mardi 8 décembre 2015

JOURNEE NOIRE POUR UN BELIER

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site michaelbruce.fr

"Giornata nera per l'ariete /Jour Maléfique" de Luigi Bazzoni. 1971. Italie. 1h32. Avec Franco Nero, Silvia Monti, Wolfgang Preiss, Ira Fürstenberg, Edmund Purdom, Rossella Falk, Renato Romano

Sortie salles Italie: 28 Août 1971

FILMOGRAPHIELuigi Bazzoni, né en 25 juin 1929 à Salsomaggiore Terme dans la région de l'Émilie-Romagne en Italie et mort le 1er mars 2012 dans la même ville, est un réalisateur et un scénariste italien.
1963 : Un delitto (court-métrage). 1963 : Di domenica (court-métrage). 1965 : La donna del lago. 1968 : L'Homme, l'Orgueil et la Vengeance. 1971 : Journée noire pour un bélier. 1973 : Blu Gang e vissero per sempre felici e ammazzati. 1975 : Le orme. 1994 : Roma imago urbis.


Inédit en salles en France et relativement occulté par les critiques avant de se voir exhumer de sa torpeur grâce au Dvd promulgué par le Chat qui Fume, Journée noire pour le Bélier emprunte la voie du Giallo avec une originalité atypique. Un journaliste enquête sur une succession de meurtres dont leur particularité est d'avoir été commis un mardi. Au fil de son investigation personnelle, la police commence à le suspecter depuis son absence d'alibis et ses fréquentations lubriques avec de jeunes femmes volages retrouvées assassinées. Une intrigue conventionnelle de prime abord, voir confuse par sa structure narrative en dents de scie où la plupart des personnages masculins sont présentés comme des individus interlopes en qui nous ne pouvons accorder un quelconque bénéfice ou une moindre empathie. Même notre héros, Andrea Bilde, journaliste qu'endosse avec aplomb renfrogné Franco Nero, affiche une posture hétérodoxe dans la peau d'un amant machiste, alcoolique et infidèle en proie à de violentes crises de jalousie.


Un personnage ombrageux à contre-emploi donc du héros redresseur de tort que le comédien parvient aisément à retranscrire de manière antipathique. Quant aux maîtresses qui empiètent l'intrigue pour se réconforter dans ses bras, c'est toujours avec réel plaisir de retrouver un défilé d'actrices italiennes toutes plus plantureuses ou ténues les unes que les autres, quand bien même un tueur s'efforce d'y appliquer son rituel morbide en tentant de les assassiner. Ce jeu vénéneux de séduction s'avère d'autant plus déroutant que le cinéaste tire parti de ses scènes-chocs dans sa manière subjective (et agressive) d'implanter le crime au sein de décors souvent blafards et d'un climat claustrophobe que les victimes éprouvent (à l'instar de l'angoissante séquence de claustration où un bambin esseulé se retrouve pourchassé par l'assassin au sein de son foyer privé de lumière !). Et si l'intrigue d'apparence canonique a de quoi laisser parfois perplexe, son cheminement indécis finit par insuffler un suspense grandissant jusqu'au dénouement homérique des plus surprenants. On peut également souligner l'attention accordée à sa bande-son (la brise d'un vent) et surtout la maîtrise de son esthétisme formel, Luigi Bazzoni déroulant les évènements autour d'une iconographie géométrique (les lieux industriels et les pavillons d'ameublement sont magnifiquement exploités pour suggérer un contraste, une corrélation avec les psychés torturés des protagonistes).


Si au premier abord, Journée noire pour un Bélier peine à apprivoiser le spectateur démunis de ses repères, l'atmosphère d'étrangeté et son climat anxiogène aussi baroque qu'envoûtant parviennent rapidement à transcender son intrigue nébuleuse aux mobiles audacieux. Soutenu par la discrétion d'une partition éthérée de MorriconeJournée noire pour un Bélier aborde les thèmes de la jalousie, de l'émancipation sexuelle, de la vengeance meurtrière et de l'adultère avec une ambition iconoclaste 

Bruno Matéï


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire