mardi 18 novembre 2014

La Dernière Vague. Prix Spécial du Jury, Avoriaz 78.

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site solium.ru

"The Last Wave" de Peter Weir. 1977. Australie. 1h46. Avec Richard Chamberlain, Olivia Hamnett, David Gulpilil, Frederick Parslow, Vivean Gray, Nandjiwarra Amagula, Walter Amagula.

Sortie salles France: Novembre 1977. Australie: 15 Décembre 1977

FILMOGRAPHIE: Peter Weir est un réalisateur australien, né le 21 Août 1944, à Sydney, Australie. 1974: Les Voitures qui ont mangé Paris. 1975: Pique-nique à Hanging Rock. 1977: La Dernière Vague. 1981: Gallipoli. 1982: l'Année de tous les Dangers. 1985: Witness. 1986: Mosquito Coast. 1989: Le Cercle des Poètes Disparus. 1990: Green Card. 1993: Etat Second. 1998: The Truman Show. 2003: Master and Commander. 2011: Les Chemins de la Liberté.

                                         

Fleuron de l'âge d'or du fantastique australien, la Dernière Vague est aujourd'hui souvent réduit au mutisme auprès des fans du genre, alors que le jeune public en ignore son existence faute de son invisibilité sur nos écrans. Pourtant couronné du Prix Spécial du Jury à Avoriaz et depuis sorti en Dvd chez nous dans un superbe coffret regroupant 4 films fondateurs de Peter Weir, La Dernière Vague symbolise avec subtilité un fantastique éthéré autour de visions d'apocalypse, entre rêve prémonitoires et réalité pessimiste. Le pitch: A Sydney, à la suite du meurtre d'un aborigène, un avocat tente de défendre cinq accusés mis en cause par ce lynchage communautaire. Au fil de son investigation, David Burton va être assujetti à d'étranges rêves témoignant des rites ancestraux d'une tribu aborigène. Et pour endosser l'avocat en perte de repère et en perdition existentielle, il est étonnant de retrouver ici le bellâtre acteur des Oiseaux se cachent pour mourir au sein d'une oeuvre indépendante aussi métaphysique que déroutante ! De par son rythme apathique réfutant le spectacle d'envergure et son atmosphère irréelle  émanant d'une imagerie onirico-crépusculaire. 


Si la première partie prodigue un certain effort pour accepter la monotonie ambiante du héros en perpétuel questionnement sur l'idéologie aborigène, la suite s'avère toujours plus captivante lorsqu'il tente de démystifier le rite tribal d'un meurtre commis en réunion. Ainsi, à travers cette étrange intrigue dénonçant la colonisation de l'homme blanc sur le peuple aborigène, la Dernière Vague fait appel à la tradition de "l'âge d'or", au respect tribal et à leur éthique, là où l'importance du rêve accorde une grande place pour y surveiller le climat de notre environnement. Et s'il y a trahison d'un de leur membre, le coupable en est sévèrement châtié par le pouvoir de la sorcellerie ! Cette race d'esprits que l'on prénomme ici "Mulkurul" a comme devoir d'y prédire l'avenir à travers les songes et d'imposer leur nouvelle présence lorsque la nature cyclique est sur le point de s'y renouveler ! Traversé de séquences impressionnantes (mais concises !) d'intempéries diluviennes, de tempêtes de grêle et de pluie noire, le film emprunte la voie métaphorique de Dame Nature se rebellant contre l'irrespect de l'homme moderne réfractaire aux anciennes religions et depuis condamnées à l'oubli. Une ambiance d'apocalypse y est alors distillée de par la suggestion de prédictions cauchemardesques auquel un homme blanc tentera  d'interférer parmi la télépathie d'un aborigène pour y percer leurs secrets. Tel ce potentiel achèvement de notre monde venu purifier de nos pêchers toutes formes de civilisations ! Par la force d'images sensitives où l'eau y symbolise autant la pureté que l'élément déclencheur d'une violence climatique, la Dernière Vague fait appel à la puissance d'évocation, au sens de la suggestion afin d'anticiper une angoisse latente toujours plus pessimiste ! 


Le Nouveau Monde
Réflexion métaphysique sur une perpétuelle renaissance existentielle et sur le rapport spirituel des rêves, La Dernière Vague fait appel au déchaînement de la nature pour nous rappeler son omnipotence face à notre égocentrisme. Epaulé du score lancinant de Charles Wain, d'une photo naturelle et de l'interprétation habitée d'un Richard Chamberlain transi d'émoi (sans doute son meilleur rôle !), cette enquête mystique aussi fascinante qu'inquiétante laisse en exergue une vision plutôt crépusculaire de notre avenir. Et ce avant qu'un nouveau monde n'éclot... Chef-d'oeuvre.

*Bruno 
07.10.20. 
23.06.23. 5èx

Récompenses: Prix Spécial du Jury à Avoriaz en 1978
Meilleure Photographie, Meilleur Son lors des Australian Film Institute Awards, 1978
Meilleur Acteur, Richard Chamberlain au Festival du film de Catalogne, 1982.

                                    

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