jeudi 13 février 2020

Moon. Prix du Jury, Gérardmer 2010.

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Duncan Jones. 2009. U.S.A. 1h37. Avec Sam Rockwell, Robin Chalk, Kevin Spacey, Dominique McElligott, Kaya Scodelario.

Sortie France: uniquement en Dvd et BR: 16 Juin 2010

FILMOGRAPHIEDuncan Zowie Haywood Jones est un réalisateur et scénariste anglais, né le 30 mai 1971 à Beckenham dans le Bromley. 2009 : Moon. 2011 : Source Code. 2016 : Warcraft : Le Commencement. 2018 : Mute.


Honteusement inédit en salles chez nous si on occulte son exploitation dans divers festivals si bien qu'il repartit avec quelques trophées (Prix du jury, Prix du public, Prix de la Critique à Gérardmer, 1er Prix à strasbourg), Moon fait l'objet d'un uppercut moral sitôt son générique clôt. Car traitant des thèmes du clonage, de la solitude, de la routine, de la quête identitaire et de l'exploitation du prolétaire, Moon emprunte la démarche de la série B modeste sous couvert d'une science-fiction intimiste d'une riche épaisseur psychologique. Et ce en dépit d'un climat schizo quelque peu déconcertant quant à l'ambiguïté de son 1er acte pour autant captivant car chargé en mystère lattent et non-dit. Quasi irracontable, notamment faute de la complexité (délibérée) de ses 3 premiers quarts-d'heure, Moon relate l'impossible retour sur terre de Sam. Un employé de la société Lunar contraint d'y extraire de l'hélium, faute d'une crise énergétique sur Terre.


Ainsi, exilé 3 ans durant sur une station lunaire avec comme unique compagnie Gerty, robot doué de parole, Sam compte sur les prochaines retrouvailles avec sa femme afin de canaliser sa solitude. Celui-ci parvenant en intermittence à communiquer avec elle par vidéophone. D'une émotion fragile éminemment cruelle, eu égard du profil davantage souffreteux de Sam en proie aux hallucinations, à la maladie et à une mélancolie capiteuse (notamment faute des rapports discrètement discordants avec sa conjointe), Moon nous laisse aphone auprès de sa trajectoire narrative embrayant sur le "désespoir de cause". Car endossé par un Sam Rockwell transi de langueur à travers son humanisme chétif, Moon s'avère un redoutable chemin de croix quant à ses rebondissements escarpés à faible lueur d'espoir. Duncan Jones magnifiant sa scénographie spatiale à l'aide de décors plus vrais que nature et d'une partition mélodique sensitive afin d'accompagner l'amitié naissante entre 2 clones à sensibilité distincte. C'est dire l'émotion prude qu'il parvient à nous traduire autour de ces derniers tentant de défricher les tenants et aboutissants de leur fonction avec autant d'amertume que de révolte interne.


Requiem pour un ange apatride.
Véritable cri d'alarme contre le clonage humain et l'exploitation ouvrière auprès de nos élites vénales, poème bouleversant sur le sentiment de déréliction que l'on éprouve faute d'une routine dénuée de temporalité, Moon possède un âme et un coeur pour tenir lieu de l'insoutenable désespoir d'un esclave des temps stellaires condamné à errer dans l'abysse avec toutefois une lueur de chaleur humaine. Un grand moment de cinéma d'une intensité élégiaque éprouvante si bien que Duncan Jones (qui n'est autre que le fils de David Bowie) y imprime sa patte personnelle avec une dignité sans fard. 

*Bruno
13.02.20
2èx

Récompenses:
- Grand prix du jury, Prix du Public, Prix de la Critique aux Utopiales 2009.
- Prix du « Best British Independent Film » (meilleur film indépendant britannique) et le prix « the Douglas Hickox Award » en 2009 aux BIFA (the British Independent Film Awards)5.
- Prix Spécial du réalisateur pour un premier film, BAFTAS.
- 1er Prix à Strasbourg
- Prix du jury, Prix du public au Festival du film fantastique de Gérardmer 2010.

mercredi 12 février 2020

Hell Night

                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Tom DeSimone. 1985. U.S.A. 1h41. Avec Linda Blair, Vincent Van Patten, Peter Barton, Suki Goodwin.

Sortie salles France: 15 Décembre 1982 (sortie limitée). U.S: 28 Août 1981

FILMOGRAPHIETom DeSimone est un Américain réalisateur, scénariste, producteur et éditeur américain  né en 1939. 1988: Angel III. 1986 Les anges du mal 2. 1985 Bi-bi Love. 1985 Bi-Coastal. 1984 Les rues de l'enfer. 1982 Skin Deep. 1982 Quartier de femmes. 1981 Une nuit infernale. 1980 The Dirty Picture Show. 1980 Wet Shorts. 1979 Gay Guide to Hawaii. 1979 Gettin' Down. 1979 The Idol.  1978 Hot Truckin' .1977 The Harder They Fall. 1977 Heavy Equipment . 1977 Le sexe qui chante.  1975 Catching Up. 1975 Histoire d'homme. 1974 Bad, Bad Boys. 1974 Duffy's Tavern. 1974 Everything Goes. 1974 Station to Station. 1973 Black Heat. 1973 Games Without Rules. 1973 Sons of Satan. 1973 Swap Meat. 1973 The Classified Caper. 1973 Erotikus: A History of the Gay Movie. 1972 Chained. 1972Prison Girls. 1971/IIAssault.  1971 Confessions of a Male Groupie. 1971 Lust in the Afternoon. 1970 Dust Unto Dust. 1970 How to Make a Homo Movie. 1970 The Upstairs Room. 1970 The Collection. 1968 Terror in the Jungle.


On ne peut pas faire sortir du sang d'un navet !
Désolé s'il y a des fans dans la salle, mais selon mon jugement de valeur, Hell Night fut un supplice d'1h42. Assurément l'une des pires expériences horrifiques de ma vie que j'ai osé reluquer en guise de curiosité, à l'instar de la bouille d'hamster de Linda Blair. Bref, sous couvert de psycho-killer gothique, Hell Night demeure l'archétype de la vacuité, ou du néant, c'est selon.

*Bruno

mardi 11 février 2020

La Maison des Ombres. Prix du Jury, Gerardmer 2012.

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Nick Murphy. 2011. Angleterre. 1h47. Avec Dominic West, Rebecca Hall, Lmelda Staunton, Lucy Cohu, John Shrapnel, Diana Kent, Richard Durden, Alfie Field, Tilly Vosburgh, Ian Hanmore, Cal Macaninch.

Sortie directement en Dvd et Blu-ray en France: 6 Mars 2012. Angleterre: 11 Novembre 2011

FILMOGRAPHIENick Murphy est un réalisateur, scénariste et producteur anglais.
2011: La Maison des Ombres. 2012: Blood.
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La Maison des Ombres constitue la première oeuvre d'un réalisateur néophyte anglais surfant sur le mode de la traditionnelle ghost story (à l'instar de l'excellent Woman in Black tourné la même année). En compétition à Gérardmer en 2012, il repart avec les honneurs avec trois prix (voir fin d'article) quand bien même à Bruxelles il se voit décerner le Corbeau d'ArgentLe pitchDans l'Angleterre des années 20, une démystificatrice de phénomènes paranormaux est recrutée dans un pensionnat pour tenter de rassurer les écoliers effrayés à l'idée qu'un spectre infantile perdure à les persécuter. Le climat ombrageux est d'autant plus éloquent parmi les enfants que l'un de leur camarade vient de trépasser dans de mystérieuses conditions. Pour son 1er essai derrière la caméra, outre son talent de conteur inné au sein d'une trajectoire scrupuleuse, on peut notamment compter sur la direction d'acteurs de Nick Murphy à travers leur caractérisation psychologique aussi dense que fouillée. Surtout lorsqu'il s'agit de s'y remémorer un passé à la fois obscur et traumatique. Ainsi, sans chercher à rendre effrayante une Ghost story vintage nantie d'une photo désaturée (la pâleur du pensionnat contraste avec la verdure du parc naturel feutré), La Maison des Ombres mise efficacement sur l'énigme du mystère lattent.


Le suspense savamment instillé et l'intérêt grandissant des rebondissements dramatiques parvenant sobrement à nous tenir en haleine jusqu'au bouleversant point d'orgue funèbre. L'intensité implacable du récit émanant principalement du personnage de Florence Cathcart, (Rebecca Hall, d'une force d'expression à la fois sereine et contrariée avant de céder à ses pulsions d'affolement). Une scientifique cartésienne experte dans l'art d'usurper les charlatans pratiquant le spiritisme de pacotille afin d'exproprier les familles désunies. Mais le jour où elle se retrouve confrontée à un véritable spectre tapi derrière les murs d'un étrange internat, son scepticisme inflexible volera en éclat afin de mettre à rude épreuve sa rationalité. De fil en aiguille, au fil des apparitions surnaturelles (dénuées de fioriture !), florence va peu à peu perdre pied avec la réalité pour se retrouver embarquée dans un tourbillon de violences cinglantes où morts et vivants cohabitent communément. Mais au-delà de l'aspect ludique de son intrigue à suspense davantage psychotique, le réalisateur en profite en background pour dénoncer les méthodes drastiques employées par les enseignants contre les écoliers en guise de châtiment, ainsi que les traumas imposés aux preux soldats de la 1ère guerre envoyés au front et revenus d'entre les morts en gardant de lourdes séquelles morales (je songe au profil à la fois discret et taiseux de Robert Malory formidablement endossé par l'imposant Dominic West à travers sa carrure trapus).


Sans révolutionner le genre mais avec un évident désir d'y honorer le genre sans fard, La maison des Ombres s'avère remarquablement convaincant. Tant auprès de sa formalité épurée que de son cast charismatique afin de s'attendrir d'une Ghost story torturée culminant sa révélation auprès d'une spiritualité rédemptrice. La Maison des Ombres se permettant finalement d'y déclarer un révérant hommage aux chers disparus afin de ne jamais les omettre de par le parfum de l'âme que constitue le souvenir. Dédié à la passion des sentiments et à la fidélité de l'amour à travers le profil borderline d'une investigatrice en proie au poids de la solitude et à l'oubli contre son gré, La Maison des Ombres conjugue angoisse, mystère et émotions prudes quant à l'empathie éprouvée pour une tragique réminiscence. L'oeuvre intime, à la fois réaliste, délicate et si fragile, parvenant même à nous donner envie de croire à l'ectoplasme à travers sa vibrante interrogation sur la probable vie après la mort. 

Récompenses à Gérardmer 2012Prix Spécial du Jury (ex-aequo Beast), Prix du Jury Jeunes de la région Lorraine, Prix du Jury SyFy Universal.
Bruxelles 2012: Corbeau d'Argent.

*Bruno
11.02.20
15.03.12. 146

lundi 10 février 2020

A couteaux tirés

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Knives Out" de Rian Johnson. 2019. U.S.A. 2h10. Avec Daniel Craig, Chris Evans, Ana de Armas, Jamie Lee Curtis, Toni Collette, Don Johnson, Michael Shannon.

Sortie salles France: 27 Novembre 2019

FILMOGRAPHIE: Rian Johnson est un scénariste et réalisateur américain, né le 17 décembre 1973 à Silver Spring (Maryland). 2002 : The Psychology of Dream Analysis. 2005 : Brick. 2008 : Une arnaque presque parfaite. 2012 : Looper. 2017 : Star Wars, épisode VIII : Les Derniers Jedi. 2019: À couteaux tirés.


Satire féroce contre la cupidité et l'hypocrisie du point de vue d'une classe aristocrate, A couteaux Tirés demeure un excellent whodunit sous l'impulsion d'un cast aux p'tits oignons. Qui plus est, derrière son intrigue charpentée rondement menée; on se prend d'empathie pour le joli portrait de femme candide imparti à la domestique en proie au terrible dilemme. Celui d'y trafiquer la vérité afin de taire sa fausse culpabilité, en concertation avec la victime. Le récit se divisant en 2 parties. D'une part, Martha tente de cacher les preuves de sa mise en scène. De l'autre, elle se résigne à dévoiler la vérité à la police au profit du détective fin limier. Et bien que certains rebondissements soient prévisibles (la lègue du testament) et que l'intrigue ne soit pas si subtile qu'escomptée, A couteaux tirés remplit honorablement le cahier des charges sous le moule d'un divertissement hollywoodien fringant (humour sarcastique à l'appui au sein d'un climat familial discordant davantage tempétueux).

*Bruno

vendredi 7 février 2020

L'Oeil du Labyrinthe

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"L'occhio nel labirinto"de  Mario Caiano. 1972. Italie/Allemagne de l'Ouest. 1h35. Avec Rosemary Dexter, Adolfo Celi, Alida Valli, Horst Frank, Sybil Danning, Franco Resse.

Sortie salles Italie: 24 Mars 1972

FILMOGRAPHIEMario Caiano, né le 13 février 1933 à Rome, décédé le 20 septembre 2015 dans la même ville, est un réalisateur italien. 1961 : Ulysse contre Hercule. 1963 : Goliath et l'esclave rebelle. 1963 : Le Signe de Zorro. 1964 : La Griffe du coyote. 1964 : Maciste et les 100 gladiateurs. 1964 : La Fureur des gladiateurs. 1964 : Mon colt fait la loi. 1965 : Les Amants d'outre-tombe. 1965 : Erik, le Viking. 1967 : Ombres sur le Liban. 1968 : Un train pour Durango. 1968 : Son nom crie vengeance. 1972 : Shangaï Joe. 1972 : L'Œil du labyrinthe. 1973 : I racconti di Viterbury - Le più allegre storie del '300. 1975 : ...a tutte le auto della polizia...1976 : Milano violenta. 1977 : Assaut sur la ville. 1977 : Antigang. 1977 : Nazi Love Camp 27. 1980 : Ombre. 1988 : Nosferatu à Venise. 1993: Moscacieca (téléfilm). 1999 : Il presepe napoletano. 2000: Per amore per vendetta (téléfilm).


Une belle surprise que ce curieux Whodunit tropical aussi magnétique qu'attachant !
Que voici un intéressant Giallo plutôt méconnu dans nos contrées, tant et si bien qu'il reste à ce jour inédit sous support numérique au grand dam des fans indéfectibles. Réalisé par l'habile artisan Mario Caiano (Assaut sur la ville, Shangaï Joe et surtout les Amants d'outre-tombe, excusez du peu !), l'Oeil du Labyrinthe opte pour le Whodunit à travers la houleuse investigation de Julie à la recherche de son amant disparu lors de circonstances inexpliquées. Car à la suite d'un cauchemar morbide au cours duquel Lucas est assassiné de sang froid par un mystérieux assassin, Julie décide de se laisser guider par l'agenda de celui-ci avant de rencontrer le directeur d'un orphelinat lui conseillant de visiter une villa côtière fréquentée par des convives interlopes. Amorçant son intrigue par un meurtre graphique assez croquignolet, l'Oeil du Labyrinthe reste ensuite bien sage au niveau des homicides qui tâchent, tant et si bien qu'il faudra patienter jusqu'au dernier quart d'heure afin de retrouver ce goût frelaté pour une violence malsaine de par sa complaisance assumée typiquement transalpine. Vous voilà donc prévenus amateurs de gore faisandé ! Pour autant, et avant de faire grise mine, laissez vous plutôt guider par la belle Julie jouant les investigatrices en y fréquentant des machistes pervers, des femmes rancunières, des drogués et autre déficient afin de lever le voile sur le mystère "lucas" que toute l'assemblée fréquentait paradoxalement !


Thriller à suspense donc aussi bien attachant que fascinant de par son climat d'étrangeté solaire que Caiano exploite habilement à travers le cadre exigu d'une villa implantée auprès d'un cadre exotique, l'Oeil du Labyrinthe s'avère magnétique sous l'impulsion d'un casting perfectible pour autant sincère à travers leurs profils indicibles. L'intérêt du récit résidant bien évidemment auprès de notre interrogation du fameux coupable tout en s'efforçant de saisir les agissements (si) naïfs d'une gourde facilement influençable. La ravissante Rosemary Dexter (au teint basané !) endossant le rôle de Julie avec une mine chétive sensiblement lascive auprès d'un tempérament (trop) vulnérable. D'ailleurs, de par son jeu gentiment discret et ses rebondissements équivoques parfois un tantinet tirés par les cheveux, on redoute que son épilogue soit rapidement bâclée au profit d'un argument éculé. Que nenni ! Le réalisateur ayant pris soin de bien planifier son récit jusqu'à l'ultime quart-d'heure révélateur démontrant de manière aussi limpide qu'explicative les mobiles de l'assassin et ses tenants et aboutissants cérébraux.


Histoire d'amour passionnelle efficacement contée autour d'un cadre côtier sensiblement envoûtant auquel évolue une galerie de personnages suspicieux assez portés sur la luxure (le réalisateur multipliant de manière autonome les cadrages alambiqués ou géométriques, notamment pour tenir compte de la fragilité névrosée de l'héroïne), l'Oeil du Labyrinthe ne déçoit pas pour qui apprécie les thrillers horrifiques spécialement transalpins à travers leur parfum de souffre morbide. 

*Bruno

mercredi 5 février 2020

Uncut Gems

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Joshua et Ben Safdie. 2019. U.S.A. 2h15. Avec Adam Sandler, Eric Bogosian, Lakeith Stanfield, Idina Menzel, Judd Hirsch.

Diffusion Netflix: 31 Janvier 2019

FILMOGRAPHIE: Les frères Joshua Safdie et Ben Safdie sont des réalisateurs américains. 2008 : The Pleasure of Being Robbed. 2009 : Lenny and the Kids. 2014 : Mad Love in New York. 2017 : Good Time. 2019 : Uncut Gems.


Coup double pour les frères Safdie car après s'être fait révélé par l'électrisant Good Time, les voici à nouveau réunis pour y parfaire 2 ans plus tard un nouvel uppercut expérimental, Uncut Gems  estampillé Netflix. Tant et si bien qu'à la sortie de la projo, on reste aussi bien démuni qu'estomaqué par son dénouement escarpé en se questionnant sur pareille audace narrative. Et pourtant, tout semble après tout fatal lorsqu'un joueur invétéré multiplie une ultime fois les risques inconsidérés afin d'emporter la mise. Mais à quel prix ? Transcendé du jeu viscéral d'Adam Sandler quasi méconnaissable en loser à la fois instable et paumé, ce dernier donne chair à ce personnage vulnérable avec une vérité humaine névralgique. Dans la mesure où son épreuve de force moral perpétuellement impitoyable se répercute sur notre psyché surmenée de par l'avalanche de bévues qu'il encaisse pour l'enjeu d'une opale à grande valeur. Car délibéré à empocher la somme d'1 million dollars après l'avoir consignée auprès d'une vente aux enchères, Kevin Garnett tentera de récupérer son bien passé entre les mains d'un éminent basketteur fasciné par l'objet natif d'Ethiopie. Mais pour corser la donne, le beau-frère de Garnett et ses acolytes mafieux sont également sur le qui vive à s'approprier le magot en suivant les faits et gestes de Garnett.


Quand bien même son ex en instance de divorce et sa nouvelle petite amie ont bien du mal à gérer son instabilité en roue libre au fil d'un périple vertigineux filmé à la manière d'un thriller épileptique. Car filmé dans un sentiment d'urgence au sein d'une métropole new-yorkaise dpcumentée, Uncut Gems irrite, grise, enivre, surmène, palpite nos nerfs avec un brio technique étourdissant (notamment auprès de ses travellings circulaires pour y autopsier les réactions des truands d'un charisme strié). Car véritable vortex émotionnel autour des déambulations de ce jouailler endetté, Uncut Gems nous hypnotise l'attention avec une intensité difficilement gérable. Si bien qu'à certaines occasions de stress généralisé, nous éprouvons un malaise cérébral à contempler ses récurrentes prises de tête entre rivaux vénaux; notamment lorsque son entourage ne cesse de le dénigrer et de le railler sans clémence. Les frères Safdie explosant les codes pour mieux nous ébranler (impossible d'anticiper l'action prochaine !) au sein d'une disparité des genres (thriller, policier, drame psychologique, humour et enfin romance s'entrechoquent en toute autonomie). Et à ce niveau expérimental, on reste autant ébaubi par l'emploi de sa bande-son dissonante. Une partition électro souvent en décalage avec l'action illustrée mais pour autant assortie des personnalités inusitées des cinéastes parvenant à imprimer leur marque avec un goût pour la provocation gouailleuse et l'absurdité. Et ce tout en faisant preuve d'une belle humanité pour ce loser influent, ballotté tous azimuts par un entourage fébrile corrompu par le gain.


Expérience de cinéma autre en proie à un ultra-réalisme parfois difficilement supportable (pour l'expression faussement avenante du jouailler borderline en quête désespérée d'aspiration et d'évasion); Uncut Gems triture nos nerfs, nos attentes et nos réflexions à l'aide d'une dramaturgie bipolaire. Un vrai film Mad dont on sort lessivé et aphone.  

*Bruno

Defendor

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Peter Stebbings. 2009. U.S.A/Canada/Angleterre. 1h41. Avec Woody Harrelson, Elias Koteas, Michael Kelly, Sandra Oh, Kat Dennings, Clark Johnson, Lisa Ray.

Sortie en Dvd France: 11 Mai 2010. Salle limitée U.S: 26 Février 2010

FILMOGRAPHIEPeter Stebbings est un acteur, réalisateur et scénariste canadien, né le 28 février 1971 à Vancouver, en Colombie Britannique. 2010 : Defendor. 2013 : Empire of Dirt.


Modeste série B passée inaperçue à sa sortie si bien qu'en France il est directement commercialisé en Dvd, Defendor aborde les codes du film de super-héros sous couvert thérapeutique eu égard des déficiences d'Arthur Poppington interrogé par sa psychiatre durant sa détention en prison. C'est de cette manière dépouillée que le récit débute avant de nous illustrer ses bravoures punitives puisque délibéré à appréhender un éminent trafiquant de drogue qu'il surnomme le "capitaine entreprise" et qu'il accuse commanditaire de la mort de sa mère. D'ailleurs, le réalisateur en profitera via flash-back d'évoquer son enfance meurtrie, faute de démission maternelle. Sans jamais daigner transcender le genre, Peter Stebbings opte donc pour un parti-pris humaniste en la solide présence de Woody Harrelson plutôt sans fard à nous attacher à son personnage d'olibrius fermement convaincu de nettoyer la délinquance urbaine dans le corps pugnace du Defendor.


Tout du moins, et pour se donner une raison d'exister en y aidant son prochain, c'est sa ferme conviction d'endosser cette double personnalité dans sa risible panoplie de super-héros ébène (il est affublé de vêtements noirs et d'un casque protecteur) arpentant les quartiers malfamés à l'aide de gadgets de fortune (projectiles de billes ou de guêpes après s'être échappées d'un verre et batte de baseball qu'il empoigne pour intimider ses adversaires à défaut d'arme à feu qu'il répugne). Ainsi, sans jamais céder à une action homérique (raison probable pour laquelle il fut banni des salles dans divers pays), l'intrigue nous retranscrit avec facétie ses tentatives infructueuses d'alpaguer cette sphère criminelle avec l'aide amiteuse d'une junky qui parvint plus tôt à le sauver lors d'une altercation avec un flic ripou et ses complices. Et c'est bien là le point le plus intense de l'intrigue quant à leur relation amicale fondée sur la simplicité des sentiments de par leur solitude commune à se confier sur leurs tourments parentaux. Et donc, à travers le thème de la démission parentale,  Defendor parvient à faire vibrer la corde sensible avec une modeste émotion empathique. Et ce même si le dénouement tranché s'avère très émouvant dans la retranscription de leurs sentiments à la fois torturés et éplorés sous l'impulsion d'un jeu d'acteurs modérément affecté.


Divertissement bonnard modestement attachant grâce à la complémentarité du duo Woody Harrelson / Elias Koteas, Defendor y retranscrit avec simplicité, tendresse, humour, émotion puis une certaine gravité ces profils marginaux en quête de catharsis de par leur trauma infantile destitué de pivot familial. 

*Bruno
2èx

vendredi 31 janvier 2020

6 Femmes pour l'Assassin

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Sei Donne per l'Assassino / Blood and Black Lace" de Mario Bava. 1964. Italie. 1h29. Avec Cameron Mitchell, Eva Bartok, Tomas Reiner, Ariana Gorini, Dante Di Paolo, Mary Arden, Franco Ressel, Luciano Pigozzi, Massimo Righi, Lea Lander, Francesca Ungaro.

Sortie salles France: 30 Décembre 1964

FILMOGRAPHIE:  Mario Bava est un réalisateur, directeur de la photographie et scénariste italien, né le 31 juillet 1914 à Sanremo, et décédé d'un infarctus du myocarde le 27 avril 1980 à Rome (Italie). Il est considéré comme le maître du cinéma fantastique italien et le créateur du genre dit giallo. 1946 : L'orecchio, 1947 : Santa notte, 1947 : Legenda sinfonica, 1947 : Anfiteatro Flavio, 1949 : Variazioni sinfoniche, 1954 : Ulysse (non crédité),1956 : Les Vampires (non crédité),1959 : Caltiki, le monstre immortel (non crédité),1959 : La Bataille de Marathon (non crédité),1960 : Le Masque du démon,1961 : Le Dernier des Vikings (non crédité),1961 : Les Mille et Une Nuits,1961 : Hercule contre les vampires,1961 : La Ruée des Vikings, 1963 : La Fille qui en savait trop,1963 : Les Trois Visages de la peur, 1963 : Le Corps et le Fouet, 1964 : Six femmes pour l'assassin, 1964 : La strada per Fort Alamo, 1965 : La Planète des vampires, 1966 : Les Dollars du Nebraska (non cédité), 1966 : Duel au couteau,1966 : Opération peur 1966 : L'Espion qui venait du surgelé, 1968 : Danger : Diabolik ! , 1970 : L'Île de l'épouvante ,1970 : Une hache pour la lune de miel ,1970 : Roy Colt e Winchester Jack, 1971 : La Baie sanglante, 1972 : Baron vampire , 1972 : Quante volte... quella notte, 1973 : La Maison de l'exorcisme, 1974 : Les Chiens enragés,1977 : Les Démons de la nuit (Schock),1979 : La Venere di Ille (TV).
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Un an après La fille qui en savait trop, thriller néophyte ayant fondé les bases du GialloMario Bava récidive avec 6 Femmes pour l'Assassin pour renchérir en novateur esthéticien à travers une incroyable palette de couleur rutilantes. Si bien qu'à contrario de la photo monochrome de son 1er essai susnommé, il emploie ici la couleur rouge sang afin d'exacerber une facture visuelle à la fois baroque et surréaliste. Ce joyau gothique allait dès lors s'imposer de manière plus épurée pour révéler au public un nouveau genre fétichiste à mi-chemin du fantastique. Le pitchA Rome, dans les ateliers d'une célèbre maison de couture, un mystérieux assassin décime une à une leurs employées vulnérables. De gentes demoiselles y sont donc la cible depuis que le journal intime de la première victime dévoila des révélations compromettantes contre celles-ci. La police, impuissante, patine, alors que dehors le meurtrier continue d'appliquer ses horribles méfaits dans l'impunité. Dès le préambule, plan rapproché vers une fontaine de jouvence ornée de sculptures, le climat d'étrangeté onirique est donné. Si bien que cette oeuvre fastueuse affichera constamment une nuance irréelle chargée de fantasmagorie baroque. Cinq minutes plus tard, un meurtre brutal vient d'avoir lieu dans la cavité d'une forêt crépusculaire échappée d'un conte de fée. Un crime odieux d'une rare violence est perpétré par un tueur ganté et masqué. Tant et si bien que l'on s'étonne encore aujourd'hui de la brutalité de son exaction dénuée de concession.


Ainsi, à travers cette scénographie à la fois criminelle et fantasque on peut distinguer à proximité du cadavre un massif de fleurs caressées par la fraîcheur du vent nocturne. Des scènes aussi lumineuses et funestes, Six Femmes pour l'assassin en regorge un florilège parmi l'éventail de détails insolites d'une fulgurance picturale. De par les déambulations de demoiselles tourmentées parties se réfugier dans des demeures gothiques truffées de sculptures ornementales. Car ici, rien n'est laissé au hasard chez le formaliste Mario Bava avisé à y transfigurer son atmosphère opaque auprès d'une série d'homicides d'un réalisme couillu. L'atmosphère macabre aux lisières du fantastique, ses éclairages criards et le climat angoissant alternant inquiétude et stupeur autour de meurtres à la fois sadiques et sauvages (tant osés pour l'époque) convergent au suspense cauchemardesque. Qui plus est, et de manière hypnotique, on se passionne autant de sa richesse narrative assez cynique et entremêlée de fausses pistes afin de mieux nous étourdir. Outre la sobriété des comédiens (Cameron Mitchell,  formidable de présence austère, Eva Bartok, ténébreuse et envoûtante dans sa discrétion taiseuse), un défilé galant de comédiennes italiennes nous enivre la vue avant les effronteries du tueur aux aguets de leurs déplacements erratiques. On notera d'ailleurs par le biais de cet icône criminel son accoutrement spécialement funèbre (pardessus d'un noir corbeau) comme si ce dernier dénué d'identité jouait au "fantôme" à l'aide d'un bas blanc lui recouvrant le visage !


Et la mort apporta la douleur.
Bercé d'une musique Jazzy de Carlo Rustichelli plutôt inattendue pour le genre (bien qu'étonnamment idoine !), Six Femmes pour l'Assassin demeure l'archétype du Giallo expressionniste par le biais d'une fulgurance baroque d'une inventivité métronome. Outre l'attrait magnétique de sa foisonnance irréelle et le charisme de son cast y opposant la virilité de machistes avec la chétive élégance des couturières, son ossature narrative génialement perfide nous captive avec un sens du suspense émoulu. Tant et si bien que la machination criminelle fera école chez Argento afin d'y parfaire son chef-d'oeuvre les Frissons de l'Angoissetout en y imprimant sa patte expérimentale fondée sur le faux-semblant ! 2 chefs-d'oeuvre inoxydables d'une puissance esthétique et cérébrale exclusivement italienne. 

NOTE:  Six Femmes pour l'assassin a été monté avec l'aide de compagnies française et surtout allemandes puisqu'il s'agit d'une coproduction avec l'Allemagne de l'Ouest.

* Bruno
31.01.20. 5èx
14.12.10. 505 v



jeudi 30 janvier 2020

Centre terre, septième continent

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com 

"At the Earth's Core" de Kevin Connor. 1976. Angleterre/U.S.A. 1h30. Avec Doug McClure, Peter Cushing, Caroline Munro, Cy Grant, Godfrey James, Keith Barron, Sean Lynch.

Sortie salles France:  ?  U.S: Juillet 1976.

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Kevin Connor est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né en 1937 à Londres (Royaume-Uni). 1973: Frissons d'outre-tombe. 1975: Le 6è Continent. 1976: Trial by combat. 1976: Centre Terre, septième continent. 1977: Le Continent Oublié. 1978: Les 7 cités d'Atlantis. 1979: Le Trésor de la Montagne Sacrée. 1980: Nuits de Cauchemar. 1982: La Maison des Spectres.


Spécialiste du Fantastique mythologique (Le 6è Continent, Le Continent Oublié, Les 7 cités d'Atlantis, Le Trésor de la Montagne Sacrée) et de l'horreur (le génial Nuits de Cauchemar, l'excellent Frissons d'outre-tombe, la Maison des Spectres) sous une facture de série B low-cost, Kevin Connor a su séduire 2 générations de spectateurs à travers les années 70 et 80. Et ce en dépit d'une filmographie aussi pléthorique qu'inégale (notamment à travers des téléfilms et séries TV), comme le démontre ce faiblard Centre terre, 7è continent. La faute incombant à une intrigue ultra linéaire (un chercheur et son adjoint confinés sous la terre vont libérer de l'esclavage un peuple primitif des griffes des Mahars) palliant ses carences par une action échevelée quasi permanente.


Si bien que l'on finit hélas par se lasser de ces morceaux de bravoure redondants alternant confrontations musclées entre héros et monstres caoutchouteux avec les corps à corps contre leurs antagonistes primitifs affublés de peau de bêtes. Pour autant, avec indulgence, le spectacle ultra ringard fait parfois mouche à travers son intégrité de mettre en exergue un spectacle débridé haut en couleurs (criardes !) sous l'impulsion du trio facétieux Doug McClure, Peter Cushing, Caroline Munro très investis dans leur fonction héroïque à la fois badine et bon enfant. Qui plus est, à travers son génial prélude illustrant l'expédition du professeur Perry et de son assistant David creusant l'écorce terrestre avec leur foreuse pour y rejoindre le centre de la terre, on se surprend de s'évader dans leur improbable aventure de par son réalisme étonnamment probant (notamment grâce à l'habileté du montage souvent épileptique). Mais ce sera hélas l'unique moment fantastique véritablement immersif dans sa capacité à nous faire croire à pareille absurdité à l'aide d'effets-spéciaux artisanaux très efficaces.


Divertissement mineur (très) inégal faisant office de curiosité à redécouvrir d'un oeil distrait, Centre Terre, 7è continent nous livre le minimum syndical en terme d'intensité, de souffle épique, d'action inventive, faute d'enjeux étiques soumis à une surenchère infructueuse. Pour autant, avec indulgence, il saura probablement encore séduire une frange de spectateurs nostalgiques de cette époque révolue, notamment grâce aux postures parfois attachantes de Doug McClure, Peter Cushing et de la vertueuse Caroline Munro mutuellement complices afin de ne pas se prendre au sérieux. 

*Bruno
3èx

mardi 28 janvier 2020

Le Mans 66

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Ford v Ferrari" de James Mangold. 2019. U.S.A. 2h32. Avec Christian Bale, Matt Damon, Caitriona Balfe, Jon Bernthal, J. J. Feild, Noah Jupe, Josh Lucas.

Sortie salles France: 13 Novembre 2019

FILMOGRAPHIEJames Mangold est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain né le 16 décembre 1963 à New York, dans l'État de New York, aux États-Unis. 1995 : Heavy. 1997 : Copland. 1999 : Une vie volée. 2001 : Kate et Léopold. 2003 : Identity. 2005 : Walk the Line. 2007 : 3 h 10 pour Yuma. 2010 : Night and Day. 2013 : Wolverine : Le Combat de l'immortel. 2017 : Logan. 2019 : Le Mans 66.


Spectacle plus vrai que nature de courses automobiles pour l'enjeu d'une rivalité entre les entreprises Ford et Ferrarri (US vs Italia !), Le Mans 66 nous laisse groggy sitôt le générique de fin écoulé ! James Mangold s'épaulant du duo clinquant Christian Bale / Matt Damon au gré d'une intensité émotionnelle davantage éprouvée. Notamment eu égard de sa conclusion draconienne pour qui ignore l'improbable destinée du champion britannique Ken Miles réputé pour son franc parler et son caractère obtus. Transi de passion pour l'adrénaline de la vitesse et sa ferveur à relever les défis les plus burnés, Christian Bale crève l'écran de par sa force tranquille et de sûreté à défier ses adversaires autour de circuits à nous donner le tournis. Ainsi, doit-on souligner l'intensité des poursuites capiteuses s'enchaînant à un rythme effréné au point de nous plaquer au siège durant sa seconde partie ?! Mais à travers la rigueur du regard à la fois impassible et déterminé (en tous cas durant les courses de compétition filmées de manière lisible sur toutes les coutures et en dépit des aléas météorologiques !), Christian Bale nous interroge en filigrane sur la nécessité de se transcender pour l'enjeu d'une gageure professionnelle impartie à la passion. En somme, doit-on se sacrifier pour dépasser nos limites et ainsi laisser une trace identitaire dans l'histoire ? Et bien que son épilogue en demi-teinte nous laisse un goût inévitablement amer et mélancolique dans la bouche, on se rassure un peu des conséquences fructueuses des travaux de Ken Miles et de son acolyte Carroll Shelby communément victorieux d'avoir remportés les victoires à Daytona Beach et au Mans (même si Ken arriva second, faute d'un détail technique ubuesque).


Tant auprès de ce dernier intronisé au temple de la renommée américaine du sport automobile, que de Shelby devenant l'un des concepteurs automobiles les plus respectés et accomplis de l'histoire. Quand bien même la Ford GT 40 qu'ils eurent inventés gagna 4 victoires consécutives au Mans de 1966 à 1969. Et bien que le récit estampillé "fait divers" soit parfois romancé à des fins ludiques (notamment l'inimitié jubilatoire entre Ken et un des hauts dirigeants de Ford !), Le Mans 66 parvient à exister par lui même afin d'offrir au spectateur un moment de cinéma épique en apesanteur. Et ce sans se livrer à des démonstrations de force opportunistes quant à la sobriété de sa mise en scène éludée de fioriture car privilégiant l'ultra réalisme documenté. Qui plus est, James Mangold se permet d'étaler son intrigue sur une durée longiligne de 2h32 que le spectateur entérine sans jamais cligner de l'oeil sur sa montre. Car outre la digne complémentarité amicale de Ken / Shelby dénuée de bons sentiments (d'ailleurs sa conclusion concise - pour autant bouleversante - s'avère remarquable de pudeur humaine !), la réalisation virtuose de Mangold nous ensorcelle la vue (celle des courses à répétition) et la raison (ses réflexions sur l'élitisme, le profit des plus hauts commanditaires, l'ardeur de la passion et le dépassement de nos limites). Tant auprès de sa reconstitution historique issue des années 60, de ses seconds-rôles amiteux endossant sans complaisance une fraternité conjugale (les liens amoureux entre Ken et son épouse sont d'une vibrante sobriété, quand bien même leur fils s'écarquille des exploits de son père sans outrance expressive !) que de nos deux héros casse-cous communément en proie à la rage de vaincre les insultes italiennes à travers leur esprit d'émulation. 


Un grand moment de cinéma épuré, aussi tendre et poignant que furieusement tonique et palpitant, dépassant ainsi le cadre standard du divertissement grand public.

*Bruno

lundi 27 janvier 2020

New-York Blackout

                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinebisart.blogspot.com

de Eddy Matalon. 1978. France/Québec. 1h32. Avec Jim Mitchum, Robert Carradine, Belinda Montgomery, Ray Milland, June Allyson, Jean-Pierre Aumont, Don Granberry.

Sortie salles France: 28 Juin 1978

FILMOGRAPHIE: Eddy Matalon est un producteur, réalisateur et scénariste français, né le 11 septembre 1934 à Marseille. 1954 : À propos d'une star. 1966 : Le Chien fou. 1968 : Quand la liberté venait du ciel. 1968 : Spécial Bardot. 1970 : L'Île aux coquelicots. 1970 : Trop petit mon ami. 1975 : La Bête à Plaisir. 1977 : Une si gentille petite fille. 1978 : Teenage Teasers. 1978 : New York blackout. 1979 : Brigade mondaine: La secte de Marrakech. 1980 : T'inquiète pas, ça se soigne. 1983 : Prends ton passe-montagne, on va à la plage. 1993 : Deux doigts de meurtre. 1994 : De Serge Gainsbourg à Gainsbarre de 1958 - 1991.


"Toutes les lumières s'éteignent... Et la terreur commence !"
Bien connu de la génération 80 grâce à sa sortie VHS éditée par VIP, New-york Blackout fit son petit effet de fascination de par l'originalité de son pitch tiré d'un fait divers survenu 1 an avant sa sortie salles. La ville de New-york ayant plongée dans l'obscurité le 13 et 14 juillet 1977 à la suite d'un violent orage. Ce qui engendra un millier d'incendies, des pillages et émeutes tous azimuts (coût estimé des pertes à 150 millions de dollars) si bien que 4000 personnes furent arrêtées pour ces méfaits. Co-produit entre la France et le Québec, New-York Blackout ne possède pas le budget adéquat pour concourir à la vérité historique d'une moisson d'incidents épiques rendus ingérables.  Eddy Matalon (Une si gentille petite fille était d'ailleurs sa 1ère expérience horrifique !) mise donc simplement sur le divertissement du samedi soir à travers un cheminement narratif fertile en incidents qu'une poignée de criminels opèrent dans l'impunité au sein d'un immeuble. Car évadés de leur fourgon à la suite d'une gigantesque panne d'électricité, ces derniers s'autoriseront toutes les exactions en s'en prenant aux résidents confinés dans l'obscurité.


Mais un flic débonnaire aux aguets compte bien les appréhender tout en s'efforçant d'y secourir chaque locataire. Baignant dans un climat nocturne sensiblement envoûtant sous l'impulsion d'un cast cabotin plaisamment attachant (Jim Mitchum menant la danse en preux flic) ou (autrement) grisant (mention spéciale à l'expression outrée de Don Granberry en truand décervelé), New-York Blackout parvient efficacement à nous immerger au coeur de ce chaos improbable eu égard des méfaits sans vergogne de 4 péquenots n'hésitant pas à saccager et tuer en toute gratuité. Ce qui nous vaut par l'occasion deux petites séquences chocs assez malsaines quant à l'agonie d'une victime ou à sa violence explicite. Or, si cette série B au montage approximatif ne nous délivre que le minimum syndical en matière de tension, suspense et rebondissements inventifs, elle ne manque ni de charme ni de dynamisme pour l'enjeu de survie de ces occupants sévèrement mis à mal avec ces délinquants sardoniques. Eddy Matalon n'hésitant par à recourir à un humour bête et méchant lorsque ces derniers se raillent de leurs victimes non sans perversité. Notamment auprès du leader jouant insidieusement avec la survie de ces otages avec provocation outrageante.


Série B agréablement troussée et parfaitement rythmée autour d'une unité de lieu et de temps en perdition, New-York Blackout possède ce charme bisseux propre aux années 70 et 80 dans sa modeste volonté d'évader le spectateur dans un cauchemar urbain aux frontières de l'horreur. Efficace. 

*Bruno
2èx

vendredi 24 janvier 2020

Les Rescapés du Futur. Prix de la meilleure actrice, Blythe Danner, 1977

                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site vignette.wikia.nocookie.net

"Futureworld" de Richard T. Heffron. 1976. U.S.A. 1h48. Avec Peter Fonda, Blythe Danner, Arthur Hill, Yul Brynner, John P. Ryan

Sortie salles France: 19 Janvier 1977. U.S: 13 Août 1976

FILMOGRAPHIE PARTIELLERichard T. Heffron est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur américain né le 6 octobre 1930 à Chicago, décédé le 27 août 2007 à Seattle. 1971 : Prenez mon nom, ma femme, mon héritage (TV). 1972 : Fillmore. 1972 : Banacek (série TV). 1973 : Toma (TV). 1976 : Les Rescapés du futur. 1977: Un couple en fuite. 1980 : Mister gaffes. 1981 : A Whale for the Killing (TV). 1982 : J'aurai ta peau. 1984 : V : La Bataille finale (Série TV). 1984 : Anatomy of an Illness (TV). 1984 : The Mystic Warrior (TV). 1985 : Nord et sud. 1989 : La Révolution française (seconde partie : Les Années terribles). 1991 : Tagget (en) (TV). 1995 : Une petite ville bien tranquille (TV). 1996 : Danielle Steel: Un si grand amour (No Greater Love) (TV). 1996 : Le Baron (Série TV).


Faisant suite à Mondwest, classique d'anticipation des Seventies, les Rescapés du Futur fut réalisé 3 ans plus tard sous la houlette d'un spécialiste de téléfilms et séries TV, Richard T. Heffron. Tant et si bien que cela se ressent à travers sa réalisation à la fois académique et maladroite parvenant difficilement à instaurer un suspense ciselé au fil d'une investigation poussive que Peter Fonda et Blythe Danner élaborent en s'égarant (beaucoup trop) dans les sous-sols industriels. Car à la suite de la mort d'un ouvrier, Chuck Browning, journaliste renommé, enquête sur son étrange disparition en embarquant dans le monde du futur créé par la compagnie Delos. Si bien que l'entreprise vient de rouvrir leur parc 2 ans après les tragiques évènements en ayant pour le coup perfectionné leurs humanoïdes. Or, les destinées de Chuck et de son adjointe Tracy finissent par se ternir à la suite d'une improbable découverte aux intentions machiavéliques. Séquelle ludique agréablement menée, de par la complémentarité amiteuse du couple Fonda / Danner plongés dans une sombre énigme aux situations (hélas) parfois ennuyeuses, les Rescapés du Futur ne manquait pas d'argument solide à travers son ingénieux concept d'y substituer les humains par des robots afin d'y régir un monde sans violence.


Tout du moins c'est ce que prétend le docteur Duffy aux 2 reporters si bien qu'en ayant remplacé de hauts dignitaires internationaux par leurs avatars, on peut très bien concevoir que les nouvelles ambitions de Delos étaient autrement délétères à travers leur asservissement planétaire. Mais pour en revenir à l'intrigue aussi inachevée que bâclée, Richard T. Heffron s'égare donc maladroitement à privilégier l'enquête policière que nos 2 journalistes s'efforcent de résoudre avec une motivation routinière. Et ce en dépit de l'amicale intrusion d'un ouvrier épaulé de son fidèle robot (auquel il voue une grande affection !) et d'un d'un final un peu plus dynamique car légèrement palpitant quant à l'enjeu de survie de nos héros poursuivis par leur duplicata. On peut également souligner l'efficacité de certaines idées à la fois finaudes et débridées. A l'instar de jeux futuristes, du combat de boxe télécommandé en passant par le jeu d'échec virtuel. Ou encore lors de la séquence insensée du rêve imprimé sur vidéo que Tracy s'accorde à expérimenter en fantasmant Yul Brynner ! Assurément le moment onirique le plus fascinant, notamment grâce à son efficacité visuelle particulièrement inventive et convaincante.


Frustré à l'idée d'avoir assisté à une séquelle dégingandée beaucoup trop inégale pour nous contenter, les Rescapés du Futur se suit toutefois d'un oeil aussi fureteur que clément eu égard des aimables présences de Peter Fonda (particulièrement convaincant lorsqu'il se confronte à son double !) et de Blythe Danner (toute à fait charmante en reporter spontanée parfois audacieuse) démantelant naïvement un réseau technologique sous l'impulsion d'une partition musicale étonnamment idoine afin d'y accentuer appréhension, fougue et mystère. 

Pour rappel, la chronique de Mondwesthttp://brunomatei.blogspot.fr/2012/…/mondwest-westworld.html

*Bruno
2èx 

Récompense:
Prix de la meilleure actrice pour Blythe Danner et nomination au prix du meilleur film de science-fiction, par l'Académie des films de science-fiction, fantastique et horreur en 1977.

jeudi 23 janvier 2020

Tropique du Cancer

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Al tropico del cancro" de Gian Paolo Lomi et Edoardo Mulargia. 1972. Italie. 1h34. Avec Anthony Steffen, Anita Strindberg, Gabriele Tinti, Umberto Raho, Alfio Nicolosi, Stelio Candelli.

Sortie salles Italie: 30 Septembre 1972

FILMOGRAPHIEEdoardo Mulargia, né le 10 décembre 1925 à Torpè en Sardaigne et mort le 7 septembre 2005 à Rome, est un réalisateur, scénariste et producteur de cinéma italien. Il utilise parfois les pseudonymes Tony Moore ou encore Edward G. Muller.1962 : Le due leggi. 1966 : Vaya con dios gringo. 1967 : Le Courageux, le traître et le sans-pitié. 1967 : Cjamango. 1967 : Non aspettare Django, spara. 1968 : Prie et creuse ta tombe. 1969 : Lesbos, l'amour au soleil. 1969 : El Puro, la rançon est pour toi. 1970 : Un amore oggi. 1970 : Shango, la pistola infallibile. 1971 : Creuse ta fosse, j'aurai ta peau. 1971 : W Django! 1972 : Tropique du Cancer. 1976 : La Figliastra. 1980 : Les Évadées du camp d'amour. 1980 : Hôtel du paradis. 


Giallo singulier exhumé de sa torpeur grâce à l'éditeur Le Chat qui Fume, Tropique du Cancer ne ressemble à nul autre métrage à travers son cocktail de suspense, d'érotisme torride, de meurtres cruels et de rites vaudous. Sur ce dernier point, on peut d'ailleurs souligner l'aspect documenté d'une authentique séance de transe prise sur le vif auprès d'une populace haïtienne extatique. Le Pitch: un couple de touristes passent leur villégiature à Haïti au moment d'y retrouver une connaissance amicale quant au profil du docteur Williams. Ce dernier exerçant un trafic de drogue hallucinogène, son entourage s'efforce de se l'approprier en dépit d'un mystérieux tueur sévissant aux alentours. Peu à peu, l'amie de Fred tombe sous le charme du docteur Williams grâce aux effets hallucinatoires de la drogue libérant nos fantasmes les plus inavouables. Bien que personnellement je préfère l'estampiller "thriller tropical" agréablement marginal, Tropique du Cancer ne passionne guère à travers son intrigue tortueuse desservie d'un montage elliptique et de la présence de quelques seconds-rôles peu convaincants. 


Pour autant, grâce à la caractérisation insidieuse de ces protagonistes peu recommandables et à sa forme flamboyante, ce p'tit métrage interlope séduit et intrigue constamment à travers leurs postures équivoques. Surtout si je me réfère au triangle amoureux en bien mauvaise posture de par leur destinée galvaudée, et à certains seconds-rôles au charisme extravagant. Qui plus est, scandé d'un climat solaire étouffant autour des va et vient d'une population endossant l'improvisation, Tropique du Cancer attise implacablement notre curiosité jusqu'au mot fin à travers sa moisson de séquences impromptues qu'il est impossible d'anticiper. Cependant, on peut également déplorer le caractère dérangeant des sacrifices animaliers. Ttant auprès de la séance vaudou, d'une injection sur une araignée que des labeurs quotidiennes commises dans un abattoir. Ce qui insuffle à l'ensemble un drôle sentiment de malaise et de futile fascination quant à la présence invisible du tueur décimant ses victimes de manière abrupte. Les décors insolites rehaussant l'attrait stylisée de la procession criminelle à défaut de nous délivrer des moments inoubliables (bien qu'une séquence gore s'avère plutôt probante quant à son effet de répulsion viscéral). 


Série B mineure au sein du Giallo hétérodoxe, Tropique du Cancer parvient sensiblement à nous évader dans l'état Haïtien chargé d'occultisme et d'homicides sauvages. Et ce en compagnie de la sublime Anita Strindberg déambulant dans les ruelles ensoleillées au rythme d'une influence concupiscente. A l'instar d'une rutilante fantasmagorie faisant presque écho au Venin de la peur de Fulci. Un sympathique thriller transalpin donc, à défaut de nous laisser une trace indélébile, même si on y préserve un étrange goût âcre dans la bouche. 

*Bruno