vendredi 20 avril 2012

THE WIZARD OF GORE

                                                 
                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinedb.avcesar.com

d'Herschell Gordon Lewis. 1970. U.S.A. 1h35. Avec Ray Sager, Judy Cler, Wayne Ratay, Phil Laurenson, Jim Rau.

FILMOGRAPHIE: Herschell Gordon Lewis est un réalisateur, scénariste, producteur, directeur de photographie, acteur et compositeur américain, né le 15 Juin 1926 à Pittsburgh, Pennsylvanie (Etats-Unis).
1963: Blood Feast. 1964: 2000 Maniacs. 1965: Monster a go-go. 1965: Color me blood red. 1967: A taste of blood. 1970: The Wizard of Gore. 1972: The gore gore girls. 2002: Blood Feast 2.

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En 1970, le pape du gore nous concocte un énième film gore dégueulbif, juste après quelques illustres friandises restées dans les annales du genre (Blood Feast et surtout 2000 Maniacs, son délire sudiste le plus drôle et original). The Wizard of gore ne déroge pas à la règle ! C'est amateuriste, grand-guignolesque, débridé et fatalement redondant ! Pour les amateurs de tripaille faisandée, cette curiosité vintage ne manque pas de charme dans son florilège de provocations incongrues. Montag, un magicien venu de nulle part réalise devant un public médusé des tours de prestige particulièrement sanglants. Il démontre tout son talent artistique à torturer en direct un spectateur désigné après l'avoir hypnotisé. Quelques instants après chaque représentation, les jeunes femmes préalablement sélectionnées sont retrouvées assassinées dans les mêmes circonstances. Une journaliste et son amant vont tenter de percer le mystère de ce prestidigitateur. 


Décors minimalistes, acteurs dérisoires, photo ocre délavée, scénario grotesque et surtout gore festif autopsié en gros plan ! Nous sommes bien en présence d'une pellicule obsolète mise en scène par notre ancêtre du gore, toujours plus motivé à nous balancer à la face nombre de scènes-chocs ultra sanglantes. Enucléation d'un oeil, corps coupé à la tronçonneuse ou écrasé par une presse, estomac éviscéré, empalement d'épée au fond de la gorge, tête tranchée à la guillotine, pieu enfoncé dans la tempe ! Des FX cheaps filmés en plan zoom, à grands renfort d'organes démembrés, comme tout bon film de cannibales ou zèderies ritales estampillés d'Amato Ketchup ! Le scénario improbable mais farfelu est un prétexte à aligner de façon récurrente nombre de mises à mort perpétrées par un mage souhaitant altérer réalité et fiction dans des tours de passe-passe singuliers. Paradoxalement, sitôt le numéro de torture exécuté, les personnes préalablement mutilées mais bel et bien vivantes sont retrouvées assassinées sous le même mode opératoire. Une journaliste et son compagnon dubitatif vont tenter de lever le voile sur le mystère de cette vague de crime et convier ce magicien orgueilleux dans une émission de télé ! Et on peut dire que l'épilogue halluciné vaut son pesant de délire métaphysique sur notre perception de la réalité et le sens illusoire de la fiction ! A croire que Lewis et toute son équipe ont du abuser de substance psychotrope pour rallonger un final décousu totalement irraisonné !


The Wizard of gore est donc un petit classique du gore risible, assez ludique et croquignolet pour tout amateur de curiosité datée. Le caractère clairsemé du script saugrenu, l'aimable sympathie des protagonistes incultes et surtout la galerie insolente des scènes chocs vomitives concourent à égayer cette plaisanterie au mauvais goût assumé. En prime, le cabotinage disproportionné de notre meurtrier azimuté, affublé d'un costume noir d'aristocrate valorise un charme désuet dans ses ambitions autocrates.

Un grand merci à cinedb.avcesar.com
20.04.12
Bruno Matéï

jeudi 19 avril 2012

L'ORDRE ET LA MORALE

Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cinemovies.fr
de Mathieu Kassovitz. 2011. France. 2h16. Avec Mathieu Kassovitz, Iabe Lapakas, Malik Zidi, Alexandre Steiger, Sylvie Testud, Philippe Torreton, Daniel Martin.

Sortie salles France: 16 Novembre 2011

Récompense: Grand Prix du Festival du film de Sarlat, 2011

FILMOGRAPHIE: Mathieu Kassovitz est un acteur, scénariste, réalisateur et producteur français, né le 3 Août 1967 à Paris.
1993: Métisse
1995: La Haine
1997: Assassins
2000: Les Rivières Pourpres
2003: Gothika
2008: Babylon A.D
2011: L'Ordre et la Morale
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Avertissement ! Cet hommage concerne l'avis subjectif d'un puriste amateur, amoureux de cinéma de genre, en toute indépendance. Il ne s'agit pas d'un plagiat. Toute analogie avec une critique d'un site spécifique ne serait que pure coïncidence.
Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cinemovies.fr
D'après le livre de Philippe Legorjus (La Morale et l'Action), Mathieu Kassovitz aura mis plus de 10 ans à échafauder son scénario remanié en 25 versions distinctes. Alors que le tournage était prévu sur les lieux mêmes de la prise d'otage d'Ouvéa, le réalisateur dû se résoudre à s'orienter vers la Polynésie française puisqu'une partie de la population calédonienne s'opposa à sa présence. D'autres controverses ont également été rapportées puisque l'armée française remis en cause la version historique des faits jugés trop militants.

Avril 1988, en Nouvelle-Calédonie. Un clan d'indépendantistes assassinent quatre gendarmes et en kidnappent 30 autres pour les emprisonner dans une grotte insulaire. Alors que l'état français déploie 300 militaires pour intimider les preneurs d'otage, le capitaine Philippe Legorjus va tenter de négocier avec les rebelles Kanaks. Des rivaux beaucoup moins délétères et sanguinaires que les médias vont daigner le prétendre.

Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cinemovies.fr
En frondeur intègre, Mathieu Kassovitz nous retrace le conflit politique de la Nouvelle-Calédonie survenue en 1988 avec un groupuscule d'indépendantistes opposés à l'armée française déployée de 300 hommes. Au moment des élections du second tour, un négociateur du GIGN va tenter d'apaiser la situation chez ces insurgés pour éviter un assaut meurtrier décrété par le gouvernement.
Avec une structure narrative géométrique et limpide, l'Ordre et la Morale est un drame politique captivant soulignant l'hypocrisie de certains dirigeants. Là où leur notion d'éthique est bannie au profit d'une présidence favorisant l'adversaire désigné.
Avec un souci de vérité documentée, Mathieu Kassovitz dénonce les calomnies de l'armée française, de certains politiciens et de la gendarmerie privilégiant une guerre sanglante pour favoriser le parti d'une victoire présidentielle. Alors que le capitaine Philippe Legorjus tente de gagner la confiance du chef des insurgés par un compromis pacifiste, ce négociateur compatissant va se retrouver contraint de le trahir par la cause de sa déontologie professionnelle. C'est cette confrontation humaine de deux rivaux finalement octroyés au subterfuge de la trahison que notre réalisateur nous retranscrit dans une morale indigne et intolérable, faute de l'opportunisme de nos pouvoirs politiques.
Le point d'orgue irréversible illustrant l'assaut meurtrier perpétré par l'armée française est réalisé avec un souci de réalisme cinglant. Sans esbroufe, filmés caméra à l'épaule, les combats en interne de belligérants aussi pugnaces qu'apeurés nous sont caractérisés de manière âpre et abrupte, jusqu'au bain de sang promu.

Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cinemovies.fr
Réflexion sur le sens de nos responsabilités et sur la moralité de nos engagements, l'Ordre et la Morale est un brûlot politique qui ose pointer du doigt la corruption déversée par certains leaders gouvernementaux, adeptes de l'extrême droite. Hormis le jeu théâtral des comédiens (en dehors de l'assurance appliquée de l'acteur Mathieu Kassovitz), ce dérisoire jeu de pouvoir démontre ici notre incapacité à gérer un conflit terroriste quand le mensonge engendre l'assassinat. Car, à l'image assumée de notre négociateur: si la vérité blesse, le mensonge tue !

Un grand merci à Cinemovies.fr
19.04.12
Bruno Matéï

mercredi 18 avril 2012

HUGO CABRET (Hugo)

Photo empruntée sur Goggle, appartenant au site lyricis.fr   
de Martin Scorsese. 2011. U.S.A. 2h06. Avec Asa Butterfield, Chloe Moretz, Jude Law, Michael Pitt, Christopher Lee, Emily Mortimer, Sacha Baron Cohen, Ben Kingsley, Ray Winstone, Helen McCrory.

Sortie salles France: 14 Décembre 2011. U.S: 23 Novembre 2011
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Récompenses: Oscar 2012: Meilleur Photographie, Meilleure Direction Artistique, Meilleurs Effets Visuels, Meilleur Montage Sonore, Meilleur Mixage Son.
Golden Globes 2012: Meilleur réalisateur pour Martin Scorsese
National Board of Review Awards 2011: Meilleur Film, Meilleur Réalisateur
Critics Choice Awards 2012: Meilleure Direction Artistique
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FILMOGRAPHIE: Martin Scorsese est un réalisateur américain né le 17 Novembre 1942 à Flushing (New-york).
1969: Who's That Knocking at my Door, 1970: Woodstock (assistant réalisateur), 1972: Bertha Boxcar, 1973: Mean Streets, 1974: Alice n'est plus ici, 1976: Taxi Driver, 1977: New-York, New-York, 1978: La Dernière Valse, 1980: Raging Bull, 1983: La Valse des Pantins, 1985: After Hours, 1986: La Couleur de l'Argent, 1988: La Dernière Tentation du Christ, 1990: Les Affranchis, 1991: Les Nerfs à vif, 1993: Le Temps de l'innocence, 1995: Un voyage avec Martin Scorsese à travers le cinéma américain, 1995: Casino, 1997: Kundun, 1999: Il Dolce cinema -prima partie, A Tombeau Ouvert, 2002: Gangs of New-York, 2003: Mon voyage en Italie (documentaire), 2004: Aviator, 2005: No Direction Home: Bob Dylan, 2006: Les Infiltrés,  2008: Shine a Light (documentaire), 2010: Shutter Island. 2011: Hugo Cabret.
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Avertissement ! Cet hommage concerne l'avis subjectif d'un puriste amateur, amoureux de cinéma de genre, en toute indépendance. Il ne s'agit pas d'un plagiat. Toute analogie avec une critique d'un site spécifique ne serait que pure coïncidence.
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En 2011, Martin Scorsese entrepose à l'écran le roman de Brian Selznick, l'Invention de Hugo Cabret, pour nous confectionner son hommage au 7è art et au cinéaste français Georges Méliès. Des prémices du cinéma muet à l'invention du genre fantastique innové par un créateur de génie, Hugo Cabret est un voyage au centre de l'illusion, où des artistes vigoureux réparent les machines pour cristalliser leur destin.

Dans une gare parisienne des années 30, Hugo se retrouve seul après avoir perdu son père dans un incendie. Sous la garde d'un oncle alcoolique, il est contraint d'activer le cadran d'une  immense horloge en guise de travaux forcés. Pendant son temps libre, il est surtout entêté à réparer un automate au mécanisme complexe et retrouver une mystérieuse clef en forme de coeur. 
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Conte enchanteur au pouvoir de féerie insatiable, le nouveau film de Martin Scorsese est un somptueux ballet d'illusion et d'émotion sous l'effigie parisienne d'une station de métro des années 30. Dans la reconstitution antique d'une gare française remplie de citadins fluctuants, Hugo Cabret est l'histoire flamboyante de deux destins agencés pour la consécration.
Hugo, jeune orphelin de douze ans, décide d'achever la confection d'un vieil automate préalablement débusqué par son père dans le grenier d'un musée. Après la mort accidentelle de celui-ci, l'enfant est obsédé à l'idée de rétablir sur pièce ce pantin rubigineux aux éléments partiels. Pour cela, il est contraint de voler des outils et pièces mécaniques chez un marchand de jouet acariâtre. Hanté par la mort inéquitable de son paternel, il souhaite retrouver la clef qui pourrait lui permettre de ressusciter son automate de plomb. Alors qu'au fil de son cheminement, il va également découvrir son incroyable destinée affiliée à l'un des plus grands génies du 7è art !
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En sorcier utopiste délibéré à renouer avec les émotions séculaires du cinéma muet, Martin Scorcese 
nous retransmet avec fougue et virtuosité les prémices du 7 art, sous l'étendard d'un maître de l'illusion. Déclaration d'amour à l'imaginaire et à la créativité, au pouvoir évasif de la fiction par le procédé novateur du cinématographe, Hugo Cabret est un hommage rempli d'éloges à ces créateurs illuminés. En en particulier à Georges Meliès, magicien et cinéaste obstiné à convoiter un public songeur. C'est son parcours qui nous ait retranscrit avec une verve infatigable à travers les yeux candides d'un enfant en quête identitaire, fasciné par les attractions inédites plus vraies que nature. Sa réjouissance, il la retrouve au sein d'un vieux cinéma orné d'une toile géante et jalonné de sièges de velours pour accueillir la popularité curieuse d'un public novice. Le spectacle singulier est confiné dans cette vaste salle de théâtre tapie dans l'obscurité où l'on projette en boucle les premiers essais des Frères Lumières, les débuts comiques d'Harold Lloyd et de Chaplin et les féeries enchanteresses du Voyage dans la lune d'un certain Méliès. Mais encore l'avènement du western ou du film catastrophe quand un train de marchandise fonçait droit devant la foule ébahie de spectateurs affolés ! Un public aussi horrifié que rieur d'assister à la duperie d'un métrage conçu pour les impressionner, sans d'autre ambition que de les divertir avec plaisance. Et cela avant que n'intervienne le procédé moderne du cinéma parlant avec Don Juan ou le Chanteur de jazz.
Sous contexte historique, Martin Scorcese aborde également le préjudice de la guerre quand Georges Mélies fut contraint d'abdiquer à son métier de cinéaste par la cause d'un conflit militaire à échelle mondiale. Sous cet aspect politique, il montre à quel point l'homme dépité peut renoncer à ses désirs, ses ambitions inhérentes quand la violence et la mort ont annihilé toute notion d'optimisme. Mais Hugo Cabret est autant un conte merveilleux transcendant l'incroyable destinée d'un orphelin tourmenté par la mort d'un père chérissant. Sa quête initiative va lui permettre de retrouver la foi par l'entremise d'un pantin prodigieux compromis à la rencontre insensée d'un personnage de légende !
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Cinéma Paradiso
Magnifiquement interprété et mis en scène avec une virtuosité ébouriffante, Hugo Cabret est un chef-d'oeuvre de fantaisie où l'émotion gracile nous ranime la flamme des premiers émois du cinématographe. Là où nos doyens spectateurs s'extasiaient devant des trésors d'ingéniosité conçus par des travailleurs manuels amoureux de leur firme artisanale. Une oeuvre candide au parfum rétro délectable, une éloge au cinéma originel et surtout au rêve qui en découle par l'imaginaire prolifique de magiciens nobles. 
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Un grand merci à Lyricis.fr
Dédicace à Isabelle Rocton
18.04.12
Bruno Matéï


mardi 17 avril 2012

EVA

Photo empruntée sur Google, appartenant au site be.com   
de Kike Maillo. Espagne. 2011. 1h34. Avec Daniel Brühl, Marta Etura, Alberto Ammann, Claudia, Vega, Lluis Homar, Anne Canovas, Sara Rosa Losilla, Jordi Diaz.

Sortie salles France: 21 Mars 2012

FILMOGRAPHIE: Kike Maillo est un réalisateur, scénariste, acteur, compositeur espagnol, né le 3 Juin 1975 à Barcelone.
2011: Eva

Un joli film, étrange et touchant mais perfectible car beaucoup moins persuasif et prégnant que le magnifique A.I de Steven Spielberg, basé sur le même thème.
A découvrir...

Bruno Matéï
17.04.12





lundi 16 avril 2012

SHAME (honte)

Photo empruntée sur Google, appartenant au site culturopoing.com   
de Steve Mc Queen. 2011. Angleterre/Australie. 1h39. Avec Carey Mulligan, Michael Fassbender, James Badge Dale, Hannah Ware, Amy Hargreaves, Nicole Beharie, Elizabeth Masucci, Lucy Walters, Briana Marin.

Sortie salles France: 7 Décembre 2011. U.S: 2 Décembre 2011
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FILMOGRAPHIE: Steve Rodney McQueen est un artiste et réalisateur anglais, né en 1969 à Londres.
2008: Hunger
2011: Shame

Récompense: Coupe Volpi pour la meilleure interprétation masculine de Michael Fassbender
Prix d'interprétation à Venise pour Michael Fassbender
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Trois ans après l'éprouvant Hunger, drame politique qui retraçait la grève de la faim entamée par un illustre séparatiste de l'IRA, l'artiste peintre Steve Mc Queen rappelle son acteur majeur Michael Fassbender pour nous livrer avec Shame le portrait intime d'un pervers victime de pathologie sexuelle.
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Un homme d'affaires est incapable d'entamer une relation stable avec une femme, faute de son accoutumance pour le sexe lubrique. Partagé entre le désespoir et l'impuissance de ne pouvoir refréner ses pulsions, sa soeur tente malgré tout de lui offrir son affection en débarquant à l'improviste dans son appartement pour s'y installer. 
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De manière dépouillée et introspective, le réalisateur Steve Mc Queen se penche sur une maladie rarement traitée au cinéma, l'addiction sexuelle. Sans fioritures ni complaisance, cette chronique désenchantée d'un trentenaire névrosé nous illustre sa dérive quotidienne émaillée de rencontres impromptues dans un new-york crépusculaire. En dehors de ses virées urbaines, il trouve également son réconfort sur un écran d'ordinateur portable auprès de sites web à caractère pornographique puis se masturbe machinalement dans les toilettes du bureau. Avec l'arrivée fortuite de sa soeur versatile et immature, Brandon se sent épié et étouffé par sa présence envahissante. Un jour, alors qu'une collègue de travail lui fait gentiment la cour, il tente d'entamer une vraie relation basée sur les sentiments. Et cela, en dépit de son éthique de ne pouvoir tolérer une relation conjugale inscrite dans la longévité de la fidélité. Au moment propice de l'étreinte sexuelle, il se rend compte qu'il est incapable de faire l'amour à une femme motivée par le désir de la tendresse. Davantage plongé dans la honte, le désarroi et la culpabilité de ne pouvoir transcender sa frénésie sexuelle, Brandon erre dans les quartiers propices à fréquenter des marginales adeptes de luxure ou des homosexuels livrés à l'échangisme.
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Mis en scène avec souci de vérité humaine en interne d'une ambiance feutrée au climat cafardeux, Shame est un drame psychologique plongé dans le regard austère de son protagoniste, tributaire d'une déviance sexuelle intarissable. Profondément esseulé malgré l'omniprésence de sa soeur désoeuvrée, Brandon se raccroche in extremis à l'amour de cette dernière pour peut-être retrouver un regain d'affection au monde qui le désuni. Toute l'intrigue du film est focalisé sur le psyché sévèrement brimé de ce trentenaire d'apparence docile, prisonnier car esclave de sa sexualité putassière. C'est tout le poids du déshonneur et du scrupule qui lui est alloué à travers son parcours récursif ne laissant entrevoir aucune lueur d'espoir. ATTENTION SPOILER !!! Et cela, même après l'acte suicidaire intenté par sa jeune soeur démoralisée par leur discorde FIN DU SPOILER.

Michael Fassbinder se délivre corps et âme à endosser le rôle fébrile d'un pervers gangrené par sa morale car compromise à la luxure la plus débauchée. Une prestation souvent poignante, voire bouleversante dans ses rapports conflictuels engagés avec une soeur toute aussi démotivée par la catharsis d'une relation conjugale équitable. C'est cette chétive relation familiale terriblement contraignante pour le malade incriminé, car incapable de pouvoir avouer sa déchéance sexuelle, qui donne lieu à des séquences dramatiques d'une grave acuité émotionnelle.
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L'Amour violé
Réflexion sur la torpeur de l'addiction et notre rapport équivoque à l'emprise du sexe, Shame est un bouleversant témoignage sur la déchéance d'un solitaire séquestré dans son univers aseptisé. 
Accentué par la partition élégiaque de Harry Escott (aux lourds accents de Hans Zimmer !) et sublimé par l'interprétation de Michael Fassbender, ce drame blafard nous place régulièrement sur un sentiment amer de nonchalance. D'autant plus que son épilogue concis nous quitte brutalement face à l'éventuelle repentance du toxicomane déshumanisé. 

Un grand merci à Culturopoing.com
16.04.12
Bruno Matéï

vendredi 13 avril 2012

Creep


de Christopher Smith. 2004. Angleterre/Allemagne. 1h25. Avec Franka Potente, Vas Blackwood, Ken Campbell, Jeremy Sheffield, Paul Rattray, Kelly Scott, Sean Harris, Kathryn Gilfeather, Joe Anderson, Sean De Vrind.

Sortie salles France: 4 Mai 2005

FILMOGRAPHIE: Christopher Smith est un réalisateur et scénariste britannique, né le 16 Août 1970 à Bristol. 2004: Creep. 2006: Severance. 2009: Triangle. 2010: Black Death
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Pour le premier film d'un réalisateur anglais aujourd'hui reconnu, Creep possédait déjà suffisamment d'atouts pour convaincre l'amateur d'horreur avec ce survival plutôt cradingue illustrant les exactions d'un monstre réduit à l'état primitif. Dans la même veine que le Métro de la Mort de Gary Sherman, Creep reflète en outre une résonance sociale pour la caricature caustique d'une société individualiste dépréciant les laissés pour compte. Dans les sous-sols d'un métro de Londres, une jeune femme assoupie se retrouve seule après la fermeture des guichets. Alors qu'un train en circulation s'arrête sur une voie adjacente, l'un de ses collègues de travail y descend et tente de la violer. Mais une présence hostile tapie dans l'ombre s'en prend sauvagement à lui.
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Petite série B d'exploitation réalisée sans prétention et avec un sens habile de l'angoisse diffuse, Creep tire sa force par la verdeur d'une ambiance malsaine contrastant avec une photo criarde et le profil psychologique du tueur crapuleux, monstre de foire déshumanisé. D'un script éculé jalonné de situations rebattues, prétexte à scènes chocs cinglantes et suspense lattent, ce survival sardonique (le violeur débutant son acte sexuel alors que le tueur l'enverra ad patres sans restriction !) exploite pour autant à bon escient l'intérieur claustrophobique de ses décors opaques. Véritable dédale de vastes couloirs interminables, de bouches d'égout et conduits d'aération, le métro londonien s'avère ici un véritable piège à claustration pour nos survivants contraints de se planquer dans les endroits les plus étroits ou insalubres. 
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Emaillé de séquences terrifiantes (la 1ère apparition du tueur est un authentique moment d'effroi fortuit !) et agrémenté de séquences gores aussi acérées qu'explicites (le meurtre hors champ de la sdf se révèle pourtant insupportable par sa crudité viscérale !), Creep transcende son scénario orthodoxe par sa manière habile à captiver le spectateur lors d'une mise en scène vigoureuse. Embrigadés dans les réseaux d'égout ou expérimentés sur le lit d'un labo médical rempli d'outils rubigineux, nos protagonistes sont contraints d'endurer une nuit d'effroi sous la tyrannie d'un tueur adepte de la torture sans anesthésie ! Si ce jeu du chat et de la souris se révèle haletant et assez intense, c'est dans sa faculté à retranscrire un univers sordide régi par un tueur préalablement asservi par un paternel sans vergogne, adepte de l'expérimentation chirurgicale. Un monstre impassible au regard stérile, contraint de se nourrir de chair humaine pour subvenir à ses besoins nutritifs. Ainsi, en jouant la carte du réalisme, Christopher Smith s'efforce à nous authentifier cet être déshumanisé, truffé de tics convulsifs, couinant un cri laconique pour imposer sa hiérarchie autonome, déambulant d'une démarche dégingandée vers ses victimes déboussolées. Son corps meurtri lardé de contusions et cicatrices ainsi que son regard aigri dissimulant la mélancolie évoquant aussi le sentiment que ce monstre humilié fut autrefois esclave d'un savant fou.
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Réalisé avec savoir-faire, parfois terrifiant et impressionnant parmi ses effets-chocs révulsifs, Creep s'extrait du lot traditionnel du genre de par son ambiance licencieuse et l'exploitation judicieuse de son décor ferroviaire. C'est également dans la caractérisation du tueur équivoque sans doute martyrisé par un passé tendancieux que Creep culmine son pouvoir morbide par le biais d'une misère humaine. 

*Eric Binford
Un grand merci à dl4all.com
22.11.21. 3èx
13.04.12



jeudi 12 avril 2012

ALIEN, LE HUITIEME PASSAGER

                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site zoom-cinema.fr

de Ridley Scott. 1979. U.S.A/Angleterre. 1h56. Avec Sigourney Weaver, Tom Skerritt, Veronica Cartwright, Harry Dean Stanton, John Hurt, Ian Holm, Yaphet Kotto, Bolaji Badejo, Helen Horton.

Sortie salles France: 12 Septembre 1979. U.S: 31 Octobre 2003
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FILMOGRAPHIE (Info Wikipedia)Ridley Scott est un réalisateur et producteur britannique né le 30 Novembre 1937 à South Shields.
1977: Duellistes. 1979: Alien. 1982: Blade Runner. 1985: Legend. 1987: Traquée. 1989: Black Rain. 1991: Thelma et Louise. 1992: 1492: Christophe Colomb. 1995: Lame de fond. 1997: A Armes Egales. 2000: Gladiator. 2001: Hannibal. 2002: La Chute du faucon noir. 2003: Les Associés. 2005: Kingdom of heaven. 2006: Une Grande Année. 2007: American Gangster. 2008: Mensonges d'Etat. 2010: Robin des Bois. 2012: Prometheus.
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1979 est une année charnière dans le paysage de la science-fiction lorsqu'un réalisateur novateur va réinterpréter avec souci de perfectionnisme l'icône du monstre mythologique. Influencé par La Planète des Vampires de Bava, Dark Star de Carpenter et inspiré du Ixtl (la créature du roman la Faune de l'espace de A.E Van Vogt),  Alien est l'étendard du film d'anticipation affilié à l'épouvante organique. Succès critique et public lors de sa sortie en salles, ce chef-d'oeuvre est la matrice d'une illustre saga dont les ambitions formelles et narratives restent les qualités les plus inhérentes. A bord du Nostromo, une équipe de 7 astronautes est sur le point de regagner la Terre mais leur ordinateur de bord reçoit un signal inquiétant les incitant à se poser sur une planète hostile. Dépêchés sur les lieux, l'un des équipiers se fait agresser par une forme organique d'origine inconnue. Cette créature bâillonnée sur le visage de l'officier Kane est ramenée à l'intérieur du vaisseau mère sous l'autorité de l'officier Ash, et contre l'avis du lieutenant Ellen. L. Ripley. L'étranger se libère de sa proie pour s'occulter dans les couloirs du Nostromo. C'est le début d'une implacable traque sanglante entre nos passagers persécutés par cette menace reproductive.  
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Dans l'espace, personne ne vous entend crier, dixit la tagline car Ridley Scott souhaite s'engager dans la voie clairsemée de l'anticipation horrifique par l'entremise d'une créature atypique. Avec un budget de 11 millions de dollars, ce dernier fignole une armada de décors baroques sous l'effigie ambitieuse de Michael Seymour. Souci du détail et aspect documentaire sont les maîtres mots d'un metteur en scène motivé à retranscrire avec force et vérité un univers ombrageux sous l'architecture métallique d'une planète crépusculaire. Son pouvoir de fascination cafardeux est surtout dédié à son environnement anxiogène et à l'aspect hybride d'un métamorphe reproductif. Un monstre particulièrement mesquin et pernicieux n'ayant de cesse de traquer un à un les membres d'un équipage à bout de course, en s'éclipsant sous les conduits du Nostromo. Angoisse palpable et sentiment d'impuissance sont extériorisés par le désarroi de nos protagonistes, démotivés par la facilité à laquelle la menace invisible s'emploie de façon virulente à les pourchasser sans relâche. Avec la dextérité d'une mise en scène entièrement allouée à l'évocation de la suggestion, ce cauchemar insidieux utilise cet alibi pour mieux décupler un sentiment d'inquiétude dans les vastes recoins d'un gigantesque vaisseau, dédale de toutes les peurs.
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Et à contrario des épisodes ultérieurs, Alien se révèle un modèle d'intelligence dans sa capacité adroite à souligner l'inquiétude et l'angoisse par l'entremise du non-dit. Moins la créature est explicitement exhibée et plus la menace se révèle tangible et grandissante du fait de sa présence latente imperceptible. Les incroyables effets-spéciaux et le design "biomécanique" de la créature élaboré par H.R Giger doivent beaucoup au caractère fascinant et singulier de l'entreprise. L'originalité est donc de mise grâce à l'aspect physionomique du mutant hétéroclite (pourtant peu présent à l'écran !) et du décor sporadique d'une galaxie lointaine. Outre la partition évocatrice de Jerry Goldsmith, le bourdonnement récursif d'un son monocorde va venir scander l'appréhension de l'ambiance feutrée en interne de l'embarcation régie par un dragon protéiforme.


Le Passager de l'Angoisse
Jalonné de séquences anthologiques toujours aussi impressionnantes (l'humanoïde destitué de ses fonctions mécaniques ou encore l'alien s'extirpant de l'estomac de John Hurt, séquence encore plus incisif en mode Blu-Ray !), Alien envoûte sans fioriture ni esbroufe. Ce chef-d'oeuvre inégalé atteignant notamment une efficience optimale par la rigueur formelle d'un univers authentiquement crédible et l'interprétation humaine de protagonistes en perdition, quand bien même Sigourney Weaver iconise son statut d'héroïne machiste en survivante pugnace.  
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Un grand merci à Hollywood70.com
Bruno Matéï
12.04.12
Les critiques des opus suivants: 
Aliens, le retour: http://brunomatei.blogspot.fr/…/aliens-le-retour-aliens.html

mercredi 11 avril 2012

ATROCIOUS

Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cinemovies.fr
de Fernando Barreda Luna. Espagne/Mexique. 2010. 1h15. Avec Christian Valencia, Clara Moraleda, Chus Pereiro, Sergi Martin, Xavi Doz, Jose Masegosa

Sortie salles France: 17 Août 2011. 11 Avril 2012 (dvd et blu-ray)

FILMOGRAPHIE (Source IMDB)Fernando Barreda Luna est un réalisateur, scénariste, monteur, compositeur, né le 12 Juillet 1983 à Tampico, Tamaulipas, Mexique.
2009: Oscuridad
2010: Atrocius

Le found footage le plus nul de l'histoire du cinéma est ici !




mardi 10 avril 2012

Mondwest (Westworld)

                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site www.cinemovies.fr

de Michael Chrichton. 1973. U.S.A. 1h29. Avec Yul Brynner, Richard Benjamin, James Brolin, Norman Bartold, Alan Oppenheimer, Victoria Shaw, Dick Van Patten, Linda Gaye Scott, Steve Franken.

Sortie salles France: 27 Février 1974. U.S: 21 Novembre 1973

FILMOGRAPHIE (source Wikipedia): Michael Chrichton est un écrivain, scénariste, producteur et réalisateur américain, né le 23 Octobre 1942, décédé le 4 Novembre 2008 à Los Angeles.
1972: Pursuit (télé-film inédit en France). 1973: Mondwest. 1978: Morts Suspectes. 1979: La Grande Attaque du Train d'or. 1981: Looker. 1984: Runaway, l'évadé du futur. 1989: Preuve à l'appui (Physical Evidence).
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Premier long-métrage du célèbre écrivain Michael Crichton, Mondwest est le précurseur de bon nombre de blockbusters ricains dont Génération ProteusTerminator, Hardware, Robocop et Blade Runner en seront les dignes représentants. Récit d'anticipation dénonçant les dérives du progrès technologique, ce western hybride décuple son caractère inquiétant en la présence hiératique de l'illustre Yul Brynner. Le pitchEn villégiature, deux notables découvrent l'incroyable attraction de Delos, un univers fantasmatique scindé en trois époques. Le monde médiéval, le Far-West et l'empire Romain sont reconstitués sous l'effigie d'une scénographie criante de vérité avec l'appui d'experts scientifiques pour façonner des humanoïdes plus vrais que nature. Alors que tout semblait réuni pour combler le dépaysement de nos touristes rupins, les robots figurants adoptent subitement un comportement vindicatif échappant au contrôle de leurs créateurs !
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Qui n'a pas fantasmé séjourner dans une époque vétuste de notre patrimoine historique afin d'explorer la quotidienneté d'un univers aussi exotique qu'obsolète ! Mondwest constitue l'utopie (cinégénique) de nos désirs ludiques les plus saugrenus. Ainsi, pour divertir l'homme avide de sensations nouvelles et d'expériences exaltantes, Michael Chrichton conçoit un parc d'attraction révolutionnaire lorsque des vacanciers fortunés vont pouvoir côtoyer et cohabiter parmi la présence singulière de robots d'apparence humaine. Dans des décors criants de vérité pour parfaire son univers antique et travestir nombre de péripéties homériques afin de contenter le touriste avide d'action et rebondissements (bagarres de saloon, évasion de prison, duels au pistolet et luxure avec tapineuses), Mondwest se savoure telle une friandise acidulée au fil d'un cheminement cauchemardesque. Par conséquent, nos deux protagonistes machistes ont pu concrétiser leur rêve de gosse en endossant les rôles de cowboys insolents sombrant dans la marginalité criminelle depuis la provocation d'un antagoniste toujours plus arrogant. C'est dans la peau de cet androïde opiniâtre que Yul Brynner crève l'écran dans sa posture aussi monolithique que frigide, car déterminé à persécuter ses adversaires et annihiler toute présence humaine planquée dans les recoins de Delos.
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Au préalable, le réalisateur mis en avant le caractère ludique d'une telle situation lorsque nos touristes peuvent à loisir concrétiser leurs fantasmes les plus récréatifs. Parmi la provocation hostile d'humanoïdes conçus pour émoustiller nos capricieux héros, Crichton dépeint la peur instinctive de l'homme lorsqu'il est opposé à une situation de danger létal. Ces robots plus vrais que nature engendrant la confusion chez nos protagonistes désorientés par ce semblant de vie au sein d'une topographie historique bluffante de vérité ! Sous l'impulsion de leur orgueil, nos deux héros convaincus de leur prépondérance vont finalement se laisser influencer par leurs instincts les plus primaires en se fondant dans la peau de criminels mégalos d'autant plus avides de liberté. C'est à ce moment propice que les robots préalablement asservis par notre autorité décident de perpétrer leurs exactions depuis la défaillance inexpliquée de leur technologie. Alors que tout semblait édénique afin de combler les attentes extravagantes de nos estivants, nos androïdes erratiques se lancent alors dans une impitoyable chasse à l'homme. Et ce, jusqu'à ce qu'un Terminator azimuté redouble de subterfuge et d'autonomie afin d'éradiquer l'ultime survivant !

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Un monde où rien ne peut aller de tarvers
A la fois terriblement dépaysant et jouissif, mais également malsain, Mondwest se décline en bande-dessinée vitriolée de par ses péripéties incongrues si bien que le spectateur complice peut laisser libre court à son imaginaire baroudeur. Qui plus est, par l'entremise du cinéma d'anticipation, ce western baroque présage en sous-texte les dangers de nos technologies innovantes sous influence d'une société de consommation privilégiant nos élites. Transcendé de la prestance magnétique de Yul Brynner, Mondwest provoque donc un enthousiasme caustique quant au portrait pessimiste d'un futur discrédité par la révolution d'une technologique faillible. Autrement dit, la perfection n'est pas pour demain...
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Un grand merci à  www.cinemovies.fr 
10.04.12
Bruno Matéï

                                               

lundi 9 avril 2012

LIVIDE

Photo empruntée sur Google, appartenant au site critique-film.fr   
d'Alexandre Bustillo et Julien Maury. 2011. France. 1h28. Avec Loïc Berthezene, Serge Cabon, Chloé Coulloud, Béatrice Dalle, Catherine Jacob, Jérémy Kapone, Chloé Marcq, Félix Moati, Marie-Claude Pietragalla.

Sortie salles France: 7 Décembre 2011

FILMOGRAPHIE (Info Wikipedia): Alexandre Bustillo est un réalisateur et scénariste Français, né le 10 Août 1975 à Saint-cloud.
Julien Maury est un réalisateur et scénariste français.
2007: A l'Intérieur
2011: Livide
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Avertissement ! Cet hommage concerne l'avis subjectif d'un puriste amateur, amoureux de cinéma de genre, en toute indépendance. Il ne s'agit pas d'un plagiat. Toute analogie avec une critique d'un site spécifique ne serait que pure coïncidence.



Ca ne va pas faire plaisir à mon ami Bruno mais avec toute l'indulgence du monde, j'ai trouvé Livide pesant et ennuyeux. Fautes à une interprétation peu crédible et une structure narrative redondante (45 minutes pour illustrer de façon ombrageuse un cambriolage rébarbatif). Hormis une esthétique soignée découlant de certaines séquences d'une beauté macabre formelle et de la bonne intention des réalisateurs, Livide se morfond dans un cheminement ambitieux mais vain en tentant d'affilier le conte onirique et l'horreur grand-guignolesque (le délire final agrémenté d'Fx irréprochables tourne à vide par la cause d'un script maigrelet et de personnages jamais investis). A contrario, la séquence ultime se part d'un éclat gracile dans sa poésie féerique et la musique accordait aussi une tonalité appropriée ! 



Un grand merci à critique-film.fr
Bruno Matéï
09.04.12



jeudi 5 avril 2012

LES LOUBARDES (SWITCHBLADE SISTERS)

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmonpaper.com

de Jack Hill. 1975. U.S.A. 1h30. Avec Robbie Lee, Joanne Nail, Monica Gayle, Asher Brauner, Chase Newhart, Marlene Clark, Kitty Bruce, Janice Karman, Don Stark, Don Marino.

FILMOGRAPHIE (info wikipedia): Jack Hill est un réalisateur et scénariste américain, né le 28 Janvier 1933 à Los Angeles.
1959: The Wasp Woman. 1960: The Host. 1963: l'Halluciné. 1966: Mondo Keyhole. Blood Bath. 1968: Spider Baby. 1969: Pit Stop. 1970: Je suis une groupie. 1971: The big doll house. 1972: The bird bird cage. 1973: Coffy la panthère noire de Harlem. 1974: Foxy Brown. The Swinging Cheerleaders. 1975: Les Loubardes. 1982: Sorceress.
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Spécialiste du WIP et de la Blaxploitation, le vétéran Jack Hill réalise en 1975 un film d'action féministe dont les anti-héros se révèlent des lascardes effrontées, adeptes du maniement du couteau et des armes à feu. Pure bande dessinée décomplexée pour adultes, les Loubardes s'institue nanar fun volontairement primaire si bien que nos garçonnes opiniâtres crèvent l'écran dans leur conviction belliqueuse ! La guerre des clans fait rage entre une bande de garçons, les Silver Deb et un gang de filles, les Dagger Debs, dont leur nouvelle recrue, Maggie va venir s'interposer et semer la zizanie. Par la faute d'une duperie et d'une rancune compromise par Lace, la nouvelle égérie du groupe féministe se résout à enrôler une troupe de belligérantes afros pour combattre le clan des Silver Deb.
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Ca débute comme un WIP jalonné de combats de catch entre gardiennes et prisonnières coincées en interne de leur cellule et ça se termine par un règlement de compte sanglant où la cité urbaine, livrée à feu et à sang, est le cadre d'une guérilla sans merci entre bandes rivales ! Une forme de Justicier de New-York avant-gardiste avec l'armada de véhicule blindé, explosions dantesques et coups de mitraillettes pétaradants décimant trois antagonistes à la seconde ! La narration ultra simpliste n'est qu'un prétexte à étaler à intervalle régulier nombre d'affrontements frénétiques entre une bande de filles délurées et des machistes orgueilleux contrariés par leur insolence dissolue. Néanmoins, l'intrigue se focalise surtout sur la relation amicale puis tendue exercée par Lace et la nouvelle recrue, Maggie, experte en art de combattre l'adversaire au couteau ou à main nue. Par la cause perfide d'une comparse insidieuse et la mort du compagnon de Lace (chef des Silver Deb), Maggie va devoir s'opposer à l'autorité de son amie, déterminée à daigner l'assassiner. En prime, elle est contrainte de s'allier avec une troupe de femmes rebelles d'origine africaine pour combattre les mâles sévèrement brimés. Jack Hill, en habile faiseur d'action gentiment débridée nous façonne avec dérision une bisserie ultra caricaturale, transcendée par la prestance impertinente de comédiennes viriles pourvues de réparties corrosives !
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Fun, jouissif, coloré, terriblement niais et crétin, ce plaisir coupable ne laisse pas un instant de répit au spectateur embarqué dans une rixe où les femmes farouches ont le monopole de l'allégeance et les hommes violeurs sont réduits à des brutes antipathiques. On sera par contre surpris de la violence plus rigoureuse du final fortuit dans un combat exécuté à l'arme blanche par nos deux rivales indignées. Un affrontement particulièrement cru et sanglant résultant avec ironie vers une morale frondeuse dans son pied de nez gouailleur asséné aux forces de l'ordre. Pour tout amateur de nanar cartoonesque dédié au plaisir ludique de l'action échevelée, les Loubardes est un petit classique vintage rythmé au son de la Soul et du Funk.
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Dédicace à l'Antre du bis et de l'exploitation et un grand merci à Filmonpaper.com
Bruno Matéï
05.04.12



lundi 2 avril 2012

Billy the Kid vs Dracula


de William Beaudine. 1966. U.S.A. 1h13. Avec John Carradine, Chuck Courtney, Melinda Plowman, Virginia Christine, Walter Janovitz.

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: William Beaudine est un acteur et réalisateur américain, né le 15 Janvier 1892 à New-York, décédé d'insuffisance rénale le 18 Mars 1970 à Canoga Park, en Californie. Il est surtout réputé pour ses films muets. 1960: Les 10 Audacieux. 1963: Lassie's Great Adventure. 1966: Jesse James contre Frankenstein. 1966: Billy the Kid versus Dracula. 1974: The Green Hornet. 1976: Fury of the Dragon. 


La même année que son inénarrable Jesse James contre Frankenstein, William Beaudine, spécialiste du cinémat muet (une centaine de titres à son effigie !), s'empare du mythe vampirique pour nous évoquer en l'occurrence la confrontation entre le célèbre bandit Billy the Kid et l'indéfectible Dracula, incarné ici par le vétéran John Carradine. Le PitchDans l'Ouest américain, Dracula a trouvé sa nouvelle proie auprès d'une ravissante fermière, propriétaire d'un ranch. Mais Billy The Kid, ancien bandit aujourd'hui reconverti dans la bienséance entend bien protéger sa dulcinée des griffes de l'intrépide chauve-souris ! Amateurs de séries Z impayables d'une niaiserie hallucinée, ce film est pour vous tant il procure durant son bref cheminement (1h13 !) moult situations risibles transcendées de la prestance cabotine d'interprètes désespérément persuasifs. Si bien qu'après avoir commis l'insensé Jesse James contre Frankenstein, William Beaudine s'intéresse au cas notable du vampire orgueilleux affublé de longues canines. Notre bon vieux Dracula parcourant aujourd'hui l'Ouest américain en y infligeant sur son chemin quelques morsures furtives à certains quidams imprudents. Ainsi, après avoir semé le désordre dans un camp indien, le prince des ténèbres s'installe dans la ville la plus proche après avoir entrevu le portrait d'une ravissante jeune blonde docile, propriétaire d'un ranch. Eperdument amoureux, il décide donc en guise d'alliance maritale d'en faire sa prochaine damnation et de l'isoler vers le refuge ténébreux d'une mine désaffectée afin d'y reposer en tranquillité.


La cocasserie de cette zèderie à la banalité accablante émane du soin apporté à la retranscription virile du western par des moyens techniques précaires néanmoins privilégiée de la photogénie de décors naturels bucoliques. Le caractère attachant des personnages, tous plus crétins les uns des autres (Billy le Kid est génialement altruiste dans sa posture loyale de cow-boy valeureux mais inculte et peu adroit !), les situations farfelues émanant de l'esprit bon enfant de protagonistes trouillards et l'interprétation saugrenue du génial John Carradine concourent de rendre l'aventure bougrement attractive pour tout amateur de délire infantile. Bourré d'incohérences et de non sens durant sa structure narrative sporadique, on se plait à suivre les vicissitudes de cette famille de paysans persécutés par un vampire particulièrement imbus ! Par conséquent, à l'instar d'un cartoon vintage au charme suranné, nous nous plaisons de suivre cette pantalonnade où tous les protagonistes davantage contrariés s'évertuent à s'inquiéter de la présence hostile du tyran mégalo. Car ici, Dracula en aristocrate dédaigneux se prétend tout permis pour s'approprier la propriété d'un ranch en créant la duperie et favoriser ainsi son ambition de vampiriser une godiche empotée. D'autant plus qu'il use régulièrement de façon finaude à se métamorphoser en chauve-souris (de pacotille) pour ainsi mieux éclipser sa présence sournoise face à ces adversaires. Qui plus est, le personnage de Billy le Kid doit aussi beaucoup au charme désuet qui émane de l'entreprise tant le comédien rivalise de naïveté et de bonhomie (il ne connaît pas la signification du mot "vampire" faute de n'avoir pu côtoyer les établissements scolaires !) à daigner combattre son antagoniste roublard.


En Dracula notoire, John Carradine se révèle impérial de ridicule tant il cabotine en diable pour tenter de nous terrifier par sa présence famélique, exacerbée d'un regard ahuri de yeux exorbitées ! Son tempérament vaniteux et sa désinvolture arrogante donnant lieu à des situations improbables irrésistibles d'ineptie. Il faut d'ailleurs le voir tenter imposer sa loi et sa ferme autorité face au désarroi de pauvres paysans, convaincus de son origine maléfique mais incapable de s'y mesurer par peur d'être mordus.

Con comme la lune mais sympathiquement chatouillant et visuellement dépaysant, Billy The Kid vs Dracula est un divertissement décomplexé à conseiller à l'inconditionnel de zéderie au charme rétro infaillible. Une curiosité davantage truculente décuplant ainsi de nos jours notre ferveur à découvrir un vaudeville foutraque pris entre deux genres académiques (western / épouvante). Une cocasserie aimablement séculaire avoisinant le looney-tunes de fond de classe. 

Dédicace à l'Antredubisetdel'exploitation
03.04.12
Bruno