lundi 9 novembre 2020

Don Camillo en Russie

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Ecranlarge.com

"Il compagno Don Camillo" de Luigi Comencini. 1965. /Italie/Allemagne de l'Ouest. 1h50. Avec Fernandel, Gino Cervi, Leda Gloria, Gianni Garko, Saro Urzì, Graziella Granata

Sortie salles France: 17 Septembre 1965

FILMOGRAPHIE: Luigi Comencini est un réalisateur italien, né le 8 juin 1916 à Salò, province de Brescia en Lombardie (Italie), mort le 6 avril 2007 à Rome. 1948 : De nouveaux hommes sont nés. 1949 : L'Empereur de Capri. 1951 : Les Volets clos. 1952 : La Traite des blanches. 1952 : Heidi. 1953 : La valigia dei sogni. 1953 : Pain, Amour et Fantaisie. 1954 : Pain, Amour et Jalousie. 1955 : La Belle de Rome. 1956 : Tu es mon fils. 1957 : Mariti in città. 1958 : Mogli pericolose. 1959 : Und das am Montagmorgen. 1959 : Le sorprese dell'amore. 1960 : La Grande Pagaille. 1961 : À cheval sur le tigre. 1962 : Le Commissaire. 1963 : La Ragazza. 1964 : Tre notti d'amore. 1964 : La mia signora. 1965 : Les Poupées (Le bambole), segment Il trattato di eugenetica. 1965 : Le Partage de Catherine. 1965 : Don Camillo en Russie. 1967 : L'Incompris. 1968 : Les Russes ne boiront pas de Coca Cola ! 1969 : Casanova, un adolescent à Venise. 1969 : Senza sapere niente di lei. 1972 : L'Argent de la vieille. 1974 : Un vrai crime d'amour. 1974 : Mon Dieu, comment suis-je tombée si bas ? 1975 : Les Aventures de Pinocchio. 1975 : La Femme du dimanche. 1976 : Mesdames et messieurs bonsoir. 1976 : Basta che non si sappia in giro!…1976 : La Fiancée de l'évêque. 1977 : Qui a tué le chat ? 1979 : Le Grand Embouteillage. 1980 : Eugenio. 1982 : L'Imposteur. 1984 : Cuore. 1987 : La storia. 1987 : Un enfant de Calabre. 1988 : La Bohème, adaptation de l'opéra de Puccini. 1989 : Joyeux Noël, bonne annnée. 1991 : Marcellino.

Le pitch: Peppone propose de jumeler Brescello avec une ville russe située sur le Don, mais la proposition ne plaît pas à Don Camillo qui y voit une volonté de propagande électorale dangereuse pour ses idées. Don Camillo réussit à trouver une solution à ce problème en obligeant (par chantage) Peppone à l'emmener avec lui déguisé en camarade communiste Camillo. Pendant le voyage, entre les concours de vodka et les difficultés de communication, Peppone découvrira que la Russie soviétique n'est pas tout à fait le monde parfait qu'il avait imaginé. Quant à Don Camillo, il verra que « l'empire rouge » n'est pas si infernal qu'il le croyait et que l'on peut y trouver des gens courageux et bons.

2 424 200 entrées pour cet ultime volet (2 fois moins que son précédent opus), Don Camillo en Russie demeure le moins réussi de la série sous la houlette de Luigi Comencini s'efforçant de rivaliser avec ces prédécesseurs Carmine Gallone / Julien Duvivier avec une certaine bonne volonté. Et bien que l'on ne retrouve guère les ingrédients usuels (l'action provinciale est délocalisée en urbanisation russe, les discordes entre Don Camillo et Peponne ne sont plus ce qu'elles étaient si bien que les acteurs semblent moins inspirés), Don Camillo en Russie demeure un sympathique divertissement aussi plaisant qu'exaltant. 

*Bruno

Ci-joint les chroniques des précédents volets: 

vendredi 6 novembre 2020

Le Spectre du Chat

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Shadow of the Cat" de John Gilling. 1961. Angleterre. 1h19. Avec André Morell, Barbara Shelley, William Lucas, Freda Jackson, Conrad Phillips. 

Sortie salles France: 27 Septembre 1961

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: John Gilling est un réalisateur et scénariste anglais, né le 29 Mai 2012 à Londres, décédé le 22 Novembre 1984 à Madrid (Espagne). 1957: Pilotes de haut-vol. 1958: Signes particuliers: néant. 1959: L'Impasse aux Violences. 1961: Les Pirates de la Nuit. 1962: L'Attaque de San Cristobal. 1966: L'Invasion des Morts-Vivants. 1966: La Femme Reptile. 1967: Dans les Griffes de la Momie. 1975: La Cruz del diablo.

On ne présente plus la Hammer. Studio culte, ayant fait émerger d’immenses réalisateurs (Terence Fisher, notamment), initiateur du cinéma fantastique d’après-guerre, ce mastodonte fondé (avec une ambition toute relative) par William Hinds et Enrique Carreras ne finira jamais d’être redécouvert. Son esthétique néo-gothique traverse toutes les époques et permettent, in fine, de mieux comprendre comment les univers de Roger Corman, de Mario Bava, de Jesus Franco, de George A. Romero ou de Tobe Hooper ont pu s’imposer sur les écrans.

En 1961, un double-programme est proposé aux salles obscures : La Nuit du loup-garou (The Curse of the Werewolf) et Le Spectre du chat (The Shadow of the Cat). Si le premier est toujours aussi populaire (un Terence Fisher pur jus, sans Peter Cushing et Christopher Lee, mais avec Oliver Reed et Yvonne Romain), le second est plutôt tombé dans l’oubli. S’il n’est pas formellement estampillé Hammer (la faute à une bisbille avec Universal Pictures), il reste un de ses bébés. John Gilling, qui s’est fait un nom à la fin des années 1950 avec des films aussi divers que The Gamma People (1956), Interpol (1957), The Man Inside (1958) ou L’Impasse aux violences (1960), revient dans la maison-mère (il s’en était séparé pour raisons artistiques) pour ce projet. Scénario étonnant, censé faire d’un chat un monstre, et qui s’inspire totalement d’une nouvelle d’Edgar Allan Poe (The Black Cat, sorti dans la presse en 1843). Plusieurs fois adaptée - Edgar G. Ulmer (The Black Cat, 1934), Roger Corman (Tales of Terror, 1962), Lucio Fulci (Il gatto nero, 1981) ou Dario Argento (Due occhi diabolici, 1990) -, c’est un classique de l’épouvante... pourtant étranger à la Hammer ! Il faut dire que l’esthétique d’Edgar Allan Poe, pré-psychanalytique, fantasmatique, est particulière. Et quand on confie le scénario, à John Gilling, le chat, par exemple, ne doit jamais être montré à l’écran : c’est une ombre, une présence, un spectre. D’où le titre. Le réalisateur ne s’en satisfera pas... et imposera qu’on voit la "bête" à l’écran.

Pour rendre cette figure angoissante, il fera preuve d’une réelle originalité : la caméra filme assez souvent au ras du sol, une lentille déformante permettra à la caméra de proposer le point de vue subjectif du félin. La musique, sautillante, suggérera les déplacements furtifs de l’animal. Mais tout cela reste très artificiel et peu convaincant. Heureusement, John Gilling a su s’entourer d’un casting extraordinaire : André Morell, inoubliable Dr. Watson dans Le Chien des Baskerville (Terence Fisher, 1959), Freda Jackson, spécialiste des rôles de servante hystérique ou de veuve vengeresse, mais qu’on a connue plus inspirée, Richard Warner, second couteau de talent, et Barbara Shelley. Parlons de cette dernière : c’est un de ses premiers rôles pour la Hammer, mais elle est déjà connue dans le milieu du fantastique britannique. Révélée via son interprétation féline dans Cat Girl (Alfred Shaughnessy, 1957 : un remake du classique de Jacques Tourneur), elle est la vedette de deux films à succès : Le Sang du vampire (Henry Cass, 1958) et Le Village des damnés (Wolf Rilla, 1960). C’est donc en terrain conquis qu’elle arrive sur les plateaux des studios Bray, partenaires de la Hammer. Sa performance lui vaudra de mémorables premiers rôles : La Gorgone (Terence Fisher, 1964), c’est elle ! Helen Kent, l’érotique vampire du Dracula, prince des ténèbres (Terence Fisher, 1966) c’est elle ! Ses rôles dans Raspoutine, le moine fou (Don Sharp, 1966) et dans Les Monstres de l’espace (Roy Ward Baker, 1967) sont mémorables. Une carrière fulgurante, intelligente, qui sauve Le Spectre du chat, lui donnant cette touche d’ambivalence et de sensualité qui aurait pu manquer.

Car il faut bien l’avouer : les raisons de classer Le Spectre du chat dans la catégorie des bons films d’épouvante sont assez minces. Décevant, le film de John Gilling l’est à maints égards : ni véritable enquête policière, ni véritable spectacle horrifique, il oscille en permanence entre conflit moral et conte cruel. Techniquement, et dramatiquement, le travail est bien fait : plans serrés ou figuratifs, photographie impeccable, interprétation solide... C’est plutôt au niveau des intentions et du message que l’ensemble peine à se positionner : superficiellement gothique, médiocrement psychologique, hésitant sans cesse entre le fantasmatique et le réalisme, Le Spectre du chat ne nous convainc jamais tout à fait. Lorsqu’on compare avec ce que John Gilling a sorti dans la foulée - à savoir L’Invasion des morts-vivants (The Plague of the Zombies, 1966), La Femme reptile (The Reptile, 1966) et Dans les griffes de la Momie  (The Mummy’s Shroud, 1967) -, on ne peut qu’être déçus. Reste la satisfaction d’avoir assisté à une gentille farce, faussement macabre.

5/10.

Par Florian Bezaud - le 7 mars 2018

Critique reprise sur le site DVDCLASSIK (que je rejoins avec autant d'amertume).
*Bruno

jeudi 5 novembre 2020

Le Miel du Diable

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Ecranlarge.com

"Il miele del diavolo" de Lucio Fulci. 1988. Italie. 1h23. Avec Brett Halsey, Corinne Cléry, Blanca Marsillach, Stefano Madia, Paula Molina. 

Sortie salles France: 20 Juillet 1988 (Int - 18 ans)

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Lucio Fulci est un réalisateur, scénariste et acteur italien, né le 17 juin 1927 à Rome où il est mort le 13 mars 1996. 1966: Le Temps du Massacre, 1969 : Liens d'amour et de sang , 1971 : Carole, 1971: Le Venin de la peur,1972 : La Longue Nuit de l'exorcisme, 1974 : Le Retour de Croc Blanc, 1975: 4 de l'Apocalypse, 1976: Croc Blanc, 1977 : L'Emmurée vivante, 1979: l'Enfer des Zombies, 1980 : la Guerre des Gangs, 1980 : Frayeurs, 1981 : Le Chat noir, 1981 : L'Au-delà, 1981 : La Maison près du cimetière , 1982 : L'Éventreur de New York , 1984 : 2072, les mercenaires du futur, Murder Rock, 1986 : Le Miel du diable , 1987 : Aenigma, 1988 : Quando Alice ruppe lo specchio, 1988 : les Fantomes de Sodome, 1990 : Un chat dans le cerveau, 1990 : Demonia, 1991 : Voix Profondes, 1991 : la Porte du Silence..

"Quand elle paraîtra, ton univers s'écroulera. Quand tu la verras, ton souffles s'engloutiras. Quand tu mourras de désir de la posséder, elle rira. Quand elle foulera ton âme, ton sang bouillira. Mais tu succomberas de bonheur parce qu'elle est le miel du diable. Et elle te tuera avec l'infinie douceur du feu." 

Fraîche découverte que ma première séance après l'avoir reporté à maintes reprises, notamment faute de sa réputation timorée, Le Miel du Diable fait probablement parti de l'ultime oeuvre fréquentable du maestro Lucio Fulci, aussi dispensable soit-elle. Sorte de version putassière de 9 semaines et demi mâtinée de Lune de Fiel, le Miel du Diable exploite un érotisme bisseux (et donc complaisamment assumé) auprès d'un couple en rut multipliant les batifolages lubriques sur fond de masochisme et d'ardeur sentimentale. Jessica (incarnée par la douce Blanca Marsillach toute en beauté laiteuse et naturelle) étant le fruit de soumission de son amant impérieux s'adonnant à ses penchants pervers en roue libre. Mais follement amoureuse de lui, elle cède toujours à ses caprices en dépit de sa contradiction réticente. Or, tout bascule le jour où son amant Johnny meurt sur la table d'opération faute de l'inadvertance du chirurgien obnubilé par sa séparation conjugale. 


Un époux infidèle multipliant les conquêtes d'un soir avec un goût similaire pour la domination phallocrate. Bref, un type paumé et frustré perdu dans ses délires sexuels afin de pallier son manque affectif. Jeu pervers de manipulation, de domination et de soumission entre une victime et son bourreau, Le Miel du Diable inverse ensuite les rôles lors du second acte quant au règlement de compte sadomaso de Jessica, némésis en quête de rédemption à travers sa remise en question morale d'y punir le(s) présumé(s) coupable(s). Tant son amant d'autrefois que le chirurgien que Jessica revit à travers lui. Le récit s'articulant autour des relations davantage équivoques de ce duo de fortune en proie à un désir viscéral de passion et de plénitude au sein d'un huis-clos insalubre. Sexe, humiliations et châtiments se conjuguant ostensiblement sous la mainmise de Jessica sérieusement perturbée par ses préalables expériences érotiques perpétrées par son amant perfide. Ainsi, cette mauvaise fréquentation aujourd'hui dissoute lui permettra néanmoins de refaire surface grâce à sa précaire posture de justicière fébrile éprise d'indulgence grâce à ses réminiscences traumatiques. 


Série B typiquement transalpine de par son acrimonie existentielle à la fois malsaine et putassière, le Miel du Diable demeure une sympathique curiosité polissonne en dépit de son manque d'intensité, notamment faute d'une intrigue éculée pas si captivante que prévue. On reste toutefois sensible à la caractérisation aigrie de ses personnages en perdition en désillusion amoureuse. A découvrir. 

*Bruno

mercredi 4 novembre 2020

5 fois la mort

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Ecranlarge.com

"Devils time five" de Sean MacGregor et David Sheldon. 1974. U.S.A. 1h28. Avec Sorrell Booke, Gene Evans, Taylor Lacher

Sortie salles France: ?. U.S: 3 Mai 1974

FILMOGRAPHIE: Sean Mc Gregor est un réalisateur américain. 2012: Tiger Cage. 1992 A Mission to Kill. 1988 The Kill Machine. 1974 Tiger Cage. 1974 5 Fois la mort. 1973 Camper John. 1972: November Children.

Le pitch: Un groupe de cinq enfants aux instincts meurtriers sont recueillis par des familles dans un chalet après que la voiture chargée de les amener dans un hôpital psychiatrique a eu un accident.

Après avoir tenté un second visionnage (qui plus est en version HD svp), chroniquer un navet est à mon sens une perte de temps (en prime de l'avoir préalablement perdu à 2 reprises face écran).

*Bruno

Ci-joint la chronique de Psychovision: https://www.psychovision.net/films/critiques/fiche/1444-cinq-fois-la-mort

lundi 2 novembre 2020

Don Camillo Monseigneur

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Don Camillo monsignore… ma non troppo" de Carmine Gallone. 1961. Italie. 1h58. Avec Fernandel, Gino Cervi, Leda Gloria, Karl Zoff, Gina Rovere, Carlo Taranto.

Sortie salles France: 1er Décembre 1961

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Carmine Gallone est un réalisateur italien né le 10 septembre 18851 à Taggia dans la province d'Imperia (Ligurie) et mort le 11 mars 1973 à Frascati.1913 : Le Baiser de Cyrano. 1914 : La Femme nue. 1914 : La Marche nuptiale. 1917 : Histoire des Treize. 1920 : Le Colonel Chabert. 1926 : Les Derniers Jours de Pompéi. 1927 : Celle qui domine. 1928 : L'Enfer d'amour. 1929 : Terre sans femmes. 1930 : La Ville des mille joies. 1931 : City of Songs. 1931 : Ma cousine de Varsovie. 1931 : Un soir de rafle. 1932 : Le Chant du marin. 1932 : Un fils d'Amérique. 1932 : Le Roi des palaces. 1934 : Two Hearts in Waltz Time . 1934 : Mon cœur t'appelle. 1935 : Casta Diva. 1937 : Scipion l'Africain 1938 : Giuseppe Verdi. 1939 : Marionnette. 1940 : Manon Lescaut. 1940 : Melodie eterne. 1942 : Les Deux Orphelines. 1943 : Harlem. 1946 : Rigoletto. 1948 : La leggenda di Faust. 1949 : Il trovatore. 1950 : La forza del destino. 1950 : Taxi de nuit. 1951 : Messaline. 1953 : Cavalleria rusticana. 1953 : Puccini. 1954 : Casta Diva. 1954 : La Maison du souvenir. 1954 : Madame Butterfly. 1955 : La Grande Bagarre de don Camillo. 1955 : La Fille de Mata Hari. 1956 : Michel Strogoff. 1956 : Tosca. 1960 : Carthage en flammes. 1961 : Don Camillo Monseigneur. 1963 : Carmen 63. 

Si Don Camillo monseigneur n'est pas du niveau des 2 premiers opus, il demeure aussi bon que son prédécesseur alors que 6 ans les séparent. D'ailleurs le public français encore au rendez-vous ne s'y est pas trompé si bien qu'il cumula 4 280 338 entrées. Toujours réalisé par Carmine Gallone, Don Camillo Monseigneur nous annonce le retour au bercail du duo divergent depuis la mise en chantier d'une maison communale en lieu et place d'une chapelle. Quand bien même, un peu plus tard, Don Camillo et Peppone seront l'objet d'une nouvelle discorde depuis le mariage du fils de ce dernier. Peppone exigeant un mariage civil contre l'avis ecclésiastique de son compère. Ainsi, entre le sénateur et monseigneur, il semble qu'une certaine sagesse d'esprit s'est instauré entre eux, tant et si bien que ce nouveau volet ne prête pas vraiment au moments de franche rigolade à travers leur inépuisable affrontement (ici uniquement) verbal. Pour autant, de par la truculente bonhomie du couple à l'écran, l'inventivité de leurs répliques et sa narration fertile en stratégies de compétition et ennuis subsidiaires, Don Camillo Monseigneur amuse sans lasser en dépit de l'inévitable routine de mécanique de rire fondée sur les illustres pugilats. Si bien que le film a beau durer 2h00, nous ne voyons toujours pas le temps défiler de par son doux climat de loufoquerie et de bienveillance mené sur rythme vif, et ce parfois émaillé d'onirisme comme de coutume (à l'instar de son épilogue écolo très expressif). Appuyé d'un superbe noir et blanc afin de mettre en exergue sa chaleur humaine émanant d'un cadre provincial où il fait bon vivre l'amour, la foi et l'amitié en toute simplicité, Don Camillo Monseigneur traverse donc les années sans difficulté même si on est en droit de regretter l'authenticité vigoureuse des 2 premiers volets. En attendant l'ultime conclusion réalisée cette fois-ci 4 ans plus tard par Luigi Comencini.


*Bruno
3èx

Ci-joint les chroniques des opus précédents.

vendredi 30 octobre 2020

Le Crane Maléfique / Les Forfaits du marquis de Sade

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Ebay.fr

"The Skull" de Freddie Francis. Angleterre. 1h23. Avec Avec Peter Cushing, Patrick Wymark, Jill Bennett, Nigel Green, Christopher Lee, Patrick Magee, Peter Woodthorpe. 

Sortie salles France: 30 Avril 1966. U.S: 25 Août 1965

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Freddie Francis est un réalisateur, directeur de photographie et scénariste britannique, né le 22 Décembre 1917 à Londres, décédé le 17 Mars 2007 à Isleworth (Royaume-Uni). 1962: La Révolte des triffides. 1963: Paranoiac. 1964: Meurtre par procuration. 1964: l'Empreinte de Frankenstein. 1965: Le Train des Epouvantes. 1965: Hysteria. 1965: Le Crane Maléfique. 1966: The Deadly Bees. 1966: Poupées de cendre. 1967: Le Jardin des Tortures. 1968: Dracula et les Femmes. 1970: Trog. 1972: Histoires d'Outre-Tombe. 1973: La Chair du Diable. 1973: Les Contes aux limites de la folie. 1974: Son of Dracula. 1975: La Légende du Loup-Garou. 1975: The Ghoul. 1985: Le Docteur et les Assassins. 1987: Dark Tower.

Moins connu que les oeuvres proverbiales du maître Freddie Francis, Le Crane Maléfique demeure une sympathique curiosité en dépit d'un pitch guère passionnant même si l'ennui n'y pointe jamais le bout du nez. Formellement soignée auprès de ses décors domestiques richement détaillés, si bien que l'on croirait par moment avoir affaire à une prod Hammer dans la tradition du gothisme séculaire, le Crâne Maléfique est également rehaussé du duo légendaire Christopher Lee / Peter Cushing. Ces derniers s'opposant (gentiment) pour la quête du crane du célèbre Marquis de Sade dérobé à plusieurs reprises par des quidams à la fois cupides et fureteurs. Ce crane ayant la faculté de posséder ses propriétaires au point de leur insuffler de morbides hallucinations (à l'instar de l'improbable séquence de la roulette russe !), et ce avant que ceux-ci ne passent à l'acte irréparable. Modestement efficace sous l'impulsion d'un Peter Cushing collectionneur d'objets occultes peu à peu envoûté par l'objet en question, le Crane Maléfique se focalise sur son profil véreux d'après un cheminement narratif prévisible. L'intrigue toute tracée ne parvenant donc pas à susciter un quelconque suspense en dépit de quelques scènes chocs bonnards timidement épeurantes. A découvrir d'un oeil curieux donc, notamment pour y parfaire notre culture cinéphile auprès de la filmo florissante de Freddie Francis

*Bruno

jeudi 29 octobre 2020

Halloween H20, 20 ans après

                                                 
                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site video.fnac.com

"Halloween H20 : 20 Years Later" de Steve Miner. 1998. U.S.A. 1h26. Avec Jamie Lee Curtis, Josh Hartnett, Adam Arkin, Michelle Williams, LL Cool J, Jodi Lyn O'Keefe, Adam Hann-Byrd, Janet Leigh, Joseph Gordon-Levitt, Nancy Stephens.

Sortie salles France: 9 décembre 1998. U.S: 5 Août 1998

FILMOGRAPHIE: Steve Miner est un réalisateur américain, né le 18 Juin 1951 à Westport, dans le Connecticut. 1981: Le Tueur de Vendredi. 1982: Meurtres en 3 dimensions. 1986: House. 1986: Soul Man. 1989: Warlock. 1991: A coeur vaillant rien d'impossible. 1992: Forever Young. 1994: Sherwood's Travels. 1994: My Father ce Héros. 1996: Le Souffre douleur. 1998: Halloween, 20 ans après. 1999: Lake Placid. 2001: The Third Degree (télé-film). 2001: Texas Rangers, la revanche des Justiciers. 2002: Home of the Brave (télé-film). 2006: Scarlett (télé-film). 2007: Day of the Dead.


17 ans après l'estimable séquelle de Rick RosenthalSteve Miner, habile artisan de série B aussi méritoire que son homologue, rend un ultime hommage à une saga trop longtemps réduite à l'ornière (si on épargne l'incroyable vilain petit canard: Halloween 3, le Sang du Sorcier). Ainsi, de par la présence de la Scream Queen Jamie Lee Curtis, les retrouvailles avec son frère psychotique fulminent héroïquement à travers un habile dosage d'angoisse, de tension et de suspense horrifiques. Et ce sous l'impulsion d'un montage aussi habile qu'ultra dynamique. Le pitch20 ans après les tristes évènements d'Hadonfield, Laurie Strode tente de se reconstruire grâce à sa fonction de directrice de collège dans une bourgade Californienne. Mère chérissante entièrement vouée à protéger son fils de 17 ans, elle est obnubilée par la crainte de voir réapparaître à tous moments son frère Michael Myers. Sa paranoïa et sa psychose vont lui donner raison si bien que le Mal est à nouveau délibéré à daigner se venger de la manière la plus expéditive ! A savoir, tenter d'exterminer sa soeur après sa défaite en 1981 !


Après trois épisodes consécutifs aussi bien inutiles que faméliques (l'opus 4, 5, et 6), nous étions en droit de craindre une vaine redite avec ce 7è volet présageant un nouveau massacre récursif. Pour autant, par l'entremise d'un cinéaste mineur pour autant doué en terme de savoir-faire frissonnant, et avec le retour de notre babysitter attitrée, Halloween H20 cultive une fascinante attractivité pour tous fans de la franchise, aussi inégale et (si) redondante fusse-t'elle autrefois. A l'arrivée, cette déclinaison préalablement célébrée en grande pompe constitue simplement l'un des meilleurs slashers des années 90 en même temps qu'un des épisodes les plus percutants de la saga ! Tant et si bien que Steve Miner s'est montré assidu à essayer d'honorer le travail notable de Carpenter entrepris 20 ans plus tôt (même si l'action prime largement au détriment de la suggestion). Dès le prologue, sobre mais quelque peu tendu de par son angoisse diffuse, un hommage respectueux est imparti auprès de sa réalisation chiadée car utilisant à bon escient la gestion de l'espace et du cadre au sein d'une unité de lieu taciturne. Le réalisateur appliquera d'ailleurs cette règle de la suggestion et de l'expectative d'une mort prochaine durant une bonne partie du métrage.


D'autre part la présence (aussi iconique) de Jamie Lee Curtis en mère vindicative (aujourd'hui avinée !), à nouveau déterminée à affronter son pire cauchemar s'avère une idée de départ alléchante afin d'exorciser ses démons internes (notamment son penchant pour l'alcool !). Le réalisateur accordant une attention à étoffer sa caractérisation humaine en mère castratrice, obsédée à l'idée de protéger son fils. Alors que les parents fuyaient l'éducation de leur rejeton lors du premier volet, Laurie Stroode demeure ici entièrement vouée à sauvegarder et choyer son chérubin, bientôt exposé au stade de sa majorité. Avec une efficacité modeste, Steve Miner s'attache donc à nous décrire leur relation conflictuelle (quand bien même Michael rode aux alentours !), et ce jusqu'à ce que John improvise un subterfuge à sa mère afin de batifoler entre amis dans une demeure isolée. C'est à ce moment propice, favorable aux prochaines exactions meurtrières, que la terreur investira les lieux avec l'émergence de notre boogeyman plus revanchard et brutal que jamais ! Car même si le hors-champs est souvent préconisé, certaines mises à mort s'avèrent parfois cruelles et réalistes ! Sans outrance ou facilité, la réalisation va habilement exploiter nombre de situations rebattues en misant sur le suspense escompté, les clines d'oeil, l'efficience du montage résolument nerveux et son attrait homérique qui en découle irrémédiablement. Et le point d'orgue homérique de réitérer la même formule sans pour autant faire sombrer l'entreprise dans l'esbroufe improbable en se focalisant sur la pugnacité revancharde d'une Jamie Lee Curtis plus opiniâtre que jamais ! Tant et si bien que pour le coup, Michael Myers n'a aucune chance de revenir lors d'un prochain épisode infructueux Spoil ! de par sa condition démembré ! Fin du Spoil


Entrecoupé d'habiles clins d'oeil aux 2 premiers volets (mais aussi à certaines oeuvres iconiques parmi lesquelles Psycho, le Tueur du Vendredi ou Scream !), superbement photographié au sein d'une atmosphère d'angoisse palpable avant de céder aux estocades épeurantes, Halloween H20 se décline en excellente surprise car redorant le blason d'une saga triviale facilement mercantile. Sous l'impulsion notable de Jamie Lee Curtis, ce psycho-killer résolument ludique parvient en toute efficacité à redynamiter le (sous-)genre de par la probité du sympathique faiseur Steve Miner (notamment en y soignant ses chaleureux décors domestiques et naturels au sein d'une paisible bourgade). Et ce en dépit ce quelques facilités (usuelles au slasher), clichés et jump scares inutiles parfois palliés d'une dérision bienvenue. Et plus les années voguent, plus Halloween H20 approche une charmante patine rétro !

* Bruno
29.10.20. 3èx
19.07.12. 148 v

mercredi 28 octobre 2020

Le Bateau de la Mort

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Death Ship" de Alvin Rakoff. 1980. Angleterre. 1h33. Avec George Kennedy, Richard Crenna, Nick Mancuso, Sally Ann Howes, Kate Reid, Victoria Burgoyne, Jennifer McKinney, Danny Higham, Saul Rubinek, Murray Cruchley.

Sortie salles France: 2 Juillet 1980 (Int - 13 ans).

FILMOGRAPHIE:  Alvin Rakoff est un réalisateur canadien né le 6 Février 1927 à Toronto.
1958: Passeport pour la Honte, 1959: Larry, agent secret, 1960: Vendredi 13 Heures, 1970: Hoffmann, 1971: Say Hello to Yesterda, 1979: Cité en feu, 1980: Accroche toi j'arrive, 1980: Le Bateau de la mort.


"Une super série B, aussi mineure soit-elle, entièrement dédiée à son ambiance cauchemardesque." 
Les scénaristes Jack Hill (réalisateur de "Coffy") et David P. Lewis se sont ici inspirés d'une trame d'une légende séculaire (le hollandais volant et ses flibustiers fantômes) mais remise au goût du jour dans notre époque contemporaine afin de mettre en exergue les exactions d'un vaisseau fantôme résolument photogénique (incroyable masse noire vue de l'extérieur, et ce filmée sous toutes les coutures derrière un crépuscule !) Le pitchA la suite d'une collision mortelle entre deux bateaux (l'un réunissant des touristes pour une croisière festive, l'autre déclinant toute identité), un groupe de rescapés embarquent sur un paquebot mystérieusement destitué de ses passagers et du gouverneur. Très vite, des évènements inexpliqués et meurtriers ne tardent pas à les terroriser. Modestement réalisé sans une once de prétention, Le Bateau de la mort exploite efficacement un scénario linéaire sans surprise transcendé d'un charme Bis à travers son ambiance morbide délicieusement atmosphérique et ses seconds couteaux bien connus des amateurs (Richard GrennaGeorges Kennedy). Un divertissement mineur, certes, qui aurait pu sombrer dans l'indifférence la plus totale s'il n'eut été rehaussé d'une ambiance ombrageuse persistante, de par son aura rubigineuse infiltrée en interne d'un paquebot. Abordant les thèmes du nazisme et du vampirisme, ces derniers sont traités de manière délétère, de par l'immoralité d'officiers SS sous emprise surnaturelle puisque à la merci impérieuse d'un navire se nourrissant de sang humain afin de se régénérer. Tiré par les cheveux, certes, mais franchement envoûtant à travers sa scénographie sépulcrale régie dans les coursives et sous-sols du bateau. 


Le premier meurtre surprend par sa cruauté à la fois escarpée et suffocante. Un homme suspendu par les pieds d'un câble est balloté dans les airs avant de périr noyé dans l'eau glaciale de la mer. Cette séquence particulièrement éprouvante se joue de sadisme latent afin de savoir si ce dernier accroché aux pieds pourrait éventuellement s'en délier et sortir de sa besogne. On nous invoque en même temps la visite impromptue de nos passagers déambulants dans les couloirs "opaques" du vaisseau alors que le capitaine, rescapé de l'ancienne croisière, est peu à peu possédé par une entité invisible. Dès lors, la panique s'empare de chacun des hôtes emprisonnés à bord de ce lieu feutré et tentant désespérément  d'échapper à moult phénomènes inexpliqués. A l'instar de cette sonnerie de téléphone sans qu'un quelconque interlocuteur ne soit au bout du fil ou de cet électrophone émettant sans raison une musique jazzy. Sans compter ce visage tuméfié d'une protagoniste affublée de pustules, ces chuchotements et voix d'outre-tombe faisant écho dans les corridors, ce bain de douche ruisselant de sang sur sa proie et enfin ces accidents meurtriers souvent provoqués par la tuyauterie du sous-sol industriel. Il faut donc  souligner à travers ses effets chocs plutôt sympatoches (et d'autant plus cruels) le soin imparti aux décors funestes en interne du bateau suintant la rouille, les toiles d'araignées esquissées aux parois ainsi qu'une présence diabolique palpable à travers les murs de l'embarcation. Telles ses fameuses machines disproportionnées permettant ainsi d'alimenter le navire, veines motrices de l'engin maritime. Il y a aussi la découverte blafarde d'une chambre froide renfermant une poignée de cadavres congelés, empalés par des crochets de boucher. Ce décorum sensiblement photogénique insuffle donc une efficacité permanente au cheminement narratif, de par son atmosphère glauque exploitant habilement chaque recoin du bateau (effet d'immersion assuré). Et ce même si on regrette tout de même la psychologie sommaire des acteurs, la facilité ou le manque de cohérence de certaines situations anxiogènes (ou épeurantes), ce qui renforce d'ailleurs son charme Bis que beaucoup d'amateurs évoqueront avec nostalgie.


Nonobstant son manque de densité narrative, ces dialogues sommaires il est vrai et ces personnages peu développés, Le Bateau de la mort prône le film d'ambiance horrifique à l'aide d'une aura malsaine indécrottable. Quand bien même certaines scènes-chocs (le meurtre liminaire, la femme piégée dans la douche, l'un de rescapés baignant dans un filet de pêche rempli de cadavres liquéfiés) marquent les esprits de par leur impact graphique particulièrement réaliste. Une série B à l'ancienne bonnard donc qui mérite franchement le détour pour qui raffole d'ambiance sépulcrale à l'étrangeté cauchemardesque.  

Note: Un remake nullissime (pardon pour les fans) réalisé par Steve Beck fut entrepris en 2001. L'ambiance qui faisait tout le sel du film initial en est totalement bannie au profit d'FX horrifiques pétaradants.

*Bruno
28.10.20. 4èx
22.01.11.  

mardi 27 octobre 2020

Birth

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Jonathan Glazer. 2004. U.S.A. 1h40. Avec Nicole Kidman, Cameron Bright, Danny Huston, Lauren Bacall, Anne Heche, 

Sortie salles France: 3 Novembre 2004

FILMOGRAPHIEJonathan Glazer est un réalisateur anglais de vidéos-clips, de publicités et de longs métrages, né en 1965. 2000 : Sexy Beast. 2004 : Birth. 2013 : Under the Skin. 


                         "L'amour ne se définit pas, ça se ressent, ça se vit. C'est une évidence."
Traitant de la métempsychose avec une rare subtilité et pudeur eu égard de l'impossible romance entre un garçonnet de 10 ans et une jeune trentenaire, Birth demeure un modèle de mise en scène épurée. Et ce même si les mauvaises langues ou autres rigoristes, feront probablement allusion au thème de la pédophilie tacite de par l'évolution immorale du couple en ascension amoureuse. Notamment auprès de 2 séquences burnées assez dérangeantes mais tout à fait justifiées et surtout traitées avec tact pour ne pas se complaire et s'écarter du sujet (j'évoque la scène du bain puis celle du baiser nocturne échangé au coin d'une rue). Il ne s'agit donc aucunement de pédophilie ici puisque l'héroïne n'éprouvera aucune attirance sexuelle pour l'enfant. Hypnotique, élégant et envoûtant de par le travail de la réalisation chiadée scrutant les regards des protagonistes avec une attention symétrique, Birth fait presque office d'expérience de cinéma à travers son intensité dramatique bouleversée. Le réalisateur Jonathan Glazer cultivant cette trouble romance sous l'impulsion d'un jeu d'acteurs au diapason. Tant auprès de la présence ténue de Nicole Kidman (peut-être LE rôle de sa carrière) en défunte épouse accablée par le deuil, le doute, l'espoir et l'illusion. Son incroyable jeu nuancé provoquant chez nous une empathie lestement éprouvée, tant et si bien que Jonathan Glazer parvient fréquemment à capter le non-dit à travers ses plans fixes serrés, et ce en s'attardant sur son regard infiniment pensif. 

Et sur ce point, Birth s'avère rigoureusement passionnant à travers le brio de sa mise en scène Hitchcockienne (notamment auprès de l'orchestration idoine de sa partition symphonique tantôt douce, tantôt grave) truffée de séquences emphatiques aussi magistrales qu'ensorcelantes (combien de fois je daignais remettre en arrière un moment vigoureux inscrit somme toute dans une banalité quotidienne !). Outre la présence gracile de Kidman à la force d'expression si mesurée, le petit Cameron Bright se taille la carrure du revenant juvénile avec une posture naturelle dans sa faculté d'y osciller doute et quiétude à travers son amour inné pour l'être aimé. Ainsi, sa conviction cérébrale désarme le spectateur scrutant ses moindres expressions et gestes avec une interpellation aussi confuse que Kidman. Car c'est bien une puissante histoire d'amour que nous inflige le réalisateur auprès de ses 2 êtres autrefois déchirés par l'aléas du trépas mais aujourd'hui de nouveau réunis afin de renouer avec leurs fulgurants sentiments. Et ce sans s'appesantir de l'ombre du ridicule ! On peut donc parler de prouesse dans sa direction d'acteurs hors-pair et dans sa réalisation millimétrée sans fioriture. Car cette passion dévorante pour l'être aimé aujourd'hui confondu dans un corps d'enfant, Jonathan Glazer la transcende avec une audace mesurée.  Tant auprès de ce duo infortuné se courtisant avec autant de timidité que de crainte et de cran (toujours dépouillée dans l'art et la manière de filmer leurs rapports interdits) que des seconds-rôles en émoi par tant d'incompréhension face au thème (évidemment discutable selon nos croyances ou notre athéisme) de la réincarnation. 

Que l'on croit ou non à ce récit spirituel laissant finalement planer le doute par le biais d'un rebondissement délibérément équivoque, Birth laisse une marque indélébile dans l'encéphale d'y avoir énoncé avec autant de grâce et de pudeur une trouble romance Spoil ! offensée par l'adultère Fin du Spoil. Magnifiquement réalisé et interprété, cette oeuvre maudite (du faite de sa discrète réputation et de sa sortie confidentielle) traite donc de la passion amoureuse avec une acuité mélancolique capiteuse, de par le regard aussi bien incandescent qu'évanescent de la divine Nicole Kidman (probablement LE rôle de sa vie, j'insiste !). Il y émane une sublime romance déchue tendant à nous suggérer que l'Amour le plus épuré résiste au-delà du temps et du trépas, quitte à ébranler l'être aimé lors d'une controverse en suspens. 

*Bruno

Ci-joint en exclusivité, la critique de Martin Romerio (également disponible chez Senscritique.com)

Je suis satisfait.
Je viens de tomber sur un film majeur des années 2000 hier soir. Un film qui vous fait changer vos tops 10 dans la demi-heure qui suit la projection. N’y allons pas par 4 chemins, Birth est une quasi perfection, un film magnifique qui tient sans aucun problème son statut de brique dans l’histoire du cinéma au même titre que « Vertigo » de Hitchock, « Viridiana » de Buñuel ou « Les contrebandiers de Moonfleet » de Fritz Lang ; autant de films qui ont une parenté* désarmante avec le petit chef d’œuvre de Jonathan Glazer.

« Birth » se pitche hyper facilement : C’est l’histoire d’une nana, jeune veuve, qui rencontre un jour un petit garçon de 10 ans lui affirmant n’être autre que le mari décédé… Il y a 10 ans.

Ce principe de base se déroule quasiment sans surprises : amusement, déni, lutte, trouble, etc… Rien à attendre d’original de ce côté-là. En fait, c’est même complètement l’inverse, le réalisateur issu de la pub et du clip nous une narration d’un classicisme frondeur qui pourrait rappeler le nouvel Hollywood et des choix de grammaire simples et très efficaces.

Exemples :
- Les zones d’ombres sous le pont qui marquent le passage de vie à trépas.
- L’apparition de Nicole Kidmann dans un couloir, uniquement éclairée par les bougies du gâteau qu’elle transporte sous les yeux du petit garçon.
- Rythme général lent et élégant.

Une mise en scène à la fois hyper significative au sens classique (direction photo dictée par des nécessités symboliques) et pur qui constituent une parfaite digestion du drama Hollywoodien. Ainsi la résurrection étrange et dissonante de l’histoire (le même revient, mais différent et anachronique se retrouve à l’écran pour le spectateur qui a devant lui un théâtre qui ressemble à du Hitchcock ou du Mankiewicz mais qui est troué par certaines audaces plus contemporaines (le long plan fixe sur le visage de Nicole Kidmann qui pleure à l’opéra). Tout est de bon goût : photo, montage, musique et montage son...

Si on s’arrêtait là, on aurait un film à la James Gray bien ficelé sans plus.

Toute la beauté du travail de Glazer se révèle au compte-goutte, s’impose à chaque plan toujours plus. Le malaise commence de manière classique avec des silences dans les dialogues, des scènes générale de nuit avec éclairage d’intérieur teinté de jaune. Les personnages principaux sont issus de la classe bourgeoise New-Yorkaise et leur stature ainsi que les costumes créent déjà un pont avec quelque chose de mortuaire. Les sons sont assourdis par les tentures et la moquette, les corps figés dans leurs attitudes maniérées et engoncés dans des ensembles sombres. La morbidité du film ne vient pas tant des morts qui reviennent que des vivants qui semblent n’attendre que la mort.

Lorsque le mort revient, nous sommes alors dans cette zone chère à la fiction qui ouvre les possibles et ravive l’imaginaire. La résurrection de Birth, c’est justement la vie qui va lutter pour réintégrer l’image, l’amour d’un enfant qui vient concurrencer les projets de mariage administratifs des adultes (le mort ressuscité). La résurrection, c’est aussi l’inversion : la source même du fantastique, voire de l’horreur (« Le prince des ténèbres » de Carpenter à ce sujet est emblématique). L’inversion crée le malaise, l’inquiétante étrangeté pour le spectateur qui se trouve confronté à des incohérences malsaines :

- Le passage de la mort à la vie

- L’amour conjugal d’un enfant pour une femme

- La colère de l’adulte et le flegme de l’enfant

- Les pleurs des adultes contre le stoïcisme de l’enfant

Ainsi Glazer a mis en place son théâtre d’ombres décalées et l’histoire va suivre son chemin avec quelques scènes mémorables (la colère de l’amant, jaloux de l’enfant ; une scène de bain à la fois érotique et malaisante…). Tout ça pour arriver sur un dernier quart d’heure avec une sorte de twist qui en fait reboucle avec l’incipit mais d’une manière, il faut l’avouer, pas hyper claire ni adroite. Nous touchons là le seul défaut du film avec peut être aussi quelques petites lenteurs par endroits.

Ce twist, on s’en fiche un peu en fait. On s’en fiche par ce que ce qu’il révèle, le film nous l’avait déjà révélé. Une révélation au sens profond du terme. Il n’est donc pas besoin de spoiler pour expliquer que la raison d’être du film de Glazer, c’est l’exploration de la possibilité de l’amour inconditionnel.

L’amour inconditionnel dépasse toute condition, et pourtant il faut en explorer la possibilité pour pouvoir compter dessus.

L’amour des adultes est un amour de cadavre, un amour qui se dit avec le sourire avant d’aller à l’opéra, autour d’une table sous les yeux des patriarches. L’amour des adultes, c’est celui qui peut mentir, celui qui brise les apparences pour nourrir toujours plus l’autosatisfaction de chaque partenaire.

L’amour de Sean, le petit garçon, est un amour décidé, brûlant, un amour qui ouvre les portes et renverse les familles. Un amour si persuasif qu’il entraînera la femme avec lui. Un amour qui l’emprisonnera jusqu’au bout. On découvre alors que le vrai miracle du film n'est pas tant le retour des morts parmis des vivants bien ternes, mais l'émergence même de l'amour dans cet univers.

Dernière phase du processus : un personnage comprend que l’amour est avant tout un acte. L’acte d’un sujet. Certes l’existence de l’Amour nécessite de s’offrir totalement à l’autre mais elle nécessite également de renverser son propre principe de perception : ne pas nourrir l’amour de l’intérieur masi intégrer la perception de l’autre dans le rapport potentiellement amoureux.

Final : impossible de statuer sur la possibilité de l’amour inconditionnel pour cette fois. Mais le cinéma nous a donné l’envie d’y croire. Une foi.

Comme dans un Minelli, Nicole Kidman est la prisonnière des rêves de l’autre, que ce soit d’un enfant, de son amant, du fantôme de son mari. La réalité dans tout ça n’est qu’un fil qui ne compte plus. On ne s’échappe jamais totalement du rêve d’un autre.

* Vertigo : l'inquiétante étrangeté de celui-qui revient de la mort en étant le même... mais différent.

Les contrebandiers de Moonfleet : L'enfant qui trouve dans les entrailles de la Terre le secret du monde adulte

Bunuel : sexualisation de la situation, Jean claude Carrière au scenar, des décors intérieurs sombres et chargés de circonvolutions.

Martin ROMERIO
9/10

lundi 26 octobre 2020

Grande Bagarre de Don Camillo (la)

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"Don Camillo e l'onorevole Peppone" de Carmine Gallone. 1955. France/Italie. 1h38. Avec Fernandel, Gino Cervi, Leda Gloria, Carlo Duse, Umberto Spadaro, Memmo Carotenuto, Marco Tulli.

Sortie salles France: 18 Novembre 1955

FILMOGRAPHIE PARTIELLECarmine Gallone est un réalisateur italien né le 10 septembre 18851 à Taggia dans la province d'Imperia (Ligurie) et mort le 11 mars 1973 à Frascati.1913 : Le Baiser de Cyrano. 1914 : La Femme nue. 1914 : La Marche nuptiale. 1917 : Histoire des Treize. 1920 : Le Colonel Chabert. 1926 : Les Derniers Jours de Pompéi. 1927 : Celle qui domine. 1928 : L'Enfer d'amour. 1929 : Terre sans femmes. 1930 : La Ville des mille joies. 1931 : City of Songs. 1931 : Ma cousine de Varsovie. 1931 : Un soir de rafle. 1932 : Le Chant du marin. 1932 : Un fils d'Amérique. 1932 : Le Roi des palaces. 1934 : Two Hearts in Waltz Time . 1934 : Mon cœur t'appelle. 1935 : Casta Diva. 1937 : Scipion l'Africain 1938 : Giuseppe Verdi. 1939 : Marionnette. 1940 : Manon Lescaut. 1940 : Melodie eterne. 1942 : Les Deux Orphelines. 1943 : Harlem. 1946 : Rigoletto. 1948 : La leggenda di Faust. 1949 : Il trovatore. 1950 : La forza del destino. 1950 : Taxi de nuit. 1951 : Messaline. 1953 : Cavalleria rusticana. 1953 : Puccini. 1954 : Casta Diva. 1954 : La Maison du souvenir. 1954 : Madame Butterfly. 1955 : La Grande Bagarre de don Camillo. 1955 : La Fille de Mata Hari. 1956 : Michel Strogoff. 1956 : Tosca. 1960 : Carthage en flammes. 1961 : Don Camillo Monseigneur. 1963 : Carmen 63. 


"Une amitié qui dure et ne vieillit pas c'est quelque chose d'extraordinaire."
Avec ce nouvel opus de la saga Don Camillo plébiscité par 5 087 231 entrées en France, Julien Duvivier cède cette fois-ci sa place au réalisateur Carmine Gallone, habile artisan transalpin. 3è volet au titre oh combien vendeur, la Grande bagarre de Don Camillo continue à nouveau de nous enthousiasmer à travers l'affrontement récursif de Peponne / Don Camillo. Et si ce nouvel opus demeure moins subtil et passionnant qu'au préalable, il n'en demeure pas moins une excellente comédie sublimée une fois de plus du duo antinomique susnommé. Le pitch illustrant le projet politique de Péponne à devenir député contre l'avis de son ennemi juré. Et bien que la trame s'avère moins efficace, notamment à travers le schéma éculé des pugilats des 2 compères, la Grande bagarre de Don Camillo amuse sans modération sous l'impulsion de Fernandel et de Gino Cervi toujours aussi à l'aise pour jouer les amis détestables de manière à la fois fulminante et goguenarde. 

La réussite de cette attachante saga émanant de ce judicieux équilibre entre leurs sentiments d'amitié et de solidarité (oh combien indéfectibles), de jalousie, de colère et de vengeance, avec au bout du cheminement de la réconciliation une chaleur humaine prégnante. A l'instar de ce final étonnamment poignant (dans la violence des sentiments que Fernandel exprime de façon tranchée à son compère) qui émeut le spectateur avec toujours autant de franchise et de vigueur. Et ce même si ce 3è opus parait moins authentique, moins travaillé à travers ses ressorts éprouvés (notamment auprès de l'inventivité moins prononcée des dialogues). Mais ne boudons pas notre plaisir car La Grande bagarre de Don Camillo possède suffisamment de scénettes tendres et cocasses pour emporter la mise, même si la qualité majeure de ce 3è opus découle de la complémentarité infaillible de notre duo d'acteurs aujourd'hui proverbial. Tant et si bien qu'on ne se lasse pas de revoir les trois premiers volets de Don Camillo à travers cette photo monochrome attendrissante de par sa doucereuse poésie champêtre. 

Ci-joint les chroniques des antécédents opus:

*Bruno
3èx

jeudi 22 octobre 2020

La carapate

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Gérard Oury. 1978. France. 1h40. Avec Pierre Richard, Victor Lanoux, Raymond Bussières, Jean-Pierre Darras, Yvonne Gaudeau, Jacques Frantz, Claire Richard. 

Sortie salles France: 11 Octobre 1978

FILMOGRAPHIE: Gérard Oury (Max-Gérard Houry Tannenbaum) est un réalisateur, acteur et scénariste français né le 29 avril 1919 à Paris, décédé le 20 Juillet 2006 à Saint-Tropez. 1960: La Main Chaude. La Menace. 1962: Le Crime ne paie pas. 1965: Le Corniaud. 1966: La Grande Vadrouille. 1969: Le Cerveau. 1971: La Folie des Grandeurs. 1973: Les Aventures de Rabbi Jacob. 1978: La Carapate. 1980: Le Coup du Parapluie. 1982: L'As des As. 1984: La Vengeance du Serpent à Plumes. La Joncque (inachevé). 1987: Levy et Goliath. 1989: Vanille Fraise. 1993: La Soif de l'or. 1996: Fantôme avec chauffeur. 1999: Le Schpountz.

Maître de la comédie populaire, Gérard Oury n'a point égaré sa motivation avec La Carapate réalisé en 1978. A l'arrivée, 2 923 257 entrées en France, si bien qu'il se hisse 8è au box office au grand bonheur des fans. Ainsi, cette énième aventure rocambolesque réunissant pour la 1ère fois à l'écran le duo impromptu Victor Lanoux / Pierre Richard parvient donc à se renouveler de par le savoir-faire d'Oury épaulé d'un sens du montage calibré si je me réfère aux nombreuses cours-poursuites et bastonnades qui empiètent l'intrigue. Car à travers un trépidant road movie truffé de rebondissements, quiproquos et revirements inventifs; La Carapate conjugue action, cascades, humour, romance et tendresse avec une efficacité factuelle. Outre la prestance toujours aussi sémillante du gaffeur Pierre Richard en otage juridique, Victor Lanoux demeure étonnamment à l'aise pour se prêter au jeu de la déconnade avec une spontanéité frétillante eu égard de sa posture délinquante tantôt héroïque. Gérard Oury se gaussant par ailleurs de la classe bourgeoise avec, en background, la révolution sociale de Mai 68 que notre duo témoignera malgré lui en esquivant les CRS. 

Le récit s'articulant autour de la folle carapate d'un avocat (Pierre Richard) et de son client, un condamné à mort (Victor Lanoux) étant parvenu à s'évader lors d'une émeute. Multipliant à eux deux les larcins de véhicule afin de fuir la police, ils sont entraînés dans un concours de circonstances aussi infortunées que prospères, avec, au bout de leur course, une éventuelle grâce présidentielle sous la mainmise du Général de Gaulle (que l'on entrevoit en sosie). Gérard Oury, jamais à court d'idées à la fois grotesques et débridées, enchaînant les situations les plus folingues pour divertir son public. Et ce sans se répéter en dépit de la redondance des vols de voitures soumises aux poursuites champêtres lors d'itinéraires vertigineux ou catastrophiques. Ce qui nous vaut d'ailleurs en préambule une séquence polissonne anthologique à travers le streaptease d'une catin à moitié nue que des automobilistes reluquent par la vitre de leur véhicule. Il est donc étonnant de constater qu'Oury s'adonne ici à l'érotisme folichon dans sa pluralité des genres si bien qu'à une seconde reprise (la scène de la grange convergeant vers la ferme avec l'arrivée de l'époux cocu) il se permet d'y renouer avec une dérision encore plus comique.  


Comédie fulminante traversant sans accroc les épreuves du temps, la Carapate suscite une bonne humeur et un rire galvanisants de par son rythme échevelé et la complémentarité des acteurs très impliqués dans leur fonction de trublion pugnace. 

*Bruno
3èx