vendredi 18 octobre 2019

Contre toute attente

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Against All Odds" de Taylor Hackford. 1984. U.S.A. 2h02. Avec Jeff Bridges, Rachel Ward, James Woods, Richard Widmark, Saul Rubinek, Alex Karras, Swoosie Kurtz.

Sortie salles France: 30 Mai 1984. U.S: 2 Mars 1984.

FILMOGRAPHIETaylor Hackford est un réalisateur et producteur américain né le 31 décembre 1944. 1980 : Le Temps du rock'n'roll. 1983 : Officier et gentleman. 1984 : Contre toute attente. 1986 : Soleil de nuit. 1988 : Hail! Hail! Rock 'n' Roll (documentaire musical). 1988 : Everybody's All-American. 1993 : Les Princes de la ville. 1995 : Dolores Claiborne. 1998 : L'Associé du diable. 2001 : L'Échange. 2005 : Ray. 2010 : Love Ranch. 2013 : Parker. 2016 : The Comedian.


Polar oublié des années 80 réalisé par l'habile artisan Taylor Hackford (Officier et Gentleman, Soleil de Nuit, les Princes de la Ville, Dolores Claiborne, l'Associé du diable), Contre toute Attente ne mérite pas l'indifférence qu'il se récolte finalement aujourd'hui. Car si je peux évidemment concevoir qu'il n'arrive jamais à la cheville de son illustre modèle la Griffe du Passé de Jacques Tourneur (que je n'ai jamais vu - honte à moi -), Contre toute attente conjugue policier et romance avec une efficacité en roue libre. De par le savoir-faire de sa mise en scène sublimant en 1ère partie une idylle romantique auprès du duo incandescent Jeff Bridges, Rachel Ward (l'une des plus belles femmes du monde, excusez du peu !) et de sa structure en suspens déployant en second acte des rebondissements criminels en pagaille plutôt convaincants si on fait fi d'une confrontation finale un peu trop convenue à travers les règlements de compte entre rivaux véreux cabotinant sous l'impulsion d'un tempo musical surchargé. Fort d'une vénéneuse intrigue que se chamaillent les alliés pour l'enjeu de l'amour, chaque personnages mis en valeur s'avère plus ou moins impliqués dans des paris truqués de match de foot sous l'égide de l'homme d'affaire Ben Caxton (Richard Widmark assez antipathique en septuagénaire vaniteux).


Ainsi, le joueur Terry Brogan (Jeff Bridges) est chargé par son ami Jake (James Wood) de retrouver la trace de Jessie, sa jeune compagne en fuite après lui avoir dérobé 50 000 dollars. Mais c'est au Mexique que Terry parvient à retrouver celle-ci, si bien qu'ensemble ils finissent par tomber amoureux en se prélassant à proximité d'une plage paradisiaque (que Taylor Hackford magnifie à travers sa scénographie touristique du Mexique). Mais leur relation finit par se ternir avec l'arrivée d'un des acolytes de Jake chargé de ramener Jessie au bercail.
Porté à bout de bras par la force déterminée de Jeff Bridges en anti-héros au grand coeur impliqué dans une corruption sportive, quand bien même Rachel Ward succombe à ses charmes avec une sensualité charnelle capiteuse, Contre toute attente doit beaucoup à la prestance de son casting aux p'tits oignons, comme le soulignent conjointement James Woods, détestable d'hypocrisie en maître chanteur criminel et Richard Widmark en leader richissime quasi intouchable. Ainsi donc, grâce à leur présence charismatique chargée d'intensité dans leur inimitié vénale, Contre toute attente cultive un rythme toujours soutenu et davantage nerveux, même si on lui préférera peut-être sa première partie plus attachante, dense et ensorcelante, notamment auprès de la puissance de ces images tantôt oniriques que le couple Bridges / Ward irradie à travers leur ardent désir lubrique.


Perfectible certes, principalement auprès de la remise en cause d'une confrontation machiste peinant à convaincre dans leur maigre tentative d'y négocier une issue favorable, quand bien même son épilogue à la fois amer, un brin ironique, ne manque pas d'audace quant au sort équivoque des amants infortunés, Contre toute attente demeure un excellent divertissement. Rondement mené, formellement exotique et sensuellement enivrant sous l'impulsion de têtes d'affiche proéminentes. Qui plus est scandé lors du générique final du slow de Phil Collins imprimé dans toutes les mémoires, si bien que celui-ci remporte un an plus tard le Grammy Award du meilleur chanteur pop ! A revoir avec un vif intérêt, de préférence en couple en étreinte, une coupe de champagne à la main.  

*Bruno

jeudi 17 octobre 2019

L'Homme Invisible

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de James Whale. 1933. U.S.A. 1h12. Avec Claude Rains, Gloria Stuart, William Harrigan, Henry Travers, Una O'Connor, Forrester Harvey

Sortie salle U.S: 13 Novembre 1933

FILMOGRAPHIE: James Whale est un réalisateur américain, né le 22 Juillet 1889 à Dudley en Angleterre, décédé le 29 Mai 1957 à Hollywood, Los Angeles. 1930 : La Fin du voyage (Journey's End). 1930 : Les Anges de l'enfer. 1931 : Waterloo Bridge. 1931 : Frankenstein. 1932 : Impatient Maiden. 1932 : Une soirée étrange. 1933 : The Kiss Before the Mirror. 1933 : The Invisible Man. 1933 : By Candlelight. 1934 : One More River. 1935 : La Fiancée de Frankenstein. 1935 : Remember Last Night. 1936 : Show Boat. 1937 : The Road Back. 1937 : Le Grand Garrick. 1938 : Port of Seven Seas. 1938 : Sinners in Paradise. 1938 : Wives Under Suspicion. 1939 : L'Homme au masque de fer. 1940 : L'Enfer vert. 1941 : They Dare Not Love. 1942 : Personnel Placement in the Army. 1950 : Hello Out There.


“Voir un visage revient à dire en silence son énigme invisible.”
Classique imputrescible de la Universal Monsters sous la houlette de James Whale (Frankenstein, La Fiancée de Frankenstein), l'Homme Invisible doit son pouvoir de fascination grâce à la solidité de sa mise en scène (notamment à travers certains plans iconiques), à l'originalité de son récit vrillé, à ces l'innovation de ces trucages et surtout à la prestance inoubliable de Claude Rains couronné de notoriété à la suite du succès populaire du film. Ce dernier parvenant sans outrance à provoquer émoi, inquiétude et appréhension de par l'intensité de sa voix aiguë, à la fois irascible et forcenée, à défaut de mettre en exergue les diverses expressions de sa physionomie eu égard de sa condition corporelle imperceptible. Ainsi, à travers une trame dramatique non exempte de traits d'humour (notamment auprès des seconds rôles témoins malgré eux des exhibitions héroïques de l'étranger), l'Homme Invisible retrace la dérive criminelle d'un savant fou habité par la folie de par son désir outré de puissance et de gloire.


Car vivant autrefois dans l'ombre en simple chimiste dénué d'ambition, celui-ci aura décidé de prendre sa revanche sur la société après avoir créé un sérum capable de lui parfaire une nouvelle identité contestataire. Tant et si bien qu'au cours de son évolution immorale, il y engendre des sentiments dictatoriaux. Ainsi, davantage corrompu par son orgueil et sa vanité de pouvoir imposer sa loi et sa hiérarchie en toute impunité; l'homme invisible finit par céder à ses bas instincts pervers en s'autorisant les libertés les plus répréhensibles. Chasse à l'homme haletante exécutée avec une certaine perspicacité si je me réfère aux idées retorses des villageois et de la police, communément solidaires afin d'alpaguer le fugitif, l'Homme Invisible dégage un climat d'insécurité davantage vénéneux lorsque celui-ci se raille de ces rivaux avec une attitude borderline (pour ne pas dire psychotique).


"Un acteur doit être invisible"
Réflexion sur l'aliénation du pouvoir et les dérives de la science moderne, l'Homme Invisible perdure son pouvoir de fascination sous l'impulsion d'un fantasme débridé redoutablement efficace, si bien que Claude Rains l'immortalise à travers sa fulgurance orale. Une performance d'acteur donc entrée dans la légende du Fantastique moderne...

*Bruno
4èx

mercredi 16 octobre 2019

Audrey Rose


de Robert Wise. 1977. U.S.A. 1h53. Avec Marsha Mason, Anthony Hopkins, John Beck, Susan Swift, Norman Lloyd, John Hillerman, Robert Walden, Philip Sterling, Ivy Jones, Stephen Pearlman, Aly Wassil.

Sortie en salles en France: Novembre 1977. US: 6 Avril 1977

FILMOGRAPHIE: Robert Wise est un réalisateur, scénariste, producteur, monteur né le 10 Septembre 1914, décédé le 14 Septembre 2005 à Winchester (Indiana). 1944: La Malédiction des Hommes Chats, 1945: Le Récupérateur de cadavres, 1948: Ciel Rouge. Né pour Tuer. 1949: Nous avons gagné ce soir. 1952: La Ville Captive. 1952: Le Jour où la terre s'arrêta. 1954: Les Rats du Désert. 1957: Marqué par la Haine. 1958: l'Odyssée du sous-marin Nerka. 1962: West Side Story. 1964: La Maison du Diable. 1966: La Mélodie du Bonheur. 1967: La Canonnière du Yang-Tsé. 1972: Le Mystère Andromède. 1975: L'Odyssée du Hindenburg. 1977: Audrey Rose. 1980: Star Trek. 1989: Les Toits. 2000: Une Tempête en été (télé-film)

Avertissement ! Mon article dévoilant les évènements clefs de l'intrigue, il est donc préférable d'avoir vu le film avant d'y amorcer la lecture. 


"Pour l'âme, il n'y a ni naissance ni mort. L'âme ne connait pas la mort. Elle est éternelle, intemporelle, immortelle et primitive..." LA BHAGAVAD-GITA

En 1977, Robert Wise renoue avec le cinéma d'épouvante en s'inspirant du roman de Frank De Felitta The Case for Reincarnation. Si bien que des aveux de l'écrivain, l'idée spirituelle de la réincarnation lui est inspirée par l'expérience de son propre fils âgé de 6 ans, qui, un jour, interpréta un air de ragtime au piano alors qu'il n'eut jamais appris de cours de musique. Le pitchUn couple et leur fille Ivy sont importunés par un individu épiant faits et geste de leur rejeton. Persuadé qu'il s'agit de la réincarnation de sa fille Audrey Rose, morte brûlée vive à l'âge de 5 ans dans un accident de voiture, l'individu s'efforce de convaincre les parents qu'Ivy est en danger. Occulté depuis sa sortie en 1977 et comparé à l'époque comme un nouvel ersatz de "l'enfant diabolique" (en rapport aux précédents succès de l'Exorciste et de la Malédiction), Audrey Rose demeure un vrai drame psychologique, poignant et bouleversant, sous couvert du fantastique mystique. Ainsi, à travers la densité d'un scénario aussi passionnant, potentiellement inspiré de faits réels, cette oeuvre ausis fragile qu'inquiétante doit beaucoup à la sobriété de ces quatre interprètes remarquable à travers leur force d'expression aussi désarmée que révoltée. Marsha Mason, littéralement bouleversante d'empathie maternelle, Anthony Hopkins, d'une persuasion magnétique en paternel chaperon, John Beck,  irascible de paternité orgueilleuse à travers son esprit cartésien, et enfin la petite Susan Swift (son tout 1er rôle à l'écran !), surprenante de naturel versatile ! Tant auprès de sa physionomie hagarde aussi bien innocente que tourmentée que de sa lente prise de conscience hantée d'interrogation identitaire. Et donc, en évoquant le thème métaphysique de la croyance orientale en la réincarnation, Robert Wise nous fait partager le trouble quotidien de parents désarmés face aux élucubrations d'un quidam convaincu que leur propre fille s'avère la réincarnation de sa défunte Audrey Rose. Car antécédemment morte dans un accident de voiture parmi la présence de sa mère, la jeune fille succomba à l'âge de 5 ans asphyxiée et brûlée vive dans l'habitacle. Du côté de la quotidienneté  parentale d'Ivy, celle-ci est en proie dès son plus jeune âge à de violentes crises de somnambulisme lors de certaines nuit agitées. En intermittence, elle est prise de convulsions suite aux cauchemars incontrôlables lui invoquant un brasier ! Les parents d'abord réticents et dubitatifs des déclarations occultes de Mr Hoover refusent à croire que leur propre fille est une âme contrariée, anciennement matérialisée par la personnalité immolée d'Audrey Rose.


La première partie, privilégiant l'étude psychologique de l'incrédulité des parents ira en crescendo sous l'autorité sereine de Mr Hoover afin de tenter de nous convaincre que la métempsychose n'est nullement une religion infondée. En l'occurrence, cette doctrine privilégiant la renaissance de l'âme dans un nouveau corps est pratiquée et approuvée par 700 millions d'hindouistes auquel Mr Hoover s'y laissa convertir après des années d'anthropologie. Cette quête religieuse cathartique souhaitant nous interroger sur notre rapport intrinsèque au sens de notre vie à travers le profil fustigé d'Ivy, victime malgré elle d'une âme traumatisée par une mort aussi cruelle qu'inéquitable. Ainsi, les séquences chocs de marasme violemment perpétrés par la fillette impressionnent autant qu'elles émeuvent le spectateur face au témoignage lamenté des parents couramment démunis. Des géniteurs désorientés, car férus de tourments, se refusant ainsi à croire que leur fille fut une autre identité lors d'une époque antérieure. Spoil ! La seconde partie nous dépeint ensuite avec concision le procès consulaire assigné à Mr hoover, puisque accusé de rapt après s'être interposé auprès du père atrabilaire. Si bien qu'il décida en désespoir de cause de ravir la jeune Ivy à nouveau victime d'une crise d'hystérie. Ce procès de tribunal tentant d'amener la preuve devant témoins (et show TV avide de sensationnalisme !) que la réincarnation demeure l'unique preuve de l'état pathologique d'Ivy. Quand bien même la mère dubitative se laissera peu à peu convaincre des certitudes fondées par Hoover sur cet enseignement d'une vie éternelle via l'âme inaltérable. La dernière partie, douloureuse et éprouvante, nous abreuve d'une séance d'hypnose décrétée par une confrérie de psychiatres en compromis avec les parents désemparés. Une salle tamisée à l'ambiance anxiogène nous est ainsi froidement reconstituée tandis qu'un médecin tentera d'exorciser (si j'ose dire non sans ironie !) la personnalité d'Ivy face au témoignage des spectateurs interloqués. Fin du Spoil.
                                        

Solidement mis en scène dans son refus du racolage face aux quelques séquences chocs émotionnelles, Audrey Rose se décline en passionnante investigation métaphysique (instaurant donc une VRAIE réflexion sur la croyance en la réincarnation) sous couvert d'argument horrifique. Scandé de la prestance austère de protagonistes en interrogation existentielle, l'oeuvre sensible et douloureuse de Robert Wise honore brillamment le genre en tentant de nous interroger sur notre destinée éventuellement (im)mortelle. Quand bien même son épilogue bouleversant essaiera de nous réconforter sur le bien-fondé de cette croyance après une issue aussi tragique que salvatrice. A redécouvrir d'urgence. 

* Bruno
16.10.19. 5èx
15.11.11. 430 v

La Bhagavad Gita:
Livre de chevet du Mahatma Gandhi, la Gita pourrait se définir simplement comme un traité de philosophie humaniste. La Gita se compose également de 18 chapitres. La lecture de chaque chapitre est censée apporter des « mérites » à son lecteur. Ignorer la faim et la soif, réaliser ses rêves, connaître ses vies passées, guérir de maladies incurables, se débarrasser de ses dettes ou de ses ennemis… Tels sont les bénéfices qu’apporte sa lecture, selon les croyances populaires.
C’est à l’aube de la bataille finale qui oppose les Kauravas et les Pandavas, que Krishna est amené à prononcer ce célèbre discours afin d’encourager Arjuna à se battre et à vaincre le Mal… Arjuna est alors prêt à renoncer à sa couronne afin d’épargner ses amis et ses maîtres qui composent les rangs ennemis. Krishna lui rappelle ses devoirs en qualité de guerrier, définit alors la « voie de l’action » (karma-yoga) et lui révèle enfin sa véritable nature…

L'Hindouisme:
Plus qu’une religion, plus qu’une philosophie, l’Hindouisme apparaît comme un véritable mode de vie, rythmant le quotidien de plus de 80% de la population indienne.
L’inde compte ainsi plus de 330 millions de Dieux et Déesses ! En fait, tous les villages, toutes les catégories sociales et professionnelles, toutes les familles et enfin tous les individus sont libres de se choisir, voir de se créer leurs propres divinités. Ce n’est donc pas toujours facile de s’y retrouver…
Les origines de l’Hindouisme se trouvent dans des formes d’animisme, de fétichisme et de mysticisme ancestraux. Les premiers dieux vénérés en Inde, les Dieux Védiques, étaient le plus souvent représentés sous forme d’animaux et dédiés aux éléments et aux manifestations naturelles. Ce sont les récits épiques (Ramayana et Mahabharata) qui donnèrent aux dieux une dimension plus humaine, tant dans leurs représentations que dans leurs interventions. Enfin, les récits puraniques, tentent de répertorier les différents dieux en regroupant les mythes et légendes qui retracent la vie de chacun d’eux. En « humanisant » leurs Dieux, les Hindous souhaitaient se rapprocher d’eux et amoindrir l’influence parfois exagérée des Brahmanes.
Avec plus de 700 millions d’adeptes, l’hindouisme est l’une des principales religions du monde. Elle est également à l’origine de nombreuses autres croyances (jaïnisme, bouddhisme, zoroastrisme, sikhisme…), et est elle-même fortement imprégnée de ces autres religions. L’Hindouisme a su évoluer suivant les changements de la société du Sous-continent, s’adaptant localement, s’enrichissant et se diversifiant culturellement. Il en découle une multitude de cultes, de doctrines et de coutumes…
Les fêtes en l'honneur des divinités se succèdent tout au long de l'année aux quatre coins du pays et rythment la vie de tous les hindous.
Et il n'est pas rare d'avoir vu se développer des coutumes locales particulières qui donnent à ses festivités des ampleurs considérables et les pèlerins se rassemblent parfois par millions en certains lieux sacrés.
Celui ou celle qui respecte le dharma et l'ordre cosmique sera délivré des souffrances humaines en échappant au Samsara, le cycle des renaissances.
En règle générale, on peut quand même dire que les Hindous sont ceux « qui suivent la voie (dharma) déterminée par les castes (varna) et les quatre âges de la vie (ashrama) ».

mardi 15 octobre 2019

The Stuff

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviepostershop.com

de Larry Cohen. 1985. U.S.A. 1h26. Avec Michael Moriarty, Andrea Marcovicci, Garrett Morris, Paul Sorvino, Scott Bloom, Danny Aiello, Patrick O'Neal

Sortie salles U.S: 14 Juillet 1985

FILMOGRAPHIELarry Cohen est un réalisateur, producteur et scénariste américain né le 15 Juillet 1941. Il est le créateur de la célèbre série TV, Les Envahisseurs. 1972: Bone, 1973: Black Caesar, Hell Up in Harlem, 1974: Le Monstre est vivant, 1976: Meurtres sous contrôle, 1979: Les Monstres sont toujours vivants, 1982: Epouvante sur New-York, 1985: The Stuff, 1987: La Vengeance des Monstres, Les Enfants de Salem, 1990: l'Ambulance. 1995 Fausse identité (TV Movie) 1996: Original Gangstas. - Comme Producteur: Maniac Cop 1/2/3.
- Comme Scénariste: Cellular, Phone Game, 3 épisodes de Columbo.


Hommage aux films de monstres et d'invasions extra-terrestres des années 50 (le Blob nous vient instinctivement à l'esprit !) derrière une satire semi-parodique contre la malbouffe, The Stuff génère une nouvelle fois la surprise auprès de son auteur fêlé Larry Cohen. Illustre créateur de la série TV Les Envahisseurs, des fort sympathiques Epouvante sur New-YorkLes Enfants de Salem,  l'Ambulance puis enfin des chefs-d'oeuvre Le Monstre est Vivant et Meurtres sous contrôle imprimés dans toutes les mémoires. Car rarement avare d'idées saugrenues, ce dernier créé encore l'effet de surprise avec comme concept "olé olé" une crème dessert de couleur blanchâtre prenant possession de ses consommateurs livrés à une toxicomanie alimentaire à nous donner la nausée ! Ainsi, grâce à son pouvoir de fascination/répulsion grand-guignolesque, tel la crème dessert agrandissant la bouche de ses victimes pour s'y extraire ou leur plaquant le visage pour les étouffer, The Stuff divertit agréablement à travers un schéma narratif éculé (une course contre la montre à avertir la populace du danger planétaire).


Prévisible certes mais pour autant efficace, notamment si on compte sur le climat décomplexé de l'intrigue folingue et sur la bonhomie friponne de l'acteur fétiche Michael Moriarty (en agent industriel délateur) épaulé de la non moins attachante Andrea Marcovicci et de l'enfant rebelle Scott Bloom (réduit malgré lui à l'état d'orphelin lors de son parcours de survie). Et donc, sans toutefois crier au génie pour rivaliser avec ses plus grandes réussites susnommées, faute d'une narration terriblement déstructurée et du manque d'intensité auprès des enjeux humains, The Stuff compense ses faiblesses par l'adresse de trucages plutôt réussis (à défaut de perfection), à l'instar de la crème  volumineuse se déplaçant en masse telle une sangsue pour alpaguer ses victimes. Larry Cohen  soignant plutôt habilement ses séquences chocs (éparpillées de manière fortuite pour mieux nous surprendre) au gré d'un montage dynamique palliant parfois le côté désuet de ses démonstrations les plus ambitieuses (notamment lorsque les visages se mettent à exploser de par la fragilité soudaine des vertèbres ou lorsqu'ils sont écrasés par des véhicules !). Truffé de dérision, tant auprès de l'horreur des situations grotesques que de la posture décontracté des personnages, on peut enfin parachever avec la présence assez pittoresque de Paul Sorvino en colonel psychorigide terriblement complexé par l'absence de notoriété de sa carrière militaire.

Bruno
15.10.19.3èx
05.07.17

lundi 14 octobre 2019

Le Camion de la Mort. Prix Spécial du Jury, Avoriaz 83


"Battletruck/Warlords of the 21st Century" de Harley Cokliss. 1982. Nouvelle Zélande. 1h31. Avec Michael Beck, Annie McEnroe, James Wainwright, Bruno Lawrence, John Bach, Randy Powell.

Sortie en salles en France le 2 janvier 1983

FILMOGRAPHIE SELECTIVEHarley Cokliss est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur américain, né le 11 Février 1945 à San Diego (Californie). 1976: The Battle of Billy's Pond. 1977: Glitterball. 1979: That Summer. 1982: Le Camion de la mort. 1986: Sans Issue. 1987: Malone, un tueur en enfer. 1988: Dream Demon. 1994: Hercule et le royaume oublié (télé-film). 2000: Pilgrim. 2002: An angel for may (télé-film). 2010: Paris Connections


Un an après le phénomène Mad-Max 2, une ribambelle d'ersatz aux budget dérisoire proliférèrent chez nos voisins transalpins. Des séries Z risibles interprétées par des tacherons quand bien même les affiches aguicheuses inspirées de l'univers de la BD tentaient d'y feindre leur précarité. Pour autant, quelques nanars impayables sortirent du lot si bien qu'aujourd'hui ils continuent toujours de marquer les esprits (nostalgiques) de cette époque révolue, à savoir le bien nommé "post-nuke". Les Guerriers du BronxCherry 2000Le Gladiateur du futur et surtout le Guerrier de l'espace et 2019, après la chute de New-York restant sans conteste les plus beaux fleurons bisseux. Mais en 1982, c'est au tour de la nouvelle zélande de tenter d'y apporter leur vision désenchantée du monde barbare auprès d'une série B de samedi soir au budget un peu plus étoffé, qui plus est finalement ovationnée d'un Prix Spécial du Jury à Avoriaz. De par cette improbable récompense, on se demande d'ailleurs comment une oeuvre aussi standard, aussi bougrement sympatoche soit-elle, eut pu remporter une récompense aussi prestigieuse ! Le PitchDans une époque futuriste, le colonel Straker sillonne les contrées désertiques des Etats-Unis à bord d'un gigantesque camion pour la quête de carburant. Avec une bande de hors la loi, il sème la terreur auprès des rares survivants pour imposer sa hiérarchie dictatoriale. Mais un solitaire du nom de Hunter décide de contrecarrer ses ambitions véreuses en l'affrontant à bord de sa moto futuriste. 
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Totalement occulté de nos jours après avoir déjà sombré dans l'oubli depuis son échec en salles, Le Camion de la Mort est une modeste et très agréable série B se démarquant de la zéderie grâce à ces comédiens à la trogne bonnard, aussi cabotins soient les méchants, à son action sagement spectaculaire et à sa mise en image plutôt envoûtante au coeur d'un no mans land aride. L'intrigue convenue constituant une relecture champêtre de Mad-Max (bien qu'ici, l'antagoniste mégalo s'avère le propriétaire du camion blindé !) avec beaucoup moins d'ambition dans sa maigre tentation de renouer avec l'action cinglante et les cascades ébouriffantes de son modèle. Néanmoins, ce petit métrage fort attachant affiche un convaincant climat de désolation auprès d'une populace précaire tentant de survivre dans leurs bungalows de fortune. Et la confrontation entre Michael Beck (les Guerriers de la nuit) et James Wainwright (Un Shérif à New-York) parvenant jusqu'au générique de fin à maintenir l'intérêt dans leur enjeu de pouvoir et d'autorité, notamment en tentant d'y récupérer la dissidente Corlie en fuite depuis les dernières exactions de son paternel (Straker himself apprendra t'on durant l'intrigue !). Annie McEnroe (les Marais de la mort, la Main du cauchemar) endossant avec une sensibilité non négligeable cette fugitive en quête d'amour et d'havre de paix. Scandé d'une partition planante (Tangerine Dream s'en fait d'ailleurs presque l'écho !), l'ambiance post-apo du Camion de la mort dégage donc un charme désuet afin d'accentuer cet environnement solaire jalonné de plaines clairsemées. A l'instar du western moderne, l'affrontement houleux de nos survivants solidaires communément opposés à la hiérarchie du tyran Straker cultivant de nombreuses péripéties (entre une trahison) pour tenter de déjouer l'assaillant beaucoup plus lâche, cruel et insidieux qu'eux. Enfin, pour adoucir le propos belliqueux, une timide idylle survient durant tout le périple avec la fille de Straker éprise d'affection pour le motard (jamais à court de carburant !).
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Mené avec rythme et efficacement conté, le Camion de la Mort demeure un divertissement plein de charme dans sa sincérité de se confronter sans prétention au genre post-apo à l'aide d'un budget low-cost. Un western futuriste d'une simplicité désarmante (bien qu'il sous entend une réflexion sur la mégalomanie en militant pour la solidarité) mais paradoxalement assez attrayant et d'autant plus atmosphérique qu'on se laisse facilement séduire par la tournure des évènements prévisibles. Et ce même si aujourd'hui il ne pourrait (probablement) que contenter les nostalgiques de l'âge d'or du Post-nuke. Quand à son "Prix spécial" décerné à Avoriaz, il restera pour ma part une nébuleuse énigme irrésolue.  

*Bruno
14.10.19. 3èx
30.12.11. 386 v

vendredi 11 octobre 2019

El Camino : un film Breaking Bad

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"El Camino: A Breaking Bad Movie" de Vince Gilligan. 2019. U.S.A. 2h02. Avec Aaron Paul, Bryan Cranston, Charles Baker, Matt L. Jones, Jonathan Banks, Larry Hankin.

Diffusion mondiale Netflix: 11 Octobre 2019 

FILMOGRAPHIEVince Gilligan est un scénariste, producteur et réalisateur américain, né le 10 février 1967 à Richmond. 2000-2002 : X-Files - Je souhaite (saison 7, épisode 21) et Irréfutable (saison 9, épisode 18). 2008-2013: Breaking Bad - Chute libre (saison 1, épisode 1) - Pleine Mesure (saison 3, épisode 13) - Échec (saison 4, épisode 12) – Mat (saison 4, épisode 13) - Revenir et Mourir (saison 5, épisode 16). 2015-2017 : Better Call Saul (4 épisodes). 2019: El Camino.


"La vie est ce que tu en fais"
Créateur de la notable série TV Breaking Bad, Vince Gilligan a décidé d'offrir à ses fans planétaires une adaptation ciné en bonne et due forme afin de clore une bonne fois pour toute les vicissitudes de Jesse Pinkman, ultime survivant recherché en l'occurrence par toutes les polices de l'état. Ainsi donc, à travers la simplicité de sa trame pour autant imprévisible afin de tenir en haleine le spectateur scrupuleux aux faits et gestes de Jesse traqué tous azimuts, Vince Gilligan exploite de main de maître un jeu de la survie aussi tendu qu'angoissant eu égard des moult rebondissements que notre anti-héros tentera de déjouer en faisant preuve d'esprit retors mais aussi de maladresse (à l'instar de sa houleuse transaction avec le vendeur d'aspirateur que campe au travers d'une posture impassible le vétéran Robert Foster au charisme sclérosé).


Magnifiquement réalisé, tant auprès des cadrages alambiqués, des effets de style épaulés d'une photo solaire que de ses influences westerniennes (avec un duel d'anthologie à couper le souffle !), El Camino rappelle entre autres dans notre inconscient le cinéma perfectionniste de Tarantino à travers ses dialogues ciselés (un régal permanent !) et ses confrontations masculines chargées de dérision, de perversité et de sournoiserie. D'une durée standard de 2h02, on aurait peut-être souhaité un métrage un peu plus quantitatif de 3h00 tant le temps s'étiole à la vitesse de l'éclair. Si bien que l'on surprend de quitter Jesse sur cette ultime image même si sa conclusion rationnelle ne déçoit aucunement. Ce qui prouve donc l'effet hypnotique qu'eurent si bien procurés sa charpente narrative (tant indécise) et les déplacements des personnages matois impliqués dans un enjeu pécuniaire en lieu et place de confort (pour les méchants) ou de survie (pour le destin précaire de Jesse). Au-delà du plaisir éprouvé à son imagerie stylisée et à ses péripéties instillées au compte-goutte avec un art consommé du suspense latent, El Camino est évidemment transcendé du jeu borderline d'Aaron Paul toujours aussi habité à travers ses expressions contradictoires où s'entrechoquent appréhension, espoir fébrile et détermination pugnace sans jamais se laisser distraire par l'invraisemblance du geste héroïque.


"Aller là où l'univers t'emmènes."
Tourné en format scope, El Camino demeure donc une excellente prolongation à l'éminente série Breaking Bad (à défaut d'y parfaire le chef-d'oeuvre auprès des plus gourmets), même si on aurait souhaité poursuivre un peu plus le périple de Jesse (avec 1 ou 2 rebondissements supplémentaires. Quand bien même Vince Gilligan est parvenu sans aucune prétention à boucler la boucle avec une indiscutable cohérence, tant en terme de cheminement narratif d'une remarquable fluidité que de psychologie des personnages (parmi 2/3 apparitions surprises impliquées dans une éthique existentielle !). 

*Bruno

jeudi 10 octobre 2019

l'Esclave de Satan

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Satan's Slave" de Norman J. Warren. 1976. Angleterre. 1h29. Avec Michael Gough, Martin Potter, Candace Glendenning, Barbara Kellerman, Michael Craze.

Sortie salle France: 8 Février (ou 3 Mai) 1978 (Int - 18 ans). Angleterre: Décembre 76.

FILMOGRAPHIE: Norman J. Warren, né Norman John Warren le 25 Juin 1942 à Londres en Angleterre, est un réalisateur, producteur et scénariste anglais. 1967: Her Private Hell, 1968: Loving Feeling, 1976: l'Esclave de Satan, 1978: Le Zombie venu d'ailleurs, 1979: Outer Touch, la Terreur des Morts-vivants, 1981: Inseminoïd, 1984: Warbirds Air Display, 1985: Person to person, 1986: Gunpowder, 1987: Les Mutants de la St-Sylvestre, 1992: Meath School, 1993: Buzz.


Le pitch: à la suite de la mort de ses parents lors d'un accident de voiture, Catherine est recueillie par son oncle Alexandre ainsi que Stephen, le fils de celui-ci. En proie à d'horrible cauchemars durant ses nuits esseulées, elle se laisse amadouer par Stephen avant que la majordome Frances n'éprouve envers lui de violents signes de jalousie. 

1er essai horrifique auprès de l'habile artisan british Norman J. Warren (Inseminoïd, Le Zombie venu d'ailleurs), l'Esclave de Satan transpire l'amour du genre aussi étique soit son intrigue probablement influencée par les films satanistes qui pullulaient lors des Seventies (Course contre l'Enfer, La Pluie du Diable). Ainsi, dans un format de série B symptomatique des budgets low-cost qu'il s'octroya durant sa carrière, Norman J. Warren accomplit le prodige de nous envoûter et de nous captiver de par la puissance des ces images gothiques d'une beauté sépulcrale ensorcelante. Ainsi, la psychologie prémâchée des personnages à beau laisser à désirer (notamment auprès de la posture subitement incohérente de Frances puisque délibérée à sauver l'héroïne pour un mobile inconnu alors qu'elle n'éprouvait que de la jalousie auprès de l'étrangère !) et l'intrigue, somme toute classique, céder à la trivialité, l'Esclave de Satan affiche un réalisme cauchemardesque prédominant eu égard de sa fulgurance visuelle et de la posture fragile de Catherine en proie à la magie noire et les forces du Mal. Tant auprès de ses hallucinations vécues de nuit ou en plein jour que des exactions insidieuses de son oncle délibéré à passer à l'acte lors d'un final dérangeant (twist sardonique à l'appui réfutant le happy-end !).


Warren illustrant donc avec une attention scrupuleuse des séances de messe noire adeptes du sacrifice humain avec un raffinement gothique rutilant. Quand bien même la forêt automnale environnant la vaste bâtisse s'alloue d'une atmosphère d'étrangeté aussi trouble que capiteuse. Au-delà du plaisir éprouvé auprès de ce climat tant atmosphérique, l'Esclave de Satan cède (comme de coutume chez son auteur) à une agréable complaisance lors de scènes gores aussi bien crues que malsaines (zooms grossiers à l'appui sur les chairs striées). Quand bien même les étreintes sexuelles et séances de nudité cèdent parfois au viol outrageant qu'effectue l'un de complices satanistes. On peut également, non sans une certaine indulgence, saluer la sobriété attachante de son casting méconnu (en dépit du vénérable Michael Gough en gourou démonial), aussi perfectibles soient leurs expressions autoritaires ou leurs sentiments de contrariété, et ce même si le manque d'intensité dramatique s'y fait ressentir si j'évoque l'épreuve endeuillée de Catherine lors de la première partie du film. Mais c'est principalement le jeu oh combien diaphane et dérangeant de Martin Potter (le fils d'Alexandre) qui frappe les esprits de par sa pâle présence à la fois insidieuse et équivoque, notamment auprès de ses rapports lubriques avec les femmes se clôturant dans un bain de sang.


Un film d'ambiance aux p'tits oignons disparu de nos écrans depuis des siècles de léthargie ! 
Magnétique, voir même ensorcelant, attachant et étonnamment captivant, notamment dans l'art de narrer son histoire viciée, l'Esclave de Satan a beau paraître mineur, parfois maladroit et prévisible, il n'en demeure pas moins bourré de charme et d'insolence de par son brio d'instaurer sans modération une ambiance cauchemardesque au sein du thème sataniste. 

*Bruno
2èx

mercredi 9 octobre 2019

House of sand and fog

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Vadim Perelman. 2003. U.S.A. 2h06. Avec Jennifer Connelly, Ben Kingsley, Ron Eldard, Frances Fisher, Kim Dickens, Shohreh Aghdashloo.

Sortie salles France: 13 Mai 2004 (uniquement au marché du Film du Festival de Cannes). U.S: 26 Décembre 2003.

FILMOGRAPHIE: Vadim Perelman est un réalisateur et producteur russo-américain né le 8 septembre 1963 à Kiev (Ukraine). 2003 : House of Sand and Fog. 2008 : La Vie devant ses yeux. 2016 : Yolki 5.


Drame psychologique mâtiné de mélo sous le pilier d'une partition envoûtante, House of sand and fog fut ignoré de nos salles chez nous en dépit de sa projection au marché du film du Festival de Cannes. Et donc j'imagine que les distributeurs ont probablement été effrayés par le nihilisme de son final effroyablement dépressif pour oser le faire connaître auprès du grand public. Car délibéré à châtier tous ces protagonistes au grand dam d'un enjeu matérialiste (expulsée de chez elle à la suite d'une erreur des impôts, Kathy tente de récupérer la demeure de son père face au refus drastique de son nouveau propriétaire d'origine iranienne), le réalisateur privilégie une intensité dramatique en crescendo afin d'ébranler le spectateur finalement déconcerté par tant d'aigreur et de pessimisme. Mais au-delà des effets de surprise de son final mélodramatique franchement discutable, car à mon sens plombé par sa sinistrose infructueuse, (pour ne pas dire illogique), House of sand and fog bénéficie d'une intrigue solide entièrement bâtie sur la confrontation psychologique entre une jeune solitaire en perdition et un père de famille pratiquant, déterminé à subvenir aux besoins de sa famille en tablant sur la plus-value de sa nouvelle bâtisse.


Au centre de ce duo houleux où chacun tente de défendre son bout de territoire avec acharnement et désespoir, un shérif épris d'affection pour Kathy jouera les redresseurs de tort avec une maladresse préjudiciable. Constamment captivant de par son intrigue charpentée et surtout porté à bout de bras par les compositions talentueuses de Jennifer Connely en ange déchu épuisée par la solitude et la déveine, de Ben Kingsley en époux aussi prévenant qu'abusif avide de combler sa famille, et de Ron Eldard en shérif vindicatif d'autant plus contrarié par sa double liaison conjugale, House of sand and fog plante son intrigue et ses personnages autour d'une mise en scène posée préconisant les huis-clos intimistes (ceux des 2 couples susnommés). Sa densité narrative émanant également de l'évolution de ces personnages anti-manichéens se démenant comme ils peuvent à défendre leur position avec autant d'autorité que de fragilité. Ainsi, compromis par leurs sentiments d'orgueil matérialiste et pécuniaires (aussi compréhensifs soient leur combat pour la justice puis celui de la réussite sociale et familiale), ces derniers vont peu à peu céder à leur valeur d'empathie en se prêtant mutuellement main forte depuis l'incidence de circonstances fortuites.


Sur ce point, là aussi House of sand and fog fait mouche si bien qu'il est impossible d'anticiper les évènements orageux, d'autant plus que le réalisateur élude l'outrance sentimentale (ou alors si peu) afin d'émouvoir le spectateur impliqué dans cet improbable enjeu matérialiste. Les comédiens, sobrement poignants, ne débordant jamais dans leur condition morale malmenée, tant et si bien que l'on s'attache à leurs blessures intimes sans oser prendre parti pour qui que ce soit dans leur conflit d'ego ou d'intérêt à la fois financier et familial (notamment auprès de l'héritage de Kathy afin d'honorer son père). D'où l'intensité sobrement ressentie auprès de ce drame psychologique nouant brillamment les profils sentencieux de ces protagonistes effleurant pour autant l'issue de résolution lors d'un moment propice de remise en question. Et ce avant que Vadim Perelman ne vienne tout foutre en l'air pour brutaliser/phagocyter ses protagonistes lors d'un final tragique dénué de rédemption et de logique selon mon jugement de valeur. Aussi limpide et bénéfique soit son manifeste contre le matérialisme et la prospérité financière ! Et c'est fichtrement dommage car House of sand and fog avait au préalable assez d'arguments fiables et solides pour satisfaire le spectateur auprès d'un happy-end autrement noble, censé et légitime.

*Bruno

mardi 8 octobre 2019

Au coeur de la nuit

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"Dead of Night" de Alberto Cavalcanti, Charles Crichton, Basil Dearden et Robert Hamer. 1945. Angleterre. 1h44. Avec Mervyn Johns, Roland Culver, Mary Merrall, Anthony Baird, Robert Wyndham, Judy Kelly, Sally Ann Howes, Michael Allan, Googie Withers, Ralph Michael, Basil Radford, Naunton Wayne, Frederick Valk, Allan Jeayes, Michael Redgrave.

Sortie salles France: 8 Mai 1946

FILMOGRAPHIEAlberto de Almeida Cavalcanti (Rio de Janeiro, 6 février 1897 - Paris, 23 août 19821), est un scénariste, réalisateur et producteur d'origine brésilienne. 1926 : Le Train sans yeux. 1926 : Rien que les heures. 1927 : En rade. 1927 : Yvette. 1930 : Dans une île perdue. 1930 : Les Vacances du diable. 1931 : À mi-chemin du ciel. 1932 : Le Truc du Brésilien. 1932 : En lisant le journal. 1933 : Le Mari garçon. 1933 : Coralie et compagnie. 1944 : Champagne Charlie. 1945 : Au cœur de la nuit. 1958 : Les Noces vénitiennes. 1971 : La Visite de la vieille dame, téléfilm.


Si Au coeur de la nuit fait office de jalon des années 40 au sein du moule omnibus et qu'il influença une ribambelle de cinéastes (la célèbre firme Amicus lors des années 60 et tous ces fleurons british incarnés avec classe, la série TV La 4è Dimension créée par Rod Serling, la série B méconnue La Poupée Diabolique de Lindsay Shonteff, la saga des Chucky, etc...), il s'avère néanmoins désuet à travers ses segments à la fois trop courts, timorés et finalement peu surprenants. Si bien que depuis de l'eau a coulé sous les ponts car d'autres modèles autrement plus créatifs et audacieux se sont réappropriés du concept avec beaucoup plus d'imagination, d'efficacité, de folie et de violence (on peut d'ailleurs citer Histoires d'outre-tombe, Frissons d'outre-tombe, Creepshow ou encore Trick or Treat en guise de parangons du genre). Pour autant, Au coeur de la Nuit vaut encore le détour à travers sa troisième histoire gentiment ludique, un brin fascinante (un miroir déformant la réalité auprès de son nouvel acquéreur poussera ce dernier à la folie criminelle), et surtout avec son ultime sketch proprement fascinant, j'ai nommé le Mannequin du Ventriloque (que Richard Attenborough poursuivra en format long quelques décennies plus tard avec son chef-d'oeuvre Magic endossé par le jeune et déjà talentueux Anthony Hopkins).


Car prenant pour thèmes le dédoublement de personnalité, la possessivité et la démence autour d'un enjeu professionnel suggérant la compétition d'un confrère, le Mannequin du ventriloque dégage un climat de folie irréel compromis par les sentiments fétides de domination perverse lorsqu'une poupée à l'éloquence sarcastique semble douée de vie sous l'impulsion de son maître à penser tirant ses ficelles vocales. Transi d'émoi, de contrariété et d'angoisse palpable à travers son visage humecté par l'alcool et ses yeux aussi exorbités que vaporeux, Michael Redgrave crève l'écran, provoque l'empathie, distille gêne et malaise auprès de sa condition torturée de se livrer à l'infernale soumission de sa création de porcelaine. A moins que toute cette mise en scène impayable découle de son esprit schizophrène de s'être adonné corps et âme à son don de ventriloque afin de contenter un large public intransigeant. Puissant, vertigineux, terrifiant et d'autant plus cruel quant à sa conclusion davantage sardonique, ce sketch glaçant n'a aujourd'hui rien perdu de son pouvoir de fascination sous l'impulsion d'une intensité dramatique escarpée eu égard de la tournure navrante des conséquences battis sur la jalousie, l'emprise de la folie et la peur de l'anonymat. Ainsi donc, rien que pour l'impact émotionnel qu'il suscite encore aujourd'hui sur notre conscience, Au coeur de la Nuit est à ne pas rater auprès de ce bouquet final littéralement anthologique, qui plus est renforcé d'une photo monochrome renforçant ainsi le vérisme de cette tragique confrontation entre un artiste et son double.

*Bruno
2èx 

lundi 7 octobre 2019

Le Jour de Gloire

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Jacques Besnard. 1976. France. 1h34. Avec Jean Lefebvre, Pierre Tornade, Darry Cowl, Robert Rollis, Pierre Doris, Corinne Lahaye, Jacques Marin, Chantal Nobel, Hans Verner.

Sortie salles France: 8 Décembre 1976

FILMOGRAPHIE: Jacques Besnard est un réalisateur, scénariste et producteur français né le 15 juillet 1929 au Petit-Quevilly (Seine-Maritime) et mort le 9 novembre 2013 à Boutigny-Prouais (Eure-et-Loir). 1966 : Le Grand Restaurant. 1967 : Estouffade à la Caraïbe. 1967 : Le Fou du labo 4. 1972 : La Belle Affaire ou Les marginaux. 1974 : C'est pas parce qu'on a rien à dire qu'il faut fermer sa gueule. 1975 : La situation est grave... mais pas désespérée. 1976 : Le Jour de gloire. 1976 : Et si tu n'en veux pas ou Joëlle et Pauline. 1978 : Général... nous voilà ! 1982 : Te marre pas ... c'est pour rire ! 1984 : Allo Béatrice (TV). 1985 : Hôtel de police (TV). 1988 : La Belle Anglaise (TV). 1990 : Le Retour d'Arsène Lupin (1 épisode). 1992 : Feu Adrien Muset (TV). 1994 : Avanti, téléfilm.


En dépit de ses trop rares occasions d'éclats de rire égayant une trame linéaire faiblarde (durant l'occupation, des villageois de la commune de Saint-Laurent sont contraints d'accueillir les Allemands à la suite de l'explosion terroriste de leur pont, quand bien même le facteur Grégoire tentera de solliciter l'aide des américains), Le Jour de Gloire bénéficie pour autant d'un rythme soutenu et d'un attachant casting (Jean Lefebvre, Pierre Tornade, Darry Cowl, Robert Rollis, Pierre Doris) pour trouver l'ensemble gentiment bonnard. A réserver toutefois à la génération 80 tant cette comédie franchouillarde surfant sur le filon de la Grande Vadrouille accuse le poids des années, alors qu'à l'époque elle cumula tout de même 1 991 801 entrées (12è au Box-Office).

*Bruno
2èx

vendredi 4 octobre 2019

Midsommar

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Ari Aster. 2019. U.S.A/Suède. 2h27. Avec Florence Pugh, Jack Reynor, William Jackson Harper, Will Poulter, Julia Ragnarsson, Anna Åström.

Sortie salles France: 31 Juillet 2019 (Int - 12 ans avec avertissement)

FILMOGRAPHIE: Ari Aster est un réalisateur, acteur et scénariste américain. Hérédité est sa première réalisation. 2018: Hérédité. 2019: Midsommar.


Sortir de la projo d'un film aussi singulier que Midsommar et tenter de relater sur papier ses chaudes impressions relève d'une ardue gageure tant le second long du surdoué Ari Aster m'a laissé en état de choc, de stupeur, de perplexité, de doute, de fascination, d'irritation, de désorientation, de malaise indicible. Un peu, beaucoup sonné, secoué, désarmé, amer, transi de fatigue morale, de par son aura anxiogène davantage dépressive, Midsommar demeure une expérience hallucinogène autour des rites d'une communauté païenne en harmonie/alchimie avec la nature et le sacrifice humain. Car à partir d'un pitch prévisible au schéma somme toute classique (durant leur villégiature, une bande de jeunes joue les anthropologues au sein d'une communauté hippie avant d'y être séquestrés, quand bien même la jeune fille qui les accompagne se remet difficilement de la mort de ses parents), Ari Aster plante lentement son décorum pour nous offrir une vraie proposition horrifique comme on en déniche rarement au sein du paysage cinématographique. Si bien qu'à travers son parti-pris fraîchement documenté, ce dernier s'efforce de capter, saisir, manipuler nos sens et nos émotions sous l'impulsion d'une pléthore d'images féeriques en contradiction avec les véritables agissements de sa communauté hérétique. Tant et si bien que son atmosphère malsaine, sous-jacente dans un premier temps, nous effleure subtilement les pores du visage afin de mieux nous ébranler ensuite vers sa progressive descente aux enfers dénuée de concession (et donc de happy-end).


Autant donc avertir fissa les amateurs non initiés, Midsommar divisera et déconcertera à coup une partie du public peu habité à ce genre d'expérience à la fois radicale et difficile d'accès, même certains d'entre eux connaissent sur le bout des ongles le chef-d'oeuvre British de Robin Hardy, The Wicker Man auquel le film s'inspire sans JAMAIS le remaker ! (je tiens à le surligner). Ainsi donc, en opposant les visions chocs de certaines scènes sanglantes ou autrement violentes parmi la présence limpide d'une communauté familiale accueillant ses hôtes avec un flegme paisible, Midsommar imprime un tel réalisme à l'écran naturaliste qu'il incommode le spectateur partagé entre l'interrogation, l'inexpliqué, le non-sens, la perplexité. Sa structure narrative cheminant autour des faits et gestes indécis de la vulnérable Dani en plein deuil parental, et donc facilement influençable (mais aussi terriblement expressive dans son malaise interne !) pour se laisser voguer par cette communauté séculaire sous l'impulsion de drogues psychédéliques. Ari Aster jouant notamment à merveille avec la distorsion d'images qu'il manipule à sa guise tel un alchimiste de l'apocalypse afin de confronter le spectateur à une angoisse aussi bien cérébrale que viscérale, à l'instar d'un bad trip que l'on ne parvient pas à extraire de soi. Son climat florissant faussement tranquille ne cessant de nous titiller la curiosité avec une amertume davantage craintive. Si bien que plus l'intrigue fétide progresse, plus le danger se fera plus explicite à coup d'échanges de regards, de cris et de silence communément complices, et ce avant de nous commotionner avec une ultime représentation emphatique nous distillant des émotions bipolaires.


Cintré, incongru, primitif et dérangé alors que son climat solaire de douce sérénité festoie autour de sourires frétillants, entre chants communautaires et danses païennes, Midsommar n'a comme ultime ambition que de distiller un malaise tangible auprès de l'appréhension du spectateur immergé dans un cauchemar onirique d'une rigueur naturaliste, eu égard de l'emprise sectaire jouant la fraternité avec un terrifiant aplomb commun. Que l'on adhère ou que l'on rejette cette proposition horrifique venue d'ailleurs, Midsommar laisse dans une partie de notre encéphale une moisson d'images chocs sublimement mises en scène, notamment de par son souci du détail rituel opéré en toute tranquillité au sein d'un Eden démonial. A revoir d'urgence pour en saisir toute sa substance faisandée ! 

Pour public averti si bien qu'il faut y être pleinement préparé afin d'apprécier à sa juste valeur l'expérience.

*Bruno

jeudi 3 octobre 2019

La rose pourpre du Caire. César du Meilleur Film Etranger, 1986.

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site ekladata.com

"The Purple Rose of Cairo" de Woody Allen. 1985. U.S.A. 1h22. Avec Mia Farrow, Jeff Daniels,
Danny Aiello, Dianne Wiest, Van Johnson, Zoe Caldwell, John Wood.

Sortie salles France: 29 Mai 1985. U.S: 1er Mars 1985.

FILMO: Woody Allen est un réalisateur américain, scénariste, acteur et humoriste américain, né le 1er décembre 1935 à New York. 


“Lorsque vous lui ouvrez la porte, la magie est partout.”
Qui n'a jamais rêvé un jour rencontrer en chair et en os sa star préférée du cinéma ? Mieux encore, et soyons donc plus fous ! Qui n'a jamais fantasmé pénétrer à l'intérieur de son film attitré ? Chef-d'oeuvre de féerie, d'humour et de romance jusqu'à plus soif, la Rose pourpre du Caire exauce nos souhaits les plus saugrenus à travers la chimère de la pellicule que Woody Allen met en exergue avec un sens onirique inusité ! Tant et si bien que certaines séquences hallucinées (les protagonistes du métrage en noir et blanc s'adressant au public et vice-versa, l'acteur principal s'extirpant de son film pour s'en aller rejoindre sa plus grande fan confinée dans la salle, quand bien même un peu plus tard cette dernière pénétrera à son tour en interne de la fiction) font peut-être partis des plus belles anthologies vécues sur une toile. Truffé d'invention, de drôlerie, de lyrisme, mais aussi entrecoupé de cruauté (si je me réfère surtout à sa radicale conclusion - pourtant censée - risquant d'en décevoir ou déprimer plus d'un !), la Rose pourpre du Caire donne le vertige, nous euphorise les sens sous l'impulsion de situations, quiproquos et revirements constamment imprévisibles. Si bien que sous couvert d'une romcom traitée durant l'obscure période de la crise de 29, Woody Allen nous prône une déclaration d'amour au cinéma à travers le regard ingénu d'une spectatrice avide de romance, de rêve et d'évasion, faute de sa condition d'exclusion. Car souffre-douleur tributaire de sa terne existence eu égard des maltraitances et de l'indifférence de son époux abusif,  Cecilia, serveuse de bar empotée noyée dans ses pensées, s'immerge après le taf dans la chimère de son film favori afin d'oublier sa lamentable solitude.


Irradiant l'écran de sa chétive présence filiforme, Mia Farrow nous ensorcelle d'émotions à travers l'intensité de son regard d'enfant si bien que son âme semble s'extraire de son enveloppe (factice) d'actrice. Un personnage malingre trop vulnérable car plein de fragilité, de timidité, de doute et d'angoisse de par sa frêle tentative de survivre, d'oser se faire une place dans une société draconienne livrée au chômage, au sexisme, à l'égoïsme, l'austérité et le machisme. Mais au-delà de sa puissante réflexion sur notre rapport (si) intime avec la fiction ainsi que le pouvoir et la magie du cinéma égratignant au terme la naïveté des spectateurs les plus influençables, La Rose Pourpre du Caire inonde l'écran de gags cocasses où le merveilleux, la poésie, l'enchantement et la tendresse s'y chevauchent afin de nous imprimer l'une des plus incroyables romance vues sur l'écran. Si bien qu'en guise de persuasion et de cerise sur le gâteau, je ne peux oublier de saluer l'interprétation (binaire) de Jeff Daniels en acteur explorateur habité par la fougue amoureuse auprès de sa plus fidèle fan. Là aussi, à travers son regard exaltant plein d'innocence, de fantaisie, de gentille maladresse et de tendresse, Woody Allen nous scande un magnifique portrait d'aventurier franc-tireur de par sa soif de goûter à la véritable existence en s'extirpant du métrage de carton pâte ! Et ce avant de nous ramener à la brutalité de la réalité auprès du véritable acteur l'ayant ainsi conçu. J'ai nommé Gil Shepherd, dandy rupin finalement insidieux quant à sa crainte grandissante de voir sa carrière sombrer dans la négligence et la faillite.


“Tous les changements, même les plus souhaités, ont leur mélancolie.”
Courez donc (re)voir La Rose pourpre du Caire et pleurez à jamais dans les bras de la mélancolique et douce rêveuse Cecilia. L'un des personnages les plus élégiaques, attendrissants et bouleversants vus sur un écran de cinéma au point d'y révéler Mia Farrow emblème de l'amour...

P.S: Pour l'anecdote subsidiaire, il s'agit du film préféré de Woody Allen.

*Bruno
2èx

Box Office France: 1 842 700 Entrées

Récompenses:
1985 : BAFTA du meilleur film et du meilleur scénario.
1985 : NYFCC Award du meilleur scénario.
1985 : Prix Léon Moussinac.
1986 : César du meilleur film étranger.
1986 : Bodil du meilleur film non européen.
1986 : BSFC Award du meilleur scénario.
1986 : Prix FIPRESCI du Festival de Cannes
1987 : Prix Mainichi du meilleur film en langue étrangère.

mardi 1 octobre 2019

Killer Klowns from outer space / Les Clowns tueurs venus d'ailleurs

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Killer Klowns from outer space" de Stephen Chiodo. 1988. U.S.A. 1h28. Avec Grant Cramer, Suzanne Snyder, John Allen Nelson, John Vernon, Michael Siegel.

Sortie salles U.S: 27 Mai 1988. France (uniquement en video): Mars 1991

FILMOGRAPHIEStephen Chiodo est un réalisateur, producteur, scénariste, acteur américain, né le 2 Mars 1954 dans le Bronx à New York, USA. 1988: Les clowns tueurs venus d'ailleurs.


Film culte s'il en est dans un format de série B bricolée, Killer klowns from outer space demeure à ce jour l'unique réalisation de Stephen Chiodo (épaulé de ses 2 frères en charge de scénariste et de producteur). Et on peut vraiment déplorer qu'il n'ait pas percé dans le genre horrifique tant ce dernier, jamais avare d'idées vrillées, nous livre un jeu de massacre aussi fun que débridé. Car à partir d'une intrigue linéaire exploitant une énième invasion extra-terrestre (symptomatique des années 50 !), Killer klowns from outer space joue la singularité des tartes à la crème et des numéros de prestidigitateurs que d'inquiétants clowns tuméfiés exercent contre une population rurale en proie à la stupeur et l'incompréhension. Ainsi, à travers leur volumineuse apparence volontiers grotesque et décalée, ces derniers provoquent autant la fascination qu'un sensible malaise à travers leurs exubérances sournoises de se gausser de leurs victimes sans une once de clémence ou de remord. Qui plus est renforcé d'un rictus diablotin avec leur large dentition démanchée et leur gros nez rouge masquant pour autant leur point faible (effet de surprise assuré, mais chut !).


Sardonique donc mais pour autant plaisamment cocasse et jamais malsain (le gore s'avère quasi absent de la pellicule !), Killer klowns... compte sur leurs exactions criminelles ininterrompues pour amuser le public venu à assister aux festivités d'un numéro de cirque du 3è type. A l'instar de ses amples décors de carton pâte tout droit sortis d'un dessin animé psychédélique, tant et si bien que les victimes dépaysées par ce dédale futuriste se laissent facilement bernées pour être ensevelies dans des cocons de barbe à papa en guise de garde-manger. D'autre part, de par sa formulation volontairement décomplexée, friponne et grotesque, il est étonnant de constater que les comédiens sobrement attachants ne sombrent jamais (ou si peu) dans le ridicule afin de créer un surprenant contraste et ainsi éviter la série Z de pacotille. Tant auprès de leur parcours de survie, de leur condition de chair à pâté ou du périple héroïque qu'un jeune couple redouble en s'efforçant d'avertir et de convaincre deux flics entêtés.


Complètement autre, doucement inquiétant et démentiel, notamment auprès de la disparité de ses décors festoyants, Killer Klowns from outer space demeure un régal d'originalité à travers sa pluralité de séquences-chocs en filiation avec nos souvenirs infantiles ! Tant et si bien que l'on se laisse immédiatement embarquer dans cette 4è dimension cartoonesque sous l'impulsion de clowns humanoïdes étonnamment tumultueux à travers leur magnétisme mutique ! 

*Bruno
3èx 
01.10.19
28.03.03