vendredi 3 avril 2015

CAPTIVES (The Captives)

                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site graffitiwithpunctuation.net

de Atom Egoyan. 2014. Canada. 1h52. Avec Ryan Reynolds, Scott Speedman, Mireille Enos, Rosario Dawson, Kevin Durand, Bruce Greenwood.

Sortie salles France: 7 Janvier 2015. Canada: 5 Septembre 2014

FILMOGRAPHIE: Atom Egoyan est un réalisateur, producteur et scénariste canadien d'origine arménienne, né le 19 Juillet 1960 au Caire, en Egypte.
1984: Proches Parents. 1987: Family Viewing, 1989: Speaking Parts. 1991: The Adjuster. 1993: Calendar. 1994: Exotica. 1997: De beaux lendemains. 1999: Le Voyage de Félicia. 2002: Ararat. 2005: La Vérité nue. 2008: Adoration. 2009: Chloé. 2013: Devil's Knot. 2014: Captives.


Thriller rondement mené empruntant les thèmes de l'informatique et de la videosurveillance autour de la pédocriminalité et les rapts d'enfants, Captives tire-parti de son efficacité grâce à une ossature narrative particulièrement ciselée et au développement des personnages en quête investigatrice. Que ce soit du point de vue du duo de policiers ou des parents désoeuvrés, le récit alterne leur parcours autonome afin de tenter de résolver l'enlèvement d'une fillette perpétré il y a huit ans. Grâce à l'indice du réseau social, la jeune Cassandra peut peut-être espérer retrouver sa liberté selon leurs efforts à pouvoir localiser la tanière du kidnappeur. Tout l'intérêt résidant non pas dans l'identification dudit coupable qu'on nous affiche dès le début mais dans les constances des parents et de la police afin de remonter une filière pédophile. Du point de vue de la victime, et en intermittence, le spectateur a notamment la faculté d'observer son évolution psychologique dans les rapports d'intimités entamés entre elle et son oppresseur. Quand à la posture fragile du père en alerte, ce dernier se doit d'encaisser les soupçons de culpabilité vis à vis d'un officier mais également de sa propre femme.


Sans faire preuve d'esbroufe car privilégiant la suggestion d'une mise en scène elliptique combinant évènements du présent et du passé, Captives insuffle un climat aussi trouble que réfrigérant au sein d'une bourgade enneigée du Canada. Redoutablement perfide dans les moyens mis en oeuvre chez les nouveaux adeptes de la pornographie enfantine, l'alibi technologique de la télésurveillance est ici diaboliquement exploité afin de perdurer leur plaisir voyeuriste lorsque les parents de victimes sont quotidiennement scrutés de leurs faits et gestes. Ce procédé moderne de sûreté et de sécurité s'avère donc ici détourné par le profil pathologique de pervers avides d'expériences nouvelles. Outre la caractérisation désoeuvrée des parents que le réalisateur nous expose sans pathos, l'intrigue à suspense ne manque pas d'improviser quelques rebondissements retors (une inespérée retrouvaille avant l'ébauche d'un prochain rapt !) afin de renforcer l'intensité des situations alertes. Ce qui nous converge à un final aussi tendu que palpitant sans abuser de ressorts inutilement spectaculaires pour l'héroïsme des rivalités.


Accordant beaucoup de crédit à la caractérisation démunie des parents sur le fil du rasoir, Captives réussit à se démarquer du thriller conventionnel grâce à l'intelligence de sa mise en scène latente et à sa structure narrative conjuguant des situations malsaines avec pudeur. Quand au portrait émis au réseau pédophile issu de tous milieux sociaux, il fait froid dans le dos par leurs subterfuges employés pour alpaguer l'enfant exploité et l'implication à grande échelle d'une hiérarchie savamment organisée. 

Bruno Matéï

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