Photo empruntée sur Google, appartenant au site unifrance.org
de Claude Chabrol. 1982. France. 2h00. Avec Michel Serrault, Charles Aznavour, Monique Chaumette, François Cluzet, Aurore Clément, Isabelle Sadoyan, Jean Champion.
Sortie salles France: 25 Mai 1982
FILMOGRAPHIE (Part 1): Claude Chabrol, né le 24 juin 1930 à Paris où il est mort le 12 septembre 2010, est un réalisateur français, également producteur, scénariste, dialoguiste et à l'occasion acteur. 1958 : Le Beau Serge. 1959 : Les Cousins. 1959 : À double tour. 1960 : Les Bonnes Femmes. 1961 : Les Godelureaux. 1962 : Les Sept Péchés capitaux (segment L'Avarice). 1962 : L'Œil du Malin. 1963 : Ophélia. 1963 : Landru. 1964 : L'Homme qui vendit la tour Eiffel (segment dans Les Plus Belles Escroqueries du monde). 1964 : Le Tigre aime la chair fraîche. 1965 : Paris vu par... (segment La Muette). 1965 : Marie-Chantal contre docteur Kha. 1965 : Le Tigre se parfume à la dynamite. 1966 : La Ligne de démarcation. 1967 : Le Scandale. 1967 : La Route de Corinthe. 1968 : Les Biches. 1969 : La Femme infidèle. 1969 : Que la bête meure. 1970 : Le Boucher. 1970 : La Rupture.
"Un "Maniac" provincial tétanisant d'immersion blafarde."
Claque émotionnelle comme on en voit peu dans le paysage français, les Fantômes du Chapelier est en quelque sorte notre version (provinciale) de Maniac de William Lustig. Dans la mesure ou Claude Chabrol s'efforce avec une inspiration innée à nous immerger dans l'intimité d'un étrangleur avec autant de vigueur psychologique que de dérision morbide. Car pur film d'ambiance renfrognée, de par son climat pluvieux ou grisonnant éclairant modestement ces ruelles placides (parfois placardées d'affiches de cinéma de la dernière séance !), et le profil davantage tourmenté du psychopathe en proie au doux remord depuis son addiction meurtrière, les Fantômes du Chapelier s'érige en descente aux enfers cafardeuse sous l'impulsion d'un Michel Serrault transi d'émoi. Car littéralement époustouflant en étrangleur altier et outrecuidant, car si serein de ses actions et de ses pensées sarcastiques, l'acteur dégage une palette d'expressions borderline au fil de sa dérive émotionnelle à ne pouvoir refréner ses pulsions macabres. Car si au premier abord il demeure persuadé de n'être qu'un époux victimisé par la jalousie de son épouse envahissante, qui plus est contraint de supprimer chaque témoin de celle-ci lors de son anniversaire annuel, la marque d'empathie qu'il éprouvera pour son voisin d'en face (lors d'un moment crucial de l'action), finira par le plonger dans une détresse dépressive gagnée de psychopathie. Ainsi, on a beau jubiler de la prestation de Serrault lors d'une première heure assez décontractée et facétieuse à travers sa caractérisation caustique (notamment ses fréquentes brimades auprès de Kachoudas), son cheminement moral finit autant par nous dérouter que de nous déranger de par son désarroi cérébral de ne pouvoir réprimer ses exactions préjudiciables.
Claude Chabrol nous immergeant dans sa quotidienneté esseulée avec un réalisme aussi trouble qu'ensorcelant quant à l'humanité fébrile du personnage en perdition. Notamment eu égard des détails du quotidien faussement rassurant lorsqu'il se réfugie par exemple au restaurant en guise d'exutoire ou lorsqu'il cause à son employé juvénile avec une autorité plutôt bipolaire. Quand bien même d'autres détails autrement saillants, sombres et inquiétants nous exposent ses confidences orales avec un mannequin disposé dans la chambre de sa défunte épouse, et ce en consommant un second repas parmi elle qu'il venait de lui concocter. Cet aparté, il l'entretient tous les jours, tel le rituel, afin de faire croire à sa domestique et aux villageois que son épouse impotente est toujours en vie ! Au-delà de la performance de Serrault habité par sa posture erratique lors des moments de solitude, Charles Aznavour surprend agréablement en voisin couard pétri d'angoisse et de fragilité à l'idée de dénoncer son meurtrier du fait de ses origines arméniennes. Ce dernier nous suscitant une certaine compassion à travers sa timidité du refus de s'exprimer et d'imposer ses idées faute de sa condition à la fois recluse et précaire. Quand bien même l'étrangleur, persuadé de n'être que la victime d'un époux autrefois humilié, poursuit son bonhomme de chemin à croire à sa nouvelle existence à la fois prospère et épanouissante. Mais ce subit regain d'humanité pour son voisin Kachoudas l'amènera finalement à sa perte à travers son émotivité ébranlée.
Pur film d'ambiance à la fois mortifère et sarcastique au fil d'une évolution morale davantage malsaine et malaisante, les Fantômes du Chapelier faut preuve d'une rare maîtrise à dresser le portrait d'un psychopathe aussi dérisoire que pathétique dans sa condition vaniteuse. Quand bien même son climat provincial infiniment immersif et dénué de date (nous ne connaîtrons jamais l'époque dans laquelle évoluent nos personnages !) nous plonge dans sa quotidienneté morose avec un vérisme blafard perpétuellement fascinant. Du grand cinéma d'auteur qui ne se prétend jamais prétentieux à travers son habile conjugaison de comédie vitriolée et de psycho-killer.
*Bruno
2èx
FILMOGRAPHIE (Part 2): 1971 : Juste avant la nuit. 1971 : La Décade prodigieuse. 1972 : Docteur Popaul. 1973 : Les Noces rouges. 1974 : Nada. 1975 : Une partie de plaisir. 1975 : Les Innocents aux mains sales. 1976 : Les Magiciens. 1976 : Folies bourgeoises. 1977 : Alice ou la Dernière Fugue. 1978 : Les Liens de sang. 1978 : Violette Nozière. 1980 : Le Cheval d'orgueil. 1982 : Les Fantômes du chapelier. 1984 : Le Sang des autres. 1985 : Poulet au vinaigre. 1986 : Inspecteur Lavardin. 1987 : Masques. 1988 : Le Cri du hibou. 1988 : Une affaire de femmes. 1990 : Jours tranquilles à Clichy. 1990 : Docteur M. 1991 : Madame Bovary. 1992 : Betty. 1993 : L'Œil de Vichy. 1994 : L'Enfer. 1995 : La Cérémonie. 1997 : Rien ne va plus. 1999 : Au cœur du mensonge. 2000 : Merci pour le chocolat. 2002 : La Fleur du mal. 2004 : La Demoiselle d'honneur. 2006 : L'Ivresse du pouvoir. 2007 : La Fille coupée en deux. 2009 : Bellamy.
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