mardi 18 novembre 2014

La Dernière Vague. Prix Spécial du Jury, Avoriaz 78.

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site solium.ru

"The Last Wave" de Peter Weir. 1977. Australie. 1h46. Avec Richard Chamberlain, Olivia Hamnett, David Gulpilil, Frederick Parslow, Vivean Gray, Nandjiwarra Amagula, Walter Amagula.

Sortie salles France: Novembre 1977. Australie: 15 Décembre 1977

FILMOGRAPHIE: Peter Weir est un réalisateur australien, né le 21 Août 1944, à Sydney, Australie. 1974: Les Voitures qui ont mangé Paris. 1975: Pique-nique à Hanging Rock. 1977: La Dernière Vague. 1981: Gallipoli. 1982: l'Année de tous les Dangers. 1985: Witness. 1986: Mosquito Coast. 1989: Le Cercle des Poètes Disparus. 1990: Green Card. 1993: Etat Second. 1998: The Truman Show. 2003: Master and Commander. 2011: Les Chemins de la Liberté.

                                         

Fleuron de l'âge d'or du fantastique australien, la Dernière Vague est aujourd'hui souvent réduit au mutisme auprès des fans du genre, alors que le jeune public en ignore son existence faute de son invisibilité sur nos écrans. Pourtant couronné du Prix Spécial du Jury à Avoriaz et depuis sorti en Dvd chez nous dans un superbe coffret regroupant 4 films fondateurs de Peter Weir, La Dernière Vague symbolise avec subtilité un fantastique éthéré autour de visions d'apocalypse, entre rêve prémonitoires et réalité pessimiste. Le pitch: A Sydney, à la suite du meurtre d'un aborigène, un avocat tente de défendre cinq accusés mis en cause par ce lynchage communautaire. Au fil de son investigation, David Burton va être assujetti à d'étranges rêves témoignant des rites ancestraux d'une tribu aborigène. Et pour endosser l'avocat en perte de repère et en perdition existentielle, il est étonnant de retrouver ici le bellâtre acteur des Oiseaux se cachent pour mourir au sein d'une oeuvre indépendante aussi métaphysique que déroutante ! De par son rythme apathique réfutant le spectacle d'envergure et son atmosphère irréelle  émanant d'une imagerie onirico-crépusculaire. 


Si la première partie prodigue un certain effort pour accepter la monotonie ambiante du héros en perpétuel questionnement sur l'idéologie aborigène, la suite s'avère toujours plus captivante lorsqu'il tente de démystifier le rite tribal d'un meurtre commis en réunion. Ainsi, à travers cette étrange intrigue dénonçant la colonisation de l'homme blanc sur le peuple aborigène, la Dernière Vague fait appel à la tradition de "l'âge d'or", au respect tribal et à leur éthique, là où l'importance du rêve accorde une grande place pour y surveiller le climat de notre environnement. Et s'il y a trahison d'un de leur membre, le coupable en est sévèrement châtié par le pouvoir de la sorcellerie ! Cette race d'esprits que l'on prénomme ici "Mulkurul" a comme devoir d'y prédire l'avenir à travers les songes et d'imposer leur nouvelle présence lorsque la nature cyclique est sur le point de s'y renouveler ! Traversé de séquences impressionnantes (mais concises !) d'intempéries diluviennes, de tempêtes de grêle et de pluie noire, le film emprunte la voie métaphorique de Dame Nature se rebellant contre l'irrespect de l'homme moderne réfractaire aux anciennes religions et depuis condamnées à l'oubli. Une ambiance d'apocalypse y est alors distillée de par la suggestion de prédictions cauchemardesques auquel un homme blanc tentera  d'interférer parmi la télépathie d'un aborigène pour y percer leurs secrets. Tel ce potentiel achèvement de notre monde venu purifier de nos pêchers toutes formes de civilisations ! Par la force d'images sensitives où l'eau y symbolise autant la pureté que l'élément déclencheur d'une violence climatique, la Dernière Vague fait appel à la puissance d'évocation, au sens de la suggestion afin d'anticiper une angoisse latente toujours plus pessimiste ! 


Le Nouveau Monde
Réflexion métaphysique sur une perpétuelle renaissance existentielle et sur le rapport spirituel des rêves, La Dernière Vague fait appel au déchaînement de la nature pour nous rappeler son omnipotence face à notre égocentrisme. Epaulé du score lancinant de Charles Wain, d'une photo naturelle et de l'interprétation habitée d'un Richard Chamberlain transi d'émoi (sans doute son meilleur rôle !), cette enquête mystique aussi fascinante qu'inquiétante laisse en exergue une vision plutôt crépusculaire de notre avenir. Et ce avant qu'un nouveau monde n'éclot... Chef-d'oeuvre.

*Bruno 
07.10.20. 
23.06.23. 5èx

Récompenses: Prix Spécial du Jury à Avoriaz en 1978
Meilleure Photographie, Meilleur Son lors des Australian Film Institute Awards, 1978
Meilleur Acteur, Richard Chamberlain au Festival du film de Catalogne, 1982.

                                    

lundi 17 novembre 2014

LA MORTE-VIVANTE

                                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site t411.me

de Jean Rollin. 1982. France. 1h29. Avec Marina Pierro, Françoise Blanchard, Mike Marshall, Carina Barone, Jean-Pierre Bouyxou.

FILMOGRAPHIE: Jean Michel Rollin, Roth Le Gentil est un réalisateur, producteur et scénariste français, né le 3 novembre 1938 à Neuilly-sur-Seine (France), décédé le 15 Décembre 2010.
1958 : Les Amours jaunes, 1961 : Ciel de cuivre, 1963 : L'Itinéraire marin, 1964 : Vivre en Espagne, 1965 : Les Pays loin, 1968 : Le Viol du vampire, 1969 : La Vampire nue, 1970 : Le Frisson des vampires, 1971 : Requiem pour un vampire, 1973 : La Rose de fer, 1974 : Les Démoniaques, 1975 : Lèvres de sang, 1978 : Les Raisins de la mort, 1979 : Fascination,1980 : La Nuit des traquées, 1981 : Fugues mineures (Les Paumées du petit matin), 1981 :Le Lac des morts vivants (sous le pseudonyme de J. A. Lazer), 1982 : La Morte vivante, 1984 :Les Trottoirs de Bangkok, 1985 : Ne prends pas les poulets pour des pigeons (sous le pseudonyme de Michel Gentil), 1989 : Perdues dans New York, 1990 : La Griffe d'Horus(TV), 1991 : À la poursuite de Barbara, 1993 : Killing Car, 1997 : Les Deux Orphelines vampires, 2002 : La Fiancée de Dracula, 2007 : La Nuit des horloges, 2010 : Le Masque de la Méduse.


Dans la mouvance du gore transalpin qui avait éclaboussé nos écrans au début des années 80, Jean Rollin profite du filon commercial pour mettre en scène la Morte-Vivante. Une série Z franchouillarde bourrée de maladresses et d'incohérences mais néanmoins récupérée par une thématique intéressante déjà exploitée par le magnifique Moi, zombie, chronique de la douleur et le Jour des Morts-vivant, la résurgence du regain de conscience du point de vue d'un Zombie ! Après avoir déposé des fûts toxiques dans la crypte d'un château, trois hommes réveillent l'âme de la défunte Catherine Valmont. Livrée à sa nouvelle déchéance, elle tue de sang froid les intrus dans un instinct sanguinaire. Seule dans le château, Catherine se remémore ses souvenirs d'enfance avec Hélène, sa meilleure amie avec qui elle partageait une grande complicité. 


Produit commercial surfant sur la vague des Zombie Movies invoqués par Fulci, Lenzi, Bianchi et consorts, la Mort-Vivante exploite avant tout le caractère explicite des situations gores émanant du comportement erratique de notre héroïne avide de sadisme et de sang frais. A l'aide de trucages en latex très élémentaires mais néanmoins efficaces, Jean Rollin ne lésinant pas sur le racolage pour filmer en gros plan moult plaies entaillées et chairs déchiquetées. Endossé par des comédiens inexpressifs et pourvu d'une réalisation approximative, le film prête à sourire par son aspect aussi ridicule que fauché. Pourtant, avec la personnalité sensible de son auteur, on se prend néanmoins d'intérêt à suivre le cheminement indécis d'une morte-vivante victime de sa condition meurtrière et de son isolement. Autour de son errance nocturne et parmi la tendre relation qu'elle renoue avec son amie d'enfance, les thèmes de l'amour, de la réminiscence, de l'amitié, du sacrifice et des sentiments nous sont abordés parmi l'intimité fragile de deux femmes compromises à une dérive sanguinaire. Et les rôles de s'inverser lorsque Catherine, éprise de conscience et de sensibilité, va finalement se raviser de ses exactions morbides, quand bien même Hélène va au contraire persévérer dans l'avilissement afin de combler le vide existentiel de sa compagne.


Liens d'amour et de sang
En dépit de son amateurisme et de ses inévitables maladresses parfois risibles, La Morte-Vivante réussit à divertir et attendrir dans une notion de romantisme imparti à une zombie livide vêtue de blanc. Si sa dimension psychologique s'avère bien mal exploitée et que les comédiens ternes lui portent préjudice, on se prend quand même d'affection à suivre la destinée singulière de Catherine, fantôme abdiqué par Dieu et la mort. A réserver aux inconditionnels de Rollin

Bruno Matéï
2èx

vendredi 14 novembre 2014

Spectre / The Boogeyman

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com

de Ulli Lommel. 1980. U.S.A. 1h22. Avec Suzana Love, Ron James, John Carradine, Nicholas Love, Raymond Boyden, Felicite Morgan.

Sortie salles France: 15 Juillet 1981. U.S: 11 Juillet 1980

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Ulli Lommel est un réalisateur, acteur et scénariste allemand, né le 21 Décembre 1944 à Sulecin (Pologne). 1973: La Tendresse des Loups. 1979: Cocaïne Cowboys. 1980: Spectre. 1980: Blank Generation. 1983: The Devonsville Terror. 1983: Mad Night. 1983: Boogeyman 2. 1985: A la poursuite de la pierre sacrée. 1986: Overkill. 1989: Top Gun Sacrifice. 1994: Marilyn my love. 1997: Alien X Factor. 1998: Bloodsuckers. 2005: Zodiac Killer. 2005: B.T.K Killer. 2006: The Raven. 2007: Borderline Cult. 2007: Curse of the Zodiac. 2007: The Tomb. 2008: Son of Sam. 2008: Dungeon Girl.


"Une graine maudite de film culte que ce psycho-killer surnaturel." 
Série B bisseuse des années 80 totalement oubliée de nos jours, Spectre rencontrA le succès lors de sa sortie en salles US et durant son exploitation vidéo dans l'hexagone. Réalisé par Uli Lommel, cinéaste prolifique comptabilisant une cinquantaine de films à son curriculum, le film surfe sur le succès en vogue du psycho-killer initié par Halloween ainsi que le film sataniste inspiré de l'Exorciste et d'Amityville (la demeure familiale de nos héros ressemble d'ailleurs étrangement à celle des Lutz !). Ainsi, ce curieux mélange des genres aurait pu sombrer dans la gaudriole s'il n'eut bénéficié d'une idée aussi originale que retorse, alors que son ambiance inquiétante nous plonge avec délice dans un univers susceptible ! Car sous l'entremise d'un miroir brisé, le fantôme d'un tortionnaire d'enfants revient ici d'entre les morts pour se venger d'eux et de leurs proches. L'intrigue débutant avec un prologue particulièrement sordide lorsqu'un frère et une soeur, Lacey et Willy, sont à nouveau les souffres douleurs d'un beau-père pervers parmi le témoignage complice de leur mère. En particulier Willy retrouvé enchaîné sur son lit pendant que les bourreaux copulent dans la pièce d'à côté. Finalement libéré par sa soeur cadet, il se précipite dans leur chambre pour poignarder sauvagement son beau-père à plusieurs reprises. 


20 ans plus tard, nous retrouvons Lacey et Willy hébergés chez leurs grands-parents mais profondément déstabilisés par cette sanglante tragédie. Alors que Lacey trouve le soutien auprès de son mari Kevin, Willy se terre dans le mutisme depuis son exaction criminelle. Mais afin d'exorciser leurs démons, Lacey décide tout de même de retourner dans la maison de leur enfance en se confrontant au fantôme du beau-père dans le reflet d'un miroir. Depuis, d'étranges phénomènes surnaturels apparaîssent sous la forme de particules de verre et importuner la tranquillité de la famille. Ce pitch à la limite du grotesque réussit miraculeusement à éviter le ridicule de par la persuasion du sentiment de danger et l'efficacité de sa réalisation oscillant entre l'expectative du suspense et les altercations morbides. Tant auprès de l'accomplissement des meurtres aussi inventifs que sanglants, de l'ambiance glauque agréablement diffuse ou de la conduite soutenue du récit, Spectre parvient donc à captiver par le biais d'une hostilité invisible particulièrement sournoise. Et pour renforcer et avertir la sensation de danger, un soupir lourd nous est imposé durant ses déplacements en caméra subjective, quand bien même le score envoûtant de Tim Krog amplifie ce trouble sentiment de présence irréelle ! Et si le manque de cohérence de certains personnages s'y fait parfois sentir dans leur apathie de stupeur et que l'approximation des dialogues aurait gagné à être mieux argumenté (bien qu'on a largement vu pire ailleurs), la bonne volonté des comédiens réussit tout de même à insuffler une vraie sympathie à travers leur fonction de victimes éprouvées et leur bravoure de dernier ressort (le final délirant s'avérant explosif pour leur combat opposé aux forces du Mal !).


Grâce à son ambiance ombrageuse plutôt palpable, sa photo soignée, son score lancinant et l'originalité d'un pitch détonnant, Spectre réussit à provoquer charme et sympathie à travers un esprit naïf de bisserie délicieusement rétro. A préconiser aux nostalgiques de l'époque, le film s'avérant aujourd'hui encore plus attachant dans sa sincérité maladroite mais assez efficace et semé de trouvailles si bien que l'on s'amuse à se surprendre de ses effets chocs escomptés. Enfin, notons également l'apparition clin d'oeil de David Carradine dans un rôle avenant de psychiatre sclérosé.

Dédicace à Adrien Pennequin et remerciement à Uncut Movies et Lupanars visions
Bruno Matéï
04/02/22/ 4èx

    jeudi 13 novembre 2014

    L'ETRANGE COULEUR DES LARMES DE TON CORPS

                                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

    de Bruno Forzani et Hélène Cattet. 2014. France/belgique/Luxembourg. 1h41. Avec Klaus Tange, Jean-Michel Vovk, Sylvia Camarda, Sam Louwyck, Anna D'Annunzio.

    Sortie salles France: 12 Mars 2014

    FILMOGRAPHIE: Bruno Forzani et Hélène Cattet sont un couple de cinéastes français résidant à Bruxelles.
    2010: Amer. 2013: L'Etrange couleur des Larmes de ton corps.


    Après leur premier coup d'essai Amer qui avait tant divisé son public, le duo Forzani/Cattet réexplore l'univers du giallo auteurisant à coup de stylisme alambiqué et d'expérimentation sensorielle. Un téléphoniste rentre dans son appartement et découvre que sa femme a disparu. Perdu dans sa solitude, il tente de la retrouver dans son immeuble parmi la compagnie de voisins interlopes et parmi l'étrangeté de sons stridents. 


    Autant prévenir de suite, tous les spectateurs qui avaient été frustrés par l'hermétisme de l'intrigue en triptyque d'Amer risquent à nouveau de faire grise mine avec l'Etrange couleur des larmes de ton corps ! Notre couple de cinéastes continuant de verser dans l'expérimental et de pousser au paroxysme une imagerie sensuello-morbide imbriquée dans une trame aussi vertigineuse que nonsensique. C'est du moins mon ressenti personnel en tant que témoin d'un premier visionnage auquel il sera ici impossible de disserter de manière objective ! Le film se révélant à nouveau une expérience sensitive encore plus aboutie d'un point de vue stylisé et plus organique dans la manière vénéneuse dont les auteurs exploitent un dédale d'obsessions du corps féminin et du regard oculaire avant les coups de lames acérées. Formellement sublime dans sa maîtrise picturale (les cadrages tarabiscotés accumulent avec frénésie les prouesses techniques !) magnifiant la présence suspicieuse des protagonistes comme celle de sa scénographie art-déco, l'Etrange couleur des larmes de ton corps fait appel au sens olfactif, au tactile et à l'ouïe (la BO vintage honore des tubes transalpins quand bien même les bruitages stridents ne cessent de nous agresser !). De cette fantasmagorie baroque et sexuelle émane une confusion (volontaire) d'écriture pour mieux nous égarer dans un labyrinthe de paranoïa où inceste, sadomasochisme et fétichisme sont étroitement liés.


    Fascinant et agaçant à la fois, de par l'incompréhension de l'intrigue, la multiplicité des plans rapides et l'attitude équivoque des protagonistes surgis parfois de nulle part, l'Etrange couleur des larmes de ton corps s'avère une expérience fulgurante dans son maelstrom de séquences hallucinées faisant office d'anthologie atypique. Inévitablement, cette expérience avec l'art du cinéma déchaînera une fois de plus les passions comme celle des déceptions. Mais aussi abstrait et nébuleux, ce giallo néo-surréaliste pourrait à nouveau séduire et éclaircir l'interrogation du spectateur au fil d'autres visionnages. Et quitte à insister, l'hypnose impartie au florilège de séquences oniriques n'a jamais été contemplé de manière aussi symétrique sur la toile !

    Bruno Matéï

    mercredi 12 novembre 2014

    LES GARDIENS DE LA GALAXIE (Guardians of the Galaxy)

                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site dailymars.net

    de James Gunn. 2014. U.S.A. 2h01. Avec Chris Pratt, Zoe Saldana, David Bautista, Vin Diesel, Bradley Cooper, Lee Pace, Michael Rooker, Karen Gillan, Djimon Hounson, John C. Reilly, Glenn Close, Benicio Del Toro.

    Sortie salles France: 13 Août 2014. U.S: 1er Août 2014

    FILMOGRAPHIEJames Gunn est un réalisateur, scénariste, acteur, producteur et directeur de photo, né le 5 Août 1970 à Saint Louis, dans le Missouri (Etats-Unis). 2006: Horribilis. 2010: Super. 2013: My Movie Project (Segment: Beezel). 2014. Les Gardiens de la Galaxie.


    Dixième film consacré à Marvel, les Gardiens de la Galaxie est l'adaptation du Comic éponyme créé en 1969. James Gunn nous narrant ici les exploits du terrien Peter Jason, enlevé par des extra-terrestres dès son plus jeune âge, et devenu depuis un marginal parmi une équipe de mercenaires. Après avoir découvert l'Orbe sur la planète Morag, un objet convoité par le dictateur Ronan et Thanos le Titan, Peter va devoir faire équipe avec quatre chasseurs de prime et se livrer à une guerre sans merci pour sauver de l'apocalypse la planète Xandar. Car depuis un concours de circonstances périlleuses, telle leur détention houleuse en interne d'un pénitencier, l'Orbe va revenir entre les mains de Ronan et déclencher l'inévitable offensive. Blockbuster estival estampillé tous publics, les Gardiens de la Galaxie joue la carte du divertissement homérique à travers ses batailles spatiales héritées de Star Wars et ses combats martiaux furtifs influencés par le jeu-vidéo. Bourré de séquences spectaculaires et de gadgets inventifs dans un univers flamboyant des plus dépaysants, l'intrigue cousue de fil blanc se condense à une lutte entre le Bien et le Mal, un enjeu belliqueux pour la sauvegarde de l'humanité. En dépit de cette histoire éculée à la forte impression de déjà vu, le film réussit à provoquer l'amusement par son esprit décomplexé d'humour décalé émanant de situations farfelues et par l'extravagance de personnages indécis. 


    Prioritairement le raton laveur génétiquement modifié, Rocket, au caractère entêté, et son adjoint, Groot, un arbre humanoïde toujours à l'affût du moindre danger pour le protéger. Outre la solidarité de ses compères unis par la confiance, il y a également Gamora, ancienne partisane de Ronan, reconvertie aujourd'hui en gardienne afin de détruire l'Orbe, puis enfin, Drax, un colosse avide de vengeance depuis la mort de sa femme et de sa fille. Ses quatre mercenaires vont finalement prêter main forte au terrien Peter après avoir essuyé plusieurs conflits d'autorité et de divergence vis à vis de l'Orbe, objet sphérique pourvu d'un pouvoir destructeur. Grâce à la loyauté de leur leader, ils vont apprendre à transgresser leur peur et leur faiblesse dans une cohésion fraternelle. Emaillés de séquences poétiques (la situation précaire de Gamora éjectée dans l'espace, le final fulgurant !) ou de moments d'émotion prude (la séquence d'ouverture dévoilant la condition cancéreuse de la mère de Peter, le cadeau d'adieu de ce dernier dévoilé en épilogue), Les Gardiens de la Galaxie n'oublie pas la dimension humaine de ces justiciers prônant les valeurs familiales, de camaraderie, du courage, du pardon, d'amour et du sens du sacrifice.


    Malgré l'aspect rebattu de son scénario prémâché, Les Gardiens de la Galaxie réussit à émouvoir et divertir par l'entremise d'un récit initiatique moins anodin qu'il n'y parait. A l'instar de sa plaidoirie contre la dictature des guerres et de l'injustice. Haut en couleurs, rafraîchissant, plein d'humour et de vitalité, il s'en détache un capital sympathie infaillible pour son ode musicale à l'évasion. 

    Dédicace à Stéphane Passoni
    Bruno Matéï

    mardi 11 novembre 2014

    Patrick

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com

    de Richard Franklin. 1978. Australie. 1h52. Avec Robert Thompson, Susan Penhaligon, Robert Helpmann, Rod Mullinar, Bruce Barry, Julia Blake, Helen Hemingway

    Sortie salles France: 9 Mai 1979. Australie: 1er Octobre 1978

    FILMOGRAPHIE: Richard Franklin est réalisateur et producteur australien, né le 15 Juillet 1948 à Melbourne (Australie), décédé le 11 Juillet 2007. 1972: Belinda. 1973: Loveland. 1975: The True Story of Eskimi Nell. 1976: Fantasm. 1978: Patrick. 1981: Déviation Mortelle. 1983: Psychose 2. 1984: Cloak and dagger. 1986: Link. 1991: FX 2, effets très spéciaux. 1994: Un Agent très spécial (télé-film). 1995: Hotel Sorrento. 1996: Brillliant Lies. 1997: One way Ticket (Télé-film). 1999: Le monde perdu de Sir Arthur Conan Doyle: la découverte (télé-film). 2003: Visitors.


    Quel étrange ovni que ce Patrick, production australienne récompensée du Grand Prix à Avoriaz en 1979, alors que ses compères Halloween et Phantasm écopent successivement du Prix de la Critique et du Prix Spécial du Jury. Un préjudice porté au classique onirique de David Schmoeller, Tourist Trap, puisque passée dans l'indifférence des membres du Jury présidés par Roger Corman. Prochainement responsable du sympathique Déviation Mortelle et des excellents Psychose 2 et Link (son meilleur film !), Richard Franklin aborde le thème de la psychokinésie à travers le châtiment d'un patient de 24 ans plongé dans un coma à la suite du meurtre de sa mère et de son amantSynopsis: Soigné dans l'institut privé du Dr Roget, praticien cruel délibéré à le maintenir en vie afin de démystifier les secrets de la mort, Patrick est chaudement accueilli par l'infirmière néophyte, Katy Jacquart. Epris d'affection à travers leur complicité de confiance, ils vont entretenir une curieuse relation amicale en communicant avec une machine à écrire. Mais des phénomènes paranormaux toujours plus violents vont ébranler la sérénité de l'infirmière et de son entourage, Patrick étant maladivement jaloux de ses relations extraconjugales. 


    Alliant le surnaturel et la romance entre l'infirmière empathique et le tueur nanti de pouvoirs télékinésiques, Patrick est une étrange curiosité pourvue d'une intrigue intéressante (l'impuissance d'un criminel alité transcendée par ses pouvoirs paranormaux et provoquant le malheur des autres à distance !) et d'une certaine efficacité auprès de son évolution narrative davantage opaque. On peut toutefois préciser que la même année Jack Gold exploitera avec plus d'habileté, de rythme et de maîtrise le même concept avec le spectaculaire la Grande Menace. Et si l'intrigue insolite se laisse ici efficacement suivre de par la sincérité d'une mise en scène s'efforçant de bien faire et du jeu attachant des acteurs au physique standard, la langueur de son rythme pourrait peut-être démotiver une partie des spectateurs de par son absence d'action si on élude 2/3 scènes chocs assez réussies vers l'ultime demi-heure. Outre l'aimable bonhomie de la jeune actrice Susan Pehhaligon en infirmière avenante et affirmée s'efforçant de comprendre son patient solitaire, la présence équivoque de Robert Thompson en tueur mutique habité d'un regard aussi figé qu'impassible parvient constamment à instaurer un climat d'inquiétude, notamment à travers leurs sentiments ambigus d'amour et de rancoeur. 


    Petit film fantastique adulte réfutant le gore et le grand-guignol si bien que la suggestion est de rigueur, Patrick parvient à éveiller l'intérêt par son propos original et l'étrangeté de son ambiance surnaturelle  ne ressemblant à nulle autre. Il y émane une sympathique curiosité redoutablement étrange que les nostalgiques de la sacro-sainte VHS (merci VIP) auront encore plaisir à suivre. 

    Bruno Matéï
    11/11/14
    21/04/02
    28.02.23. 4èx. Vf

    Récompense: Grand Prix à Avoriaz en 1979

    lundi 10 novembre 2014

    DOLLS (Les Poupées)

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site thelightningbugslair.com

    de Stuart Gordon. 1987. U.S.A. 1h17. Avec Carolyn Purdy-Gordon, Patrick Williams Ian, Carrie Lorraine, Guy Rolfe, Hilary Mason, Bunty Bailey, Cassie Stuart, Stephen Lee.

    Sortie salles U.S: Mars 1987

    FILMOGRAPHIE: Stuart Gordon est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 11 Août 1947 à Chicago (Illinois). 1979: Bleacher Bums (télé-film). 1985: Ré-Animator. 1986: Aux portes de l'au-delà. 1987: Dolls. 1988: Kid Safe (télé-film). 1990: Le Puits et le Pendule. 1990: La Fille des Ténèbres. 1990: Robojox. 1993: Fortress. 1995: Castle Freak. 1996: Space Truckers. 1998: The Wonderful ice cream suit. 2001: Dagon. 2003: King of the Ants. 2005: Edmond. 2005: Masters of Horro (le cauchemar de la sorcière - Le Chat Noir). 2007: Stuck. 2008: Fear Itself. 


    Le pitch: Sur la route d'une campagne isolée, une fillette, son père et sa maîtresse se réfugient dans un manoir pour s'abriter de l'orage. Chaudement recueillis par le couple de propriétaires, ils sont bientôt rejoints par un routier accompagné de deux punkettes. La nuit, d'étranges évènements vont importuner la tranquillité de ces hôtes ! 
    Après la révélation Ré-Animator et le non moins excellent From BeyondStuart Gordon s'attelle au conte de fée pour adultes avec Dolls. Une petite production soigneusement fignolée, de par la manière limpide et inspirée dont l'auteur nous narre son histoire, le charisme des comédiens en roue libre et surtout l'apparence infantile des poupées douées de vie. Réalisées la plupart du temps en stop-motion, ces jouets minimalistes insufflent une aura aussi machiavélique qu'onirique à travers leur fausse candeur où leur déplacement de masse y engage une violence sardonique chez les victimes démunies.


    Qui plus est, avec l'autorité d'un confectionneur de jouets particulièrement puriste, le cinéaste prend soin de les caractériser dans un apparat artisanal provenant d'un patrimoine séculaire. A travers cette fable militant pour le droit au rêve et à la part d'enfance enfouie en chacun de nous, Stuart Gordon rend hommage à la magie des jouets parmi l'occultisme de vieillards propriétaires d'un manoir gothique. Si le scénario linéaire s'articule autour des exactions des poupées vindicatives fustigeant la méchanceté des adultes, la manière efficace dont il est conté nous captive parmi la dérision macabre du cinéaste à détourner le conte de fée. En prime, le caractère attachant des personnages (la bouille candide de Judy épaulée de son nouvel ami, Ralph; l'ambivalence du vieux couple insidieux) provoque une indéniable empathie auprès de leur amabilité, voir leur bonhomie naïve à se laisser attendrir par l'alchimie des jouets après en avoir été apeurés ! 


    La Plus longue nuit du Monde ! 
    Eloge à l'amour des jouets et à la magie de l'enfance imprimés en chacun de nous (du moins, pour ceux ayant su la préserver !), Dolls renoue avec l'épouvante archaïque dans un contexte moderne d'horreur gore et d'humour noir. Il y émane un pouvoir de fascination prégnant auprès du cheminement inquiétant de nos héros confrontés à la vendetta des poupées, quand bien même la qualité des trucages renforce l'aspect diabolique de leur autonomie. Conte gothico-surnaturel, Dolls transcende l'amour de la série B avec charme, frissons et tendresse autour d'une plaidoirie dédiée à l'éducation des enfants et parmi l'apprentissage de leur peur juvénile ! 

    Bruno Matéï
    4èx
    10.11.14
    24.06.10