mercredi 20 mai 2020

Un homme parmi les loups

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

Walt Disney Pictures presents: "Never Cry Wolf" de Carroll Ballard. 1983. U.S.A. 1h45. Avec Charles Martin Smith, Brian Dennehy, Zachary Ittimangnaq, Samson Jorah, Tom Dahlgren.

Sortie salles France: 4 Avril 1984. U.S: 27 Janvier 1984

FILMOGRAPHIECarroll Ballard est un réalisateur américain, né le 14 octobre 1937 à Los Angeles. 1979 : L'Étalon noir. 1983 : Un homme parmi les loups. 1986 : Nutcracker: The Motion Picture. 1992 : Wind. 1996 : L'Envolée sauvage. 2005 : Duma.


L'Arctique est victime d'une catastrophe biologique : les troupeaux d'élans que l'on comptait jadis par million ont aujourd'hui disparu. Une étude est en cours pour justifier scientifiquement l'extermination du coupable présumé, une créature décrite dans les légendes comme une bête féroce : canis lupus dit le loup. Etant donné les difficultés extrêmes, aucun scientifique n'a pu observer un loup attaquer et tuer un élan. Le projet Lupus consistait à envoyer quelqu'un dans l'Arctique pour suivre une meute de loups et observer son comportement en détail.

Choc formel d'une émotion à la fois capiteuse et ensorcelante, de par le score envoûtant de Mark Isham et de ses vastes panoramas enneigés auquel subsistent un scientifique et une meute de loups sauvages, Un homme parmi les loups est une expérience naturaliste renouant avec notre instinct de survie. Tant et si bien qu'en observant la coexistence quotidienne de loups livrés à eux mêmes, Tyler témoignera de leur pureté morale à respecter la faune et la flore dans une harmonie autonome. Et ce en dépit de l'hypocrisie de l'homme délibéré à les incriminer depuis la disparition en masse des caribous. Mais dépêché sur les lieux en Arctique, Tyler témoignera de la déférence de ces loups pour autrui (même auprès de l'homme observateur adoptant une similaire ligne de conduite morale au fil de son apprentissage !) si bien que seuls les animaux malades feront les frais d'un sacrifice alimentaire.


Ce sentiment planant de solitude exaltant, cette sensation de dépaysement au sein d'un faste environnement d'un flegme rassurant; Carroll Ballard les transfigurent par le biais de sa mise en scène précisément documentée. Notamment en filmant au plus près des corps les animaux livrés le plus souvent dans l'improvisation afin de ne pas dénaturer leurs conditions de vie sauvages au sein de températures réfrigérantes. C'est dire si Un homme parmi les loups parvient à nous faire oublier sa facture cinégénique pour mieux nous immerger dans une expérience humaine hors du commun. Celle de renouer avec notre instinct de survie et du respect d'autrui au sein d'une nature épurée que Tyler apprivoise entre fascination et curiosité, amour et (immodérée) considération. Ainsi, de par son épreuve de longue haleine à étudier l'animal incriminé et son amour naissant pour lui (respectant qui plus est sa communauté avec une loyauté indéfectible !), Un homme parmi les loups établit un parallèle avec la cupidité de l'homme dit civilisé (en ligne de mire le pilote de Tyler entrevu lors du prologue et de l'épilogue) perdu depuis des millénaires dans son matérialisme et son désir de destruction en y bafouant l'écologie pour des enjeux capitalistes ou pour son propre loisir de chasse.


Réapprendre à survivre et à vivre dans la plus stricte simplicité pour redevenir "homme".
Spectacle enchanteur sans fioriture où le sentiment d'indépendance reprend tous ses droits au sein d'une nature sauvage en harmonie avec sa simplicité existentielle, Un homme parmi les loups se décline en hymne (lyrique) à la flore et la faune à travers l'innocence du loup vivant paisiblement avec lui même grâce à sa dignité auprès de l'équilibre écologique. Quand bien même l'homme oisif, car rendu capricieux par son confort et sa technologie perdurera sa soif de profit de par son arrogance mégalo à exploiter l'animal jusqu'à sa prochaine disparition. Tristement actuel donc pour un chef-d'oeuvre estampillé Disney (!!!???) éclos en 1983. 

*Bruno

Je me souviens
De mes petites aventures
De ces peurs
Qui me paraissaient insurmontables
De ces choses
Que je devais à tous prix atteindre
En fait, une seule chose importe
Cette chose, c'est
De vivre pour voir le jour se lever
Et la lumière inonder la terre
Chant inuit.

mardi 19 mai 2020

Le Faiseur d'Epouvante (Uncut Version)

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Manitou" de William Girdler. 1978. U.S.A./Canada. 1h43. Avec Tony Curtis, Michael Ansara, Susan Strasberg, Stella Stevens, Jon Cedar, Ann Sothern, Burgess Meredith.

Sortie le 11 Septembre 1985.

FILMOGRAPHIE: William Girdler est un compositeur, producteur, réalisateur et scénariste américain, né le 22 Octobre 1947 à Louisville, dans le Kentucky aux États-Unis, et décédé le 21 Janvier 1978 à Manille aux Philippines. 1972 : Three on a Meathook. 1974: Quand la ville tremble. Abby. 1975: l'Antre de l'horreur. 1975: Sheba Baby. 1976: Grizzly. Project: Kill. 1977: Day of the Animals. 1978: Le Faiseur d'Epouvantes.


Le Faiseur d'Epouvante est l'ultime oeuvre de William Girdler, réalisateur discret disparu trop tôt, modeste faiseur de série B a qui l'on doit d'autres scripts aussi insensés mettant en scène de féroces agressions animales (GrizzlyDay of the Animals). Le pitch: Karen est une jeune femme de 28 ans sans histoire, jusqu'au jour où une forme inédite de tumeur semble apparaître sur son dos. Après divers examens, cette protubérance serait en faite un foetus humain, la réincarnation d'un médecin sorcier indien surnommé Manitou. Karen, prise de marasme est sur le point d'accoucher ! Planquez vos totems, l'horreur peut commencer ! Redécouvrir aujourd'hui (pour la seconde fois pour ma part) Le Faiseur d'épouvante concocté dans un part-pris ludique s'avère d'autant plus fun et parfois jouissif que ce projet tiré à la base du roman de Graham Masterson serait bâti sur un fait-divers (littéralement improbable) ! Tout du moins c'est que le générique de fin nous averti lorsque en 1969 un jeune garçon natif de Tokyo développa une tumeur à la poitrine qui s'avéra finalement un foetus humain après avoir grossi de manière disproportionnée !!! C'est donc à travers cet argument saugrenu que le réalisateur brode son récit mystico-horrifique fondé sur une légende indienne. Clairement influencé par l'Exorciste et autre Malédiction instaurés lors des Seventies, le Faiseur d'Epouvante  fleure bon la série B dégingandée à travers une pléthore de clichés et situations ubuesques irrésistiblement débridés.


A l'instar du personnage de Mme Gertz subitement transie par l'esprit du Manitou pour gesticuler des rimes satanistes en mode délurée face à Tony Curtis ébaubi de stupeur ! La mamie concourant aux mimiques grimaçantes à travers son simulacre de "danse indienne" pour léviter ensuite au dessus du sol et se projeter violemment contre les barres d'une rampe d'escalier par une force invisible ! Impossible donc de garder son flegme et son sérieux face à cette séquence involontairement parodique de par son sarcasme semi cartoonesque. Quand bien même Tony Curtis se fond dans le corps d'un voyant bonimenteur à travers sa blouse noire de mage imprimée de signes astraux ! Ainsi, à travers sa verve truffée d'ironie assumée (on se croirait presque par moments dans Amicalement Votre !), on ne peut s'empêcher de s'amuser de son tempérament décontractée, quand bien même au fil d'une progression dramatique, il tentera vainement de nous susciter une appréhension en crescendo au fil d'évènement délétères échappant à tout le personnel médical. Les autres seconds-rôles (médecins, infirmières, sorcier indien et victime possédée du manitou) endossant cette similaire sobriété semi parodique dans leur désir de nous transmettre  angoisse et effroi face à une damnation spirituelle à grande échelle. Et à ce niveaude trouillomètre, le final bordélique vaut son pesant de cacahuètes lorsque la victime accouchera finalement du manitou (nabot qui plus est !!!) déployant une armada de pouvoirs surnaturels à travers ses mimiques aussi renfrognées qu'impassibles. Tant auprès du corps médical sévèrement brimé par ses forces occultes que du cadre hospitalier transformé en palais réfrigérant !


Y'a t'il un exorciste indien pour sauver l'hôpital en furie ?
Franchement facétieux à travers sa matière purement ludique flirtant avec le ridicule, le Faiseur d'Epouvante devrait séduire (et enthousiasmer) les amateurs de nanars impayables à travers son pitch à la fois débridé et (parfois même) fascinant, notamment pour converger à un final en fanfare résolument stellaire et déjanté. Quant à l'avenante présence de Tony Curtis (épaulé de sérieux acolytes aussi imperturbables !), on se demande quelle mouche a bien pu piquer le réalisateur pour l'enrôler dans une caricature aussi ironique qu'extravagante ! ? En tous état de cause, son attachante présence rehausse l'attrait bonnard de cette improbable production hollywoodienne surfant sur la démonologie (ici) indienne à l'aide d'FX cheaps grand-guignolesques (estampillés Tom Burman, excusez du peu !.

*Bruno
2èx
05/2020
03/2011. 276 v

lundi 18 mai 2020

L'Immortel

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Marco D'Amore. 2019. Italie. 1h55. Avec Marco D'Amore, Giuseppe Aiello, Salvatore D'Onofrio, Giovanni Vastarella, Marianna Robustelli, Martina Attanasio.

Sortie salles Italie: 5 Décembre 2019

FILMOGRAPHIE: Marco D'Amore est un acteur , réalisateur et scénariste italien, né le 12 Juin 1981 à Caserta. 2019: Gomorrah ( Gomorrah - La série , série TV, 2 épisodes). 2019: L'immortel


“La vie est une tragédie Prends-la à bras le corps.”
Spin-off de la série référence Gomorra créé par Stefano Sollima (nouveau maître en la matière); l'Immortel est un trait-d'union entre la saison 4 et 5 à travers le personnage de Ciro réchappé miraculeusement de la mort (apprendra t'on lors du concis prologue). Accueilli en Lettonie par son ami d'enfance Bruno, il décide de s'associer avec un ponte de la mafia russe, quand bien même au gré de flash-back nous connaîtrons un passage de son enfance douloureuse en compagnie de Bruno et de Stella, la jeune compagne de ce dernier. Réalisé par l'acteur himself Marco D'Amore, l'Immortel ne déçoit nullement pour tous les aficionados de Gomorra. Série mafieuse ultra noire de par son intensité dramatique en crescendo déployant un lyrisme élégiaque, et par son ultra violence escarpée où chacun des personnages peut trépasser à tous moments. Tant et si bien qu'en exploitant ici une intrigue à la fois efficace et charpentée, Marco D'Amore parvient à relancer les enjeux de la sais 4 de Gomorra par l'entremise du récalcitrant Ciro Di Marzio (toujours aussi magnétique de charisme lestement délétère !).


Peut-être l'un des plus grands anti-héros de la TV et (aujourd'hui) du cinéma eu égard de l'empathie inévitable qu'on lui éprouve pour son profil juvénile sobrement dévoilé sous l'impulsion du courage, de la fidélité et de la loyauté. Le réalisateur adoptant un regard à la fois poignant et bouleversant sur les valeurs de l'amitié et de l'amour (sa relation paternelle avec Bruno et celle, sentimentalement improbable avec Stella) et de la famille que Ciro ne peut aujourd'hui cristalliser dans sa condition de corrupteur notoire. D'une intensité émotionnelle aussi aigue que celle de la série à travers son climat mélancolique chamarré d'une partition sensitive, le passé infantile de Ciro refait donc surface notamment pour y révéler un trait d'union avec les évènements actuels décrits sans fioritures. Marco D'Amore allant droit à l'essentiel pour parfaire ses nouveaux personnages véreux et y structurer une intrigue plus subtile quant à la résolution de sa tournure dramatique si je fais référence à un personnage clef de l'histoire.  Ainsi, à travers les thèmes de la trahison, de la concertation et de la corruption, trois éléments indissociables à tous réseaux mafieux; le réalisateur y transfigure son propre portrait véreux avec un humanisme à la fois mortifié, placide et désespéré. Notamment si je me réfère à ses tièdes rapports sentimentaux auprès d'une jeune fille réticente au premier abord mais davantage fascinée pour sa loyauté amicale et son instinct protecteur.


Superbement réalisé par un Marco D'Amore parfaitement inspiré pour y dépeindre 2 passionnantes intrigues afin d'asseoir la nouvelle réputation de Ciro (avec même un bouleversant clin d'oeil au western spaghetti lors de son épilogue à fin ouverte !), l'Immortel baigne dans une ensorcelante acuité mélancolique (belle à en pleurer) pour y tailler (sans effets de manche) le profil d'un salopard récalcitrant aussi équivoque qu'extraordinairement attachant. A ne pas rater pour tous les amoureux d'épopée mafieuse spécialement transalpine.  

*Bruno

vendredi 15 mai 2020

Empreinte de Dracula (l')

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"El Retorno de Walpurgis" de Carlos Aured. 1973. Espagne. 1h24. Avec Paul Naschy, Fabiola Falcón, Maritza Olivares, José Manuel Martín, Eduardo Calvo.

Sortie salles France: 2 Février 1975

FILMOGRAPHIE:  Carlos Aured (Los Alcázares, Murcie, 22 janvier 1937 - Dénia, 3 février 2008) est un réalisateur et scénariste espagnol. 1972 : El espanto surge de la tumba. 1973 : La venganza de la momia. 1973 : El retorno de Walpurgis. 1973 : Los ojos azules de la muñeca rota. 1974 : La noche de la furia. 1974 : Los fríos senderos del crimen. 1977 : Susana quiere perder... eso. 1981 : El fontanero, su mujer y otras cosas de meter. 1981 : Apocalipsis sexual. 1981 : La frígida y la viciosa. 1982 : De niña a mujer. 1982 : Leviatán. 1983 : El hombre del pito mágico. 1983 : El enigma del yate. 1984 : Atrapados en el miedo. 1997 : Se fue. 1997 : Alien Predator.


Une sympathique bisserie ibérique estampillée Paul Nashy habitué aux rôles de loups-garous, tant et si bien que le titre française s'avère tout à fait mensonger puisqu'il n'y a pas de point de vampire aux dents longues. Ainsi, en dépit d'un pitch capillotracté à faible intérêt, d'un montage elliptique et d'une baisse de rythme vers sa dernière demi-heure (on aurait pu l'écourter de 15 bonnes minutes), l'Empreinte de Dracula séduit par son ambiance gothique tantôt charnelle, tantôt poétique, quand bien même sa scénographie forestière demeure parfois envoûtante, notamment auprès de ses éclairages particulièrement soignés. A découvrir avec indulgence donc auprès des afficionados du genre qui ne manqueront pas non plus de s'esbaudir auprès de ses effusions sanglantes cheaps mais efficaces. 


*Eric Binford
3èx

jeudi 14 mai 2020

The Sorcerers

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Pinterest.com

"La Créature Invisible" de Michael Reeves. 1967. Angleterre. 1h26. Avec Boris Karloff, Catherine Lacey, Ian Ogilvy, Élisabeth Ercy, Victor Heny.

Sortie salles France: 12 (ou 19) Avril 1967

FILMOGRAPHIE: Michael Reeves est un réalisateur, producteur et scénariste anglais né le 17 Octobre à Sutton, Surrey, décédé le 11 février 1969 à Londres. 1968: Le grand inquisiteur. 1967: La créature invisible. 1966: The She Beast. 1964: Le château des morts vivants (non crédité).


Oeuvre culte invisible depuis des lustres que Neo Publishing eut l'aubaine d'éditer en Dvd dans nos contrées, The Sorcerers est un divertissement transgressif d'une perversité franchement couillue. Eu égard du profil peu recommandable d'un couple de personnes âgées s'en prenant à un jeune quidam afin d'exaucer leurs fantasmes les plus licencieux. Et ce à travers leur procédé révolutionnaire de l'hypnose que ceux-ci parviennent à parfaire lorsqu'il s'agit d'exploiter à distance télépathique un pauvre cobaye tributaire de leurs désirs les plus dérogatoires. Mais c'est surtout du point de vue subitement castrateur de l'épouse assaillie de rancune et de colère à travers sa condition sociale précaire que The Sorcerers adopte une tournure littéralement dramatique au point d'y enfanter un climat malaisant en crescendo.


La mégère décatie jubilant à l'idée de se fondre dans le corps du jeune sujet; allant même jusqu'à y commettre des exactions meurtrières irréversibles à travers sa haine misogyne. Quand bien même l'époux (endossé par un Boris Karloff à la mine à la fois confuse et sentencieuse) s'efforce de raisonner cette dernière soudainement habitée de pulsions perverses insoupçonnées. C'est donc une intrigue à la fois efficace, inquiétante et haletante que nous décrit l'illustre Michael Reeves (le Grand Inquisiteur reste dans toutes nos mémoires) à travers sa mise en scène documentée si bien que parfois nous avions la trouble impression d'assister à un reportage expérimental ! D'une violence malsaine lors des séquences les plus cinglantes; The Sorcerers dégage une atmosphère méphitique en la présence de ce couple du 3è âge sombrant dans une dégénérescence morale incontrôlée. Au-delà de toutes ses qualités précitées, on peut toutefois déplorer la pauvreté des décors urbains un peu trop blafards à mon sens ainsi qu'une partition musicale archaïque plutôt en décalage avec l'action décrite.


Rien de bien préjudiciable pour autant si bien que The Sorcerers s'enracine dans nos mémoires pour son propos "mad" à dévoiler librement nos bas instincts du point de vue du 3è âge (tant réputé pour leur nature aussi paisible que docile quant à l'appréhension de leur proche trépas). Et ce en allant jusqu'au bout de son sujet scabreux au point d'y sacrifier l'innocence galvaudée. 

*Bruno
2èx

mercredi 13 mai 2020

Wonder

                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Stephen Chbosky. 2017. U.S.A. 1h53. Avec Julia Roberts, Owen Wilson, Jacob Tremblay, Izabela Vidovic, Noah Jupe

Sortie salles France: 20 Décembre 2017

FILMOGRAPHIEStephen Chbosky est un écrivain, réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 25 janvier 1970 à Pittsburgh, États-Unis. 1995 : The Four Corners of Nowhere. 2012 : Le Monde de Charlie. 2017 : Wonder.


En avançant vers la scène j'avais l'impression de flotter. Mon coeur battait tellement vite. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi on me donnait une médaille. C'est pas comme si j'avais détruit l'étoile de la mort. Tout ce que j'avais fait, c'était de passer dans la classe supérieure comme les autres. En faite, c'est peut-être justement ça le problème. C'est qu'en vérité je ne suis pas si ordinaire que ça. Mais si on pouvait entrer dans la tête des gens, on se rendrait peut-être compte que personne ne l'est, et qu'on mérite tous une standing ovation. Au moins une fois dans notre vie. C'est le cas de mes amis, mes professeurs, ma soeur qui a toujours été là pour moi, mon père qui essaie toujours de nous faire rigoler, et surtout ma maman qui n'abandonne jamais rien, ni personne, particulièrement moi. Ca illustre un peu le dernier précepte de Mr Browne. "Soyons bons envers autrui car chacun mène un dur combat. Et si vous voulez voir le vrai visage des gens, il vous suffit de les regarder".


De par son casting saillant typiquement hollywoodien et son thème éculé alloué au droit à la différence, Wonder avait de quoi laisser perplexe quant à l'intégrité de son contenu mélodramatique. Un genre qui plus est souvent discrédité (parfois à raison) par les pisse-froids, machistes ou intellos, faute de bons sentiments hyperboliques que certains réalisateurs n'hésitent pas (il est vrai !) à exploiter lors d'une émotion programmée. C'est donc après 2 ans d'hésitation que je me suis enfin défier à me lancer dans l'aventure humaine. Principalement grâce à 2 bouches à oreilles aussi conquises qu'enthousiasmées par sa douce poésie existentielle et sa tendre émotion. Alors que je considère personnellement son précédent métrage comme l'un des plus beaux Teen movies jamais réalisés (le Monde de Charlie est à trôner à proximité de Breakfast Club et de Sprink Breaker), Stephen Chbosky persévère à aborder les thèmes du malaise adolescent. De l'acceptation de soi et des autres, de sa description cruelle sur l'intimidation des plus turbulents et de la difficulté à s'adapter en milieu scolaire en la présence ici d'un étranger physiquement difforme. Dans la mesure où celui-ci souffre depuis sa naissance d'une malformation faciale prénommée le syndrome de Treacher Collins. Si on songe instinctivement au splendide Mask de Peter Bogdanovitch lors de sa première partie initiatique qu'Auggie affronte timidement auprès des cours scolaire et en interne de la cour de récré, Wonder ne se focalise pas uniquement sur ce souffre-douleur infantile.


Car outre l'intérêt de son profil torturé à se disputer sa résilience et son désespoir pour tenir tête à ses adversaires railleurs (tout en apprenant à pardonner certaines trahisons), Stephen Chbosky s'intéresse également à l'évolution morale de son entourage amical (son meilleur ami influent mais également ses ennemis jurés) et familial (sa maman poule, son papa débonnaire et sa soeur attentionnée en conflit avec sa meilleure amie). D'une tendresse et d'une sensibilité à fleur de peau, ces portraits d'ados communément fragiles nous bouleversent facilement. Tant pour leur propre fêlure personnelle, leur remise en question, leur désir de faire souffrir l'autre (conscient ou inconscient) afin d'omettre sa propre douleur, leur remord et leur culpabilité, que leur nouveau regard porté sur un enfant d'apparence disgracieux. Qui plus est, sans se complaire dans les bons sentiments sirupeux, Stephen Chbosky se permet d'y inclure une poésie à la fois naturaliste et stellaire au fil du trajet existentiel d'Auggie, notamment parmi les influences de la saga Star Wars qu'il chérit tant. De par la sincérité indéfectible des comédiens assez mesurés dans leurs expressions émotives (qui plus est Julia Roberts s'avère dénuée de fard !), Wonder touche droit au coeur à travers la simplicité de sentiments à la fois pures, contrariés, candides et/ou philanthropes. Sans compter que le jeune Jacob Tremblay ne sombre jamais dans la complaisance du pathos dans sa condition d'exclusion. Bien au contraire, il insuffle une vérité humaine aussi simple que candide à travers son caractère davantage affirmé.


Initiation mature sous couvert d'une leçon de tolérance et d'humanité à propos de l'apprentissage amical et l'importance du regard à tenter de décrypter les visages familiers, Wonder demeure un vortex d'émotions fructueuses parmi les valeurs d'altruisme, d'amour et de compréhension. Un antidépresseur qui revigore, offrant du baume au coeur, en nous donnant envie de nous plonger dans l'oeil de l'autre de manière beaucoup plus fluide, intime, profonde, intègre. Un hymne à la vie en somme, simple mais efficace et débordant de générosité. 

Dédicace à Matthieu Lemercier et à Jérôme André Tranchant
*Bruno

mardi 12 mai 2020

Libido

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Ernesto Gastaldi et Vittorio Salerno. 1965. Italie. 1h25. Avec Giancarlo Giannini, Dominique Boschero, Luciano Pigozzi, Mara Maryl.

Sortie salles France: 24 Août 1966

FILMOGRAPHIE: Ernesto Gastaldi est un scénariste et réalisateur italien né le 10 Septembre 1934. 1984: La fine dell'eternità. 1981 La force du mal. 1971 La lunga spiaggia fredda. 1968 Pour une poignée de diamants. 1965 Libido (as Julian Berry).
Vittorio Salerno est un réalisateur et scénariste italien, né le 18 Fevrier 1937 à Milan, décédé le 5 Juillet 2016. 1981: La force du mal. 1975 Fango bollente. 1973 No il caso è felicemente risolto. 1965 Libido (as Victor Storff).


Formidable thriller transalpin aussi rare que méconnu (si bien que j'ignorai même son existence jusqu'à ce jour), Libido emprunte clairement la voie du suspense hitchcockien à travers une intrigue efficacement menée, à défaut d'y transcender le genre. Tourné en noir et blanc dans un décor domestique tantôt gothique, tantôt baroque (la salle des miroirs), Libido nous relate l'épineuse réinsertion sociale de Christian après qu'il eut été traumatisé par le meurtre de la maîtresse de son père que ce dernier perpétra 20 ans plus tôt. Délibéré à expurger ses démons en retournant dans la demeure de son enfance en compagnie de sa compagne Hélène, Paul son tuteur puis Brigitte, l'amie de celui-ci, Christian semble céder à une paranoïa psychotique au fil d'évènements inexpliqués suggérant le fantôme de son paternel. S'agit-il d'une machination intentée par son entourage ? De la folie progressive de Christian en perte de repères ? Ou d'une simple cause surnaturelle ? Sans compter que le corps du père de Christian ne fut jamais retrouvé au moment de son suicide en mer !


Sobrement interprété par un quatuor de comédiens au profil aussi suspicieux que rassurant, Libido fait donc naître le doute quant à leurs intentions louables ou délétères au fil d'une progression du suspense davantage alerte et oppressante. Et si la première heure correctement emballée ne dépasse pas le cadre de l'honorable divertissement à travers le côté (faussement) prévisible de sa trajectoire éculée, son ultime demi-heure fertile en rebondissements remet bien les pendules à l'heure pour véritablement nous surprendre au gré d'une tournure dramatique d'une audace aussi nihiliste qu'amorale. L'ensemble des péripéties s'avérant cohérent quant Spoil ! aux mobiles délétères de personnages cupides jouant l'indépendance fin du Spoil, quand bien même Christian est poussé à se remettre en question à travers sa nouvelle posture de présumé coupable ! C'est dire si le duo de réals Ernesto GastaldiVittorio Salerno s'y entend pour y parfaire leur thriller hitchcockien dans un savant dosage de cruauté, de convoitise, d'injustice et de perversité.


Vénéneuse intrigue cupide jalonnée de visions macabres et de détails insolites formidablement judicieux (la complicité sardonique du jouet musical !) au sein d'une demeure archaïque au passé trouble, Libido exploite lestement le thriller hitchcockien sous l'impulsion d'un sobre casting encore  plus convaincant lorsque les masques tombent lors d'un concours de fourberies ! Chaudement recommandé donc. 

Dédicace à Thierry Savastano
*Bruno

vendredi 8 mai 2020

L'Homme sans Mémoire

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"L'Uomo senza memoria" de Duccio Tessari. 1974. Italie. 1h32. Avec Senta Berger, Luc Merenda, Umberto Orsini, Anita Strindberg, Bruno Corazzari.

Sortie salles France: 15 Mars 1978. Italie: 23 Août 1974

FILMOGRAPHIEDuccio Tessari, né le 11 octobre 1926 à Gênes et mort d'un cancer le 6 septembre 1994 à Rome, est un réalisateur et scénariste italien. 1962 : Les Titans. 1963 : Le Procès des doges ou Le Petit boulanger de Venise. 1964 : La sfinge sorride prima di morire - stop - Londra. 1965 : Una voglia da morire. 1965 : Un pistolet pour Ringo. 1965 : Le Retour de Ringo. 1966 : Très honorable correspondant. 1967 : Per amore... per magia... 1968 : Meglio vedova. 1968 : Le Bâtard. 1968 : Un train pour Durango. 1969 : Mort ou vif... de préférence mort. 1970 : Quella piccola differenza. 1970 : La mort remonte à hier soir. 1971 : Cran d'arrêt. 1971 : Forza G. 1971 : Et viva la révolution ! 1973 : Les Grands Fusils. 1973 : Les Enfants de chœur. 1974 : L'Homme sans mémoire. 1974 : Les Durs. 1975 : Zorro. 1976 : Les Sorciers de l'île aux singes. 1976 : La madama. 1978 : Le Crépuscule des faux dieux. 1981 : Un centesimo di secondo. 1985 : Tex Willer e il signore degli abissi. 1985 : Baciami strega (TV). 1986 : Bitte laßt die Blumen leben. 1990 : Au bonheur des chiens. 1992 : Beyond Justice. 1994 : Le Prince du désert (Il principe del deserto) (feuilleton TV).


Edité chez Neo Publishing dans le cadre de leur collection Giallesque, L'Homme sans Mémoire est aussi méconnu qu'injustement reconnu. Et bien qu'il ne s'agisse en rien d'un Giallo dans la noble tradition du genre; L'Homme sans Mémoire demeure un captivant thriller transalpin sous l'impulsion d'un cast irréprochable. Car si l'intrigue soigneusement structurée s'avère aussi inquiétante qu'haletante, il le doit beaucoup à l'attrait attachant de ses personnages s'efforçant de reconstituer les pièces du puzzle en la présence d'Edward. Un amnésique ayant perdu la mémoire depuis 8 mois à la suite d'un accident, et qui depuis se voit fréquemment menacé par un inconnu s'en prenant également à son épouse Sara afin d'accélérer la donne. Au-delà de se familiariser avec l'affable et rassurante  Senta Berger dans celle de la plantureuse Sara flanquée d'un marmot aussi débrouillard que retors (Duilio Cruciani confondant de naturel en faire-valoir secouriste), on se passionne pour l'évolution morale d'Edward que Luc Merenda endosse avec une force d'expression tantôt ambigüe eu égard de ses bribes de réminiscence à l'imagerie morbide.


Ainsi, sans déflorer les rebondissements assez étonnants de l'intrigue (notamment lorsque Sara deviendra le jouet d'un second maître chanteur dans sa nouvelle condition infirme), c'est à travers la véritable identité d'Edward que l'Homme sans mémoire prend toute sa dimension lors d'une remise en question finalement rédemptrice. Et ce tout en accélérant les péripéties endiablées quant aux survies de Sara sévèrement molestée dans sa demeure et d'Edward retenu prisonnier dans un autre environnement. Duccio Tessari amplifiant un suspense oppressant vers un point d'orgue étonnamment violent et sanglant, bien que l'accident à la tronçonneuse s'avère un brin ridicule (faudra m'expliquer pourquoi la scie s'accélère subitement lorsque la victime a malencontreusement trébuché sur l'outil tout en s'efforçant maladroitement de s'extirper de sa blessure !).


En tout état de cause, l'Homme sans Mémoire parvient efficacement à exploiter le thriller à suspense à travers son intrigue ombrageuse, qui plus est scandée d'une bonne direction d'acteurs que Duccio Tessari (habile artisan, jetez un oeil sur sa filmo !) rehausse auprès du profil bicéphale de la victime en voie de catharsis amoureuse. A revoir avec intérêt donc, d'autant plus que les décors naturels ou domestiques y sont richement variés, atmosphériques et dépaysants.  

*Bruno
2èx

jeudi 7 mai 2020

La Dérobade

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Daniel Duval. 1979. France. 1h51. Avec Miou Miou, Maria Schneider, Daniel Duval, Jean Benguigui, Martine Ferrière, Niels Arestrup.

Sortie salles France: 17 Octobre 1979

FILMOGRAPHIE: Daniel Duval, né le 28 novembre 1944 à Vitry-sur-Seine et mort le 9 octobre 2013, est un acteur et réalisateur français. 1974 : Le Voyage d'Amélie. 1976 : L'Ombre des châteaux. 1979 : La Dérobade. 1981 : L'Amour trop fort. 1983 : Effraction. 2006 : Le Temps des porte-plumes.


"L'enfer de la prostitution française dans l'une des oeuvres les plus glauques des années 70."
Film choc s'il en est, La Dérobade reste probablement l'une des oeuvres les plus fortes et marquantes des années 70 au sein de notre paysage français en dépit de sa rareté. Car traitant du thème de la prostitution du point de vue d'une catin néophyte enrôlée par son mac pour qui elle voue des sentiments, la Dérobade est une descente aux enfers d'un vérisme à la fois glauque et malsain. Daniel Duval, acteur et réalisateur, retraçant sans ambages la quotidienneté miséreuse de Marie, 19 ans, entraînée dans la prostitution afin de contenter Gérard, son amant cupide. Daniel Duval, l'acteur, s'avérant impressionnant de charisme vicié à travers son visage aussi émacié que buriné dans celui du macro abusif résolument paumé dans sa condition phallocrate. Ce dernier multipliant les violences verbales et physiques auprès d'une Miou Miou fragilisée car portant le film à bout de bras avec un désespoir nonchalant.


Tout du moins c'est ce que nous révèle la première partie lorsque celle-ci cumule les rencontres marginales ou rupines au fil d'une clientèle machiste peu scrupuleuse quant à leurs fantasmes déviants. Ainsi, au fil de son évolution morale à accumuler les rencontres les plus couardes et perverses au moment même d'y subir les châtiments de son amant à la fois jaloux et possessif, Marie se résigne toutefois à la résilience pour tenir tête et survivre aux coups et blessures d'une ligue machiste considérant la femme comme objet sexuel. La Dérobade gagnant en vigueur dramatique et réalisme cafardeux auprès du duo Marie / Gérard tributaire de leurs sentiments et de leur médiocrité à céder à la routine du fric facile dans un univers de corruption sans échappatoire. Le récit profondément grave et dramatique illustrant à travers un climat irrespirable le sentiment d'impuissance de la prostituée fréquemment maltraitée par son mac et sa clientèle en guise d'intimidation.


D'une violence crue (symptomatique des Seventies !), dur et cruel à travers son tableau sordide d'une prostitution livrée à la dégradation morale dans leur condition soumise, La Dérobade nous laisse un goût acrimonieux dans la bouche, notamment en y évoquant une certaine ambiguïté quant à la rédemption elliptique de Marie débarrassée de son tortionnaire grâce au défi de sa dignité. Une oeuvre forte plutôt dépressive et pessimiste à travers ce réseau vénal dénué de déontologie quant aux maltraitances commises sur leurs esclaves sexuels. 
Pour public averti (Int aux - 18 ans lors de sa sortie).

Box Office France: 2 764 084 entrées (7è au Box-Office)

*Bruno
2èx

mercredi 6 mai 2020

D.A.R.Y.L

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Sencritique.com

de Simon Wincer. 1985. U.S.A/Angleterre. 1h40. Avec Barret Oliver, Mary Beth Hurt, Michael McKean, Kathryn Walker, Colleen Camp, Josef Sommer

Sortie salles France: 16 Juillet 1986. U.S: 14 Juin 1985

FILMOGRAPHIESimon Wincer est un réalisateur, producteur et scénariste australien né en 1943 à Sydney (Australie). 1979 : Snapshot. 1980 : Harlequin. 1983 : Phar Lap. 1985 : D.A.R.Y.L. 1987 : La Chevauchée de feu. 1990 : Mr Quigley l'Australien. 1991 : Harley Davidson et l'homme aux santiags. 1993 : Sauvez Willy. 1994 : Jack l'Éclair. 1995 : Operation Dumbo Drop. 1996 : Le Fantôme du Bengale. 2001 : Crocodile Dundee III. 2003 : La Légende de l'étalon noir. 2011 : The Cup.


Divertissement mineur symptomatique des années Spielberg au sein de la sacro-sainte décennie 80, D.A.R.Y.L parvient toujours aujourd'hui à susciter un charme probant sous l'impulsion dépouillée de Barret Oliver (l'Histoire sans Fin), absolument irréprochable en androïde juvénile traqué par l'armée depuis sa faculté d'éprouver des sentiments et d'opérer des choix de par son libre arbitre. Au-delà du jeu très convaincant de ce dernier, omniprésent à l'écran en enfant surdoué en proie à des bravoures toujours plus burnées, on peut autant saluer le reste du casting insufflant cette similaire sobriété à travers leurs expressions empathiques ou autrement contrariées. On peut donc sans réserve applaudir le parti-pris de Simon Wincer  (responsable entre autre de l'inoubliable Harlequin ! Oui c'était lui !) s'efforçant d'exploiter les bons sentiments sans céder à une émotion programmée (à un ou 2 couacs près).


Sorte de thriller d'anticipation conjugué à la comédie dramatique (notamment cette touchante première partie où l'on prend son temps à se familiariser avec le héros en compagnie de sa famille d'accueil), D.A.R.Y.L ne déçoit jamais à travers sa sincérité de mettre en exergue une intrigue fondée sur les valeurs humaines, respect d'autrui et cohésion amicale. Tant auprès de son attachement pour sa nouvelle famille d'accueil que de sa fidèle amitié avec son jeune voisin Turtle que Simon Wincer illustre avec une modeste émotion candide (l'influence à l'univers poétique de Spielberg à travers sa banlieue chaleureuse est évidente dans son art d'émouvoir avec une tendresse jamais surjouée). Quand bien même les fans d'action pourront se réconforter auprès de son ultime demi-heure à travers une course poursuite automobile parfois très impressionnante (cascades en sus) culminant quelques instants plus tard dans le ciel lorsque D.A.R.Y.L parvient à dérober un avion pour tenter d'échapper à l'armée et au gouvernement lancés à ses trousses.


Sous couvert d'une réflexion sur la robotique industrielle conçue pour y parfaire des machines de guerre (outre nos dirigeants, on y fustige l'armée dénuée de morale et d'humanité dans leur résignation de sacrifier l'innocence), D.A.R.Y.L empreinte la voix du modeste divertissement familial pour créer la surprise d'un spectacle aussi attachant que spectaculaire. A revoir avec intérêt donc, notamment pour son injustice d'être aujourd'hui occulté auprès de la génération 80. 

*Bruno
2èx

mardi 5 mai 2020

Les Fantômes du Chapelier

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site unifrance.org

de Claude Chabrol. 1982. France. 2h00. Avec Michel Serrault, Charles Aznavour, Monique Chaumette, François Cluzet, Aurore Clément, Isabelle Sadoyan, Jean Champion.

Sortie salles France: 25 Mai 1982

FILMOGRAPHIE (Part 1): Claude Chabrol, né le 24 juin 1930 à Paris où il est mort le 12 septembre 2010, est un réalisateur français, également producteur, scénariste, dialoguiste et à l'occasion acteur. 1958 : Le Beau Serge. 1959 : Les Cousins. 1959 : À double tour. 1960 : Les Bonnes Femmes. 1961 : Les Godelureaux. 1962 : Les Sept Péchés capitaux (segment L'Avarice). 1962 : L'Œil du Malin. 1963 : Ophélia. 1963 : Landru. 1964 : L'Homme qui vendit la tour Eiffel (segment dans Les Plus Belles Escroqueries du monde). 1964 : Le Tigre aime la chair fraîche. 1965 : Paris vu par... (segment La Muette). 1965 : Marie-Chantal contre docteur Kha. 1965 : Le Tigre se parfume à la dynamite. 1966 : La Ligne de démarcation. 1967 : Le Scandale. 1967 : La Route de Corinthe. 1968 : Les Biches. 1969 : La Femme infidèle. 1969 : Que la bête meure. 1970 : Le Boucher. 1970 : La Rupture.


"Un "Maniac" provincial tétanisant d'immersion blafarde."
Claque émotionnelle comme on en voit peu dans le paysage français, les Fantômes du Chapelier est en quelque sorte notre version (provinciale) de Maniac de William Lustig. Dans la mesure ou Claude Chabrol s'efforce avec une inspiration innée à nous immerger dans l'intimité d'un étrangleur avec autant de vigueur psychologique que de dérision morbide. Car pur film d'ambiance renfrognée, de par son climat pluvieux ou grisonnant éclairant modestement ces ruelles placides (parfois placardées d'affiches de cinéma de la dernière séance !), et le profil davantage tourmenté du psychopathe en proie au doux remord depuis son addiction meurtrière, les Fantômes du Chapelier s'érige en descente aux enfers cafardeuse sous l'impulsion d'un Michel Serrault transi d'émoi. Car littéralement époustouflant en étrangleur altier et outrecuidant, car si serein de ses actions et de ses pensées sarcastiques, l'acteur dégage une palette d'expressions borderline au fil de sa dérive émotionnelle à ne pouvoir refréner ses pulsions macabres. Car si au premier abord il demeure persuadé de n'être qu'un époux victimisé par la jalousie de son épouse envahissante, qui plus est contraint de supprimer chaque témoin de celle-ci lors de son anniversaire annuel, la marque d'empathie qu'il éprouvera pour son voisin d'en face (lors d'un moment crucial de l'action), finira par le plonger dans une détresse dépressive gagnée de psychopathie. Ainsi, on a beau jubiler de la prestation de Serrault lors d'une première heure assez décontractée et facétieuse à travers sa caractérisation caustique (notamment ses fréquentes brimades auprès de Kachoudas), son cheminement moral finit autant par nous dérouter que de nous déranger de par son désarroi cérébral de ne pouvoir réprimer ses exactions préjudiciables.


Claude Chabrol nous immergeant dans sa quotidienneté esseulée avec un réalisme aussi trouble qu'ensorcelant quant à l'humanité fébrile du personnage en perdition. Notamment eu égard des détails du quotidien faussement rassurant lorsqu'il se réfugie par exemple au restaurant en guise d'exutoire ou lorsqu'il cause à son employé juvénile avec une autorité plutôt bipolaire. Quand bien même d'autres détails autrement saillants, sombres et inquiétants nous exposent ses confidences orales avec un mannequin disposé dans la chambre de sa défunte épouse, et ce en consommant un second repas parmi elle qu'il venait de lui concocter. Cet aparté, il l'entretient tous les jours, tel le rituel, afin de faire croire à sa domestique et aux villageois que son épouse impotente est toujours en vie ! Au-delà de la performance de Serrault habité par sa posture erratique lors des moments de solitude, Charles Aznavour surprend agréablement en voisin couard pétri d'angoisse et de fragilité à l'idée de dénoncer son meurtrier du fait de ses origines arméniennes. Ce dernier nous suscitant une certaine compassion à travers sa timidité du refus de s'exprimer et d'imposer ses idées faute de sa condition à la fois recluse et précaire. Quand bien même l'étrangleur, persuadé de n'être que la victime d'un époux autrefois humilié, poursuit son bonhomme de chemin à croire à sa nouvelle existence à la fois prospère et épanouissante. Mais ce subit regain d'humanité pour son voisin Kachoudas l'amènera finalement à sa perte à travers son émotivité ébranlée.


Pur film d'ambiance à la fois mortifère et sarcastique au fil d'une évolution morale davantage malsaine et malaisante, les Fantômes du Chapelier faut preuve d'une rare maîtrise à dresser le portrait d'un psychopathe aussi dérisoire que pathétique dans sa condition vaniteuse. Quand bien même son climat provincial infiniment immersif et dénué de date (nous ne connaîtrons jamais l'époque dans laquelle évoluent nos personnages !) nous plonge dans sa quotidienneté morose avec un vérisme blafard perpétuellement fascinant. Du grand cinéma d'auteur qui ne se prétend jamais prétentieux à travers son habile conjugaison de comédie vitriolée et de psycho-killer. 

*Bruno
2èx

FILMOGRAPHIE (Part 2): 1971 : Juste avant la nuit. 1971 : La Décade prodigieuse. 1972 : Docteur Popaul. 1973 : Les Noces rouges. 1974 : Nada. 1975 : Une partie de plaisir. 1975 : Les Innocents aux mains sales. 1976 : Les Magiciens. 1976 : Folies bourgeoises. 1977 : Alice ou la Dernière Fugue. 1978 : Les Liens de sang. 1978 : Violette Nozière. 1980 : Le Cheval d'orgueil. 1982 : Les Fantômes du chapelier. 1984 : Le Sang des autres. 1985 : Poulet au vinaigre. 1986 : Inspecteur Lavardin. 1987 : Masques. 1988 : Le Cri du hibou. 1988 : Une affaire de femmes. 1990 : Jours tranquilles à Clichy. 1990 : Docteur M. 1991 : Madame Bovary. 1992 : Betty. 1993 : L'Œil de Vichy. 1994 : L'Enfer. 1995 : La Cérémonie. 1997 : Rien ne va plus. 1999 : Au cœur du mensonge. 2000 : Merci pour le chocolat. 2002 : La Fleur du mal. 2004 : La Demoiselle d'honneur. 2006 : L'Ivresse du pouvoir. 2007 : La Fille coupée en deux. 2009 : Bellamy.

lundi 4 mai 2020

La Réincarnation de Peter Proud (la mort en rêve).

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Jack Lee Thompson. 1975. U.S.A. 1h45. Avec Michael Sarrazin, Jennifer O'Neill, Margot Kidder, Cornelia Sharpe, Paul Hecht, Tony Stephano, Norman Burton.

Sortie salles France: 17 Mars 1976 (diffusé dans certaines salles). U.S: 25 Avril 1975

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Jack Lee Thomson (John Lee Thompson) est un réalisateur, scénariste et producteur britannique né le 1er août 1914 à Bristol (Royaume-Uni), décédé le 30 août 2002 à Sooke (Canada). Avec 47 longs-métrages, le cinéaste aborda tous les genres avec plus ou moins de bonheur dont certains sont qualifiés de chefs-d'oeuvre. Pour ses titres les plus notoires, on peut citer Les Canons de Navarone, Les Nerfs à vif, la Conquête de la planète des singes, la Bataille de la Planète des singes, le Bison Blanc, l'Empire du Grec, Monsieur St-Yves, Passeur d'hommes et Happy Birthday (son unique incursion dans le slasher). Il signera en outre une illustre série de films d'action particulièrement violents, le "vigilante movie" parmi son acteur fétiche Charles Bronson (Le Justicier de Minuit, l'Enfer de la Violence, la Loi de Murphy, le Justicier braque les dealers, le Messager de la mort et Kinjite, sujets tabous).


Le pitch: Un professeur de collège de Californie, Peter Proud, est sujet à des cauchemars récurrents. Il voit ainsi régulièrement un homme nageant nu dans un lac et se faisant frapper à mort par une femme depuis une barque. Avant de mourir, l'homme crie à plusieurs reprises, "Marcia, ne fais pas ça!". Apparaissent également de manière récurrente des bribes de paysage urbain : Pont, église, ainsi qu'un couple se promenant dans une Cord 810 cabriolet...

Curiosité fantastique réalisée par le touche à tout (et inégal) Jack Lee Thompson, épaulé d'un casting 3 étoiles (Michael Sarrazin, Jennifer O'Neill et surtout Margot Kidder très convaincante en meurtrière en berne), la Réincarnation de Peter Troud peine à captiver à travers son scénario aussi inintéressant que poussif que le réalisateur aborde à travers une réalisation académique. On comprend donc mieux pourquoi cette rareté ne sortit que dans quelques salles chez nous.


 *Bruno

samedi 2 mai 2020

Appel dans la nuit / When a stranger calls back

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site talkerjany.blogspot.com

"When a Stranger Calls Back" de Fred Walton. 1993. U.S.A/Canada. 1h35. Avec Carol Kane, Charles Durning, Jill Schoelen, Gene Lythgow

Diffusion TV U.S: 4 Avril 1993

FILMOGRAPHIE: Fred Walton est un réalisateur et scénariste américain.
1979: Terreur sur la Ligne. 1986: Week-end de terreur. 1987: Confession criminelle. 1987: Hadley's Rebellion. 1988: I saw what you did (télé-film). 1989: Seule dans la tour de verre (télé-film). 1990: Murder in Paradise. 1992: The Price She Paid (télé-film). 1992: Homewrecker (télé-film). 1993: Terreur sur la ligne 2 (télé-film). 1994: Dead Air (télé-film). 1995: The Courtyard (télé-film). 1996: The Stepford Husbands (télé-film).


Séquelle d'un psycho-killer culte dans toutes les mémoires (tout du moins chez la génération 80), spécialement conçu pour la TV, Appel dans la nuit fait suite au modèle du genre Terreur sur la ligne en recrutant le même duo d'interprètes Carol Kane / Charles Durning. Et on peut dire que Fred Walton se tire intelligemment de la redite à notre grande surprise, et ce en reprenant le contexte si effrayant de son modèle scindé en 3 parties. A savoir une baby-sitter traquée et harcelée par un mystérieux tueur s'en prenant aux enfants d'une famille lambda. Sauf qu'en l'occurrence l'outil oppressant du téléphone s'avère moins explicite lorsque le tueur décide à chaque situation alerte d'y couper la ligne afin que la victime se retrouve davantage démunie de moindre assistance. Non avare d'idées retorses, Fred Walton réfute intelligemment le copié-collé à travers ses situations attendues renouvelées ici dans un savant dosage de suspense, d'interrogations inexpliquées et d'angoisse tangible. A l'instar de sa première demi-heure presque aussi exemplaire que son modèle dans son art de susciter l'appréhension de la victime confinée, en proie à un sérieux malaise moral eu égard de l'inconnu frappant fréquemment à la porte d'entrée pour lui porter assistance. Qui plus est, par le biais de circonstances inexpliquées où le danger sous-jacent semble autant provenir de l'intérieur de la maison que de l'extérieur, le réalisateur sous entend la présence de 2 tueurs. 


Tout du moins jusqu'à mi-parcours du métrage reprenant ensuite le concept de l'enquête policière efficacement menée. Outre le jeu crédible du mystérieux étranger harcelant sa victime avec un flegme irritant (notamment auprès du timbre particulier de sa voix), on peut saluer la présence de Jill Schoelen en victime à la fois fragile et contrariée, nantie d'un comportement censé à chaque fois qu'elle répliquera (verbalement) à son assaillant. Menée par le détective John Clifford ainsi que la survivante du 1er opus Jill Johnson, la seconde partie amorce ensuite une investigation à la fois captivante et insolite afin d'épauler la victime Julie à nouveau sévèrement mise à mal avec le tueur. Une enquête originale brièvement détaillée, voire parfois même dérangeante à 2 reprises (sans déflorer une fameuse représentation détournée ainsi que la pulsion sadique du  tueur dans la chambre d'hôpital), dans la mesure où le duo John / Jill se focalisera sur la profession du présumé coupable en proie à une probable sociopathie. Quand bien même la dernière partie renoue avec l'angoisse pressentie du 1er acte lorsque Jill se retrouve nez à nez avec le tueur à l'intérieur de sa bâtisse. Là encore, un incroyable rebondissement nous est traduit de manière toute à fait convaincante, aussi disproportionnée soit la stratégie du tueur sacrément finaud pour piéger sa victime dans sa toile. Quand bien même cette dernière relèvera vaillamment la gageure de ne pas se voir réduire en potiche de service !


Sobrement interprété par un trio d'acteurs aussi charismatiques qu'impliqués, techniquement soignée et maîtrisé (notamment auprès de la reprise de son score sobrement envoûtant), si bien que l'on croirait presque avoir affaire à un long-métrage ciné, Appel dans la Nuit demeure une belle surprise pour tous les amoureux de son modèle insurpassable. Car si bien entendu il n'égale pas son aîné, Appel dans la Nuit parvient à renouveler ses codes parmi l'intégrité (couillue) d'astuces inventives. 

Ci-joint la chronique de Terreur sur la Ligne: http://brunomatei.blogspot.com/2014/07/terreur-sur-la-ligne-when-stranger.html

Remerciement à Warning Zone.
*Bruno  

vendredi 1 mai 2020

Le Sang des Innocents

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemapassion.com

"Non ho sonno" de Dario Argento. 2001. Italie. 1h56. Avec Max von Sydow, Stefano Dionisi, Chiara Caselli, Roberto Zibetti, Gabriele Lavia, Paolo Maria Scalondro.

Sortie salles France: 13 Mars 2002 (Int - 16 ans). Italie: 5 Janvier 2001

FILMOGRAPHIE: Dario Argento est un réalisateur et scénariste italien né le 7 septembre 1940, à Rome (Italie). 1969: l'Oiseau au plumage de Cristal, 1971: Le Chat à 9 queues, Quatre mouches de velours gris, 1973: 5 Jours à Milan, 1975, Les Frissons de l'Angoisse, 1977: Suspiria, 1980: Inferno, 1982: Ténèbres, 1985: Phenomena, 1987: Opera, 1990: 2 yeux Maléfiques, 1993: Trauma, 1996: Le Syndrome de Stendhal, 1998: Le Fantome de l'Opéra, 2001: Le Sang des Innocents,2004: Card Player, 2005: Aimez vous Hitchcock ?, 2005: Jennifer (épis Masters of Horror, sais 1), 2006: J'aurai leur peau (épis Masters of Horror, sais 2), 2006: Mother of Tears, 2009: Giallo, 2011: Dracula 3D.


L'ombre d'Argento.
Ne tournons pas autour du pot, Le Sang des Innocents fait hélas parti de la période déclinante du maestro, juste après nous avoir endormi avec son adaptation de Leroux, le Fantôme de l'Opéra. Et on a beau applaudir l'incroyable anthologie criminelle qui ouvre l'intrigue (bon dieu quel moment de grâce morbide !), le Sang des Innocents a bien du mal à maintenir l'intérêt de par son intrigue à la fois poussive, confuse, incohérente par moments, tant et si bien que l'on finit par décrocher lors de son ultime demi-heure en roue libre. Qui plus est, les décors et la photo dignes d'un télé-film demeurent ternes (un comble pour le génie de l'esthétisme pictural !) au point que certaines critiques l'ont d'ailleurs comparé à un épisode de Derrick. Reste toutefois quelques fulgurances techniques disséminées ici et là, une ambiance angoissante tantôt perceptible, des meurtres croquignolets (même si moins inventif dans leur stylisme), un score des Goblin absolument percutant et enfin le plaisir de retrouver Max Von Sidow dans le rôle d'un inspecteur sclérosé peinant à démystifier une affaire criminelle vieille de 18 ans. Et si l'intrigue fait preuve de réelle audace quant à l'identité du tueur s'inspirant d'une comptine dans un livre animalier pour enfants, on a bien du mal à se passionner pour sa pathologie mentale qu'Argento souligne dans un semblant d'auto-parodie. Un beau gâchis donc qui nous laisse sur un sentiment d'amertume même si le Sang des Innocents ne rivalise guère avec ses pires navets (Le Fantôme de l'Opéra, Mother of TearsGiallo, The Card Player, Aimez vous Hithcock, Dracula 3D ayant sonné le glas pour son éventuelle résurrection).


 *Bruno
2èx