lundi 15 août 2011

ALIEN, LA RESURRECTION (Alien: resurrection)



de Jean Pierre Jeunet. 1997. U.S.A/Angleterre. 1h44. Avec Signourney Weaver, Winona Ryder, Dominique Pinon, Ron Perlman, Gary Dourdan, Michael Wincott, Kim Flowers, Dan Hedaya, J.E. Freeman, Brad Dourif, Raymond Cruz.
Sortie en salles en France le 12 Novembre 1997. U.S.A: 26 Novembre 1997.

FILMOGRAPHIE: Jean Pierre Jeunet est un réalisateur et scénariste français né le 3 Septembre 1953 à Roanne, Loire.
1978: l'Evasion (court), 1980: Le Manège (animation de marionnettes), 1981: Le Bunker de la dernière rafalle (court 26 mns coréalisé avec Marc Caro), 1984: Pas de repos pour Billy Brakko (court), 1989: Foutaises, 1991: Delicatessen (coréalisé avec Marc Caro), 1995: La Cité des Enfants perdues (coréalisé avec Marc Caro), 1997: Alien, la Résurrection, 2001: Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain, 2004: Un Long Dimanche de Fiançailles, 2009: Micmacs à Tire-larigot.

                                    

Cinq ans après le 3è opus christique façonné par David Fincher, c'est au tour d'un metteur en scène français d'imposer sa patte personnelle à l'univers ombrageux d'AlienDeux cent ans après la mort de Ripley, des généticiens ont finalement réussi à cloner le lieutenant en croisant son Adn avec celui de l'alien enfanté. Subitement revenue à la vie, Ripley leur informe que les monstres issus de leurs manipulations génétiques sont une menace létale insoluble à éradiquer. Avec l'arrivée inopinée d'un groupe de mercenaires, la situation va redoubler de dangerosité depuis que l'un des aliens eut réussi à s'échapper du laboratoire expérimental.


Dès le générique d'une beauté diaphane dans la mosaïque d'images macabro-charnelles, Jean Pierre Jeunet insuffle radicalement le ton organique de ce nouvel opus centré sur la personnalité hétéroclite de Ripley. Pour cause, depuis qu'elle est revenue à la vie par la cause de généticiens sans vergogne, une bribe de son psyché ainsi que sa chair corporelle ont été modifiés par l'Adn d'un Alien créant ainsi une femme hybride. Une mutante douée de force surhumaine, insensible à la souffrance physique, viscéralement habitée par l'emprise d'une forme extra-terrestre véreuse. Durant cette traque haletante entreprise avec une bande de mercenaires réfugiés en interne du vaisseau spatial, les états d'âme de Ripley semblent scindés entre l'attirance maternelle pour ces nouveaux monstres génétiquement modifiés et sa dignité vertueuse de sauver malgré tout la race humaine. Ce quatrième volet tire donc son originalité et se distingue de ses prédécesseurs par le profil interlope de notre héroïne. Notamment cette symbiose biologique permettant à Jeunet de donner lieu à d'audacieuses séquences baroques d'une beauté funèbre viscérale. Comme cette séquence au cours duquel Ripley se laisse envahir par la compagnie d'Alien enlacés autour d'elle. Une séquence organique au pouvoir de fascination sensuel que n'aurait pas renié David Cronenberg !


Entre des séquences d'action superbement coordonnées (la séquence oppressante de poursuite aquatique  !) et des rebondissements impromptus assénés au profil mesquin de certains personnages,  Jeunet mise surtout sur l'efficacité de son récit rondement mené. En accordant notamment une grande importance à l'ambiance glauque dépeinte avec poésie sensuelle (le laboratoire rempli de monstres difformes digne des exactions d'un Dr Frankenstein ou l'accouchement final d'une nouvelle race d'Alien, mi monstre-mi humain !). En outre, il y a un moment aussi terrifiant que poignant lorsque Ripley assiste impuissante à l'agonie de son double génétiquement modifié dans un amas de chair, là où les membres de son corps se démembrent puis se recomposent ! Nouvelle posture et nouvelle coupe de cheveux, Sigourney Weaver porte le film sur ses épaules et transcende à nouveau une interprétation fluctuante beaucoup plus ambiguë que ces compositions antérieures. Proprement habitée par son rôle de clone asservi par des savants perfides, elle réussit en prime de provoquer l'empathie vers son point d'orgue dramatique. Spoiler ! C'est à dire lorsqu'elle assiste désespérée, mais assumant son acte de trahison, à la mort de son rejeton tout en lui invoquant de la pardonner. Fin du Spoil. La présence gracile de Winona Ryder étonne agréablement par son jeu naturel dont la personnalité humaine et artificielle présente une certaine similitude avec la versatilité de Ripley. Dominique Pinon apporte la touche de légèreté pittoresque lors de ses réparties adressées à ses pairs et Ron Perlman lui partage la vedette dans une posture de guerrier au charisme trapu. Enfin l'inquiétant Brad Dourif endosse le rôle d'un généticien azimuté dans ses ambitions délurées de daigner domestiquer des Aliens opiniâtres.

                            

Une résurrection organique !
Superbement photographié dans de dantesques décors rubigineux, Jean Pierre Jeunet réussit avec habileté le difficile cap d'honorer une suite à succès. Et même si ce quatrième opus se révèle moins substantiel que ces ascendants, le rythme échevelé des nombreuses péripéties et son climat glauque emportent aisément l'adhésion. Mais c'est surtout le profil imputé à la nouvelle matriarche Ripley qui avive la fascination, car nous offrant un superbe portrait de femme bâtarde à la croisée du Mal !

Dédicace à Luke Mars.
15.08.11
Bruno Matéï. 4

Les critiques des autres opus:
Alien, le Huitième Passager: http://brunomatei.blogspot.fr/2012/04/alien-le-huitieme-passager.html
Aliens, le retour: http://brunomatei.blogspot.fr/…/aliens-le-retour-aliens.html
Alien 3: http://brunomatei.blogspot.com/2011/09/alien-3.html
Note: Cet opus reçut un excellent accueil critique et public en Europe mais les réactions furent plus mitigées outre-Atlantique, notamment en ce qui concerne l’apparence de l’alien mi-humain.
Une des scènes les plus marquantes du film reste le passage filmé sous l’eau avec deux aliens qui nagent agilement vers un groupe de passagers tentant de quitter le vaisseau en passant par les cuisines inondées. Cette scène a été une des plus compliquées à tourner du fait que l’actrice Winona Ryder est ablutophobe (elle qualifie cette expérience de tournage comme « la pire de sa vie ») et qu’un grand nombre de prises a dû être réalisé. La préparation et le tournage ont demandé plus d’un mois de temps et cette séquence a été la première à être réalisée pour le film, comme on le découvre dans le making-off de la séquence, sur les bonus du DVD « Édition Prestige ».

Les effets spéciaux de cet épisode furent réalisés en majeure partie par une équipe française : la compagnie de Pitof, Dubois.


1 commentaire:

  1. Alalala,comme tu le sais je ne suis pas d'accord.Pourtant l'histoire est bonne au départ et s'appuie sur plusieurs bds développées entre Alien 2 et 3 qui faisaient fantasmer les fans (dont moi) à l'époque,notamment en ce qui concerne l'idée de domestiquer des Aliens à des fins militaires.

    Le casting est egalement impeccable rien à dire à ce niveau.
    Le problème vient de sa mise en forme pour moi,malgré quelques scènes sympathiques le film ne m'a jamais captivé,voir m'ennuie profondément.

    Oui la séquence sous marine est belle mais cela ne sauve pas ce film foutraque qui fait souvent preuve de mauvais gout et qui s'enlise dans une routine narrative rapidement.

    Dieu sait que j'aime Jeunet,mais là je considère qu'il n'a pas l'envergure suffisante pour une saga aussi culte (tout du moins à l'époque,aujourd'hui il aurait probablement mieux géré son métrage),Son travail n'arrive jamais à la cheville de ses prédécesseurs,la saga méritait mieux.

    Je vais couper court aux défenseurs du sacro saint "oui mais il est Français c'est énorme tu te rend pas compte luke c'est le rêve totale de faire un alien houlala",je n'en tient pas compte dans mon plaisir de spectateur ici inexistant ou du moins réduit au minimum.

    Pour finir sur une note positive je dirais qu'au moins Jeunet lui ne flingue pas la franchise avec son film certes décevant mais pas mauvais au point de nous ecoeurer du culte qu'est la saga "Alien" .
    Pour ça on a eu les "Alien vs predator"...

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