mercredi 8 avril 2015

Dracula et les Femmes / Dracula Has Risen from the Grave

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemotions.com

de Freddie Francis. 1968. Angleterre. 1h32. Avec Christopher Lee, Rupert Davies, Véronica Carlson, Barry Andrews, Barbara Ewing.

Sortie salles Angleterre: 7 Novembre 1968

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Freddie Francis est un réalisateur, directeur de photographie et scénariste britannique, né le 22 Décembre 1917 à Londres, décédé le 17 Mars 2007 à Isleworth (Royaume-Uni).
1962: La Révolte des triffides. 1963: Paranoiac. 1964: Meurtre par procuration. 1964: l'Empreinte de Frankenstein. 1965: Le Train des Epouvantes. 1965: Hysteria. 1965: The Skull. 1966: The Deadly Bees. 1966: Poupées de cendre. 1967: Le Jardin des Tortures. 1968: Dracula et les Femmes. 1970: Trog. 1972: Histoires d'Outre-Tombe. 1973: La Chair du Diable. 1973: Les Contes aux limites de la folie. 1974: Son of Dracula. 1975: La Légende du Loup-Garou. 1975: The Ghoul. 1985: Le Docteur et les Assassins. 1987: Dark Tower.


"La foi mise à mort".
Quatrième volet de la saga vampirique et plus gros succès commercial de la prestigieuse firme Hammer, Dracula et les Femmes s’avère, à mon sens, l'un des plus emblématiques – si l’on fait abstraction de l’inoxydable Cauchemar de Dracula et des Maitresses de Dracula (voir notamment de Dracula, prince des ténèbres). Par sa structure narrative lestement construite, l’efficacité de ses situations alarmistes et, surtout, par le développement de personnages iconoclastes, dont l’un, profondément mécréant, finit par s’abandonner à la cause divine. Succédant à Terence Fisher, Freddie Francis ne démérite pas, et émule son aîné dans ce chapitre trépidant, axé sur le vacillement de la foi. Le jeune héros, athée revendiqué, oppose son incrédulité à l’autorité d’un évêque obscurantiste, tandis que le prêtre local – témoin trop humain – bascule dans les bras du vampire qu’il a, par mégarde, ressuscité.

L’enseigne catholique en prend pour son grade, malmenée par la suprématie du Mal, toujours plus insidieux, perfide, obstiné dans son dessein (Dracula et son acolyte multipliant les ruses pour séduire Maria). Tourné en 1968, en pleine période de contestation, le scénario d’Anthony Hinds cultive une veine libertaire à travers des figures affranchies, notamment une tenancière effrontée, croqueuse d’hommes, secrètement éprise de Paul, le fiancé de Maria. Quant au chasseur de vampires – d’ordinaire campé par l’élégant Peter CushingFrancis lui préfère la stature d’un dignitaire ecclésiastique, bientôt supplanté par la fougue héroïque du jeune fiancé, résolu à sauver sa muse des griffes du monstre.

Après son absence remarquée dans Les Maîtresses de Dracula, Christopher Lee revient enfin hanter l’écran, bien plus habité ici que dans Dracula, Prince des Ténèbres. Sa silhouette longiligne et son mutisme monolithique réactivent le charisme diabolique du vampire, orgueilleux prédateur, réduisant ses victimes à de simples marionnettes soumises. Sa nouvelle conquête – la voluptueuse Veronica Carlson, qui ensorcelle chaque apparition – se voit même humiliée, offerte en sacrifice à l’entrée du château.

Sur le plan esthétique, Francis se détache du gothisme traditionnel en osant des éclairages surréalistes, traversés de filtres jaunes, orangés, rouges, parfois même roses, auréolant Dracula d’un halo de fièvre mystique.

Rondement mené, se moquant des principes conservateurs et porté par une galerie de personnages en quête de libération, Dracula et les Femmes conjugue esthétisme baroque et dramaturgie tendue (le sort réservé à certains seconds rôles glace le sang), pour redorer le blason d’un vampire plus vil, plus fascinant que jamais. Gratitude Freddie

— le cinéphile du cœur noir
3èx

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