Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
de Joshua et Ben Safdie. 2019. U.S.A. 2h15. Avec Adam Sandler, Eric Bogosian, Lakeith Stanfield, Idina Menzel, Judd Hirsch.
Diffusion Netflix: 31 Janvier 2019
FILMOGRAPHIE: Les frères Joshua Safdie et Ben Safdie sont des réalisateurs américains. 2008 : The Pleasure of Being Robbed. 2009 : Lenny and the Kids. 2014 : Mad Love in New York. 2017 : Good Time. 2019 : Uncut Gems.
Coup double pour les frères Safdie car après s'être fait révélé par l'électrisant Good Time, les voici à nouveau réunis pour y parfaire 2 ans plus tard un nouvel uppercut expérimental, Uncut Gems estampillé Netflix. Tant et si bien qu'à la sortie de la projo, on reste aussi bien démuni qu'estomaqué par son dénouement escarpé en se questionnant sur pareille audace narrative. Et pourtant, tout semble après tout fatal lorsqu'un joueur invétéré multiplie une ultime fois les risques inconsidérés afin d'emporter la mise. Mais à quel prix ? Transcendé du jeu viscéral d'Adam Sandler quasi méconnaissable en loser à la fois instable et paumé, ce dernier donne chair à ce personnage vulnérable avec une vérité humaine névralgique. Dans la mesure où son épreuve de force moral perpétuellement impitoyable se répercute sur notre psyché surmenée de par l'avalanche de bévues qu'il encaisse pour l'enjeu d'une opale à grande valeur. Car délibéré à empocher la somme d'1 million dollars après l'avoir consignée auprès d'une vente aux enchères, Kevin Garnett tentera de récupérer son bien passé entre les mains d'un éminent basketteur fasciné par l'objet natif d'Ethiopie. Mais pour corser la donne, le beau-frère de Garnett et ses acolytes mafieux sont également sur le qui vive à s'approprier le magot en suivant les faits et gestes de Garnett.
Quand bien même son ex en instance de divorce et sa nouvelle petite amie ont bien du mal à gérer son instabilité en roue libre au fil d'un périple vertigineux filmé à la manière d'un thriller épileptique. Car filmé dans un sentiment d'urgence au sein d'une métropole new-yorkaise dpcumentée, Uncut Gems irrite, grise, enivre, surmène, palpite nos nerfs avec un brio technique étourdissant (notamment auprès de ses travellings circulaires pour y autopsier les réactions des truands d'un charisme strié). Car véritable vortex émotionnel autour des déambulations de ce jouailler endetté, Uncut Gems nous hypnotise l'attention avec une intensité difficilement gérable. Si bien qu'à certaines occasions de stress généralisé, nous éprouvons un malaise cérébral à contempler ses récurrentes prises de tête entre rivaux vénaux; notamment lorsque son entourage ne cesse de le dénigrer et de le railler sans clémence. Les frères Safdie explosant les codes pour mieux nous ébranler (impossible d'anticiper l'action prochaine !) au sein d'une disparité des genres (thriller, policier, drame psychologique, humour et enfin romance s'entrechoquent en toute autonomie). Et à ce niveau expérimental, on reste autant ébaubi par l'emploi de sa bande-son dissonante. Une partition électro souvent en décalage avec l'action illustrée mais pour autant assortie des personnalités inusitées des cinéastes parvenant à imprimer leur marque avec un goût pour la provocation gouailleuse et l'absurdité. Et ce tout en faisant preuve d'une belle humanité pour ce loser influent, ballotté tous azimuts par un entourage fébrile corrompu par le gain.
Expérience de cinéma autre en proie à un ultra-réalisme parfois difficilement supportable (pour l'expression faussement avenante du jouailler borderline en quête désespérée d'aspiration et d'évasion); Uncut Gems triture nos nerfs, nos attentes et nos réflexions à l'aide d'une dramaturgie bipolaire. Un vrai film Mad dont on sort lessivé et aphone.
*Bruno
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire