.
Ramon le Mexicain (1966), Un casse pour des clous (Venti otto minuti per tre milioni di dollari.1967), Les léopards de Churchill  (1970), Devil Blade (Passa di danza su una lama di rasoio.1972), I figli di Zanna Bianca (1974), Passi di Morte Perduti nel Buio (1976),  Death Steps in the Dark (1977) et enfin pour terminer Thrilling Love (1989).
Son métrage le plus célèbre serait le film de guerre, Les léopards de Churchill avec Klauss Kinski. Dans le domaine du Giallo, après son premier essai Devil Blade, il récidivera 5 ans plus tard avec Death Steps in the dark (1977).

L'ARGUMENT: Kitty, une jeune photographe se promène dans un parc, tout en observant au téléscope la ville de Rome. Brusquement, elle va être le témoin involontaire d'un horrible meurtre commis sous ses yeux à travers l'objectif.
A cause d'une impuissance des forces de l'ordre, elle décide avec l'aide de son ami Alberto d'enquêter pour son propre compte.
 
                                            

LA CHAIR SENSUELLE DU RASOIR SUR LA GORGE.
Giallo méconnu plutôt rare qui aura fait les beaux jours de certains rayons des vidéos-clubs des années 80, Chassés croisés sur une lame de rasoir (quel joli titre d'origine !), plus connu chez nous sous le nom américain de Devil Blade est un thriller transalpin mineur et maladroit mais oh combien attachant et mené sur rythme alerte.

Un mystérieux tueur boiteux, se déplaçant avec une canne, s'en prend à de jolies danseuses ou autres témoins gênants pour les égorger de manière sadique avec l'élégance d'un rasoir vétuste et classieux.
Pendant que l'enquête policière piétine et tourne en rond, notre couple héroïque uniforme décide de prendre les rênes en main pour tenter de soustraire le mystérieux tueur ganté, vêtu de noir et d'un sinistre chapeau.
 
                                             

SEUL(E) DANS LA NUIT.
La narration rudimentaire ne risque pas de vous donner le tournis mais l'enquête est suffisamment rythmée pour ne jamais nous ennuyer, surtout que les nombreux meurtres sanglants à base de tranchage de gorges filmées en gros plan ne pourront que contenter l'amateur pervers d'effet frissonnant et juteux. C'est en priorité du côté de l'esthétisme de ces meurtres soigneusement fignolés et d'une ambiance oppressante savamment orchestrée que Devil Blade va tirer son épingle du jeu.
Il faudra compter en moyenne un meurtre toutes les quinze minutes ! Comme la mort représentative du vendeur de châtaignes insalubre, réfugié seul chez lui dans une maison délabrée. La vieille dame solitaire, sournoise et désinvolte, seule dans le noir osbcur de son foyer, en dehors d'une bougie éclairée (ambiance lugubre garantie !). Et enfin nos charmantes jeunes filles souvent dénudées, totalement impuissantes face aux sauvages exactions commises sans compromis de notre diabolique tueur en série.
  
                                           

NUES POUR L'ASSASSIN.
Malheureusement, la maladresse de la mise en scène peu aidée par un scénario linéaire et routinier offre peu de surprises innatendues pour le spectateur, en dehors de l'identité meurtrière du coupable plutôt surprenante. Les comédiens se révèlent pourtant attachants et les femmes sont toutes plus belles et sensuelles les unes que les autres mais ils ne parviennent pas à convaincre dans l'enchainement des évènements de l'intrigue. La mise en cause en revient surtout à une réalisation peu affirmée et ses interprètes mal dirigés malgré un évident savoir faire dans les scènes de meurtres et son ambiance angoissante bien restituée.
De plus, les séquences érotiques softs purement gratuites prouvent bien la banalité d'une intrigue inconsistante qui essaie de compenser la maigreur de son script entre deux jolies scènes de meurtres à l'italienne.

Le final haletant, que ce soit la poursuite en voiture sous la pluie ou la dernière traque nocturne d'une jeune femme refugiée dans un abris de jardin est plutôt bien tempéré, palpitant, captivant. Le sentiment d'angoisse et de terreur oppressante exprimé aux victimes est parfaitement retranscrit et ne cède jamais dans le ridicule balisé.
  
                                             

GIALLO BIS.
Devil Blade est un Giallo mineur peu ambitieux, sans grande surprise mais le suspense aussi faible soit-il est pourtant assez bien rendu et entretenu et l'audace des nombreux meurtres disposés dans une ambiance angoissante restent les vrais points positifs d'un film sympathique, ludique qui ne prête jamais à l'ennui. De plus la partition musicale mélodieuse composée au piano, que l'on croirait sortie d'un Bava gothique ajoute un charme supplémentaire nonchalant.
Une curiosité sans prétention qui vaut tout de même le détour pour les aficionados de thrillers transalpins d'une époque révolue (en dehors du dernier coup d'éclat récemment commis par deux belges inconnus : l'expérimental AMER !)

DEDICACE A CHRISTOPHE DE LA GORGONE !
10.09.10

samedi 5 mars 2011

BURNING BRIGHT

                        

de Carlos Brooks. 2010. U.S.A. 1H25. Avec Briana Evigan, Garrett Dillahunt, Charlie Tahan et Meat Loaf .

BIO: Burning Bright est le second film d'un réalisateur et scénariste américain qui avait deux ans auparavant mis en scène un thriller nommé Quid Pro Quo.

Zé CRU VOIR UN GROSMINET !
D'une trame niaise aussi risible, digne d'une série Z de comptoir, Carlos Brooks a réussi avec une certaine intelligence à contenir une série B adroite, efficace et bien troussée, renforcée par le tempérament de son actrice principale: Briana Evigan.
  
                   

Un homme peu scrupuleux décide d'acheter à bon compte un tigre de cirque pour l'excursion de son prochain safari.
Tandis que sa belle-fille en deuil qui vient de perdre sa mère aura la lourde tache d'élever seule son jeune frère autiste.
Durant une nuit agitée au climat pluvieux, Kelly et Tom vont s'apercevoir qu'un intrus vient d'entrer dans la maison !
Un tigre enragé à qui on a volontairement omis de nourrir durant deux semaines !

Après une scène d'intro accrocheuse qui annonce la couleur de la dangerosité, à savoir le tempérament hostile du prédateur carnivore en question, nous allons faire la connaissance furtive de nos deux jeunes interprètes principaux sans s'attarder sur leur quotidien habituel. Une jeune fille et un garçon qui vont devoir quelques instants plus tard user de leur compétence physique et intellectuelle durant une nuit de frayeur au prix de leur survie.
Dès lors le huis-clos installé, la tension et le suspense nerveusement compromis n'auront pas le temps de s'atténuer en offrant à nos protagonistes une multitude de possibilités assez bien amenées pour tenter d'échapper au monstre carnivore.
Les tentatives d'essayer de sortir de la maison seront nombreuses car toutes les portes barricadées ont été condamnées sans en connaitre la véritable raison et cela jusqu'au moment opportun.
Heureusement, un téléphone portable et un revolver chargé viendront en aide à nos deux victimes mais pour un court laps de temps car des idées scénaristiques viendront sérieusement remettre en jeu ces deux éléments essentiels pour s'en sortir vivant.
  
                    

Dans un climat d'angoisse et d'inconfort, une multitude de scènes haletantes et spectaculaires vont intervenir à un rythme régulier, dans un souci de rendre le plus crédible possible une histoire improbable frisant le ridicule.
A contrario des séries B et autres DTV futilement torchées avec une pelletée de clichés et d'instruments balisés, Burning Bright sort la tête de l'eau pour nous livrer un petit moment attrayant, palpitant, spectaculaire, renforcé par la conviction de nos deux interprètes principaux dont le jeune frère souffrant d'autisme. Une bonne idée de scénario qui va rigoureusement alourdir les difficultés psychologiques rencontrées avec sa soeur qui ira jusqu'à imaginer la mort de son frère qu'elle étouffera elle même dans un cauchemar perturbant.

L'OEIL DU TIGRE.
C'est Briana Evigan (Sorority row) qui campe une séduisante jeune fille parfaitement crédible et réfléchie dans ces potentielles tentatives de se mesurer contre l'animal, ses défis adressés contre lui comme ouvrir le gaz de la cuisine, s'enfermer dans un réfrigérateur éteint, grimper dans une chute à linge ou fabriquer une torche enflammée pour l'intimider. Elle se révèle une femme de caractère, doté d'un joli sang froid, mais tout aussi attachante et humaine surtout quand elle décide de prendre la fuite en voiture alors que son jeune frère handicapé est encore à l'intérieur de la maison. Prise de remord et de lâcheté, elle n'aura pas d'autre choix que de revenir sur ses pas et combattre la bête cloitrée dans une éventuelle pièce de la demeure.
La bonne nouvelle qui va authentifier la menace omniprésente du fameux intrus carnivore viendra du faite que les FX ne seront pas numérisés (ou si peu) et qu'il s'agira durant tout le métrage d'un véritable tigre en chair et en os. Autant dire que la bête photogénique se révèle impressionnante dans son immense regard indocile, avide de chair humaine bien tendre, juteuse et vivante.

                    

Burning Bright est une sympathique série B assez habile, moins téléphonée que la traditionnelle des productions horrifiques mettant en avant  une agression animale, même s'il se laisse parfois aller à quelques facilités éculées (la voiture en panne impossible à démarrer).
Porté à bout de bras par le talent de sa jeune élégante actrice, il vous fera passer un moment agréable dans un récit efficace, bien rythmé qui multiplie les revirements spectaculaires et haletants. A ce titre, la séquence où l'héroïne grimpera dans une chute à linge est un joli moment de suspense, habilement monté à la manière d'Hitchcock dans l'art de créer l'angoisse de façon insinueuse avec l'attente de l'impromptu.
  
                    

13.09.10