Photo empruntée sur Google, appartenant au site culturopoing.com |
Sortie salles France: 7 Décembre 2011. U.S: 2 Décembre 2011
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FILMOGRAPHIE: Steve Rodney McQueen est un artiste et réalisateur anglais, né en 1969 à Londres.
2008: Hunger
2011: Shame
Récompense: Coupe Volpi pour la meilleure interprétation masculine de Michael Fassbender
Prix d'interprétation à Venise pour Michael Fassbender
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Trois ans après l'éprouvant Hunger, drame politique qui retraçait la grève de la faim entamée par un illustre séparatiste de l'IRA, l'artiste peintre Steve Mc Queen rappelle son acteur majeur Michael Fassbender pour nous livrer avec Shame le portrait intime d'un pervers victime de pathologie sexuelle.
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Un homme d'affaires est incapable d'entamer une relation stable avec une femme, faute de son accoutumance pour le sexe lubrique. Partagé entre le désespoir et l'impuissance de ne pouvoir refréner ses pulsions, sa soeur tente malgré tout de lui offrir son affection en débarquant à l'improviste dans son appartement pour s'y installer.
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De manière dépouillée et introspective, le réalisateur Steve Mc Queen se penche sur une maladie rarement traitée au cinéma, l'addiction sexuelle. Sans fioritures ni complaisance, cette chronique désenchantée d'un trentenaire névrosé nous illustre sa dérive quotidienne émaillée de rencontres impromptues dans un new-york crépusculaire. En dehors de ses virées urbaines, il trouve également son réconfort sur un écran d'ordinateur portable auprès de sites web à caractère pornographique puis se masturbe machinalement dans les toilettes du bureau. Avec l'arrivée fortuite de sa soeur versatile et immature, Brandon se sent épié et étouffé par sa présence envahissante. Un jour, alors qu'une collègue de travail lui fait gentiment la cour, il tente d'entamer une vraie relation basée sur les sentiments. Et cela, en dépit de son éthique de ne pouvoir tolérer une relation conjugale inscrite dans la longévité de la fidélité. Au moment propice de l'étreinte sexuelle, il se rend compte qu'il est incapable de faire l'amour à une femme motivée par le désir de la tendresse. Davantage plongé dans la honte, le désarroi et la culpabilité de ne pouvoir transcender sa frénésie sexuelle, Brandon erre dans les quartiers propices à fréquenter des marginales adeptes de luxure ou des homosexuels livrés à l'échangisme.
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Mis en scène avec souci de vérité humaine en interne d'une ambiance feutrée au climat cafardeux, Shame est un drame psychologique plongé dans le regard austère de son protagoniste, tributaire d'une déviance sexuelle intarissable. Profondément esseulé malgré l'omniprésence de sa soeur désoeuvrée, Brandon se raccroche in extremis à l'amour de cette dernière pour peut-être retrouver un regain d'affection au monde qui le désuni. Toute l'intrigue du film est focalisé sur le psyché sévèrement brimé de ce trentenaire d'apparence docile, prisonnier car esclave de sa sexualité putassière. C'est tout le poids du déshonneur et du scrupule qui lui est alloué à travers son parcours récursif ne laissant entrevoir aucune lueur d'espoir. ATTENTION SPOILER !!! Et cela, même après l'acte suicidaire intenté par sa jeune soeur démoralisée par leur discorde FIN DU SPOILER.
Michael Fassbinder se délivre corps et âme à endosser le rôle fébrile d'un pervers gangrené par sa morale car compromise à la luxure la plus débauchée. Une prestation souvent poignante, voire bouleversante dans ses rapports conflictuels engagés avec une soeur toute aussi démotivée par la catharsis d'une relation conjugale équitable. C'est cette chétive relation familiale terriblement contraignante pour le malade incriminé, car incapable de pouvoir avouer sa déchéance sexuelle, qui donne lieu à des séquences dramatiques d'une grave acuité émotionnelle.
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L'Amour violé
Réflexion sur la torpeur de l'addiction et notre rapport équivoque à l'emprise du sexe, Shame est un bouleversant témoignage sur la déchéance d'un solitaire séquestré dans son univers aseptisé.
Accentué par la partition élégiaque de Harry Escott (aux lourds accents de Hans Zimmer !) et sublimé par l'interprétation de Michael Fassbender, ce drame blafard nous place régulièrement sur un sentiment amer de nonchalance. D'autant plus que son épilogue concis nous quitte brutalement face à l'éventuelle repentance du toxicomane déshumanisé.
Un grand merci à Culturopoing.com
16.04.12
Bruno Matéï
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