Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmaffinity.com
de Jean Rollin. 1979. France. Avec Brigitte Lahaie, Franca Maï, Jean-Marie Lemaire, Fanny Magier, Évelyne Thomas, Sophie Noël, Muriel Montossé.
Sortie salles France: 2 Janvier 1980 (int - 18 ans)
FILMOGRAPHIE: Jean Michel Rollin, Roth Le Gentil est un réalisateur, producteur et scénariste français, né le 3 novembre 1938 à Neuilly-sur-Seine (France), décédé le 15 Décembre 2010.
1958 : Les Amours jaunes, 1961 : Ciel de cuivre, 1963 : L'Itinéraire marin, 1964 : Vivre en Espagne, 1965 : Les Pays loin, 1968 : Le Viol du vampire, 1969 : La Vampire nue, 1970 : Le Frisson des vampires, 1971 : Requiem pour un vampire, 1973 : La Rose de fer, 1974 : Les Démoniaques, 1975 : Lèvres de sang, 1978 : Les Raisins de la mort, 1979 : Fascination,1980 : La Nuit des traquées, 1981 : Fugues mineures (Les Paumées du petit matin, 1981 :Le Lac des morts vivants (sous le pseudonyme de J. A. Lazer), 1982 : La Morte vivante, 1984 :Les Trottoirs de Bangkok, 1985 : Ne prends pas les poulets pour des pigeons (sous le pseudonyme de Michel Gentil), 1989 : Perdues dans New York, 1990 : La Griffe d'Horus(TV), 1991 : À la poursuite de Barbara, 1993 : Killing Car, 1997 : Les Deux Orphelines vampires, 2002 : La Fiancée de Dracula, 2007 : La Nuit des horloges, 2010 : Le Masque de la Méduse.
Considéré comme un vulgaire tâcheron dans les années 70 et 80 puis peu à peu reconnu comme un auteur chez une communauté de fans, principalement en Angleterre, Jean Rollin est bel et bien le franc-tireur atypique que la France bien pensante a souvent occulté. Faute du jeu amateur de ses interprètes, de sa mise en scène au budget plus que précaire et de ses histoires sans queue ni tête. Et pourtant, de par sa sincérité et son amour pour le cinéma érotico-fantastique, son goût pour l'esthétisme onirique (tant auprès d'un environnement naturel feutré, de ses nymphettes en position lascive que des bâtisses et monuments gothiques superbement éclairés), Jean Rollin nous aura légué une dizaine de films inégaux souvent fascinants, voir même envoûtants à travers leur charme perméable quasi indicible. Ce qui survient à point nommé avec Fascination, l'une de ses oeuvres les plus accessibles et réussies illustrant avec une délicate attention la prise d'otage d'un truand auprès de deux lesbiennes domestiques confinées dans leur château.
Tandis qu'un peu plus tard, les rôles seront amenés à s'inverser lorsqu'une confrérie de convives féminines frapperont à leur porte afin d'entamer leur liturgie annuelle. Etrange, vénéneux, magnétique, ensorcelant auprès de têtes d'affiches charnelles n'hésitant pas à se dévêtir dans leur plus simple appareil, Fascination constitue une invitation au fantasme opaque chez des misandres d'une audace aussi insidieuse que licencieuse. Jean Rollin recourant à l'expectative de cette fameuse procession réunissant au sein du salon de gentes dames à la fois aguicheuses, interlopes et provocatrices. Quand bien même au préalable nous aurions fait connaissance avec deux châtelaines (la sublime Brigitte Lahaie très à l'aise en aguicheuse effrontée et Franca Maï, fraîchement naturelle en gouvernante ambivalente) prises à parti avec un malfaiteur résolument machiste. Comme de coutume chez Rollin, le jeu théâtral de sa distribution et ses ellipses narratives semées d'incohérences et maladresses peuvent de prime abord rebuter le spectateur non averti. Pour autant, la franche sincérité de ces interprètes étonnamment attachants (jeu de soumission/domination autour d'une guerre des sexes) et sa succession de séquences étranges conçues sur l'emprise lubrique et la violence morbide nous magnétisent l'esprit auprès d'une scénographie stylisée, et ce en dépit de ces décors limités. Le tout accompagné d'une contribution musicale lancinante de Philippe d'Aram se prêtant à merveille au climat fantastique d'une aura sensiblement indolente.
Fantasmatique, baroque et enivrant parmi la synergie de l'érotisme et de l'horreur (on y taille les victimes à la grande faux !), Fascination recourt à l'expérience cinégénique hors norme de la part d'un artiste féru de ces actrices et d'un cadre naturel flirtant avec le gothisme polisson. Et ce à travers un thème majeur du genre (dont je tairais l'indice même si on y devine facilement son dénouement) traité à la fois avec une certaine originalité et une ambition auteurisante. Une perle du genre donc au vénéneux pouvoir de séduction si bien qu'à la revoyure il semble aussi prégnant qu'à l'époque de sa (discrète) sortie.
* Bruno
2èx
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