lundi 30 avril 2018

MAGNUM FORCE

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Ted Post. 1973. U.S.A. 2h02. Avec Clint Eastwood, Hal Holbrook, Mitch Ryan, David Soul, Tim Matheson, Kip Niven, Robert Urich.

Sortie salles France: 27 Février 1974 (Int - 13 ans). U.S: 25 Décembre 1973

FILMOGRAPHIE: Ted Post est un réalisateur, scénariste et acteur américain né le 31 mars 1918 à Brooklyn, dans l'État de New York (États-Unis), et mort le 20 août 2013 à Santa Monica, en Californie (États-Unis). 1956 : The Peacemaker. 1959 : The Legend of Tom Dooley. 1968 : Pendez-les haut et court. 1970 : Le Secret de la planète des singes. 1970 : Night Slaves (en) (TV). 1971 : Dr. Cook's Garden (TV). 1971 : Yuma (TV). 1971 : Five Desperate Women (TV). 1971 : Do Not Fold, Spindle, or Mutilate (TV). 1972 : The Bravos (TV). 1972 : Sandcastles (TV). 1973 : The Baby. 1973 : The Harrad Experiment. 1973 : Magnum Force. 1975 : L'Infirmière de la compagne casse-cou. 1978 : Le Merdier. 1978 : Le Commando des tigres noirs. 1980 : Nightkill. 1981 : Cagney et Lacey (TV). 1986 : Stagecoach (TV). 1992 : The Human Shield. 1999 : 4 Faces. 2000 : Old Pals.


Maniac Cops.
Sans atteindre le niveau du chef-d'oeuvre de Don Siegel, Magnum Force est une excellente séquelle tirant parti d'une intrigue aussi originale que solidement structurée (un quatuor de flics se transforment en justiciers meurtriers pour se venger du laxisme des tribunaux) que Clint Eastwood tente de démêler avec son traditionnel sens de provocation et ses récurrentes ripostes expéditives. Comme de coutume affublé d'un supérieur outrecuidant (l'excellent Hal Holbrook prenant plaisir à dénigrer son partenaire à chacune de leur confrontation !), il s'oppose à sa hiérarchie de manière autrement plus mesurée (faute de sa réputation peu glorieuse traitée dans le précédent volet), quand bien même Ted Post a l'idée retorse de relancer l'intrigue (à travers la piste d'un faux suspect à alpaguer) au moment où Harry pense avoir démasquer les coupables.


Outre l'impact spectaculaire de quelques séquences d'action qui interfèrent durant l'enquête (le braquage dans l'épicerie, la prise d'otage dans l'avion, la course-poursuite finale), on est surpris par la grande violence des exactions vindicatives si bien que la plupart des victimes sont assassinées à bout portant avec une froideur quasi insupportable. Alors qu'à un moment du récit un macro se débarrassera d'une de ses prostituées de la manière la plus vile lors d'une séquence hautement malsaine non explicite. L'aspect fétichiste de ces motards en cuir et lunettes noires, leur flegme faussement rassurant renforçant notamment l'aspect inquiétant (mêlé de fascination) de leur dérive meurtrière si bien que tous témoins gênants y sont également réprimés. On peut d'ailleurs prétendre que Magnum Force est sans doute le volet le plus brutal de la saga par son souci de réalisme âpre typique d'une certaine manière à la sacro-sainte époque des Seventies. Enfin à titre subsidiaire, on apprécie également la présence à contre-emploi de David Soul assez convaincant en flic véreux s'opposant à Harry de manière aimablement insidieuse.

* Bruno

samedi 28 avril 2018

THE TERROR

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

créé par David Kajganich et Soo Hugh et produit par Ridley Scott. 2017. 10 Episodes de 45 à 55'. U.S.A. Avec Jared Harris, Tobias Menzies, Paul Ready, Adam Nagaitis, Ian Hart, Nive Nielsen, Ciarán Hinds.

Diffusion TV U.S/France: 26 Mars 2018

Synopsis: 1847. L'équipage du navire britannique "Terror" se retrouve coincé au milieu des glaces après avoir tenté de regagner le passage du Nord-Ouest au Canada. Leur périple suicidaire s'avère d'autant plus infortunée qu'une étrange créature tapie dans l'ombre les dévore un à un !


Basé sur une histoire vraie d'après le roman éponyme de Dan Simmonss, The Terror fait office d'expérience viscérale aussi éprouvante que suffocante ! Tant et si bien que rarement une série TV nous aura fait participer de manière si immersive et sensitive à un cauchemar à la fois extrême, et escarpé sous le pilier du survival irrationnel. Les auteurs archi doués dans leur démarche alchimiste d'y soigner le cadre hivernal résolument aphone et inquiétant ainsi que l'étude caractérielle des personnages (notamment l'ambivalence du capitaine Francis Crozier de céder à l'alcoolisme lors d'une soudaine faiblesse morale avant de se tailler un cheminement cérébral vers l'espoir) parvenant à distiller au fil des épisodes une angoisse psychologique tangible. Notamment grâce au jeu expressif des comédiens compromis par leur état de peur, de détresse, de négligence, de langueur et de dépression. Sans compter ce climat éthéré de silence démoniaque planant au dessus de leurs épaules alors que ces derniers profondément amers et esseulés (notamment faute de présence féminine si on excepte la présence suspicieuse d'une esquimau autonome), amoindris par la fatigue, la faim et la maladie (pour certains) contemplent la topographie placide de l'Arctique avec un désagrément fiévreux. Véritable drame psychologique donc transplanté dans le cadre du genre horrifique, The Terror nous dépeint avec un vérisme rigoureux (limite insupportable parfois pour son aura malsaine ou sa violence glauque en opposition avec le blanc immaculé de la neige) l'interminable descente aux enfers "réfrigérante" de ces explorateurs s'acharnant à retrousser leur manche pour se dépêtrer d'une situation d'immobilisation davantage ingérable afin de regagner coûte que coûte le Canada. Mais à quel prix ?


Et ce, tout en s'efforçant de déjouer une menace invisible d'une férocité radicale car survenant aux moments les plus inopportuns. A cet égard, la créature véloce semblable à un ours polaire tuméfié provoque chez le spectateur un sentiment de terreur et d'impuissance morale face à ces rares apparitions destructrices où la bestialité s'avère le maître mot ! Les auteurs jouant admirablement avec l'effet de suggestion afin de mieux fasciner si bien que le plus substantiel dans cette tragédie humaine terriblement âpre, tendue, vide d'espoir, est d'y radiographier l'évolution des protagonistes mis à mal à jauger leur courage, leur résilience mais aussi leur confiance auprès de l'autre (ce que la seconde partie se chargera de nous autopsier avec une rigueur encore plus ardue). Car outre les pathologies inexpliquées de certains d'entre eux, la température glaçante de l'arctique (aussi photogénique que celle de The Thing sans contestation possible !), la dissension morale que se disputent le Capitaine Francis Crozier avec le Capitaine Sir John Franklin (celle d'un enjeu humain) et la menace monstrueuse terriblement sournoise, la lente déliquescence morale d'un des leurs (on n'est pas prêt d'oublier le jeu lestement provocateur, vénéneux, pour ne pas dire démoniaque d'Adam Nagaitis par la mesquinerie de son regard ironiquement véreux !) va mener l'équipage à la fragmentation meurtrière. Et de renchérir à cet instant d'ultime survie dans la déveine et l'animosité la plus immorale en empruntant l'alibi du cannibalisme pour subvenir aux besoins nutritifs ! Tout un programme donc de règlements de compte barbares et criminelles, faute d'anarchie, de détérioration morale depuis leur paranoïa progressive à suspecter ou mésestimer l'autre, notamment par esprit de rancoeur ou de vendetta. Tandis qu'au centre de leur discorde, un docteur philanthrope s'efforcera avec humilité de calmer les esprits tout en se rapprochant de l'inquiétante invité surprise: une jeune esquimau dépitée par la mort de son père.


Une tragédie historique à son apogée de l'horreur. 
Descente aux enfers inextinguible chez une poignée d'explorateurs ankylosés par la poisse, la maladie et la mort la plus inéquitable, The Terror irrigue nos pores d'un sentiment d'angoisse dépressive face à la terreur sournoise d'une menace animale et humaine où l'individualité prime. 
A marquer d'une pierre blanche auprès d'un casting en or massif !

* Bruno

Listing.
  1: Jouer son va-tout (Go for Broke)
  2: Le Lieutenant Gore (Gore)
  3: L'Échelle (The Ladder)
  4: Puni comme un simple mousse (Punished, as a Boy)
  5: Pas de seconde chance (First Shot a Winner, Lads)
  6: Répit (A Mercy)
  7: L'Horreur et le souper (Horrible from Supper)
  8: Le Camp est sécurisé (Terror Camp Clear)
  9: La Mer, la mer, la haute mer (The C, the C, the Open C)
10: Nous sommes partis (We Are Gone)

vendredi 27 avril 2018

TRON

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Steven Lisberger. 1982. U.S.A. 1h36. Avec Jeff Bridges, Bruce Boxleitner, David Warner, Cindy Morgan, Barnard Hughes, Dan Shor, Peter Jurasik

Sortie salles France: 15 Décembre 1982. U.S:

FILMOGRAPHIE: Steven Lisberger est un réalisateur américain, né le 21 avril 1951 à New York. 1980 : Animalympics (producteur + scénariste). 1982: Tron: (+ scénariste + concepteur des effets visuels). 1987: Hot Pursuit (+ scénariste). 1989: Le souffle du futur.


S'il n'eut pas le succès escompté lors de sa sortie internationale (en France il totalise 906 149 entrées et se classe 46è/60), Tron est devenu au fil des décennies un film culte auprès des fans de science-fiction grâce à son concept révolutionnaire utilisant pour la 1ère fois des images de synthèse par ordinateur. Empruntant les thématiques de l'intelligence artificielle et du jeu-video avec un réalisme halluciné, Tron continue aujourd'hui de fasciner à travers son univers virtuel littéralement envoûtant que Steven Lisberger parvient à crédibiliser avec une inventivité constante et des FX toujours aussi impressionnants. Le souci du détail des décors labyrinthiques, les personnages synthétiques en quête de surpassement et les vaisseaux antagonistes sur le qui-vive se combinant à merveille dans leur propre univers factice pour nous donner le vertige. Immersif et dépaysant en diable donc, Tron multiplie les morceaux de bravoure jouissifs lorsqu'un concepteur de jeu video se retrouve projeté à l'intérieur de sa création afin de se réapproprier sa propriété auprès d'un traître véreux. Toute l'intrigue constituant pour lui un parcours du combattant à retrouver Dillinger, le mettre hors d'état de nuire et retrouver enfin sa liberté dans la réalité. Si l'intrigue parfois complexe peut prêter à confusion chez le spectateur inculte en informatique et que les personnages les plus autoritaires auraient gagnés à être mieux développés, Tron nous hypnotise pour autant la vue dans sa faculté de nous immerger dans ce microcosme atypique résolument fantasmatique. Du moins chez les fadas de jeux-video se glissant ici dans le corps de leur héros préféré en plein coeur d'un réseau informatique délétère !


Un fabuleux spectacle laissant libre court à une imagination foisonnante au coeur d'un jeu-video grandeur nature si bien que son intensité formelle à la fois trouble et ensorcelante reste encore aujourd'hui bluffante de réalisme ! 

* Bruno

Récompenses: 1983: Saturn Award des meilleurs costumes

jeudi 26 avril 2018

L'INSPECTEUR NE RENONCE JAMAIS

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Enforcer" de James Fargo. 1976. U.S.A. 1h33. Avec Clint Eastwood, Tyne Daly, Harry Guardino, Bradford Dillman, John Mitchum, DeVeren Bookwalter, John Crawford

Sortie salles France: 20 Avril 1977. U.S: 22 Décembre 1976

FILMOGRAPHIEJames Fargo est un réalisateur et producteur américain, né le 14 août 1938 à Republic, Washington, États-Unis. 1976 : L'inspecteur ne renonce jamais. 1978 : Caravans. 1978 : Doux, dur et dingue. 1979 : Le Putsch des mercenaires. 1982 : L'Exécuteur de Hong Kong.


3è opus de la saga Harry Callahan, l'Inspecteur ne renonce jamais parvient à nouveau à se renouveler dans son habituel cocktail d'action, d'humour et de violence sous le pilier de l'inégalable Clint Eastwood en inspecteur réactionnaire toujours aussi (fr)agile de la gâchette. Eu égard de sa spectaculaire et ultra violente stratégie héroïque lors d'une prise d'otage instaurée en centre urbain ! On peut d'ailleurs applaudir la symétrie du montage générant un dynamisme percutant lors des gunfights opérationnels. De par son intrigue de triste actualité, puisque empruntant la thématique du terrorisme (un groupuscule mené par un ancien vétéran du Vietnam menace de faire exploser la ville contre une rançon, et ce bien avant d'entamer un chantage autrement délétère auprès de la police), James Fargo y sème d'habiles rebondissements par le biais d'un suspense infaillible. Notamment à travers les interventions d'un complice et d'un indic afin de relancer l'investigation d'Harry vers de nouvelles pistes.


Pour renforcer l'attrait ludique du récit, on peut aussi compter sur la complicité houleuse de Harry avec sa nouvelle recrue féminine formidablement endossée par Tyne Daly dans sa posture à la fois fragile et réservée mais finalement pugnace pour son initiation héroïque afin de montrer ses preuves et taire le machisme d'Harry. Sur ce dernier point, on peut d'ailleurs y relever en background une réflexion sur la place de la femme dans le corps policier lorsque celle-ci, totalement novice en la matière, se verra confronter à des missions plutôt couillues et dangereuses à travers la faune urbaine d'une criminalité galopante (l'un des protagonistes s'exclamera d'ailleurs au détour d'une inquiétante réplique: "nous sommes en guerre !"). Truffé de réparties impayables auprès du tempérament aussi bien impudent que trivial de Harry sans cesse confronter à l'autorité drastique de ses supérieurs, l'Inspecteur ne renonce jamais ne déroge pas à la règle de la dérision autour d'un concentré d'actions violentes assez corsées, voir parfois même complaisantes (le prélude illustrant 2 lâches assassinats "fait froid dans le dos" pour emprunter un calembour morbide).


Carré, solide, charismatique et surtout très efficace, de par son intrigue compacte à l'émotion parfois dramatique et sa scénographie urbaine habilement exploitée (notamment auprès de deux poursuites à pied se renouvelant sans cesse grâce au dynamisme du montage et à la disparité d'une métropole tentaculaire ou d'un pénitencier désaffecté), l'Inspecteur ne renonce jamais fait toujours preuve d'une étonnante vigueur au sein du genre policier que mène avec provocation notre flic frondeur aux méthodes expéditives payantes. Une surprenante redécouverte n'ayant rien perdu de son impact explosif ! (suffit de revoir la dernière exécution de Harry d'une réjouissance morbide assez cartoonesque !)  

* Bruno
Box-office France : 342 055 entrées

mercredi 25 avril 2018

M

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Sara Forestier. 2017. France. 1h38. Avec Sara Forestier, Redouanne Harjane, Jean-Pierre Léaud, Nicolas Vaude, Maryne Cayon, Isabelle Caillat.

Sortie salles France: 15 Novembre 2017

FILMOGRAPHIE: Sara Forestier est une actrice, réalisatrice et scénariste française, née le 4 octobre 1986 à Copenhague. 2017: M.


Echec public lors de sa discrète sortie en salles (68 300 entrées sur 94 copies), M est la première réalisation de Sara Forestier également actrice et scénariste pour l'occasion. D'une sincérité indéfectible dans sa démarche auteurisante de nous relater l'histoire d'amour singulière entre une lycéenne bègue et un marginal illettré sans pathos ni effet de manche, M parvient à émouvoir et bouleverser avec une sensibilité à la fois éminemment prude et dévorante. Notamment sous l'impulsion d'un duo d'acteurs incandescents se livrant corps et âme face caméra avec un humanisme écorché vif. Sara Forestier se fondant naturellement dans la peau d'une bègue avec fragilité, retenue et grande timidité avant de sillonner sa voie initiatique vers la persévérance grâce à la passion des sentiments. Il faut la voir s'exprimer face caméra la peur au ventre à pouvoir gérer ses confidences névralgiques face à l'être aimé (lui même envahit de doute, d'intolérance et de crainte d'échouer) ou encore céder à une peur paralysante auprès de sa candidature au baccalauréat face à un juré finalement tolérant. Son jeu incroyablement subtil (d'autant plus sans fard dans sa beauté naturelle) lui permettant de ne jamais se livrer à une caricature complaisante de bons sentiments lors de ses balbutiements à répétition. Et donc de nous livrer une performance d'actrice pleine de dignité dans sa sobriété à s'exprimer avec une sensibilité jamais programmée. Sara visant simplement l'attention, l'âme et le coeur du spectateur avec un magnétisme fluide.


Témoignant d'une posture virile viscérale dans sa forte personnalité, de par la puissance de son regard rigide, voir animal suggérant au terme l'amertume et la honte dans son incapacité à s'aimer soi même, Redouanne Harjane explose l'écran avec autant de rigueur auprès de son humanisme torturé car incapable d'assumer son analphabétisme dans celui d'un banlieusard ne parvenant pas à fuir son passé meurtri. A eux deux, ils forment un duo d'amants vertigineux dans leur combat intrinsèque contre la peur, le désarroi, puis celle d'éveiller leur désir d'émancipation lors d'une initiation à la communication, à la confiance en soi et à la confidence intime. Grâce au vérisme de la réalisation proche d'un cinéma de Pialat et du jeu criant de vérité de ces acteurs transis d'émoi et de contrariété, Sara Forestier nous livre un poème urbain d'une fragilité personnelle, notamment en magnifiant une nature crépusculaire d'une candeur toute sensitive. Tant et si bien que le métrage déploie avec force brute (tant pour la rigueur des sentiments que de la tension sexuelle des personnages) un panel d'émotions furibondes, candides, passionnelles lorsque deux êtres introvertis, fragilisés par leur handicap, s'efforcent de s'unir pour tenter de cristalliser leur avenir en se libérant de la peur (si paralysante) de soi même au sein d'une société impitoyable (notamment lorsque Mo se retrouve cuisinier et doit affronter un supérieur aussi castrateur que condescendant).


Dans les yeux de Sara
Follement passionnée par son douloureux récit et d'autant plus amoureuse de ses personnages impliqués dans un tourbillon d'émotions bicéphales (le blanc / le noir), d'une sensibilité on ne peut plus sincère et d'une ambition forçant le respect dans la maîtrise de sa première réalisation où rien n'est laissé au hasard (notamment dans sa manière de saisir sans ambages les regards très expressifs), Sara Forestier nous livre avec M une confidence personnelle (quasi documentaire !) sur sa frénésie de vivre, d'aimer et de s'épanouir dans les bras d'un franc-tireur chrysalide. Fort et cruel (dans la dissension conjugale) mais magnifique, jamais plombant car débordant de vitalité dans une éthique à la fois optimiste et rédemptrice. 

* Bruno

mardi 24 avril 2018

MEURTRES A LA SAINT-VALENTIN 3D

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Patrick Lussier. 2009. U.S.A. 1h41. Avec Jensen Ackles, Jaime King, Kerr Smith, Betsy Rue, Edi Gathegi, Tom Atkins

Sortie salles France: 29 Avril 2009. U.S: 16 Janvier 2009

FILMOGRAPHIEPatrick Lussier est un réalisateur et un monteur canadien spécialisé dans les films d'horreur. 2000 : The Prophecy 3: The Ascent (vidéo). 2000 : Dracula 2001. 2003 : Dracula II: Ascension (vidéo). 2005 : Dracula III : Legacy (vidéo). 2007 : La Voix des morts : La Lumière. 2009: Meurtres à la St-Valentin 3D. 2011 : Hell Driver 3D.


On a beau se distraire de quelques séquences chocs sanglantes et spectaculaires (en dépit de 2/3 effets ratés en CGI !) et d'une certaine dérision morbide lors de passages assez cocasses (notamment la nymphette se trimbalant dans son plus simple appareil au moment de se confronter au tueur), Meurtres à la St-valentin est le prototype du remake inutile dépourvu de toute notion de suspense et d'intensité. Faute à une intrigue insipide finissant par se vautrer dans le ridicule (son final à rebondissements nanti de dialogues risibles vaut son pesant de cacahuètes), à une réalisation aseptique ne comptant que sur la surenchère pour nous maintenir en éveil, et de personnages gogos que l'on peine à distinguer si bien que l'on éprouve aucune empathie pour leur sort ou pour leur dissension amoureuse (le fameux trio perfide si j'ose dire). Avec indulgence et surtout auprès d'un public ado néophyte n'ayant aucune culture pour le Slasher, ce produit mercantile estampillé "3D argentique" peut se découvrir d'un oeil distrait.

* Bruno
2èx

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site cultreviews.com

de George Mihalka. 1981. Canada. 1h31. Avec Paul Kelman, Lori Hallier, Neil Affleck, Keith Knight, Alf Humphreys, Cynthia Dale, Helene Udy, Rob Stein, Thomas Kovacs, Terry Waterland, Carl Marotte...

Sorti en France le 10 Mars 1982. U.S.A: 11 Février 1981.

FILMOGRAPHIE: George Mihalka (1953 en Hongrie - ) est un réalisateur et producteur québécois. 1980 : Pick-up Summer, 1981 : Meurtres à la St-Valentin (My Bloody Valentine) 1982 : Scandale, 1983 : Le Voyageur (The Hitchhiker) (série TV) 1985 : The Blue Man (TV) 1986 : Adventures of William Tell (TV)1988 : Hostile Takeover, 1987: Midnight Magic, 1988 : Le Chemin de Damas, 1988 : Crossbow (série TV) 1989 : Straight Line, 1990 : Wish You Were Here (série TV) 1991 : The Final Heist (TV) 1992 : Scoop (série TV) 1992 : Psychic, 1993 : La Florida, 1994 : Relative Fear, 1995 : Bullet to Beijing, 1995 : Deceptions II: Edge of Deception, 1996 : Windsor Protocol (TV) 1996 : L'Homme idéal, 1998 : Thunder Point (TV) 1999 : Omertà - Le dernier des hommes d'honneur (série TV) 2000 : Haute surveillance (série TV) 2000 : Dr Lucille - La remarquable histoire de Lucille Teasdale (Dr. Lucille) (TV) 2001 : Watchtower, 2001 : "Undressed" (1999) TV Series, 2002 : Galidor: Defenders of the Outer Dimension (série TV) 2005 : Charlie Jade (série TV) 2005 : Les Boys IV.

                                         

Sorti en pleine vogue du slasher natif d'Halloween et de Vendredi 13Meurtres à la St-Valentin s'attelle à l'académisme pour emprunter le schéma du film de Sean S. Cunningham. Là encore, le succès en salles est au rendez-vous à la surprise générale des créateurs du film puisque Meurtres à la St-Valentin sort en version tronquée de ses effets sanglants partout dans le monde alors que sa réputation d'honnête psycho-killer va gentiment accroître au fil des ans. Que ce soit en France ou aux Etats-Unis, ce sympathique whodunit n'eut jamais eu l'honneur de voir le jour dans une version rigoureusement intégrale. Chose réparée aujourd'hui chez nos voisins ricains à l'occasion de sa sortie Dvd certifiée Uncut ! C'est cette version inédite que je vais aujourd'hui vous évoquer ! Le jour de la St-Valentin, lors d'un bal local, cinq mineurs se retrouvent coincés dans leur carrière à la suite d'une violente explosion. Seul, un survivant, Harry Warden, est parvenu à s'extraire des décombres. Depuis, chaque année, il décide de se venger des jeunes étudiants qui auront l'audace de renouveler la fête des amoureux durant la sauterie promotionnelle.

                                           

Lorsque l'on assiste pour la première fois à la version non censurée de Meurtres à la St-Valentin, nous sommes agréablement ébranlés par la teneur malsaine de ces homicides graphiques ! Les nombreux meurtres qui émaillent l'intrigue s'avérant incisifs dans leur violence gore, non exempts d'inventivité dans l'art et la manière de décimer la prochaine victime ! (pioche perforant un sein ou un gosier, femme empalée par la bouche d'un robinet, écorchement d'un coeur bien frais, pratique de cannibalisme, tranchage de bras, tête vivante ébouillantée dans une marmite ou transpercée de clous, et enfin corps brûlé dans une lessiveuse). Grâce à cette surenchère jouissive au stylisme morbide, Meurtres à la St-Valentin se pare d'une texture autrement plus insolente et sardonique ! Par cette occasion, on se rend compte que parfois un métrage a besoin d'un ton racoleur pour rendre l'aventure plus sombre et délétère, de manière aussi à accentuer la crainte redoutée du tueur, faute de sa cruauté ostentatoire.

                                         

En dehors de l'aspect fun des FX artisanaux, on retrouve les clichés habituels du slasher avec son meurtrier exterminant de manière méthodique une victime tous les quarts d'heure ! Notamment la caricature émise aux étudiants stéréotypés, du dragueur insolent au plaisantin farceur, de l'aguicheuse au rondouillard sympa, du flic dubitatif au fameux quidam sollicité à mettre en garde tous ces garnements risquant un grave danger. Malgré tout, les comédiens attachants s'avèrent tout de même moins superficiels que de coutume même si une sirupeuse amourette entre trois amants viennent ternir l'esprit mature de leur posture héroïque. Durant les 2/3 du film, la narration efficacement gérée ne fait donc que dépeindre les réunions amicales et étreintes amoureuses de nos jeunes protagonistes pendant qu'un tueur les décime un à un lors d'exactions grands-guignolesques. Quand bien même sa dernière demi-heure, plus vigoureuse dans son action haletante, va confiner l'essentiel de son action dans l'environnement opaque d'une ancienne mine. Une dernière partie atmosphérique car utilisant judicieusement ses décors lugubres d'une ambiance inquiétante tout en distillant l'expectative du suspense. L'aspect patibulaire du meurtrier n'est pas non plus à négliger et ajoute un charme singulier à son accoutrement vestimentaire  (alors qu'il aurait pu sombrer dans le ridicule !). Affublé d'une combinaison de mineur, d'un casque de lampiste sur la tête et d'un masque à gaz constamment imposé sur son visage, sa présence obscure nous inspire une certaine fascination.

                                            

Réalisé sans génie particulier mais agréablement troussé, efficace et toujours plus haletant, Meurtres à la St-Valentin fait sans doute parti du haut du panier des slashers des eighties, aussi mineur soit-il ! (jeu de mot à l'appui !). Quand bien même ses effets-gores audacieux dans la version Uncut vont permettre d'insuffler une aura malsaine étonnamment prégnante ! Enfin, le concept inédit d'ironiser sur la fête sirupeuse des coeurs tendres est savoureusement détourné au profit d'un humour noir caustique. 

* Bruno

lundi 23 avril 2018

THE LIVING AND THE DEAD. Prix du Meilleur Film, Fantastic Fest 2006.

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Simon Rumley. 2006. Angleterre. 1h23. Avec Roger Lloyd Pack, Leo Bill, Kate Fahy, Sarah Ball, Neil Conrich

Inédit en salles en France. Hollande: 28 Janvier 2006

FILMOGRAPHIE: Simon Rumley est un scénariste, réalisateur et auteur britannique né le 22 Mai 1968 à Londres. 2017: Crowhurst.  2016 Fashionista. 2016 Johnny Frank Garrett's Last Word. 2012 The ABCs of Death (segment "P Is for Pressure").  2011 60 Seconds of Solitude in Year Zero. 2011 Little Deaths (segment "Bitch"). 2010 Red White & Blue.2006 The Living and the Dead. 2002 Club Le Monde. 2001 The Truth Game. 2000 Strong Language


Production indépendante anglaise passée par la case Dtv chez nous, The Living and the Dead peut prêter à confusion de par son titre et son affiche plutôt inspirés par le genre horrifique. Car si son climat trouble et dérangeant ainsi que quelques séquences sanglantes l'effleurent, il s'agit principalement d'un drame psychologique que nous relate Simon Rumley avec souci de réalisme littéralement immersif. A la suite d'une absence de quelques jours, Donald Brocklebank laisse sa femme impotente dans son château en compagnie de son fils schizophrène. Souffrant d'un complexe d'infériorité à la suite d'une dispute avec son père, James Brocklebank va faire subir un calvaire à sa mère en s'efforçant de lui prêter main forte. Traitant du thème de la schizophrénie sous l'impulsion du jeu erratique de l'étonnant Leo Bill (récompensé du prix d'interprétation au Fantastic Fest), Simon Rumley cultive une mise en scène inventive (angles de vue souvent tarabiscotés ou expérimentaux) à travers un éprouvant huis-clos aussi bien tendu que cauchemardesque, notamment grâce à l'intensité du casting plutôt impliqué dans des rôles à la fois difficiles et douloureux.


De par la caractérisation fébrile des protagonistes démunis, sévèrement mis à mal dans leur conflit d'autorité et leur désir de supériorité, The Living and the dead provoque un malaise parfois viscéral de la part du déficient en proie à la rébellion dans sa condition irresponsable. Livrant une réflexion sur la place de celui-ci au sein de notre société, à savoir s'il est apte à se sociabiliser pour vivre en interne du cocon familial ou à contrario s'il doit être placé en centre spécialisé faute de sa trop grande susceptibilité, Simon Rumley met en exergue les rapports de force unissant un père et son fils déficient en insistant sur l'épineuse éducation parentale que les parents devront poursuivre pour le restant de leur jour. Et donc à travers leurs échanges tendus de communicabilité, le réalisateur nous dévoilera les conséquences dramatiques du poids des mots autoritaires et d'une attitude un peu trop drastique menant un schizophrène vers une déchéance morale, et ce jusqu'à commettre l'irréparable. Le réalisateur suivant de près (et donc parfois de manière subjective) les allées et venues du malade en proie aux crises de larmes, de peur et de démence, faute de sa terrible culpabilité morale dans sa condition d'exclusion et de son impuissance à s'extraire de sa propre prison mentale.


"Tous les esprits fonctionnent entre démence et imbécilité, et chacun, dans les 24 heures, frôlent ces extrêmes"
Drame familial intimiste résolument trouble, dérangeant et immersif à travers le parti-pris de l'auteur de nous imposer du cinéma d'auteur avec une originalité quasi baroque, The Living et the Dead témoigne d'une vraie sensibilité et fragilité auprès du comportement moral d'un schizophrène condamné à l'incompréhension, l'injustice et la solitude dans sa pathologie insoluble. Il en émane une oeuvre singulière difficilement oubliable si bien qu'on ne sort pas indemne de sa scénographie cauchemardesque afin de mieux nous confronter au désordre mental du malade. On en sort d'autant plus amère et bouleversé de témoigner de la déliquescence de celui-ci cédant à ses pulsions les plus nocives et explosives pour engendrer au final une folie contagieuse. Un témoignage choc à découvrir absolument ! 

* Bruno

Récompenses: Prix du meilleur film, meilleur réalisateur, meilleurs maquillages pour Jackie Fowler, meilleur acteur pour Leo Bill et meilleur second rôle féminin pour Kate Fahy, lors du Fantastic Fest en 2006.
Prix Nouvelles Visions, lors du Festival international du film de Catalogne en 2006.

dimanche 22 avril 2018

BUCK ROGERS AU 25E SIECLE

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Buck Rogers in the 25th Century" de Daniel Haller. 1979. U.S.A. 1h29. Avec Gil Gerard, Erin Gray, Pamela Hensley, Henry Silva, Tim O'Connor, Felix Silla, Thom Christopher, Wilfrid Hyde-White

Sortie salles France: 25 Juillet 1979. U.S: 30 Mars 1979

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Daniel Haller est un réalisateur et producteur américain né le 14 Septembre 1926 en Californie. 1984: Welcome to paradise (télé-film). 1981: Margin for Murder (télé-film). 1980: The Georgia Peaches (TV Movie). 1979: High Midnight. 1979: Buck Rogers au XXVe siècle. 1978 A Double Life (TV Movie). 1978 Black Beauty (TV Movie). 1978 Little Mo (TV Movie). 1978 Black Beauty (TV Mini-Series). 1975: The Desperate Miles (télé-film). 1970 Pieces of Dreams. 1970 Paddy. 1970 Dunwich Horror. 1968 The Wild Racers. 1967 Les anges de l'enfer. 1965 Le messager du diable.


Exploité avec succès en salles aux States (il rapporte 21 millions de dollars) et en France puis diffusé le 24 octobre 1983 à la TV dans le cadre de l'émission phare l'Avenir du Futur, et ce avant d'être adapté en série TV, Buck Rogers au 25è siècle berça la génération 80 grâce à sa fantaisie homérique largement influencée par le récent phénomène Star Wars sorti 2 ans plus tôt. Si l'intrigue simpliste n'accorde aucune subtilité ni surprises autour du cheminement belliqueux que se disputent "gentils" (les terriens dirigés par le colonel Wilma Deering) et "méchants" (la princesse Ardala et son adjoint Kane issus de la planète Draconia), Buck Rogers au 25è siècle fleure bon le divertissement bonnard à travers sa scénographie stellaire bougrement kitch (photo saturée à l'appui) constituée de gadgets futuristes, personnages loufoques (notamment le sympatoche robot Twiky dans un accoutrement inopinément efféminé afin de se démarquer de D2R2 !) et costumes extravagants (lointainement inspirées de l'époque médiévale et du péplum). Le réalisateur ne lésinant pas sur l'humour bon enfant grâce aux réparties cocasses que le capitaine Rogers provoque à ses adversaires (tant auprès des terriens que des draconiens) tout en se liant d'amitié avec l'attachant Twiky en remise en question de suspicion pour son (éventuel) louable héroïsme.   


Sur ce dernier point, on prend plaisir au jeu spontané de Gil Gerard parfaitement à l'aise en guerrier de l'espace doublé du charmeur incorrigible à la manière virile de la star TV (de l'époque) Lee Majors autrement plus détendu et décomplexé. Au centre des 2 partis politiques se disputant l'enjeu de la Terre, Buck Rogers s'efforcera de prouver au colonel Wilma Deering (Erin Gray, blonde aux yeux bleus assez sexy et caractérielle) qu'il n'est point l'espion suspecté (après s'être préalablement réveillé dans le vaisseau des draconiens depuis un sommeil de 500 ans !) et usera de ses charmes pour s'attirer les clémences de cette dernière mais aussi de la princesse Ardala (Pamela Hensley encore plus sexy et sensuelle par son regard de braise et ses tenues légères !) communément éprises de sentiments pour lui. Au-delà de l'aspect irrésistiblement ludique de l'action (notamment une séquence crépusculaire influencée par le genre d'épouvante et anticipant une certaine allusion à New-York 1997 pour la présentation de marginaux estropiés surgissant de bas-fonds !) et des batailles intergalactiques assez spectaculaires (FX artisanaux, décors en matte-painting ou en carton pâte faisant parfois illusion), on s'amusera également de 2 séquences anthologiques proprement hilarantes au détour d'un bal costumé. Tant auprès de la danse du futur que les cavaliers chorégraphient à l'aide d'une sphère métallique apposée sur leur main, que de la danse du rock que Buck inculque à l'assemblée avec un déhanché pittoresque ("boogie-woogie" exclamera t'il à la princesse afin de justifier son style !). Eclats de rire assurés !


Un attrayant plaisir coupable au charme kitch infaillible.
Space-opera bisseux pétri de bonne humeur, d'innocence et de bons sentiments, d'actions, de charme et d'élégance érotique (notamment à travers son magnifique générique lascif faisant défiler des donzelles en position charnelle sur une tendre mélodie), Buck Roger au 25è siècle perdure son pouvoir fringant à travers une aventure rétro ne se prenant jamais au sérieux. Et ce sous l'impulsion d'un casting jouasse librement impliqué dans leur conflit d'autorité (notamment la présence toujours aussi charismatique d'Henry Silva en faire-valoir monolithique !). A revoir avec un souvenir ému auprès des grands nostalgiques ^^

* Bruno

vendredi 20 avril 2018

THE STRANGERS

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Bryan Bertino. 2008. U.S.A. 1h25. Avec Liv Tyler, Scott Speedman, Glenn Howerton, Kip Weeks, Gemma Ward.

Inédit en salles en France. U.S: 30 Mai 2008

FILMOGRAPHIEBryan Bertino est un réalisateur et scénariste américain né le 17 Octobre 1977 à Crowley, Texas. 2016: The Monster. 2014: Mockingbird. 2008: The Strangers.


Gros succès international (il rapporte 81.6 millions de $ contre un budget de 9 000 000 $) alors qu'il fut banni de nos salles chez nous, The Strangers empreinte le schéma du survival domestique (familièrement prénommé "home invasion" chez les journalistes) avec une efficacité soutenue. Car prenant comme références Terreur sur la Ligne (la menace interne provenant du propre foyer de la propriétaire esseulée) et Halloween (la fameuse apparition du tueur masqué planqué derrière sa victime que seul le spectateur entrevoit en arrière plan), Bryan Bertino joue la carte de la suggestion à l'aide d'une science du suspense diffus et d'une bande-son percutante. Et ce même si parfois le côté redondant de certaines situations de panique ne produisent pas l'effet de peur escompté sachant que les assaillants ne cessent de brimer leurs victimes avec un goût prononcé pour la dérision sournoise. Eclairé d'une superbe photo sépia aux teintes chaudes en format scope, The Strangers développe un climat particulièrement feutré et inquiétant lorsque 3 intrus masqués décident purement et simplement de flanquer la frousse à un couple d'amants recroquevillés dans leur foyer.


La menace découlant autant de l'intérieur que de l'extérieur de leur bâtisse par le biais d'apparitions fantomatiques imprimées dans le mutisme. Une manière habile de rehausser le climat anxiogène de cette situation ubuesque si bien que nous ne connaîtrons jamais les véritables mobiles des 3 assaillants (ni leur véritable identité !) jubilant à terrifier leurs proies le plus souvent démunies. Prenant son temps de prime abord à nous présenter le couple en remise en question sentimentale, Bryan Bertino soigne le cadre nocturne de leur cocon domestique (d'autant plus dénué de voisinage !) avec un flegme plombant. Eu égard de leur mine sentencieuse à se rendre compte de leur échec mais tentant néanmoins de se réconcilier en désespoir de cause. C'est ensuite une partie de cache-cache avec la peur puis la terreur que nous décrit le réalisateur avec un réalisme assez tendu et dérangeant si bien qu'en intermittence il n'hésite pas à ponctuer son survival de règlements de compte hargneux et rebondissements sardoniques, à l'instar de son final d'une brutalité gratuite aussi bien éprouvante que dramatique.


Sans révolutionner le genre ou tenter d'émuler ses références susnommées, Bryan Bertino parvient avec The Strangers à élever le genre horrifique avec maturité grâce à sa progression dramatique escarpée dénuée d'outrance gore et à l'aspect brut de décoffrage du "fait-divers" improbable (car dénué de raison chez le portrait équivoque des persécuteurs sans visage). Et ce même si l'intrigue se laisse parfois distraire par 1 ou 2 jump scares et clichés vains (l'une des victimes trébuchant bêtement dans les bois). Outre l'efficacité de son suspense mené avec une certaine autorité et son angoisse sous-jacente assez maîtrisée (surtout auprès d'une 1ère réalisation), on peut enfin compter sur la sobriété des deux interprètes constamment molestés par les hostilités meurtrières. Particulièrement le jeu modestement viscéral de Liv Tyler en proie éplorée, faute de sa nature humaine aussi douce que fragile et de son tempérament placide et réservé lui évitant d'échapper au stéréotype de la potiche décervelée. Un séduisant exercice de style où le non-dit prime au détriment d'éclairs de violence.

* Bruno

jeudi 19 avril 2018

UN JUSTICIER DANS LA VILLE 2

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site ekladata.com

"Death Wish 2" de Michael Winner. 1982. U.S.A. 1h28. Avec Charles Bronson, Robin Sherwood
Jill Ireland, Vincent Gardenia, Ben Frank, Silvana Gallardo.

Sortie salles France: 10 mars 1982 (Int - 18 ans). U.S: 20 février 1982

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Michael Winner est un réalisateur britannique, né le 30 Octobre 1935 à Londres, décédé le 21 Janvier 2013. 1964: Dans les mailles du filet. 1967: Qu'arrivera-t-il après ? 1971: Les Collines de la Terreur. 1971: l'Homme de la Loi. 1971: Le Corrupteur. 1972: Le Flingueur. 1973: Le Cercle Noir. 1973: Scorpio. 1974: Un Justicier dans la Ville. 1976: Won Ton Ton, le chien qui sauva Hollywood. 1977: La Sentinelle des Maudits. 1978: Le Grand Sommeil. 1979: l'Arme au Poing. 1982: Un Justicier dans la Ville 2. 1983: La Dépravée. 1985: Le Justicier de New-York. 1988: Rendez vous avec la mort. 1990: Double Arnaque. 1993: Dirty Week-end.


A la suite des meurtres sauvages de sa fille et de sa domestique, Paul Kersey reprend du service afin de retrouver les 5 responsables. Mais à nouveau délibéré à déjouer ses exactions illégales, le commissaire Ochoa reste à l'affût de ses faits et gestes. 


Huit ans après le succès surprise du 1er volet, Charles Bronson / Michael Winner rempilent pour une séquelle en bonne et due forme. Car on ne change pas une équipe qui gagne, et si Un Justicier dans la ville 2 ne fait qu'exploiter jusqu'à la moelle le filon du 1er opus, le savoir-faire évident de Winner (notamment à travers ses séquences d'actions ultra violentes et spectaculaires) et la présence robuste de Charles Bronson en justicier incorrigible parviennent malgré tout à maintenir l'intérêt au sein d'une partie de cache-cache efficacement photogénique. Et ce en dépit de quelques grosses ficelles (la stratégie d'infiltration de Kersey à l'hôpital afin d'accéder à la chambre du meurtrier sous la surveillance d'un vigile finalement tolérant !) ou de pirouettes gentiment loufoques (la complicité de dernier ressort du commissaire Ochoa à sauver la peau du justicier). Et si le prologue archi prévisible laissait craindre la redite vulgairement complaisante, la vigueur du cheminement vindicatif de Paul Kersey arpentant une scénographie urbaine particulièrement viciée insuffle un charme rétro (estampillé "80") sous l'impulsion de l'envoûtant refrain de Jimmy Page. On peut également souligner à moindre échelle le charme discret de Jill Ireland (ancienne épouse à la ville de Bronson) en dépit de son tempérament toutefois inexpressif avouons-le.


Série B dénuée de surprises et volontiers immorale dans son discours inévitablement réac, Un Justicier dans la ville 2 exploite une ultra violence souvent homérique afin d'obstruer la négligence du pitch éculé où tout avait été beaucoup mieux traité dans le 1er volet. Il n'en reste pas moins que ce western urbain demeure ludique et attachant auprès du spectateur fasciné à l'idée de se confondre dans la peau véreuse du redresseur de tort avec un esprit "second degré".  

mercredi 18 avril 2018

MANNEQUIN

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site originalfilmart.com

de Michael Gottlieb. 1987. U.S.A. 1h24. Avec Andrew McCarthy, Kim Cattrall, Estelle Getty, G.W. Bailey, James Spader.

Sortie salles France: 1987. U.S: 13 Février 1987

FILMOGRAPHIE: Michael Gottlieb est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 12 Avril 1945, décédé le 23 Mai 2014 en Californie. 1995: Le kid et le roi. 1993 Monsieur Nounou. 1990 The Shrimp on the Barbie. 1987 Mannequin. 1985 Playboy Mid Summer Night's Dream Party 1985 (Télé-film).


Magasinier, le jeune Jonathan Switche tombe amoureux d'un mannequin de vitrine subitement douée de vie. Son entourage confraternel commence à lui suspecter une forme de paraphilie, voire de déficience mentale. 

Inutile de paraphraser car sous ses aspects d'aimable comédie fantastique "rose bonbon", Mannequin est le prototype du navet hollywoodien. Un brouet indigeste, l'une des pires fantaisies que les années 80 nous ait pondu. La faute incombant à son script insipide à la limite de la débilité, à sa réalisation stérile et à la présence d'Andrew McCarthy, acteur aux yeux bleus aussi inexpressif qu'une endive !


A sauver toutefois avec beaucoup d'indulgence le charme sexy de la sémillante Kim Cattrall lors de 2/3 postures lascives estampillées "tous publics", et le générique final chanté par le groupe Starship d'après leur tube Nothing's Gonna Stop Us Now (N°1 des ventes aux États-Unis et au Royaume-Uni !).

Pour info subsidiaire, et selon la source Wikipedia, Mannequin n'aurait jamais été diffusé à la télévision française alors qu'une suite vit le jour en 1991 (Mannequin: On the Move).

* Bruno

Box-Office France: 258 367 entrées

mardi 17 avril 2018

LE TOUR DU MONDE DE SADKO. Lion d'argent, Venise 1953.

                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site muaddib-sci-fi.blogspot.f

"Sadko" de Aleksandr Ptushko. 1953. Russie. 1h24. Avec Sergei Stolyarov, Alla Larionova, Ninel Myshkova, B. Surovtsev

Sortie salles France: 11 Décembre 1953.

FILMOGRAPHIE: Aleksandr Ptushko est un réalisateur, scénariste et producteur russe né le 9 Avril 1900 à Lugansk, décédé le 6 Mars 1973 (72 ans) à Moscou. 1972: Rousslan et Ludmilla. 1967 Skazka o tsare Saltane.  1964 Skazka o poteryannom vremeni. 1961 Les Voiles écarlates. 1959 Sampo. 1956 Ilya Muromets. 1953 Le tour du monde de Sadko. 1949 Tri vstrechi. 1946 La fleur de pierre. 1939 Zolotoy klyuchik. 1935 Le nouveau Gulliver. 1932 Vlastelin byta. 1929 Sto priklyucheni. 1928 Shifrovanny dokument. 1928 Sluchay na stadione.


                                                  "Notre bonheur c'est la terre natale !"

Perle rare peu diffusée à la TV hormis son Lion d'Argent décerné à Venise l'année même de sa sortie, le Tour du monde de Sadko demeure une merveille atypique de par son onirisme féerique issu du patrimoine soviétique. A la recherche de l'oiseau bonheur afin de contenter son peuple et sa muse, Sadko sillonne les quatre coins de monde en compagnie de preux volontaires. Sur son chemin, il va aborder des guerriers hostiles, un roi cupide et le monde sous-marin pour la compétition du bonheur. Cette fable à la fois simpliste et naïve sur la quête de l'allégresse est un trésor visuel afin d'évader le spectateur à travers les contrées historiques de la Russie déployant en intermittence moult figurants. On peut d'ailleurs rappeler par le biais de ses ambitions techniques que le réalisateur n'est autre que celui du Géant de la Steppe, classique d'un cinéma d'aventures autrement plus épiques et fantastiques. Outre l'aspect ludique de l'exaltante aventure qu'opère Sadko et ses compagnons lors d'une série d'épreuves aussi bien physiques que cérébrales, la grande force du récit émane donc dans sa formalité enchanteresse, aussi peu nombreux soient ses trucages parfois désuets mais pour autant fastueux.


Du moins auprès des spectateurs contemplatifs ayant su préserver leur âme d'enfant si bien que cette production soviétique s'adresse à toute la famille afin de concurrencer le succès du Magicien d'Oz célébré outre-atlantique. Le jeu assez théâtral des interprètes (notamment parmi leur expression gestuelle) et l'aspect bricolé de certaines séquences merveilleuses (le fameux temple maritime parmi ses crustacés et mollusque en peluche) parviennent miraculeusement à équilibrer le charme singulier de l'entreprise apte à nous dépayser sur un terrain poétique ensorcelant. A l'instar de la première apparition de la princesse du lac lors d'une nuit étoilée ou encore de l'oiseau phénix affublé d'une tête de femme. Ainsi, si le Tour du monde de Sadko parvient autant à distiller une alchimie divine entre deux/trois mélopées romantiques (notamment auprès du couple en perdition), il le doit autant à l'interprétation de Sergei Stolyarov résolument impliqué dans sa fonction héroïque de noble chevalier, eu égard de son sens loyal du sacrifice depuis son initiation à la dignité, à la générosité et au bonheur retrouvé dans sa terre natale.


Grand classique du fantastique soviétique des années 50, le Tour du monde de Sadko diffuse  curiosité et sentiment d'évasion avec une intensité féerique aussi simple que candide. Le parcours vaillant de son icone mythologique nous prodiguant une leçon d'équité où philanthropie et sens du discernement se chevauchent afin de résonner les consciences belliqueuses. Un conte inextinguible à trôner auprès des plus notables réussites du genre. 

* Bruno
2èx

vendredi 13 avril 2018

HOSTILES

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Scott Cooper. 2018. U.S.A. 2h14. Avec Christian Bale, Rosamund Pike, Wes Studi, Jesse Plemons, Adam Beach.

Sortie salles France: 14 Mars 2018. U.S: 22 Décembre 2017

FILMOGRAPHIE: Scott Cooper est un réalisateur, scénariste et acteur américain, né en 1970 à Abingdon, Virginia, U.S.A. 2009: Crazy Heart. 2013: Les Brasiers de la colère. 2015 : Strictly Criminal. 2017: Hostiles.


"L'âme fondamentale de l'Amérique est dure, isolée, stoïque et meurtrière. Jamais encore elle ne s'est adoucie." D.H Lauwrence.

Oraison funèbre d'une intensité dramatique bouleversante, Hostiles redore ses lettres de noblesse au western le plus digne et candide à travers le thème central de la violence que l'homme alimente incessamment au prix de son orgueil. Contraint d'escorter un chef apache mourant sur ses terres d'origine, le capitaine Blocker et ses sbires vont entamer un périple semé de dangers au fil de rencontres hostiles avec des rivaux de différentes souches. Durant leur traversée, ils vont également prêter main forte à une survivante dont la famille vient d'être massacrée par des comanches. A partir de ce pitch linéaire parfois référentiel (notamment son éprouvant prologue faisant écho à Il était une fois dans l'Ouest, chef-d'oeuvre ultime du genre selon moi), Scott Cooper (déjà remarqué avec les brillants Crazy Heart et les Brasiers de la Colère) nous illustre sans fard le chemin de croix d'itinérants sévèrement mis à mal avec leur propre démon.


Car à travers ce récit initiatique, Scott Cooper dresse scrupuleusement leur portrait torturé avec une fragilité humaine esquintée afin d'en tirer une leçon de tolérance, de pardon, de solidarité et de compréhension de l'autre. La plupart d'entre eux témoignant la peur au ventre et la larme à l'oeil au déchaînement de violences inéquitables générées par des ennemis à la fois fourbes et sournois. Et donc au fil de leur périple meurtrier où l'innocence en paiera le prix fort, le réalisateur ne cesse de radiographier leurs états d'âmes avec une fragilité subtilement prude et réservée. Et ce sans romantiser les situations et rebondissements dramatiques puisque décrits avec un réalisme épineux quant à la nature humaine tributaire d'instinct d'arrogance, de mépris, de rancoeur et de vendetta. De par la puissance de sa réalisation à couper au rasoir (notamment son action sanglante d'une chorégraphie géométrique sans effet de manche !), de son score délicatement envoûtant et du jeu (lestement) sentencieux des acteurs résolument impliqués dans leur désarroi moral, Hostiles traite avec poignante humilité des thèmes de la déchéance, de l'amertume et du remord du point de vue de cette armée raciste ayant perduré une guerre déloyale au mépris du peuple amérindien.


Plus les choses changent et plus elles restent les mêmes
Western crépusculaire faisant office de marche funeste si bien qu'il engendre par la posture meurtrie des protagonistes une réflexion fatale sur la violence et la foi spirituelle avec une noble philosophie, Hostiles délivre un bouleversant témoignage entre les amérindiens déchus de leur terre et les américains éreintés de désagrément dans leur complaisance barbare. Outre la splendeur de ses paysages solaires que nos héros fourbus sillonnent lors d'un climat mélancolique, Hostiles gagne en intensité par le charisme animal de Christian Bale en fantôme errant en douce remise en question et par la présence suave de Rosamund Pike en veuve commotionnée en proie aux pulsions criminelles. Une oeuvre magnifique donc inscrite dans l'élégie car s'adressant directement à l'âme et au coeur pour nous interpeller sur notre instinct primitif et notre vanité à se prétendre plus haut que l'autre si bien qu'il fera date dans l'histoire du western le plus épuré. 

* Bruno