Photo empruntée sur Google, appartenant au site pinterest.com
d'Alejandro González Iñárritu. 2015. U.S.A. 2h36. Avec Leonardo DiCaprio, Tom Hardy, Will Poulter, Domhnall Gleeson, Brendan Fletcher, Brad Carter, Robert Moloney, Paul Anderson.
Sortie salles France: 27 janvier 2016. U.S: 8 Janvier 2016
FILMOGRAPHIE: Alejandro González Iñárritu est un réalisateur et producteur mexicain, né le 15 août 1963 à Mexico (Mexique). Il reçoit l'Oscar du meilleur réalisateur pour Birdman en 2015.
2000: Amours chiennes. 2003: 21 Grammes. 2006: Babel. 2010: Biutiful. 2014: Birdman. 2015: The Revenant.
Enchaînant les réussites à un rythme métronomique, Alejandro González Iñárritu m'a subjugué comme jamais avec The Revenant issu d'un roman de Michael Punke. Monument de western d'aventures d'une puissance émotionnelle et d'un souffle épique rarement vécus de manière aussi introspective, The Revenant emprunte le mode du survival brut de décoffrage sous couvert d'un propos vindicatif. Expérience sensitive entièrement tournée en décors et lumière naturels, l'intrigue prend pour cadre l'environnement hostile des montagnes et rivières enneigées, théâtre d'affrontements sanglants entre trappeurs américains et indiens. Après avoir été témoin d'un massacre perpétré par des amérindiens pour l'appât de fourrures, Hugh Glass parvient à s'extirper de l'enfer avec une poignée de survivants. Mais à la suite d'une sauvage agression avec un ours (scène d'anthologie hallucinée bouleversant la frontière entre fiction et réalisme !), il est grièvement blessé au point de devenir une contrainte auprès de sa troupe depuis son statut grabataire. En dernier recours, son équipe envisage alors de le sacrifier. Se ravisant in extremis, le meneur Henry propose finalement de diviser le groupe et suggère à Fitgerald, Bridger et Hawk de s'occuper de Glass pour poursuivre indépendamment leur route jusqu'à destination de Fort Kiowa. Avide de rentrer sain et sauf depuis la menace perpétuelle des indiens, Fitgerald s'empresse de se débarrasser de Glass. Mais le fils de ce dernier, Hawk, s'interpose pour défendre son père.
A partir d'une banale affaire de vengeance, le réalisateur mexicain Alejandro González Iñárritu en extrait un film d'auteur expérimental doublé d'un western d'aventures d'une beauté crépusculaire à damner un saint ! De par le soin imparti au cadre naturel des montagnes enneigées où le blizzard aura décidé de tester la performance physique et mentale de nos rescapés épuisés par la faim, la soif, la fatigue, le froid et la douleur de leurs blessures. Particulièrement Hugh Glass réduit aujourd'hui à l'état moribond de cadavre récalcitrant dans cet enfer neigeux où des indiens opiniâtres n'auront de cesse de le persécuter Spoil ! avant le secours d'un Arikara (amérindien agriculteur). Fin du Spoil. D'un hyper réalisme ténébreux comme le souligne la verdeur de son prologue belliqueux, The Revenant distille une vigueur sensorielle inédite, notamment par la manière subjective dont le cinéaste recourt (caméra auscultant au plus près les corps et les regards apeurés tout en dévisageant la nature) pour nous faire partager les souffrances physiques et morales de nos protagonistes en perdition. Epreuve de force surhumaine si j'ose dire pourtant inspiré de faits réels, Alejandro González Iñárritu réinvente la matière cinématographique dans sa capacité à rationaliser l'aventure humaine sous l'impulsion de comédiens habités par une rage viscérale. Effleurant un semblant de démence, Leonardo Di Caprio insuffle des expressions d'amertume et de courage stoïque dans sa condition martyr de survivant avide de dépassement par son ressort punitif. Son parcours chaotique semé d'embûches et de rencontres délétères se révélant finalement une quête initiatique avec sa morale (sa foi divine et sa remise en question soudaine de la vengeance du point de vue de la victime). Ce sentiment tangible d'évasion et la violence primitive émanant des affrontements tribaux sont retransmis à travers l'écran avec une rigueur réaliste électrisante. Envoûtant également pour l'intensité de son score lancinant, et onirique pour ses plages de chimère spirituelle, The Revenant nous triture tous les sens par la volonté alchimiste du cinéaste. Un auteur virtuose maîtrisant comme personne l'espace du cadre et l'environnement montagneux (à l'instar d'Herzog avec Aguirre...), un amoureux de la faune et de la flore où l'instinct primitif de l'homme est ici mis à rude épreuve sous l'hostilité d'indiens avilis par la transaction de trappeurs français.
Réflexion sur la vengeance et les conflits xénophobes envers le peuple amérindienne, témoignage barbare d'une époque ancestrale, récit initiatique vers la sagesse et la spiritualité, survival impitoyable au souffle homérique et à la violence primitive ahurissants de réalisme (le combat final à l'arme blanche est d'une brutalité animale !), The Revenant réinvente l'art cinématographe sous l'autorité d'un cinéaste et de comédiens au diapason ! Un film monstre d'une fulgurance formelle et sensitive irrationnelles, une expérience nouvelle de cinéma épidermique !
B.M.
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