mercredi 15 juin 2016

LES ARDENNES

                                                          Photo empruntée sur Imdb.com, appartenant au site Google

de Robin Pront. 2015. Belgique/Hollande. 1h32. Avec Jeroen Perceval, Kevin Janssens, Veerle Baetens, Jan Bijvoet, Sam Louwyck, Viviane De Muynck

Sortie salles France: 13 Avril 2016. Belgique: 14 Octobre 2015.

FILMOGRAPHIE: Robin Pront est un réalisateur et scénariste belge. 2015: Les Ardennes.


Drame psychologique sur fond de film noir, Les Ardennes relate la relation conflictuelle d'un trio d'amants maudits. Alors que Dave vient d'échapper à une peine de prison pour braquage, son frère Kenny écope de 7 ans de réclusion après avoir été alpagué. Quatre ans plus tard, il retrouve sa liberté mais sa fiancée Sylvie a décidé de rompre leur relation depuis qu'elle entretient une liaison avec Dave. Sévèrement contrarié, Kenny accumule les sautes d'humeur au moment même où le couple s'efforce de lui avouer la vérité.


Une trame convenue que Robin Pront parvient à transcender avec intensité psychologique pour les rapports insidieux du trio d'amants, quand bien même à mi-parcours le réalisateur relance l'intrigue par le biais d'un revirement inopiné. Si la première partie préfigure donc un drame de la jalousie, le second acte adopte une tournure beaucoup plus sordide quant aux règlements de compte en roue libre où les coups les plus couards y seront tolérés. Brossant avec réalisme et sans romantisme le tableau dérisoire de deux marginaux en quête impossible de rédemption, Robin Pront y dénonce l'influence du frère aîné ayant perpétuellement entraîné sa compagne et son frère vers la grande délinquance. Les Ardennes dressant sans concession les conséquences dramatiques de ce personnage aussi influent que perfide si bien que le frère cadet s'efforce désespérément de s'extirper de son emprise. Outre le soin de la mise en scène que le novice Robin Pront maîtrise avec brio, le jeu naturel des comédiens (trognes burinées en sus !) et la justesse des dialogues parviennent à nous familiariser à travers un jeu de massacre où la rigueur dramatique ira crescendo. Ce dernier multipliant rebondissements et situations insolites (seconds rôles excentriques à l'appui !) avec une inventivité insolente.


Prenant pour cadre la Belgique profonde avant de nous confiner dans la moiteur crépusculaire des vallées ardennaises, les Ardennes juxtapose film noir (on peut aussi songer à l'univers sardonique des frères Cohen !) et drame social pour mettre en exergue la déliquescence morale de deux frères incapables de s'extirper de leur médiocrité. Baroque, glauque et poignant, les Ardennes nous laisse dans une impression amère de déchéance criminelle depuis la déroute d'une réinsertion sociale.  

Dédicace à Mylène Lam

mardi 14 juin 2016

Saturn 3

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site saturn3makingof.com

de Stanley Donen. 1980. Angleterre. 1h28. Avec Farrah Fawcett, Kirk Douglas, Harvey Keitel, Ed Bishop, Roy Dotrice.

Sortie salles France: 28 Mai 1980. U.S: 15 Février 1980.

FILMOGRAPHIE: Stanley Donen est un réalisateur américain, né le 13 avril 1924 à Columbia (Caroline du Sud).1949 : Un jour à New York (On the Town). 1951 : Mariage royal. 1952 : Love Is Better Than Ever. 1952 : Chantons sous la pluie . 1952 : L'Intrépide. 1954 : Donnez-lui une chance. 1954 : Les Sept Femmes de Barbe-Rousse. 1954 : Au fond de mon cœur. 1955 : Beau fixe sur New York. 1955 : Kismet (non-credité au générique). 1957 : Drôle de frimousse. 1957 : Pique-nique en pyjama. 1957 : Embrasse-la pour moi. 1958 : Indiscret. 1958 : Cette satanée Lola. 1960 : Chérie recommençons. 1960 : Un cadeau pour le patron. 1960 : Ailleurs l'herbe est plus verte. 1963 : Charade. 1966 : Arabesque. 1967 : Voyage à deux. 1967 : Fantasmes. 1969 : L'Escalier. 1974 : Le Petit Prince. 1975 : Les Aventuriers du Lucky Lady. 1978 : Folie Folie. 1980 : Saturn 3. 1984 : La Faute à Rio.


Quand on pense que derrière Saturn 3 se planque le réalisateur de Chantons sous la Pluie, on peine à le croire tant le spectacle kitchissime s'érige en série B du Samedi soir. De par son intrigue aussi futile que niaise, du jeu cabotin d'acteurs notoires mais attachants et de décors high-tech étonnamment soignées pour l'époque (merci John Barry, décorateur de la Guerre des Etoiles et de Superman alors qu'il quitta ici précipitamment les commandes de la réalisation après seulement 1 semaine de tournage !), Saturn 3 fait office d'ovni saugrenu. A mi-chemin entre l'épigone trivial d'Alien et du précurseur "docile" de Terminator. Visez un peu le pitch d'après un concept de John Barry himself ! Un capitaine sans vergogne s'est invité dans la station de recherche écolo d'Adam et Axelle afin de tester la technologie d'un androïde téléguidé par transmission de pensée. Bien évidemment, le robot finit par échapper à son contrôle et sème le zouc auprès du duo agronome. Diffusé un lundi soir dans le cadre de l'émission culte l'Avenir du FuturSaturn 3 fit son p'tit effet ludique lors de sa diffusion au début des années 80. 


Aujourd'hui encore, et malgré son caractère naïf et obsolète, le film parvient à divertir aimablement d'après son lot de courses poursuites censées susciter l'angoisse depuis que nos deux survivants tentent de contredire l'arrogance d'Hector le robot. Malgré l'aspect redondant de sa narration faiblarde en soubresauts, Saturn 3 nous tient en éveil sous l'impulsion complice (et également improbable !) de Kirk Douglas et Farrah Fawcet. Un couple en étreinte amoureuse que le capitaine James s'efforce de nuire en guise de jalousie et d'érotomanie. Harvey Keitel incarnant à merveille ce rôle antipathique à l'aide d'une gouaille détestable. D'autre part, grâce à l'aspect immersif du décorum futuriste faisant office de cocon domestique et grâce à la posture quelque peu fascinante d'Hector là aussi convaincant de par son anatomie humanoïde truffée de détails techniques, Saturn 3 amuse gentiment avec une fantaisie parfois débridée. Les déplacements atones de celui-ci cultivant un certain charisme hostile à daigner nuire à autrui sous la mainmise de son créateur dénué de vergogne. Le score aux accents horrifiques d'Elmer Bernstein renforçant notamment l'aspect menaçant de la créature de métal lors de ces affrontements bellicistes. On apprécie enfin en guise de cerise sur le gâteau l'intrusion (toutefois) concise d'effets gores assez réussis (le cadavre déchiqueté par les câbles lors du prologue, une main sectionnée ainsi que la tête humaine implantée sur la tête d'Hector !).


Dans l'espace, Hector joue au phallocrate !
Série B relativement plaisante, un tantinet sexy (les tenues frivoles de Farraw, le cul nu de Douglas !) et atmosphérique, Saturn 3 compte sur l'autorité altruiste du vétéran Kirk Douglas, le sex-appeal de Farraw Fawcett et le charisme hiératique d'Hector pour nous divertir sans prétention. Quelque peu loufoque mais aussi fascinant grâce à son esthétisme formel immersif, Saturn 3 saura encore contenter les amateurs de plaisir innocent en prime d'y distraire les passéistes de l'Avenir du Futur marqués à jamais par cette prod hybride, aussi mineur soit son contenu prévisible (à l'instar de son final pas aussi spectaculaire que prévu mais néanmoins avenant). 

*Eric Binford.
14.06.16
07.10.21

lundi 13 juin 2016

THE QUIET

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Jamie Babbit. 2005. U.S.A. 1h34. Avec Elisha Cuthbert, Camilla Belle, Edie Falco, Martin Donovan, Shawn Ashmore, Katy Mixon :

Sortie salles: 1er Septembre 2006

FILMOGRAPHIEJamie Babbit, née le 16 novembre 1970 à Shaker Heights dans l'Ohio, est une réalisatrice américaine. 1999 : But I'm a Cheerleader. 2005 : The Quiet. 2007 : Itty Bitty Titty Committee. 2013 : Breaking the Girls. 2014 : Untitled Riddle/Salahuddin Project (téléfilm)
2015 : Addicted to Fresno.


Inédit en salles en France, The Quiet emprunte la thématique de la famille dysfonctionnelle par le biais de l'inceste. Depuis la récente mort de son père, Dot part se réfugier chez son oncle en se faisant passer pour une sourde et muette. Nina, jeune adolescente au physique de poupon est victime d'abus sexuels par ce dernier alors que sa mère dépressive préfère l'ignorer. Si au départ Dot devient le souffre douleur de Nina lors d'incessantes brimades scolaires, une amitié commence à s'instaurer entre elles au fil de confidences tenues secrètes.


Drame psychologique à l'ambiance aussi trouble que vénéneuse, The Quiet a de quoi surprendre sous son aspect ludique de thriller (faussement) commercial. La réalisatrice parvenant à structurer une intensité dramatique au fil d'un cheminement criminel où le suspense latent se télescope avec les apartés des deux ados perturbées. Sans céder à la facilité d'une mécanique à suspense éculée (l'expectative du meurtre), Jamie Babbit préfère souligner les rapports ambigus impartis aux deux ados en quête d'exutoire. Dot endossant depuis la mort de ses parents le rôle d'une sourde/muette afin de se faire oublier alors que Nina tente de tolérer ses pulsions d'amour/répulsion avec son père en humiliant cette dernière. Abordant la sexualité adolescente (tant du point de vue de Dot et de Nina que celui introverti de Connor), The Quiet dérange par son atmosphère malsaine où la déviance morale d'un père va finalement permettre de consolider une étrange histoire d'amitié. Dot et Nina se rapprochant toujours un peu plus au fil de confidences où la haine ose préméditer une stratégie criminelle. Cette ambiance trouble de malaise existentiel, de perversité sexuelle et de désir morbide est renforcé du jeu sobre des comédiennes insufflant de la spontanéité dans leur fonction torturée.


Captivant et dérangeant au fil d'une intrigue criminelle censée provoquer la rédemption, The Quiet surprend par son parti-pris de souligner les rapports fragiles de deux ados perturbées par leur éveil sexuel plutôt que d'afficher un thriller convenu. Une étonnante découverte donc dont l'ambiance hermétique et parfois envoûtante nous laisse un goût amer dans la bouche. 

vendredi 10 juin 2016

SHOTGUN STORIES

                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site ecranlarge.com  

de Jeff Nichols. 2007. U.S.A. 1h31. Michael Shannon, Douglas Ligon, Barlow Jacobs, Natalie Canerday, Glenda Pannel, Lynnsee Provense, Michael Abbott Jr.

Sortie salles France: 2 Janvier 2008

FILMOGRAPHIE: Jeff Nichols est un réalisateur et scénariste américain né le 7 Décembre 1978 à Little Rock, Arkansas (Etats-Unis).
2007: Shotgun Stories. 2011: Take Shelter. 2012: Mud. 2016: Midnight Special. 2016: Loving.


Considéré aujourd'hui comme un nouveau maître du cinéma américain, Jeff Nichols avait déjà  amorcé son talent personnel à travers Shotgun Stories réalisé en 2007. A mi-chemin entre le cinéma de James Foley (pour les thèmes et le lyrisme hérités de Comme un chien enragé) et celui de Terence Mallick pour sa manière sensitive de filmer une nature sereine, Shotgun Stories empreinte le schéma du film de vengeance avec une rare intelligence. De par son parti-pris à réfuter une violence démonstrative au profit de l'identité psychologique d'une famille désoeuvrée au sein d'une Amérique profonde. 


Abandonnés par leur père dès leur plus jeune âge et délaissés par la mère, trois frères tentent de survivre en s'épaulant mutuellement. A la suite du décès du patriarche, une rivalité entre eux et les demi-frères éclate lors des funérailles. Communément trop fiers de céder aux intimidations, leur discorde morale va entraîner un règlement de compte meurtrier. Drame psychologique d'une intensité dramatique inscrite dans la pudeur et le non-dit, Shotgun Stories aborde l'exclusion d'une délinquance juvénile depuis l'abandon parental. Réflexion sur l'engrenage de la violence sous la bannière d'une rancune intraitable, cette dérive criminelle dresse le constat social d'une jeunesse laissée pour compte où le chômage, l'incommunicabilité et l'absence d'amour vont extérioriser chez eux un sentiment de révolte destructrice. Fort d'une distribution criante de vérité humaine, les trois acteurs composant la fratrie portent le film sur leurs épaules avec une humilité poignante. Leur présence naturelle étant renforcée par un jeu de regards oscillant l'amertume et la tendresse timorée. En frère aîné hanté par la colère et l'injustice, Michael Shannon (Bug, Take Shalter, Midnight Special) livre à nouveau une prestance compacte pour se glisser dans la peau d'un leader protecteur avec un charisme placide. Au sein d'une nature paisible auquel ils évoluent depuis leur enfance, Jeff Nichols met en contraste leur solitude existentielle avec un onirisme nonchalant (mélodie élégiaque en sus durant tout leur cheminement !). 


"Le chemin qui mène à la sagesse est long, tortueux et semé d'obstacles".
Affichant un climat réaliste de poésie existentielle sous l'impulsion d'acteurs en posture sentencieuse , Shotgun Stories renouvelle le drame familial avec pudeur et sobriété afin de scruter les âmes torturées d'une fratrie noyée de solitude et de mal-être depuis l'abandon parental. 

jeudi 9 juin 2016

EVENT HORIZON: LE VAISSEAU DE L'AU-DELA. Prix du public, Bruxelles 98.

                                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de Paul W. S. Anderson. 1997. 1h36. Avec Laurence Fishburne, Sam Neill, Kathleen Quinlan, Joely Richardson, Richard T. Jones, Jack Noseworthy, Jason Isaacs.

Sortie salles France: 6 Mai 1998. U.S: 15 Août 1997

FILMOGRAPHIE: Paul William Scott Anderson, né le 4 mars 1965 à Newcastle upon Tyne est un producteur, réalisateur et scénariste britannique. 1994 : Shopping. 1995 : Mortal Kombat. 1997 : Event Horizon, le vaisseau de l'au-delà. 1998 : Soldier. 2000 : The Sight. 2002 : Resident Evil. 2004 : Alien vs Predator. 2008: Death Race. 2010 : Resident Evil: Afterlife. 2011 : Les Trois Mousquetaires 3D. 2012 : Resident Evil : Retribution 3D. 2014 : Pompéi. 2016 : Resident Evil : Chapitre final.


Echec public et critique lors de sa discrète sortie en salles, Event Horizon constitue une oeuvre maudite si on se réfère à l'indiscutable savoir-faire de Paul Anderson particulièrement impliqué à façonner un grand huit cauchemardesque. Tant par l'efficacité de sa mise en scène cultivant une angoisse en apesanteur que de son esthétisme léché sublimant l'architecture baroque des corridors du vaisseau. A mi chemin entre Hellraiser pour la représentation d'un Enfer SM et la Maison du Diable pour son aura diabolique sous-jacente, Event Horizon parvient à nous captiver dans son enchaînement de situations hostiles où la mort insidieuse ne laissera aucun répit aux victimes.


Durant 1h30, une poignée d'astronautes va tenter de percer le mystère de l'Event Horizon depuis que les passagers de l'ancienne expédition n'avaient plus donné signe de vie. Au fil de leur découverte macabre, une présence diabolique plane sur leurs épaules si bien que un à un, ils vont sombrer dans une paranoïa collective depuis leurs hallucinations plus vraies que nature. Ce sentiment d'insécurité permanent et cette manière vénéneuse de provoquer nos protagonistes en faisant appel aux réminiscences familiales, Paul Anderson le met en exergue parmi le pouvoir de suggestion. La présence invisible mais palpable redoublant de cynisme à bizuter ces derniers avant de posséder leurs âmes. Qui plus est, en jouant sur la dimension parallèle du trou noir, une vision de l'enfer nous est suggérée sous l'impulsion d'une machine rotative et d'hallucinations hystériques de victimes écorchées vives ! Au-delà du réalisme formel imparti à sa scénographie spatiale et de son climat anxiogène, Event Horizon tire parti d'une distribution solide pour renforcer la crédibilité des enjeux humains. Particulièrement Laurence Fishburne et Sam Neill se disputant l'autorité avec sang froid et une pugnacité en chute libre. Et si sa dernière partie homérique cède un peu à la facilité de l'esbroufe (FX renversants à l'appui à base d'explosions dantesques et d'atrocités corporelles !), Paul Anderson nous avive encore l'attention par le principe d'un survival aussi nerveux qu'escarpé.


Pur divertissement de série B classieuse comme le caractérise l'excentricité des décors futuristes, Event Horizon nous propose un spectacle de haute tenue dans son format de science-fiction horrifique ne lésinant pas sur un gore vicié. A redécouvrir avec un vif intérêt si bien qu'il s'agit (de loin) du meilleur film du très inégal Paul Anderson

Récompense: Prix du Public au Festival du Film Fantastique de Bruxelles, 1998

mercredi 8 juin 2016

FIRESTARTER

                                                                      Photo empruntée sur Google, rattachée au site impawards.com

"Charlie" de Mark L. Lester. 1984. U.S.A. 1h53. Avec David Keith, Drew Barrymore, Freddie Jones, Heather Locklear, Martin Sheen, George C. Scott.

Sortie salles U.S: 11 Mai 1984 

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Mark Lester est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 26 Novembre 1946 à Cleveland, Ohio.
1971: Twilight of the Mayas. 1973: Steel Arena. 1982: Class 84. 1984: Firestarter. 1985: Commando. 1986: Armé et Dangereux. 1990: Class of 1999. 1991: Dans les Griffes du Dragon Rouge. 1996: Public Ennemies. 2000: Blowback. 2000: Sacrifice (télé-film). 2000: Guilty as Charged (télé-film). 2002: Piège sur Internet. 2003: Trahisons. 2003: Ruée vers la Blanche. 2005: Ptérodactyles.


Un an avant Commando, Mark Lester s'essaie au genre fantastique en transposant à l'écran le roman de Stephen King, Charlie. Série B dénuée de prétention malgré une distribution alléchante (on y croise David Keith, Drew Barrymore, Martin Sheen, George C. Scott), Firestarter relate dans un schéma narratif orthodoxe les vicissitudes d'un père et de sa fille pourchassés par des agents gouvernementaux depuis que cette dernière cultive des pouvoirs pyromanes. Ses dons meurtriers émanant des expériences scientifiques que ses parents ont autrefois toléré afin de servir la science. Par l'influence surnaturelle de son esprit fulminant, Charlie parvient furtivement à enflammer ses rivaux. Ce qui nous vaut des séquences d'embrasement assez réussies, à l'instar de son final particulièrement homérique dont les effets spéciaux délirants font preuve de réalisme. Avec l'aide d'un tueur professionnel, le capitaine Hollister finit par kidnapper les deux fugitifs afin d'exploiter à des fins belliqueuses le don de la petite Charlie.


Par le biais d'un cheminement narratif assez efficace, suspense et fantastique se chevauchent autour du sort précaire de Charlie et de son père, communément soudés par les liens familiaux. Mark Lester accordant beaucoup de crédit à leur relation affective alors que ces derniers seront séparément cloisonnés dans les chambres d'un institut expérimental. Grâce à la conviction d'une distribution charismatique (en particulier George C Scott, Martin Sheen et David Keith), Firestarter parvient à nous convaincre de son propos fantastique pointant du doigt la menace du nucléaire sous le ressort de la télékinésie. Qui plus est, le jeu dégourdi de Drew Barrymore s'avère assez crédible dans sa fonction candide de victime infortunée s'efforçant de canaliser ses pouvoirs depuis l'enseignement loyal de son père. Hélas, et en dépit du caractère attachant de ce duo servile, Firestarter manque sévèrement d'intensité et d'enjeux dramatiques pour immerger le spectateur dans une palpitante course contre la survie. Car si le spectacle s'avère agréable et jamais ennuyeux, il ne fait que survoler un scénario mal exploité et dénué de surprises. On se rabat alors sur la compassion que suscitent fébrilement le père et sa fille depuis leur maltraitance d'une confrérie avide de totalitarisme.


Soutenu par la partition envoûtante de Tangerine Dream, Firestarter constitue une aimable série B fantastique émaillée de séquences d'incendies parfois fulgurantes et de plages de tendresse que le couple parental endosse avec une certaine densité humaine. 

mardi 7 juin 2016

EDDIE THE EAGLE

                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site sallesobscures.com

de Dexter Fletcher. 2016. Angleterre/Allemagne/U.S.A. 1h45. Avec Taron Egerton, Hugh Jackman,
Keith Allen, Jo Hartley, Iris Berben.

Sortie salles France: 4 Mars 2016. U.S: 26 Février 2016

FILMOGRAPHIE: Dexter Fletcher est un acteur et réalisateur anglais, né le 31 janvier 1966. 
2011 : Wild Bill (également coscénariste). 2013: Sunshine on Leith. 2016: Eddie the Eagle.


"Le plus important aux jeux olympiques n'est pas de gagner mais de participer. L'important dans la vie ce n'est point le triomphe mais le combat."
PIERRE DE COUBERTIN, Fondateur des Jeux Olympiques, 1896. 

A l'instar du succès inattendu de Rocky, il y a encore des petits métrages débordant de générosité et de sincérité à s'approprier un concept éculé si bien que l'on oublie facilement son cheminement balisé pour se laisser à nouveau bercer par la "succes-story" d'un prodige chez une compétition sportive. Tiré d'une histoire vraie, Eddie the Eagle retrace avec une émotion vertigineuse l'incroyable destin d'Eddie Edwards, jeune britannique passionné par le saut en ski et suffisamment utopiste pour croire en son étoile. Raillé par son père, les olympiens et les administrateurs alors qu'il débuta trop tard sa discipline professionnelle, Eddie compte néanmoins participer aux jeux olympiques avec l'appui de son mentor autrefois privé de médaille pour indiscipline. Ensemble, fort d'un entraînement intensif et malgré les échecs, ils vont multiplier les exploits avant de pouvoir concourir aux jeux olympiques d'hiver de 1988. 


Véritable cantique à la passion, au courage, à l'estime de soi et à la constance, Eddie the Eagle réinvente l'ascension sportive d'un jeune loup délibéré à se transcender pour conquérir son rêve. Cette rage de vaincre tous les défis, cette force morale de braver le pessimisme et les brimades de son entourage, Eddie Edwards nous les transmet à l'écran avec un flegme prégnant. Son parcours semé d'embûches, de bévues et de surprises nous emportant dans un tourbillon d'émotions aussi fringantes que le destin de Rocky. A travers des séquences aériennes vertigineuses, on peut également saluer le brio de la mise en scène sublimant les descentes sur ski d'Eddie avant son grand saut de l'aigle ! Une désignation que lui même et ses nouveaux supporters ont acclamé depuis sa performance héroïque contre toute attente. Sous son physique ordinaire de benêt (lunettes trop larges et sourire niais), Taron Egerton (la révélation de Kingsman !) porte le film à bout de bras par son aisance naturelle à insuffler des sentiments fondés sur la loyauté, la bravoure, la passion et l'amitié. Secondé par l'autorité avisée de Bronson Peary, Hugh Jackman lui partage la vedette avec la sobriété d'un coatch amical et d'un philosophe en quête de repentance. Car c'est à travers la persévérance d'Eddie et d'une éventuelle accession victorieuse qu'il tente d'assumer son préalable échec sportif depuis son orgueil juvénile. Lors d'une séquence poignante d'une belle justesse, et toujours à travers le parcours méritoire d'Eddie, on peut enfin souligner l'apparition de Christopher Walken dans celui de l'éminent enseignant gagné par un regain d'humilité pour son ancien élève prodige.  


C'était impossible, alors il l'a fait ! 
Grand moment d'émotions aussi fortes que fragiles pour la destinée insensée d'une étoile filante, Eddie the eagle emprunte le schéma modeste de la série B pour parfaire une "success-story" à 
l'intensité lyrique (bande son tonitruante à l'appui !). Car malgré son impression de déjà vu, Dexter Fletcher parvient à renouveler le spectacle sportif et son thème inhérent de la persévérance (plutôt que celle de la victoire) sous l'impulsion naturelle d'un duo d'acteurs pétris d'humanisme (on pardonne dès lors le jeu stéréotypé de certains seconds rôles estampillés "méchants de service").  

Dédicace à Seb Lake