d'Alan Parker. 1987. U.S.A/Angleterre/Canada. 1h53. Avec Mickey Rourke, Robert De Niro, Lisa Bonet, Charlotte Rampling, Stocker Fontelieu, Brownie McGhee, Michael Higgins.
Sortie salles France: 8 Avril 1987. U.S: 6 Mars 1987
FILMOGRAPHIE: Alan Parker, né Alan William Parker le 14 Février 1944 à Islington, Londres, est un réalisateur, compositeur, scénariste et producteur anglais.
1975: The Evacuees (télé-film). 1976: Bugsy Malone. 1978: Midnight Express. 1980: Fame. 1982: l'Usure du Temps. 1982: Pink Floyd the Wall. 1984: Birdy. 1987: Angel Heart. 1988: Mississippi Burning. 1990: Bienvenue au Paradis. 1991: The Commitments. 1994: Aux bons soins du Dr Kellogg. 1996: Evita. 1999: Les Cendres d'Angela. 2003: La Vie de David Gale.
Voyage au bout de l’âme noire.
Dans les limbes du cinéma, il existe des œuvres qui, telles des entités envoûtantes, nous attirent dans leur spirale infernale et, peu à peu, nous happent sans retour. Angel Heart d'Alan Parker est l’une de ces œuvres. Thriller occulte imbibé de magie noire, le film est un voyage au bout des ténèbres où le spectateur s’égare aux côtés de Mickey Rourke, dans un rôle de détective privé en perdition, et où chaque image semble tremper dans le poison de l’âme humaine.
Synopsis : New York, 1955. Un détective privé, Harry Angel, est contacté par un mystérieux client, Louis Cyphre, pour retrouver Johnny Favorite, un ancien chanteur disparu depuis 12 ans après la guerre. Au fil de son enquête, l’enchevêtrement des indices devient un piège, et les corps s’amoncellent autour de lui, dans une danse macabre dont il ne peut plus se défaire.
Pour la première fois de sa carrière, Alan Parker plonge dans l’abîme du genre horrifique, tout en empruntant les codes du film noir. Ce détour stylistique, adapté du roman de William Hjortsberg, révèle la main habile du réalisateur, qui, en virtuose, façonne une esthétique crépusculaire d’une rare beauté. La photographie, jouant sur les nuances du clair-obscur, nous immerge dans un monde où la lumière et l’ombre ne sont que des frontières floues, où la ville de New York devient un labyrinthe tentaculaire, prête à avaler toute certitude.
À mesure que l’investigation d’Harry Angel se déploie, Angel Heart prend une tournure de plus en plus abstraite, transformant une quête de vérité en une plongée abyssale dans la psyché du détective. Chaque rencontre, chaque témoin, chaque cadavre ajoutent une couche d’angoisse, jusqu’à ce que l’horreur devienne une réalité indiscernable de la folie qui ronge l’esprit d’Angel. Le film se fait le miroir de sa propre déchéance, une lente descente aux enfers où la perte de repères devient une matière organique, aussi noire que la nuit.
Ce voyage vers l’inconnu se poursuit jusqu’en Louisiane, un autre territoire où le mystère se fait encore plus oppressant. Là, la culture du vaudou et des rituels occultes se déploie, étendant son ombre sur l’enquête. Alan Parker ne se contente pas de raconter une histoire ; il crée un environnement sensoriel où la peur et le désir se confondent. La réalisation formelle atteint une perfection si méticuleuse qu’une aura maléfique semble s’immiscer dans chaque recoin de l’écran. L’atmosphère, feutrée mais oppressante, porte le spectateur vers un climat malsain, de plus en plus poisseux, à l’image même des rituels pratiqués sur les cadavres des victimes. La présence du Mal est palpable, presque tangible, et son influence, omniprésente, s’intensifie à mesure que la quête de vérité devient une spirale autodestructrice.
Dans le rôle de Louis Cyphre, Robert De Niro partage la vedette avec Rourke, apportant à son personnage une élégance glaciale et une menace sourde. Sa présence, discrète mais pénétrante, s’impose à l'écran comme une figure aristocratique, froide et calculatrice. À l’instar d’un baron du Mal, Cyphre manipule son interlocuteur avec une finesse cruelle, ses ongles acérés devenant des instruments de torture psychique dans un jeu de duperie pervers. Ce rôle de maître des ténèbres, joué avec une subtilité inquiétante, est l’un des points forts du film, parfaitement dosé pour maintenir une tension constante.
Jusqu'au bout des Ténèbres.
Angel Heart s’apparente à une œuvre de pur cauchemar. Sa beauté opaque et ensorcelante, à la fois fascinante et perturbante, semble avoir été façonnée par le diable lui-même. Le film n’est pas seulement un thriller noir ; il est une entité à part entière, une hallucination qui nous entraîne inexorablement vers une révélation schizoïde. L’intensité de son atmosphère lugubre, l’aura machiavélique qui émane de chaque scène et l’interprétation frémissante de Mickey Rourke renforcent l’aspect délétère du film, une vision du Mal si omniprésente qu’elle finit par envahir notre propre perception.En effet, Angel Heart est un voyage dans l’inconnu, un pèlerinage vers la perte de soi, où chaque pas, chaque ombre, chaque murmure est une invitation à se perdre. L’omnipotence du Mal, incarnée avec une telle brillance visuelle et psychologique, fait de ce film un chef-d’œuvre inclassable, une expérience sensorielle aussi bouleversante que fascinante.
Ainsi, Angel Heart s’élève, dans l’univers cinématographique, comme l’un des films les plus audacieux et perturbants des années 80, une exploration labyrinthique de l’âme humaine, de ses ténèbres, et des démons qu’elle cache au plus profond d’elle-même. Une œuvre où l’horreur devient une réflexion sur la condition humaine, un miroir déformé qui ne nous laisse que l’image d’un abîme.
*Bruno
04.05.25. 4èx. Vost. 4K
24.04.13.
Impeccable Mickey Rourke qui, dans la moiteur d'une Louisiane baignée de vaudou, se cherche désespérement sur la partition magistrale de Trévor Jones, magnifiée par la réalisation magistrale d'Alan Parker. Diablement efficace !
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