mardi 26 juin 2018

LE VIEIL HOMME ET L'ENFANT. Ours d'argent à Berlin, 1967.

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Claude Berri. 1966. France. 1h30. Avec Michel Simon, Luce Fabiole, Alain Cohen, Charles Denner, Zorica Lozic,  Jacqueline Rouillard, Denise Péron, Paul Préboist.

Sortie salles France: 11 Mars 1967

FILMOGRAPHIE: Claude Langmann, dit Claude Berri, est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur français, né le 1er juillet 1934, décédé le 12 janvier 2009. 1964: Les Baisers (segment « Baiser de 16 ans »). La Chance et l'amour (segment « La Chance du guerrier »). 1966: Le Vieil homme et l'enfant. 1968 Mazel Tov ou le Mariage. 1969: Le Pistonné . 1970: Le Cinéma de papa. 1972: Sex-shop. 1975: Le Mâle du siècle. 1976: La Première fois. 1977: Un moment d'égarement. 1980: Je vous aime. 1981: Le Maître d'école. 1983: Tchao Pantin. 1986: Jean de Florette. Manon des sources. 1990: Uranus. 1993: Germinal. 1996: Lucie Aubrac. 1999: La débandade. 2001: Une femme de ménage.
2004: L'Un reste, l'autre part. 2006: Ensemble, c'est tout. 2009: Trésor.


Gros succès à sa sortie (2 728 049 entrées), Le Vieil Homme et l'Enfant dépeint la vibrante amitié entre un enfant et un couple de grands-parents que ceux-ci endossent derrière une famille d'accueil vers la fin de la seconde guerre. Comédie dramatique d'une tendresse immodérée pour la période insouciante de l'enfance que Claude Berri retransmet avec un troublant vérisme (notamment auprès du jeu spontané d'un casting aux p'tits oignons jusqu'aux moindres petits rôles - les cabots Paul Préboist / Roger Carel en tête ! -); Le Vieil homme et l'Enfant fait office de documentaire élégiaque en dépit de la gravité de son sujet abordant en sous texte le racisme et le fascisme nazi. Le grand-père un peu bourru détestant les francs-maçons, les bolcheviques et surtout les juifs avec une foi péremptoire. Et donc à travers son initiation amicale avec l'enfant (contraint de lui masquer sa véritable identité) et la prémices du déclin de l'occupation allemande; pépé s'humanisera peu à peu en extériorisant le petit garçon qui sommeillait en lui. Ainsi, la séquence auquel il batifole à courser le gamin à travers les pièces de la maison est tout à fait révélatrice en dépit de ses railleries stupides causées sur la communauté juive.


Ce qui nous vaut une succession quasi ininterrompue de scènes attendrissantes, espiègles, comiques (Claude persuadé que pépé est soudainement juif !), douces amères que le duo cultive avec une fraîcheur galvanisante. Outre la présence râblée du monstre sacré Michel Simon en papi bicéphale, le jeune Alain Cohen lui dispute la vedette avec des yeux d'innocence parfois poignants eu égard de sa fragilité, de son instinct de curiosité, de son éveil aux sentiments (sa vibration amoureuse auprès d'une écolière) et de son désir d'apprivoiser le microcosme rural auquel il évolue. Si bien que le grand-père prévenant, féru d'amour pour sa région provinciale, sa terre et ses proches le lui retransmet avec une poignante simplicité. A l'instar de sa relation indéfectible avec son fidèle chien jouasse (il lui offre à manger à la cuillère dans une assiette et le fait dormir au bout de son lit !) ou encore de son végétarisme intransigeant auprès d'une épouse cuisinant régulièrement le lapin à la moutarde. Hymne à la nature et à la simplicité des sentiments à travers une complicité chaleureuse, le Vieil homme et l'Enfant nous remémore notre propre enfance avec une vérité humaine inévitablement bouleversante. Le spectateur se remémorant ses propres souvenirs de vacances scolaires lorsqu'il séjournait chez ses grands-parents pétris de sollicitude filiale. Et ce tout en y dénonçant l'antisémitisme (à travers le bagout disgracieux du grand père conservateur) au sein d'une page sombre de notre histoire d'un réalisme documenté (notamment à travers de graves répliques, telles la condition humiliante des femmes tondues, que Michel Simon exprime avec aigreur sentencieuse).


Un tendre recueil de nos souvenirs d'enfance.
Magnifique récit d'amitié à travers l'altérité générationnelle, leçon d'amour et de tendresse vis à vis d'une enfance candide (et dieu sait si au départ Claude cumule les 400 coups chez le foyer parental !), Le Vieil homme et l'Enfant ravive nos propres souvenirs infantiles avec une puissance formelle sensorielle (noir et blanc contrasté à l'appui). Tout en y soulignant en background (et de manière également tacite) la rédemption de la tolérance lorsqu'un antisémite parvient discrètement à se remettre en question grâce à l'interrogation inoffensive du confident. Un moment de cinéma inévitablement inoubliable. 

* Bruno

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