de David Cronenberg. 1996. Canada/Angleterre. 1h40. Avec James Spader, Deborah Kara Unger, Elias Koteas, Holly Hunter, Rosanna Arquette, Peter MacNeill.
Sortie salles France: 17 Juillet 1996 (interdit aux - de 16 ans).
FILMOGRAPHIE: David Cronenberg est un réalisateur canadien, né le 15 mars 1943 à Toronto (Canada). 1969: Stereo. 1970: Crimes of the Future. 1975: Frissons. 1977: Rage,1979: Fast Company. 1979: Chromosome 3. 1981: Scanners. 1982: Videodrome. 1983: Dead Zone. 1986: La Mouche. 1988: Faux-semblants. 1991: Le Festin nu. 1993: M. Butterfly. 1996: Crash. 1999: eXistenz. 2002: Spider. 2005 : A History of Violence. 2007: Les Promesses de l'ombre. 2011: A Dangerous Method. 2012: Cosmopolis. 2014:Maps to the Stars.
Couronné du Prix spécial du Jury à Cannes mais sifflé par une partie du public et de la critique, Crash ne pouvait qu’attiser scandale et polémique - tout comme le roman de J. G. Ballard dont il est tiré, au point qu’un éditeur conseilla à l’auteur d’aller consulter un psychiatre après lecture (ah c'te blague !).
Petite anecdote personnelle : à la sortie de la projection cannoise, je me souviens d’un sexagénaire interrogé par un journaliste de Canal+. Sa réponse, glaciale, tranchait sans détour : selon lui (pisse-froid absolu), Crash n’était qu’une œuvre provocatrice fondée sur la vacuité et le non-sens.
Expérience sexuello-morbide d’une audace incongrue - à côté, Basic Instinct paraît bien sage -, Crash dépeint avec un réalisme vénéneux et diaphane le fétichisme sexuel d’automobilistes trouvant l’extase dans les courses et les carambolages. Fascinés par les plaies ouvertes, les cicatrices béantes et la chair martyrisée par les collisions, ils vivent leurs pulsions au cœur même du métal broyé. Scène anthologique : la reconstitution de l’accident de James Dean, observée par une poignée de spectateurs avec une fascination aussi perverse que morbide. Autre moment glaçant : James Spader, Elias Koteas, Holly Hunter et Rosanna Arquette hypnotisés devant un reportage télévisé sur les crashs et leurs victimes. Il faut le voir pour le croire.
Entre perversion, fantasme, sadomasochisme, obsession et jouissance d’une déviance sexuelle sublimée par le fétichisme des carrosseries, Crash accumule les provocations érotiques, flirtant parfois avec la pornographie, mais toujours avec une originalité vrillée. Cronenberg filme ces étreintes mécaniques avec un formalisme clinique, nous immergeant dans leur délire extatique jusqu’à nous confronter à notre propre voyeurisme. La vigueur visuelle, l’inventivité des ébats et l’abandon fiévreux des comédiens - possédés par le culte de la luxure - révèlent une émotion purement sensitive, trouble, magnétique.
Expérience baroque et licencieuse, Crash est une catharsis jusqu’au-boutiste, une plongée dans le désir pulsionnel qui cherche sa jouissance en transgressant l’interdit. À la frontière de la science-fiction - l’un des personnages rêve de remodeler le corps humain par la technologie - (remember Tetsuo), le film dérange, déconcerte, fascine et séduit. Subversif jusqu’à l’os, il fantasme une nouvelle chair de métal et de cicatrices. L’un des films les plus singuliers et scandaleux du maître, œuvre hantée et hallucinée à redécouvrir urgemment.
— le cinéphile du cœur noir
18.11.16. 3èx
13.07.01
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