mercredi 9 octobre 2019

House of sand and fog

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Vadim Perelman. 2003. U.S.A. 2h06. Avec Jennifer Connelly, Ben Kingsley, Ron Eldard, Frances Fisher, Kim Dickens, Shohreh Aghdashloo.

Sortie salles France: 13 Mai 2004 (uniquement au marché du Film du Festival de Cannes). U.S: 26 Décembre 2003.

FILMOGRAPHIE: Vadim Perelman est un réalisateur et producteur russo-américain né le 8 septembre 1963 à Kiev (Ukraine). 2003 : House of Sand and Fog. 2008 : La Vie devant ses yeux. 2016 : Yolki 5.


Drame psychologique mâtiné de mélo sous le pilier d'une partition envoûtante, House of sand and fog fut ignoré de nos salles chez nous en dépit de sa projection au marché du film du Festival de Cannes. Et donc j'imagine que les distributeurs ont probablement été effrayés par le nihilisme de son final effroyablement dépressif pour oser le faire connaître auprès du grand public. Car délibéré à châtier tous ces protagonistes au grand dam d'un enjeu matérialiste (expulsée de chez elle à la suite d'une erreur des impôts, Kathy tente de récupérer la demeure de son père face au refus drastique de son nouveau propriétaire d'origine iranienne), le réalisateur privilégie une intensité dramatique en crescendo afin d'ébranler le spectateur finalement déconcerté par tant d'aigreur et de pessimisme. Mais au-delà des effets de surprise de son final mélodramatique franchement discutable, car à mon sens plombé par sa sinistrose infructueuse, (pour ne pas dire illogique), House of sand and fog bénéficie d'une intrigue solide entièrement bâtie sur la confrontation psychologique entre une jeune solitaire en perdition et un père de famille pratiquant, déterminé à subvenir aux besoins de sa famille en tablant sur la plus-value de sa nouvelle bâtisse.


Au centre de ce duo houleux où chacun tente de défendre son bout de territoire avec acharnement et désespoir, un shérif épris d'affection pour Kathy jouera les redresseurs de tort avec une maladresse préjudiciable. Constamment captivant de par son intrigue charpentée et surtout porté à bout de bras par les compositions talentueuses de Jennifer Connely en ange déchu épuisée par la solitude et la déveine, de Ben Kingsley en époux aussi prévenant qu'abusif avide de combler sa famille, et de Ron Eldard en shérif vindicatif d'autant plus contrarié par sa double liaison conjugale, House of sand and fog plante son intrigue et ses personnages autour d'une mise en scène posée préconisant les huis-clos intimistes (ceux des 2 couples susnommés). Sa densité narrative émanant également de l'évolution de ces personnages anti-manichéens se démenant comme ils peuvent à défendre leur position avec autant d'autorité que de fragilité. Ainsi, compromis par leurs sentiments d'orgueil matérialiste et pécuniaires (aussi compréhensifs soient leur combat pour la justice puis celui de la réussite sociale et familiale), ces derniers vont peu à peu céder à leur valeur d'empathie en se prêtant mutuellement main forte depuis l'incidence de circonstances fortuites.


Sur ce point, là aussi House of sand and fog fait mouche si bien qu'il est impossible d'anticiper les évènements orageux, d'autant plus que le réalisateur élude l'outrance sentimentale (ou alors si peu) afin d'émouvoir le spectateur impliqué dans cet improbable enjeu matérialiste. Les comédiens, sobrement poignants, ne débordant jamais dans leur condition morale malmenée, tant et si bien que l'on s'attache à leurs blessures intimes sans oser prendre parti pour qui que ce soit dans leur conflit d'ego ou d'intérêt à la fois financier et familial (notamment auprès de l'héritage de Kathy afin d'honorer son père). D'où l'intensité sobrement ressentie auprès de ce drame psychologique nouant brillamment les profils sentencieux de ces protagonistes effleurant pour autant l'issue de résolution lors d'un moment propice de remise en question. Et ce avant que Vadim Perelman ne vienne tout foutre en l'air pour brutaliser/phagocyter ses protagonistes lors d'un final tragique dénué de rédemption et de logique selon mon jugement de valeur. Aussi limpide et bénéfique soit son manifeste contre le matérialisme et la prospérité financière ! Et c'est fichtrement dommage car House of sand and fog avait au préalable assez d'arguments fiables et solides pour satisfaire le spectateur auprès d'un happy-end autrement noble, censé et légitime.

*Bruno

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