Photo empruntée sur Google, appartenant au site movieberry.com
d'Arthur Penn. 1976. U.S.A. 2h06. Avec Jack Nicholson, Marlon Brando, Randy Quaid, Kathleen Lloyd, John McLiam, Frederic Forrest, Harry Dean Stanton.
Sortie salles U.S: 18 Mai 1976
FILMOGRAPHIE: Arthur Penn est un réalisateur américain, né le 27 Septembre 1922 à Philadelphie, décédé le 28 Septembre à Manhattan, New-york.
1958: Le Gaucher. 1962: Miracle en Alabama. 1965: Mickey One. 1966: La Poursuite Impitoyable. 1967: Bonnie and Clyde. 1969: Alice restaurant. 1970: Little big man. 1975: La Fugue. 1976: Missouri Breaks. 1981: Georgia. 1985: Target. 1987: Froid comme la mort. 1989: Penn and Teller get killed. 1995: Lumière et compagnie (segment).
Doux euphémisme que de songer qu'à l'époque de sa sortie, Missouri Breaks dérouta une bonne partie de son public, Arthur Penn bousculant ici nos habitudes avec un cynisme particulièrement insolent. Rien que la séquence d'ouverture inopinée, une cruelle pendaison particulièrement réaliste, place le spectateur dans un sentiment de stupeur inconfortable, quand bien même la population gênée de cette macabre mise en scène se morfond prudemment dans le mutisme ! Le réalisateur n'aura de cesse d'alterner les situations pittoresques (le jeu de provocation machiste invoqué entre Tom et Jane pour leur gestation amoureuse, l'arrivée précipitée des voleurs au bordel géré par une septuagénaire) ou grotesques (toutes les facéties excentriques du régulateur, à l'instar de son travestissement en grand-mère !) avec d'autres à la teneur dramatique plutôt cruelle ! (les exactions sanglantes qui empiètent l'intrigue quand bien même le dernier survivant se retrouve confronté à une désarmante remise en cause).
Western insolite au cheminement narratif imprévisible et ne possédant aucune ligne de conduite, Missouri Breaks affiche la marginalité d'anti-héros afin d'illustrer une chasse à l'homme dont un régulateur se portera volontaire pour éliminer des voleurs de bétail. Durant tout le récit, Arthur Penn prend soin de nous attacher à la familiarité de ces quatre malfrats alors que leur leader est épris d'une idylle avec la fille d'un riche éleveur. C'est d'ailleurs ce dernier qui décide de recruter Robert Lee Clayton, régulateur impertinent et goguenard, déterminé à assassiner un par un ces braconniers liés par l'amitié. Dans la peau d'un tueur sans vergogne empli de lâcheté, Marlon Brandon crève l'écran pour endosser un personnage antipathique passant son temps à se goinfrer de nourriture tout en bavassant avec ses ennemis avec hypocrisie narquoise. A la fois flegme et pugnace, Jack Nicholson lui tient tête par son assurance perspicace avant de sombrer malgré lui dans une vengeance expéditive. Entre temps, le réalisateur prend notamment soin de mettre en valeur sa complicité amoureuse partagée avec Jane et son éventuel désir de s'assagir afin de consolider cette relation.
Une farce macabre gagnée par la défaite.
En dépit d'une première heure relativement langoureuse par son rythme dispersé, Missouri Breaks détourne les codes avec une ironie caustique particulièrement dérangeante, à l'instar de ses dialogues ciselés et ses éclairs de violence qu'on ne voit jamais arriver. Qui plus est, son cheminement narratif indécis nous place dans une perpétuelle interrogation quand à l'issue réservée aux voleurs de bétail mais aussi au régulateur. On sera d'autant plus dérouté par son final malsain d'une grande violence, et donc épargnant le happy-end, SPOILER pour afficher l'amertume de protagonistes vaincus, contraints de renouer séparément avec un semblant de vie ! FIN DU SPOILER. Un western atypique dont l'ambiance cynique nous extériorise un sentiment de souffre dans la bouche, et auquel l'interprétation effrontée de Marlon Brandon mérite à elle seule le détour !
Bruno Matéï
2èx
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