mercredi 1 mai 2013

L'ENFANCE VOLEE (Der Verdingbub)


de Markus Imboden. 2011. Suisse. 1h48. Avec Katja Riemann, Stefan Kurt, Maximilian Simonischek, Max Hubacher, Lisa Brand, Miriam Stein.

Sortie salles en 2011 en Suisse alémanique, 18 avril 2012 en Suisse romande
FILMOGRAPHIE: Markus Imboden est un réalisateur et scénariste suisse, né le 17 Octobre 1955 à Interlaken.
L'Enfance Volée est son film le plus connu dans son pays natal.


Témoignage bouleversant sur la condition des orphelins suisses mais aussi des enfants destitués de leurs parents dans les années 50, l'Enfance Volée relate ici les destins de Max et Berteli, embrigadés de force dans une famille d'accueil. Avec l'autorité castratrice de leurs nouveaux parents, des fermiers miséreux sans aucune vergogne, les adolescents vont endurer diverses maltraitances physiques et sombrer dans l'esclavage avant de tenter la rébellion.


Drame social d'une intensité dramatique toujours plus éprouvante, l'Enfance Volée est un film choc imparable sur l'intolérance et la tyrannie parentale mais aussi le laxisme des pouvoirs publics.
Sans pathos et encore moins de misérabilisme, Markus Imboden réussit avec réalisme à nous décrire le calvaire de deux adolescents asservis par des paysans rétrogrades victimes de leur médiocrité. Si le film s'avère aussi poignant, immersif et passionnant dans sa peinture sordide allouée aux valeurs familiales, il le doit surtout à la caractérisation convaincante de ces personnages. Les antagonistes réussissant avec sobriété (en dehors du jeu outrancier du pasteur) à véhiculer une humanité déclinante dans leur désoeuvrement engendré par l'alcoolisme et la précarité financière. Enfin, les deux enfants incarnés par Maximilian Simonischek et Lisa Brand forment un duo inévitablement émouvant dans leur désarroi et rancoeur esseulées. Ils nous insufflent avec une innocente pudeur une empathie naturelle par leur jeu dépouillé inscrit dans l'humilité fraternelle.


Superbement photographié au sein d'une nature bucolique verdoyante, l'Enfance Volée est un drame fort et cruel sur l'enfance galvaudée, intelligemment détourné de fioriture et de bons sentiments. La prestance habile des comédiens permettant de nous immerger dans leur existence sordide avec une vérité humaine prédominante. Au final, il s'avère difficile de sortir indemne d'un tel fardeau pour ces enfants compromis à la maltraitance et l'inceste sexuelle. Un constat édifiant auquel 100 000 d'entre eux furent du jour au lendemain destitués de leurs parents pour être placés dans des familles d'accueil miséreuses après la seconde guerre mondiale. Et un hommage humble aux baladins accordéonistes ayant survécu par leur inspiration musicale. Sur ce dernier point, ne vous fiez pas à l'aspect racoleur de son affiche (ainsi que son titre conventionnel). 

30.04.13
Bruno Matéï



jeudi 25 avril 2013

FLASH GORDON

                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site mariolikesmovies.com

de Mike Hodges. 1980. U.S.A/Angleterre. 1h51. Avec Sam J. Jones, Melody Anderson, Ornella Muti, Max Von Sydow, Topol, Timothy Dalton, Brian Blessed.

Sortie salles France: 28 Janvier 1981. U.S: 5 Décembre 1980

FILMOGRAPHIE: Mike Hodges est un producteur, réalisateur et scénariste britannique, né le 29 Juillet 1932 à Bristol (Royaume-Uni). 1971: La Loi du Milieu. 1972: Retraite Mortelle. 1974: l'Homme Terminal. 1978: Damien, la malédiction 2 (non crédité). 1980: Flash Gordon. 1985: Les Débiles de l'espace. 1987: L'Irlandais. 1989: Black Rainbow. 1998: Croupier. 2003: Seul la mort peut m'arrêter.


Film culte chez une frange de spectateurs, estampillé "nanar suprême", Flash Gordon est une improbable production de l'intarissable Dino de Laurentiis sous l'égide de Mike Hodges. Un cinéaste inégal à qui l'on doit tout de même un authentique chef-d'oeuvre du polar britannique, La Loi du Milieu. D'après le comic créé par Alex raymond en 1934, Flash Gordon revient sur nos écrans en ce début des années 80 avec cette super production influencée par le phénomène Star Wars. La distribution éclectique composée d'illustres comédiens parmi lesquels Max Von Sidow (hiératique, il EST l'empereur Ming, sadique et impassible !), Ornella Muti (en nympho écervelée) et Timothy Dalton (en prince versatile accoutré d'un pyjama vert !), a de quoi dérouter le spectateur au vu de leur prestance excentrique. Mais la palme de l'acteur le plus incongru en revient à l'inexpressif Sam J. Jones dans la peau du super héros féru de football américain (la partie sportive improvisée sur le temple de Ming est un moment d'anthologie couillu !). Il s'agit ici de son 2è rôle à l'écran puisqu'un an au préalable il avait partagé l'affiche avec la comédienne Bo Derek pour y faire une apparition dans Elle de Blake Edwards. En l'occurrence, il faut avouer que ce piètre acteur fait bien pâle figure pour endosser le rôle majeur de Flash Gordon. Hormis sa silhouette saillante, le jeune comédien au minois bien docile semble complètement dépassé par les évènements au fil de ces déboires avec des E.T insidieux. Par miracle, il réussit pour autant à franchement nous amuser par son jeu cabotin alliant l'esprit pugnace et la bonhomie puérile.


Pour en revenir à l'ovni risible de Mike Hodges, son grand spectacle s'avère une pantalonnade disco (chargé de teintes polychromes !) alternant désarroi, rire grinçant et plaisir coupable. Le scénario impayable est à lui seul une blague de comptoir ! A la suite du crash d'une fusée sur une planète hostile, Flash Gordon et ses comparses vont rencontrer une société d'extra-terrestres régis par un tyran totalitaire. Pour tenter de survivre, ils vont devoir s'allier avec les hommes oiseaux et le prince Barin afin de déjouer les ambitions diaboliques du leader Ming ! Entre les désirs conjugaux de ce dernier pour s'accaparer d'une princesse, les caprices insidieux de sa fille nympho et les querelles jalouses du prince Barin, une guerre se prépare entre les deux clans pour l'avenir de l'humanité ! Pour compenser la vacuité de son scénario, Mike Hodges émaille son intrigue d'un concours d'épreuves mortelles que nos héros doivent entreprendre afin de mesurer leur courage. Enfin, la dernière demi-heure laisse place à un baroud d'honneur intergalactique assez réjouissant dans ses nombreux échanges de tirs au rayon laser. L'action échevelée se résumant à une bataille spatiale auquel l'armée des hommes volants s'est déployée en masse parmi l'entraide de Flash (équipé pour le coup d'un scooter aérien !) afin de réduire en poussière l'empire de Ming.


Surveillez bien les étoiles dans le ciel, un Flash aux cheveux blonds n'est jamais bien loin !
Avec ses dialogues hilarants, ses décors criards en matte painting, ses costumes en paillette au look disco et surtout la complicité amiteuse des comédiens, Flash Gordon côtoie la farce débridée avec une bonne humeur indécrottable. S'il s'agit sans doute d'un des plus ubuesques films de super-héros, la sympathie et la fougue que l'on éprouve au fil de ses aventures rocambolesques nous préserve un sourire de gosse jusqu'au mot "fin" laissé en suspens ! (la suite escomptée n'ayant jamais vu le jour !). Et pour marquer le rythme, le score tonitruant orchestré par le groupe Queen est loin d'être étranger au plaisir coupable procuré !

25.04.13. 4èx
Bruno Matéï


mercredi 24 avril 2013

ANGEL HEART

                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site forum.nanarland.com

d'Alan Parker. 1987. U.S.A/Angleterre/Canada. 1h53. Avec Mickey Rourke, Robert De Niro, Lisa Bonet, Charlotte Rampling, Stocker Fontelieu, Brownie McGhee, Michael Higgins.

Sortie salles France: 8 Avril 1987. U.S: 6 Mars 1987

FILMOGRAPHIE: Alan Parker, né Alan William Parker le 14 Février 1944 à Islington, Londres, est un réalisateur, compositeur, scénariste et producteur anglais.
1975: The Evacuees (télé-film). 1976: Bugsy Malone. 1978: Midnight Express. 1980: Fame. 1982: l'Usure du Temps. 1982: Pink Floyd the Wall. 1984: Birdy. 1987: Angel Heart. 1988: Mississippi Burning. 1990: Bienvenue au Paradis. 1991: The Commitments. 1994: Aux bons soins du Dr Kellogg. 1996: Evita. 1999: Les Cendres d'Angela. 2003: La Vie de David Gale.


Thriller occulte imprégné de magie noire par le culte du vaudou, Angel Heart est un voyage au bout des ténèbres auquel Mickey Rourke prête son talent pour endosser le rôle d'un détective privé en perdition.

1955, New-York. Un détective privé est enrôlé par le mystérieux Louis Cyphre. L'objet de son enquête est de retrouver un ancien chanteur, Johnny Favorite, disparu depuis 12 ans après la guerre. Au fil de ses rencontres avec certains témoins, les cadavres s'amoncellent autour de lui !


Pour la première fois de sa carrière, le réalisateur notoire Alan Parker aborde le genre horrifique sous couvert du film noir d'après un roman de William Hjorstsberg. En apportant un soin consciencieux à l'esthétisme crépusculaire d'une photo en clair-obscur, le réalisateur nous immerge dans l'antre tentaculaire d'une cité new-yorkaise avant d'entreprendre son voyage touristique vers l'état de la Louisiane. A partir d'une investigation abstraite menée par un détective scrupuleux, Angel Heart nous illustre sa lente descente aux enfers auquel la rencontre avec des témoins ombrageux va finalement l'amener à reconsidérer sa propre identité. La réalisation formelle et maîtrisée d'Alan Parker atteint un tel degré de perfection qu'une aura maléfique semble planer sur chaque recoin de l'écran. L'atmosphère feutrée qui enveloppe tout le cheminement scabreux du héros nous dirige lentement vers un climat malsain davantage poisseux, à l'image morbide des rituels pratiqués sur les cadavres. Jalonné de visions sanguinolentes et de rêves obsédants, le parcours d'Harry Angel est une introspection mentale, une forme d'hantise diabolique influencée par la culture du vaudou et de la sorcellerie. De manière latente mais avec une intensité toujours plus contraignante, le réalisateur tisse une toile autour de son protagoniste pour mieux le piéger et nous manipuler avant l'issue nihiliste de sa résolution traumatisante.
Motivé par l'indiscrétion afin de débusquer un chanteur énigmatique mais davantage compromis par sa contrariété et les troubles d'une psychose névrotique, Mickey Rourke excelle dans son jeu viscéral à incarner le rôle d'un détective discrédité. Dans celui de Louis Cypher, Robert De Niro lui partage la vedette avec autant de persuasion même si sa discrète présence ne s'impose pas aussi prégnante. Inquiétant dans son élégance mortifère et sa posture de baron aristocrate (ongles acérés à l'appui !), le comédien use de plaisir masochiste à molester son comparse dans un jeu psychique de duperie.


Jusqu'au bout des ténèbres
Oeuvre de pur cauchemar à la beauté opaque ensorcelante, Angel Heart semble avoir été façonné par le diable en personne tant son récit perfide nous achemine vers une effroyable révélation schizophrène. L'intensité toujours plus acerbe de son atmosphère lugubre, l'aura machiavélique qui en émane et l'interprétation transie d'émoi de Mickey Rourke renforcent l'aspect délétère de l'omnipotence du Mal. 

24.04.13. 3èx
Bruno Matéï


mardi 23 avril 2013

LE DERNIER REMPART (The Last Stand)

                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site vivalacinema.superforum.fr

de Kim Jee-Woon. 2013. U.S.A. 1h47. Avec Arnold Schwarzenegger, Forest Whitaker, Eduardo Noriega, Peter Stormare, Rodrigo Santoro, Jaimie Alexander, Zach Gilford, Luis Guzman.

Sortie salles France: 23 Janvier 2013. U.S: 18 Janvier 2013

FILMOGRAPHIE: Kim Jee-Woon est un réalisateur, scénariste et directeur de la photo sud-coréen, né le 6 Juillet 1964 à Séoul.
1998: The Quiet Family, 2000: The Foul King. 2003: Deux Soeurs. 2005: A Bittersweet Life. 2008: Le Bon, la brute et le cinglé. 2010: I saw the devil. 2013: Le Dernier Rempart.


Après plus de 10 ans d'absence, Arnold Schwarzenegger revient sur les écrans dans un rôle majeur de dur à cuir sous la caméra de Kim Jee-Woon. Pur hommage aux séries B d'action des années 80 qui envahissaient nos écrans et nos étagères Vhs, Le Dernier Rempart est un plaisir coupable du samedi soir conçu pour divertir sans modestie.

Afin qu'un dangereux criminel preneur d'otage évite de franchir la frontière mexicaine, un shérif et ses adjoints décide de s'allier pour lui barrer le chemin au sein de leur petite bourgade. 


Actionner bourrin dénué de prétention en assumant pleinement sa fonction de divertissement, le Dernier Rempart s'affiche en western moderne sous l'égide d'un shérif sclérosé délibéré à ne pas se laisser intimider par la pègre d'un leader mafieux. Ca démarre fort avec une spectaculaire évasion high-tech élaborée par les sbires du dangereux repris de justice culminant sa fuite à bord d'un bolide blindé. Alors que la police tente par tous les moyens de le mettre hors d'état de nuire, il réussit haut la main à esquiver les barrages routiers avec l'ingérence d'hommes de mains suréquipés. Mais afin de gagner la frontière mexicaine, il doit emprunter l'itinéraire d'une petite ville du Texas. Dans cette bourgade reculée, le Shérif Owens décide de le cueillir parmi le volontariat d'adjoints débutants. C'est à ce moment propice que le clou du spectacle promu achève son apothéose dans un déluge d'échanges de tirs (sulfateuse à l'appui s'il vous plait !) et d'explosions. Avec l'efficacité d'une réalisation nerveuse décuplant sans répit ses séquences d'action continuellement cinglantes, le Dernier Rempart gagne d'autant plus notre sympathie par la dérision accordée à chaque personnage. Et en priorité vis à vis des adjoints couards du shérif, plutôt indécis à devoir se mesurer contre des malfrats belliqueux, mais davantage engagés dans un élan (suicidaire) de bravoure solidaire. La palme de l'hilarité en revenant à l'ancien trublion maso de Jackass, Johnny Knoxville, ici reconverti en benêt artilleur ! Avec une ferveur délurée, certaines de ses pitreries provoquent facilement le rire par sa démesure héroïque incontrôlée. Dans celui du shérif sexagénaire redresseur de tort, Arnold Schwarzenegger nous revient avec une forme lénifiante beaucoup moins agile pour sa posture stoïque qu'à l'époque de sa notoriété. Raison pour laquelle l'affrontement au corps à corps entamé avec Cortez relève plus du combat de catch que des traditionnelles bastons homériques. Néanmoins, sa présence avenante et sa bonhomie attachante nous émeut d'une certaine manière dans sa volonté de daigner renouer avec la symbolique du héros vaillant.


Nanar survitaminé assumant pleinement son rôle ludique d'actionner décérébré, le Dernier Rempart est une jouissive offrande pour tous les fans du genre. Et en particulier à ceux de la génération 80 qui auront été bercés par les buddy movies et films de guerre post-vietnamiens où leurs héros préférés (Stallone / Schwarzenegger, même combat !) se partageaient l'affiche avec une foi imperturbable. 

23.04.13
Bruno Matéï

lundi 22 avril 2013

LA PART DES TENEBRES (The Dark Half)

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmaffinity.com

de George A. Romero. 1992. U.S.A. 2h02. Avec Timothy Hutton, Amy Madigan, Michael Rooker, Julie Harris, Robert Joy.

Sortie salles France: 18 Août 1993

FILMOGRAPHIE: George Andrew Romero est un réalisateur, scénariste, acteur, auteur américain, né le 4 Février 1940 à New-York.
1968: La Nuit des Morts-vivants. 1971: There's Always Vanilla. 1972: Season of the Witch. 1973: The Crazies. 1977: Martin. 1978: Zombie. 1981: Knightriders. 1982: Creepshow. 1985: Le Jour des Morts-vivants. 1988: Incidents de parcours. 1990: Deux Yeux Maléfiques. 1992: La Part des Ténèbres. 2000: Bruiser. 2005: Land of the Dead. 2008: Diary of the Dead. 2009: Survival of the Dead. 2011: Deep Red.


Oeuvre mésestimée aujourd'hui sombrée dans l'oubli, La Part des Ténèbres est l'un des films les moins appréciés du maître Romero. S'il s'agit de l'un de ces projets les moins personnels, on ne peut pas occulter l'originalité de son scénario (tiré d'un roman de Stephen King) ainsi que la conviction de ces interprètes. A la suite d'un chantage avec l'un de ses fans, l'écrivain Thad Beaumont décide de se débarrasser de son pseudonyme en divulguant sa véritable identité aux médias. Depuis ses déclarations, une série de meurtres sanglants ébranlent son entourage. Thad est rapidement suspecté par la police puisque ses empreintes digitales sont relevées sur les lieux de chaque crime.


En habile conteur, George A. Romero empreinte ici la voie du thriller fantastique en préconisant un suspense haletant parfaitement planifié. Le film se focalisant essentiellement sur une série  d'évènements meurtriers perpétrés au sein d'une petite bourgade et l'investigation autonome qui s'ensuit vis à vis de l'écrivain. En traitant du thème du double et de notre "part des ténèbres" enfouie en chacun de nous, George Romero dirige avec savoir faire un thriller diabolique reposant sur les épaules de Timothy Hutton. Dans un double rôle en demi-teinte, l'acteur véhicule une belle spontanéité à incarner deux personnages antinomiques confrontés à l'éthique du bien et du mal. A l'instar de Jekyll et Hyde, Thad Beaumont et Georges Starck forment la dualité d'une gémellité schizophrène. Leurs enjeux impartis à la soif de survivre, d'exister et de perdurer sont traités avec une certaine intensité dans leur esprit de rancoeur et intelligence pour sa réflexion identitaire sur l'influence du mal. Cette dense confrontation opposant un personnage de fiction avec son propre créateur (l'écrivain, prisonnier du genre qui a taillé sa réputation), suscite trouble et fascination, notamment par la caractérisation délétère de Georges Starck. Figure renfrognée du Mal matérialisée par la tumeur cérébrale de Thad Beaumont, insatiablement délibérée à cultiver sa nouvelle existence. Pour ajouter un aspect insolite à l'intrigue, George Romero fignole l'esthétisme d'une séquence cauchemardesque (le rêve prophétique de Thad), ainsi que l'onirisme d'une métaphore divine sous l'entremise de volatiles destinés à emporter l'âme des damnés. Sur ce point, la dernière séquence finale se révèle assez spectaculaire et singulière dans son imagerie poético-morbide déployant l'offensive d'une nuée de passereaux carnivores.


Avec modestie, George A. Romero s'impose en l'occurrence en habile conteur, dans l'art et la manière de transfigurer une intrigue originale. La densité de son interprétation et surtout la maîtrise acerbe de son suspense renforçant le caractère attachant de cet inquiétant thriller injustement méprisé. 

22.04.13. 3èx
Bruno Matéï

samedi 20 avril 2013

HIERRO

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site identi.li

de Gabe Ibanez. 2009. Espagne. 1h29. Avec Elena Anaya, Bea Segura, Mar Sodupe, Andrés Herrera, Miriam Correa, Kaiet Rodriguez.

Sortie Dvd France: 24 Novembre 2010. Sortie salles Espagne: 15 Janvier 2010

FILMOGRAPHIE: Gabe Ibanez est un réalisateur espagnol, né le 7 Juin 1971 à Madrid.
2009: Hierro


A la suite de la disparition inexpliquée de son fils sur un ferry, une mère décide de partir à sa recherche mais se retrouve plongée dans un désarroi paranoïaque.

Pour un premier film, le réalisateur Gabe Ibanez opte pour un fantastique éthéré sous couvert d'un drame psychologique intimiste. Au suspense lattent avare en péripéties, Hierro privilégie surtout un climat d'étrangeté prégnant sous l'égide d'une mère démunie, persuadée que son fils est resté en vie à la suite de sa disparition. S'agit-il d'un enlèvement ou d'un accident mortel ? Le rythme lancinant découlant des va-et-vient successifs d'une héroïne perdue au milieu d'un archipel et le manque d'aplomb de la réalisation risquent toutefois de rebuter certains spectateurs. Qui plus est, sa structure narrative indécise manque de conviction pour nous convaincre pleinement de son dénouement prévisible. Les quidams suspicieux étant mal exploités dans leur autorité hostile et leur potentielle culpabilité. Toute en fragilité humaine, l'actrice Elena Aneya véhicule une inévitable empathie dans le combat d'une mère désespérée à daigner retrouver son fils. Elle réussit avec sobriété à provoquer une émotion candide dans son instinct maternel subordonné à l'amour d'un enfant.


La mer des larmes
Si Hierro ne convainc pas pleinement, faute d'un scénario mal ficelé et d'un rythme un peu trop languissant, il réussit tout de même à provoquer une certaine émotion et un intérêt périodique au fil de séquences oniriques imprégnées d'une ambiance feutrée. En outre, son épilogue salvateur renoue avec une poésie diaphane lors d'une séquence fantasmagorique absolument bouleversante. En résulte un drame intimiste bancal qui manque de persuasion mais insuffle tout de même quelques bonnes idées et une certaine émotion au fil du cheminement hasardeux d'une héroïne déchue.

Dédicace à Cid Orlandu
20.04.13
Bruno Matéï

mercredi 17 avril 2013

Jack Reacher

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site collider.com

de Christopher McQuarrie. 2012. U.S.A. 2h10. Avec Tom Cruise, Rosamund Pike, Robert Duvall, Jai Courtney, Richard Jenkins, Werner Herzog.

Sortie salles France: 26 Décembre 2012. U.S: 21 Décembre 2012

FILMOGRAPHIE: Christopher McQuarrie est un réalisateur, producteur, acteur et scénariste américain, né en 1968 à Princeton dans le New Jersey. 2000: Way of the Gun. 2012: Jack Reacher

Un mystérieux tueur abat froidement 5 citadins dans un jardin public. Une avocate et un ancien baroudeur vont faire équipe pour déjouer une mystérieuse conspiration.

Un bon polar d'espionnage déguisé en actionner contemporain. Un héros vindicatif pas comme les autres. Une intrigue tortueuse plutôt prenante qui converge vers le complot judiciaire. Tom Cruise est assez étonnant dans le rôle anti-conformiste d'un vagabond justicier particulièrement retors. Flegmatique mais véloce, il incarne son rôle avec sobriété, même si ces détracteurs pourraient lui reprocher sa rudesse d'esprit. Attention tout de même aux amateurs d'action qui risqueraient d'être déçus, le film se focalisant surtout sur un suspense lattent au sein d'une intrigue à tiroirs quelque peu alambiquée. La réalisation appliquée, l'efficacité de son récit, les dialogues ciselés et le climat austère nous changent des sempiternels blockbusters conçus uniquement pour nous en mettre plein la vue. Ici, c'est tout l'inverse qui se produit, les deux seules scènes explosives étant uniquement au service d'une longue investigation policière. Tout cela manque quand même un peu de vigueur et d'intensité mais le polar déroutant s'avère néanmoins captivant pour ne pas ennuyer et fait presque figure d'ovni dans la caractérisation insolite de ce justicier infaillible.

18.04.13
Bruno