vendredi 13 janvier 2017

THE BIRTH OF A NATION. Grand Prix du Jury, Prix du Public, Sundance 2016.

                                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allociné.fr

de Nate Parker. 2016. U.S.A. 1h59. Avec Nate Parker, Armie Hammer, Mark Boone Junior, Colman Domingo, Aunjanue Ellis, Dwight Henry

Sortie salles France: 11 Janvier 2017. U.S: 7 Octobre 2016

FILMOGRAPHIENate Parker, né à Norfolk le 18 novembre 1979 (37 ans), est un acteur et réalisateur américain.


Applaudi au Festival de Sundance tant et si bien qu'il remporte le Grand Prix du Jury et le Prix du Public, The Birth of a nation relate l'histoire vraie du prêcheur noir Nat Turner qui incita des esclaves noirs à l'insurrection le 21 Août 1831. Alors que l'année dernière l'oscarisé 12 Years a slave avait également abordé le sujet de l'esclavage aux Etats-Unis, et ce bien avant la guerre de sécession, Nat Parker, acteur et réalisateur néophyte, s'avère à mon sens plus sincère dans sa démarche parfois maladroite (beaucoup lui reprochent une réalisation académique !) pour authentifier un personnage historique s'étant forgé sa notoriété auprès d'une idéologie vindicative. Sans céder à la facilité du pathos et de la complaisance pour l'intensité des torture habilement filmées (hors-champs en sus pour certains moments aussi éprouvants), The Birth of a nation captive par petites touches en prenant soin de décrire la destinée de ce prêcheur dont la réputation résonnera jusqu'à l'abolition de l'esclavage.


De son enfance à l'âge adulte, nous nous immergeons dans la quotidienneté de sa condition soumise avant sa prise de conscience de contester des sévices innommables infligés sur des noirs (potentiellement) indisciplinés, et sa nouvelle interprétation des versets de la Bible qu'il dictait instinctivement afin d'apaiser les rancoeurs de ses pairs. Prenant son temps à narrer son histoire, notamment par le biais d'un romance que partage le héros avec une jeune esclave, Nat Parker croit fermement à la progression dramatique de son récit (aussi prévisible soit-il) pour faire naître une émotion empathique jamais programmée (même si on peut parfois juger un brin appuyée son score musical dans la sonorité cérémonielle des choeurs religieux). Au-delà de la puissance émotionnelle du fait divers dénonçant à nouveau la haine et la barbarie du racisme, The Birth of a Nation renforce sa modeste authenticité auprès du jeu dépouillé de seconds-rôles au charisme saillant. Outre le talent de ses derniers communément impliqués dans une opposition ethnique, Nat Parker, acteur, porte le film sur ses épaules dans son témoignage humaniste d'esclave docile peu à peu rongé par une auto-justice qu'une doctrine religieuse finit par lui enseigner (on peut d'ailleurs prêter un brin de métaphore au mouvement punitif de Daesh bien que le porte parole n'est ici en rien fanatisé). Ce qui donne lieu au terme à quelques séquences d'affrontements sanglants modérément chorégraphiés si bien que Nat Parker ne s'attarde pas sur l'aspect homérique du carnage. On peut également souligner le soin formel imparti à sa reconstitution historique (le comté rural de Virginie) éclairé d'une photo limpide et d'un cadre solaire parfois teinté d'onirisme (comme en témoigne les visions mystiques de Nat lors de son introspection morale ou les couchers de soleil voilant les champs de coton).


Inévitablement poignant, intense et bouleversant parmi la juste mesure de séquences intimistes et d'autres révoltantes réalisées avec tact et pudeur (à l'instar de l'humilité du final cruel où la suggestion prime alors qu'on nous évoque l'image d'après un nouvel épisode belliqueux de l'histoire de l'esclavage), The Birth of a nation n'a pas volé ses récompenses à Sundance en dépit d'un certain scandale qui entoure le passé du réalisateur et du scénariste que certaines critiques se sont relayées pour un motif sans doute péjoratif. Il en émane une première oeuvre imparfaite mais autrement sincère et essentielle pour la gravité de son thème si actuel, et rien que pour cela, The Birth of a nation mérite à mon sens la dignité en ces temps médiévaux d'intolérance et de racisme galopant. 

B-M

Spoilers ! La rébellion qui dura presque 48 heures causa la mort de plus de 60 esclavagistes, semant la peur dans tout le pays. En représailles, des centaines d'africains, esclaves ou non, furent assassinés. Le corps de Nat Turner fut écorché et démembré. Sa peau servit à coudre des reliques et sa chair, à faire de la graisse. Ceci afin de décourager les émules. Fin du Spoiler.

Récompenses: Festival du film de Sundance 2016: sélection « U.S. Dramatic Competition »
Grand prix du jury
Prix du public

jeudi 12 janvier 2017

FUTUR IMMEDIAT: LOS ANGELES 1991

                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site lavisqteam.fr

"Alien Nation" de Graham Baker. 1988. U.S.A. 1h31. Avec James Caan, Mandy Patinkin, Terence Stamp, Kevyn Major Howard, Leslie Bevis, Peter Jason, Conrad Dunn.

Sortie salles France: 8 Février 1989. U.S: 7 Octobre 1988

FILMOGRAPHIE: Graham Baker est un réalisateur, producteur et scénariste américain.
1981: La Malédiction Finale. 1984: Impulse. 1988: Futur Immédiat, Los Angeles 1991. 1990: The Recruit. 1991: Ni dieu ni maître (Born to Ride). 1999: Beowulf


Série B mineure d'anticipation musclée qui fit les beaux jours des cinéphiles des années 80, Futur Immédiat: Los Angeles 1991 exploite le Buddy Movie en vogue depuis les récents succès de 48 Heures et de l'Arme Fatale ! Si l'intrigue d'une affligeante banalité (2 flics que tout oppose tentent de remontrer une filière de la drogue) ne réserve aucune surprise quant au cheminement stéréotypé, son centre d'intérêt se trouve dans sa formule impartie aux codes du Buddy Movie. A savoir, la communion d'un duo improbable par le biais du choc des cultures qu'incarnent un flic et un extra-terrestre en initiation amicale. Aussi banal soit son pitch digne d'un épisode d'Hollywood Night, Futur Immédiat... parvient tout de même à apporter une touche d'originalité à travers son thème universel, l'invasion extra-terrestre.


Insérés dans la société américaine depuis quelques années, ces aliens sont toutefois victimes de racisme auprès d'une frange de citadins quand bien même les plus véreux se portent garant pour collaborer à l'odieux trafic d'une drogue aussi addictive que destructrice ! Les consommateurs éprouvant après injection des pulsions de violence démesurées, quand bien même une overdose peuvent les soumettre à une mutation surhumaine ! A la suite de la mort de son collègue lors d'un règlement de compte sanglant avec des braqueurs "aliens", le détective Sykes décide de faire équipe avec l'humanoïde Samuel Francisco afin de faciliter son investigation. Inscrit dans la décontraction et un second degré assumé, Graham Baker accorde beaucoup d'attention à la familiarisation de ce duo policier que forment respectivement James Caan (parfaitement à l'aise dans son rôle bourru de flic irascible mais loyal) et Mandy Patinkin (aussi attachant en adjoint humaniste, studieux et inopinément héroïque !). Quand bien même Terence Stamp, quasi méconnaissable à travers sa trogne volumineuse, leur dispute sobrement la vedette dans une posture égotiste de magnat de la drogue. En dépit de sa minceur narrative, ce B movie agréablement troussé est notamment transcendé par ces réparties (gentiment) cocasses que James Caan se prend malin plaisir à improviser afin de désinhiber son acolyte.


Emaillé de quelques gunfights percutants (son prologue explosif particulièrement jouissif et chorégraphié !) et d'une haletante poursuite automobile, Futur Immédiat: Los Angeles 1991 cultive une irrésistible sympathie dans sa simplicité et son efficacité à jumeler les genres (polar, action, comédie, science-fiction) sous l'autorité d'un duo bonnard très attachant. Tout à fait crédible quant à l'iconographie de nos extra-terrestres implantés sur terre, on peut enfin louer le soin des maquillages (simples mais pleinement convaincants !) issus de l'écurie Stan Winston

B-M

Récompense: Saturn Award du meilleur film de science-fiction, par l'Académie des films de science-fiction, fantastique et horreur en 1990.

mercredi 11 janvier 2017

THE GIRL WITH ALL THE GIFTS

                                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site IMDB

de Colm McCarthy. 2016. Angleterre/U.S.A. 1h51. Avec Gemma Arterton, Sennia Nanua, Glenn Close, Paddy Considine, Anamaria Marinca, Dominique Tipper.

Sortie salles Angleterre: 23 Septembre 2016

FILMOGRAPHIEColm McCarthy est un réalisateur et scénariste anglais né le 16 Février 1973 à Edinburgh. Scotland, UK. 2004: Baldy McBain (télé-film). 2010: Outcast. 2016: The Girl with All the Gifts.


Réalisateur néophyte signataire d'un télé-film et d'un long-métrage relativement passé inaperçu (Outcast), Colm McCarthy surprend agréablement avec The Girl With all the Gifts en empruntant brillamment le thème éculé des infectés. Dans un monde dystopique, les membres d'une base militaire tentent de se prémunir contre la menace d'infectés affamés de chair humaine. Dirigeant une petite classe d'enfants contaminés mais doués de conscience et de sensibilité, l'institutrice Miss Justiniau essaie de les éduquer avec l'espoir de les humaniser, quand bien même le docteur Caldwell ne songe qu'à les expérimenter afin de trouver un vaccin qui pourrait sauver l'humanité. Mais l'assaut impromptu d'une armée d'infectés contraignent quelques survivants ainsi que le sujet Mélanie à s'échapper de la base pour sillonner les vestiges du centre urbain. 


Récit d'anticipation horrifique inspirée de 28 jours (et semaines) plus tard, The Girl with all the gifts renoue avec un Fantastique adulte et ambitieux comme on en voit peu dans le paysage conventionnel. Colm McCarthy s'efforçant d'authentifier son contexte post-apo par le biais d'une atmosphère de désolation, quand bien même la ténuité de sa partition envoûtante insuffle une aura poétique assez capiteuse sous l'impulsion d'une héroïne juvénile complexe. Immersif donc pour l'esthétisme blafard de son climat feutré et captivant quant au cheminement de survie que nos héros arpentent fiévreusement, The Girl with all the gifts parvient à renouveler les codes du film d'infectés grâce à des rebondissements habiles ! Telle cette menace inédite d'infection fongique en instance de mutation (une bactérie provenant d'un champignon) puis celle d'une nouvelle génération d'enfants livrés à l'état primitif mais potentiellement aptes à une nouvelle postérité. On est d'autant plus fasciné par la morphologie inhabituelle des infectés, tantôt hiératiques lorsqu'ils sont privés d'odeur humaine, tantôt erratiques lorsqu'une victime s'y trouve à proximité. On est notamment impressionné par le charisme inédit de leur rictus carnassier mimant leur insatiabilité avec une émotion animale ! Outre la vigueur de quelques séquences d'angoisses parfaitement maîtrisées (le soldat dans l'épicerie), The Girl with all the gifts privilégie intelligemment l'étude caractérielle de ses personnages en divergence morale (principalement la biologiste et l'institutrice) sous le témoignage amiteux d'une adolescente futée que Sennia Nanua endosse avec une constance dépouillée (prix d'interprétation féminine à Catalogne !).


Sans jamais se laisser tenter par l'actionner bourrin que nombre de prods horrifiques se sont vulgairement fourvoyées (si on élude ses 20 premières minutes échevelées), The Girl with all the gifts renoue avec un cinéma à l'ancienne (identitaire/intimiste/novateur/climatique) par son parti-pris d'immerger le spectateur dans une aventure humaine aussi pessimiste qu'en demi-teinte. A l'instar de de son épilogue binaire littéralement bipolaire ! Une oeuvre marquante et sensible pour le traitement infligé aux enfants, la plus originale jamais traitée sur le thème rebattu des infectés ! 

B-D

mardi 10 janvier 2017

BLASTFIGHTER, L'EXECUTEUR

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site nanarland.com

de Lamberto Bava. 1984. Italie. 1h29. Avec Mike Miller, Patrick O'Neil Jr, Michael Sopkiw, Valentina Forte, George Eastman, Stefano Mingardo, Ottaviano Dell'Acqua, Michele Soavi.

Sortie salles France: 14 Novembre 1984. Italie: 25 Juillet 1984

FILMOGRAPHIE: Lamberto Bava est un réalisateur et un scénariste italien né le 3 avril 1944 à Rome. Il est le fils de Mario Bava. 1980 : Baiser macabre (+ scénariste) , 1983 : La Maison de la terreur, 1984 : Apocalypse dans l'océan rouge, 1985 : Demons (+ scénariste),1986 : Demons 2 (+ scénariste),1991 : Body puzzle, 1991 : La Caverne de la Rose d'Or : La Princesse Rebelle, 1992 : La Caverne de la Rose d'Or : La Sorcière Noire, 1993 : La Caverne de la Rose d'Or : La Reine des Ténèbres, 1994 : La Caverne de la Rose d'Or : L'Empereur du Mal, 1994 : Desideria et le prince rebelle, 1996 : La Caverne de la Rose d'Or : Le Retour de Fantaghirò, 1996 : La Légende d'Alisea, 1997: La Princesse et le Pauvre, 1998 : Caraibi, 2001 : L'impero, 2006 : Ghost son.


Surfant sur le succès notoire de Rambo, Lamberto Bava nous livre avec Blastfighter sa version transalpine sous couvert de manifeste écolo anti chasse. Après avoir purgé une peine de 10 ans de prison pour s'être fait justice auprès de l'assassin de sa femme, Tiger Sharp retourne dans sa ville natale. Confronté à la provocation de chasseurs sans vergogne, il finit par les brimer lors d'une partie de chasse. Alors que sa fille vient lui régler des comptes pour l'avoir lâchement abandonné après la mort de sa mère, Tiger est contraint de la protéger depuis la rancoeur des braconniers. Ce pitch canonique surfant sur Délivrance et Rambo compile à rythme métronomique un florilège de situations prévisibles entre un héros invincible (Mike Miller, plutôt inexpressif dans son regard azur) et des méchants décervelés ultra caricaturaux.


Adoptant son sujet au sérieux, Lamberto Bava nous livre donc une série Z truffée de maladresses et de clichés par le biais d'un survival haletant. Sur ce dernier point, Blasfighter s'avère plutôt généreux puisqu'il enchaîne sans répit des bravoures homériques fondées sur le principe payant de Rambo. A savoir une chasse à l'homme de longue haleine inscrite dans la déloyauté si bien que notre héros seul contre tous usera de subterfuges pour tenter de s'en sortir vivant. Et pour perdurer dans l'inspiration de Rambo, le cadre forestier des règlements de compte est efficacement exploitée par l'entremise d'un panorama montagneux. Seulement, si la plupart des épigones transalpins du même tonneau continuent de nous amuser et de nous faire vibrer par leur aspect irrésistiblement ringard (humour involontaire en sus), Blasfighter ne possède pas cette même aura, cette même innocence, faute d'une dramaturgie trop appuyée que l'on voit venir à des kilomètres, et d'un manque flagrant d'intensité pour les enjeux de survie (notamment ces rapports sirupeux entre Tiger et sa fille). Néanmoins, les inconditionnels de bisserie d'exploitation devraient sans doute y trouver leur compte grâce à son action en roue libre culminant vers une dernière partie gentiment débridée (l'usage escompté de la fameuse arme révolutionnaire du héros).


Sympathique par son esprit Bis typiquement transalpin (à l'instar de son score entraînant concocté par Tommie Baby) mais beaucoup trop naïf, contracté et prévisible pour combler nos attentes.

B-M

lundi 9 janvier 2017

THE AUTOPSY OF JANE DOE

                                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site IMDB. 

de André Øvredal. 2016. Angleterre/U.S.A. 1h31. Avec Emile Hirsch, Brian Cox, Ophelia Lovibond, Michael McElhatton, Olwen Kelly, Parker Sawyers.

Sortie salles U.S: 21 Décembre 2016

FILMOGRAPHIE: André Øvredal est un scénariste, producteur et réalisateur norvégien né en 1973. 2000: Future Murder. 2004: Bushmann. 2010: The Troll Hunter. 2016: The Autopsy of Jane Doe. 2017: Mortal (en projet).


Révélé par le réjouissant food fountage Troll HunterAndré Øvredal nous revient 6 ans plus tard avec The Autopsy of Jane Doe. Un thriller fantastique d'une belle efficacité, de par son cheminement narratif façonnant un suspense assez tendu et la sobriété de comédiens particulièrement cohérents dans leur perplexité à se livrer aux phénomèmes (potentiellement) surnaturels. Exit donc les personnages stéréotypés vulgairement exhibés dans les produits lambdas quand bien même le réalisateur parvient à maintenir l'attention sous l'autorité de deux uniques acteurs. Renouant avec un Fantastique adulte autour d'un unité de lieu que n'aurait pas renié Carpenter (format scope à l'appui), André Øvredal privilégie lestement la suggestion afin d'attiser notre curiosité témoin des interrogations récursives d'employés d'une morgue.


Alors que de nouveaux cadavres viennent de débarquer dans leur établissement, Tommy et son fils Austin vont de surprises en découvertes lors de l'autopsie d'une jeune femme à la langue coupée. Peu à peu, durant une nuit diluvienne, d'étranges évènements intentent à leur tranquillité au point que ces derniers ne parviennent pas à s'extraire de leur enceinte. Sous couvert de thriller à suspense distillant au compte-goutte des indices dénués de raison, André Øvredal parvient à semer inquiétude et doute dans l'esprit du spectateur autour d'une scénographie malsaine impartie aux autopsies de cadavre. Ce dernier ne lésinant par sur les zooms de chairs et organes dépecés en éludant miraculeusement tout effet de complaisance. La grande force de The Autopsy of Jane Doe résidant dans sa manière de distiller l'angoisse sans fantaisie grand-guignolesque et par le biais de petits détails bougrement intrigants (le son d'une clochette, le tube d'une radio, une porte qui s'ouvre lentement sans raison, des visions anxiogènes de silhouettes humaines et ce fameux cadavre sans identité). Si bien que la première heure impeccablement ossaturée s'avère un modèle de suggestion, et ce jusqu'à ses confrontations les plus violentes culminant parfois à une dramaturgie aussi rude qu'inique. Sans révéler le fameux thème du film que le réalisateur exploite avec une évidente originalité, The Autopsy of Jane Doe n'a pas pour prétention de révolutionner le genre mais simplement de nous tailler un moment d'angoisse assez séduisant au sein d'un huis-clos tributaire de l'inexplicable.


Esthétiquement soigné par le biais d'une photo somptueuse et nanti d'un savoir-faire technique plutôt maîtrisé, André Øvredal étonne une fois de plus à considérer le genre avec respect et humilité sous l'impulsion spontanée de deux comédiens en cohésion parentale. Une belle petite surprise tirant parti de sa réussite par sa simplicité à retravailler les codes avec des bouts de ficelle retors.  

B-M

vendredi 6 janvier 2017

THE DARK

                                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site mavideotek.fr

de John Fawcett. 2005. Angleterre/Allemagne. 1h33. Avec Sean Bean, Maria Bello, Richard Elfyn, Maurice Roëves, Abigail Stone, Sophie Stuckey.

Sortie salles France: 26 Octobre 2005

FILMOGRAPHIE: John Fawcett est un réalisateur américain, né le 5 Mars 1968 à Edmonton, Alberta, Canada. 1997: The Boys Club. 2000: Ginger Snaps. 2001: Lucky Girl (télé-film). 2005: The Dark. 2008: The quality of life. 2006: Issue Fatale.


Passé inaperçu, The Dark porte la signature de John Fawcett, réalisateur de l'excellent Ginger Snaps, film de loup-garou remis au goût du jour. Echec commercial à sa sortie et relativement peu sollicité par la critique, The Dark ne méritait pas un tel desavouement même si de mon point de vue sa dernière partie confuse, voire incohérente, nous laisse sur notre faim avec un sentiment d'inachevé. Adelle part séjourner dans la maison côtière de son ex mari en compagnie de sa fille Sarah. Mais à proximité d'une falaise, un incident grave intente à la vie de cette dernière. Accablés de chagrin et de questionnement, le couple part à sa recherche, Spoil ! quand bien même le fantôme d'une petite fille vient perturber leur investigation Fin du Spoil


Empruntant les thèmes de la hantise, du sacrifice, de la religion et du rituel occulte, The Dark distille une atmosphère de mystère assez vénéneuse sous l'éclairage d'une photo crépusculaire envoûtante et le cadre naturel de vastes paysages côtiers. Nanti d'un suspense latent au fil d'une investigation émaillée d'indices au compte-goutte, The Dark sème le trouble lorsqu'un couple en berne tente de décoder le mystère qui entoure la disparition de leur fille, notamment en apprenant le passé obscur de l'ancien résident de la maison. Spoil ! Un berger obscurantiste en concertation avec les forces de l'au-delà afin d'inciter sa confrérie d'adeptes au suicide collectif. Fin du Spoil. Jalonné de séquences angoissantes et de quelques éclairs de violence intentées sur une âme candide, l'intrigue captive sobrement sous l'autorité de Sean Bean et de Maria Bello, communément convaincants dans leur fonction parentale avide de rédemption. Mais si l'histoire aussi douloureuse que fragile ne manque pas d'intérêt en exploitant un surnaturel écolo, sa dernière partie jonglant entre rebondissements et revirements finit par s'emmêler les pinceaux à force de vouloir nous surprendre. Quand bien même sa conclusion déroutante se clôt sur une note d'amertume qui à mon sens n'avait pas lieu d'être ! Ce qui est donc dommageable car The Dark ne manquait pas de sincérité et d'application à exploiter sans fard le thème de la hantise du point de vue d'un enfant martyr.


Aussi imparfait et inachevé soit son obscur récit, The Dark mérite tout de même le coup d'oeil si bien que cette série B formellement envoûtante ne manque pas d'intensité et d'une certaine originalité (son monde parallèle indicible et le lien morbide conféré aux moutons) pour provoquer inquiétude et angoisse. 

B-M. 2èx

jeudi 5 janvier 2017

TED BUNDY

                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site emaze.com

de Matthew Bright. 2002. 1h39. Avec Michael Reilly Burke, Boti Bliss, Steffani Brass, Eric DaRe, Tricia Dickson, Matt Hoffman, Tracey Walter.

Inédit en salles en France.

FILMOGRAPHIE: Matthew Bright est un réalisateur et scénariste américain, né le 8 Juin 1952
2003: Tiny Tiptoes. 2002 Ted Bundy. 1999 Freeway II: Confessions of a Trickbaby. 1996: Freeway.


L'expression "tueur en série" est née avec Ted Bundy. Dans les mois précédents son exécution, il recevait plus de 200 lettres par jour de femmes amoureuses de lui. 

Dtv discrètement sorti chez nous en dvd, Ted Bundy est une descente aux enfers que Matthew Bright (auteur du génialement barré Freeway !) retrace avec un souci de réalisme assez rigoureux (images d'archive à l'appui). Epaulé de son acteur Michael Reilly Burke, ce dernier hypnotise l'écran avec une vigueur viscérale dans sa posture sournoise (rictus décontractée en sus !) d'étudiant en droit se complaisant librement aux viols, meurtres en série et rituels macabres (il est nécrophile et décapite parfois ses victimes) ! S'autorisant sans complexe d'observer une fille dévêtue en se masturbant derrière un bosquet ou de grimacer tel un demeuré face au miroir de sa salle de bain, Ted Bundy nous est immédiatement décrit comme un érotomane pathologique, un pervers erratique en dépit de sa romance partagée avec Lee, maman godiche d'une petite fille. Relatant scrupuleusement sur une période de 5 années (1974-1978) ses crimes en série perpétrés à travers 7 états avant son arrestation, son soutien en prison avec une de ses fans, ses 2 évasions et son exécution sur la chaise électrique, Matthew Bright nous glace d'effroi (moral) dans son souci chronologique de répertorier ses exactions crapuleuses sans effets de manche. Avouant finalement à la justice 30 homicides, Ted Bundy aurait été potentiellement signataire de plus de 150 victimes !


Dérangeant et profondément malsain, de par la récurrence des homicides sexuels perpétrés avec une violence bestiale (coups de poing et de matraque assénés en pleine tête !) et de l'aspect macabre des déviances nécrophiles, l'intrigue s'irrigue d'une atmosphère fétide, pour ne pas dire irrespirable sous l'impulsion d'un acteur littéralement possédé par son rôle vicié ! On peut également souligner l'audace du sociopathe séducteur lorsque celui-ci parvient à s'évader sous les yeux de ses geôliers afin de perdurer une nouvelle série de meurtres aussi lâches qu'innommables. Quant au final à la fois dérangeant et inopinément poignant (on s'étonne d'éprouver une réelle compassion face à l'intolérable supplice du condamné !), Matthew Bright nous percute de plein fouet à instaurer une vraie réflexion sur la peine de mort lors des préparatifs du détenu humilié et torturé par les gardiens (ces derniers étant contraints d'obstruer son anus avec du coton pour éviter le flux de selle au moment de la sentence) puis transi de terreur à l'idée de trépasser l'instant d'après sur la chaise. Le réalisateur s'efforçant de dépeindre son chemin de croix avec une intensité émotionnelle à la limite du supportable (la posture infantile d'un Bundy au regard vague !), notamment lorsqu'une assemblée de spectateurs voyeurs osent lui faire face pour contempler avec frigidité son exécution.


Film choc en roue libre soutenu par la sobriété d'un score dramatique poignant, Ted Bundy constitue à mon sens l'un des portraits les plus durs et viscéraux que j'ai pu voir sur pellicule si on occulte les mastodontes inégalés Henry, Maniac et Schizophrenia. Une douloureuse épreuve de perversion morbide aussi fascinante que dérangeante si bien que l'on ne sort pas indemne, notamment pour son sous-texte conféré au réquisitoire anti peine de mort ! (en l'occurrence, l'approche barbare de la chaise électrique). 
Pour public averti