Photo empruntée sur Google, appartenant au site horror-movies.ca
de Sabu. 2013. Japon. 1h25. Avec Ayaka Komatsu, Makoto Togashi, Riku Ohnishi, Takaya Yamauchi, Taro Suruga, Tateto Serizawa, Toru Tezuka.
Récompense: Grand Prix à Gérardmer, 2013
FILMOGRAPHIE: Hiroyuki Tanaka (Sabu) est un réalisateur, acteur et scénariste japonais.
1996: Dangan ranna. 1997: Postman Blues. 1998: Anrakkî monkî. 2000: Monday. 2002: Drive. 2002: Kôfuku no kane. 2003: Hard Luck Hero. 2005: Hôrudo appu daun. 2005: Shissô. 2009: Kanikosen. 2010: Toraburuman. 2011: Usagi doroppu. 2013: Miss Zombie. 2015: Ten No Chasuke.
Pendant auteurisant de Fido en mode austère, Miss Zombie réexploite la domestication du mort-vivant par le biais d'une ménagère soumise aux exigences d'une snob famille. Après avoir reçu un colis contenant une morte-vivante, la tranquillité d'un foyer va subitement se détériorer au fil de leurs rapports intimes avec l'étrangère.
Tourné en noir et blanc dans un souci formel souvent stylisé (nature crépusculaire aux figures géométriques), Miss Zombie évoque la déshumanisation de nos sociétés modernes en quête d'affinité et notre instinct de supériorité à exploiter les plus faibles. A travers la condition d'esclave d'une femme zombie égarée dans sa solitude, le réalisateur traite son sujet avec originalité dans la manière d'illustrer sa quotidienneté avec ses proches, mais aussi ses instants d'intimité, à l'instar de son regard mélancolique plongé dans le reflet d'un miroir. Sujette aux railleries et agressions physiques envers des citadins familiers, Miss Zombie observe du coin de l'oeil ses cruelles humiliations sans toutefois exercer une quelconque riposte. Jusqu'au jour où le fils de la famille meurt noyé au bord d'un étang. Cet instant dramatique va lui permettre de renouer avec son instinct maternel, puisqu'à la demande de la défunte mère, elle réussira à sauvegarder l'enfant par l'infection d'une morsure. Si depuis cette résurrection, le père et le fils lui vouent une vraie considération affective, il n'en n'est pas de même pour la mère délaissée, éprise aujourd'hui d'une rancune tenace. A partir de ce moment, les rôles vont subitement s'inverser (chaque membre de la famille se morfond dans le désarroi et l'impuissance, alors qu'au contraire, Miss Zombie retrouve des parcelles de vitalité et d'émotion) pour laisser exprimer une vengeance infructueuse où la mort en sera la seule expiation ! Dans un climat d'étrangeté où les non-dits renforcent le caractère insolite de son environnement feutré, Miss Zombie épouse un point de vue iconoclaste pour mettre en valeur l'humanité du Zombie dans une quête éperdue pour la reconnaissance, quand bien même son entourage se blottit dans la banalité et l'ennui de leur quotidien !
Si Miss Zombie a de quoi laisser perplexe pour sa justification imposée au Grand Prix de Gérardmer, on ne peut nier l'ambition de son parti-pris formel et l'originalité de son sujet traité avec pudeur, intelligence et refus des conventions. Toutefois, il est préférable d'avertir le spectateur que la monotonie du rythme et l'aspect baroque de sa mise en scène risquent d'en déconcerter plus d'un. A privilégier en priorité aux amateurs de bizarrerie.
Bruno Matéï
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