Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr
de Scott Cooper. 2018. U.S.A. 2h14. Avec Christian Bale, Rosamund Pike, Wes Studi, Jesse Plemons, Adam Beach.
Sortie salles France: 14 Mars 2018. U.S: 22 Décembre 2017
FILMOGRAPHIE: Scott Cooper est un réalisateur, scénariste et acteur américain, né en 1970 à Abingdon, Virginia, U.S.A. 2009: Crazy Heart. 2013: Les Brasiers de la colère. 2015 : Strictly Criminal. 2017: Hostiles.
"L'âme fondamentale de l'Amérique est dure, isolée, stoïque et meurtrière. Jamais encore elle ne s'est adoucie." D.H Lauwrence.
Oraison funèbre d'une intensité dramatique bouleversante, Hostiles redore ses lettres de noblesse au western le plus digne et candide à travers le thème central de la violence que l'homme alimente incessamment au prix de son orgueil. Contraint d'escorter un chef apache mourant sur ses terres d'origine, le capitaine Blocker et ses sbires vont entamer un périple semé de dangers au fil de rencontres hostiles avec des rivaux de différentes souches. Durant leur traversée, ils vont également prêter main forte à une survivante dont la famille vient d'être massacrée par des comanches. A partir de ce pitch linéaire parfois référentiel (notamment son éprouvant prologue faisant écho à Il était une fois dans l'Ouest, chef-d'oeuvre ultime du genre selon moi), Scott Cooper (déjà remarqué avec les brillants Crazy Heart et les Brasiers de la Colère) nous illustre sans fard le chemin de croix d'itinérants sévèrement mis à mal avec leur propre démon.
Car à travers ce récit initiatique, Scott Cooper dresse scrupuleusement leur portrait torturé avec une fragilité humaine esquintée afin d'en tirer une leçon de tolérance, de pardon, de solidarité et de compréhension de l'autre. La plupart d'entre eux témoignant la peur au ventre et la larme à l'oeil au déchaînement de violences inéquitables générées par des ennemis à la fois fourbes et sournois. Et donc au fil de leur périple meurtrier où l'innocence en paiera le prix fort, le réalisateur ne cesse de radiographier leurs états d'âmes avec une fragilité subtilement prude et réservée. Et ce sans romantiser les situations et rebondissements dramatiques puisque décrits avec un réalisme épineux quant à la nature humaine tributaire d'instinct d'arrogance, de mépris, de rancoeur et de vendetta. De par la puissance de sa réalisation à couper au rasoir (notamment son action sanglante d'une chorégraphie géométrique sans effet de manche !), de son score délicatement envoûtant et du jeu (lestement) sentencieux des acteurs résolument impliqués dans leur désarroi moral, Hostiles traite avec poignante humilité des thèmes de la déchéance, de l'amertume et du remord du point de vue de cette armée raciste ayant perduré une guerre déloyale au mépris du peuple amérindien.
Plus les choses changent et plus elles restent les mêmes
Western crépusculaire faisant office de marche funeste si bien qu'il engendre par la posture meurtrie des protagonistes une réflexion fatale sur la violence et la foi spirituelle avec une noble philosophie, Hostiles délivre un bouleversant témoignage entre les amérindiens déchus de leur terre et les américains éreintés de désagrément dans leur complaisance barbare. Outre la splendeur de ses paysages solaires que nos héros fourbus sillonnent lors d'un climat mélancolique, Hostiles gagne en intensité par le charisme animal de Christian Bale en fantôme errant en douce remise en question et par la présence suave de Rosamund Pike en veuve commotionnée en proie aux pulsions criminelles. Une oeuvre magnifique donc inscrite dans l'élégie car s'adressant directement à l'âme et au coeur pour nous interpeller sur notre instinct primitif et notre vanité à se prétendre plus haut que l'autre si bien qu'il fera date dans l'histoire du western le plus épuré.
* Bruno
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