vendredi 30 mars 2018

LE VAMPIRE A SOIF

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"The Blood Beast Terror" de Vernon Sewell. 1968. Angleterre. 1h20. Avec Peter Cushing, Robert Flemyng, Wanda Ventham, Vanessa Howard, Glyn Edwards, David Griffin.

Sortie salles France: 31 Mars 1971. Angleterre: Janvier 1968

FILMOGRAPHIEVernon Sewell est un réalisateur britannique né le 4 juillet 1903 à Londres et
décédé le 21 juin 2001. 1933 : Morgenrot. 1934 : The Medium. 1937 : A Test for Love. 1938 : Breakers Ahead. 1939 : What Men Live by. 1943 : P.H. contre Gestapo. 1945 : The World Owes Me a Living. 1946 : Latin Quarter. 1947 : Le Fantôme de Berkeley Square. 1948 : Uneasy Terms. 1949 : The Jack of Diamonds. 1951 : The Dark Light. 1951 : The Black Widow. 1952 : The Floating Dutchman. 1952 : Ghost Ship. 1953 : Counterspy. 1954 : Dangerous Voyage. 1954 : Radio Cab Murder. 1955 : Where There's a Will. 1956 : Johnny You're Wanted. 1956: Soho quartier dangereux. 1956: Home and Away. 1957: Rogue's Yarn. 1958: Battle of the V-1. 1959: Wrong Number. 1960 : Urge to Kill. 1961: House of Mystery. 1961: The Wind of Change. 1961: The Man in the Back Seat. 1962: Strongroom. 1963: A Matter of Choice. 1963: Strictly for the Birds. 1967: Some May Live. 1968 : Le vampire a soif. 1968 : La Maison ensorcelée. 1972 : Burke and Hare.


Petite série B d'épouvante plutôt occultée de nos jours, Le Vampire a soif aborde efficacement la thématique du vampirisme avec une originalité saugrenue si j'ose dire. Sans trop détailler l'intrigue afin de préserver les effets de surprises et rebondissements, un inspecteur de police (campé par un Peter Cushing toujours aussi à l'aise en fin limier redresseur de tort) enquête sur une série de meurtres au sein d'une petite bourgade londonienne du 19è siècle. Les victimes étant retrouvées sauvagement assassinées par un mystérieux criminel. Ses soupçons finissent par se reporter auprès d'un entomologiste en étroite collaboration avec sa fille.


Oscillant l'enquête policière à suspense et l'épouvante séculaire à l'aide d'effets spéciaux tantôt ringards (la 1ère apparition de la créature prête plutôt à sourire par son aspect risible), tantôt fascinants (les saisissantes images du chrysalide en hibernation), Le Vampire a soif parvient aisément à entretenir notre curiosité grâce à la virilité des interprètes communément convaincants (notamment le charismatique Robert Flemyng en apprenti sorcier sournois) et à la folie de sa narration résolument délirante ! Baignant dans une atmosphère gothique capiteuse à proximité d'une campagne hostile, théâtre de sombres évènements macabres, le Vampire a soif amuse et fascine à la fois aussi modeste soit l'entreprise de Vernon Sewell. Tant et si bien qu'il cède parfois à 1 ou 2 couacs (l'attitude contradictoire du professeur mettant subitement un terme à ses travaux alchimistes s'avère trop expéditive à mon sens pour nous convaincre de ce revirement) et à une réplique involontairement cocasse (Cushing s'adressant avec stupeur concise auprès d'une victime moribonde: "Et bien mon garçon, qui y a t'il ?"). Correctement mené et réalisé, Sewell se permet en prime d'injecter des clins d'oeil à la mythologie vampirique avec une dérision implicite (la jeune fille vierge hypnotisée puis kidnappée afin d'assouvir la soif de la créature !).


Un très sympathique divertissement gothique à réévaluer à sa noble valeur et à ranger à proximité de son binôme aussi décalé et déjanté: la Chair du Diable !

* Bruno

Box-Office Français: 153 479 entrées

jeudi 29 mars 2018

LA CHAIR DU DIABLE

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Creeping Flesh" de Freddie Francis. 1973. Angleterre. 1h32. Avec Peter Cushing, Christopher Lee, Lorna Heilbron, George Benson, Kenneth J. Warren.

Sortie salles France: 10 Mars 1976    U.S: 12 Février 1973

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Freddie Francis est un réalisateur, directeur de photographie et scénariste britannique, né le 22 Décembre 1917 à Londres, décédé le 17 Mars 2007 à Isleworth (Royaume-Uni). 1962: La Révolte des triffides. 1963: Paranoiac. 1964: Meurtre par procuration. 1964: l'Empreinte de Frankenstein. 1965: Le Train des Epouvantes. 1965: Hysteria. 1965: The Skull. 1966: The Deadly Bees. 1966: Poupées de cendre. 1967: Le Jardin des Tortures. 1968: Dracula et les Femmes. 1970: Trog. 1972: Histoires d'Outre-Tombe. 1973: La Chair du Diable. 1973: Les Contes aux limites de la folie. 1974: Son of Dracula. 1975: La Légende du Loup-Garou. 1975: The Ghoul. 1985: Le Docteur et les Assassins. 1987: Dark Tower.


Série B aux doux airs de Hammer Film, de par son climat gothique prédominant et de la réunion des gentlemans de l'horreur Peter Cushing / Christopher Lee en savants conjointement utopistes, La Chair du Diable vaut son pesant de cacahuètes de par son cheminement narratif littéralement cintré ! Quand bien même l'un des thèmes majeurs de l'intrigue s'oriente davantage sur la folie mentale.  Grâce à sa stupéfiante découverte du squelette d'un éventuel ancêtre de Cro-Magnon, le professeur Hildern accomplit ses recherches sur l'origine du Mal. Après avoir incidemment renversé de l'eau sur la phalange squelettique du sujet, ce dernier retrouve par miracle sa chair humaine. Après diverses expériences à conjuguer du sang humain avec celui de la créature, Hildern pense avoir trouvé un vaccin qui pourrait sauver notre race du Mal. De son côté, son frère, directeur d'un centre psychiatrique, compte s'approprier de son insensée découverte archéologique en tenant lieu de chantage.  


Voilà en gros le pitch brièvement condensé car La Chair du Diable bénéficie notamment d'une sous-intrigue aussi inquiétante par le truchement d'un personnage féminin bicéphale, la fille du savant Hildern. Si bien qu'après une première partie aussi fascinante que captivante à traiter du thème du Mal avec originalité; Freddie Francis met de côté la découverte improbable d'Hildern afin de télescoper passé et présent d'une sombre affaire familiale. Tant auprès des rapports amoureux du professeur avec son épouse volage que de sa fille en proie aux pulsions psychotiques. Le réalisateur s'attardant ensuite à détailler les errances nocturnes de cette dernière fréquentant les pubs malfamés (ambiance victorienne très "Jack l'éventreur !) au moment de se livrer au même jeu lubrique et démentiel de sa mère. Sur ce point, je tiens à féliciter le jeu très spontané, pour ne pas dire habité par l'étrange et charnel Lorna Heilbron dans un jeu psychotique subtilement vénéneux, notamment grâce à l'intensité de son regard étrangement vicié. Quant aux princes de l'horreur British venus aimablement se prêter au show d'épouvante, Cushing et Lee se disputent la soif du pouvoir avec autant de méfiance et médisance que de fourberie.


The Thing
B movie débridé aussi vrillé que décomplexé, de par la folie de son scénario constamment extravagant démystifiant l'origine du Mal, La Chair du Diable joue la carte du ciné Bis avec un grain de folie contagieuse. Eu égard de son final équivoque régi en forme de clin d'oeil à savoir si tout ce que nous venons d'assister ne provenait pas des divagations scientifiques d'un cerveau dérangé ! Inopinément badin, Freddie Francis nous ayant relaté avec élégance gothique,  effet de surprise et goût de provocation (notamment cette tentative de viol d'une aura particulièrement primale !) une réjouissante blague macabre ! 

* Bruno
3èx

Box-Office France: 67 472 entrées

mercredi 28 mars 2018

CONDORMAN

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Ecranlarge.com

de Charles Jarrott. 1981. U.S.A. 1h31. Avec Michael Crawford, Oliver Reed, Barbara Carrera, James Hampton, Jean-Pierre Kalfon, Dana Elcar.

Sortie salles France: 28 Octobre 1981. U.S: 7 Août 1981

FILMOGRAPHIECharles Jarrott, né le 16 juin 1927 à Londres et mort le 4 mars 2011 à Woodland Hills des suites d'un cancer de la prostate, est un réalisateur et scénariste britannique. 1969 : Anne des mille jours. 1971 : Marie Stuart, reine d'Écosse. 1973 : Les Horizons perdus. 1974 : The Dove. 1976 : Escape from the Dark. 1977 : De l'autre côté de minuit. 1980 : The Last Flight of Noah's Ark. 1981 : Condorman. 1981 : L'Homme de Prague. 1986 : The Boy in Blue. 1997 : The Secret Life of Algernon. 2001 : Turn of Faith.


Woody, dessinateur féru de super-héros est enrôlé par son ami Harry travaillant pour la CIA. Sa mission: livrer des documents à Istanbul au moment même de rencontrer une espionne du KGB; la belle Natalia. A eux deux, ils forment rapidement un tandem amoureux avant que le supérieur de Natalia ne se résout à éliminer Condorman (son pseudo en tant qu'agent secret) ainsi que son acolyte Harry.


Echec public à sa sortie (même si chez nous il comptabilise 1 048 130 entrées, un exploit au vu du résultat dégingandé !), Condorman est une sympathique tentative ratée de chez Disney à se prêter à l'espionnage et au film de super-héros parmi l'inexpérience du réalisateur jamais à la hauteur de ses ambitions. La faute incombant notamment à un script aussi bien poussif que déstructuré cédant peu de place à l'action homérique. Les spectateurs infantiles inévitablement ravis d'accueillir le nouveau Disney sur grand écran ont d'ailleurs dû faire grise mine durant la projo si bien que le super-héros tant promis en haut de l'affiche (rutilante par ailleurs !) ne possède aucun pouvoir surnaturel ni de don particulier, si ce n'est de survoler 2 fois le ciel à l'aide d'une panoplie aux articulations mécaniques rubigineuses. On se distrait toutefois d'une course-poursuite bonnard en voitures lors de son 1er acte  et d'une autre plus explosive en hors-bord en guise de conclusion, quand bien même l'homme-condor s'affuble d'une arme laser afin d'éliminer ses adversaires. Une séquence débridée gentiment fun et forcément influencée par le phénomène "Star wars" au grand dam de la maladresse du montage et du peu d'inventivité des affrontements sur mer.


Divertissement mineur peu intense et haletant en dépit de la bonne volonté des comédiens à s'efforcer de rendre attachants leurs personnages parodiques, Condorman tente donc de confondre film de super-héros et la saga James Bond avec une naïveté désarmante. Et si le charme lascif de Barbara Carrera opère souvent, la prestation loufoque de Michael Crawford en super-héros du pauvre s'avère à la lisière du ridicule en dépit de 2/3 rires et sourires qu'il nous provoque lors de son héroïsme de fortune comparables aux gags familiaux du duo Bud Spencer / Terence Hill. Quant bien même son partenaire Oliver Reed fait office d'acte de présence en méchant du KGB assez inexpressif (ou alors redondant de par sa mine souvent renfrognée, pour ne pas dire guindée). J'en oublierai presque de citer la présence secondaire de James Hampton en aimable faire-valoir venu prêter main forte à Condorman avec une bonhomie toute innocente. Mais paradoxalement, avec le recul, de l'indulgence et une pointe de nostalgie, le spectacle si démanché se laisse pourtant suivre sans déplaisir de par son charme aujourd'hui rétro, l'expression enjouée du casting, et provoque même un sourire amusé à observer (avec curiosité) les aventures exotiques d'un (super) agent secret (notamment dans l'art du camouflage !) à défaut de super-héros inhabituellement ordinaire !

* Bruno

mardi 27 mars 2018

QUAND FAUT Y ALLER, FAUT Y ALLER

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"Nati con la camicia" de E.B. Clucher. 1983. 1h48. Avec Terence Hill, Bud Spencer, Buffy Dee, David Huddleston, Riccardo Pizzuti, Faith Minton.

Sortie salles France: 14 Décembre 1983.

FILMOGRAPHIE: Enzo Barboni (E.B. Clucher) est un directeur de la photographie et réalisateur italien né le 10 juillet 1922 à Rome et mort le 23 mars 2002. 1970 : Ciak Mull. 1970 : On l'appelle Trinita. 1971 : On continue à l'appeler Trinita. 1972 : Et maintenant, on l'appelle El Magnifico. 1973 : Les Anges mangent aussi des fayots. 1974 : Même les anges tirent à droite. 1976 : Deux super flics. 1982 : Ciao nemico. 1983 : Quand faut y aller, faut y aller. 1984 : Attention les dégâts. 1987 : Renegade. 1991 : Ange ou Démon. 1995 : Trinità & Bambino... e adesso tocca a noi.


"Un pincement au coeur particulier auprès de cette comédie des années 80 que j'ai pu découvrir en salles un Dimanche après-midi. Et la bonne nouvelle ce soir émane de mon sourire de gosse constant au 3è visionnage !" 

Comédie familiale taillée sur mesure pour le duo Hill / Spencer (si bien qu'il engrange 1 702 062 entrées rien qu'en France !), Quand faut y aller, faut y aller ne déroge pas à la règle de la déconnade la plus folingue et décomplexée sous l'impulsion de nos Laurel et Hardy rarement avares de calembours, ventriloquisme et baffes dans la gueule en bonne et due forme. En l'occurrence, ces derniers (l'un auto-stoppeur, l'autre ex taulard) sont recrutés par la CIA à la suite d'un concours de quiproquos fructueux. Leur mission: infiltrer l'organisation K1 dirigé par l'utopiste "Tigre". Déguisés en texans millionnaires, nos lurons vont devoir redoubler de ruses et d'héroïsme afin d'échapper aux sbires du Tigre désireux de devenir le maître du monde.


Hommage parodique aux films d'espionnages, en particulier à la célèbre saga "James Bond" (la même année sortait d'ailleurs sur les écrans Octopussy !), Quand faut y aller, faut y aller transpire la bonne humeur et la fanfaronnade (tant auprès des méchants que des gentils héros usurpant l'identité de faux agents) sous l'autorité infaillible de Bud Spencer et Terence Hill à la complémentarité amicale sémillante. Ceux-ci pleinement investis dans une action rocambolesque insufflant une bonhomie fringante à chacune de leur apparition décontractée. Truffé de gags tantôt hilarants, tantôt cocasses (mêmes les plus lourdingues prêtent à rire !), de cascades, poursuites et pugilats autour d'une intrigue improbable aussi simpliste qu'extravagante, Quand faut y aller faut y aller affiche un second degré irrésistible autour du paysage exotique de Miami (à l'instar d'une visite touristique !). Autant dire que les fans irréductibles du duo comique vont une fois de plus se régaler à suivre leurs pérégrinations au sein d'une aventure à la fois amiteuse et débridée comme on n'ose plus en produire aujourd'hui. Comme quoi même les comédies les plus simplistes, bricolées, modestes et innocentes parviennent à traverser le temps et les modes, notamment grâce au spécialiste du genre Enzo Barboni (alias E.B. Clucher) qui initia le duo légendaire à la popularité durant plus de deux décennies (70/80).

* Bruno

lundi 26 mars 2018

LA GUERRE DES BOUTONS. Prix Jean Vigo

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site unifrance.org

d'Yves Robert. 1962. France. 1h33. avec Jacques Dufilho, Yvette Etievant, Michel Galabru, Michèle Méritz, Jean Richard, Pierre Tchernia. André Treton, Michel Isella, Martin Lartigue, François Lartigue, Marie-Catherine Michonska-Faburel.

Sortie salles France: 13 avril 1962 ou 18 avril 1962

FILMOGRAPHIEYves Robert est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur français né le 19 juin 1920 à Saumur, décédé le 10 mai 2002 à Paris. 1954 : Les Hommes ne pensent qu'à ça (acteur, producteur). 1958 : Ni vu... Ni connu... 1959 : Signé Arsène Lupin. 1960 : La Famille Fenouillard. 1961 : La Guerre des boutons. 1963 : Bébert et l'Omnibus. 1964 : Les Copains. 1965 : Monnaie de singe. 1967 : Alexandre le bienheureux. 1969 : Clérambard. 1972 : Le Grand Blond avec une chaussure noire. 1973 : Salut l'artiste. 1974 : Le Retour du grand blond. 1976 : Un éléphant ça trompe énormément. 1977 : Nous irons tous au paradis. 1979 : Courage, fuyons. 1984 : Le Jumeau. 1990: La Gloire de mon père. 1990 : Le Château de ma mère. 1991 : Le Bal des casse-pieds. 1993 : Montparnasse-Pondichéry.


                                   "et dire que quand on sera grand on s'ra aussi bête qu'eux !"

Hymne à la liberté, à l'amitié et au batifolage du point de vue d'une enfance insouciante, la Guerre des Boutons est une formidable comédie populaire menée tambour battant par une troupe de comédiens en roue libre dans leur tempérament aussi bien sémillant que belliqueux. Si le divertissement intelligent militant pour la communication scolaire et parentale (les rapports houleux entre Lebrac et son professeur ainsi qu'avec son père castrateur) perdure toujours son innocente fraîcheur aujourd'hui, il le doit beaucoup à sa tendre cocasserie et à la fringance des enfants surprenants de naturel en p'tits rebelles en culotte courte en voie d'affirmation.


* Bruno

vendredi 23 mars 2018

LES YEUX DE LA FORET

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site disney-planet.fr

"The Watcher in the Woods" de John Hough. 1982. U.S.A/Angleterre. 1h24. Avec Lynn-Holly Johnson, Kyle Richards, Bette Davis, Benedict Taylor, Carroll Baker, David McCallum.

Sortie salles France: 15 Septembre 1982. U.S: 17 Avril 1980

FILMOGRAPHIE: John Hough est un réalisateur anglais, né le 21 Novembre 1941 à Londres.
1969: Wolfshead : The Legend of Robin Hood. 1970: Eyewitness. 1971: Les Sévices de Dracula. 1972: l'île au Trésor. 1973: La Maison des Damnés. 1974: Larry le dingue, Mary la garce. 1975: La Montagne Ensorcelée. 1978: Les Visiteurs d'un Autre Monde. 1978: La Cible Etoilée. 1980: Les Yeux de la Forêt. 1981: Incubus. 1982: Le Triomphe d'un Homme nommé Cheval. 1986: Biggles. 1988: Hurlements 4. 1988: American Gothic. 1989: Le Cavalier Masqué (télé-film). 1990: A Ghost in Monte Carlo (Télé-film). 1992: Duel of Hearts (télé-film). 1998: Something to Believe In. 2002: Bad Karma.


Produit par Disney qui s'essaya au genre fantastique afin de rameuter un public adulte, aussi paradoxal soit leur revirement, Les Yeux de la Forêt fut un cinglant échec commercial à l'instar du tout aussi boudé La Foire des Ténèbres sorti 3 ans plus tard. Réalisé par John Hough, habile artisan de série B à qui l'on doit Les Sévices de Dracula, Larry le dingue, Mary la garce, Incubus et surtout  l'envoûtante Maison des Damnés (sa plus belle réussite à mes yeux !), Les Yeux de la Forêt demeure une formidable machine à suspense sous le pilier d'un scénario captivant à base d'occultisme, de clairvoyance et de hantise. John Hough parvenant à conjuguer efficacement, mystère, inquiétude et angoisse sous jacente autour des agissements d'une investigatrice avide de vérité suite à la disparition inexpliquée d'une ado. A peine emménagée dans une demeure gothique en compagnie de ses parents, Jane Curtis reçoit d'étranges messages inexpliqués venant de l'au-delà lui incombant de venir en aide à une certaine Karen. Il s'agirait de la fille de la propriétaire de leur bâtisse en location disparue 30 ans plus tôt lors d'un rite avec ses trois amis de l'époque. Jane et sa soeur cadette Ellie vont indépendamment entrer en contact avec la disparue afin de percer le mystère qui entoure son inexplicable disparition.


Porté à bout de bras par la jeune comédienne Lynn-Holly Johnson pleine de conviction à se glisser dans la peau d'une investigatrice aguerrie en proie aux forces surnaturelles, Les Yeux de la Forêt parvient sans effet de manche à nous faire croire à l'improbable grâce au jeu spontané des comédiens communément impliqués dans l'action occulte, et d'une ambiance d'étrangeté diffuse assez perméable. Et ce sans compter sur l'habile savoir-faire de John Hough réussissant à dynamiser l'intrigue dans son concentré de suspense (notamment au niveau du comportement interlope de certains témoins du drame), incidents surnaturels et rebondissements instaurés à proximité d'une forêt et d'une chapelle. Théâtres d'évènements dramatiques perpétrés à la suite du rite de quatre acolytes ayant probablement ouvert une brèche dans l'au-delà. Si on fait fi de l'acte de présence de David McCallum  (reconnu 5 ans plus tôt par la série TV, l'homme invisible) complètement en retrait de l'aventure, on peut toutefois se réconforter auprès de l'éminente Bette Davis en octogénaire solitaire, aigrie par la perte de l'être cher. Sa présence symbolique rehaussant la dimension ombrageuse de l'intrigue de par son charisme à la fois buriné et souffreteux, veuve meurtrie chargée de secrets inavouables. Si son spectaculaire final (rafistolé par la production) ne nous dévoile pas tous les tenants et aboutissants de cette mystérieuse disparition (pour quelle véritable raison Karen fut transférée par erreur et quelle est cette entité malfaisante ?), les Yeux de la Forêt parvient pour autant à convaincre sous le pilier d'un évènement aussi naturel que singulier (une éclipse) et d'une attachante cohésion solidaire motivé par la constance.


Série B habilement contée autour d'un environnement gothique sensiblement appréhensif (la forêt hostile, la chapelle en ruine et la bâtisse des résidents communément molestées par une force occulte), les Yeux de la forêt parvient à exploiter le thème de la hantise parmi l'efficacité de son pitch truffé de suspense et interrogations, et parmi l'implication de Lynn-Holly Johnson très convaincante en enquêtrice redresseuse de tort ! Mené sans temps morts et suscitant un charme rétro au gré de son mystère diffus, les Yeux de la Forêt possède le savoir-faire confirmé de son auteur, et ce en dépit de son point d'orgue perfectible pour autant attachant.

Ci-joint la chronique de la Foire des Ténèbres: http://brunomatei.blogspot.fr/2013/11/la-foire-des-tenebres-something-wicked.html

* Bruno

jeudi 22 mars 2018

JACK L'EVENTREUR

                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site thecanniballecteur.wordpress.com

"Jack the Ripper" de Jess Franco. 1976. Suisse/Allemagne de l'Ouest. 1h32. Avec Klaus Kinski, Josephine Chaplin, Andreas Mannkopff, Herbert Fux, Lina Romay, Nikola Weisse, Ursula von Wiese, Hans Gaugler, Francine Custer, Olga Gebhard...

Sortie Salles France: 31 Janvier 1979. US: 12 Octobre 1979.

FILMOGRAPHIE: Jesús Franco Manera (né le 12 mai 1930 à Madrid) dit Jess Franco est un cinéaste espagnol. Son premier long métrage est achevé en 1959 premier d'une longue série de plus de 200 films. 1962: l'Horrible Dr Orlof, 1966: le Diabolique Dr Zimmer, 1970: Les Nuits de Dracula, Eugénie de Sade, 1971: Vampyros Lesbos, 1973: La Comtesse Noire, Christina, princesse de l'érotisme, 1976: Jack l'Eventreur, 1980: Mondo Cannibale, 1981: Sadomania, l'Abime des Morts-vivants, 1988: Les Prédateurs de la Nuit, 1996: Killer Barbys


Enième adaptation libre du célèbre éventreur de Whitechapel sous la direction de l'inénarrable Jess Franco, Jack l'Eventreur s'avère à mon sens l'une de ses plus brillantes réussites. Du moins l'une des plus ludiques et accessibles, de par son ambiance immersive à la fois inquiétante et malsaine, son gore tantôt crapoteux (quelques images complaisantes dignes d'un "d'Amato ketchup" marquent les esprits) et du portrait intimiste imputé aux serial-killer que Klaus Kinski endosse ici avec un flegme patibulaire. L'acteur promenant sa sinistre cape noire de manière aussi bien nonchalante qu'insidieuse. Déplaçant l'action au sein d'un village de Zurich (le film est une production Germano-Suisse), Jess Franco transfigure la forme parmi l'éventail de décors saillants (le cabaret d'un rouge rutilant, les ruelles brumeuses, le bois envapé, le petit lac jonché de cadavres ou encore le repère domestique de l'éventreur notamment fréquenté par sa domestique complice), et ce en dépit d'une scénographie assez limitée.


Fascinant et envoûtant au gré d'un climat de sensualité inévitablement morbide (comme le souligne vulgairement une séquence limite nécrophile et assez viscérale si bien qu'elle risque de provoquer un "haut le coeur" chez les plus sensibles); Jack l'Eventreur titille notre curiosité malsaine à travers la psychose d'un misogyne en proie aux hallucinations d'une charnalité impure. La faute incombant à son enfance martyre causée par une mère abusive et catin. Plus proche d'un Maniac de Lustig (en mode "Z", Franco oblige !) que du traditionnel éventreur en bonne et due forme, Jack l'Eventreur s'avère également avisé dans sa structure narrative pour autant dénuée de surprises. Le réalisateur s'efforçant surtout à nous décrire les faits et gestes quotidiens du docteur partagé entre ses occupations professionnelles (il vient en aide aux plus démunis au point de leur avancer certains frais), intimes (sa relation amiteuse aussi bien complexe qu'impossible avec la propriétaire de son foyer) et criminelles (il trucide sans vergogne les prostituées les plus distraites). Et si son final éculé aurait gagné à être autrement plus intense et inventif, il parvient malgré tout à éveiller l'intérêt, la descente aux enfers du tueur s'achevant de manière néanmoins haletante et précipitée. On s'amuse également de quelques seconds-rôles attachants dans leur posture complice ou observatrice (l'aveugle prévoyant, le pêcheur cupide, la domestique inconséquente nantie d'instinct pervers tacite) parvenant à donner chair à leur personnage avec un soupçon de dérision.


En dépit d'un schéma narratif trivial et du jeu peu persuasif d'Andre Mannkopff incarnant l'inspecteur Selby sans trop d'inspiration (on s'amuse néanmoins de son affable présence), Jack l'Eventreur demeure une heureuse surprise au sein de la carrière pléthorique de Jess Franco. Une vision personnelle du tueur londonien à la fois réaliste, étrange et soignée (sa reconstitution historique est en prime immersive à souhait) sous l'impulsion d'un Klaus Kinski autrement ombrageux et taiseux. 

* Bruno
27/02/11 - 22/03/18. 4èx

mercredi 21 mars 2018

On l'appelle Trinita

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"Lo chiamavano Trinità..." de Enzo Barboni. 1970. Italie. 1h50. Avec Terence Hill, Bud Spencer, Farley Granger, Dan Sturkie, Gisela Hahn.

Sortie salles France: 21 Juillet 1971. Italie: 22 Décembre 1970. U.S: 4 Novembre 1971

FILMOGRAPHIEEnzo Barboni (E.B. Clucher) est un directeur de la photographie et réalisateur italien né le 10 juillet 1922 à Rome et mort le 23 mars 2002. 1970 : Ciak Mull. 1970 : On l'appelle Trinita. 1971 : On continue à l'appeler Trinita. 1972 : Et maintenant, on l'appelle El Magnifico. 1973 : Les Anges mangent aussi des fayots. 1974 : Même les anges tirent à droite. 1976 : Deux super flics. 1982 : Ciao nemico. 1983 : Quand faut y aller, faut y aller. 1984 : Attention les dégâts. 1987 : Renegade. 1991 : Ange ou Démon. 1995 : Trinità & Bambino... e adesso tocca a noi.


                                "Venez mes frères ! - Qui c'est qui lui a dit qu'on était frères ?"

Gros succès international si bien qu'une suite fut rapidement mise en chantier par Enzo Barboni himself, On l'appelle Trinita est sans doute l'une des meilleures comédies du duo impayable Bud Spencer / Terence Hill. Et si le pitch, à la fois classique et folichon, ne brille pas par son originalité, (se faisant passer pour des shérifs au sein d'une petite ville, 2 frères que tout oppose vont prêter main forte à une communauté mormone molestée par des brigands mexicains ainsi qu'un major cupide), le climat aussi bien burlesque que rocambolesque que parviennent à générer les "Laurel et Hardy" (du western parodique) pallie ces carences de par leur tranquillité sereine fraîchement irrésistible.


Car outre la complémentarité très attachante de ces derniers s'en donnant à coeur joie dans leur dissension fraternelle et postures héroïques inébranlables (Hill jouant le frère "pot de colle" féru de la gâchette, Spencer l'aîné bourru résolument indépendant), l'inventivité des bastons à la fois ludiques et très spectaculaires (Spencer, passé maître dans l'art de foutre des baffes et gros poings sur la tête de ses adversaires) et les gags bonnards qu'ils enchaînent par provocation nous irradie d'un sourire aux lèvres permanent. A l'instar d'un bambin de 5 ans fasciné par la magie de l'écran et du jeu malicieux de ses héros à peine dérivés d'une bande-dessinée (Hill et Spencer sont d'autant plus charismatiques dans leur stature flegme de cow-boy mal rasés). Bien évidemment, l'humour pittoresque qui se dégage de leur orgueil et arrogance à se gausser de leurs rivaux ne fait nullement preuve de subtilité. Mais pour autant, et par la magie de l'entreprise latine résolument artisanale (le film adopte d'ailleurs une vraie facture de western poussiéreux en format cinémascope), on s'enjaille couramment et on rit de bon coeur grâce à leur esprit de dérision aussi bon enfant qu'assumé.


Western parodique familial qui allait enflammer la carrière du duo légendaire Bud Spencer/Terence Hill (tout en décontraction inégalée !), On l'appelle Trinita constitue une cure de bonheur anti-dépressive pour le public de 7 à 77 ans. D'une sincérité et d'une générosité encore plus touchantes aujourd'hui (du moins auprès de la génération 80 !), ce pur divertissement Bis parvient à rajeunir le genre spaghetti sous l'impulsion de la chanson entêtante de Franco Micalizzi se prêtant harmonieusement à l'ambiance aussi chaleureuse. Simplement magique !

Box Office France: 2 624 948 Entrées ! 

* Bruno
3èx

mardi 20 mars 2018

THE ROAD WITHIN

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site thepsychword.com

de Gren Wells. 2014. U.S.A. 1h40. Avec Robert Sheehan, Dev Patel, Zoë Kravitz, Robert Patrick, Kyra Sedgwick.

Sortie Dvd France: 13 Décembre 2017. U.S: 17 Avril 2015 (limité)

FILMOGRAPHIEGren Wells est une réalisatrice et scénariste  américaine, née le 28 Juin 1974.
2014: The Road Within.


Passé à la trappe d'une exploitation salles sur notre territoire et en sortie limitée Outre-atlantique, The Road Within fait à mon sens office de bijou maudit, de par sa faible réputation beaucoup trop discrète, et ce en dépit de critiques et d'un accueil public favorables. Illustrant sans pathos ni misérabilisme le road trip d'un trio de jeunes patients échappés de leur clinique en lieu et place d'ennui, The Road Within nous touche droit au coeur sous l'impulsion alerte de comédiens sidérants de naturel. A point tel que sitôt le générique clôt, nous éprouvions une mélancolie douce amère de devoir s'en séparer si précipitamment. C'est dire si Vincent (atteint du syndrome de la Tourette), Alex (souffrant de TOC) et Marie (anorexique endurcie) parviennent communément à nous amuser et émouvoir avec une spontanéité, une fringance et une innocence tantôt cocasses, tantôt bouleversantes. Et ce en dépit de leurs actions marginales peu recommandables (vol d'essence et de voitures, larcin dans une épicerie) mais pour autant contrebalancées d'un goût du risque, de l'aventure et du désir de vivre bâtis sur une irrésistible impertinence.


A travers leurs pérégrinations à tenter de rejoindre un bout d'océan afin d'exaucer le voeux de Vincent (déposer les cendres de sa mère récemment décédée), Gren Wells (dont il s'agit ici de son 1er essai) trouve la juste mesure à conjuguer humour, tendresse et émotion sans sombrer dans le mélo, la caricature et encore moins la raillerie à travers les expressions exubérantes de trois paumés apprenant à coexister avec leur maladie mentale. Récit initiatique à accepter leur fardeau grâce aux valeurs de l'amitié et de l'amour, The Road Within milite pour le droit à la différence et le dépassement de soi à condition que le sujet parvienne à travailler une forme de paix intérieure. Au-delà de la grande complicité terriblement attachante des comédiens épatants de verve et d'innocence (de par la beauté de leur âme et la pureté de leurs sentiments), on peut également applaudir les prestances contrairement matures de Kyra Sedwick en médecin conciliante et Robert Patrick en paternel égoïste gagné par la culpabilité et le remords, faute d'une carrière politique en ascension. Et ce au détriment de l'amour de son fils. A travers leur filature routière à tenter de localiser les 3 rebelles, la réalisatrice parvient là aussi à toucher et à amuser lors de leur confidence intime et crises de colère, notamment en abordant le thème de la démission parentale avec une modestie dénuée de prétention. 


Invitation à l'évasion à travers les panoramas californiens, vent de fraîcheur baignant dans l'insouciance d'une liberté expansive, The Road Within fait constamment appel à l'émotion la plus tendre et sémillante à travers les vicissitudes de trois jeunes adultes furieux de leur condition d'exclusion. Dévoilant avec une étonnante pudeur et un refus de voyeurisme une magnifique leçon de tolérance, de compréhension (envers autrui) et d'amour durant leur quête de convalescence, The Road Within s'enrichit d'un cheminement narratif aléatoire ponctué de rebondissements pittoresques (l'échange des voitures volées) et de péripéties folingues. A découvrir fissa si bien que nos trois lurons marquent de leur empreinte frondeuse une épopée rocambolesque avec une liberté d'esprit aussi humaine qu'ordinaire ! 

* Bruno

Ci-joint l'avis d'une inconnue: gvuxmvr parce que j'ai été très sensible par ses impressions (si humaines), tant et si bien qu'elle est parvenue à me convaincre de céder à la tentation du désir.

Evidemment, les performances de Robert Sheehan et de Dev Patel (hyper talentueux) sont au coeur de la beauté et de la réussite du film. Ils sont littéralement à couper le souffle. Une fois que nous rentrons dans leur monde, leur jeu d'acteur nous retient jusqu'au bout. Ce film très touchant de réalisme, c'est un road trip qui forme des équipes inattendues. Les dialogues sont terribles, pleins de vérité et des fois empreints d'un humour contagieux. Ce genre de films mériterait d'être bien plus reconnu car il vaut vraiment le coup, c'est une bouffée d'air frais, et pourtant le sujet est très sérieux. L'histoire est jolie, elle prouve que ceux que l'on enferme pour troubles mentaux ont probablement plus d'humanité et de maturité en eux que ceux qui les côtoient mais qui sont à l'extérieur des quatre murs et se prétendent "normaux". Cette petite équipe de bras cassés est très attachante, ils connaissent la valeur des petites choses qui rendent heureux. On peut dire que la tension est quasiment toujours à son maximum, et on se demande si les plombs des personnages ne vont pas péter en même temps que ceux des spectateurs ! Qu'est-ce qu'on rit ! Mais qu'est-ce qu'on pleure aussi... Comme c'est humain ! La photographie est aussi très jolie, car elle est toujours en accord avec l'état intérieur des personnages. Autant dire que je recommande vraiment ce film !

* Gvuxmvr (27.03.17)


Gren Wells

lundi 19 mars 2018

BAD MOON

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Eric Red. 1996. U.S.A. 1h20. Avec Mariel Hemingway, Michael Paré, Mason Gamble, Ken Pogue, Hrothgar Mathews.

Sortie salles France: Inédit (à vérifier). U.S: 1er Novembre 1996.

FILMOGRAPHIE: Eric Red (Eric Joseph Durdaller), est un réalisateur scénariste et auteur américain, né le 16 février 1961 à Pittsburgh (Pennsylvanie). 2015: Night of the Wild (téléfilm). 2008: 100 Feet. 1996: Bad Moon. 1996: Undertow (TV Movie). 1991: Body Parts. 1988: Cohen and Tate.


Une série B tout juste bonnard, car naïve et simpliste. De par son cheminement narratif que l'on connaît par coeur, ses personnages souvent caricaturaux (la mère, le fils et surtout le démarcheur commercial), ses séquences ridicules (la posture orgueilleuse à 2 reprises de Michael Paré face au berger allemand) et ses fx perfectibles (tant auprès de la créature mécanique trop guindée que vulgairement numérisée). On retient surtout son final spectaculaire assez original et au montage maîtrisé lorsque s'affrontent belliqueusement le chien et le loup. Efficace et inoffensif, le spectacle gentiment ludique s'oublie vite sitôt le rideau tombé.


* Bruno

samedi 17 mars 2018

GHOSTLAND. Grand prix / Prix du public / Prix du jury Syfy, Gérardmer 2018.

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Pascal Laugier. 2018. France/Canada. 1h29. Avec Crystal Reed, Emilia Jones, Anastasia Phillips, Taylor Hickson, Mylène Farmer, Adam Hurtig.

Sortie salles France: 14 Mars 2018 (Int - 16 ans)

FILMOGRAPHIE: Pascal Laugier est un réalisateur Français né le 16 Octobre 1971.
Courts-Métrages: 1993: Tête de Citrouille. 2001: 4è sous-sol. Longs-métrages: 2004: Saint Ange. 2008: Martyrs. 2012: The Secret. 2017: Ghostland.


"Et plus le corps est entravé, plus l’esprit est libre" MF
Fourbu, assommé, bouleversé tandis que l'obscurité de la salle laisse place à la lumière pour nous rappeler à l'ordre de notre (morne) quotidienneté. Spectateurs éclectiques (ados / adultes) et moi même sommes sortis de la projo à l'instar de zombies mutiques et bourrus ! Faute d'avoir perçu le cri du coeur d'un réalisateur engagé à honorer le genre autant qu'à déclarer sa flamme à la fragilité de l'innocence du point de vue féministe à nouveau molesté tous azimuts, pour ne pas dire martyrisée par un Mal (ici) psychotique ! Métaphore sur la cruauté d'un monde sans pitié (comme l'exprime si bien Mylène à sa fille dans un rôle maternel équivoque plutôt convaincant à défaut d'être renversant !), Ghostland singe le conte de fée avec un réalisme contemporain pour mettre en appui une réflexion existentielle sur le mal-être adolescent, la jalousie, la quête identitaire, la peur de l'engagement, et donc de grandir. Notamment à travers le courage de vaincre ses démons, de surpasser nos frayeurs les plus préjudiciables afin d'accéder à une forme nouvelle de confiance en soi, de maturité. Et ce au détriment de se complaire dans le rêve, refuge mélancolique de nos souvenirs d'enfance pour fuir les adultes autant que nos responsabilités. D'une splendeur gothique axée sur l'onirisme macabre où le moindre détail domestique nous fascine autant qu'il assigne au malaise (imaginez un croisement vitriolé de Dolls, Massacre à la tronçonneuse et La Maison des 1000 morts), Ghostland est une invitation à la farce macabre, à la terreur escarpée et étouffante sous l'impulsion d'une bande-son stridente aussi percutante que celle d'Evil-Dead de Raimi.


"Souffrir pour accéder au bonheur"
Nanti d'un scénario à couper au couteau, de par ses thèmes susnommés et d'une construction narrative difficilement prévisible (le pitch adopte un revirement fortuit au bout d'une demi-heure de manière terriblement poignante !), Pascal Laugier s'amuse avec les codes (et faux semblants), les détournent (le 1er quart d'heure inverse efficacement les rôles victime/bourreau lors de règlements de compte cacophoniques), les malaxent et les retournent comme une crêpe au sein d'une pochette surprise "hurlante". Pour ce faire, fort d'un montage dynamique roublard à mon sens, il manipule nos nerfs avec une intensité dramatique constamment éprouvante de par son enchaînement d'exactions punitives dénuées de raison et d'un réalisme perturbant (larmes et sueurs où s'allient folie et détresse, visages tuméfiés en plan large afin d'accentuer la résultante de la douleur "morale"). Chemin de croix de survie pour Hansel et Cretel subitement projetées dans notre société moderne (où la sauvagerie irréfléchie est reine) pour être constamment mises à l'épreuve afin de tester leur résilience, Ghostland inquiète (surtout auprès de sa première partie misant sur l'expectative autant que l'interrogation), oppresse et fascine à la fois de par son esthétisme cauchemardesque semé de monstres et figurines frigides (les poupées de porcelaine dans une posture étrangement guindée). Mais pas que ! Il déstabilise en outre notre sens de l'orientation (la maison de tous les cauchemars s'édifie en dédale vertigineux lorsque l'ouverture d'une porte peut-être l'objet d'une menace incontrôlée) au coeur d'une attraction de folie furieuse parfois bouleversante. Eu égard du parti-pris auteurisant de Laugier à sublimer les portraits névralgiques de deux soeurs aux points de vue contradictoires mais mises à l'épreuve pour s'acheminer vers la solidarité, voir peut-être la délivrance.


La Fureur de (sur)vivre.
Pavé dans la marre pour le genre horrifique trop souvent conformiste, consensuel et donc impersonnel, Ghostland honore autant la série B de samedi soir puissamment erratique et effrénée que le film d'auteur pour scander la noblesse de l'amour et celle de la bravoure à travers une fratrie en voie (désespérée) de communication et de réconciliation, faute d'une épreuve insolente de survie. Pour parachever, coup de coeur au jeu si viscéral d'Anastasia Phillips en victime éplorée au confins de la démence, et surtout à la présence aussi fragile que fébrile de Crystal Reed en écrivaine ambitieuse néanmoins ballottée par le doute de l'affirmation et l'appréhension de la célébrité. 

* Bruno
24.02.24. 2èx. Vostfr

vendredi 16 mars 2018

LE MARGINAL

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

de Jacques Deray. 1983. France. 1h39. Avec Jean-Paul Belmondo, Henry Silva, Carlos Sotto Mayor, Pierre Vernier, Maurice Barrier, Claude Brosset, Tchéky Karyo.

Sortie salles France: 26 Octobre 1983

FILMOGRAPHIEJacques Deray, né Jacques Desrayaud le 19 février 1929 à Lyon, et mort le 9 août 2003 à Boulogne-Billancourt, est un réalisateur de cinéma français. 1960 : Le Gigolo. 1963 : Rififi à Tokyo. 1963 : Symphonie pour un massacre. 1965 : Par un beau matin d'été. 1966 : Avec la peau des autres. 1966 : L'Homme de Marrakech. 1969 : La Piscine. 1970 : Borsalino. 1971: Doucement les basses. 1971 : Un peu de soleil dans l'eau froide. 1972 : Un homme est mort. 1974 : Borsalino & Co. 1975 : Flic Story. 1977 : Le Gang. 1978 : Un papillon sur l'épaule. 1980 : Trois hommes à abattre. 1982 : Les Secrets de la princesse de Cadignan. 1983 : Le Marginal. 1983 : Credo (TV). 1985 : On ne meurt que deux fois. 1987 : Le Solitaire. 1987 : Maladie d'amour. 1989 : Les Bois noirs. 1991 : Contre l'oubli. 1991 : Netchaïev est de retour. 1993 : Un crime. 1994 : 3000 Scénarios contre un virus (segment « Arnaud et ses copains »). 1994 : L'Ours en peluche. 1998 : Clarissa (TV). 2000 : On n'a qu'une vie (TV). 2001 : Lettre d'une inconnue (TV).


               Un divertissement sans prétention taillé sur mesure pour Bébel et la génération 80.

En pleine notoriété depuis Le Professionnel et l'As des as, Bebel récidive avec Le Marginal si bien que le public se rue à nouveau en masse (4 956 822 entrées) pour assister à ces nouveaux exploits clairement influencés par les récents succès d'Un justicier dans la ville, de l'Inspecteur Harry (et de l'Anti-gang me chuchote Jean François Dupuy). Belmondo endossant le rôle burné d'un commissaire aux méthodes expéditives afin de démanteler une filière de drogue commanditée par le trafiquant Meccaci (campé par le vétéran Henry Silva au charisme patibulaire saillant). Si l'intrigue éculée n'apporte rien de neuf pour le genre, Jacques Deray  (Borsalino 1 et 2, La Piscine, Flic Story, 3 Hommes à abattre, On ne meurt que 2 fois) possède suffisamment de métier et de savoir-faire pour nous emballer un divertissement d'action mené tambour battant dans son lot de poursuites en voitures et hélico, règlements de comptes sanglants et bastons épiques (celle du bistrot s'avère la plus jouissive dans ses accents semi-parodiques que n'aurait renié Bud Spencer) au coeur d'une faune parisienne peu fréquentable.


D'ailleurs, Deray en profite pour nous dresser une visite nocturne dans ses bas-fonds malfamés (trafic sexuel chez des antillais, corruption dans une boite gay, tapin sur les trottoirs de Pigalle) que Bébel arpente quotidiennement sourire aux lèvres pour interroger anciennes connaissances, complices influents et témoins dévoués. Sur ce dernier point, on peut notamment apprécier la présence divinement lascive de la brésilienne Carlos Sotto Mayor assez crédible en prostituée au grand coeur si bien qu'elle forma un couple à la ville avec Bébel dès la sortie du film. Outre son rythme nerveux fertile en humour et action, Le Marginal ne serait après tout qu'un banal divertissement policier s'il ne bénéficiait de l'icone fringante Jean-Paul Belmondo portant le film de ses larges épaules avec autant de force tranquille que de cool attitude. Ce dernier parvenant à dynamiser l'intrigue dans sa bonne humeur sans fard, sa démarche distinguée et son sens adroit de l'offensive outrepassant sans gêne la légalité.


C'est donc avec un pincement au coeur que la génération 80 pourra à nouveau accueillir Le Marginal sous l'impulsion entêtante de la mélodie de Morricone ! De par son charme rétro héritier d'une époque obsolète (la défroque des acteurs et son urbanisation estampillée "80" parmi ses bistrots à flipper et ses marchés publics) où la symbiose des acteurs virils emportaient tout sur leur passage.  

* Bruno

jeudi 15 mars 2018

LADY FRANKENSTEIN

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Ecranlarge.com

"La figlia di Frankenstein" de Mel Welles et Aureliano Luppi (co-réalisateur non crédité). 1971. Italie. 1h40. Avec Joseph Cotten, Rosalba Neri, Paul Muller, Peter Whiteman, Herbert Fux,

Sortie salles France: 16 Août 1973 (Paris). Italie: 22 Octobre 1971

FILMOGRAPHIEMel Welles est un réalisateur, scénariste, producteur, acteur américain, né le 17 Février 1924 in New York City, New York, USA, décédé le 19 Août 2005 en Virginie, USA. 1977: Joyride to Nowhere. 1971 Lady Frankenstein. 1968 Les mercenaires de la violence. 1968 Llaman de Jamaica, Mr. Ward (uncredited). 1967 Le baron vampire. 1964 Un commerce tranquille. 1960 La petite boutique des horreurs (exterior sequences, uncredited). 1960 Code of Silence.


Perle rare du ciné Bis transalpin, Lady Frankenstein préfigure avec 2 ans d'avance le chef-d'oeuvre décadent de Paul Morrissey, Andy Warhol et Antonio Margheriti, Chair pour Frankenstein. De par ses éclats de violence gore typiquement latins, son climat malsain plutôt décomplexé et son soupçon de polissonnerie mâtiné de nécrophilie (voir la séquence couillue auquel Tania éprouve un orgasme sexuel lors d'un ébat meurtrier !). Bordélique en diable (le montage elliptique vaut son pesant de cacahuètes !), truffé d'incohérences, de dialogues intelligibles et de personnages sommaires pour autant attachants dans leur complicité romantico-meurtrière (le trio diabolique Tania / Marshall / Thomas) Lady Frankenstein baigne dans un climat de délire horrifique résolument "autre" pour qui idolâtre les nanars involontairement cocasses. Reprenant dans sa 1ère partie le schéma éculé du chef-d'oeuvre de James Whale (l'exhumation de cadavres par des fossoyeurs, les expérimentations organiques et la résurrection du monstre perpétrée par le créateur et son assistant sous une nuit orageuse), l'intrigue bifurque ensuite dans le n'importe nawak lorsque Tania, fille du défunt Dr Frankenstein s'efforce de convaincre l'adjoint de ce dernier d'offrir son propre coeur et son cerveau afin de lui créer l'être parfait pour ses appétits sexuels, et ce par l'entremise du jeune corps de Thomas.


Dès lors que celle-ci se glisse dans la peau d'une doctoresse criminelle (difficilement convaincante de par son inexpérience médico-scientifique, mais autrement glamoureuse dans son bagout séducteur), Lady Frankenstein aligne les situations aussi improbables que grotesques avec un sérieux inébranlable (à l'instar des récurrentes intrusions du commissaire présomptueux en investigateur infructueux !). Pendant ce temps, autour des nouveaux travaux de Tania et du Dr Marshall, le 1er monstre préalablement créé par Frankenstein déambule dans la nature et à proximité du village en s'empressant, tel un dément attardé, d'assassiner les villageois les plus imprudents. Avec sa trogne vérolée de pizza mal garnie aussi hilarante qu'un zombie de l'Avion de l'Apocalypse ou qu'un Bossu de la Morgue, notre monstre spaghetti affiche par ailleurs une mine de vengeur "toxic" infiniment irrésistible à chacune de ses extravagances meurtrières. Ce dernier beuglant et gesticulant à tout va pour mieux se faire remarquer et provoquer l'inutile effroi. Au-delà du jeu fantaisiste de cette icône pas si éloignée du cartoon, Lady Frankenstein affiche un esthétisme étonnamment soigné de la part de sa photo sépia et de ses décors domestiques d'un gothisme fiévreux. Une facture formelle assez capiteuse que renchérit en permanence l'actrice Rosalba Neri lors de ses apparitions insidieuses d'aguicheuse lubrique.


A la marge entre la série B et Z, Lady Frankenstein dépoussière maladroitement l'épouvante séculaire à renfort d'érotisme soft et de gore rubigineux. Pour autant, grâce à l'intégrité des  cinéastes et de seconds-couteaux au charisme saillant, ce délire typiquement latin distille un charme vénéneux assez corsé sous l'effigie d'un pitch involontairement impayable (et ce jusqu'à son épilogue sardonique !). Parangon d'une horreur spaghetti low cost "artisanale" et inopinément singulière, les inconditionnels de nanars devraient s'émoustiller sans relâche !

* Bruno