de Riccardo Freda et Mario bava. 1956. Italie. 1h22. Avec Gianna Maria Canale, Carlo D'Angelo, Dario Michaelis, Wandisa Guida, Angelo Galassi, Antoine Balpêtré.
Sortie salles France: 27 Novembre 1957
FILMOGRAPHIE: Riccardo Freda (né le 24 février 1909 à Alexandrie, Égypte - mort le 20 décembre 1999 à Rome) est un réalisateur, scénariste et acteur italien. 1942 : Don César de Bazan
1945 : Toute la ville chante. 1946 : L'Aigle noir. 1948 : Les Misérables ou L'Évadé du bagne. 1948 : Le Cavalier mystérieux. 1949 : Le Fils de d'Artagnan. 1951 : La Vengeance de l'aigle noir. 1951 : Trahison. 1953 : Spartacus. 1953 : Les Mosaïques de Ravenne. 1954 : Théodora, impératrice de Byzance. 1956: Le Chateau des amants maudits. 1956 : Les Vampires. 1959 : Caltiki, le monstre immortel. 1960 : Le Géant de Thessalie. 1961 : Les Mongols (coréalisateur). 1961 : Le Géant à la cour de Kublai Khan. 1962 : Sept épées pour le roi. 1962 : Maciste en enfer. 1962 : L'Effroyable secret du docteur Hichcock. 1963 : Le Spectre du professeur Hichcock. 1964 : Les Deux Orphelines. 1964 : Roméo et Juliette. 1965 : L'Aigle de Florence. 1965 : Coplan FX 18 casse tout. 1966 : Roger la Honte. 1967 : Coplan ouvre le feu à Mexico.
Premier film d'horreur italien de l’après-guerre, Les Vampires réunit deux talents: Riccardo Freda, responsable de la première moitié du tournage menée en quinze jours, et Mario Bava, directeur de la photo et des effets spéciaux, qui prit en charge la seconde en seulement deux jours et demi après le départ précipité de son comparse. La faute, dit-on, à l’irascibilité de Freda selon Jean-Pierre Dionnet, qui l’avait personnellement fréquenté (voir interview du DVD français édité chez Carlotta). Après le succès de la Hammer, les Italiens exploitent à leur tour le filon vampirique, mais en s’inspirant davantage de la série française Les Vampires de Louis Feuillade et du théâtre du Grand-Guignol ; un croisement étrange entre néo-réalisme et classicisme gothique. Exit donc le vampire aristocrate, Van Helsing, la cape noire, l’ail et les canines : Freda a l’idée judicieuse de transposer l’action dans le Paris contemporain des années 50.
Synopsis. 1956. Des cadavres de jeunes femmes sont repêchés dans la Seine. On parle bientôt d’un serial-killer surnommé le Vampire. Puis c’est l’enlèvement d’une comédienne, Lorette Robert, qui embrase les journaux. Tandis que la police piétine, un journaliste s’obstine à éclaircir l’affaire - au moment même où il se retrouve courtisé par Giselle, nièce de la célèbre duchesse du Grand.
Ce récit inquiétant, alternant disparitions en série, expérimentations scientifiques et investigation journalistico-policière, distille un suspense habile grâce à la réalisation soignée de Freda et Bava. Ensemble, ils transfigurent une scénographie gothique - château, crypte souterraine, chapelle, magnifiés par des plans stylisés d’un onirisme macabre - au cœur d’un contexte urbain moderne (le Paris des années 50, bien que reconstitué en Italie). Cette hybridation convoque par ailleurs l’épouvante Universal à travers un duo de médecins proches du mythe du savant fou dévoré par ses expérimentations occultes. En mêlant vampirisme et quête de jeunesse éternelle, les auteurs renouvellent les codes sous l’impulsion d’un antagoniste féminin redoutablement sournois. Gianna Maria Canale (épouse à la ville de Freda !) incarne, avec un charme glaçant et une arrogance souveraine, une héritière avide d’élégance et de prospérité, prête à tout pour conserver son éternelle jeunesse. Outre la violence latente de son tempérament lâche et cruel, ses apparitions vénéneuses sont sublimées par les maquillages de Bava : sa transformation en temps réel dévoile un visage décati, atrocement repoussant - un effet spécial artisanal, d’une ingéniosité rare, inspiré du Dr Jekyll and Mr Hyde de Rouben Mamoulian. Les meilleurs instants du film se cristallisent autour de sa perfidie, de ces confrontations morales où elle déjoue l’intrusion de ses ennemis dans l’ombre du manoir.
Efficace et captivant, porté par une structure narrative originale où enquête policière, expérimentations médicales et vampirisme moderne se superposent dans un cadre néo-réaliste, Les Vampires demeure un divertissement d’une grande tenue - que Mario Bava transcende dans sa seconde partie par un esthétisme gothique d’une poésie sinistre et gracile.
— le cinéphile du cœur noir




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