de Matthew Bright. 2002. 1h39. Avec Michael Reilly Burke, Boti Bliss, Steffani Brass, Eric DaRe, Tricia Dickson, Matt Hoffman, Tracey Walter.
Inédit en salles en France.
FILMOGRAPHIE: Matthew Bright est un réalisateur et scénariste américain, né le 8 Juin 1952
2003: Tiny Tiptoes. 2002 Ted Bundy. 1999 Freeway II: Confessions of a Trickbaby. 1996: Freeway.
L’expression « tueur en série » est née avec Ted Bundy. Dans les mois précédant son exécution, il recevait plus de 200 lettres par jour… de femmes amoureuses de lui.
DTV discrètement sorti chez nous en DVD, Ted Bundy est une descente aux enfers que Matthew Bright (auteur du génialement barré Freeway) retrace avec un souci de réalisme rigoureux - images d’archives à l’appui. Épaulé par son acteur Michael Reilly Burke, il hypnotise l’écran avec une vigueur viscérale, incarnant ce sournois étudiant en droit - rictus décontracté en sus - qui se complaît librement dans les viols, les meurtres en série et les rituels macabres (nécrophile, il décapite parfois ses victimes). Sans la moindre gêne, il observe une fille se dévêtir en se masturbant derrière un bosquet, grimace tel un demeuré face au miroir de sa salle de bain : Ted Bundy nous est aussitôt présenté comme un érotomane pathologique, un pervers erratique, en dépit de sa romance partagée avec Lee, maman godiche d’une petite fille.
Relatant scrupuleusement cinq années de tueries (1974–1978) à travers sept États, son arrestation, le soutien carcéral d’une admiratrice, ses deux évasions et son exécution sur la chaise électrique, Matthew Bright nous glace d’un effroi moral par son traitement chronologique, quasi clinique, de ces exactions crapuleuses, sans jamais céder aux effets de manche. Bundy avouera trente homicides… Il aurait pourtant été le bourreau de plus de cent cinquante victimes.
Dérangeant, profondément malsain, par la récurrence des homicides sexuels perpétrés avec une violence bestiale (coups de poing et de matraque assénés en pleine tête) et par l’aspect macabre des déviances nécrophiles, le film s’imbibe d’une atmosphère fétide - pour ne pas dire irrespirable - sous l’impulsion d’un acteur littéralement possédé par son rôle vicié. On souligne aussi l’audace du sociopathe séducteur lorsqu’il parvient à s’évader sous les yeux de ses geôliers, afin de perpétuer une nouvelle série de meurtres, aussi lâches qu’innommables.
Quant au final, à la fois dérangeant et inopinément poignant (on s’étonne d’éprouver une forme de compassion face à l’intolérable supplice du condamné), Bright nous percute de plein fouet, instaurant une véritable réflexion sur la peine de mort. Les préparatifs de l’exécution, d’une cruauté inouïe, donnent à voir un homme humilié, torturé par ses geôliers (ces derniers étant contraints d’obstruer son anus avec du coton pour éviter l’écoulement fécal au moment de la sentence), puis transi de terreur à l’idée de mourir sur la chaise l’instant suivant. Le réalisateur s’efforce de dépeindre ce chemin de croix avec une intensité émotionnelle à la limite du supportable - posture infantile, regard vague - jusqu’au moment où une assemblée de voyeurs ose lui faire face, pour contempler avec une frigidité morbide son exécution.
Pour public averti.
— le cinéphile du cœur noir
tres bon film
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