jeudi 14 septembre 2017

LA ROSE ET LA FLECHE

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"Robin and Marian" de Richard Lester. 1976. U.S.A. 1h46. Avec Sean Connery, Audrey Hepburn,
Robert Shaw, Richard Harris, Nicol Williamson, Denholm Elliott, Ronnie Barker.

Sortie salles France: 26 Octobre 1977. U.S: 21 Avril 1976

FILMOGRAPHIE: Richard Lester est un cinéaste américain né le 19 janvier 1932 à Philadelphie. 1962 : It's Trad, Dad! 1963 : La Souris sur la Lune. 1964 : Quatre garçons dans le vent. 1965 : Le Knack... et comment l'avoir. 1965 : Au secours! 1966 : Le Forum en folie. 1967 : Comment j'ai gagné la guerre.1968 : Petulia. 1969 : L'ultime garçonnière. 1973 : Les Trois Mousquetaires. 1974 : Terreur sur le Britannic. 1974 : On l'appelait Milady. 1975 : Le Froussard héroïque. 1976 : The Ritz. 1976 : La Rose et la Flèche. 1979 : Cuba. 1979 : Les Joyeux Débuts de Butch Cassidy et le Kid. 1980 : Superman 2. 1983 : Superman 3. 1984 : Cash-Cash. 1989 : Le Retour des Mousquetaires. 1991 : Get Back.


"Tu me trouves vieille et laide ? Tu aimes quelque chose en moi ? Il y a si longtemps que je n'ai rien ressenti. Je donnerai tout pour retourner 5 minutes dans le passé. Robin, sois méchant, fais moi pleurer !" Lady Marianne.
Sommet d'émotions Spoil ! inconsolables quant à l'issue tragique, inévitablement prévisible, que nous réserve son épilogue d'une cruelle noirceur fin du Spoil, La Rose et la Flèche fait parti de ses oeuvres maudites, de par sa rareté éhontée et le manque de reconnaissance du public et de la critique aussi discrets que timorés. D'une fragilité à fleur de peau pour ses thèmes opposant l'amour et la vieillesse du point de vue du couple, la Rose et la Flèche affiche le légendaire Robin des bois sous son aspect le plus humainement fragile en dépit de sa persuasion à braver l'usure du temps. L'intrigue relatant avec une évidente nostalgie ses moments intimistes avec son amour retrouvé puis sa dernière bataille contre le le shérif de Nottingham quand bien même Marianne (superbement campée par la délicieuse Audrey Hepburn en bonne soeur candide !) le suppliera de renoncer à ce dernier affront afin de rattraper leur temps perdu d'un amour galvaudé. Car en l'occurrence, et après avoir combattu sans relâche durant plus de 20 ans, Robin est persuadé de perdurer ses exploits héroïques pour à nouveau vaincre son ennemi, et ce en dépit de son âge avancé.


Derrière ce récit d'aventures médiévales entrecoupé de scènes d'actions aussi intenses que spectaculaires (outre la lourde tâche de Robin et Petit Jean d'escalader le rempart d'un château, on est surpris de la sauvagerie finale du mano a mano à l'épée que s'infligent jusqu'à épuisement le shérif et Robin) se tisse donc une fable sur le refus de vieillir et la peur du trépas. Pétris d'amour l'un pour l'autre mais terriblement amères et nostalgiques de leur passé révolu, Robin et Marianne tentent vainement de renouer avec leur amour d'autrefois, faute de la vanité de ce dernier obstiné à prouver à lui même et ses acolytes qu'il reste encore la légende de toujours. A travers ses sentiments d'orgueil, d'entêtement et d'égoïsme, Sean Connery se contredit face caméra avec un humanisme prude derrière son apparence virile car entaché d'un physique vieillissant et du regret d'être passé à côté de l'amour de sa vie. Bouleversant, pour ne pas dire déchirant Spoil ! lors de ses adieux invoqués avec sa douce Marianne, l'acteur nous transmet un tsunami d'émotions quant à son acceptation finale de céder à une rédemption macabre Fin du Spoiler. Grand moment de cinéma qui arrachera des larmes aux plus sensibles (le magnifique score gracile de John Barry y doit aussi beaucoup !), La Rose et la flèche se clôture de manière aussi belle qu'inique derrière le mythe d'un philanthrope aujourd'hui mis à nu face à ses propres sentiments de dépit !


D'une sensibilité, d'une fragilité et d'un lyrisme bouleversants, La Rose et la Flèche transfigure le cinéma d'aventures rétro avec réalisme, audace et intelligence, et ce tout en respectant les normes du divertissement. Car derrière ce poème sur l'atavisme de la vieillesse, les regrets du passé et la désillusion d'une jeunesse perdue s'y dévoile l'une des plus belles tragédies romantiques que le cinéma nous ait offert. Ambitieux mais modeste à immortaliser de manière couillue le personnage de Robin des Bois, Richard Lester nous prodigue un chef-d'oeuvre de mélancolie et de tendresse sous l'impulsion du duo incandescent Audrey Hepburn / Sean Connery

Clin d'oeil à Gilles Vannier et Berangere S. De Condat-Rabourdin 
Bruno Dussart
3èx

mercredi 13 septembre 2017

LA VACHE ET LE PRISONNIER

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

d'Henri Verneuil. 1959. France. 1h52. Avec Fernandel, René Havard, Ingeborg Schöner, Bernard Musson, Ellen Schwiers, Pierre Louis, Franziska Kinz, Maurice Nasil.

Sortie salles France: 16 Décembre 1959

FILMOGRAPHIEHenri Verneuil (Achod Malakian) est un réalisateur et scénariste français d'origine arménienne, né le 15 octobre 1920 à Rodosto (Turquie), décédé le 11 janvier 2002 à Bagnolet. 1951: La Table aux crevés. 1952: Le Fruit Défendu. 1952: Brelan d'As. 1953: Le Boulanger de Valorgue. 1953: Carnaval. 1953: l'Ennemi public numéro 1. 1954: Le Mouton a 5 pattes. 1955: Les Amants du Tage. 1955: Des Gens sans importance. 1956: Paris, palace Hôtel. 1957: Une Manche et la belle. 1958: Maxime. 1959: Le Grand Chef. 1959: La Vache et le Prisonnier. 1960: l'Affaire d'une Nuit. 1961: Le Président. 1961: Les Lions sont lâchés. 1962: Un Singe en Hiver. 1963: Mélodie en sous-sol. 1963: 100 000 Dollars au Soleil. 1964: Week-end à Zuydcoote. 1966: La 25è Heure. 1967: La Bataille de San Sebastian. 1969: Le Clan des Siciliens. 1971: Le Casse. 1972: Le Serpent. 1975: Peur sur la ville. 1976: Le Corps de mon ennemi. 1979: I comme Icare. 1982: Mille Milliards de Dollars. 1984: Les Morfalous. 1991: Mayrig. 1992: 588, rue du Paradis.


Record de l'année 1959 puisqu'il engrange plus de 8 844 199 entrées (excusez du peu !), La Vache et le Prisonnier s'est taillé depuis sa sortie triomphante une réputation de grand classique de la comédie populaire comme le souligne également ses multi rediffusions télévisuelles. D'après une histoire vraie aussi insolite qu'improbable, la Vache et le prisonnier relate les pérégrinations champêtres du prisonnier de guerre français, Charles Bailly, accompagné d'une vache allemande, Marguerite, afin de passer incognito devant l'ennemi allemand. Son périple semé d'embûches et de rencontres impromptues vont aboutir à un dénouement particulièrement ubuesque si bien que le récit au suspense subitement progressif s'alloue d'une tonalité inopinément caustique Spoil ! quant aux subterfuges infructueux de Charles à regagner la France de son plein gré fin du Spoil. Incarné par le monstre sacré Fernandel d'une spontanéité sémillante dans celui d'un prisonnier au grand coeur pour autant empoté, La Vache et le Prisonnier conjugue humour et tendresse derrière une sombre page de notre histoire (stock-shots explosifs en sus afin de mettre en exergue le constat alarmiste d'une Allemagne en conflit mondial).


A travers un récit initiatique que le héros inculque d'après l'amour de son animal de compagnie (son "passe-partout"dira t'il !), Henri Verneuil nous interpelle en filigrane sur la condition animale destinée à finir dans nos assiettes lorsqu'il s'agit d'une vache que Charles se promet de respecter en guise d'adieu. A savoir, s'abstenir au final de manger du veau pour le restant de ses jours grâce à leurs sentiments partagés. Poignant et émouvant à travers ses séquences intimistes de tendresse et de complicité amicale, Henri Verneuil évite l'écueil d'une émotion programmée grâce à la sobriété d'un Fernandel profondément attachant (mais jamais mielleux dans son regard grave, voir bouleversé) et à l'intelligence de sa réalisation ne grossissant jamais le trait de la dramaturgie lors des séquences les plus émotives. Alternant les situations parfois cocasses (la tentative de Charles à rebrousser chemin d'un pont que les allemands vont traverser alors que Marguerite refuse à faire marche arrière) avec d'autres moments plus intenses de par son contexte de survie précaire (la démarche couillue de Charles à dérober de la nourriture aux allemands lors d'une nuit diluvienne), La Vache et le prisonnier insuffle un rythme soutenu au sein d'une aventure onirique (noir et blanc expressif à l'appui). Tant auprès des magnifiques décors d'une campagne solaire que nos héros traversent sans se presser que des forêts nocturnes d'un crépuscule tantôt féerique lors des trêves de sommeil.


Réalisé avec une attention scrupuleuse par le maître touche-à-tout Henri Verneuil, La Vache et le Prisonnier s'octroie d'une belle simplicité pour nous narrer une évasion de longue haleine aussi pittoresque que singulière sous l'impulsion sentimentale de l'homme et l'animal. Un message de tolérance en somme, une réflexion sur le végétarisme si je me réfère au triste sort réservé à nos bovins alors qu'ici cette histoire vraie tend à prouver que ces derniers pourraient bénéficier d'un traitement de faveur aussi équitable que le chien et le chat si nous savions en tirer une leçon d'éthique. 

Bruno Matéï
2èx 

mardi 12 septembre 2017

BABY DRIVER

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

d'Edgar Wright. 2017. U.S.A. 1h53. Avec Ansel Elgort, Kevin Spacey, Lily James, Jon Hamm, Jamie Foxx, Eiza González, Jon Bernthal.

Sortie salles France: 19 Juillet 2017. U.S: 28 Juin2017

FILMOGRAPHIE: Edgar Wright est un réalisateur et scénariste britannique, né le 18 avril 1974 à Poole, dans le Dorset (Royaume-Uni). 1994 : A Fistful of Fingers. 2005 : Shaun of the Dead. 2007 : Hot Fuzz. 2010 : Scott Pilgrim. 2013 : Le Dernier Pub avant la fin du monde. 2017 : Baby Drive.


Divertissement bourrin taillé sur mesure pour le grand public si je me réfère à sa pétulante bande-annonce, Baby Driver est beaucoup plus qu'un simple produit pop-corn (façon Fast and Furious) conçu pour rameuter les foules. Réalisé par le surdoué Edgar Wright dont on ne compte plus les réussites (sa filmo ressemble à un arc en ciel pour son amour du ciné de genre), Baby Driver est une madeleine de Proust aussi jouissive qu'intelligente dans le paysage aseptique de l'actionner movie. Et ce en dépit d'éclairs de violence assez réalistes qui pourrait toutefois impressionner le plus jeune public alors que sa facture détonante (et hybride) de conte de fée fait preuve d'une franche tendresse auprès du couple en étreinte (son final romantique s'avérant d'une vibrante émotion sans tirer pour autant sur la corde du sirupeux !). En tablant sur une idée empruntée à Driver et Drive (un chauffeur de braqueurs, as de la conduite, multiplie les poursuites effrénées sans jamais se faire alpaguer par la police), Baby Driver dresse l'attachant portrait d'un jeune orphelin pris dans la tourmente de la pègre et de la criminalité depuis la mort de ses parents. Le réalisateur prenant notamment soin de nous renseigner sur son passé infantile par le biais de flash-back concis assez poignants. Sa grande particularité (pour ne pas dire son addiction justifiée d'un passé traumatique) est d'écouter à plein volume de la musique sur son Ipod à chacune de ses missions jonchées d'embardées. Et sur ce point, Edgar Wright maîtrise admirablement la lisibilité des poursuites vertigineuses et gunfights par le biais du montage ciselé.


Contraint de rembourser une dette à son boss, Baby est bientôt apte à retrouver son autonomie au moment même de s'éprendre de la jeune serveuse, Debora. Mais son patron bien conscient de son statut de surdoué de la vitesse n'entend pas libérer de sitôt son poulain. Pourvu d'un scénario simpliste contrebalancé de rebondissements et d'idées retorses souvent surprenants, Baby Driver ne cède jamais à la facilité d'une vaine esbroufe grâce à une structure narrative solide. Mené sur le rythme trépidant d'une bande-son alternant constamment la soul et la pop-rock, la réalisation fringante d'Edgar Wright multiplie les expérimentations techniques avec une invention en roue libre. Coloré et fun au sein d'une cité urbaine en ébullition, truffé de dialogues créatifs par des personnages hauts en couleur formant une complicité davantage délétère (même Jamie Foxx s'avère convaincant dans un second-rôle égotiste !), Baby Driver carbure à l'adrénaline de la vitesse et de l'action explosive sous l'impulsion humaine d'un anti-héros en quête de rédemption. A cet égard iconique, le jeune acteur Ansel Elgort retransmet avec une belle dignité son dilemme de se compromettre à nouveau à la corruption au moment même d'une remise en question amoureuse et parentale (son attention scrupuleuse portée à son père adoptif). A travers son périple jonché de bévues meurtrières et de soumission morale, on peut d'ailleurs y déceler une métaphore sur le passage à l'âge adulte après l'acceptation du deuil parental.


Généreux en diable par son action chorégraphique époustouflante de vigueur et de maestria (nous nous accrochons à notre fauteuil au moindre écart de conduite !), et semé d'instants de cocasserie et de tendresse (le couple formé par Baby/Debora dégage une innocence parfois bouleversante quant à leur destinée indécise), Baby Driver redynamise le VRAI spectacle du samedi soir sous l'autorité infaillible d'un nouveau maître du divertissement pétri d'amour et de sincérité envers son public. Une authentique fable Rock'n Roll en somme assorti d'un brio technique étourdissant ! 

Bruno Dussart.

lundi 11 septembre 2017

COURS APRES MOI SHERIF

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"Smokey and the Bandit" de Hal Needham. 1977. U.S.A. 1h36. Avec Burt Reynolds, Jackie Gleason, Sally Field, Jerry Reed, Mike Henry, Paul Williams, Pat McCormick.

Sortie salles France: 21 Décembre 1977. U.S: 21 Mai 1977

FILMOGRAPHIE: Hal Needham est un cascadeur, acteur, producteur, réalisateur et scénariste américain, né le 6 mars 1931 à Memphis dans le Tennessee (États-Unis) et mort le 25 octobre 2013. 1977 : Cours après moi shériff. 1978 : La Fureur du danger. 1979 : Cactus Jack. 1979 : Autoroute pour la mort. 1980 : Stunts Unlimited (TV). 1980 : Tu fais pas le poids, shérif! 1981 : L'Équipée du Cannonball. 1981 : The Stockers (TV). 1982 : Megaforce. 1983 : Stroker Ace (en). 1984 : Cannon Ball 2. 1986 : Rad. 1987 : Body Slam. 1994 : L'As des aventuriers: Bandit au Far West. 1994 : Bandit: Bandit Bandit (TV). 1994 : Bandit: Beauty and the Bandit (TV). 1994 : Bandit: Bandit's Silver Angel (TV). 1996 : Street Luge.


Responsable des célèbres La Fureur du Danger, l'Equipée du Cannonball et Cannonball 2, Hal Needham se fit connaître auprès du public avec un premier métrage au succès considérable; Cours après moi Shérif si bien que deux autres suites seront rapidement mises en chantier (sans compter son illustre série TV !). Un Road movie en roue libre fondé sur des courses poursuites et cascades en règle que se disputent le routier Bandit et son ami cibiste Snowman contre une escouade de flics. Chargé de ramener 400 cartons de bière en 28 heures dans la contrée du Texas à la suite d'un pari, Bandit multiplies les risques et illégalités en se raillant de la police lancée sans relâche à ses trousses. Durant son cheminement truffé de barrages de police, il prend en stop une jeune mariée en fuite aussi décomplexée et avide de liberté que lui. Bonnard et parfois émaillée d'instants de tendresse, Cours après moi shérif ne s'embarrasse pas de subtilité ni d'inventivité pour divertir le spectateur. Le schéma narratif redondant ne cessant d'exploiter son faible filon avec néanmoins une certaine efficacité, et ce en dépit d'une réalisation académique (marque de fabrique de son auteur). Pour autant, ce petit B movie sans prétention s'avère suffisamment pittoresque et attachant sous l'impulsion de comédiens spontanés s'en donnant à coeur joie dans les provocations et railleries de comptoir. Et à ce p'tit jeu insolent, le trio formé par Burt Reynolds, la pétillante et suave Sally Fiel et Jerry Reed ne manque pas de peps dans leur naturel spontané, quand bien même le charismatique Jackie Gleason leur partage la vedette avec un surjeu vaniteux assez irrésistible dans celui du shérif braillard. Ce dernier accompagné d'un fils inconséquent ne cessant d'être ridiculisés durant l'itinéraire routier, tant auprès de ses rivaux volontiers arrogants que de la populace se prenant au jeu de leur compétition en vantant les mérites du pilote émérite Bandit.


Un peu daté mais assez distrayant autour d'un incessant jeu de courses poursuites entre flics et (gentils) voyous, Cours après moi shérif est une honnête comédie menée tambour battant que les nostalgiques de l'époque devraient surtout continuer d'apprécier. 

Eric Binford.

vendredi 8 septembre 2017

LEGEND

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Ridley Scott. 1985. Angeterre/U.S.A. 1h53. Avec Tom Cruise, Mia Sara, Tim Curry, David Bennent, Alice Playten, Billy Barty, Cork Hubbert, Peter O'Farrell, Kiran Shah, Annabelle Lanyon, Robert Picardo.

Sortie salles en France: 28 Août 1985. U.S: 18 Avril 1986
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FILMOGRAPHIERidley Scott est un réalisateur et producteur britannique né le 30 Novembre 1937 à South Shields. 1977: Duellistes. 1979: Alien. 1982: Blade Runner. 1985: Legend. 1987: Traquée. 1989: Black Rain. 1991: Thelma et Louise. 1992: 1492: Christophe Colomb. 1995: Lame de fond. 1997: A Armes Egales. 2000: Gladiator. 2001: Hannibal. 2002: La Chute du faucon noir. 2003: Les Associés. 2005: Kingdom of heaven. 2006: Une Grande Année. 2007: American Gangster. 2008: Mensonges d'Etat. 2010: Robin des Bois. 2012: Prometheus.
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Quatre ans après l'anticipation visionnaire Blade Runner, Ridley Scott aborde la Fantasy et le merveilleux avec Legend sorti en 1985. Entièrement tourné en studio, le tournage est pour autant entaché de divers incidents comme celui de l'incendie du plateau 007 de Pinewood (le décor de la forêt !). Le réalisateur est alors contraint de modifier certaines séquences. Au final, après des projections tests péjoratives, il raccourcit son oeuvre de 20 bonnes minutes et remplace le score de Goldsmith par celui de Tangerine Dream. Comme pour son précédent métrage, Legend se solde alors par un sévère échec public et une critique mitigée, et ce en dépit d'une poignée d'aficionados éblouis par son esthétisme formel. Trois montages distincts auront vu le jour depuis et ce n'est qu'au prémices des années 2000 qu'un fameux Director's cut pu enfin aboutir (copie zéro original) pour être commercialisé en Dvd aux States. Aujourd'hui, grâce au support HD du Blu-ray, cette version intégrale tant escomptée est enfin disponible sur notre territoire ! Au royaume des ténèbres, Darkness envisage de s'emparer de deux licornes, symboles de pureté régnant en harmonie dans une forêt enchantée. Au sein de cette contrée féerique, Lily est une jeune princesse éprise d'amour pour Jack. Alors qu'elle tente d'approcher une licorne pour la caresser, les gobelins, sbires du prince des ténèbres, lancent une flèche empoisonnée vers l'animal pour s'emparer de sa corne. Alors que Lily est retenue prisonnière dans l'antre du prince des Ténèbres, Jack et ses acolytes vont tenter de la délivrer, tuer le démon et récupérer la corne d'argent. 
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Stylisé dans sa fulgurance féerique à damner un saint (un paradoxe quand on apprend que la nature exaltante et sa flore si détaillée ont été soigneusement reconstituées en studio !), Legend est une splendeur visuelle restée inégalée pour le genre, et ce en dépit du classicisme d'un scénario rachitique il faut avouer et de personnages dénués de profondeur ! Le cheminement héroïque de Jack et de ses compagnons (de sympathiques elfes accompagnés d'une petite fée envieuse !) pâtissant d'un manque de conviction et d'émotions dans leur tentative (trop) timorée de secourir Lily et la licorne. A la fois baroques et flamboyantes, leurs aventures nous transportent néanmoins dans un conte fantastique tantôt vertigineux si je me réfère à quelques morceaux d'anthologie vus nulle part ailleurs ! A l'instar de la scénographie ténébreuse du palais de Darkness aménagé de vastes sculptures historiques, ou encore de la danse des ombres lorsque Lily se laisse enivrer par le charme sépulcral d'une silhouette sans visage. Alors que quelques instants plus tard, le prince des ténèbres nous révélera enfin son vrai profil démoniaque par le truchement d'une glace déformante. Sachant que toutes ses interventions emphatiques nous transi de stupeur et de fascination, de par la qualité minutieuse des maquillages artisanaux et de l'expressivité émotionnelle que dégage Tim Curry littéralement méconnaissable dans son costume flamboyant. Et a cet égard, on peut franchement saluer une vraie performance d'acteur ! D'une beauté aussi gracile qu'opaque, ces morceaux de bravoure confinent au sublime en dépit de l'aspect languissant d'une aventure peu intense, notamment par son absence de rebondissements et de dimension épique. Outre la présence iconique du plus beaux prince des ténèbres jamais vu sur un écran, le néophyte Tom Cruise s'en sort assez bien dans la peau du prince charmant pétri d'innocence et de pureté, et ce en dépit de sa fonction héroïque perfectible car pas si véloce que prévu lors de ses prises de risque inconsidérées. On pardonne toutefois son jeu en demi-teinte et on se réconforte auprès de la suave et sensuelle Mia Sara lui partageant la vedette en jeune princesse avec une fraîcheur candide pleine d'onirisme.


Formellement épuré et immaculé au sein d'une fantasmagorie binaire, entre féerie et dark fantasy, Legend se permet en prime de parfaire des morceaux de bravoure très impressionnants lorsque Darkness entre en scène dans l'intimité de son royaume domestique. Inachevé, bancal et dénué de tension dramatique, Legend n'en demeure pas moins un fabuleux livret d'images émaillé d'instants de grâce et de rencontres inoubliables (la rencontre de Jack parmi les elfes, l'apparition blafarde de la sorcière des marais, la mélopée que Lily fredonne à la licorne, la bague que Jack parvient enfin à extraire de la rivière pour l'offrir à celle-ci, Darkness déclarant sa flamme à Lily dans une posture aussi vaniteuse que phallocrate).  

Bruno Matéï
08/09/17. 5èx
15.02.12

jeudi 7 septembre 2017

CANNONBALL 2

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

de Hal Needham. 1984. U.S.A./Hong-Kong. 1h49. Avec Burt Reynolds, Dom DeLuise, Dean Martin, Sammy Davis, Jr., Shirley MacLaine, Marilu Henner, Jamie Farr, Telly Savalas, Jack Elam, Richard Kiel, Charles Nelson Reilly, Alex Rocco, Henry Silva, Susan Anton, Catherine Bach, Abe Vigoda, Jackie Chan, Tony Danza, Doug McClure, Mel Tillis, Ricardo Montalbán, Frank Sinatra.

Sortie salles France: 4 Juillet 1984. U.S: 29 Juin 1984

FILMOGRAPHIE: Hal Needham est un cascadeur, acteur, producteur, réalisateur et scénariste américain, né le 6 mars 1931 à Memphis dans le Tennessee (États-Unis) et mort le 25 octobre 2013. 1977 : Cours après moi shériff. 1978 : La Fureur du danger. 1979 : Cactus Jack. 1979 : Autoroute pour la mort. 1980 : Stunts Unlimited (TV). 1980 : Tu fais pas le poids, shérif! 1981 : L'Équipée du Cannonball. 1981 : The Stockers (TV). 1982 : Megaforce. 1983 : Stroker Ace (en). 1984 : Cannon Ball 2. 1986 : Rad. 1987 : Body Slam. 1994 : L'As des aventuriers: Bandit au Far West. 1994 : Bandit: Bandit Bandit (TV). 1994 : Bandit: Beauty and the Bandit (TV). 1994 : Bandit: Bandit's Silver Angel (TV). 1996 : Street Luge.


On prend les mêmes et on recommence ! Trois ans après l'énorme succès de l'Equipée du Cannonball, Han Needham reprend les commandes pour remaker son propre modèle avec Cannonball 2. Pourvu d'une distribution hétéroclite encore plus impressionnante (stars notoires et guest stars sont toujours à la fête !), Cannonball 2 récupère en prime ses acteurs du 1er opus à l'exception de Roger Moore. Pour les nouvelles têtes d'affiches aussi fougueuses de participer à la seconde compétition, nous sommes ravis de retrouver (avec un brin de nostalgie) Shirley MacLaine, Marilu Henner, Jamie Farr, Telly Savalas, Jack Elam, Richard Kiel, Charles Nelson Reilly, Alex Rocco, Henry Silva, Susan Anton, Catherine Bach, Abe Vigoda, Tony Danza, Doug McClure, Mel Tillis, Ricardo Montalbán et même Frank Sinatra ! Bref, un festival d'illustres trognes issues des seventies et des eighties qui fait franchement plaisir à voir par leur charisme à l'ancienne, leur spontanéité et leur bagou impayable.


D'une crétinerie en roue libre aussi assumée que son modèle, ce plaisir coupable toutefois moins attachant (effet de surprise en déclin !) reprend précisément le même schéma narratif qu'au préalable si bien que sa première partie langoureuse nous expose à nouveau sa galerie de participants au Cannonball par le biais de situations cocasses dont on éprouve assez peu d'attention. Ce n'est donc qu'à partir du départ de la course que Cannonball 2 prend enfin son envol avec un dynamisme assez enthousiasmant. On retrouve donc avec un bonheur plus ou moins égal poursuites sur bitume un peu plus nerveuses, bagarres de rue (façon Laurel et Hardy), gags visuels et verbaux bas de plafond et extravagance comportementale de pilotes affublés de déguisements toujours aussi déjantés ! Ajouter notamment à cet arc en ciel cartoonesque quelques gadgets surréalistes (l'hélicoptère accolé sur le toit d'un véhicule, la voiture accoutrée de pinces à crabe sur son pare choc, celle supersonique aussi bien apte à circuler sur l'asphalte et dans l'air que sous l'eau !) puis l'intrusion d'un orang-outang discourtois, de la mafia et de deux bonnes soeurs sournoises afin de renchérir le nanar décérébré.


Moins convaincant, fun et surprenant que son modèle, faute d'un scénario épigone reprenant exactement la même ligne de conduite, Cannonball 2 n'en demeure pas moins distrayant, généreux et aussi décomplexé dans son florilège de gags et torgnoles, symbole impayable de la génération Bud Spencer / Terence Hill

Bruno Dussart.
2èx

mercredi 6 septembre 2017

EMBRASSE MOI VAMPIRE

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site ebay.fr

"Vampire's Kiss" de Robert Bierman. 1989. U.S.A. 1h43. Avec Nicolas Cage, Maria Conchita Alonso, Jennifer Beals, Elizabeth Ashley, Kasi Lemmons, Bob Lujan.

Sortie salles France: 17 Janvier 1990. U.S:  2 Juin 1989

FILMOGRAPHIE: Robert Bierman est un réalisateur, producteur et scénariste américain. 1986: Apologie (télé-film). 1988: Embrasse moi Vampire. 1994: Suicides sous influence (télé-film). 1997: The Moonstone (TV Movie). 1997: Keep the Aspidistra Flying


Comédie hilarante menée tambour battant de par l'abattage d'un Nicolas Cage résolument erratique dans celui d'un (faux) vampire moderne, Embrasse moi Vampire enchaîne les situations délirantes sous couvert d'une cruelle satire sur la solitude et le burn-out. Agent littéraire, Peter Loew cumule les conquêtes féminines d'un soir si bien que sa réputation dans les soirées mondaines le discrédite davantage. Consultant auprès d'une éminente psychiatre afin de canaliser ses tensions et pulsions sexuelles, il tente de rencontrer le véritable amour en se prenant pour un véritable vampire. Récompensé du Prix du Meilleur Acteur à Sitges, Nicolas Cage n'a pas volé son trophée pour se glisser dans la peau d'un patron abusif (il martyrise moralement et physiquement durant les 3/4 quarts du récit sa secrétaire - remarquablement campée avec fragilité par Maria Conchita Alonso - depuis l'égarement d'un contrat !) peu à peu hanté par une schizophrénie galopante depuis son échec sentimental.


Truffé de gags absolument désopilants grâce à sa posture excentrique à la fois ubuesque et pathétique, Embrasse moi Vampire est un festival "Nicolas Cage" comme on ne l'a jamais vu au préalable. Frénétique, insolent, rustre, harceleur, arrogant et cabotin en diable car totalement habité par son personnage psychotique, l'acteur nous offre sans doute l'une de ses meilleures performances, quand bien même lors d'une dernière partie aussi terrifiante que véritablement tragique il parvient également à susciter une émotion poignante avec un réalisme rigoureux. On est d'autant plus surpris de cette rupture de ton que le récit, limite parodique, parvient encore en intermittence à cultiver l'humour caustique lors de sa dégénérescence mentale accablée par sa condition d'immortel ! Car il faut le voir déambuler dans les rues nocturnes affublé de canines en plastique puis se calfeutrer chez lui le jour, colmater les fenêtres de son appartement du rayon solaire et enfin transformer son fauteuil en cercueil afin de vivre tel le prince des ténèbres. Jouant notamment la carte du fantastique parmi la présence de l'envoûtante Jennifer Beals en reine de la nuit par qui la morsure arriva, Embrasse moi Vampire se permet aussi de laisser planer une certaine ambiguïté jusqu'à mi-parcours narratif quant à la situation occulte et démunie de Peter plongé dans un dédale de visions horrifico-érotiques. Ce dernier harassé par sa responsabilité professionnelle et sa déroute sentimentale finissant par perdre pied avec la réalité au point de muter en véritable meurtrier.


Déjanté et désopilant au travers de gags verbaux et du mimétisme (clownesque) d'un Nicolas Cage transi d'émoi, mais aussi sentencieux lors de sa dernière demi-heure d'une épouvantable noirceur, Embrasse moi Vampire conjugue la comédie, le drame social et le fantastique auprès d'un duo fantasmatique se disputant l'(impossible) amour absolu. Un thème tristement actuel faisant écho à la croissance de la solitude et du célibat sur notre territoire (nous sommes plus de 18 millions d'après l'Insee) et ailleurs.

Eric Binford
4èx

La critique de Gilles Rolland: http://www.onrembobine.fr/star-video-club/critique-embrasse-moi-vampire/

Récompense:
Prix du Meilleur acteur, Nicolas Cage, Festival International du film fantastique de Sitges 89.

mardi 5 septembre 2017

L'EQUIPEE DU CANNONBALL

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

"The Cannonball Run" de Hal Needham. 1981. U.S.A/Hong-Kong. 1h35 (Version Uncut). Avec Burt Reynolds, Dom DeLuise, Farrah Fawcett, Dean Martin, Sammy Davis Jr., Roger Moore, Jack Elam, George Furth, Adrienne Barbeau, Tara Buckman, Jamie Farr, Jackie Chan, Bert Convy, Michael Hui, Terry Bradshaw, Mel Tillis, Rick Aviles, Alfie Wise, Warren Berlinger, Peter Fonda, Molly Picon, Jimmy 'The Greek' Snyder, Bianca Jagger, Robert Tessier, Johnny Yune, Valerie Perrine.

Sortie salles France: 8 Juillet 1981. U.S: 19 Juin 1981

FILMOGRAPHIEHal Needham est un cascadeur, acteur, producteur, réalisateur et scénariste américain, né le 6 mars 1931 à Memphis dans le Tennessee (États-Unis) et mort le 25 octobre 2013. 1977 : Cours après moi shériff. 1978 : La Fureur du danger. 1979 : Cactus Jack. 1979 : Autoroute pour la mort. 1980 : Stunts Unlimited (TV). 1980 : Tu fais pas le poids, shérif! 1981 : L'Équipée du Cannonball. 1981 : The Stockers (TV). 1982 : Megaforce. 1983 : Stroker Ace (en). 1984 : Cannon Ball 2. 1986 : Rad. 1987 : Body Slam. 1994 : L'As des aventuriers: Bandit au Far West. 1994 : Bandit: Bandit Bandit (TV). 1994 : Bandit: Beauty and the Bandit (TV). 1994 : Bandit: Bandit's Silver Angel (TV). 1996 : Street Luge.


Enorme succès à sa sortie en salles en 81, L'Equipée du Cannonball s'attira tant les faveurs du public que deux autres suites furent rapidement mises en chantier en 84 et 89. A titre anecdotique, et pour éviter le malentendu, une autre production intitulée Cannonball était déjà entreprise en 76 sous la houlette de Paul Bartel. Inspiré d'une véritable course clandestine perpétrée en Amérique entre 1973 et 1978 et exploité par le cinéaste Hal Needham cascadeur himself, l'Equipée du Cannonball est une immense déconnade que se partagent fougueusement stars notoires (Burt Reynolds, Dom DeLuise, Farrah Fawcett, Dean Martin, Sammy Davis Jr., Roger Moore) et guest stars (Peter Fonda, Adrienne Barbeau, Jackie Chan), pour le meilleur et pour le pire. Le pire amorçant son chemin de routine durant ses trente-cinq premières minutes d'exposition foutraque (montage épars à l'appui !) si bien que les spectateurs les moins patients risquent de rapidement décrocher à reluquer des situations nonsensique de crash automobiles sur fond de gags décalés.


Mais fort heureusement, et par on ne sait quel miracle, le meilleur intervient sitôt la course improbable amorcée entre fous du volant. Car tirant parti d'un esprit cartoonesque souvent irrésistible sous l'impulsion décomplexée d'une pléiade de protagonistes échappés d'un asile (les impayables Burt Reynolds et Dom DeLuise en fringants ambulanciers épaulés de la folingue Farrah Fawcett en cruche inconséquente, Jack Elam et son incroyable trogne d'ahuri en Dr Frankenstein siphonné du bulbe, Roger Moore dans son propre rôle auto-parodique et enfin le duo Dean Martin, Sammy Davis Jr. en faux prêtres obséquieux !). Cette distribution impromptue se glissant dans la peau de pilotes irresponsables avec une excentricité et bonne humeur galvanisantes (jetez aussi un coup d'oeil sur son hilarant bêtisier lors du générique final !). Et ce en dépit de l'inégalité de gags souvent crétins il faut avouer (pour ne pas dire ineptes !) car d'une loufoquerie infantile au ras du bitume !


Débordant de charme, d'entrain et de fantaisies en roue libre entre deux/trois cascades et une bagarre de masse que n'auraient pas renié Terence Hill / Bud Spencer, l'Equipée du Cannonball parvient miraculeusement à élever le nanar à sa forme la plus expansive. Et ce grâce en priorité à son rythme effréné qu'une pléiade d'acteurs politiquement incorrects enchaîne durant leur compétition sous l'impuissance d'une police nigaude. Un excellent divertissement aussi hébété que débridé ! 

Bruno Dussart

samedi 2 septembre 2017

KARATE KID, LE MOMENT DE VERITE 2

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Karate Kid, Part II" de John G. Alvidsen. 1986. U.S.A. 1h53. Avec Ralph Macchio, Pat Morita, Danny Kamekona, Tamlyn Tomita, Nobu McCarthy, Yuji Okumoto.

Sortie salles France: 6 Août 1986. U.S: 20 Juillet 1986

FILMOGRAPHIE: John Guilbert Avildsen est un réalisateur américain né le 21 décembre 1935 à Oak Park, en banlieue de Chicago dans l'Illinois. 1969 : Turn on to Love (en). 1970 : Guess What We Learned in School Today? 1970 : Joe, c'est aussi l'Amérique. 1971 : Cry Uncle! 1972 : Okay Bill. 1972 : Sauvez le tigre. 1975 : W.W. and the Dixie Dancekings. 1976 : Rocky. 1978 : Slow Dancing in the Big City. 1980 : La Formule. 1981 : Les Voisins. 1984 : Karaté Kid. 1986 : Karaté Kid : Le Moment de vérité 2. 1987: Happy New Year. 1988 : Et si on le gardait ? 1989 : Karaté Kid 3 (The Karate Kid, Part III). 1989 : Lean on Me. 1990 : Rocky 5. 1992 : La Puissance de l'ange. 1994 : 8 secondes. 1999 : Inferno.


Deux ans après l'immense succès de son modèle, John G. Alvidsen entreprend une séquelle pour tenter de rameuter à nouveau les fans sans pour autant céder à la redite. Car si Karaté Kid 2 s'avère beaucoup moins émotif et passionnant que son modèle, le cinéaste parvient à se démarquer de la routine grâce à l'intelligence d'un scénario traitant principalement du sens de l'honneur sous l'impulsion une vendetta de longue haleine que maître Miyagi doit aujourd'hui affronter au coeur de son pays d'origine. Délocalisation l'action au Japon, plus précisément sur l'île d'Okinawa, Karaté Kid 2 affiche une scénographie exotique exaltante si bien que le cinéaste nous propose en filigrane une visite touristique en s'attardant sur les us et coutumes de la culture nippone. Se focalisant ensuite sur la loyauté infaillible de Miyagi constamment menacé par son ancien meilleur ami Sato (faute d'une adultère durant leur jeunesse), le récit traite des thèmes de la vengeance et de l'honneur avec autant d'efficacité que le premier volet.


A savoir que John Alvidsen dresse scrupuleusement (et non sans cabotinage volontaire !) les portraits dérisoires de deux mauvais perdants (Sato et son jeune neveu Chozen) avides de rancoeur, de fiel et d'orgueil depuis leur complexe d'infériorité. Miyagi s'efforçant pour autant à pacifier les remontrances de Sato quand bien même Daniel doit endurer les récurrentes intimidations de Chozen pétri d'arrogance et de lâcheté. On notera au moment propice d'une confrontation martiale la tournure subtile d'un évènement dramatique (une catastrophe naturelle) permettant in extremis d'y apaiser les tensions que s'échangeaient vulgairement Sato et Miyagi. Et ce grâce aux bravoures que ce dernier et Daniel vont indépendamment amorcer dans leur instinct aussi bien solidaire que preux. Ce qui entraînera une jolie réflexion sur le pardon lorsque la victime confrontée à la peur du trépas finit par céder à une main charitable. Au-delà de ses confrontations machistes outrancières, l'intrigue lénifie en alternance les tensions auprès des romances que se partagent Miyagi et son ancienne maîtresse Yukie, ainsi que Daniel avec la fille de celle-ci, Kumiko. Et ce sans pour autant céder à une mièvrerie programmée. Les sentiments de nos protagonistes faisant preuve d'humilité, de maturité et de pudeur afin de mettre en valeur la mansuétude de l'amour dans sa forme la plus épurée.


Toujours aussi attachant auprès du duo gagnant Macchio/Morita rattaché aux valeurs humaines parmi lesquelles l'amour, le pardon, l'amitié et les traditions, Karaté Kid 2 affiche une sincérité indéfectible pour séduire à nouveau le spectateur sous le pilier d'une solide narration entièrement dédiée à l'évolution de ces personnages. Et d'y parachever encore dans le spectacle émotif avec un clou final chorégraphique aussi intense qu'homérique ! 

La chronique du 1er opus: http://brunomatei.blogspot.com/…/karate-kid-le-moment-de-ve…

Dédicace à Jean-Marc Micciche et Patrice Rozet 
Bruno Matéï
2èx

vendredi 1 septembre 2017

KARATE KID, LE MOMENT DE VERITE

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

"The Karate Kid" de John G. Alvidsen. 1984. U.S.A. 2h07. Avec Ralph Macchio, Pat Morita, Elisabeth Shue, Martin Kove, Randee Heller, William Zabka, Ron Thomas.

Sortie salles France: 26 septembre 1984. U.S: 22 Juin 1984.

FILMOGRAPHIE: John Guilbert Avildsen est un réalisateur américain né le 21 décembre 1935 à Oak Park, en banlieue de Chicago dans l'Illinois. 1969 : Turn on to Love (en). 1970 : Guess What We Learned in School Today? 1970 : Joe, c'est aussi l'Amérique. 1971 : Cry Uncle! 1972 : Okay Bill. 1972 : Sauvez le tigre. 1975 : W.W. and the Dixie Dancekings. 1976 : Rocky. 1978 : Slow Dancing in the Big City. 1980 : La Formule. 1981 : Les Voisins. 1984 : Karaté Kid. 1986 : Karaté Kid : Le Moment de vérité 2. 1987: Happy New Year. 1988 : Et si on le gardait ? 1989 : Karaté Kid 3 (The Karate Kid, Part III). 1989 : Lean on Me. 1990 : Rocky 5. 1992 : La Puissance de l'ange. 1994 : 8 secondes. 1999 : Inferno.


Il lui enseignait que le secret de la puissance est dans l'esprit et le coeur. Non dans les mains.
Immense succès commercial à sa sortie, au même titre que son congénère Rocky, Karaté kid est le divertissement sportif par excellence si bien que John Alvidsen s'y emploie avec la même habileté infaillible pour chavirer le spectateur dans un tourbillon d'émotions aussi immaculées que candides. Film culte auprès de la génération 80 ayant révélé le néophyte Ralph Macchio (il crève l'écran avec un naturel et une innocence désarmants de par ses émotions à fleur de peau !) ainsi que la craquante et sémillante Elisabeth Shue (sa toute première apparition à l'écran !), Karaté Kid n'a rien perdu de son pouvoir attractif pour son institution à l'amitié et l'amour, la tolérance, l'équilibre et la sagesse. A peine emménagé avec sa mère dans un quartier Californien, le jeune Daniel Larusso est victime des provocations de délinquants experts en karaté au point d'en devenir leur souffre douleur. Exténué des brimades quotidiennes, Daniel se résigne à apprendre le karaté avec l'appui de son voisin japonais, Miyagi. Au fil d'un entraînement ardu peu commun, Daniel se lie peu à peu d'amitié avec ce dernier avant d'oser participer au fameux championnat de karaté. 


Comédie familiale vibrante d'émotions humaines et de leçons de savoir-vivre autour d'un duo irrésistible de complicité amicale, Karaté Kid prône avec une sensibilité fragile les valeurs du respect d'autrui et de l'équilibre mental à travers l'art martial conçu ici pour s'y défendre (et non pour attaquer comme on en voit souvent dans les séries B ludiques !). A contre courant des films d'action de Bruce Lee spécialement édifiés autour de prouesses chorégraphiques, Karaté Kid distille une aura flegmatique sereine quant à l'apprentissage existentiel d'un ado rebelle. De prime abord colérique et jaloux, puis finalement pleutre et couard de par son manque de confiance et son inexpérience du combat, Daniel va peu à peu éveiller des dons insoupçonnés en usant d'efforts cérébraux et corporels puis s'affirmer auprès de son puriste enseignant adepte du travail et de la patience. Emaillé de séquences pittoresques lorsque Daniel se voit contraint d'exécuter des corvées domestiques quotidiennes, l'intrigue dévoile peu à peu ses intentions payantes par la motricité du corps en instance d'agilité. Outre l'aspect singulier et amusant de cette pédagogie ancestrale inscrite dans la tradition, l'intrigue renforce toujours un peu plus les rapports amicaux que Daniel et Miyagi entretiennent grâce au bilan de l'effort, l'entraide et les confidences personnelles d'un passé parfois douloureux (le sort tragique de l'épouse et du fils du professeur, l'absence d'un père pour Daniel). A travers leur complémentarité d'une fragile émotion émane notamment un rapport parental que Miyagi construit au final auprès de son élève sans s'y prédisposer et avec une humilité poignante.


Spectacle familial d'une acuité émotionnelle et d'une intelligence rares sous l'impulsion de comédiens criants de naturel et de vérité (Pat Morita transmet sa sagesse avec force d'âme et modestie), Karaté Kid fait aujourd'hui office de grand classique comme le prouve notamment son point d'orgue anthologique aussi homérique et frémissant que le dernier round de Rocky. Un précepte magnifique et bouleversant inscrit dans la pureté des sentiments

La chronique de Karaté Kid 2: http://brunomatei.blogspot.com/…/karate-kid-le-moment-de-ve…

Bruno Matéï
4èx
01.09.17
09.08.10

jeudi 31 août 2017

IT COMES AT NIGHT

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site uae.voxcinemas.com

de Trey Edward Shults. 2017. U.S.A. 1h38. Avec Joel Edgerton, Christopher Abbott, Carmen Ejogo, Kelvin Harrison Jr., Riley Keough

Sortie salles France: 21 Juin 2017. U.S: 9 Juin 2017

FILMOGRAPHIETrey Edward Shults est un réalisateur, scénariste et producteur américain né en 1988 à Houston, aux États-Unis. 2016 : Krisha. 2017 : It Comes at Night.


Vendu comme un film d'horreur alors qu'il s'agit à mon sens d'un authentique drame psychologique, It coms at night divisera assurément le public. Car outre l'aspect plutôt fallacieux de son marketting, cette oeuvre modeste pâtie d'un rythme latent il faut avouer, d'un climat austère pesant et de personnages (volontairement) peu attachants dans leur démarche solitaire aussi bien parano qu'équivoque. Au fin fond d'une forêt, un couple est leur fils sont retranchés dans leur cabane afin de se préserver d'une grave pandémie. Une nuit, un inconnu tente de forcer leur entrée car suspectant la maison vide d'habitants. Après un compromis et en guise de confiance, Paul décide de prêter main forte à celui-ci en allant chercher sa femme et son fils à quelques kilomètres de là. De retour au bercail, les deux couples tentent de survivre à l'intérieur du foyer sous certaines conditions drastiques. Principalement celle de ne jamais sortir la nuit... Déroutant et monotone, It comes at night sollicite un effort considérable auprès du spectateur impliqué dans une situation de survie chargée de non-dits au sein d'une banalité quotidienne à la fois anxiogène et déprimante.


Peu ludique donc quant à son cheminement routinier dénué de surprise (ou alors si peu si je me réfère à la fugue du chien), It comes at night insuffle une étrange atmosphère de silence ouaté et d'angoisse sous-jacente au coeur d'une forêt mutique. Quand bien même la nuit est l'objet de toutes les contrariétés chez nos occupants lorsque le moindre bruit y résonne de l'extérieur de la porte de sortie (la seule issue de secours pour s'échapper de la bâtisse !). On se demande dès lors où Trey Shults souhaite nous mener à travers son huis-clos principalement centré sur les thèmes de la dynamique de groupe, de l'épidémie virale et de la mysophobie (crainte exagérée de la contamination) ! Louablement, et par le biais d'un rebondissement aussi retors qu'inopiné, la dernière partie, cruelle et intensément tragique crève l'abcès afin de dénoncer les conséquences de la panique chez l'homme confronté à une situation de crise sanitaire au sein de la cellule familiale. Le réalisateur prenant soin d'y dénoncer par le biais de cet évènement notre égoïsme et notre lâcheté face à la crainte viscérale du virus mortel. Dur et sans concession de par sa grande violence aussi bien gratuite que dérisoire, ce point d'orgue morbide nous suscite un amère sentiment d'amertume d'autant plus poignant lorsque l'homme de prime abord solidaire et empathique auprès de son prochain finit par succomber à ses pulsions d'auto-défense lors d'une situation parano découlant sur la méfiance ! Seul compte alors l'esprit d'individualité avec comme conséquence désastreuse un déchaînement de haine et de violence !


Déconcertant à plus d'un titre par son atmosphère hermétique de déréliction et son suspense sous-jacent retardant au possible son dénouement renversant, It comes at night risque de perdre en route une partie du public quand bien même d'autres plus réceptifs et patients ne resteront pas insensibles à son intensité dramatique finalement démoralisante au travers d'une réflexion sur l'instinct de survie que l'homme amorce individuellement. Difficile de sortir indemne d'une telle déroute...

Bruno Dussart

mercredi 30 août 2017

LA MARQUE

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmaffinity.com

"Quatermass 2" de Val Guest. 1957. U.S.A. 1h22. Avec Brian Donlevy, John Longdon, Sydney James, Bryan Forbes, William Franklyn, Vera Day.

Sortie salles Angleterre: 17 Juin 1957. U.S: Septembre 1957.

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Val Guest de son vrai nom Valmond Guest est un scénariste, réalisateur et producteur britannique né le 11 décembre 1911 à Londres (Royaume-Uni) et décédé le 10 mai 2006 à Palm Springs (Californie). 1954 : La Revanche de Robin des Bois. 1955 : Le Démon de la danse. 1955 : Le Monstre. 1956 : It's A Wonderful World. 1957 : Scotland Yard appelle FBI. 1957 : La Marque. 1957 : Le Redoutable Homme des neiges. 1960 : Expresso Bongo. 1961 : Traitement de choc. 1961 : Le Jour où la Terre prit feu. 1967 : Casino Royale. 1970 : Toomorrow. 1970 : Quand les dinosaures dominaient le monde. 1982 : The Boys in Blue (en). 1984 : Mark of the Devil (en) (TV). 1984 : In Possession (TV). 1985 : Child's Play (TV).


Second volet de la trilogie Quatermass toujours réalisé par Val Guest, La Marque transcende son modèle grâce en priorité à l'ossature d'un suspense exponentiel ne laissant que peu de répit aux protagonistes jouant les investigateurs de la dernière chance afin d'enrayer une autre menace extra-terrestre. Fort original, même si sans doute influencé par l'Invasion des profanateurs de sépultures sorti un an plus tôt, l'intrigue se focalise sur la quête désespérée de Quatermass et ses deux complices (un policier et un journaliste) redoublants de risques et vigilance pour déjouer un complot de grande envergure, puis d'en avertir la population locale du danger létal de météroïtes provenant probablement d'une usine d'expérimentation. Ces pierres bourrées de gaz d'ammoniac étant capables d'infecter leurs victimes d'une marque sur le visage après que ces derniers l'eurent approchés. Classée top secret, l'industrie contrôlée par des militaires armés, affublés de masque à gaz, serait selon son entrepreneur une fabrique de nourriture synthétique. Beaucoup plus captivant et intense que le Monstre (mais pour autant moins effrayant), La Marque fascine incessamment sous l'impulsion fébrile de protagonistes à bout de souffle tentant d'enrayer une menace à la fois délétère et sournoise. Celle d'une marque en forme de V que les victimes lobotomisées subissent après explosion d'un gaz, quand bien même ce combustible découlait d'une créature disproportionnée confinée sous un dôme car en attente de parfaire son dessein meurtrier.


Baignant dans un climat parano et de mystère palpables (les indices nous sont dévoilés au compte goutte !), La Marque s'érige autour d'une enquête policière d'autant plus subtile car relativement chiche en surenchère horrifique. Val Guest, s'efforçant de crédibiliser son contexte alarmiste par le biais d'une mise en scène aussi avisée que celle du Monstre et par le truchement d'idées singulières jamais grand-guignolesques ! (même les apparitions finales des créatures impressionnent et révulsent à la fois par leur aspect organique comparables à un géant conteneur de déchets toxiques !). Pour autant, les quelques scènes chocs qui empiètent le récit font preuve d'audace pour l'époque si bien qu'elles continuent encore aujourd'hui de nous impressionner. A l'instar d'une victime moribonde recouverte d'une sorte de goudron toxique sur le corps et finissant par agonir sous notre témoignage impuissant ! Impeccablement mené donc et truffé de rebondissements toujours plus homériques (la dernière partie cumule les confrontations musclées entre militaires et rebelles alors que quelques incidents meurtriers s'avèrent d'une cruelle radicalité !), la Marque témoigne d'une solide distribution (Brian Donlevy s'avère encore plus impliqué et martial que dans le précédent volet !) et ce jusqu'aux moindres seconds rôles (le charismatique John Longden en policier difficilement domptable et Sydney James en journaliste aviné inconsciemment suicidaire !).


Passionnant, intense et fascinant au rythme d'une partition haletante de James Bernard (un abonné de l'écurie Hammer !), La Marque met les bouchées doubles pour transcender son modèle parmi le brio de Val Guest pétri d'ambition à parfaire (sans fard) une invasion extra-terrestre nouvellement singulière. Marquant de son empreinte ce second chef-d'oeuvre crépusculaire (photo picturale à l'appui !), on pourra ensuite compter sur le talent de Roy Ward Barker à boucler un ultime volet (colorisé) encore plus perfectionniste (et spéculatif) que ses congénères !

Eric Binford
3èx

mardi 29 août 2017

BUSHWICK

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemamontreal.com

de Jonathan Milott et Cary Murnion. 2017. U.S.A. 1h34. Avec Dave Bautista, Brittany Snow, Angelic Zambrana, Jeff Lima, Paco Lozano, Christian Navarro.

Sortie France uniquement en VOD. U.S: 25 août 2017 (sortie limitée en salles et VOD)

FILMOGRAPHIE: Jonathan Milott est un réalisateur américain. 2014: Cooties. 2017: Bushwick
Cary Murnion est un réalisateur, scénariste et producteur américain. 2008: Jay vs Life (TV Movie). 2014: Cooties. 2017: Bushwick.


Dtv distribué par Netflix, Bushwick est la seconde réalisation du duo Jonathan Milott / Cary Murnion préalablement responsable d'une comédie horrifique, Cooties. Film d'action belliciste sur fond de crise politico-sociale, Bushwick (quartier de Brooklyn) relate le parcours de survie de Lucy prise à parti avec des tirs militaires et civils au sein de sa cité réduite à feu et à sang. Durant sa fuite, et après avoir échappée au viol par deux délinquants, elle est secourue par un mastard, Stupe, ancien infirmier ayant servi plus tôt dans la marine en Irak. Ensemble, ils tentent de regagner le foyer de la grand-mère de Lucy tout en essayant de saisir les tenants et aboutissants de l'insurrection urbaine livrée à l'auto-justice. Et ce en dépit de la potentielle loi martial soudainement décrétée pour un motif que l'on ne connaîtra qu'à mi-parcours de l'action. Filmé en temps réel sous le principe souvent subjectif, Bushwick joue la carte du divertissement belliqueux avec le parti-pris de privilégier/respecter le spectateur adulte au détriment de l'ado féru d'actionner bourrin. Dans une ambiance cauchemardesque particulièrement réaliste, les auteurs parviennent à nous immerger dans l'intensité de l'action sans jamais céder à une vaine esbroufe si bien que les divers déplacements de nos héros (faits de "chair et de sang", j'insiste !) nous paraissent crédibles quant à leurs efforts de survie à se dépêtrer des balles ennemies avec un humanisme poignant.


Nanti d'un score électro incisif et d'une mise en scène étonnamment maîtrisée (notamment au travers de plans séquences vertigineux ou lors de saisissants panoramas faisant office de fresque d'apocalypse !), Bushwick possède un style formel pas très éloigné du cinéma de John Carpenter (format scope en sus !). Notamment si je me réfère au charisme sans fard de vraies gueules d'acteurs qu'on ne retrouve plus (ou alors si peu) dans le cinéma d'action mainstream si lisse car trop conventionnel. Dave Bautista (très impressionnant de carrure trapue !) et Brittany Snow se partageant mutuellement la vedette avec autant de fragilité démunie (notamment cette superbe séquence finale où Stupe se confie sans complexe à elle sur son passé tragique) que de pugnacité couillue (l'un et l'autre vont apprendre à s'épauler durant leur traque et isolement et ainsi canaliser leur peur lors d'un héroïsme abrupte au risque de céder à des pulsions meurtrières punitives). Car il faut les voir accourir, faire profil bas dans les rues de Brooklyn pour tenter d'esquiver les balles provenant autant du haut des toitures que du bitume engorgé de carcasses de voitures incendiées ! De surcroît, le sentiment d'insécurité permanent et de danger létal émanent notamment de l'incapacité pour nos héros à pouvoir distinguer quel ennemi ils doivent combattre lorsque civils et militaires s'entretuent sans aucune morale avant d'y connaître l'instigateur ! (une révélation d'ordre politique faisant froid dans le dos !).


Solidement réalisé et interprété sous le pilier d'une intrigue ombrageuse évoquant le spectre de la guerre civile par le biais d'une dissidence politique, Bushwick parvient à faire naître l'appréhension en nous immergeant tête baissée dans un contexte réaliste de sédition plausiblement prémonitoire. En prime de l'efficacité des péripéties homériques et embûches insidieuses par le biais de rencontres impromptues, Bushwick oppose de poignantes intimités psychologiques avant de se clore (et donc pour mieux nous ébranler de sa déliquescence sociale !) sur le pessimisme d'une conclusion aussi radicale qu'effrayante ! Une bonne surprise d'une brûlante actualité métaphorique. 

Dédicace à Jean-Marc Micciche
Bruno Matéï