dimanche 6 mars 2011

Devil Blade (Passa di danza su una lama di rasoio / Chassés croisés sur une lame de rasoir)

                             (Crédit photo : image trouvée via Google, provenant du site imdb. Utilisée ici à des fins non commerciales et illustratives).

de Maurizio Pradeaux. 1972. Italie. 1h30. Avec Nieves Navarro, Robert Hoffmann, George Martin, Anuska Borova, Simon Andreu, Sal Borgese, Luciano Rossi, Serafino Profumo...

BIO: Le cinéaste italien Maurizio Pradeaux né le 16 avril 1931 aurait réalisé 8 longs-métrages durant sa carrière méconnue en France. Ramon le Mexicain (1966), Un casse pour des clous (Venti otto minuti per tre milioni di dollari.1967), Les léopards de Churchill  (1970), Devil Blade (Passa di danza su una lama di rasoio.1972), I figli di Zanna Bianca (1974), Passi di Morte Perduti nel Buio (1976),  Death Steps in the Dark (1977) et enfin pour terminer Thrilling Love (1989). Son métrage le plus célèbre serait le film de guerre, Les léopards de Churchill avec Klauss Kinski. Dans le domaine du Giallo, après son premier essai Devil Blade, il récidivera 5 ans plus tard avec Death Steps in the dark (1977).

La chair sensuelle du rasoir sur la gorge
Giallo méconnu et plutôt rare, Chassés croisés sur une lame de rasoir (quel magnifique titre initial !), plus connu chez nous sous le nom américain de Devil Blade, est un thriller transalpin mineur, maladroit, mais ô combien attachant, mené sur un rythme alerte.

Synopsis: Un mystérieux tueur boiteux, se déplaçant avec une canne, s’en prend à de jolies danseuses ou à d’encombrants témoins, les égorgeant de façon sadique avec un rasoir. Tandis que l’enquête policière piétine et tourne en rond, notre couple héroïque, bien propre sur lui, décide de prendre les choses en main pour tenter de démasquer le tueur ganté, vêtu de noir, coiffé d’un chapeau sinistre.
 
Seul(e) dans la nuit
La narration rudimentaire ne risque pas de vous donner le tournis, mais l’enquête reste suffisamment rythmée pour ne jamais lasser. Surtout que les nombreux meurtres sanglants - tranchages de gorge en gros plan - sauront satisfaire l’amateur pervers de frissons juteux. C’est avant tout par l’esthétique soignée de ces mises à mort et l’ambiance oppressante savamment distillée que Devil Blade tire son épingle du jeu.

En moyenne, un meurtre toutes les quinze minutes ! Le vendeur de châtaignes, réfugié seul chez lui dans une masure délabrée ; la vieille dame sournoise, désinvolte, abandonnée dans l’obscurité de son foyer, hors d’une maigre lumière de bougie (ambiance lugubre garantie !) ; et bien sûr, nos jeunes filles charmantes, souvent dénudées, livrées sans défense aux exactions sauvages de notre tueur diabolique.

Nues pour l’assassin
Hélas, la mise en scène, entravée par un scénario linéaire et routinier, offre peu de surprises, malgré une révélation finale plutôt bien pensée sur l’identité du meurtrier. Les comédiens restent attachants - les femmes sont toutes plus belles et sensuelles les unes que les autres - mais peinent à convaincre dans l’enchaînement des événements. La faute surtout à une réalisation peu assurée et à une direction d’acteurs défaillante, malgré un réel savoir-faire dans les scènes de meurtre et une ambiance angoissante bien restituée.

Les séquences érotiques softs, gratuites, témoignent de la vacuité d’une intrigue qui tente de compenser la maigreur de son script entre deux meurtres joliment orchestrés à l’italienne.

Le final, haletant - entre une poursuite en voiture sous la pluie et une traque nocturne dans un abri de jardin - est plutôt bien mené, palpitant, presque captivant. L’angoisse et la terreur vécues par les victimes y sont parfaitement retranscrites, sans sombrer dans le ridicule.

Giallo bis
Devil Blade est un giallo mineur, sans grande surprise, mais le suspense, aussi ténu soit-il, reste suffisamment entretenu, et l’audace des meurtres, enracinés dans une ambiance angoissante, demeure la vraie force de ce film sympathique, ludique, qui ne prête jamais à l’ennui. À cela s’ajoute une partition musicale mélodieuse au piano - qu’on croirait échappée d’un Bava gothique - et qui confère au film un charme nonchalant et indéniable.
Une curiosité sans prétention, qui mérite le détour pour les aficionados de thrillers transalpins d’une époque révolue (hors du sursaut exceptionnel récemment offert par deux Belges inconnus avec l’expérimental AMER).

— le cinéphile du cœur noir


DEDICACE A CHRISTOPHE DE LA GORGONE !
10.09.10

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