jeudi 3 décembre 2015

LES VAMPIRES

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site videowatchdog.com

"I Vampiri" de Riccardo Freda et Mario bava. 1956. Italie. 1h22. Avec Gianna Maria Canale, Carlo D'Angelo, Dario Michaelis, Wandisa Guida, Angelo Galassi, Antoine Balpêtré.

Sortie salles France: 27 Novembre 1957

FILMOGRAPHIE: Riccardo Freda (né le 24 février 1909 à Alexandrie, Égypte - mort le 20 décembre 1999 à Rome) est un réalisateur, scénariste et acteur italien. 1942 : Don César de Bazan
1945 : Toute la ville chante. 1946 : L'Aigle noir. 1948 : Les Misérables ou L'Évadé du bagne. 1948 : Le Cavalier mystérieux. 1949 : Le Fils de d'Artagnan. 1951 : La Vengeance de l'aigle noir. 1951 : Trahison. 1953 : Spartacus. 1953 : Les Mosaïques de Ravenne. 1954 : Théodora, impératrice de Byzance. 1956: Le Chateau des amants maudits. 1956 : Les Vampires. 1959 : Caltiki, le monstre immortel. 1960 : Le Géant de Thessalie. 1961 : Les Mongols (coréalisateur). 1961 : Le Géant à la cour de Kublai Khan. 1962 : Sept épées pour le roi. 1962 : Maciste en enfer. 1962 : L'Effroyable secret du docteur Hichcock. 1963 : Le Spectre du professeur Hichcock. 1964 : Les Deux Orphelines. 1964 : Roméo et Juliette. 1965 : L'Aigle de Florence. 1965 : Coplan FX 18 casse tout. 1966 : Roger la Honte. 1967 : Coplan ouvre le feu à Mexico.


Premier film d'horreur italien de l'après-guerre, Les Vampires constitue la réunion de deux talents. Riccardo Freda ayant tourné la première moitié du film sur une durée de 15 jours quand bien même Mario Bava, directeur de la photo et des effets-spéciaux, s'occupa de la seconde partie sur une période de deux jours et demi de tournage suite au départ précipité de son comparse. La faute incombant à l'irascibilité caractérielle de Freda selon les dires de Jean-Pierre Dionnet qu'il fréquenta personnellement (voir interview du Dvd français sorti chez Carlotta). Après le succès de la Hammer, les italiens s'empressent donc d'exploiter à leur tour le filon horrifique emprunté au thème du vampire de manière aussi audacieuse qu'originale. Exit donc le traditionnel vampire aristocrate inlassablement poursuivi par Van Helsing et tous les éléments chers au genre (cape noire, gousses d'ail, crucifix et canines pointues), Freda ayant la judicieuse idée de délocaliser le cadre de son action dans l'époque contemporaine des années 50. Paris, 1956. D'étranges cadavres de jeunes femmes sont découverts dans le fleuve de la Seine. Ces meurtres seraient à l'origine d'un serial-killer surnommé le Vampire ! C'est ensuite l'enlèvement d'une jeune comédienne, Lorrette Robert, que les journaux relayent dans l'affolement. Alors que la police enquête de manière infructueuse, un journaliste tente d'éclaircir cette sordide affaire au moment d'être courtisé par Giselle, nièce de la célèbre duchesse du Grand. 


Ce récit inquiétant alternant disparitions en série, expériences scientifiques et investigation policière parvient à distiller un suspense assez habile grâce à la réalisation soignée de Freda et Bava. Les deux cinéastes parvenant avec une belle homogénéité à transfigurer une scénographie gothique (le château, la crypte souterraine et la chapelle sont rehaussés de plans stylisés d'un onirisme macabre) au coeur d'un contexte contemporain (l'urbanisation parisienne des années 50 même si le film a été tourné en Italie). Cette facture assez débridée se permet en outre de prêter allusion à l'épouvante de la Universal par le biais d'un duo de médecins comparables au mythe du savant fou adepte d'expérimentations occultes. A travers les thèmes indissociables du vampirisme et de la jeunesse éternelle, nos auteurs réussissent donc à renouveler les codes sous l'impulsion d'un antagoniste féminin redoutablement sournois et impudent. Gianna Maria Canale endossant avec charme et tempérament hautain une riche héritière avide d'élégance et de prospérité pour son goût de l'éternelle jeunesse. Outre l'intensité de son caractère aussi lâche que cruel, ses apparitions délétères sont rehaussés des maquillages de Bava lorsque cette dernière se métamorphose en temps réel pour nous laisser dévoiler un faciès décati assez repoussant. Un effet spécial redoutablement astucieux dans sa confection artisanale inspirée de Dr Jekyll et Mr Hyde de Rouben Mamoulian. Les meilleurs moments du film étant régis autour de sa posture perfide à déjouer l'intrusion de ses ennemis au sein du manoir.


Efficace et assez captivant pour l'originalité de sa structure narrative où l'enquête policière, les expérimentations médicales et le vampirisme moderne se juxtaposent dans un contexte réaliste, Les Vampires constitue un excellent divertissement que Mario Bava transcende en seconde partie par le biais d'un esthétisme gothique d'une poésie gracile. 

Bruno Matéï

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