jeudi 13 février 2020

Moon. Prix du Jury, Gérardmer 2010.

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Duncan Jones. 2009. U.S.A. 1h37. Avec Sam Rockwell, Robin Chalk, Kevin Spacey, Dominique McElligott, Kaya Scodelario.

Sortie France: uniquement en Dvd et BR: 16 Juin 2010

FILMOGRAPHIEDuncan Zowie Haywood Jones est un réalisateur et scénariste anglais, né le 30 mai 1971 à Beckenham dans le Bromley. 2009 : Moon. 2011 : Source Code. 2016 : Warcraft : Le Commencement. 2018 : Mute.


Honteusement inédit en salles chez nous - si l’on excepte son passage dans quelques festivals d’où il repartit auréolé de trophées (Prix du Jury, Prix du Public et Prix de la Critique à Gérardmer, 1er Prix à Strasbourg) - Moon frappe comme un uppercut moral sitôt son générique achevé. Abordant le clonage, la solitude, la routine, la quête identitaire et l’exploitation du prolétaire, le film adopte l’allure modeste d’une série B pour mieux se draper dans une science-fiction intimiste, d’une densité psychologique rare. Malgré un climat schizo un brin déroutant et l’ambiguïté de son premier acte, l’ensemble captive par un mystère latent, nourri de non-dits. Quasi irracontable, tant ses trois premiers quarts d’heure cultivent volontairement la complexité, Moon conte l’impossible retour sur Terre de Sam, employé d’une société lunaire chargé d’extraire l’hélium vital à une Terre en crise énergétique.


Exilé trois ans sur une station lunaire, avec pour seule compagnie Gerty - robot parlant au timbre rassurant - Sam s’accroche à l’espoir de retrouver bientôt sa femme, qu’il contacte par intermittence via vidéophone. D’une émotion fragile, souvent cruelle, son quotidien se délite : hallucinations, affaiblissement physique, mélancolie capiteuse - exacerbée par des échanges dissonants avec son épouse - font de son isolement une lente descente vers le désespoir. Porté par un Sam Rockwell habité, transi de langueur et d’humanisme blessé, Moon devient un véritable chemin de croix, jalonné de rebondissements escarpés, traversés par une lumière d’espoir vacillante. Duncan Jones magnifie sa station lunaire par des décors d’un réalisme saisissant et une partition musicale sensitive, accompagnant la relation inattendue et pudique entre deux clones, chacun porteur d’une sensibilité propre. De là jaillit une émotion retenue, presque timide, autour de ces êtres qui tentent de percer les secrets de leur fonction, oscillant entre amertume et révolte contenue.


Requiem pour un ange apatride. Véritable cri d’alarme contre le clonage humain et l’exploitation ouvrière par des élites vénales, poème bouleversant sur la déréliction née d’une routine sans temporalité, Moon possède une âme et un cœur. Il incarne l’insoutenable désespoir d’un esclave des temps stellaires, condamné à errer dans l’abîme, avec pour seul viatique une lueur de chaleur humaine. Grand moment de cinéma, d’une intensité élégiaque éprouvante, où Duncan Jones - fils de David Bowie - imprime sa marque avec une dignité sans fard.

— le cinéphile du cœur noir

13.02.20
2èx

Récompenses:
- Grand prix du jury, Prix du Public, Prix de la Critique aux Utopiales 2009.
- Prix du « Best British Independent Film » (meilleur film indépendant britannique) et le prix « the Douglas Hickox Award » en 2009 aux BIFA (the British Independent Film Awards)5.
- Prix Spécial du réalisateur pour un premier film, BAFTAS.
- 1er Prix à Strasbourg
- Prix du jury, Prix du public au Festival du film fantastique de Gérardmer 2010.

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